Le cannibalisme à l'écran
S'il est un sujet qui depuis les temps les plus reculés a toujours fait frémir l'Homme c'est bel et bien l'anthropophagie ou l'acte de manger de la chair humaine. Cet acte renvoie aux peurs les plus primales de l'être humain, ces peurs qui remontent à la nuit des temps. Il était évident que le cinéma allait s'emparer tôt ou tard de ce terrible mythe tabou. Le cannibalisme fut au début abordé de façon suggérée au cinéma dans les premiers films de jungle des années 30 et 40 par l'intermédiaire essentiellement d'images d'ossements humains séchés par le temps, les réalisateurs laissaient ainsi l'imagination du spectateur faire le reste, échafaudant maintes idées quant aux monstrueuses circonstances qui ont amené ces macabres restes à salir la forêt.
On évoquait également l'anthropophagie par le verbe, très timide tentative d'aborder le sujet. L'anthropophagie était surtout liée à la survie, résultat ignoble d'un naufrage dont les pauvres rescapés devaient en ultime recours s'entre-dévorer afin de rester en vie. C'est un genre bien particulier qui allait donner une réelle consistance au cannibalisme au cinéma dans les années 60: le film de morts-vivants. Voici un nouveau dossier du Maniaco à dévorer de toute urgence.
LE ZOMBI CANNIBALE OU LA PORTE OUVERTE A TOUTES LES GOURMANDISES:
Si en 1959 le cannibalisme est évoqué dans le thriller de Joseph Manciewicz Soudain l'été dernier le tout premier véritable choc du genre fut crée en 1968 par George A. Romero dans Night of the living dead / La nuit des morts vivants où une fillette consommait goulument les restes de son père dans la cave alors que chaque être contaminé s'entre-dévorait de façon incroyablement réaliste pour l'époque. Au delà du choc des images, La nuit des morts-vivants montrait une totale et inattendue reconversion du mythe du zombi qui jusque là était lié au vaudou. Romero leur donnait enfin leur propre autonomie, leur donnait une vie propre, en les montrant comme des monstres cannibales avides de chair. La nuit des morts vivants montrait ainsi le premier vrai repas cannibale à l'écran, un zombi dévorant un des occupants de la maison. C'est ainsi que Romero créera sa quadrilogie de zombis anthropophages avec dés 1978 la suite du premier volet Dawn of the dead / Zombie puis en 1985 Day of the dead / Le jour des morts vivants, en 2005 Land of the dead suivi contre toute attente d'un cinquième et sixième opus Diary of the dead en 2007 et Survival of the dead en 2009.
William Huyck signe en 1972 l'intéressant Messiah of evil. Une jeune fille à la recherche de son père débarque dans une petite bourgade dont tous les habitants sont cannibales, sorte de fléau contagieux puisque toute personne mordue par un des autochtones devient cannibale. La pauvre héroïne en fera la douloureuse expérience et finira dévorée vivante en gros plan. Particulièrement glauque et terrifiant, Messiah of evil joue aussi beaucoup sur les effets gore et saura ravir l'amateur de cauchemar éveillé.
La palme de l'originalité revient à Bob Clark avec son Dead of night / Le mort-vivant en 1974. Si le réalisateur avait déjà touché au mythe du zombi avec Children shouldn't play with dead things, démarquage ennuyeux et risible de La nuit des morts-vivants, il récidive donc avec Dead of night, véritable petit chef d'oeuvre de cruauté tout à fait efficace où le jeune héros Andy, un garçon mort au Vietnam, revient à la vie et doit se nourrir de chair humaine pour survivre.
Dead of night se caractérise surtout par une montée dans l'angoisse et la peur alors rarement vue dans le cinéma d'horreur traditionnel, une tension qui ne se relâchera plus jusqu'à l'ultime image empreinte d'une émotion stupéfiante où se mêlent par delà l'horreur, l'épouvante, la tendresse et le désespoir.
Avant tout, Dead of night est une superbe histoire d'amour entre une mère et son fils, une histoire d'amour et de mort où gravite toute une galerie de personnages fort bien dessinés, les parents d'Andy en particulier et ce à travers des dialogues intelligents et des situations très bien amenées. Clarke a su donner une vision très acerbe de l'américain moyen mettant en exergue le conservatisme et le matriarcat.
Outre Andy, c'est cette mère aimant son fils de façon démesurée malgré qu'il soit devenu un monstre qui devient vite le personnage central du film. Clarke démontre la force des liens maternels de manière dramatique. Cette femme passe outre l'horreur du secret d'Andy et accepte la terrible vérité. Cet amour monstrueux n'est qu'une partie du film.
L'autre aspect tout aussi intéressant est la vision de ce qu'on appelle "monstre". Ici, la créature vampirique qu'est devenu Andy n'est finalement qu'une victime. Il n'est jamais qu'un monstre engendré par un autre monstre: la guerre. Les actes d'Andy n'en sont alors que l'atroce reflet. Malgré l'amour de sa mère indispensable à sa survie, à sa conservation, il a besoin de sang d'où ses sorties nocturnes où il enchaine meurtres sur meurtres. Dans une déclaration désespérée à une de ses victimes "J'ai donné mon sang pour vous, vous pouvez en faire autant", Dead of night tire toute sa force et son implacable et si macabre logique dans cette cinglante justification. Si l'armée lui a déjà pris une fois la vie, c'est un fois de plus le symbole de la répression qui la lui reprendra: la police.
Bénéficiant d'une excellente mise en scène et d'une belle photographie, Dead of night puise toute sa crédibilité également dans le jeu parfait du jeune Richard Backus, être tourmenté qui sait admirablement bien exprimer sa solitude et ce désespoir face à ce terrible secret. Il exprime à merveille cette illusion de vie qu'il prolonge à travers cet incroyable amour maternel quasi oedipien avant d'accepter enfin la mort. Son inquiétant rictus, ce sourire froid sur ce visage pâle n'est en fait que l'expression la plus parfaite de cette mort aussi bien refusée qu'attendue, véritable cadavre vivant . En cela, le jeu de Backus est remarquable.
Fable désespérée, frénétique, Dead of night qui au départ n'était qu'une petite production, fait partie de ces films trop rares, passionnant d'un bout à l'autre, ces trop rares films d'horreur intelligents qui amènent à la réflexion. En cela, Dead of night est un petit chef d'oeuvre.
Jamais en reste, l'Italie dés la fin des années 70 reprit le thème du zombi en exacerbant le coté violent et sadique pour en faire des films gore à part entière. Le premier à s'être mis à la tâche fut Lucio Fulci en 1979 avec son désormais célèbre Zombi 2 / L'enfer des zombis qui s'il joue moins sur l'action se rattrape dans la surenchère d'effets spéciaux peu ragoutants et l'étouffante atmosphère de l'île tropicale où se situe le film. Fétide et malsain, Zombi 2 est un véritable poème macabre qui atteint par instant des sommets de surréalisme comme la lente résurrection des morts putréfiés sortant de terre, une horde de cadavres immondes qui se jette sur les vivants toutes mâchoires ouvertes. Le long repas cannibale dans la nef de l'église en fin de bande restera un des grands moments de cannibalisme de l'histoire du cinéma comme L'enfer des zombis demeurera un des plus grands films de morts-vivants, du moins un de plus viscéralement effrayant, un des plus beaux visuellement parlant. Si Fulci récidivera avec Frayeurs puis L'au delà, deux oeuvres tout aussi viscérales et morbides, le cannibalisme à proprement parlé, suggéré cette fois, sera écarté des intrigues.
Toujours du coté de l'Italie Bruno Mattei réalise en 1981 le fameux Inferno dei morti viventi / Virus cannibale avec en tête de distribution une inoubliable Margi-Evelyn Newton et son pagne fait de bananes et le truculent Franco Garofalo. S'il demeure un des sommets du cinéma d'horreur transalpin, une incontournable série Z gore, Virus cannibale est avant tout un régal pour l'amateur, une sorte de n'importe quoi pelliculaire tourné en Espagne où les zombis de Papouasie sont tout aussi gourmands et avides de chair humaine que ceux de Fulci suite à quelques fuites nucléaires. Inutile de dire que les plans sanguinolents s'accumulent au fil de cette histoire abracadabrante pseudo-écologiste truffée d'inserts pris dans quelques mondos notamment Nuova Guinea l'isola dei cannibali et agrémentée de dialogues lénifiants de bêtise. Voilà un must d'humour horrifique!
En 1981, Umberto Lenzi réalise L'avion de l'apocalypse, une oeuvre plutôt piteuse qui ne vaut que pour ses scènes gore. Nos zombis cannibales sortis d'un avion après qu'il ait atterri doivent cette fois leur triste état à de mystérieuses radiations nucléaires. Tout cela s'avérera n'être qu'un mauvais rêve que faisait l'héroïne mais parfois les pires cauchemars prennent vie...
Andrea Bianchi avec Le manoir de la terreur / Zombi horror toujours en 1981 s'octroiera lui aussi quelques délices anthropophages avec notamment l'inoubliable scène où la plantureuse Mariangela Giordano se fait croquer le sein à pleines dents par son propre fils devenu zombi. C'est d'une crypte que surgissent cette fois les morts-vivants putrescents qui vont s'emparer d'un manoir dans lequel un groupe de personnes sont venus séjourner.
Joe D'Amato proposera quant à lui en 1979 une version pornographique, du moins dans sa forme intégrale, avec sa fameuse Nuit fantastique des morts vivants / Le notti erotiche dei morti viventi où une paire de zombis desséchés croqueront gentiment quelques naufragés lubriques sur une mystérieuse île tropicale, l'île au chats, où se retrouvent George Eastman, Laura Gemser, Dirce Funari et Mark Shanon.
On mentionnera également le film de l'égyptien Frank Agrama, Dawn of the mummy / L'aube des zombis où le réalisateur tentait de mêler le mythe de la momie à celui des zombis. On y retrouve une momie belliqueuse à la tête d'une armada de morts vivants agressifs et cannibales qui se régaleront d'une troupe de jeunes modèles niaises et de leurs photographes quelque part dans le désert égyptien.
Si les zombis auront été bénéfiques au développement du gore à l'écran, ils sont par contre des cannibales d'un genre bien particulier, inconscients de leurs actes bestiaux. Ils restent du domaine de l'imaginaire ce qui dédramatise leurs horribles méfaits. Le zombi cannibale, issu des croyances vaudou, n'est qu'un pur produit cinématographique. Particulièrement outrancier, il a pu permettre au septième art de parler ouvertement d'un sujet jusqu'alors tabou.
L'ERE DU CANNIBALISME:
La porte ayant été ouverte par George Romero en 1968, le cannibalisme allait rentrer dans le début des années 70 dans le quotidien du cinéma. Si on trouve déjà trace au Japon dés 1959 d'une oeuvre traitant du sujet, Nobi de Kon Ichikawan, fresque terrifiante et d'un réalisme quasi insoutenable sur les réalités de la guerre et la folie de l'homme, du coté de l'Europe c'est en Allemagne qu'on découvre l'existence d'un film cannibale dès 1969, Duett fur Kannibalen de Susan Sontag avec l'étrange Adriana Asti, inoubliable dans Caligula dans la peau de Messaline.
Dès 1972, Michael Ritchie réalise un petit polar très américain Prime Cut / Carnage où Lee Marvin enquête sur un abattoir d'où proviennent des saucisses humaines, en fait les victimes d'un éleveur de bétail ayant découvert ses activités de traite des blanches.
L'année suivante deux autres films feront sensation. Il s'agit de Traitement de choc par le français Alain Jessua avec le tandem Delon-Girardot. Un centre de thalasso-thérapie propose des cures de rajeunissement à ses clients non pas par une algue marine mais à partir de cellules humaines prélevées sur de jeunes clandestins. S'il n'est absolument pas graphique, il n'en est que plus efficace et surtout inquiétant dans son propos. Signalons que cette même année la France fut coupable de Themroc, une oeuvre très étrange réalisée par Claude Faraldo où des hommes ne parlant que par borborygmes vivent dans une cave où ils ont parfois recours au cannibalisme. Cette comédie absurde quasi expérimentale n'est jamais qu'une satire vitriolée de la société bourgeoise.
Puis c'est au tour de l'américain Richard Fleischer de réaliser Soylent green / Soleil vert, une oeuvre de science-fiction qui a amené le cannibalisme à l'échelle mondiale. En pleine ère post-atomique, la Terre manque de nourriture et celle ci est hors de prix. Si cette nourriture est réservée à l'élite dirigeante, le peuple est lui nourri de galettes vertes appelées Soleil vert qui sont en fait des cadavres reconditionnés. Fleischer distille un suspens bien dosé jusqu'à la révélation finale que fera Charlton Heston.
Les années 70 verront le cannibalisme être mangé à toutes les sauces de manière plus ou moins intelligente avec plus ou moins d'humour.
Bud Townsend nous offre en 1972 Terror house / Terror at Red Wolf inn / L'auberge de la terreur où un couple d'aubergistes appâte de jeunes filles afin de les nourrir copieusement pour les engraisser et mieux les dévorer par la suite. Huis-clos plutôt malsain, L'auberge de la terreur, film à petit budget, n'est pas sans rappeler des films tels que Texas chainsaw massacre ou The hills have eyes de par son aspect glauque et son lieu de déroulement, l'Amérique profonde même si cette fois c'est sous le ton de la comédie noire que le film est traité, distillant un humour parfois grinçant. Texas chainsaw massacre et The hills have eyes pourraient d'ailleurs faire partie des films cannibales même si le thème n'est jamais montré de façon explicite mais toujours sous-entendu.
En 1973, Ivan Reitman nous entraine dans une autre auberge mais cette fois hantée par les fantômes de trois jeunes filles qui doivent se nourrir de chair humaine. Cannibal girls est cette fois plus d'une comédie horrifique que d'un véritable film d'horreur mais l'ensemble fonctionne parfaitement et se trouve être fort divertissant.
Toujours parmi les films qui se situent dans l'Amérique profonde on citera Three on a meathook / L'abattoir humain de William Girdler lui aussi tourné en 1973. Ce deuxième film de Girdler est un roughie typique, ces oeuvres destinées alors aux drive-in dont il a tous les défauts. Plutôt mal joué, maladroit, lent et souffrant d'un profond manque de rythme qui le rend assommant, L'abbatoir humain vaut surtout par son climat glauque dans lequel évolue un jeune homme ayant fort de mal avec les jeunes filles, créatures dont son père le tient éloigner mais qui lui servent de proies quand certaines s'aventurent chez lui, un pauvre garçon qui de surcroit vaut à tout prix prouver à sa mère qu'elle peut être fière de lui.. une mère morte depuis des années mais qu'il croit vivante dans sa folie.
Cette même année, l'Allemagne nous offre un film particulièrement malsain signé Ulli Lommel et produit par Rainer Werner Fassbinder La tendresse des loups où un homme fasciné par l'adolescence invite chez lui des mineurs à qui il offre le gite en contre-partie de doux moments. Il les tue par la suite, boit leur sang tel un vampire avant de faire l'amour à leur cadavre et les offrir à ses amis sous forme de magnifiques jambons dont ils sont loin d'imaginer la provenance malgré les doutes qui les accablent.
En 1975, on trouve trace de cannibalisme dans La maldicion de la bestia / Dans les griffes du loup-garou de Miguel Iglesias, étrange hybride entre le film de loup-garou et du Yeti où le célèbre Waldemar inlassablement interprété par Paul Naschy est capturé par deux nymphomanes cannibales qui après en avoir fait leur esclave sexuel le transforme en lycanthrope.
Toujours du coté de l'Espagne, il est question de cannibalisme dans la célèbre et érotique mais fort ennuyeuse Comtesse aux seins nus / Les avaleuses / Comtesse perverse avec Lina Romay et signé Jesus Franco où le thème se mélange au vampirisme, au saphisme et sadomasochisme le tout sur fond qui n'est pas sans rappeler les célèbres Chasses du Comte Zaroff.
Plus intéressant toujours du coté ibère est le film de José Maria Eliorreta, Las orgia nocturna de los vampiros qu'il réalisa en 1973 puisqu'un groupe de touristes tombé en panne de bus se retrouve dans un petit village perdu au coeur des montagnes dont les habitants sont tous des fantômes cannibales qui se nourrissent de la chair des visiteurs après les avoir tués. Peu graphiques, si les scènes de cannibalisme sont toutes suggérées elles n'en perdent pas moins de leur force, aussi inquiétantes que les apparitions nocturnes des défunts.
Plus étrange est Escalofrio de Carlos Puerto réalisé en 1977, un film satanique qui mêle érotisme grandiloquent et épouvante qui contient quelques traces de cannibalisme assez impressionnantes lorsqu'on découvre que le couple sataniste se nourrit d'organes humains. Ils cachent dans un congélateur quelques viscères qu'ils préparent ensuite et tiennent enfermés dans un placard pour mieux les dévorer à pleines dents dans une auge tels des animaux.
Toujours d'Espagne nous vient Cannibal man / La semana del asesino de Eloy De la Iglesia réalisé en 1972 et qui reprend une fois encore le thème du cannibalisme forcé, seul moyen cette fois d'échapper à la police, terrible engrenage dans lequel le héros se retrouve pris.
Après avoir tué sa fiancée par accident, notre pauvre homme afin de cacher le corps le découpe et le dissimule dans sa chambre. Il devra tuer toute personne en voie de découvrir son terrible secret. Les cadavres s'amoncèlent. Dépassé par les évènements, le pauvre homme va devoir les couper en morceaux et les amener à l'abattoir où il travaille afin d'en faire de la viande hachée. Particulièrement glauque mais pas forcément gore, Cannibal man est un film avant tout désespéré, d'une noirceur extrême, un film d'atmosphère, pesant, suffocant à l'image de ses décors, un taudis envahi par les mouches, écrasé par la chaleur, planté au milieu d'un terrain vague dans une Espagne en plein développement dont le film est le sordide reflet.
Du coté du Mexique, c'est plutôt le cannibalisme forcé sur lequel on s'attarde, cas ultime de survie, dernier recours pour une personne ou un groupe de rescapés pour ne pas mourir. Rene Cardona tourne en 1975 Survivre! basé sur des faits réels. Suite au crash d'un avion dans la cordillère des Andes, les rescapés devront pour survivre dévorer leurs cadavres dont ils auront fait séché la peau au soleil. Mutilé par la censure lors de sa sortie, Survivre! provoqua un tollé d'indignation même si le film est plutôt quelconque et les effets spéciaux précaires. Les scènes de cannibalisme à proprement parler sont très légères. Un remake grand public, Alive, sera tourné en 1993 par Frank Marshall avec Ethan Hawke et Vince Spano.
Rene Cardona Jr cette fois tournera en 1978 un autre survival, Cyclone, la mer remplaçant cette fois les montagnes enneigées des Andes. Isolée en plein océan suite à un cyclone, une quinzaine de personnes se retrouvent sur un bateau sans vivre aucune, les obligeant à avoir recours au cannibalisme. Si en premier lieu, on tue le chien d'une protagoniste, ils finiront contraints et forcés par le capitaine à manger les mourants. Beaucoup plus prenant que Survivre!, Cyclone est un bon survival maritime à la tension montante qui finira par une attaque de requin assez impressionnante. Si on y retrouve son acteur fétiche Hugo Stiglitz, on remarquera surtout la présence de Olga Karlatos.
On trouve également trace de cannibalisme dans une autre oeuvre de René Cardona, l'étrange et inégal La nuit des 1000 chats qu'il réalisa en 1971. Si Hugo Stiglitz traque de belles jeunes femmes afin de les offrir en pâture à ses centaines de chats affamés, il se délecte de quelques morceaux de chair humaine tout en regardant les félins se régaler.
On citera toujours réalisé par Cardona mais cette fois plus tardivement en 1985 Les diamants de l'Amazone / Treasure of the Amazon avec les vétérans Stuart Whitman et Donald Pleasance. Suivant la vague de films de cannibales italiens alors en vogue, Les diamants de l'Amazone est un véritable film d'aventures de jungle plutôt violent et sanglant où un groupe de mercenaires est à la recherche de diamants dans une jungle hostile et truffée d'animaux sauvages et de tribus primitives qui leur mèneront la vie dure.
Le cannibalisme est également au menu de l'excellent A boy and his dog / Apocalypse 2024 de L.Q Jones où la gent féminine considérée nocive pour l'Homme sera consommée à des fins de survie lors d'un éblouissant final particulièrement grinçant.
Toujours dans le domaine de la science-fiction, il est question de cannibalisme dans le curieux Def-con 4 de Paul Donovan qu'il réalisa en 1985. Après une guerre nucléaire, un groupe d'humains nommés les affamés se nourrit de chair humaine. On a ainsi droit à quelques rares plans gore de membres déchiquetés assez réalistes malgré la pauvreté évidente des moyens dont a bénéficié le réalisateur.
Kevin Connor réalise en 1980 sur une trame similaire à celle du film de Townsend, Nuit de cauchemars / Motel hell où un couple dément mais si pieux entretient un potager humain composé de pauvres victimes qu'ils ont piégé et dont ils ont coupé les cordes vocales. Enterrés dans le jardin où seule la tête dépasse du sol, il sont gavés avant d'être transformés en jambon fumé vendu aux clients et si fameusement réputés à travers tout le pays. Distillant sans cesse un humour noir, Motel hell sans jamais avoir recours à une déferlante de scènes sanglantes est un petit bijou macabre parfois impressionnant, parfois ironique, clin d'oeil amusé et amusant dans son final à Texas chainsaw massacre.
On n'oubliera pas cette même année le film de Laurence Harvey, Welcome to Arrow beach / Tender flesh qui projette cette fois le cannibalisme dans un contexte socio-militaire. Ici, une jeune hippie en route vers les plages californiennes rencontre un vétéran de la guerre coréen qui l'invite chez lui, une étrange demeure où la jeune fille va vite découvrir que ses habitants pratiquent le cannibalisme. C'est aussi pour nous l'occasion d'y revoir Stuart Whitman, Johanna Pettet et une toute jeune Meg Foster.
On citera aussi le loufoque Eating Raoul de Paul Bartel en 1982 où un couple d'aubergistes aiment dévaliser leurs clients qu'ils assomment à la poêle à frire. Ils vont avoir du fil à retordre avec un cambrioleur nommé Raoul dont ils vont devoir se débarrasser quand le trublion, ayant découvert leurs activités, tente de se joindre à eux. Grosse comédie acide, Eating Raoul est une joyeuse parodie à l'humour noire grinçant qui saura satisfaire l'amateur de loufoqueries.
La même année Edward D. Murphy sort Raw force / Kung fu Cannibals avec Cameron Mitchell contant les aventures d'un groupe d'étudiants en arts martiaux qui débarque sur une île supposée hantée par des spectres experts en karaté. Un sosie d'Hitler y dirige un camp d'esclaves féminines qu'ils vont tenter de faire échapper tout en devant combattre mille dangers dont une horde de moines cannibales. Ce tout petit budget du cinéma d'exploitation oscille le plus souvent entre la série B et la série Z avec bonheur et se laisse voir sans déplaisir, fatras de tout et n'importe quoi où chacun y trouvera son plaisir.
La France ne resta pas en retrait et c'est Raphaël Delpart qui en 1980 nous offrit La nuit de la mort, film particulièrement gore où les vieillards d'un asile aiment la nuit venue se gaver des jolies infirmières qu'ils piègent. Delpart associe cette fois le cannibalisme à la vie éternelle, les gentils petits vieux trouvent en effet dans la chair humaine un remède contre la mort, traversant ainsi avec vivacité les siècles. Si le film est fortement estampillé années 80, il n'en demeure pas moins malgré son coté daté un essai réussi de cinéma gore à la française qui mérite d'être (re)découvert à sa juste valeur.
Du coté de l'Asie, le fameux Tsui Hark réalise en 1980 Diyu wi men / Kung fu cannibals / We're going to eat you où un agent secret doit partir enquêter dans un village infesté de déments cannibales, Kung fu cannibals à ne pas confondre donc avec l'oeuvre éponyme de Edward D. Murphy.
On notera des scènes de cannibalisme dans le fameux film japonais Nostradamus Fin du monde an 2000 où la pollution cause bien des ravages sur notre planète.
On terminera cette partie avec les comédies gore et films plus ou moins amateurs qui pullulèrent alors sur la marché vidéo, oeuvres souvent tournées directement en vidéo ou en 16mm. Jouant à fond la carte du gore à outrance, de la chair et de la tripaille, ces films n'ont d'autres but que de régaler l'amateur du genre mais sont exempts de toutes qualités tant l'ensemble est dénué de tout intérêt. Mal joués mal filmés, d'une totale pauvreté mais hyper sanglants, on citera parmi ces films de "copains" souvent situés dans l'Amérique profonde et mélangeant le survival au film gore le nullissime Cannibal campout de Jon Mc Bride et Tom Fisher en 1988 où trois étudiants partis en pique-nique dans la forêt devront faire face à une famille de dégénérés cannibales.
En 1986, Kirk Alex nous gratifie d'un Lunch meat / Cannibales où là encore une famille de cannibales dégénérés retranchée dans les montagnes californiennes traque le touriste égaré pour mieux le dévorer et nous offrir notre lot de décapitations, mutilations et autres écorchages à vif avant dégustation maison.
Slaughter house de Rick Roessler tourné en 1987 est plus un slasher cannibale qui lorgne furieusement du coté de Texas Chainsaw. L'intrigue est simple: les propriétaires d'un abattoir envoient leurs fils mentalement dérangés tuer ceux qui veulent les exproprier.
Cannibal women in the avocado sorti en vidéo chez CIC sous le titre Cannibal girls (à ne pas confondre avec le film de Ivan Reitman) nous conte cette fois l'histoire d'une plantation d'avocats abritant de redoutables croqueuses d'hommes qui refusent toute domination de la gente masculine. Elles s'accouplent et les tuent par la suite pour mieux les dévorer. Film parodique sur le féminisme, si le cannibalisme est le coeur du film, il n'est jamais montré mais uniquement évoqué dans les dialogues. Aucune scène choc donc dans cette comédie souvent lourde et peu drôle où émergent avec peine Adrienne Barbeau et Shannon Tweed.
L'ERE DU CANNIBALISME A L'ITALIENNE:
Les précurseurs:
Passée maître dans l'art de la surenchère, il n'est pas étonnant que l'Italie s'en donna à coeur joie dés les années 70 jusqu'au paroxysme des années 80. Si en 1969, Pier Paolo Pasolini signa en 1969 l'étrange Porcile / Porcherie où le réalisateur fait le parallèle entre notre société dite civilisée et les sociétés primitives à travers une tribu cannibale représentée par un homme, superbe Pierre Clementi, pourchassé pour anthropophagie, c'est peut être Marco Ferreri introduisit la notion de cannibalisme de façon explicite à l'écran avec son film d'anticipation La semence de l'homme / Il seme dell'uomo. Réalisé la même année que Porcherie, ce film surréaliste, difficile, dans la plus pure tradition du cinéma de son auteur nous plonge dans une société post-holocauste où survivent quelques individus errants. Parmi eux un se trouve un couple, Cino et Dora, réfugié dans une immense bâtisse au bord de la mer qui se querelle régulièrement quant à savoir s'ils veulent faire ou pas un enfant. C'est alors qu'apparait une errante jouée par Annie Girardot qui va vite semer le trouble entre eux puisqu'elle semble bien décidée à tomber enceinte de Cino. Elle sera finalement tuée et rôtie pour mieux être mangée.
Liliana Cavani en 1970 avec I cannibali / Les cannibales traita ce thème d'une manière cette fois plus détournée dans cette version apocalyptique d'Antigone de Sophocles même si le mot cannibalisme doit être pris cette fois au sens spirituel du terme. Par cannibalisme, Liliani entend surtout les idées et les actions d'un état fasciste qui ronge et détruit l'être humain alors que les cadavres sont entassés dans des grottes par deux contestataires joués par Britt Ekland et Pierre Clementi qui côtoient le renégat Tomas Milian.
En 1971, Guido Zurli réalise Il strangolatore di Vienna / L 'étrangleur de Vienne / The mad butcher qui conte le parcours d'un boucher récemment sorti de l'asile et qui va retrouver les joies du cannibalisme. Suite à une querelle avec sa femme, il la tue et afin de cacher le corps, le transforme en saucisses. Toute personne découvrant son secret subira le même sort. Il s'agit là d'une comédie noire où l'humour plutôt acide ne fait jamais défaut. Victor Buono s'en donne à coeur joie dans le cabotinage tout au long du film aux cotés de Brad Harris.
Pour Francesco Barilli, le cannibalisme est une forme de folie. Dans la séquence finale de son étonnant thriller Il profumo della signora in nero qu'il réalisa en 1974 lorsque Mimsy Farmer est dévorée sur l'autel par les membres de la secte ce n'est jamais qu'une manière fortement symbolique d'illustrer l'envie qu'avait la malheureuse jeune femme de dévorer son passé et ses trauma qui eux mêmes la dévoraient de l'intérieur.
L'avènement du cannibalisme à l'italienne:
C'est Umberto Lenzi qui ouvrit le filon en 1971 avec Il paese del sesso selvaggio / Cannibalis. Stupidement rebaptisé pour sa sortie française Au pays de l'exorcisme pour suivre la vague de mode engendrée par The exorcist de William Friedkin, également connu sous le titre Cannibalis pour son exploitation vidéo, il ne fait pas réellement partie contrairement à ce que ce titre trompeur évoque de la liste des futurs films italiens dit de cannibales.
C'est surtout et avant tout un film d'aventures exotiques, un de ces fameux films de jungle qui firent jadis les beaux jours d'un certain cinéma populaire. Lenzi allait d'ailleurs ouvrir ici la brèche à toute cette nouvelle vague de films anthropophages qui n'allait pas tarder à déferler sur l'Italie. Au pays de l'exorcisme pourrait d'une certaine façon être considéré comme le précurseur d'oeuvres telles que Le dernier monde cannibale (1976) et Cannibal holocaust (1979), toutes deux de Ruggero Deodato, même s'il est très loin d'en avoir l'impact nauséeux.
Il paese del sesso selvaggio est une sympathique série d'aventures calquée sur la trame de Un homme nommé cheval dont seuls la nationalité du héros et le lieu de l'action auraient été changés.
Très agréable à suivre, le film nous entraîne dans les très beaux décors naturels des forêts tropicales du Sri-Lanka où un photographe, John Bradley, est parti en expédition avant de se faire capturer par une tribu indigène dont il devra apprendre les us et coutumes au travers de terribles épreuves et découvrir des rituels parfois brutaux comme le viol à répétition d'une femme infidèle, une scène que Lenzi reprendra dans La secte des cannibales. Si on excepte la dureté de certaines de ces épreuves, Il paese del sesso selvaggio demeure assez sage visuellement parlant, son titre vidéo ne trouvant sa raison d'être que dans une seule et assez brève séquence qui fut d'ailleurs une des premières du genre dans l'histoire du cinéma.
On assistera par contre aux inévitables tortures d'animaux dont Lenzi a toujours été friand et qui pourront en révolter certains, ce type de scènes ayant toujours été sujet à polémique.
Le reste du film s'attarde essentiellement sur l'idylle entre John Bradley et Maraya, la jeune fille du chef de tribu. Ceci nous vaut quelques séquences aujourd'hui quelque peu mielleuses dont celle où Maraya court au ralenti à travers un champ de fleurs à la rencontre de son bel aventurier et celle plutôt larmoyante de sa mort alors qu'elle accouche de leur enfant.
Lenzi essaie de donner à son film comme bien souvent une certaine forme moraliste en mettant en parallèle la barbarie et la violence de notre monde dit civilisé et celle d'une vie primitive. On ne s'étonnera donc pas du dilemme auquel John va devoir faire face en fin de film. Quelle est le meilleur pour l'homme, la jungle urbaine de notre société et la violence quotidienne qu'elle engendre ou un retour aux sources de la nature dans un environnement peut être hostile et primaire mais totalement vrai?
Hormis le plaisir certain que Au pays de l'exorcisme procure à sa vision, son autre intérêt provient également de sa solide interprétation menée par Ivan Rassimov en courageux aventurier et la magnifique jeune birmane Me Me Lai dont ce fut le premier vrai grand rôle au cinéma après quelques apparitions dans de petits films d'horreur. Transfuge de la télévision anglaise où elle était alors présentatrice/hôtesse, la belle actrice apporte toute sa beauté et sa candeur au personnage de Maraya, un rôle qui allait la voir promue "icône de fille de la jungle" puisque Me Me Lai endossera deux autres fois la peau de ce personnage toujours aux cotés de Rassimov pour respectivement Le dernier monde cannibale de Ruggero Deodato et La secte des cannibales / Mangiati vivi dai cannibali signé de nouveau Umberto Lenzi.
Sans être une pièce majeure dans la filmographie du réalisateur, ce petit film non dépourvu de charme se laisse voir sans déplaisir et nous offre un petit voyage dépaysant au coeur des tropiques dont le seul but est de distraire. Ni racoleur ni tapageur, Il paese del sesso selvaggio restera surtout comme l'un des pionniers d'un genre qui allait faire par la suite couler beaucoup d'encre. Si les amateurs de gore et autres abominations graphiques seront cette fois déçus (quelques langues tranchées sont seulement au menu), les autres y trouveront sans aucun doute un intérêt certain.
En 1976 Ruggero Deodato va lancer la première vraie salve de films de cannibales avec Le dernier monde cannibale, véritable préface à son Cannibal holocaust qu'il tournera trois ans plus tard.
Souffrant parfois de la comparaison d'avec ce dernier, Le dernier monde cannibale est loin d'en avoir l'aspect effroyablement odieux et malsain. Il s'en dégage une atmosphère beaucoup plus suffocante que réellement effrayante, un sentiment de peur diffuse appuyé par une partition musicale aussi curieuse qu'inquiétante dés lors que l'avion s'écrase au coeur de cet enfer vert particulièrement dense.
Le plus étonnant dans Le dernier monde cannibale reste peut être la découverte de cette tribu primitive cachée au fond d'une caverne dont Deodato va nous faire partager les us et coutumes. C'est comme si soudainement on assistait à un vertigineux retour en arrière, à un âge qui nous ramènerait à l'aube de l'humanité. C'est ici que réside un des principaux intérêts du film tourné dans les forêts vierges de Malaisie avec de véritables peuplades qui n'avaient jusque là eu aucun contact avec la civilisation. Particulièrement impressionnant, il se dégage des scènes de la grotte quelque chose de fascinant qui donne à l'ensemble un coté réaliste incroyable.
Pour le reste, Le dernier monde cannibale ne diffère guère des autres films de ce type. On y retrouve la plupart des éléments inhérents au genre, le héros pris au piège humilié et torturé par les indigènes, les traditionnelles et toujours condamnables mises à mort d'animaux, ici un crocodile, la douce primitive qui aidera finalement le malheureux prisonnier à s'évader avant la chasse finale. A cela Deodato ajoute un soupçon de voyeurisme lors des scènes d'urophilie et de bestialité ainsi qu'une impressionnante dose de nudité intégrale puisque les deux protagonistes principaux sont durant toute la première partie du film entièrement nus. Le dernier monde cannibale demeure le seul film italien dit de cannibales qui ose un tel étal par moment fort audacieux notamment lors de la scène où Massimo Foschi, attaché à un roc, voit son slip être arraché par un groupe d'indigènes qui très vite se met à jouer avec son sexe, des attouchements que Deodato se permet de filmer en plans serrés.
C'est donc tout naturellement que le personnage de la jeune primitive est alors introduit. Intriguée par cet homme blanc retenu prisonnier dans une cage elle étudie dans un premier temps ses réactions en tâtant sa peau avant de le masturber. Séduite ou amadouée, elle l'aidera ensuite à s'évader en sachant pertinemment qu'ainsi elle se condamne. Deodato inverse alors les rôles. Le dit civilisé laisse libre cours à ses instincts primaires et la sodomisera brutalement au milieu des hautes herbes. A travers ce geste sauvage non seulement il se délivre de tout ce qu'il a dû subir mais installe également une certaine équité dans la relation qui lentement tourne au respect, peut être à une certaine forme d'amour.
Commence alors une course-poursuite à travers la jungle hostile qui se terminera par la longue séquence de cannibalisme tant attendue. Capturée, la renégate sera mise à mort, décapitée, éventrée puis ouverte en deux, vidée et rôtie avant d'être dévorée. Coutume récurrente alors, Deodato justifie ses excès en avertissant le spectateur que le film est tiré de faits réels.
Outre les séquences de jungle où apparaissent les indigènes, dans un rôle bien peu évident on retiendra l'interprétation du solide Massimo Foschi qui porte définitivement le film sur ses épaules secondé par un Ivan Rassimov cette fois relégué au second plan. On n'oubliera pas l'incontournable et délicieuse Me Me Lai qui depuis Cannibalis devint l'icône parfaite de la fille de jungle. Le seul problème avec son personnage est qu'il dénote peut être trop par rapport aux véritables primitifs. Son corps de rêve même recouvert de boue, sa chevelure soyeuse même ébouriffée, ses seins siliconés et ses grand yeux discrètement soulignés d'eye-liner n'en font guère une cannibale crédible. Reste alors le plaisir de l'oeil.
Si le film est discrètement sorti chez nous en salles en 1978, il provoqua par contre une vague de remous beaucoup plus conséquents dans d'autres pays peu habitués à ce genre de pellicules à qui Deodato donnera le coup de grâce avec le célèbre Cannibal holocaust qui allait cette fois se faire totalement interdire dans de nombreux pays et voir son auteur être condamné.
Très belle introduction à ce futur chef d'oeuvre, pièce maîtresse de la carrière de son réalisateur, Ultimo mondo cannibale sans en atteindre son paroxysme, est un excellent et captivant film de jungle étayé de quelques scènes gore qui plaira aux amateurs d'aventures exotiques et plus généralement aux amoureux de ce type de cinéma dit vomitif.
Après donc l'impressionnant Dernier monde cannibale déboule donc la deuxième tentative de Ruggero Deodato dans le genre, le désormais fameux Cannibal holocaust, véritable apothéose dans l'horreur qui allait ébranler toutes les censures du monde. Interdit en Italie lors de sa sortie, accusé d'être un véritable snuff movie, Cannibal holocaust va être à l'origine d'un procès qui trainera Deodato devant le tribunaux. C'est d'ailleurs sur cette sordide publicité que le film bâtira toute sa réputation.
Aujourd'hui encore, le film reste une oeuvre à part dans la production italienne. Nauséeux, paroxysmique, malsain, à la limite du soutenable, l'oeuvre toujours aussi dérangeante de par son réalisme a su garder au fil du temps toute sa force et rares sont ceux qu'elle laisserait indifférents.
Etrange film à la croisée des courants en vogue alors dans le cinéma transalpin, le film d'aventures exotiques et le cinéma tendance vomitif, Cannibal Holocaust tente de dénoncer les limites des médias avec en filigrane l'éternelle question: de l'homme civilisé ou de l'indigène primitif, qui est donc le plus dangereux, où se situent réellement les valeurs humaines?
Autour de ces thèmes, le réalisateur signe un film unique, tourné comme un documentaire, caméra à la main, qui lui donne un coté authentique particulièrement redoutable. Cannibal holocaust n'est pas sans rappeler les mondos dont il pourrait être l'effroyable descendant puisque sous couvert documentaire, sous la forme d'un film-vérité, il s'apparente aux mondos de Gualtiero Jacopetti et surtout ceux des frères Castiglioni notamment Mondo Magic / Magia nuda.
Si toutefois on sourit devant une expédition aussi peu plausible et peu préparée, si on apprend vite à détester les quatre reporters, arrogants et peu sympathiques, si on rit devant une nuée de nymphettes indigènes tourbillonnant dans l'eau autour des parties génitales du professeur (auraient elles appris que Robert Kerman alias Richard Bolla était un ancien acteur porno très actif dans les années 70?) on rit beaucoup moins quand interviennent les premiers éléments de cinéma vomitif.
Cannibal Holocaust bat en effet tous les records d'ignominie avec un luxe étonnant de détails sordides et dérangeants. Plongée hallucinante au coeur de l'abominable la pellicule se compose d'une succession de scènes de viols, de lapidations, de mutilations diverses, de dépeçages, de repas de chair fraîche interminables et autres gros plans de cadavres putrides sans oublier les inévitables tueries d'animaux dont l'inoubliable et particulièrement éprouvante agonie d'une tortue dépecée vivante et d'un rat musqué. Cette seconde plongée dans l'univers du cannibalisme de Deodato est une violente remontée des peurs les plus primitives de l'homme qui se terminera en véritable apothéose. Le dernier reporter encore en vie filmera en effet l'atroce agonie de ses compagnons avant de filmer sa propre mort, la caméra tombée à terre continuant de tourner.
Apologie d'un voyeurisme exacerbé, Cannibal Holocaust se clôture sur les visages médusés et blafards du professeur et des producteurs qui décideront de détruire les bandes. De son coté le spectateur tout aussi blême, la mine déconfite détruite par la force de l'impact de ces images particulièrement crues, sera quant à lui heureux, du moins pour les endurants, d'avoir pu assouvir ses plus vils instincts. A chacun sa morale!
Oeuvre quasi unique, Cannibal Holocaust a bel et bien sa place au panthéon des films gore les plus redoutables des années 80. Ruggero Deodato sera à jamais le réalisateur d'un des films les plus controversés resté inégalé à ce jour tout en se targuant d'être à l'origine de toute une lignée d'oeuvres de ce genre qui allait doucement parsemer le panorama de l'horreur italienne voire mondiale.
Suite au succès de Cannibal holocaust Umberto Lenzi après sa première incursion dans le genre dix ans plus tôt récidive donc en 1981 avec une certaine ironie en réalisant coup sur coup deux films, le cultissime Cannibal ferox et La secte des cannibales / Mangiati vivi dai cannibali.
Après cet intéressant film de jungle qu'était Il paese del sesso selvaggio / Cannibalis Lenzi signe avec Cannibal ferox un des meilleurs films du genre après ceux bien sûr de Deodato dans la grande lignée de son illustre modèle même si cette fois le discours est moins moralisateur.
Grand spécialiste du polar à l'italienne et du sexy giallo, Umberto Lenzi agrémente son film
d'une trame policière que certains jugeront inutile voire ennuyante mais qui ne l'est guère plus au final que les escapades américaines de Cannibal holocaust. Elles aident d'une certaine manière à quelque peu soulager le coté étouffant, éprouvant, d'un film qui porte un regard farouche sur les peuplades amazoniennes en montrant que leurs instincts les plus primitifs ne demandent qu'à ressortir au grand jour. Lenzi légitime le tout par l'attitude abjecte de Mike, le trafiquant de drogue rendu fou par l'abus de drogues.
Si le racisme sous-jacent bien présent tout au long du métrage peut être contestable tout comme les raisons qu'évoquent le réalisateur pour justifier ses abominations (mais après tout n'est ce pas là le propre de ce type de cinéma, la base même du cinéma d'exploitation)
Cannibal ferox est avant tout une pure réjouissance exotique qui ravira les amateurs d'un certain cinéma vomitif et d'effets sanguinolants spectaculaires. Castration, décervelation, démembrement, repas cannibales, sans oublier la désormais mythique scène où Zora Kerowa se fait suspendre par les seins à des crochets de boucherie sont ainsi au menu. Cannibal ferox, tourné dans les forêts colombiennes dans des conditions souvent difficiles notamment par le manque de nourriture et la chaleur écrasante, est un véritable trois étoiles du gore que l'on doit au spécialiste des effets spéciaux Gianetto De
Rossi. Une fois encore est également au programme toute une série de massacres d'animaux bien réels. Une tortue, un iguane et un petit singe notamment font cette fois les frais des pulsions sadiques du réalisateur qui prend un évident plaisir à filmer leur agonie malgré les protestations de certains comédiens, Danilo Mattei et Giovanni Lombardo-Radice en tête, qui refusaient ce type de barbarie gratuite mais imposé par les producteurs, un des arguments régulièrement employé par les réalisateurs pour justifier ces actes.
Délaissant l'aspect pseudo-documentaire de Cannibal holocaust, Cannibal ferox se rapproche en fait beaucoup plus du traditionnel film d'aventures de jungle, une oeuvre
fictionnelle au scénario plutôt bien construit dont la sous intrigue policière sert à expliquer la présence de Mike et Joe dans cette forêt truffée de cannibales et la raison pour laquelle ils ont retrouvé leurs instincts primaires. Exploitées et maltraitées par l'Homme blanc, les peuplades primitives se rebellent et se dressent contre leurs bourreaux en usant de leurs traditions guerrières ancestrales. On retrouve le schéma usuel des vieux films d'aventures hollywoodiens remis ici au goût du jour avec cette avalanche d'effets gore et le retour à l'anthropophagie pure et dure, un rite traditionnel qui d'une part donne un coté réalité au film, d'autre part sert le scénario et donc la thèse de Gloria, l'anthropologue à l'origine de ce
voyage amazonien. Plutôt tatillon, rigoureux Lenzi soigne sa mise en scène, alerte, sans temps mort si on excepte certains passages qui par instant ralentissent l'action, un léger défaut qu'on lui pardonnera d'autant plus rapidement que Cannibal ferox accompagné d'une obsédante partition musicale se visionne avec passion et bénéficie d'une solide interprétation de la part d'acteurs fort investis, de l'impressionnant Giovanni Lombardo-Radice, cruel et déchainé sous l'effet de la cocaïne, à Lorraine De Selle, seul film que la comédienne ne renie pas aujourd'hui, sans oublier la blonde Zora Kerowa dont la mise à mort restera une des scènes d'anthologie du cinéma gore, Danilo Mattei et Walter Lucchini sans oublier Robert Kerman déjà présent dans Cannibal holocaust, ici dans un rôle secondaire, celui du policier chargé de mener l'enquête à New-York.
Si Cannibal ferox aujourd'hui encore hautement controversé n'est pas le plus violent et barbare des films dits de cannibales, malgré quelques incohérences scénaristiques, il demeure parmi les meilleurs du genre. Il se classe sans difficulté aucune dans le trio de tête avec Cannibal holocaust et Le dernier monde cannibale. Il demeure aussi le témoignage pervers d'une époque où le cinéma italien ne reculait devant aucune limite dans l'insoutenable afin de choquer et mettre mal à l'aise son spectateur.
Troisième incursion de Umberto Lenzi dans le film dit de cannibale après Cannibalis et Cannibal ferox, Mangiati vivi dai cannibali s'il ne diffère guère des autres oeuvres du genre s'avère plutôt original dans son scénario qui mêle de façon plutôt intelligente le film gore traditionnel et le film de secte. Et c'est immanquablement à la triste histoire de Charles Manson à laquelle on pense ici à la vision de La secte des cannibales.
Un peu plus brouillon au niveau de l'écriture que Cannibal ferox, ce nouvel opus nous plonge au coeur au coeur de la jungle asiatique où se situe donc l'action. C'est en effet là qu'a choisi un dangereux gourou pour réunir ses fidèles. Si la secte dont il est à la tête est ainsi protégée du monde extérieur il n'y ainsi nulle possibilité de prendre la fuite, les alentours étant infestés de tribus cannibales. C'est dans cette secte que l'héroïne accompagnée d'un aventurier un peu rude va retrouver sa soeur disparue et tenter de l'aider à s'échapper avec la complicité d'une jeune adepte.
Outre les inévitables massacres d'animaux toujours aussi gratuits, Lenzi se laisse aller une fois de plus aux excès horrifiques particulièrement sanglants ici auxquels il nous avait habitué depuis Cannibal ferox. L'amateur de gore y trouvera donc amplement son compte. Les effets sanglants trouveront cette fois leur l'apothéose lors du lent et progressif découpage de la pauvre Paola Senatore amputée d'un sein puis d'une jambe et d'un bras dans une interminable agonie.
A ces effets sanguinolents s'ajoute bien évidemment un zeste d'érotisme particulièrement brutal souvent gratuit dont le triple viol de Me Me Lai qui fut jadis censuré dans de nombreux pays, et celui de Paola Senatore en pleine brousse par un groupe d'indigènes. Pour l'anecdote, le viol de Me Me Lai qui ne figurait pas dans le scénario original fut imposé à Lenzi par les producteurs allemands.Cannibal ferox avait été un énorme succès en Allemagne et c'est donc contraint que le cinéaste dut écrire cette scène qui fut pour Me Me difficile à tourner.
Si les séquences de cannibalisme offrent une fois encore leur lot de boyaux et de membres goulument dévorés, plus intéressante et effrayante est ici la peinture que livre Lenzi de cette secte et de son impitoyable maître régnant en tyran sur ses fidèles qu'il tient à sa merci grâce à l'absorption de drogues et autres lavages de cerveaux. Lenzi décrit avec une certaine intelligence la vie des sectes et le pouvoir que peut exercer un homme sur des esprits faibles. Le terrible suicide collectif qui conclut le film en est un brillant exemple qui ramène à une trop triste et célèbre affaire.
On regrettera simplement la facilité à laquelle s'est laissé aller Lenzi cette fois. Par souci d'économie ou par fainéantise, il a tout simplement repiqué une bonne part des scènes d'horreur du Dernier monde cannibale et de La montagne du dieu cannibale ainsi que quelques plans de son propre Cannibalis pour les insérer dans ce nouvel opus. Mangiati vivi méritait beaucoup mieux. Lenzi reprend même dans son intégralité au grand désespoir des admirateurs de la belle actrice birmane la mort de Me Me Lai dans Le dernier monde cannibale. Me Me méritait elle aussi beaucoup mieux.
Tout aussi nauséeux dans sa forme et contestable dans son fond que Cannibal ferox, Mangiati vivi resté inédit en salles en France mais sorti jadis en vidéo dans une versionhonteusement mutilée s'il n'est pas le plus repoussant au niveau des scènes d'anthropophagie beaucoup moins réalistes que chez Deodato et que dans Cannibal ferox demeure par contre un des plus grands guignolesques films de cannibales italiens toujours autant agrémenté de massacres animaliers.
Aux cotés de Paola Senatore alors en plein déclin et de l'indispensable Me Me Lai, on retrouvera la blonde Janet Agren dont les fans admireront le corps nu peint en or, un clin d'oeil à Ursula Andress dans Le dieu de la montagne cannibale. Déjà présent dans Cannibal Holocaust, Robert Kerman se glisse cette fois dans la peau de notre rustre aventurier. La palme de l'interprétation reviendra quant à elle à l'excellent Ivan Rassimov, particulièrement convaincant dans la peau du gourou sadique digne descendant de Jim Jones.
Lenzi qui donnera également comme nous l'avons vu précedemment dans le zombi cannibale avec son inénarrable Avion de l'apocalypse clôturera en 1982 cette série de films dit cannibale avec une gentille petite oeuvrette totalement inédite chez nous Incontro nell'ultimo paradisio / Daughter of the jungle dont la blonde Sabrina Siani est l'héroïne. Il s'agit en fait d'un petit film d'aventures de jungle qui se rapproche par bien des égards de la sexy comédie. Deux étudiants, Rodolfo Bigotti et Renato Miracco, partis en reportage en Amazonie se retrouvent pris au piège dans la jungle. Capturés par une tribu d'indigènes cannibales qui vénérent une magnifique déesse blonde, Sabrina Siani. Ils parviennent à s'enfuir mais ils tombent dans les griffes d'une bande d'aventuriers à la recherche de rubis qui se servent des indigènes comme esclaves. Sabrina Siani, son éléphant et son chimpanzé vont les aider à se sortir d'affaire et mettre un terme aux exactions des malfrats. Si l'ombre de Tarzan et des vieux films de jungle d'antan n'est pas loin Incontro nell'ultimo paradiso est un petit film d'aventures sans grand intérêt, souvent farfelu, par instant drôle mais réalisé de manière trop anodine. Quant au cannibalisme, il en est quasiment dépourvu tout comme il est exempt de scène sanglante. Ne subsiste qu'une simple comédie de jungle dont le principal intérêt reste sa rareté et la présence de Sabrina Siani.
Réalisé entre 1977 et 1978 par Sergio Martino alors que l'Italie rentre en pleine période de films de cannibales après la sortie du Dernier monde cannibale, La montagne du dieu cannibale est au croisement des films d'aventures de jungle d'hier et des films d'horreur gore contemporains. Le film de Martino est une sorte d'hommage, un clin d'oeil aux aventures de Tarzan entre autres remises au goût du jour. On y retrouve tous les ingrédients du genre: la jungle hostile, la belle en détresse et le solide aventurier en proie à la trahison et autres complots, les indigènes sauvages et vindicatifs. Epoque oblige, ces derniers sont désormais de féroces cannibales se livrant à d'abominables actes anthropophages afin de satisfaire un certain public avide de scènes ultra sanglantes.
La montagne du dieu cannibale est une très honnête série B tournée dans les splendides décors naturels de Malaisie et la jungle du Sri-lanska dont le but est bien sûr d'entraîner le spectateur au coeur d'une aventure tropicale pleine de rebondissements tout en lui donnant quelques haut-le-coeur mais aussi de mettre en valeur la superbe plastique de Ursula Andress alors recueillie par l'Italie après son éviction de Hollywood. Tout juste sortie du tournage de Safari express et Africa express / L'île du sorcier aux singes, Ursula est une plantureuse poupée qui en toutes circonstances aussi périlleuses soient elles obéit au doigt et à l'oeil du réalisateur dont la caméra court et parcourt le corps jusqu'à cette inoubliable scène de body-painting intégral dans la grotte des cannibales qui la prennent pour une déesse. C'est alors à travers le regard halluciné d'Ursula qui après voir du manger le coeur de son frère qu'on va assister aux séances d'anthropophagie et aux délires orgiaques des indigènes.
Le film de Martino est une belle aventure exotique, pleine d''action et de péripéties qui cède souvent à l'excès dans ses séquences d'horreur. On regrettera surtout l'exagération et l'inutilité des nombreuses tortures animales sur lesquelles Martino s'attarde dont la plus cruelle et révoltante est celle où il s'acharne à montrer dans ses détails les plus sordides la mort d'un petit singe dévoré par un anaconda.
A ces cruautés, on préférera les réjouissants effets gore anthropophages ou les quelques débordements sexuels, témoignage d'une époque qui rappelle au spectateur qu'on est toujours dans le cadre d'un certain cinéma d'exploitation, vus à travers le regard halluciné d'Ursula qui après voir du manger le coeur de son frère assistera à ces excès comme l'étonnante et fort explicite sodomie d'un porc par un indigène ou la longue masturbation frontale d'une jeune primitive. Ces scènes à l'instar des séquences d'anthropophagie furent plus ou moins coupées selon les distributeurs lors de l'exploitation cinématographique en salles.
Sergio Martino, après s'être essayé au poliziesco, au giallo et à la sexy comédie semble être fort à l'aise dans ce nouveau genre. Il continuera par la suite dans cette lignée avec la même équipe en réalisant Le continent des hommes poissons et Alligator.
Aux cotés de Ursula, on retrouvera Stacy Keach qui n'avait pas encore endossé le chapeau de Mike Hammer, Antonio Marsina et Claudio Cassinelli, tous semblant fort bien se divertir au coeur de cette jungle emplie de dangers de toute sorte.
La montagne du Dieu cannibale risque de fort décevoir ceux qui attendent du film des débordements à la Cannibal holocaust et consorts avec lesquels il n'a guère de points communs. Voilà simplement un bon film d'aventures pas réellement crédible mais fort distrayant dont le final fort moraliste amusera. A quoi bon bouder notre plaisir donc.
Nous ignorerons ici les oeuvres respectives de Lucio Fulci et Bruno Mattei, L'enfer des zombis et Virus cannibale dont nous avons précédemment parlé dans le chapitre consacré aux zombis cannibales mais nous mentionnerons par contre l'ineffable Joe D'Amato à qui on devait déjà une jolie scène de repas cannibale dans Emanuelle e Françoise qu'il réalisa en 1976. George Eastman sous l'effet des drogues est victime d'une effroyable hallucination durant laquelle les convives de sa geolière dévorent joyeusement un corps humain lors d'une fête orgiaque.
L'année 1977 verra la première véritable incursion de D'Amato dans le genre avec Emanuelle e gli ultimi cannibali / Emanuelle et les derniers cannibales sorti en France au cinéma sous le titre Viol sous les tropiques, Si cette nouvelle mouture des aventures de Black Emanuelle transformée ici en infirmière d'hôpital psychiatrique n'est pas la meilleure, il faut reconnaitre au film un bel avantage, celui de mélanger le film érotique et le film gore, plus précisemment le film de cannibales popularisé par Umberto Lenzi dés 1972 puis Ruggero Deodato en 1976 avecLe dernier monde cannibale. A ce titre cette aventure tropicale de notre célèbre journaliste de charme réalisée en 1977 soit un an tout juste après Le dernier monde cannibale pourrait être classée parmi les oeuvres précurseurs du cinéma de cannibales même si au final il s'agit plus d'un film puissament érotique agrémenté d'une bonne dose de gore et autres effets horrifiques. Astucieux D'Amato en bon élève conscienceux applique avec soin la recette qui fera quelques années plus tard le succès de films tels que Cannibal ferox en y adjoignant l'essence même de la série des Black Emanuelle, cet érotisme torride, audacieux, ce déchainement des sens qu'on retrouvait dans les précédents épisodes de la saga.
Emanuelle et les derniers cannibales se scinde en deux parties distinctes, Toute la première partie du film est ouvertement orientée vers l'érotisme. Qu'ils soient encore à New-York ou plongés au coeur de la jungle amazonienne les divers protagonistes se livrent à d'incessants corps à corps fièvreux aussi bien hétérosexuels que lesbiens. Dans la chaleur des nuits tropicales, sous une tente ou au beau milieu de la nature sauvage, tous forniquent, le feu au ventre,contre toute logique le plus souvent puisque malgré les dangers imminents, encouragés sans doute par le climat moite, sauvage, ils satisfont leur libido. Laura Gemser, égale à elle même, l'insolente Monica Zanchi dont on gardera surtout en tête sa longue masturbation alors qu'elle observe les ébats de Laura et Gabriele Tinti et surtout Nieves Navarro (Susan Scott), surprenante, pour un de ses rôles les plus osés (une incroyable masturbation frontale très anatomique et une fellation simulée), prémices de ses chevauchées érotiques aux limites du
hard dans Orgasmo nero deux ans plus tard, donnent ainsi libre cours à leurs instincts lubriques. D'Amato reprend également mais à sa sauce la fameuse scène du viol multiple de la femme infidèle de Cannibalis que Lenzi reprendra à nouveau de manière encore plus féroce dans La secte des cannibales.
La deuxième partie ressemble beaucoup plus à un traditionnel film de jungle arrosé d'une bonne dose d'érotisme. Qui dit forêt tropicale dit bien entendu tribu cannibale et les indigènes ne vont donc pas tarder à faire leur apparition. Nos aventuriers vont par conséquent rapidement connaitre les aphres et les horreurs de la jungle, une occasion rêvée pour que Joe D'Amato donne une fois encore libre cours à ses pulsions sadiques et ses tendances perverses, une des principales caractéristiques du cinéma du cinéaste. On retiendra de Emanuelle e gli ultimi cannibali trois séquences particulièrement efficaces, visuellement effroyables, qu'on doit à Fabrizio De Angelis: celle du pauvre Donald O'Brien, l'anthropologue luibrique, coupé en deux au niveau de la taille par un fil, le sein de la religieuse, découpé, arraché puis dévoré par les cannibales et celle, insoutenable, où Nieves Navarro se fait violemment introduire un pieu dans le vagin avant d'être eviscérée.
Agréable mélange d'horreur, d'aventures et d'érotisme épicé Emmanuelle et les derniers cannibales, tourné non pas en Amérique du Sud ni en Asie comme la plupart des films dit cannibales mais près de Rome, dans le Lazio, plus exactement au lac de Fogliano et près des cascades d'Oriolo romano, fait tout de même illusion grâce à la magie verdoyante de l'endroit, l'emploi de quelques acteurs et figurants indiens et un chimpanzé qui fume une cigarette sortie d'un paquet de Marlboro. D'Amato s'est souvenu de Africa express! Cette petite bande est un petit film certes pas très convaincant quant à son intrigue mais tout à fait divertissant. Il réussira sans grand mal à satisfaire tant les inconditionnels des aventures de Black Emmanuelle que les amateurs d'effets gore sanguinolents tout en contentant suffisamment les passionnés de films cannibales même s'il reste un des moins crédibles. S'il faisait partie de la série des oeuvres exotico-érotiques dominicaines tournée par le cinéaste, ses péripéties amazoniennes d'Emanuelle en seraient sans aucun doute le film le plus intéressant.
Joe D'Amato récidivera en 1981 avec le célèbre Anthropophagous au slogan accrocheur qui jadis fit sensation et surtout rêver et fantasmer beaucoup d'entre nous " L'homme qui se mange lui même". Le film est malheureusement plutôt maigre niveau horreur graphique. Cette histoire d'un groupe de touristes coincé sur une ile grecque désertée par sa population et décimé par un homme devenu cannibale suite à de terribles évènements vaut essentiellement pour son atmosphère étouffante, macabre, dans la grande tradition des oeuvres de son auteur, ses réminiscences gothiques (le manoir) et ses deux scènes d'anthropophagie aujourd'hui cultes: l'avortement cannibale où George Eastman, excellent dans le rôle du monstre, arrache le foetus du ventre de sa mère et le croque vivant dans la crypte où il la retenait prisonnière et le final où, éventré par l'héroïne, il dévore lui même ses tripes qui jaillissent de son abdomen avant de s'écrouler.
On ne peut parler de Joe D'Amato et du cannibalisme sans évoquer deux de ses films qui composent sa série de pellicules exotico-érotiques tournées en républicaine dominicaine, Papaya dei Caraibi / Et mourir de plaisir et Orgasmo nero, même si le cannibalisme n'y est présent qu'à très faible dose. Dans Papaya dei Caraibi réalisé en 1979 D'Amato mêle vaudou et érotisme sur fond d'anthropophagie latente. On y compte en fait qu'une seule scène de cannibalisme lorsque Papaya castre son partenaire en lui arrachant le sexe avec ses dents. Dans Orgasmo nero tourné la même année Susan Scott alors en plein déclin doit quant à elle manger le coeur de son mari lors d'une cérémonie vaudou lors de la scène finale. C'est là encore l'unique scène de cannibalisme du film.
Beaucoup plus originaux dans leur thème sur l'anthropophagie et la manière de l'aborder sont d'une part Pulsions cannibales / Apocalisse domani / Savage apocalypse de Antonio Margheriti qui date de 1980, d'autre part Black journal / Gran bollito / La saponificatrice de Mauro Bolognini en 1977.
Afin d'éviter de reproduire le schéma traditionnel du film de cannibale qui ne lui plait guère, Margheriti qui n'a jamais aimé le cinéma d'horreur va tenter de quelque peu dévier des scénarii habituels en proposant cette fois une histoire plus originale qui puise sa source dans un effroyable traumatisme qui remonte à la guerre du Vietnam et ronge certains survivants. L'ouverture explosive du film digne des futurs films de guerre du réalisateur tels que Héros d'apocalypse nous plonge au coeur de la jungle vietnamienne qui donnera à beaucoup l'impression de visionner un véritable film de guerre. Parti à la rescousse de quelques soldats américains, le capitaine Hopper découvre deux soldats prisonniers entrain de dévorer à pleines dents le cadavre d'une jeune vietcong.
Si cette très efficace ouverture sert à présenter le sujet, c'est également le cauchemar que fait régulièrement Hopper depuis son retour en Amérique. C'est alors que les deux soldats qui jusqu'alors étaient soignés en hôpital spécialisé sont malencontreusement libérés. L'un d'entre eux le contacte afin de lui donner rendez-vous, mû par cette envie irrésistible de chair fraîche, les fameuses pulsions cannibales du titre français. Une fois mordu tout individu après une période d'incubation assez rapide se trouve à son tour contaminé. Tout le scénario tourne autour de ce soldat traqué par la police que Hopper va tenter de sauver en sachant que lui même fut jadis mordu.
Si on passe outre les incohérences d'une histoire peu crédible et quelques faiblesses narratives, Pulsions cannibales prouve une fois de plus que Margheriti quelque soit le genre auquel il touchait était un talentueux réalisateur. Loin du coté macabre des oeuvres de Fulci et de la surenchère sanguinolente de Deodato, Pulsions cannibales nous plonge dans un univers tout aussi cauchemardesque, celui d'un quotidien où, contaminés par une mystérieuse maladie, des ex-soldats du Vietnam, traumatisés par cette guerre durant laquelle ils ont été réduits à manger de la chair humaine, doivent désormais faire face à cette lente maladie qui les détruit et les pousse à l'abominable. Margheriti a réalisé avec Pulsions cannibales un film de cannibales urbain qui parvient à trouver le juste équilibre entre le film d'action et le film d'horreur même si le premier l'emporte ici ce qui n'étonnera personne venant du réalisateur.
Cela ne signifie pas que Pulsions cannibales soit dépourvu d'effets sanglants, brutes et détonants. Hormis les quelques séquences de cannibalisme à proprement parler, on retiendra quelques moments particulièrement croustillants dont un chien piégé qui explose, une jambe tailladée jusqu'à l'os par une scie circulaire, une énucléation, une langue violemment arrachée lors d'un baiser passionné, une tête explosée contre une vitre de voiture et quelques belles morsures. Mais la séquence qui donna au film sa réputation est celle où un fusil à pompe fait littéralement exploser l'estomac de Giovanni Lombardo-Radice, créant un véritable cratère béant à travers lequel Margheriti filme un policier se tenant de l'autre coté.
Derrière cette horreur se cache cependant un autre message tout aussi horrible, la dénonciation de la barbarie que la guerre engendre, une métaphore sur l'homme qui dévore son prochain avant que la société ne le dévore lui même. Il n'a aucune échappatoire et le sexe est montré comme le meilleur moyen pour véhiculer des maladies mortellement contagieuses. Ainsi la scène où Hopper mord les parties intimes de sa jeune voisine nymphomane est une jolie démonstration du message que Margheriti tente de transmettre de manière subtile. En ce sens, Pulsions cannibales est un film intelligent et beaucoup plus profond que la plupart des oeuvres du même acabit qui sortaient ou allaient sortir à cette même époque.
Film maladif au final ouvert véritablement pessimiste à l'image même du film, Pulsions cannibales bénéficie en outre d'une solide interprétation de la part de John Saxon et Giovanni Lombardo-Radice, impressionnant, névrotique, en proie à ses abominables élans anthropophages. On soulignera la présence de Cinzia De Carolis qui avec ce film tentait de faire oublier sa réputation de lolitrash et donner ainsi un nouveau virage à sa carrière malgré un plan furtif sur sa petite culotte laissant entrevoir ses poils pubiens. La manoeuvre ne fonctionna pas et Cinzia abandonnera le grand écran pour se reconvertir.
Présenté jadis au Festival du film fantastique de Paris, Pulsions cannibales, mutilé par la censure, interdit en Europe, ne connut qu'une très brève et bien décevante sortie en salles qui ainsi amputé de tous ses effets gore en fit désenchanter plus d'un.
Plutôt lent dans sa mise en scène notamment lors de la première partie, plus porté sur l'action et le drame urbain que l'horreur graphique à proprement parler, Pulsions cannibales n'en est pas moins une belle réussite, une oeuvre singulière et surtout réussie, plus intéressant pour l'horreur du propos que par l'horreur elle même qu'on prendra toujours autant de plaisir à visionner aujourd'hui encore.
Avec Gran bollito, demeuré inédit en salles, Mauro Bolognini joue quant à lui la carte de l'humour noir, de la satire. Il met en scène une femme qui dans les années 40 tue son entourage pour mieux le transformer en savons mais aussi en petits gâteaux secs qu'elle cuisine dans son grand chaudron et sert ensuite à ses amies à l'heure du thé. Il faut saluer ici le talent de l'excellente Shelley Winters en "bonne grosse", mère protectrice étouffante qui hait les femmes susceptibles de lui ravir son fils, Antonio Marsina, et tue allégrement ses amies, sans remords ni regrets. Véritable bourreau qui cuisine ses petits gâteaux secs et vend ses savons si réputés elle redevient une fois dans le grand monde cette gentille dame au sourire si accueillant. Atmosphère étrange parfois presque déviante pour ce film limite parodique tiré d'un fait divers où on retrouve Laura Antonelli et Max Von Sydow dans un double rôle étonnant, celui de l'inspecteur et celui d'une... jeune femme amie de la monstresse!
Marino Girolami s'est lui aussi adonné à l'anthropophagie avec son fameux Zombi Holocaust / La terreur des zombis qui n'est en fait qu'un plat démarquage de L'enfer des zombis à qui il emprunte d'ailleurs le héros principal, le discret Ian McCullogh. Tourné en 1980 Zombi holocaust est en fait un mélange de films de zombis et de cannibales agrémenté d'un nuage de vaudou qui reprend plus ou moins la trame de L'île du Dr Moreau, Retranché sur une ile quelque part dans les tropiques un savant fou interprété par l'inénarrable Donald O'Brien transforme les indigènes en répugnants zombis anthropophages. Girolami reprend bon nombre de décors et de scènes de L'enfer des zombis dans une atmosphère tropicale moite mais jamais vraiment très sérieuse. Zombi holocaust qui rapelle par moment Emanuelle et les derniers cannibales de par son ambiance et son coté par instant hilarant vaut essentiellement pour ses fabuleuses scènes gore qui en font un must du genre pour les amateurs d'effets sanguinolents. Tête hachée par une hélice de bateau, trépanation et intervention à crâne ouvert, main coupée, scalp, seins mutilés... sont ainsi au programme tandis que les apparitions des zombis à l'apparence souvent effroyable accompagnée d'une respiration rauque tout aussi atroce sont toujours aussi efficaces. La part de nudité est assurée quant à elle par Sherry Buchanan et Alessandra Delli Colli, fort généreuse de ses charmes, très souvent nue même lorsque le moment ne s'y prête pas vraiment, Alessandra nous ressert mais à sa manière cette fois la scène où, nue, Ursula se faisait recouvrir le corps de peinture d'or dans La montagne du dieu cannibale comme le fit également Janet Agren dans La secte des cannibales. Zombi holocaust demeure une fantaisie grand guignolesque tout à fait sympathique, une incontournable et joyeusement délirante série Z qui à sa façon a su marier le cannibalisme au mythe du zombi.
Beaucoup moins plaisant est Safari cannibal/ Horror safari réalisé en 1982 par le néo-zélandais Alan Birkinshaw avec Laura Gemser et Stuart whitman. Le film lorgne vers une version horrifique et très (trop) gentillette des Aventuriers de l'arche perdue transpantée en pleine jungle tropicale. Comme le veut la tradition on a droit à quelques réjouissances gore notamment un empalement et une décapitation. Elles sont malheureusement toutes fort discrètes et les amateurs de cannibalisme risquent quant à eux d'être fort déçus. L'anthropophagie n'est en effet présente que dans le titre français éminemment trompeur qui s'est seulement inspiré de l'ouverture lorsqu'une tribu d'indigènes pourchasse un groupe de soldats japonais qui finiront par les capturer. L'imagination du spectateur fera le reste. Ni plus ni moins. Souffrant d'une mise en scène d'une extraordinaire mollesse, Safari cannibal discrètement sorti sur les écrans français devient très vite ennuyant et se transforme en redoutable somnifère. Même la présence très sage cette fois de Laura Gemser ne parviendra pas à pimenter cette bande ronflante, anémique, qui fait de cette incursion d'Indiana Jones dans l'univers cannibale un cuisant échec!
Ce tour du monde du film cannibale ne serait pas complet si on omettait de citer le film de l'indonésien Sisworo Gautama Putra l'ile de l'enfer cannibale qu'il réalisa en 1978. Egalement connu sous le titre Primitifs il s'agit tout simplement d'un plat démarquage du Dernier monde cannibale dont il reprend des plans complets.
Nous suivons ici les aventures de quatre jeunes ethnologues partis en pleine jungle amazonienne afin de visiter les tribus d'indigènes qu'elle abrite. Dés l'ouverture, le spectateur reste dubitatif alors qu'il plonge dans l'univers du cinéma Bis indonésien.
En guise de cannibales féroces, Putra nous propose une tribu d'indiens en perruque aux appâts de fêtes multicolores entrain d'effectuer quelques danses rituelles, les bras levés au ciel sur une musique planante qui rappelle Jean Michel Jarre et Mike Oldfield, sous les yeux étonnés de l'héroïne bien peu rassurée! On peut la comprendre.
Mais le pire reste à venir quand le radeau de nos piètres ethnologues fait naufrage en pleine jungle. Le héros aura eu entre temps l'occasion de changer quatre fois de T.Shirt allant du jeune fluo à l'orange fluo en passant au bleu électrique alors qu'il n'a même pas de sac de voyage mais nos aventuriers sont désormais seuls dans cet enfer vert. Putra ne ménage aucun suspens, ses cannibales sont partout mais seuls nos ethnologues semblent ne jamais les voir. Et quand enfin l'héroïne hurle alors qu'elle se déshabille sous l'oeil lubrique d'un cannibale qui sourit de toute sa bouche édentée, ce n'est que pour signaler un minuscule scorpion! On semble rêver!
Exempt de tout véritable effet gore, Putra s'acharne par contre à provoquer le dégoût à tout prix en filmant en gros plans des plaies purulentes infestées de vers qu'on lèche afin de s'en débarrasser, des blessures putrescentes et de dégoutantes séquences de vomi. Tout cela reste pourtant aussi inoffensif que ces cannibales de pacotille, soit quelques acteurs autochtones perruqués savamment édentés et une poignée d'actrices aussi impeccablement sales que maquillées dont le jeu consiste à hurler de façon simiesque tout en sautillant sur place. Le plus hilarant reste le chef de la tribu incarné par un comédien rachitique affublé d'un dentier ignoble qui le fait ressembler à un clown.
Epoque et film de genre obligent, on massacre allégrement quelques animaux dont un crocodile et un orang-outang!
Nos héros sont ensuite amenés dans une caverne. Putra reprend quasiment plan par plan, le talent en moins, les sévices endurés par le pauvre Massimo Foschi dans Le dernier monde cannibale. Quant à l'héroïne, pudeur et cinéma asiatique obligent, elle ne sera que très peu dévêtue et gardera même son éternel ruban d'oeuf de Pâques dans les cheveux lors de son supplice.
Plus étrangement, Putra devance d'une année Cannibal holocaust lors de la scène de l'accouchement dans la boue, peu spectaculaire et surtout fort drôle tant elle est ratée.
La conclusion est là encore un copier-coller du Dernier monde cannibale. On y retrouve donc l'arrivée inattendue de l'ami perdu qui délivre les captifs, la fuite le long du fleuve agrémentée de dialogues digne d'un roman rose avant l'hilarante poursuite finale. Le jeune héros en slip tente d'imiter une fois de plus Massimo Foschi. Tel Bruce Lee, il combat les indigènes avant d'affronter leur chef à qui il tranchera le front lors d'un ralenti inoubliable à l'aide d'un silex boomerang.
Les acteurs sont pour la plupart catastrophiques en priorité Enny Haryono qui n'en finit pas de surjouer. A ses cotés, on retrouvera celui qui était en passe de devenir une des stars du cinéma d'action indonésien, Barry Prima que ses admirateurs prendront plaisir à revoir ici à ses tout débuts.
Honteux plagiat sans aucune once d'originalité du film de Deodato, L'île de l'enfer cannibale , véritable série Z indonésienne qui surfe sur le succès des films de cannibales transalpins, terni par une photographie hideuse et des couleurs fort sombres finit par être une comédie de jungle qui à force d'être drôle ne l'est plus vraiment mais elle devient par contre assez vite lassante.
Le Bunuelesque Os canibais / Les cannibales en 1988 du portugais Manoel De Oliveira trouve son originalité dans le mélange de l'opéra et du surréalisme dans cette envoutante oeuvre lyrique mettant en scène nombre de thèmes philosophiques tournant autour du mariage, de la jalousie, de l'amour, la haine, la vengeance, le suicide pour se terminer sur le cannibalisme.
Traces de cannibalisme:
S'il ne s'agit pas de films italiens dit de cannibale à proprement parler, on y trouve cependant quelques fragments disséminés ça et là Ils méritent donc leur place dans ce dossier.
En 1971 Francesco Barilli signe Il profumo della signora in nero, un étrange mélange de giallo, de polar fantastique et de film de secte satanique qui se terminera par une impressionnante séquence de cannibalisme. Certains y voient une forme de film précurseur aux futurs oeuvres cannibales transalpines.
On citera le déroutant et inédit Adam et Eve contre les cannibales / Adamo ed Eva: la prima storia d'amore que réalisèrent Enzo Doria et Luigi Russo en 1982. Le plus fameux couple de toute la création incarné ici par le fabuleux Mark Gregory et la bimbo blonde Andrea Goldman doit se battre contre des tribus d'hommes primitifs cannibales après que Dieu les ait chassé de l'Eden pour avoir croqué la pomme. Si le cannibalisme est plus siggéré que réellement montré on remarquera ici que ces cannibales simiesques ont une attirance assez forte pour le sculptural Mark puisqu'ils lui caressent et palpent gentiment les parties intimes sous son petit pagne en peau de bête!
Mentionnons aussi la séquence de cannibalisme au début de Ator 2 de Joe D'Amato.
On n'oubliera pas I padroni del mondo / Les maitres du monde de Alberto Cavallone un film réalisé en 1982 resté en inédit en Italie qui nous renvoie cette fois à l'aube des temps. Un jeune homme préhistorique est laissé pour mort par une tribu ennemie. Recueilli et sauvé par une tribu d'hommes de Neerdenthal, il apprendra leurs us et coutumes barbares dont le cannibalisme. Dans cette mouture à l'italienne de La guerre du feu Cavallone multiplie les scènes gore et nous offre une jolie série d'éclatements de crânes et de cervelles dévorées.
On notera la présence d'actes cannibales dans l'éros-svastika Bourreaux SS / Les orgies du 3eme reich de Cesare Canevari où une juive est flambée au cognac avant d'être mangée lors d'un banquet orgiaque.
Les tentatives de dernière heure ou la fin d'un genre:
En 1985, Prisonnières de la vallée des dinosaures / Nudo e selvaggio de Massimo Michele Tarantini souvent présenté comme Cannibal ferox 2 avec l'ineffable Michael Sopkiw, exempt de dinosaures mais truffé d'indigènes peu aimables, est une petite série là encore d'aventures érotico-exotiques plutôt drôle et assez maigre niveau gore. Le cannibalisme se limite à de rapides plans dont un coeur arraché à pleines mains. Mais les amateurs de la brune Martine Carvalho, eux, se régaleront de sa plastique.
Mario Gariazzo fera à son tour en 1982 une tentative avec L'esclave blonde / Schiave bianche soi-disant tiré d'un fait divers réel, cela à des fins purement publicitaires. Interprété par Elvire Audray, la fade héroïne de La guerre du fer et Crimes au cimetière étrusque, le film de Gariazzo, sans jamais être vraiment mauvais demeure cependant beaucoup trop soft et décevra donc les amateurs de gore et de plans ultra sanglants. On se contente ici d'une défloration au pieu et quelques scènes sanglantes dans cette histoire de jeune fille enlevée par une tribu cannibale dont le fils du chef, un bel indigène au pagne rouge, tombera amoureux. On est plus face à une love story exotique qu'à un véritable film de cannibales qui ne présente donc qu'un intérêt très limité.
Contrairement à ce que son titre pourrait laisser supposer, L'enfer vert de Antonio Climati n'a rien avoir avec celui décrit dans Cannibal Holocaust dont il est un des lointains cousins. Tourné plus de dix ans après la déferlante de films de cannibales, Natura contro n'en garde seulement que le titre et quelques éléments épars.
Le film de Antonio Climati, réalisateur surtout connu pour ses redoutables mondos africains dans les années 70 aux cotés de son complice Antonio Morra (Africa addio, Addio Zio Tom, Derniers cris de la savane ou Mondo violence), est en effet une petite série d'aventures exotiques, un voyage anthropologique bon enfant dans lequel l'amateur d'atrocités graphiques sera lourdement déçu tout comme le novice qui se laisserait tenter par le plus que mensonger et risible titre publicitaire Cannibal Holocaust 2. Natura contro n'est en effet en rien une séquelle au célèbre film de Deodato.
Malgré la présence de quelques indigènes, quelques indiens maquillés et grimés, L'enfer vert reste plutôt discret quant aux séquences sanguinolentes, d'horreur et surtout de cannibalisme dont il est strictement dépourvu. En fait, le film est un joli périple non dénué d'humour au coeur de la forêt amazonienne durant lequel on suit quelque peu distrait l'expédition organisée par un groupe d'étudiants qui vont aller de péripéties en péripéties. L'humour est malheureusement un peu trop présent même lors des séquences supposées être les plus virulentes brisant encore un peu plus l'atmosphère moite et étouffante que Climati tente de créer plus ou moins en vain. Volontaire ou non, on devine un certain parti-pris du cinéaste pour le non sérieux. La scène où les redoutables mercenaires au faciès patibulaire dont un arborant une dentition particulièrement cariée demande aux étudiants de baisser leur pantalon, c'est pour que ceux ci, après un compte à rebours soigneux, fonce tous ensemble sur les malfrats, le pantalon aux chevilles, pour mieux les désarmer à grands renforts de répliques lénifiantes de stupidité. On aura du mal à ne pas pouffer de rire mais cette séquence résume malheureusement à elle seule L'enfert vert. Le film entier est à cette image, une pantalonnade tropicale (dépantalonnade?), une gentille série B de jungle dans laquelle on s'accorde l'espace de quelques rares instants quelques doux frissons.
On devine que les acteurs dont le jeu est souvent assez quelconque ont dû beaucoup s'amuser durant le tournage. C'est au moins ça! Parmi eux on reconnaitra les frères Fabrizio et Antonio Merlo, le vétéran Sal Borgese et le maitre d'arme du cinéma Bis italien, Sasha D'Arc.
Premier film de fiction que réalisa Climati après avoir dédié sa carrière au mondo, L'enfer vert n'est jamais que le reflet d'un cinéma de genre transalpin moribond. Certes, Climati sait filmer la jungle, il a des années de métier derrière lui, comme il sait filmer les animaux avec lesquels il s'amuse en les maltraitant de façon assez sage cette fois, époque oblige. Araignées, serpents, fourmis, singes, crocodiles sont ainsi au rendez-vous afin de donner un peu de fil à retordre à nos aventuriers en herbe. On saupoudre le tout d'un zeste de nudité tout aussi sage et de quelques trop douces tortures (on aime surtout déculotter les victimes
pour qu'un serpent leur morde le sexe). On y ajoutera un zeste d'euro-trash, ici une sangsue qu'on retire de l'anus d'un indigène et le tour est joué. Exempt de violence graphique, d'atrocités en tout genre et autre débordement sanglant le film de Climati se résume simplement à une course-poursuite houleuse à travers une forêt amazonienne moite et dense peuplée d'indigènes trop peu sauvages, au demeurant très belle, entre une bande de jeunes aventuriers et une poignée de mercenaires sales et mal rasés qui suent sang et eau.
Tout est bien qui finit bien et le film se terminera par un superbe lâché de ballons des plus allègres dans un magnifique ciel bleu au retour de nos jeunes protagonistes. Cette image traduit bien ce qu'est cet Enfer vert: un bel amusement exotique.
Si beaucoup seront déçus à sa vision, trop habitués aux excès d'un cinéma qui n'est plus, L'enfer vert qui se range facilement auprès de L'esclave blonde de Mario Gariazzo auquel il ressemble par bien des points doit être simplement vu comme un petit film de vacances fort mouvementées, une sorte de soirée diapos entre amis tendance écolo sans aucune autre prétention que de distraire. A ce niveau, le réalisateur a gagné son pari même si on attendait autre chose de sa part.
Les essais franco-italiens des productions Eurociné:
La firme Eurociné ne se priva pas de réaliser quelques oeuvrettes d'une rare indigence devenues aujourd'hui cultes pour leur ridicule. Tout d'abord Mondo cannibale de Jess Franco en 1980 où lors d'une expédition une fillette est enlevée par une tribu primitive. Bien des années plus tard, une équipe s'enfonce à son tour dans l'épaisse jungle et y retrouve la petite fille devenue une splendide jeune femme que les indigènes déifient. Tourné dans une palmeraie italienne avec en guise de cannibales féroces une horde de figurants peints en noir au brushing parfait et portant baskets, Mondo cannibale atteint les limites de l'hilarité sans toutefois arriver à être vraiment déplaisant. Si l'interprétation de Al Cliver et de la blonde Sabrina Siani, future icône de l'Heroic-fantasy all'italiana, est purement catastrophique, si les dialogues sont à mourir de rire, Franco arrive de temps à autres à instaurer une espèce de petit climat glauque ne serait ce que dans les interminables plans de cannibalisme tournés au ralenti où nos faux indigènes croquent en plans serrés tripailles et boyaux à pleines dents.
Terreur cannibale de Allan W. Steele autrement dit le pornographe français Alain Deruelle est encore bien plus en dessous de Mondo cannibale dont il reprend des plans complets à moins que ce ne soit le contraire. Voilà l'histoire d'un groupe de gangsters qui s'enfuit dans la jungle autrement dit un champ de maïs et un bois quelque part en Espagne mais également en France puisque certaines scènes tournées au bois de Vincennes et dans la forêt de Fontainebleau furent par la suite rajoutées en compagnie de quelques héroïnes en robe de dimanche et talons aiguille. Ils se feront pourchassés par des cannibales encore plus coquets que ceux de Franco. Difficile de faire plus absurde et l'amateur pleurera de rire ou de.. désespoir car ne rien ne parvient à sauver cette inénarrable série Z des tréfonds du ridicule.
LE MONDO OU LE CANNIBALISME A L'ETAT PUR:
On ne pouvait traiter du cannibalisme sur grand écran sans évoquer une branche fort particulière du cinéma italien que nous avons déjà traité dans un dossier, le mondo et le shockumentary.
C'est en effet une fois de plus l'Italie qui s'est spécialisée le plus dans le genre dès les années 60 avec le fameux Mondo cane de Giacopetti, un genre ayant pour but premier de faire voir à un public friand de sordide un maximum d'atrocités le plus souvent réelles prises dans des archives ou filmées par les réalisateurs.
Ce sont ici surtout les mondos éthnologiques qui nous interessent, sous-branche du genre se présentant comme des documentaires chocs sur les rites et coutumes de peuplades souvent africaines et asiatiques, suites d'images plus ou moins violentes et nauséeuses censées être prise sur le vif.
Le cannibalisme n'est donc pas oublié même s'il n'est que parfois évoqué ou suggéré plus rarement montré si on excepte le trés brutal Addio ultimo uomo joliment retitré Cannibale brutalo tourné en 1978 par les spécialistes du genre les frères Castiglioni, certainement le plus choquant des mondos de ce style. Le film contient une séquence certes fake qui tire vers le snuff movie, celle où un jeune indigène est mis à mort, castré et cuit. Le reste du film tourne essentiellement sur la mort, les rites mortuaires et la putréfaction des corps.
Les frères Castiglioni avaient déjà auparavant tourné quatre mondos sur l'Afrique dont l'impressionnant Mondo magic / Magia nuda en 1975. On citera pour mémoire également Africa segreta, Africa ama ou encore Africa dolce e selvaggia / Shocking Africa.
Autres spécialistes du genre, le tandem Antonio Climati et Mario Morra à qui on doit entre autre Savanna Violenta / Mondo flash et Ultime grida della savana / Derniers cris de la savane, ce dernier comportant une séquence fake très réaliste de scalp et de castration d'un jeune indigène qui devra avant de mourir manger son propre pénis.
Le cannibalisme est également au coeur d'un mondo italien coproduit par le japon et réalisé par Akira Ide, Nuova Guinea l'isola dei cannibali. Réalisé en 1974, cet excellent mondo nous entraine au coeur de la Papouasie et de ses tribus indigènes qui pratiquent encore de nos jours le cannibalisme, des rites interdits par la loi mais qui pourtant perdurent. Le film de Ide est riche en scènes particulièrement malsaines notamment quant aux diverses cérémonies funéraires et autres traditions ancestrales où l'anthropophagie est de rigueur. Bon nombre de séquences du film furent insérées dans le Virus cannibale de Mattei afin de lui donner un air exotique réaliste!
LE CANNIBALISME AUJOURD'HUI:
Même s'il est aujourd'hui passé de mode, le cannibalisme reste un des grands mythes du cinéma et le thème revient de temps à autre au détour de quelques oeuvres comme l'intéressant mais méconnu Parents de Bob Balaban où un enfant est persuadé que ses parents sont cannibales. Oscillant sans cesse entre rêve et terrible réalité, remettant costamment en question l'imagination de cet enfant, Parents joue trés bien de cette ambiguité jusqu'à la découverte de l'atroce vérité.
En 1999, Ravenous / Vorace de la réalisatrice Antonia Bird nous plonge cette fois dans l'univers de la guerre de secession où un capitaine de l'armée se retrouve dans un fort quelque part dans un avant poste perdu au milieu de nulle part. Il y fait la connaissance d'un homme épuisé par sa longue marche qui va lui conter une bien étrange histoire où ses compagnons, bloqués par la neige, ont du pour survive se résoudre à manger les cadavres. Film assez étrange mais fort intéressant puisque Vorace propose une reflection presque sociale sur le thème. Film intellectuel ou philosophique, Antonia Bird nous montre ici des hommes fascinés par l'anthropophagie et vont plus tenter de convaincre des adeptes qu'à consommer de la chair humaine. C'est cette persuasion qui est résolumment fascinante et impressionante dans ce film qui malheureusement ne rencontra pas le succès mérité. On notera le final paroxysmique où les deux héros s'entre-tuent jusqu'à ne plus former qu'un seul corps jusqu'à l'épuisement total afin de savoir qui survivra et dévorera l'autre.
On ne peut passer sous silence le fameux personnage qu'est Hannibal Lecter, le célèbre serial killer aux pulsions cannibales interprété par Anthony Hopkins dans le trés bon Silence of the lambs / Le silence des agneaux et ses suites plus ou moins réussies Hannibal et Le dragon rouge, qui n'atteignent de toutes façons pas la force du premier opus. Si l'interprétation sans faille de Jodie Foster apporte beaucoupo au premier volet, il est regrettable que Hopkins cabotine de plus en plus au fil des séquelles dont la troisième est sans doute la plus gore.
On peut également citer en 2001 le français Trouble every day de Claire Denis avec Beatrice Dalle et Vincent Gallo, bel échec à sa sortie mais pourtant non dénué d'intérêt. La réalisatrice dans cet essai poétique tente de mettre en image l'amour passion, cette passion dévorante où une femme plus animale qu'humaine jouée par Beatrice Dalle serait prête à dévorer- ici dans le sens le plus strict du terme- son amant par amour.
Autre tentative française est celle de l'adaptation du Petit Poucet pour le grand écran, adaptation de Olivier Dahan, véritable bouillie indigeste aux harassantes images de synthèse mélée aux décors carton-pâte où se meut avec difficulté une Catherine Deneuve boursoufflée, engoncée dans une robe jaune ocre hideuse. Seul interet du film est la representation de l'Ogre, véritable monstre de cauchemar au visage caché derrière un grillage de fer. Mieux vaut donc revoir la trés sage adaptation de Michel Boisrond en 1972 avec Marie Laforêt et Jean-Pierre Marielle en ogre.
Récemment et directement sorti pour la production vidéo, Urban cannibal / The ghouls de Chad Ferrin, film quasi amateur mais suffisament sanglant pour l'amateur, reprend le thème du cannibale urbain se terrant cette fois dans le métro où un caméraman avide de scoops y découvre avec horreur un groupe d'hommes et de femmes anthropophages.
L'Autriche nous livre en 2001 une agréable série B de science-fiction réalisée par Hans-Christoph Blumenberg Planet för kannibaler où des aliens cannibales sont recrutés par une chaine de télévision terrienne afin qu'ils soient les vedettes d'un nouveau jeu télévisé.
On citera également en 2004 le film canadien La peau blanche / The White skin de Daniel Roby, film proposé au festival de Gerardmer qui offre une vision intéressante du vampirisme et du cannibalisme, une jeune femme se nourissant de sperme et mangeant de la chair humaine.
On n'oubliera pas de mentionner le délirant Alfred Packer: the musical / Cannibal! the musical édité par la Troma et mis en scène en 1996 par Trey Parker, grosse farce musicale mélant western, drame, comédie musicale et cannibalisme contant les aventures d'un survivant d'une expédition minière au 19ème siècle dont la soif de l'or fut vite remplacée par celle de la chair humaine.
Pour finir nous ne pouvons oublier ici de parler de la tentative de retour de Bruno Mattei en 2003 à un certain cinéma bis transalpin qui jadis fit les beaux jours de ce genre. Mais force est de constater que la magie et l'enthousiasme ne sont plus réellement là.
Cannibal world / Mondo cannibal (une ambitieuse journaliste à la recherche du scoop ultime s'enfonce avec son équipe dans la jungle amazonienne pour filmer des tribus primitives et leurs rites cannibales) et Nella terra dei cannibali (un groupe de soldats s'enfonce dans la jungle pour délivrer la fille d'un général captive d'une tribu cannibale) ne font qu'imiter Cannibal holocaust dans ses moindres détails et décors tout en multipliant les références et clins d'oeil et en y ajoutant des ingrédients propre à un cinéma plus actuel comme une grosse dose de Predator pour Nella terra dei cannibali dont il n'est en fait qu'un remake à la sauce anthropophage. Ces deux tentatives tournées en DTV avec qusiment aucun budget doivent surtout être vues comme un hommage au genre. Aussi médiocres soient ils ces deux films restent divertissants, bon enfant, deux séries Z souvent hilarantes mais sans prétention aucune sauf celle de vouloir jouer la carte de la nostalgie.
Par respect pour le genre on évitera de parler de The green inferno réalisé en 2013 par l'imbuvable et diarrhéique Ely Roth, le complice du tout aussi rebutant Quentin Tarantino, qui osa cette pathétique bande qui se veut un hommage vibrant au cinéma cannibale italien des années 80. Désolant d'un bout à l'autre du métrage, révoltant tant dans son fond que sa forme pour tout vrai amoureux de cinéma de genre, ce foutage de gueule éhonté déguisé en véritable film est un océan de bêtise inconmensurable noyé dans une surenchère d'effets gore et de boyaux qui fait autant d'effet que la vitrine d'une quelconque boucherie. Nauséeux, puant, à force de se prendre au sérieux, à l'image même de son auteur, The green inferno est un blasphème, une offense à tout véritable fan de cinéma de genre. Ce sont de tels réalisateurs qui osent prétendre vouer un amour réel au cinéma d'exploitation d'hier qu'on devrait dévorer cru sur l'autel des sacrifices. Quelle tristesse de devoir clore ce dossier sur un tel affront!
Le cinéma italien si preuve fallait-il encore est bel et bien mort, dévoré lui par le temps qui passe et les modes assassines.