Le mondo et le shockumentary
S'il est un genre fortement décrié c'est bel et bien le Mondo movies. Né à la fin des années 50 s'il en répugne plus d'un, il en fascine pourtant beaucoup d'autres. Force est d'avouer que le Mondo à ses aficionados qui le plus souvent se cachent comme atteint d'une maladie honteuse puisqu'ils se sentent coupables d'aimer ce sur quoi tant de monde crachent. Si la raison d'être du Monde est de choquer et déranger le plus possible, de tenter à chaque fois de dépasser les limites de l'inimaginable, c'est avant tout de montrer au spectateur des évenements pris aux quatre coins du globe tout aussi violents soient ils de la façon la plus spontanée possible, l'Afrique et l'Asie ayant toujours été les continents les plus visés. Ces promenades au bout de l'innommable parfois au coeur de la violence la plus crue tentent le plus souvent de nous faire découvrir les rites et coutûmes de peuples et peuplades primitives en les comparant généralement à notre société dite civilisée. La caméra insiste, se fait voyeurisme jusqu'à devenir obscène et dérangeante lorsqu'elle filme sans détour aucun la mort, quelqu'elle soit, punitive, criminelle ou naturelle. Le Monde devient alors le cinéma de l'extrême que plus rien n'arrête, franchissant toute régle de morale et de décence. Le genre qui souvent prend des couverts éthnologiques se targue alors d'être un cinéma destiné à faire découvrir au spectateur des cultures différentes afin d'élargir sa propre culture même si on doit tuer pour cette soi-disante culture. Souvent considéré comme raciste, le Monde présenté sous forme de document-vérité se veut une vision brute de l'Homme, de notre société et des sociétés autres que la notre, une image où l'Homme est mis en parallèle avec le règne animal tout aussi impitoyable. Il met en exergue toutes les bizarreries de notre monde, sa barbarie, le tout enveloppé d'exotisme et surtout d'érotisme cru, de sexualité, celle ci étant un élément récurrent présenté sous toutes ses perversions. Du Monde dérive le Snuff movies et le Shockumentary. L'un se présente sous de prétendus films plus ou moins clandestins et contestés où pour plus de réalisme les réalisateurs seraient supposés tuer pour de vrai, l'autre sous forme de documentaires-choc qui traite de moultes thèmes dont la mort est le point commun. Quelques soient ses sous-genres, le Monde se veut le reflet du monde dans lequel nous vivons et de l'Homme dans toute sa violence et cruauté animale, l'image de la mort que nous devons tous un jour affronter. Si sous ses couverts moralisateurs se cache avant tout l'hypocrisie, le Monde est là pour avant tout satisfaire et flatter les instincts voyeurs et pervers les plus malsains qui sommeillent en nous. Ce nouveau dossier propose donc une analyse du genre en offrant une étude de ce cinéma contre-nature, de ses origines à nos jours avec un intérêt tout particulier pour le mondo italien dont Jacopetti, les frères Castiglioni, Antonio Climati et Paolo Morra furent les brillants représentants. Il s'attachera ensuite non seulement aux autres mondes produits entre autre en Amérique, France, Allemagne et Suède mais également à sa forme moderne, les shockumentary ou shock-doc, ses éxécutions capitales et ses morts en directs pour finir sur le Snuff movies, ses légendes, ses réalités, ses fake. Seront ainsi passées en revue les principales oeuvres du genre, appuyées par les critiques de la plupart d'entre elles avant de terminer sur une tentative d'analyse du genre. Bon voyage au coeur de l'atrocité, un voyage au royaume de la Mort.
QU'EST CE QUE LE MONDO:
Avant toute chose il serait bon de définir le mondo qui reste souvent un genre assez flou dans l'esprit du novice. Le mondo movie n'est jamais qu'un film le plus souvent présenté sous forme de documentaire. Il a pour but de montrer tout un éventail d'incidents plus hallucinants les uns que les autres dans un contexte très souvent exotique se produisant où s'étant produit aux quatre coins du globe. Mis bout à bout suivant un fil conducteur plus ou moins solide qui n'est jamais qu'un prétexte bien hypocrite ces évènements sont toujours accompagnés de commentaires racontés par une voix-off, un narrateur au ton le plus souvent condescendant.
Sorte de longs travelogues, la raison d'être du mondo est avant tout de choquer l'audience en tentant sans cesse de reculer les limites de l'audace en dévoilant au spectateur les différents comportements culturels de notre monde tant sur le plan exotique qu'érotique en pimentant l'ensemble d'une bonne dose de dégoût. C'est donc le plus souvent l'Asie et l'Afrique qui sont choisies comme centre de toutes les curiosités notamment dans le mondo italien.
Le mondo movie a aussi pour but de montrer la mort sous toutes ses facettes qu'elle soit naturelle, accidentelle ou voulue. Il devient le miroir de ce à quoi nous devrons tous un jour être confrontés et que notre société dite civilisée a tenté d'oublier en la transformant en une sorte de tabou. Mais le mondo qui aboutira à la fin des années 80 au shockumentary ou shock-documentary est par delà son coté documentaire du pur cinéma d'exploitation qu'on pourra juger de bien mauvais goût, un cinéma où les faits deviennent secondaires, une simple excuse pour satisfaire les bas instincts d'un public friand de mauvais goût.
On trouve trace du premier mondo dés la fin des années 50 avec entre autres European nights et World by night, respectivement tournés en 1959 et 1960, supposés dévoiler le monde de la nuit dans les clubs d'Europe. Au même titre que les documentaires sur l'Afrique qui furent tournés dans les années 50.
Mais on peut remonter bien plus loin pour trouver les origines de ce genre. Dés les années 20 on vit des documentaires et petits métrages voir le jour, bien souvent de courts films de jungle qui tentaient de faire découvrir ces lointains pays qu'étaient entre autres le noir continent. Mais il existait également nombre de petits reportages qui traitaient de sujets tabous ou plus ou moins tendancieux comme bien sur la sexualité mais aussi la sorcellerie, la magie... Ces films parfois muets venaient de France, des USA, d'Espagne ou d'Italie voire d'Allemagne.
A titre d'exemple on pourra citer entre autres dans les années 20 Haxan de Benjamin Christensen, Moana des mers du Sud de Robert Flaherty, dans les années 30 Sex madness de Dwayne Esper, L'Afrique fantôme de Marcel Griaule et Jean Rouch qui fut interdit de sortie, dans les années 40 Bowanga Bowanga de Curt Siomak, Louisiana story de Robert Flaherty, Magia verde de Gianfranco Napolitano, et dans les années 50 Karamoja / Hell of blood island, Cannibal island de Albert Saxon, Naked Africa / L'Afrique nue de Harry Horner, Eva nera de Giuliano Tomei, Les femmes du bout du monde / Univers étranges de Romolo Marcellini.
Certains films également se rapprochaient du genre et ont inspiré nombre de futurs réalisateurs et producteurs. Il s'agit notamment du fameux Freaks / La monstrueuse parade de Ted Browning en 1938 ou beaucoup plus tard du Sang des bêtes de Georges Franju. Bunuel avec Un chien andalou a à sa manière également inspiré les producteurs.
Mais c'est en 1962 que le genre émergea réellement en tant que tel, donnant naissance à une véritable industrie commerciale avec le film de Gualtiero Jacopetti Mondo cane qui allait devenir la référence du genre. L'ère du Mondo était née et c'est toute une série d'oeuvres qui s'apprêtait à voir le jour tant à travers l'Italie et le reste de l'Europe qu'en Amérique. Toujours à la pointe de l'exploitation, l'Italie était en passe de devenir au fil des années un des pays les plus productifs avec ses réalisateurs fétiches que seront outre Gualtiero Jacopetti, les frères Angelo et Alfredo Castiglioni, Franco Prosperi ou encore Antonio Climati qui se préparaient à jeter en pâture à un public avide de sensations fortes certains des plus beaux joyaux du genre, aujourd'hui oeuvres cultes pour les amateurs.
C'est donc à cette production qu'on va s'intéresser en premier en parcourant la carrière de ces réalisateurs de l'audace et de la répugnance en commençant par le père du genre, Gualtiero Jacopetti suivi donc par ses disciples, Franco Prosperi, les frères Castiglioni, Antonio Climati et Mario Morra.
LES PERES DU GENRE: G. JACOPETTI ET F. PROSPERI:
C'est en 1962 que Gualtiero Jacopetti va réaliser, secondé par Paolo Cavara et Franco Prosperi, Mondo cane, narré pour sa version française par Georges Decaunes. Le film va très vite devenir une oeuvre culte parmi les défenseurs du genre. Plus étonnant encore, ce film contre toute attente va pulvériser les recettes du box office à sa sortie et le thème principal du film intitulé More va atteindre le Top 10 des charts d'alors et sera même oscarisé Meilleure chanson de l'année 63.
"Toutes les scènes que vous allez voir sont réelles et prises sur le vif. Si elles vous semblent cruelles c'est que la cruauté envahit notre planète Le devoir du reporter n'est pas de l'adoucir mais de vous la montrer tel quel." C'est ainsi que s'ouvrait Mondo cane, avertissant le spectateur de ce qui l'attendait. Ce sera un procédé qui deviendra rituel par la suite au même titre que les mélopées sirupeuses accompagnant les images, sévère contraste entre le choc des images et la douceur mielleuse de l'accompagnement musical.
Si aujourd'hui Mondo cane peut paraitre plutôt sage même ennuyant pour l'amateur endurci, en le remettant dans le contexte de sa sortie on peut facilement imaginer le choc qu'il fut. "It's a dog life" disait fort justement l'accroche du film. En matière de maltraitance animale Mondo cane s'y connait en effet puisqu'une bonne partie du métrage lui est consacrée. Le combat de chiens ouvrant le film deviendra par la suite le symbole et la marque de reconnaissance de la série des Mondo cane. Sur quasiment deux heures de métrage ce premier mondo de Jacopetti nous emmenait comme cela sera par la suite la tradition dans la totalité des films du genre faire un tour du monde de l'horreur afin de nous faire découvrir rites et traditions parmi les plus cruelles de peuplades africaines et asiatiques mises en parallèle avec nos us et coutumes européennes, le monde dit primitif contre notre société dite civilisée, parfois tout aussi barbare. Aux tribus africaines tuant à coups de bâton des porcs sauvages aux requins dont on bourre la gueule d'oursins en passant par les boeufs bien vivants qu'on tranche en deux s'opposent par exemple les séances de tauromachie durant laquelle des taureaux enragés s'acharnent à coups de cornes sur de pauvres victimes ou innocents spectateur sous la foule presque en liesse devant de tels spectacles.
Si Mondo cane s'attache surtout à dépicter la violence du règne animal et la cruauté de l'homme vis à vis des animaux il évitait par contre soigneusement de parler de mort humaine si ce n'est pas voie détournée et plutôt pudique, les séquences de funérailles asiatiques. Le sujet sera abordé dés le second opus qui sortira l'année suivant, Mondo cane 2.
L'inattendu et gigantesque succès du premier volet devait logiquement engendrer une séquelle. Jacopetti toujours secondé par Franco Prosperi mais sans Paolo Cavara cette fois s'y attela très rapidement avec ce Mondo cane 2. On y retrouve la séquence canine qui ouvrait Mondo cane mais cette fois avec des chiens encagés ayant subi l'ablation de leurs cordes vocales mis en parallèle avec une opération chirurgicale semblable pratiquée sur un homme qui ne peut qu'émettre que de piteux râles. Comme dans le premier volet, on remarquera le travail effectué sur la bande son afin de rendre l'impact des images plus fort, renforçant l'idée d'horreur en trompant de nouveau une audience alléchée.
C'est tout naturellement que ce deuxième chapitre se devait de dépasser en horreur le premier. Jacopetti ne se fait pas prier pour franchir les limites que se fixait Monde cane mais aussi celles que l'époque imposait. On a ainsi droit cette fois au suicide rituel d'un moine bouddhiste par immolation au milieu d'une place publique. La caméra nous montre un moine arrosant d'essence un de ses frères assis en lotus alors que la foule se presse autour d'eux. Des policiers arrivent, impassibles, tandis que le moine enflamme le liquide, transformant le prêtre en une boule de feu. Le caméraman insiste fébrilement sur les derniers soubresauts de l'immolé pendant que foule prie.
Parti d'un fait divers réel, le suicide de Quaing Duc en 1963, on peut alors se demander s'il s'agit réellement de ce fait divers archivé ou d'une soigneuse reconstruction. En observant de prés les images malgré l'évident soin apporté à la tricherie, il y a bel et bien leurre. Si on regarde bien les habits du moine, ceux ci sont légèrement différents entre les images du suicide dudit Quaing et les images falsifiées au même titre que les angles de prises de vues du soi-disant caméraman sont d'un total illogisme. Le corps immolé est un mannequin articulé qu'un fil agite lors de ses soubresauts d'agonie. Il en va de même si on observe les photos de presse de ce tragique événement et les images du film. Nombre de détails même infimes s'y trouvent changés. On pourra tout autant mettre en doute l'exorcisme d'une pauvre femme qui
finit par s'enflammer après s'être approchée trop près des cierges.
Toute la base du mondo est ici, un mélange d'images réelles et d'images soigneusement reconstituées, si bien reconstituées que le public souvent n'y voit que du feu (ou ne veut y voir que du feu) s'il n'observe pas plan par plan ce qu'il voit avec en outre un minimum de logique. Le mondo ou l'art du leurre qui se fait répugnance.
Mondo cane 2 qui nous offre aussi quelques belles séquences de douloureuses processions religieuses, d'enfants noirs atteints de la lèpre, d'agonies animales et humaines se targua d'être le premier mondo à avoir filmé une mort en direct. Le film se vendit sur cette publicité mais tout cela n'était qu'un habile mensonge à but uniquement commercial.
Un Mondo cane 3 et un Mondo cane 4 seront mis en chantier respectivement en 1986 et 1988 non pas par Jacoppetti mais respectivement par l'américain Max Steel et Gabriele Crisanti. Nous y reviendrons plus bas dans ce dossier.
En 1963, le désormais célèbre duo met sur pied La donna nel mondo / Women of the world qui nous promet un tour du monde dont l'objectif est de mettre en avant la Femme, la condition féminine, la place de celle ci dans la société. Stars et starlettes, beautés du monde, guerrières et femmes d'affaires, cow-boys en jupons ou fliquettes... sont au menu de ce mondo qui bien entendu se propose de mettre en parallèle la femme européenne, la femme dite civilisée, et la femme indigène, primitive, qu'elle soit africaine, asiatique ou d'origine papoue notamment, toute la gente féminine vue à travers la lentille experte de la caméra du tandem pour ce mondo documentaire bien inoffensif, quelque peu ennuyeux et surtout obsolète même pour l'inconditionnel du sexe dit faible. La donna nel mondo se permet tout de même quelques plans douteux au même titre que certains commentaires narrés par Peter Ustinov notamment lors d'une hilarante séquence sur l'homosexualité masculine parfaitement ridiculisée, ces hommes, un groupe de follasses d'un autre temps et de travestis décrépis réunis dans un bar spécialisé, qui renient la femme mais poussent à l'extrême les gênes féminins qu'ils ont en eux lors d'une danse consternante.
En 1966, le duo de l'impossible revient au mondo ethnique et met en scène Africa addio avec cette fois ce carton d'ouverture: "Ce que la caméra voit, elle le filme sans pitié, sans sympathie aucune sans jamais prendre parti. A vous de juger." On trouve là pour une des premières fois la phrase qui par la suite deviendra récurrente au genre, le fameux "A vous de juger" se transformant de temps à autre en "Ne jugez pas".
Pour cette troisième collaboration, le duo de l'extrême va se vanter d'avoir filmé la mort en direct, sans trucage aucun pour la première fois, Africa addio également connu sous le titre anglais Africa blood and guts prenant comme point d'ancrage les changements qui eurent lieu en Afrique au début des années 60.
C'est ainsi qu'on nous offre de terribles images de la guerre civile au Congo, les dernières étapes du terrorisme Mau Mau, le renversement du gouvernement du Kenya, les génocides au Ruanda, les émeutes racistes de Dar Es Salaam, la révolte du Zanzibar et la révolte portugaise en Angola. A ces images toutes plus brutales les unes que les autres, parfois d'une violence inouïe, s'ajoutent des images de milliers d'animaux tués par jeu et celles de riches africains ayant pour esclaves des blancs, futile effort afin d'éviter toute forme de massacres, mutilations et tortures sur notre planète, le Blanc étant à l'origine de toutes ces horreurs.
Afin de renforcer l'aura de violence qui pèse sur ce film, Jacopetti déclara alors que l'équipe de tournage frôla plusieurs fois la mort afin de dénoncer ces horreurs après être rentrée clandestinement en Afrique et avoir été capturée par des révolutionnaires. Ce sont les risques du journaliste dont le crédo est d'être à la bonne place au bon moment et le duo apparemment le fut. Mais une fois de plus, le leurre était de mise et si Africa addio regorge de scènes-vérité, les réalisateurs eurent également recours à des scènes truquées et rejouées dont les condamnations de terroristes Mau Mau. Si le juge condamne à quatre ans d'emprisonnement certains d'entre eux ou deux ans pour d'autres, les dialogues ont été redoublés en studio et la voix du juge annonce des sentences bien plus attractives pour le public gourmand autrement dit les travaux forcés ou la prison à vie.
Autre base et non des moindres du mondo, les séquences supposées être prises sur le vif mais arrangées ou pré-arrangées par l'équipe afin d'offrir au spectateur un maximum d'horreur. On peut juger ce procédé ignoble d'autant plus qu'on tue à de basses fins commerciales en mettant en scène ces insoutenables et récurrents massacres d'animaux où la mort est dépictée de façon interminablement lente afin de satisfaire au mieux les instincts les plus bas d'un public avide de cruauté ou simplement dégouter un spectateur trop sensible. On prendra en exemple le massacre d'une famille hippopotame par une tribu d'indigènes. Après la mise à mort des parents tentant de protéger leur bébé, le petit est tiré par des cordes puis lentement, très lentement frappé, déchiré à coups de couteaux, le transformant à un piteux amas de chair molle. La caméra s'attarde sur son interminable agonie jusqu'à son ultime sursaut de vie. Les indigènes lui tranchent alors la langue puis la gorge sous une salve d'applaudissements. Si la scène fut bien souvent coupée dans les différentes versions du film il va sans dire que ce massacre fut ignominieusement organisé par l'équipe elle même. Il aurait été en effet miraculeux que la troupe soit présente à cet instant précis et qu'elle réussisse à si bien capturer l'essence même de la barbarie humaine.
Contrairement aux deux Mondo cane, il y a dans Africa addio nombre de sous-entendus voire d'allusions clairement racistes y compris dans les commentaires de la voix-off. On citera en exemple la scène où git aux pieds d'un homme noir le corps mutilé d'un humain, la voix-off déclamant malicieusement: Est il nécessaire de chercher qui a mangé le foie de cet homme? Le noir est décrit comme un être non civilisé, primitif et cannibale. Ce type d'allusions est aussi un des éléments récurrent au genre plus précisément dans les mondos africains et asiatiques. Les comparaisons faciles et pseudos sociales entre notre société dite civilisée donc européenne donc blanche et les continents africains ou asiatiques aux rites et traditions barbares par conséquent non civilisés, primitifs, vont pleuvoir et appuyer les théories des détracteurs de ces films comme quoi les mondo movies ne sont qu'une apologie dangereusement déguisée du racisme et de l'intolérance qui vient nourrir une audience avide de malsain tout en flattant ses plus vils instincts.
Si Africa addio comporte quelques scènes jouées ou arrangées, le film regorge de morts bien réelles et d'authentiques massacres. Homme battu à mort (la voix-off renforce l'impact de la séquence en annonçant hypocritement qu'il avait brûlé vif 27 enfants) exécutions publiques dos au mur, homme abattu froidement d'une balle dans la poitrine alors qu'il supplie à genou son bourreau, la caméra filme sans honte ni gêne la mise à mort alors que le tortionnaire l'achève d'une balle dans la tête. Jacopetti et Prosperi connurent de graves problèmes avec ces scènes, accusés d'avoir encouragé cet acte et la violence à des fins purement commerciales. L'Express avoua même que les réalisateurs avaient fait durer l'exécution afin de trouver la bonne lumière et attendu qu'Antonio Climati, futur réalisateur, ici caméraman, soit prêt. Le ministère de la justice fit tomber toutes les charges et les réalisateurs sortirent indemnes du procès. Le film sortit en Italie où il reçut l'équivalent d'un Oscar mais ne fut cependant pas un succès au Box office faute surtout et avant tout à ces problèmes qui ternirent grandement son aura. La menace notamment à Bologne et Berlin de faire exploser les cinémas qui joueraient le film effraya et découragea le public qui le bouda.
La version connue sous le titre Africa blood and guts est une copie amplement expurgée des scènes les plus tendancieuses.
Fort du succès de Mondo cane et du scandale provoqué par Africa addio, Jacopetti et Prosperi, mirent en chantier en 1970 Addio zio Tom connu chez nous sous le titre assez évocateur Les négriers. Après Mondo cane qui secoua le monde et surtout les débordements sanglants de Africa addio furent accusés d'avoir commis de réels meurtres afin de satisfaire le voyeurisme malsain du spectateur, ils répondirent aux accusations à travers ce nouvel opus.
Distribué chez nous en son temps dans une version hautement amputée en vidéo le tandem nous invite à un retour dans le temps, au 19ème siècle plus exactement, afin de nous faire faire un tour d'horizon de l'esclavagisme et de la traite des Noirs dans les champs de coton.
Avec comme année de départ 1970 le duo, projeté 100 ans en arrière, atterrit dans son hélicoptère présenté comme une véritable machine à remonter le temps non loin d'un de ces champs. Il se propose d'être le témoin de cette époque, la caméra prête à filmer l'achat et la vente des esclaves avant qu'ils ne soient emmenés dans les plantations où ils seront victimes des pires maltraitances que bien entendu l'objectif implacable des réalisateurs détaillera avec complaisance. Traité comme un animal, tenu en laisse, errant nu, avançant à quatre pattes, l'Homme noir, après avoir été sélectionné comme on sélectionne du bétail, est entassé dans les cales des bateaux qui l'emmènent dans sa nouvelle demeure où il sera nourri comme des bêtes, enchainé dans des étables avant d'être fait esclave. La grande nouveauté ici est d'avoir mélangé de véritables images informatives d'archives à de longues séquences tournées avec d'anonymes acteurs particulièrement réalistes. En ce sens Les négriers est plus un véritable film qu'un mondo à proprement parler même si l'objectif sournois et toujours aussi pervers des réalisateurs est de satisfaire la soif de voyeurisme du spectateur. On y retrouve également quelques personnages qui ont bel et bien existé tel que le révérend Falton Stringfellow qui ici prêche l'utilité de l'esclavagisme. Cette longue et terrible plongée à travers le temps, le film dure plus de deux heures dans sa version intégrale, est un des mondo qui rencontra le plus de succès dû en grande partie à son coté documentaire historique mais surtout à l'ambition dont il fait preuve. A vrai dire le film fut réalisé en majeure partie pour répondre aux attaques dont furent victimes Jacopetti et Prosperi. Ils proposèrent alors ce nouvel opus qui derrière son sensationnalisme se voulait avant tout un film profondément antiraciste.
Pourtant sous son humanisme le discours reste cependant identique, tout autant hypocrite. Les commentaires à double sens toujours aussi solennels et provocants des réalisateurs donnant leurs avis sur la question et les interviews d'hommes pour la plupart blancs pour qui l'homme noir est dépossédé d'âme génèrent des thèses souvent édifiantes sur l'infériorité du peuple africain. Finalement Addio zio Tom provoqua encore de plus bruit que Africa addio et la réputation des deux metteurs en scène en sortit certes encore plus écorchée mais surtout grandie auprès du public qui au menu trouvera entre autres réjouissances viols, castrations publiques, maltraitances, dégradations de l'être humain... un programme censé dénoncer les horreurs commises aux temps des colonies. Comme dans la plupart des autres mondo un certain second degré désamorce l'abomination des actes et décrédibilise quelque peu les propos des réalisateurs qui une fois de plus utilisent toutes les ficelles d'un genre désormais bien rodé: caméra nerveuse, tremblotante, effets stylistiques, gros plans obscènes, fascination ethnologique, musique décalée, enchaînements de scènes incroyablement barbares et de séquences plus édulcorées presque inoffensives qui tranchent avec la fureur de l'ensemble. Choquer c'est certes montrer mais c'est aussi ne pas montrer et laisser l'imagination du spectateur vagabonder.
Sur plus de deux heures, Jacopetti et Prosperi passent en revue presque un siècle d'histoire, de l'esclavagisme aux premières églises noires à la bourgeoisie sudiste, des hippies aux Black Panthers, avec toujours en toile de fond le corps humain, objet avant tout sexuel, et parfaitement déshumanisé.%%%
Si aujourd'hui la force du film a quelque peu diminué, il demeure tout de même un des piliers du mondo, subversif, cruel, voyeur, pervers, outrancier, crasse et nauséeux derrière le faste de ses décors et son casting haïtien totalement anonyme mais parfaitement crédible.
En 1975, ils récidivent avec cette fois ce qu'on appeler un mondo fiction, Mondo candido, fiction car cette fois le film est tourné avec de véritables acteurs dont Nadia Cassini et Jacques Herlin en prenant comme point de départ Le candide de Voltaire.
LES FILS SPIRITUELS: CLIMATI, MORRA, CASTIGLIONI:
ANGELO ET ALFREDO CASTIGLIONI: Deux autres vétérans du mondo et plus spécialement du mondo africain sont les frères Angelo et Alfredo Castiglioni qui en l'espace de quelques dix années nous offrirent certains des plus beaux films du genre.
Contrairement à leurs confrères, les Castiglioni sont de vrais spécialistes du continent africain. Ils sont les auteurs de plusieurs ouvrages universitaires ethnologiques et archéologiques et depuis la fin de l'ère du mondo, ils organisent des missions de recherches en Afrique loin de tout sensationnalisme.
Le premier mondo qu'ils tourneront sera Africa segreta en 1969. Africa segreta marquera l'avènement du mondo africain qui devant le succès remporté donnera moult films qui suivront ses traces. Tourné en bonne partie en 16mm, le but du film est de faire découvrir l'Afrique, ce continent à la fois mystérieux et sauvage, propice à tous les débordements. Le film est composé d'images, de petits reportages dont le tournage s'étala sur trois ans, l'équipe parcourant le continent en long et en travers afin d'offrir au public une vision globale de ce pays. Ils se focalisèrent surtout sur de toutes petites tribus nous faisant découvrir leurs rites, leurs coutumes, leurs traditions, cette fameuse vie secrète qui donna au film son titre. Ceci nous donne donc l'occasion de voir un indigène manger des larves qu'il retire d'un crâne humain, un hippopotame démembré, une amputation du doigt... le tout agrémenté des traditionnels commentaires du narrateur toujours aussi solennels qui évitent ici de nommer les tribus et les lieux visités et d'expliquer pourquoi nous sont montrées des cérémonies n'ayant apparemment guère de rapports avec l'Afrique mais présentées comme telles. Ceci tente à prouver une fois encore que sous ce sérieux apparent, le mondo africain n'est jamais qu'une fois de plus du pur cinéma d'exploitation à but commercial quitte à berner un spectateur lambda avide se sensations fortes. Si Africa segreta reste encore sage les frères Castiglioni aidés de Guido Guerasio auront suffisamment de pellicule pour mettre en chantier en 1972 leur deuxième titre Africa ama.
Contrairement à Africa segreta, Africa ama connu également sous le titre anglais Africa uncensored est certainement le plus crédible des mondos des Castiglioni et surtout celui qui s'approche le plus du documentaire ethnologique, évitant cette fois les séquences fabriquées. On en compte en effet une seule dans tout le métrage qui se focalise surtout sur les rites ancestraux sexuels et les coutumes tribales des peuples primitifs au coeur de l'Afrique Noire.
S'il est moins sensationnel que ses petits frères, Africa ama n'en regorge pas moins de séquences particulièrement brutales et répugnantes qui feront le régal des amateurs du genre.
Le film s'ouvre sur une cérémonie funéraire d'un patriarche de village, tout de blanc habillé, le narrateur nous rappelant que l'Homme Noir nait blanc au départ. On assiste à la préparation du corps et son inhumation avant de se plonger dans les coutumes étranges et magiques de ce peuple telle cette tête tranchée délicatement déposée sur un arbre.
La majeure partie du film s'intéresse alors aux pratiques et rites sexuels particulièrement barbares de ces tribus. On nous rappelle que l'Homme noir est un primitif et que la femme est une esclave de travail, une condition qu'elles acceptent sans problème puisqu'elles ne cessent de la chanter et danser.
Sur cette base de départ arrive la première étape de la sexualité enfantine et adolescente, autrement dit la scarification et les décors corporels. Les enfants se font casser les dents à coups de burin. La caméra insiste sur les bouches mutilées et les gencives en sang. On leur taille la peau au rasoir et les perce à l'aide d'un clou. Cela donne d'impressionnantes séquences telle ces négresses à plateaux dont les lèvres élastiques caressent leurs seins une fois le fameux plateau enlevé. Ces jeunes filles parviennent alors à sortir leur langue par les orifices percés entre le nez et la bouche.
Toujours plus douloureux, préface à ce que sera quelques années plus tard Africa dolce e selvaggia le film insiste ensuite sur les longues séquences de circoncision et d'excision, insupportables pour le néophyte même si elles ne sont pas filmées en rafales comme elles le seront dans Africa dolce e selvaggia. On montre ces enfants se faisant trancher à vif le prépuce avec un couteau comme on coupe une rondelle de saucisson, la caméra insistant sur les pénis d'où le sang coule à flot tandis que les enfants hurlent de peur et de douleur.
On s'intéresse ensuite aux pratiques de l'excision. La caméra filme sans détour des jeunes filles auxquelles on tranche le clitoris au rasoir en appuyant cette fois sur les gros plans de vagins. La caméra glisse le long des entrejambes, dévoile en toute impunité l'intimité de ses damoiselles. On apaise les douleurs en se plongeant l'arrière-train dans les petits ruisseaux dont l'eau cristalline prend en quelques secondes une couleur rouge vif.
Ce voyage médical au coeur des rites sexuels les plus cruels de ces peuples s'achèvera sur cet enfant dont la mère coud le vagin au fil après lui avoir coupé les grandes lèvres afin qu'elle garde sa virginité intacte.
Culte du pénis, culte de la fertilité, importance de la virginité sont le moteur de ce voyage au coeur des tribus primitives avant que les Castiglioni ne décident de s'intéresser aux coutumes animalières avec entre autres ces chiens dont on tord le cou avant de leur couper le nez pour en faire des potions magiques et cuire leur corps.
Arrive la fameuse scène fabriquée par les auteurs, celle de la morsure du serpent. Un jeune indigène chasse d'énormes mille-pattes particulièrement venimeux. C'est alors que l'un d'entre eux le pique au doigt. Malgré l'affolement de la caméra, on distingue que le mille-patte est en fait un étrange petit bâton servant de simulacre alors que l'indigène hurle et agonise sous la l'oeil des réalisateurs. Est ensuite inséré un douloureux et long plan d'amputation du doigt empoisonné, particulièrement insoutenable dans les détails chirurgicaux, celui ci étant tranché a vif au scalpel. Bel insert mais qui tranche au niveau du grain avec la séquence de la morsure et le mauvais jeu du comédien surjouant son rôle.
Bizarrement ici, on a cru bon de rajouter une bande son ridicule pour accentuer les effets choc. Ainsi, les pleurs des bébés et les cris sont doublés ainsi que certains cris d'animaux, chose rare dans ce type de mondos.
Après toutes ces horreurs graphiques souvent insupportable, le film se terminera sur un moment bien plus tendre, celle de la mise au monde très chirurgicalement détaillée d'un enfant afin de nous rappeler qu'un bébé noir nait blanc, une séquence qui renvoie donc à la celle qui ouvrait le film. On nous dévoile les secrets de la naissance et les premiers soins administrés aux bébés. La mère coupe le cordon avec ses dents et lave son bébé en l'aspergeant de salive.
Pour le reste on retrouve tous les éléments habituels des films des Castiglioni: plans insistants sur les pénis virevoltant lors de danses rituelles filmées au ralenti, sur les globes fessiers masculins et les seins en forme de crêpes des femmes et la voix du narrateur commente avec toujours autant de solennité et sérieux toutes ces images sur fond de musique sirupeuse.
L'idéologie paraitra toujours aussi douteuse même si les Castiglioni évitent cette fois le trop plein exploitatif mais Africa ama comme tout mondo reste du cinéma d'exploitation pur qui derrière ses intentions éthnologiques ne fait que flatter les bas instincts et le coté pervers et voyeur du spectateur.
Fort du succès de Africa Ama et Africa segreta, les frères Castiglioni mettent sur pied dés 1975 leur troisième mondo africain Magia nuda / Mondo magic qui dit on parvint à choquer John Waters lui même à qui on doit un mondo nommé Mondo trasho. Magia nuda prend cette fois pour principal sujet les superstitions et la magie, celle qui régit la vie, se trouve partout alentour de nous. Les tribus africaines en ont pris conscience et vivent avec au quotidien.
Beaucoup plus choquant et dérangeant que leur deux précédents mondo, Magia nuda se transforme assez rapidement en spectacle répugnant qui mélange sans vergogne sexe et magie, un détonnant mariage qui durant plus de 90 minutes va offrir au spectateur un melting-pot d'images toutes plus impressionnantes et heurtantes les unes que les autres.
Le film s'ouvre sur le sirupeux morceau Soleado qu'accompagne un générique aussi superbe que solaire pour nous plonger très vite au coeur des hallucinants rites de la fertilité de la tribu des Dinka durant lesquels les femmes se douchent sous le jet d'urine des vaches avant de s'enfoncer la tête dans leur anus. Le ton du film est ainsi donné et le reste du film ne dénotera pas, loin de là, avec cette surprenante ouverture.
Si les Castiglioni ne nous épargneront pas les traditionnels massacres d'animaux dont les scènes atroces de girafes et d'éléphants décapités que la caméra filme sans scrupules, Magia nuda nous donne l'occasion d'assister au supplice que subissent de jeunes enfants dont on a attaché le pénis à une corde que tire un cheval, différentes flagellations et autres amputations de doigt, une bastonnade, la défloration d'une jeune fille par un pénis taillé dans du bois, les effrayantes errances d'un indigène en plein délire suite aux ravages que les drogues ont fait subir à son cerveau, des opérations chirurgicales faites à mains nues, des repas d'insectes dont de belles araignées grillées sans oublier l'étrange cérémonie de la masturbation dont l'objectif est de stimuler la fertilité de la terre après que le sperme ait été déversé sur le sol.
Plus que dans n'importe quel autre des mondos des frères Castiglioni, Magia nuda fait preuve d'une insistance quasi obsessionnelle sur la nudité masculine. La caméra ne rate en effet aucune occasion de filmer en gros plans lors de longs ralentis le pénis des indigènes notamment lors des danses tribales ou de la fameuse cérémonie de la masturbation.
Afin de rendre encore plus malsain voire insupportable certaines séquences, cris, lamentations et autres pleurs de souffrance ont été rajoutés lors de la post-synchronisation, un procédé courant dans ce type de production.
Si jadis Magia nuda fut traité de film nauséeux avoisinant le snuff movie, il reste comme la plupart des autres mondos africains un exemple parfait de ce type de produit souvent hypocrite dont le but principal est de satisfaire ou flatter les instincts les plus vils du spectateur. Au delà de cet aspect, Magia nuda comme la plupart des mondos du célèbre tandem est une intéressante et parfois même passionnante plongée ethnologique dans l'univers alors méconnu de l'Afrique noire et de ses étranges et mystérieuses coutumes tribales. Les Castiglioni nous offrent à chacun de leurs films une vision souvent certes brutale et violente mais intelligente des choses élevant leurs mondos au dessus de la moyenne générale du genre. Tout en demeurant du pur cinéma d'exploitation le plus souvent vomitif, un spectacle complaisant et voyeur destiné à un public avide de sensations malsaines, Magia nuda comme les précédentes mais également les futures oeuvres du duo reste un document culturel non négligeable.
Les frères récidiveront deux ans plus tard avec Addio ultimo uomo, dépassant et de loin l'horreur visuelle de Magia nuda puisqu'ils signeront là leur mondo le plus inouï mais surtout le plus insupportable quant à la violence et le choix des images qui franchissent allégrement le seuil de l'innommable.
Les Castiglioni prouvent de nouveau avec Addio ultimo uomo, avant dernier opus de leur saga africaine, leur mépris pour notre civilisation alors qu'ils semblent avoir une estime sans limite pour l'Afrique. Ils mettent plus que jamais en parallèle notre monde dit civilisé et les rites tribaux les plus ancestraux de trois tribus: les Kapsiki, les Nuba et les Shiluk.
Tout le film est donc construit sur ces incessants parallèles. Voyeur, pervers, macabre, barbare et cruel, Addio ultimo uomo est une suite d'abominations qui vont crescendo et trouveront leur paroxysme lors des deux fameuses séquences supposées réelles mais bel et bien fabriquées par les auteurs eux mêmes. La supercherie de ces scènes non seulement donnèrent au film son titre mais lui valut sa sinistre réputation. Survie, culte du phallus, danses et rites sexuelles ou érotiques, massacres et cannibalisme sont ainsi au programme.
Le film s'ouvre avec les traditionnels massacres d'animaux récurrents aux mondo movies. On a ici droit à la longue et pénible mise à mort d'un éléphant que les indigènes mettent en pièce pour ne garder que sa carcasse, à des oies égorgées et un chien bastonné dont on dévore les parties génitales. Les Castiglioni afin de justifier ces scènes mettent en parallèle nos inutiles et intolérables séances de vivisection, l'euthanasie de chiens errants particulièrement saisissante qui forment d'immenses charniers canins pourrissants.
Les rites et danses érotiques puis le culte du phallus permettent ensuite aux frères de filmer avec ce voyeurisme coutumier la sexualité des indigènes avec leurs désormais gros plans en ralenti de sexes masculins. Ils comparent ce culte de la sexualité et ces rites érotiques à nos bars glauques et autres bordels où de vieux pervers se masturbent devant une hôtesse qui s'enfonce un godemiché. La sexualité occidentale est sale, elle nourrit surtout les vices sous toutes leurs formes. Chez ces indigènes malgré sa violence ou sa barbarie, elle n'est qu'une représentation de l'amour. On apprend aux enfants à se masturber, les sorciers fertilisent les vierges lors de pratiques magiques. Pour les auteurs voilà qui est plus sain que ces adolescentes qui se prostituent et doivent se donner à des vieux pervers. Les Castiglioni profitent de l'occasion pour insérer quelques brèves séquences de sexe hardcore.
Sont aussi au menu, les décorations charnelles et scarifications où des femmes se déchirent et se mutilent les chairs à coups de lames. Des chirurgiens indigènes découpent des tranches de seins et d'estomac et prélèvent de longs morceaux de tissus avant de tout recoudre. Ils refont un nez à coups de marteau alors que dans nos sociétés occidentales les femmes ont recours à la chirurgie esthétique sans garantie de réussite. Les Castiglioni se font alors un plaisir à montrer cicatrices et opérations ratées.
On saute ensuite au Vietnam sur des charniers d'enfants dont on tranche les membres alors qu'en Afrique une femme allaite son bébé tant bien que mal. Ses seins sont si secs qu'ils ne laissent s'écouler que quelques gouttes de lait qui se perdent sur son abdomen qu'un chien vient lécher. Au consumérisme qui engendre le gâchis s'oppose ici la précarité, rien ne peut être perdu. Ces deux séquences permettent aux Castiglioni d' enchainer sur ce qui constitue les deux scènes clou du film. Si dans nos sociétés, les atrocités commises durant les guerres ne sont pour eux jamais justifiées, la barbarie de ces peuples primitifs l'est tout le temps. C'est sur cette base que les auteurs ont fabriqué de toutes pièces les deux célèbres séquences dites snuff. Un indigène poursuivi par une tribu ennemie dont il a incendié le village est roué de coups, cloué au sol par une lance et castré alors que l'urine s'écoule de son pénis. On lui tranche ensuite les mains à la hache puis il sera cuit à petit feu. Afin de donner plus de véracité à l'ensemble la caméra se fait nerveuse, s'agite en tout sens, devient frénétique.
La deuxième est la longue et nauséeuse préparation funéraire d'un corps putrescent pour son voyage vers l'au delà. Le cadavre est minutieusement dépecé, la putrescence retirée ainsi que les détritus amoncelés dans tous le orifices naturels. On nettoie le nombril avec les doigts tandis que les mouches et la vermine s'échappent du cadavre. Les frères montrent avec une certaine complaisance macabre voire morbide les détails les plus cliniques afin d'amplifier le dégoût du spectateur.
Le réalisme de ces scènes est assez stupéfiant et risque de provoquer un profond malaise chez le spectateur. On pense par instant au final paroxysmique de Cannibal Holocaust. Ruggero Deodato se serait d'ailleurs inspiré de ces mondos pour écrire son film.
Comme dans tous leurs mondos, on sent les Castiglioni, deux férus d'ethnologie rappelons le, passionnés par leur travail, leur total engagement. Ils évitent le plus possible les commentaires racistes et hypocrites récurrents chez les mondos de leurs confrères, Climati / Morra et Jacopetti même s'ils laissent place par moment eux aussi à une certaine hypocrisie.
Quelques soient leurs intentions, Addio ultimo uomo demeure du pur cinéma d'exploitation. Chaque réalisateur voulait alors à chaque nouveau film dépasser les limites de ses confrères. En cela, Addio ultimo uomo est un monument du Mondo ethnologique italien des années 70 qui ne reculait devant aucune limites si toutefois il existait des limites. Addio ultimo uomo demeure tout de même derrière sa façade humaniste et moralisante un spectacle hypocrite et éminemment malsain à visionner avec pas mal de recul et surtout un certain regard critique.
Ils récidivent une dernière fois en 1982 avec Africa dolce e selvaggia retitré Shocking Africa / Faces of pain où une fois de plus on assiste à des danses tribales, la caméra insistant sur ces indigènes dansant nus, montrant de nouveau en gros plans leur pénis en mouvement, scènes désormais récurrentes chez les Mondos des Castiglioni, des enfants chasseurs de vipères, des remodelages de dents et autres scarifications au rasoir à des fins esthétiques. On flirte ici avec la mort comme par exemple lors d'excavations faites dans un site mortuaire où l'on déterre des objets ayant appartenu aux défunts, l'équipe insistant sur les squelettes et autres crânes mis à jour alors qu'un serpent saute sur l'un des cameramen. Filmée au ralenti pour en approfondir l'impact la séquence passe et repasse, deux caméras l'ayant filmé sous des angles différents. On a également droit aux inévitables massacres d'animaux dont ici un chameau, des oies, des poulets mais également des sacrifices humains où des enfants sont jetés aux crocodiles et des serpents enfoncés à l'intérieur des vagins à des fins de fertilité.
Hormis cela, Shocking Africa est surtout célèbre pour ses scènes de circoncisions sauvages. Les pères des enfants retiennent les prépuces sur une petite planchette de bois avant qu'une simple lame de rasoir ne pénètre dans la peau afin de les couper sous les cris de douleur et d'effroi des bambins. Les Castiglioni insistent sur ses plans, enchainant circoncisions sur circoncisions. L'écran semble se remplir d'enfants qui se tortillent et hurlent, baignant dans le sang.
Ce sera alors au tour des jeunes filles, scènes clôturant le film, où au son d'un coeur qui bat on assiste au tranchage de leur clitoris toujours à l'aide d'une lame de rasoir. Pour la première fois depuis leur premier mondo, c'est l'apparition d'un panneau citant Leopold Sengor qui clôturera Shocking Africa semblant ainsi couvrir les réalisateurs: Si jamais notre civilisation ne connaissait pas une seule des coutumes des différents peuples qui la composent, l'humanité serait alors incomplète et ne pourrait vivre en paix.
Pour leur ultime mondo, les Castiglioni ont voulu mettre en exergue la douleur et la mort, la souffrance qui l'accompagne et si les animaux sont eux aussi malmenés, ce n'est jamais qu'à des fins rituelles ou de survie- le chameau est blessé, abréger ses souffrances est le mieux qu'on puisse faire alors que l'eau contenue dans sa bosse permettra de faire boire la tribu. Africa dolce e selvaggio ou les affres ultimes de la souffrance humaine montrées sous des airs de documentaire ethnologique, cette souffrance cette fois non feinte, montrée telle qu'elle est. On pourra alors reprocher le coté sensationnel de l'ensemble mais dans un sens, le tandem ne fait ici que montrer ce qu'on refuse tous de voir ou préférons ignorer.
ANTONIO CLIMATI - MARIO MORRA:
Autre nom important du mondo italien, Antonio Climati. Associé à Mario Morra il signa trois oeuvres importantes du genre, la première en 1975 Ultime grida della savana / Savage man savage beast puis en 1978 Savanna violenta / Savage man savage beast 2 / Mondo diavolo / Savage world et enfin en 1983 Sweet and savage.
C'est donc toujours en suivant le principe des oeuvres de Prosperi et des frères Castiglioni que Climati et Morra réalisent Derniers cris de la savane.
Le film est cependant beaucoup plus un retour aux mondos des années 60 auxquels se greffent de nombreuses séquences de massacres animaliers qui se répètent et se répètent encore le plus souvent lors d'insupportables ralentis afin d'appuyer toute la cruauté du règne animal.
L'ouverture donne d'emblée le ton et le thème du film: la chasse avec la mise à mort d'un cerf. Particulièrement cruel, Ultime grida dalla savana, plus que tout autre mondo jusqu'alors réalisé, utilise ce thème fort contestable afin de multiplier les atrocités sous couvert de documentaire. Eléphants, oiseaux, kangourous et tant d'autres sont ici à l'affiche.
Etrangement, Ultime grida della savana baigne pourtant dans un climat "peace and love" assez drôle, à l'encontre du film lui même, rattachant le film au courant des hippie mondo de la fin des années 60. C'est ainsi qu'on nous montre une jeune hippie allaitant une chèvre, illustrant là le culte du règne animal représenté par une bannière ornée de deux colombes sur laquelle on peut lire: Plus d'animaux mais plus de fusils.
On plonge alors au beau milieu d'un gigantesque festival où des milliers de jeunes hippies s'adonnent à l'amour libre dans la boue et la crasse tandis que la caméra en position de voyeur s'attarde sur des beatnicks urinant aux quatre coins du terrain ou se soulageant dans des toilettes de fortune. On sourira surtout devant cette séquence où une noble rombière britannique soulage avec élégance sa vessie durant une partie de chasse à courre. Si la nouvelle génération se vautre dans la fange et l'ordure, la noblesse et la bourgeoisie, gardiens hypocrites de valeurs morales bien écaillées, ont su conserver l'élégance du geste même dans leurs fonctions les plus intimes!
On reste dans le comique en frôlant même la parodie lorsque les participants d'une soi-disant campagne anti-chasse versent dans les boissons que se sont préparés quelques chasseurs des laxatifs afin de saboter leur partie.
Ces récréations sont entre-coupées par une multitude d'images d'archive montrant la cruauté du règne animal et de la vie sauvage. Léopards et anacondas dévorent de petits singes, des guépards pourchassent des autruches ou des ours attrapent des saumons vivants. Ainsi est la dure loi de la jungle mais également de la chaîne de la vie. La plupart de ces séquences sont tournées voire reconstituées (le guépard poursuivant l'autruche) dans la savane afin de permettre aux réalisateurs de nous montrer quelques tribus chassant des pumas et des sangliers pour se nourrir. Climati et Morra tentent de donner un soupçon d'humanité hypocrite à ces images en les mélangeant à des scènes de chasse à courre dans la campagne anglaise durant lesquelles des renards sont massacrés sans pitié pour le propre plaisir des chasseurs. Si dans la savane on chasse pour survivre, dans notre monde dit civilisé on tue pour le sport, oubliant par la même occasion les véritables valeurs de la chasse au profit de ce plaisir malsain et cruel.
Cette plongée au coeur de tribus africaines permet aux réalisateurs de nous offrir les indispensables séquences de sexe sous forme ici d'un étonnant cérémonial célébré avant une chasse. Les hommes creusent des trous dans la terre dans lesquels ils insèrent leur pénis tout en simulant l'acte sexuel. Après avoir éjaculé, le sperme est mélangé à la terre afin de la fertiliser.
Mais ce sont deux séquences particulièrement atroces qui donnèrent au film sa triste réputation tout en honorant son titre de mondo. C'est tout d'abord celle où un touriste se fait dévorer vivant par une lionne sous les yeux effarés de sa femme et de sa petite fille de neuf ans. Alors qu'ils traversent un parc animalier réputé dangereux et plutôt inaccessible, l'homme quitte bien imprudemment son véhicule afin d'approcher la lionne qui ne tarde pas à se jeter sur lui. Une caméra super-8 appartenant à d'autres touristes filme le terrible accident tandis que lentement le sang recouvre l'objectif qui dévoile d'horribles morceaux de chair. Deux petites minutes qui firent le tour du monde et dont il est difficile encore aujourd'hui de dire si oui ou non il s'agit d'un fait réel ou d'une reconstitution.
La deuxième séquence est quant à elle un montage visible fait avec des acteurs. On y voit des trafiquants de drogues en pleine jungle sud américaine qui sous l'effet de drogues capturent un malheureux indigène, le torturent avant de la castrer et de lui faire manger son pénis. Ceci est supposé être un document original provenant d'un film amateur qu'aurait tourné un certain Ramon Ordonez.%%%
Ultime grida della savana connut un gros succès lors de sa sortie en salles malgré la polémique et l'énorme controverse qu'il engendra, mutilé par la censure britannique, tant et si bien que le duo s'affaira à un deuxième volet tout simplement nommé Savana violenta / Savage man savage beast 2.
Si on passe outre son coté parfois parodique et le comique de certaines séquences, ce premier mondo du duo Climati-Morra toujours commenté de façon aussi solennelle, et rythmé par la musique de Carlo Savina et quelques chansons sirupeuses, se veut surtout une reflexion sur bon nombre d'aspects de notre vie même s'il reste comme tout mondo un film voyeuriste
Suite au succès inattendu de Ultime grida dalla savana le tandem mit en chantier trois ans plus tard cette suite connue sous de multiples titres. Savana violenta a été en effet rebaptisé selon les pays où il fut distribué dont Mondo violence ou encore Mondo diavolo. Elle forme avec Ultime grida della savana et Sweet and savage, leur troisième opus, ce qu'on appelle la "savage trilogy".
Cette séquelle nous entraîne principalement en Australie et en Orient à la découverte de rites et coutumes toujours aussi extraordinaires tout en reprenant le parallèle que le premier opus tentait de faire entre la violence du règne animal et celle de nos sociétés dites civilisées, thème récurrent au monde. Un déroulant informe d'ailleurs que pour plus de véracité le film fut tourné dans le cadre d'un certain cinéma-vérité afin d'illustrer de la meilleure manière qui soit la violence de notre monde. Ironique et fort drôle!
Savana violenta suit scrupuleusement le modèle des autres mondos et ne diffère guère de son prédécesseur. Après une belle ouverture sous un rougeoyant coucher de soleil et une envolée d'oiseaux sous les chants angéliques d'enfants, nous voilà plongés au coeur de la savane. Chasses, poursuites, festins, le règne animal on le sait est particulièrement cruel et la caméra filme sans relâche la mort de pauvres animaux dont des petits singes pourchassés par un redoutable chat sauvage.
A la terrible mais naturelle chaîne de la vie s'opposent les chasses que l'Homme pratique tant pour sa survie que pour son propre plaisir. Au menu, la capture par des tribus d'indigènes de phacochères et d'iguanes dépecés vivants sous l'oeil voyeur de la caméra, la chasse aux éléphants et aux crocodiles, des zèbres qu'on alcoolise à grandes rasades de whisky, le massacre de requins blancs réduits en charpie face à la caméra juste avant qu'elle ne filme les restes du cadavre d'une adolescente retrouvée dans l'estomac d'un de ces redoutables squales. A la barbarie de ces scènes se substitue l'émotion de la séquence des tortues géantes atteintes d'une maladie musculaire les empêchant d'expulser leurs oeufs. Un groupe de scientifiques vont les extraire en plongeant leurs mains à l'intérieur de leurs organes génitaux avant de les remettre à l'eau. Toujours au programme, un classique du genre, les diamants cachés par des trafiquants dans l'estomac de bovidés. Les policiers sont alors obligés de les retirer de leur panse en plongeant leurs bras à l'intérieur de l'anus des pauvres animaux, les réalisateurs se faisant un malin plaisir à montrer les excréments maculant les mains des autorités.
Après une courte visite des égouts de New-York où on peut trouver alligators et boas constrictor errants on s'intéresse ensuite aux travers et bizarreries des sociétés qualifiées de primitives ou sous développées dont l'univers stupéfiant des fakirs. On en apercevra ainsi un se transperçant les joues à l'aide d'aiguilles géantes avant qu'il ne se tranche la langue au couteau, moult détails accompagnant l'incroyable séquence. Plus sordides sont les visions de malheureux pénitents, mendiants et autres laissés pour comptes agonisants sur le sol ou la découverte d'indigènes atteints par la maladie du rire. Les malheureux, au bord de la folie, comme possédés, sont alors abattus sans pitié. Ce passage a quelque chose à la fois de morbide et de fascinant, hypnotisant et dérangeant. On retrouve là cette traditionnelle admiration pour la mort propre au mondo toujours aussi hypocritement commentée de façon solennelle par une voix-off condescendante, celle de Giuseppe Rinaldi, bercée par une partition musicale sirupeuse.
Savana violenta doit avant tout sa réputation à deux séquences particulièrement fortes dont une fake fabriquée pour les besoins du film par les réalisateurs eux mêmes. La première est celle des avortements pratiqués par les indigènes d'une petite île. Les jeunes filles enceintes se laissent tomber assises du haut d'un arbre afin de tuer le foetus qu'elle porte afin d'éviter ainsi que le taux de population de l'île ne s'accroisse dangereusement et ne mette en péril la survie de leurs autochtones. Le foetus est alors arraché du ventre de la mère puis enterré au pied de "l'arbre de vie" afin qu'il renaisse au pays des Dieux. Afin d'accroître le degré d'horreur, les cris et pleurs des jeunes femmes ont été fort maladroitement doublés en studio.
La seconde séquence, entièrement mise en scène par Morra et Climati cette fois, est celle de l'exécution publique d'un jeune homme surpris entrain de voler dans un village dévasté par un tremblement de terre quelque part au Guatemala. Après un tour de village durant lequel l'objectif s'attarde sur le corps des victimes, iI est aussitôt attaché à un piquet et fusillé devant témoins. Afin de rendre cette scène très bien tournée et plutôt choquante encore plus réaliste, la caméra n'hésite pas à se mettre à trembler tandis que le montage se fait plus nerveux. Elle se clôturera par l'arrivée du chien gémissant de la victime se couchant à coté de son malheureux maître. Les gémissements de l'animal ont été là encore rajoutés en studio afin d'hypocritement accroître toute l'horreur de la scène.
Toujours dans le cadre des exécutions, on mentionnera celle d'un jeune indigène mis à mort par une tribu sous l'oeil de la caméra. Les farouches guerriers n'acceptant pas qu'on les filme brisent alors la caméra qui tombe à terre et continue de filmer l'agonie du jeune homme sous les cris de la tribu et les commentaires toujours aussi condescendants du narrateur. On devine bien évidemment la mise en scène. Cannibal holocaust n'est plus très loin!%%%
Malgré le coté horrifique de certaines de ses séquences, Savana violenta qu'accompagne une très belle et sirupeuse partition musicale signée des frères De Angelis n'est pas dénué d'humour, régulièrement présent tout au long du film par le biais d'enchainements parfois volontairement drôles et d'une bande musicale souvent décalée qui prête par instants à rire.
Cinq ans plus tard, ils mettent au point Sweet and savage qui n'est ni plus ni moins qu'un condensé des deux premiers films de la trilogie avec quelques nouveaux éléments. Ils reprennent donc les meilleurs moments des deux opus précédents et tentent de faire de ce troisième volet une sorte d'étal de la cruauté animale et des mille et une fois façons de les tuer. On a ainsi droit à des massacres de rhinocéros, une chasse au renard considérée comme un sport ou une traque de daim, un lynx pourchassant un lapin blanc ainsi que les visions récurrentes de carcasses pourrissantes d'animaux morts.
Outre son coté animalier, Sweet and savage n'est pas avare d'images choc comme ces fakirs se coupant la langue et se transperçant le corps, les rites funéraires tibétains où un moine est démembré et décapité, les visions de cascades ratées où l'exécutant meurt sous la caméra, un homme plongeant dans le vide et s'écrasant au sol ou une mise à mort sommaire d'une balle dans la tête lors du conflit Iran/Irak. On n'oubliera pas les traditionnels danseurs noirs nus, leur pénis montrés en gros plan et les rites sexuels africains de la tribu Mashoni, en fait la même tribu appelée dans Derniers cris de la savane les Kobi.
Ce film mettra un terme à la collaboration du tandem et Morra réalisera l'année suivante son premier mondo en solo Savage Zone, triste mondo montrant le déclin du genre et l'incapacité de Morra à tourner seul un véritable mondo. On a droit ici à des séquences déjà vues dans des productions telles que Face à la mort 2 et des montages studio de scènes chocs supposées réelles comme celles des femmes battues jusqu'au sang et du cruel culte Llama. Malheureusement les acteurs sont si ineptes et les effets spéciaux ratés que l'imposture est vite découverte, seul un climat malsain parvenant à créer une sorte de malaise. Savage zone honore son titre à travers ses séquences de chasse dont celle des éléphants mais surtout à travers ses plans de cruauté humaine comme entre autres le massacre d'indiens dont on aligne les cadavres, des visions de bébés morts, un conducteur de taxi mort gelé, la castration d'un transsexuel dans une chambre d'hôtel et les inévitables images de sexe dont ici l'incroyable séance de magie où une femme sort de son vagin un rat et un chien (!) ainsi que des plans de lesbianisme dans un club spécialisé.
LE MONDO ITALIEN SE GENERALISE:
Hormis donc les frères Castiglioni, le tandem Climati-Morra et bien sûr Jacopetti et Prosperi qui furent comme on l'a vu les têtes de proue du genre, il y eut bien d'autres réalisateurs qui firent une incursion dans ce genre prolifique dont les possibilités étaient presque illimitées.
Du coté de l'Italie toujours on citera les pseudo-oeuvres de Bruno Mattei et Joe D'Amato ainsi que la participation au genre de Sergio Martino.
Le notti porno nel mondo est le premier des quatre mondo que tourna Bruno Mattei à la fin des années 70. Le film n'est jamais qu'une nouvelle tentative du réalisateur d'entrer de façon assez simple et à bas coût dans le monde de l'érotisme. Quel genre mieux que le mondo peut en effet s'y prêter? Le film est ici une bon compromis entre le hardcore et l'érotisme, une façon insidieuse et surnoise de contenter l'amateur de softcore et surtout de hardcore à une époque où celui ci n'était pas encore réellement permis en salles.
Disons le de suite, ce premier mondo de Mattei est une véritable partie de franche rigolade qui en quelques minutes aura raison du spectateur qui serait venu y chercher sa dose de perversion et de voyeurisme. Le titre est tout d'abord mensonger. Si on voyage d'Amsterdam à Paris en passant par Hong-Kong, Berlin et Copenhague, il faut savoir que Mattei n'a pas bougé de Rome et que tout le film a été tourné dans la ville éternelle notamment en studio. Les plans des différentes villes visitées ne sont que des inserts carte postale donnant au spectateur l'illusion qu'il fait le tour du monde du sexe.%%%
Dans des décors minuscules d'une pauvreté absolue, on suit donc de pseudo-rites sexuels mis en scène par Mattei et son équipe qui la plupart veulent jouer la carte de la perversion afin de ne jamais faire oublier qu'on est dans du pur cinéma d'exploitation. Ainsi on pourra pleurer de rire face à Marina Frajese en strip teaseuse devant faire l'amour à un faux singe géant devant un public d'hommes en extase qui passent leur temps à essuyer la fausse sueur qui perle de leur front. Toujours dans le même style, une autre strip teaseuse reçoit toute la tendresse d'un berger allemand face à un public qui feint l'ébahissement. Pour le reste on visite un club lesbien asiatique, les prostituées en vitrine d'un Amsterdam pauvrement reconstitué dans un microscopique coin de studio. A Berlin on nous envoie dans une patinoire où la clientèle masculine nue doit chausser des patins à glace afin d'attraper une partenaire! Il est amusant de signaler que cette séquence provient du film de Erwin C. Dietrich Blutjunge masseusen / Adolescenza morbosa. Le summum de l'artifice est atteint lorsque lors d'un night-show une magnifique hôtesse exhibe... son hermaphrodisme, un faux pénis en latex collé sur son pubis!
Le notti porno nel mondo est un tour du monde virtuel des capitales du vice auquel a été ajouté des scènes prises dans les grands nights clubs des métropoles mais aussi ceux de Rome. On y reconnaitra parmi les artistes censés s'y donner en spectacle des actrices bizarrement bien italiennes et pas si inconnues puisque l'amateur reconnaitra entre autres lors de très brèves séquences une des protégées de Mattei, Marina Dauniaou encore Paola Montenero.
Le seul véritable intérêt de ce mondo est sa narratrice puisqu'il s'agit de Laura Gemser qui nous entraine dans ces différentes capitales en présentant à sa façon chacun des segments qu'elle cloturera en levant son verre de whisky au spectateur en lui faisant un magnifique clin d'oeil malicieux. Toujours aussi divine, Laura y apporte toute son aura et toute sa lumineuse beauté.
Il est important d'ajouter que toutes les scènes de Laura ont été tournées par Joe d'Amato. Ce fut un accord entre les deux réalisateurs. Laura était une amie de Joe qui l'avait déjà mise en scène de nombreuses fois à travers le personnage de Black Emanuelle. Personne d'autre mieux que lui ne savait comment mettre Laura en valeur.
Mattei tournera une suite à ce pseudo-mondo tout aussi fabriquée et drôle toujours avec Laura Gemser en guise d'hôtesse Emanuelle e le porno notti nel mondo. Ce nouveau compromis entre l'érotisme et le hardcore nous entraine une fois de plus dans un voyage factice dans les plus grandes capitales du monde afin d'y découvrir d'étonnantes pratiques et déviances sexuelles. On a ainsi droit à des scènes de bestialité (une femme se fait lécher les fesses par sa mule avant de lui lécher à son tour le fessier, introduction de serpents dans le vagin), des orgies sataniques, des tours de magie très spéciaux où le prestidigitateur déshabille son public, un collectif de bourgeoises du troisième âge en pleine jouissance sur des chaises munies de pénis, une opération consistant à remplacer un pénis trop petit par un membre bien plus consistant, une séance de sado-masochisme ainsi que quelques séquences de défloration et de tueries animales déjà vue dans Sesso perverso.
Après le succès inattendu de ses deux premiers mondos, Sesso perverso et sa pseudo suite Sesso perverso mondo violento avaient de quoi donner l'eau à la bouche aux amateurs du genre. La déception risque vite de les engloutir tant Sesso perverso connu également sous le titre Sexual aberration est loin, très loin de tenir les promesses d'un titre fort alléchant.
En fait Sesso perverso tente de faire découvrir au spectateur les mystères les plus inaccessibles du sexe en se basant principalement sur les écrits de Kraaft-Ebing mais également Freud. Sont entre autres traités le fétichisme, la zoophilie, le sadisme, la bestialité, la nécrophilie, le triolisme, le transsexualisme, le satanisme, le cannibalisme en tant que plaisir sexuel... Un alléchant programme qui malheureusement n'est pas traité mais simplement survolé le temps de quelques séquences présentées par un pseudo présentateur la plupart reconstituées en studio ou issues de stock-shots quand ce n'est pas de films. Autant dire qu'il y a une fois de plus tromperie sur la marchandise.
Sesso perverso qui au départ se voulait une étude pédagogique et poussée sur les plus incroyables pratiques sexuelles à travers le monde se présente comme ses deux précédents opus à savoir des panoramiques de la vie nocturne à Las Vegas déjà utilisés sur ces deux films accompagnés des sempiternelles images de nudisme. Sur ces images de base Mattei greffe alors toute une série de séquences qui ont d'incroyables que le nom.
Des intéressants écrits de Kraaft-Ebing il ne reste pratiquement rien. Mattei et Claudio Fragasso qui est en fait à l'origine de ce scénario n'en retiennent que le coté aberrant pour durant 79 minutes enchainer de mornes illustrations d'une incroyable gentillesse. La nudité est désespérement prude, les déviances commentées de façon scolastique par une voix-off toujours aussi solennelle tandis que l'ennui s'empare du spectateur qui déprimé attend les aberrations tant attendues.
Il n'aura droit qu'à quelques plans de changements de sexe maladroitement reconstitués spécialement pour le film, un homme qui après s'être transformé en tapis de bain plonge sa tête dans l'eau souillée où trois femmes se sont lavées, un jeune couple excité après avoir assisté à la saillie d'une jument fait l'amour devant le box des chevaux, un romain en toge pénétrant une statue dans un jardin, un attardé mental excité face à un couple nu attaché à un élastique qui jamais ne peut se toucher, un homme prend du plaisir avec une octogénaire alors qu'un autre embrasse une jeune vérolée, un violeur récidiviste après avoir abusé d'une femme la pénètre avec une pelle tandis qu'une prostituée s'enfonce dans le vagin des boules de mercure et qu'un homme suce les orteils crasseux d'une femme. Urophilie et scatologie sont au menu également à travers deux inoubliables moments: celui où une femme urine dans une coupe afin d'en déverser le contenu sur son homme puis de lui déféquer sur le visage. On terminera par ses danseuses qui s'enfilent des serpents dans leur intimité et ses femmes qui prennent du plaisir avec des chiens ou des chèvres.
Couché sur papier voilà qui est particulièrement réjouissant mais il reste bien peu de choses à l'écran si ce ne sont de malheureux acteurs reconstituant sans conviction aucune et surtout de façon ridicule ce qu'ils sont censés illustrer. Chronomètre en main, Mattei surveille son timing et chaque séquence n'excède guère plus d'une minute quand elles ne se résument pas en quelques secondes. On sombre parfois dans l'absurde comme lors de cette interminable représentation où lors d'un sex-show des danseuses toutes plus repoussantes les unes que les autres se font huer par un faux public qui leur lance tout ce qui leur tombe sous la main. Reste à savoir si cette scène est plus ou moins ridicule que celle où, après un fabuleux bond dans le temps, un manant fait l'amour à une bonne soeur... ou comment Mattei a inventé la machine à remonter le temps!
En fait le seul véritable intérêt du film provient des scènes tournées en Nouvelle-Guinée ou pour être exact des images d'archive provenant de documentaires ethnologiques sur la Papouasie qui constituent un bon quart du métrage. On sera séduit par ces indigènes qui lors de la fête de la fertilité s'enfoncent dans les narines des canes de bambous afin de se faire saigner du nez, des ruisseaux de sang se mélangeant ainsi à l'eau de la rivière. On appréciera cette femme qui mange des asticots qu'elle a pris sur les orbites du cadavre de son mari. C'est lors de ses séquences qui couvrent une bonne partie du film notamment les trois quart du final qu'on aura droit aux indispensables plans de massacres d'animaux, ici des porcs sauvages assommés vivants à coups de gourdin afin d'être mangés lors d'une cérémonie de défloration.
Si on ne peut mettre en doute la véracité de ces massacres, on sourira devant cette fameuse cérémonie qu'on devine reconstituée lors de laquelle une jeune et souriante vierge est déflorée trois fois de suite par un guerrier différent, chacun d'eux enfonçant une plume dans son vagin afin d'en recueillir fièrement le sang. Le coté ludique de la scène est interrompu par des plans de bestialité, les indigènes dévorant à pleines dents les entrailles d'un animal.
Mattei n'est bien entendu jamais allé en Nouvelle-Guinée on s'en doute. La plupart de ces images proviennent d'un documentaire intitulé Nuova Guinea tout comme les scènes servant à illustrer certaines déviances notamment le masochisme et le sadisme sont tirés du fameux La philosophie dans le boudoir de Jacques Scandelari. L'amateur reconnaitra la fameuse poursuite à travers les bois d'une femme servant de gibier humain et les danses carnavalesques lors d'une séance de tortures. Ont été également utilisés des scènes de quelques polissonneries germaniques où sévit la sexy starlette Christa Free et des passages de Il mostro di Dusseldorf que Mattei semble avoir colorisé afin de leur donner cette teinte sépia étonnante. Les connaisseurs auront également reconnu dans la peau d'une des intervenantes médicales la vétérante des queen porn du cinéma italien, Guia Lauri Filzi.
Sesso perverso se terminera sur une très belle métaphore puisque le réalisateur s'envole pour l'espace afin de comparer la force de la sexualité à la puissance cosmique!
Nettement moins puissant est donc le film lui même, nouvelle escroquerie dans l'univers du mondo réservé le plus souvent aux esprits assoiffés de voyeurisme gratuit et souvent malsain qui cette fois risquent de rester sur leur faim.%%%
Réalisé avant tout pour le marché allemand où il fut distribué sous le titre Libidomania, Sesso perverso connut un joli succès tant et si bien que Mattei lui donna une suite Sesso perverso mondo violento tout aussi aberrante concluant ainsi sa quadrilogie sur les sex mondo.
Reste les différentes versions existantes. L'édition vidéo française, Le sexe interdit, réduite à moins d'une heure, est la moins complète. Il existe une deuxième édition intitulée Frissons africains elle aussi incomplète. L'édition italienne est quant à elle quasi intégrale si on excepte l'absence des plans d'urophilie et de scatologie. Il existe une vidéo italienne avec inserts de plans hardcore aujourd'hui difficilement trouvables. Seul le DVD allemand récemment sorti semble reprendre l'intégralité du film et des scènes coupées.
Sous un scénario de Claudio Fragasso, Sesso perverso mondo violento fut lancé lors de sa sortie en 1980 comme un exemple de cinéma vérité foudroyant, un véritable holocauste de sexe, qui à l'instar Sesso perverso, se basait sur les écrits de Krafft-Ebing mais cette fois de façon plus romantique et légère. Si le premier volet nous faisait découvrir les pires déviances sexuelles au monde, de la zoophilie au sadisme en passant par la nécrophilie, en collant bout à bout toute une série de séquences fake entre-coupées de stock-shots ridicules, ce second volet prend pour centre d'intérêt la pornographie. Mais si le premier chapitre particulièrement drôle se laissait regarder avec un plaisir hilare, ce N°2 totalement bêtifiant risque malgré son titre prometteur de générer ennui et torpeur.
En effet, ni violence ni perversion ne sont ici au rendez-vous de ce plus que mensonger holocauste sexuel puisque durant 73 minutes Mattei nous propose toute une série de saynètes sans intérêt où s'enchainent strip-teases et shows érotiques aussi excitants qu'un spectacle au Lido, tournages de films présumés hardcore mais dont on ne verra jamais rien et fausses interviews de faux couples sur leurs pratiques sexuelles particulièrement niaises. A ce stade, notre libido au départ fort échauffée commence par tiédir dangereusement avant de retomber, refroidie, avec toute une série de séquences absurdes comme celles où on demande à des jeunes femmes de manger une glace de façon érotique ou de savoir se déshabiller devant une caméra dans un bureau.
L'homosexualité, toujours indispensable et considérée comme une déviance, est bien entendu au programme, imagée mais est ce étonnant par des spectacles de travestis grotesques.
Le comble du ridicule est atteint avec l'intégration de gags tirés d'une émission télévisée nommée Candy cam, sorte de "Surprise sur prise" érotique, où des comédiens censés représentés Monsieur ou Madame tout le monde se laissent prendre au piège de gags aberrants dont celui de la poupée gonflable vivante abandonnée dans une salle d'attente!!
L'ensemble est agrémenté d'images d'archive mal insérées qui nous propulsent bien sûr, mondo oblige, dans des tribus primitives africaines ou asiatiques afin qu'on y découvre leurs rites et coutumes sexuels. Rien de très excitant cette fois au programme et là encore on demeure très soft ce qui vient d'achever le pauvre spectateur, totalement dépité.
Restent quelques moments qui méritent leur pesant d'or dont celui où Mattei filme sous couvert de cinéma-vérité un supposé viol en direct et une agression sexuelle dans une cage d'escalier promptement interrompue par la vieille concierge brandissant son balai, le tout commenté par la voix solennelle du narrateur qui nous parlent de façon très détachée des plaisirs qui allient sexe et violence. On rit, on pleure, d'hilarité ou de tristesse, peut-être les deux, à ce stade on ne sait plus.
Le point culminant du film et également le plus scabreux renvoie à Cannibal holocaust. Réalisé une fois encore selon le procédé de la caméra-vérité, une bande de reporters en pleine jungle s'approchent d'une baraque dans laquelle une aventurière blanche est retenue prisonnière par un indigène qui a dévoré son mari. Les reporters entrent dans la cabane, délivre la femme à demi-nue tandis que la caméra filme en gros plans le cadavre putréfié du mari recouvert de vers. Hystérique, la femme fonce sur l'indigène hébété et le castre! La reporter, une blonde aguicheuse, arrive alors, heureuse du scoop, échauffe le pauvre indigène, un bien piètre comédien peinturluré qui ne cesse de rouler des yeux, avant de lui faire un strip-tease et de s'enfermer avec lui dans la cabane après avoir tiré la langue à la caméra!!!! Très mal filmée, très mal jouée, la plus fameuse séquence du film rappellera Virus cannibal pour son ridicule et l'hilarité qu'elle fait naître.
Comme pour Sesso perverso, il existe une version hardcore du film fait à partir d'inserts pris ça et là dans laquelle apparait la porn-star française Brigitte Verbecq disponible sous le titre Perversione del sesso: mondo violento.
C'est Joe D'Amato qui signa en 1979 Le notti porno del mondo 2 avec cette fois Ajita Wilson et la porn star Marina Frajese dans le rôle des hôtesses. Ajita incarne une hôtesse de l'air qui se souvient du temps où elle était danseuse nue et satisfaisait les instincts pervers des clients. Elle défend ce métier avec véhémence et fait même référence aux tragédies grecques, à la Bible et cite Skakespeare afin de mieux faire comprendre les méandres de la sexualité au spectateur. S'ensuit alors toute une série de scènes qui se veulent toutes plus étonnantes les unes que les autres comme cette danseuse éjectant des balles de ping-pong de son vagin, une séance de sadomasochisme qui se termine par un acte de scatophilie puisqu'une dominatrice fait manger ses excréments à un esclave, des danses rituelles africaines, des cat-fights dans des bains de boue et même une séance de bestialité lorsqu'une danseuse excite et masturbe un âne jusqu'à la jouissance avant toute une série d'images qui nous montre Ajita chevauchant un pénis géant ou dansant pour exciter une statue vivante.
Toutes ces séquences sont censées nous parvenir des quatre coins du monde mais sont en réalité tournées dans les studios de Rome, certaines provenant de scènes recyclées ou non utilisées de Emanuelle e Le notti erotiche del mondo. Leur seul intérêt comme les précédents volets est de satisfaire de façon hypocrite les amateurs à la fois d'érotisme et de hardcore mais cette fois c'est l'hilarité générale qui est au rendez-vous.
Joe D'Amato tournera la même année l'hilarant Follie di notte avec cette fois Amanda Lear en guise d'hôtesse. Amanda entre deux interprétations de ses tubes disco d'alors nous offre un aperçu des nuits érotiques les plus étonnantes des plus grandes capitales du monde. S'ensuit un spectacle totalement fabriqué en studio où pèle-mêle on nous jette en pâture une gogo-dancer à qui après avoir invité un jeune homme sur scène lui offre son derrière à travers un glory hole fleuri. L'heureux élu profite donc de l'aubaine devant un public en admiration mais va malheureusement découvrir après avoir joui que la jeune fille a été remplacée par une chèvre, une secte secrète pratique de bien étranges rites. Un jeune couple nu complaisamment filmé par la caméra doit faire l'amour devant les adeptes cagoulés et habillés de robes noires avant que chacun d'eux ne se sodomisent à la queue leu-leu, une fois dans un sens une fois dans l'autre, nous offrant ainsi une sidérante chenille sodomite!
A Paris, un spectacle de magie va illustrer à sa façon l'expression confusion des genres. Appelé sur scène par le magicien, un jeune bellâtre doit se mettre nu devant le public ce qui permet une fois de plus à la caméra de complaisamment filmer son pénis. L'assistante du magicien, nue également, est enfermée dans la grande boite magique tandis
que le pauvre garçon, pas gêné du tout, est caché sous un rideau. A l'ouverture de la boite, Mme Denise se retrouve avec le pénis du garçon puis au deuxième tour le garçon se retrouve avec le vagin de la globuleuse Denise. Au troisième tour, cote à cote chacun a le sexe de l'autre avant qu'ils ne retrouvent leurs attributs respectifs.
Sado-masochisme et nécrophilie sont également de la partie puisqu'une prétendue amie d'Amanda, une journaliste à scandale, nous fait pénétrer à l'intérieur d'un donjon où un homme attaché à un fauteuil se fait fouetter jusqu'au sang. La dominatrice lui entaille ensuite la peau à l'aide d'un couteau avant de verser sur ses blessures du jus de citron tout en le masturbant. Un septuagénaire particulièrement squelettique après avoir été fouetté n'attend plus qu'une chose pour atteindre la jouissance extrême: que Maîtresse lui cloue le pénis à coups de burin sur sa table à torture... de façon suggérée cette fois malheureusement à la grande déception de tous ceux qui s'attendaient à un spectacle drastique. Deux couples de mariés font quant à eux l'amour sur un cercueil.
Une magicienne spécialisée dans la lévitation après avoir fait léviter le postiche d'un malheureux spectateur invite sur scène un benêt qui ne tarde pas à voir son pantalon et son slip glisser aux chevilles par quelques tours de passe-passe. Quelques tours de magie plus tard, il voit son sexe se lever de plus en plus haut, véritable érection digne d'un super héros... filmée de loin afin d'éviter que le spectateur ne se rende compte qu'il s'agit en fait d'un faux sexe habilement manipulée par quelque maligne ficelle.
Pour le reste, Follie di notte, un des pseudo mondos érotico-trash les plus hilarants jamais réalisé, se compose de numéros de danse endiablés sur des airs disco tout aussi enflammés et de saynètes qui sentent bon le remplissage. On retiendra la séquence hardcore où Marina Frajese en bonne épouse allemande libérée offre une fellation face aux caméras à son mari penaud.
Sergio Martino réalisa lui aussi un mondo au début de sa carrière en 1969. Il s'agit de Mille peccati... Nessuna virtù / Mondo sex / Le monde du péché qui reprend là un des grands thèmes du genre en cette fin d'années 60, le sexe à travers le monde.
Il tourne l'année suivante, en 1970 donc, America: Cosi nuda cosi violenta / Naked and violent où il tente avec grand mal de nous montrer une certaine image de l'Amérique peu redondante. On assiste donc aux rites d'une secte qui rappelle celle de Manson où un gourou lui ressemblant étrangement décapite un poulet vivant avant de répandre son sang et de la cire chaude sur le corps d'une sacrifiée au son d'une cithare. Le reste du métrage se contente de nous montrer la vie hippie d'alors, des hordes de babas-cool faisant du stop sur Sunset Boulevard, des groupes de hippies vénérant Krishna ou ces grands rassemblants de jeunes chevelus façon Woodstock entre une visite de la maison de Polanski, quelques plans de body painting et de restaurants nudistes.
Sans réel intérêt et plutôt drôle, Naked and violent connu sous nos cieux sous le titre L'Amérique à nu fera plus sourire qu'autre chose, une anecdote pelliculaire dans la filmographie de Martino.
Parmi les autres et nombreux mondos italiens non repertoriés ci dessus se concentrant pour la plupart essentiellement dans les années 60 et 70, la plupart prenant comme soit le thème le sexe, ses rites et ses déviances dans le monde soit le continent africain et ses mystères. Si on trouve déjà en 1957 un mondo ethnologique qui nous entraine dans l'univers magique des femmes orientales avec Le orientali / Les femmes du bout du monde signé Romolo Marcellini, on citera chronologiquement en 1960 Mondo sulle spiagge de Renzo Rosselini qui nous entraine sur les plages du monde afin de nous y montrer entre autres de biens timides scènes de nudisme lorsque le si indécent petit bikini tombe.
En 1961 nous avons Malaisie magique de Lionello De Fabbri qui nous invite à visiter la face cachée de ce pays.
Renzo Russo nous fait visiter le monde de la nuit et ses folies en 1962 avec Tropico di notte et Mondo caldo di notte tandis que Filip Walter Ratti nous gratifie d'un Mondo erotico et Gianni Proia d'un Mondo di notte N°2. On trouve un Mondo di notte 3 en 1963 toujours sous la houlette de Proia.
En 1963 on trouve Naked world / Mondo nudo de Francesco De Feo, film qui sera distribué seulement en 1968, Luigi Scattini accouche d'un Sexy magico pendant que Romolo Marcellini infante d'un I tabù / Taboos in the world narré par Vincent Price qui s'attache à nous montrer les effets de la lèpre et quelques séquences d'amputations de doigt. Une version sans les commentaires de Price fut distribué sous le titre Taboos around the world.
Très productif, Mino Loy sort une ribambelle de mondos: Notti e donne proibite, 90 notti in giro per il mondo, Supersexy 64, Venere proibite et Sexy magico où il tente une comparaison entre le sexe dit primitif et le sexe dans notre monde civilisé. Le point commun de ces quatre mondos reste le strip tease au fil des temps.
En 1964, on verra une co-production française intitulée Le schiave esistono ancora / Slave trade in the world de Roberto Malenotti qui en acheva le tournage après le départ de Folco Quillici ainsi qu'une triple réalisation pour Il pelo del mondo / Mondo inferno / Go go go world de Antonio Margheriti, Marco Vicario et Renato Marvi qui ne fait reprendre la trame de Mondo cane sans rien y rajouter de nouveau.
Roberto Bianchi Montero met en route de son coté Mondo balordo mais également Africa sexy et Mondo sexy connu aussi sous le nom de Sexy show.
Paolo Cavara infante de Malamondo / World apocalypse narré par Boris Karloff et un nain très rock'n'roll. Le film reprend nombre de séquences déjà vues dans d'autres mondos mais on retiendra la scène ou une femme arabe se teint les cheveux en blond avec de l'urine de chameau.
Mino Loy met en scène deux mondos cette année Le mille e una donna et Sexy proibitissimo qui nous conte l'histoire du strip-tease à travers les siècles.
On mentionnera également Nudo crudo e... de Francesco Di Feo et Operazione Strip-tease / Europa 64 de Renzo Russo toujours aussi productif.
En 1965 Alessandro Jacovoni débarque avec Wild Wild world que la publicité annoncait comme le plus choquant des mondos jamais tourné, si choquant qu'il vous laissera bouché bée. Jacovoni nous invite en fait à un voyage dans le monde de la bestialité à Paris et des combats de coqs à Manille.
Romolo Marcellini concocte Macabro qui cette fois nous plonge dans un thème qui sera un des traits caracteristiques des futurs mondos africains: la circonsision au sein de tribus primitives.
En 1966, Luigi Vanzi nous entraine dans l'inoffensif America paese di dio / Amérique: le pays de la foi.
Stanis Nievo met en chantier Mal d'Africa en 1967. Nievo qui fut assistant sur les films de Prosperi et Jacopetti est à bonne enseigne et son film marche sur les mêmes traces que les oeuvres du célèbre tandem. L'expression Mal d'Africa désigne en fait la profonde nostalgie qu'une personne peut ressentir en quittant l'Afrique, ce qu'elle laisse derrière elle. Ceci s'applique également au film de Nievo qui tente de mettre en avant tous les changements que connaissait alors le continent noir alors que l'homme blanc, la civilisation lentement l'envahissait. Une ère se terminait, une nouvelle naissait et avec toute une partie de la culture africaine profonde disparaissait. Ainsi Nievo à travers son mondo tentait d'analyser à sa manière toutes les révolutions que le continent traversait alors, ses échecs, ses guerres, ses changements, sa cruauté mais aussi son folklore.
Si Nievo fut à bonne école avec le célèbre tandem, Mal d'Africa est pourtant est loin de lui arriver à la cheville ou d'égaler les futures productions des frères Castiglioni. Narré avec toujours autant de condescendance, Mal d'Africa se distingue des autres mondo de ce style par son humour constant puisqu'il ne cesse d'alterner les séquences choc et d'autres plus légères, beaucoup plus légères, à la limite du comique voire du ridicule. En ce sens il n'est pas loin des mondo que Bitto Albertini tournera dans les années 80.
Il est donc assez difficile de le prendre au sérieux. Toute la première partie du film se veut une sorte de documentaire journalistique historico-politique sur les grands bouleversements qu'a connu l'Afrique post coloniale, les évènements tragiques de Rhodésie, la guerrila en Angola contre les portugais, les mercenaires blancs au Congo... mais également la guerre d'Algérie et la condition pied noir. Nievo nous fait donc parcourir une bonne partie du continent avec une prédilection pour le Kenya. Ceci nous vaut les scènes les plus crues du film, les visions les plus barbares. Ainsi le film s'ouvre sur des exécutions publiques, des hommes fusillés contre un mur. La caméra de Nievo s'attarde sur des charniers, des cadavres y compris d'enfants...
La deuxième partie du film est plus légère et se rattache davantage au pur cinéma d'exploitation en insistant plus particulièrement sur l'aspect raciste. L'Homme noir, s'il est heureux nous dit-on et prolifère, est toutefois présenté comme un être inférieur et stupide que l'Homme blanc doit éduquer. Comment ne pas être pris de fous rires lorsque le narrateur nous apprend que les femmes noires peuvent être aussi sexy que les femmes blanches. Faut il toutefois leur apprendre à se tenir. Ainsi donc, une rombière outrageusement maquillée va leur donner des cours de maintien franchement ridicules et dépassés tout en leur apprenant à faire un élégant strip-tease. Prête à l'emploi, la femme africaine peut ainsi devenir modèle! L'africain a également des coutumes étranges nous dit on. S'il n'est pas sexy, il est très débrouillard. Si nous autres, hommes dits civilisés, avons fait de la voiture un moyen de locomotion, l'Homme noir, regroupé en gigantesques ghetto faits de vieilles épaves d'automobiles, en a fait non seulement son habitation mais aussi une bétaillère et se sert du coffre comme lavabo!
Cette seconde partie est également celle où l'on compte le plus de massacres d'animaux, un véritable festival de tueries de toutes sortes qui risquent de mettre en rage tous les détracteurs du genre. Eléphants, rhinocéros, girafes, buffles, zèbres, autruches... ne trouvent aucune grâce auprès de Nievo. Chasses, braconnages, marées noires et charniers d'oiseaux englués... sont ainsi à l'honneur et se veulent être le reflet exacte de l'Afrique noire, celle des safaris et des guides touristiques à sensations commente solennellement le narrateur. On restera bouche-bée devant ces pygmées qui émergent joyeusement de l'abdomen d'un éléphant dont on extirpe les tripes avant de le découper en morceaux. Voilà très certainement une des scènes les plus répugnantes qu'ait connu le genre aux cotés de la douche d'excréments de Mondo magic. Afin de renforcer l'impact de ces scènes, Nievo se complait à faire des gros plans sur les larmes qui coulent des yeux des animaux à l'agonie avant que la dernière partie du film ne reprenne le ton plus journalistique du début.
Rythmé par une partition musicale très décalée signée Riz Ortolani qui fait la part belle à l'accordéon (!), rien de tel en effet qu'un petit air de musette pour accompagner la cruauté humaine et l'agonie animale, Mal d'Africa reste dans la grande tradition des mondo de Jacoppetti. Il est bien difficile de le prendre au sérieux et son coté trop humoristique voire par moments stupide brise la cruauté du propos.
Salvatore Billiterri réalise le même année Sadisimo qui tente de nous montrer la plus mauvaise face de l'être humain avec ces images maladives de camps nazis et de tortures humaines avec étal des pires instruments de torture existant.
1968 verra la sortie de Scusi lei conosce il sesso? et Naked England / Inghilterra nuda de Vittorio De Sisti.
De Sisti s'interesse de son coté à la mode des plages et tenues estivales ainsi qu'aux pulsions sexuelles des gens et ce qui les commande.
Luigi Scattini revient avec Svezia, Inferno e paradisio / Sweden Heaven and hell.
Scattini s'intéresse au nudisme d'une part mais également à l'inceste, aux violences conjugales et à la drogue, une vision de la Suède loin des images érotiques habituelles. Les séquences les plus marquantes restent celle d'un clochard crachant et lechant ses bottes, les vapeurs d'alcool faisant briller le cuir ainsi que celle où du choix des titres de films pornos, si crus disait alors que les titres ne pouvaient être mentionnés ce qui fera sourire le pornophile d'aujourd'hui habitué à mille fois pire en matière d'appelation!
En 1969 ce même Luigi Scattini approche la monde de la magie noire et du satanisme à travers le monde avec son célèbre Angeli bianchi.. angeli neri / The satanists dont il existe une version avec inserts additionnels de R. Lee Frost destiné au marché US sous le titre Witchcraft 70 tandis que Alfonso Brescia réalise Nel labirinto del sesso / Labyrinth of sex et Marcello Avallone nous offre L'altra faccia del peccato / The queer, the erotic.
Cette année là est tourné Sex by advertisements de Joel M. Reed qui nous entraine sur les traces d'un sadique hantant Central park dont le plaisir est de fouetter de jeunes adolescentes nues, un procureur véreux à la recherche de jeunes filles à prostituer et d'un homme chassant l'handicapé.
1969 est aussi l'arrivée d'un nouveau sous genre du mondo, le mondo africain, qui sera très en vogue jusqu'à la fin des années 70. C'est ainsi que Guido Guerrasio en collaboration avec les frères Castiglioni réalise Secret Africa, film tourné en 16mm non avare en scène d'indigènes mangeant des larves extraites de crânes humains et autres massacres d'animaux tel cet hippopotame démembré sous nos yeux. On y retrouve ce qui sera les grands traits du genre: tribus aux noms soigneusement déguisés, régions secrètes tout aussi déguisées le tout enveloppé de commentaires hypocrites.
En 1970, on retrouve Mino Loy et Luigi Scattini pour Questo sporco mondo meraviglioso / Un monde de chien.
En 1975 Gianni Proia revient avec son Mondo di notte Oggi et en 1976 Giorgio Mariuzzo qui fut l'assistant de Lucio Fulci entre 1975 et 1984 nous concocte Mondo porno oggi.
Roberto Luciani sous le pseudonyme de Robert Avram nous fait découvrir L'ultima grande pianeta terra.
Claudio Racca visite le monde de la sexualité, ses mystères, ses bizarreries et surtout les changements de sexe avec Tomboy / Sesso: inferno e paradisio dont il tournera une suite en 1978 Tomboy 2 suivi quelques années plus tard encore d'un Tomboy 3 surlesquels nous reviendront plus tard. Tomboy est assez désuet aujourd'hui et surtout hilarant dans ses commentaires d'une totale aberration quant aux explications pseudo-scientifiques fournies. Plutôt ennuyant, Tomboy vaut surtout pour ses images chirurgicales plus que cliniques et sa pléthore d'images de parties génitales ainsi qu'une séquence morbide et surtout fake où on nous détaille le cadavre en charpie de Pasolini le jour de sa mort.
Cette même année sort Faccia di Spia de Giuseppe Ferrarra, faux film documentaire avec entre autre Mariangela Melato et Adalberto Maria Merli sur les agissements clandestins de la CIA notamment en Amerique du sud, Bolivie, Guatemala, Cuba mais aussi en Italie qui tente de réveler les atrocités commises au nom du gouvernement. Sur environ 115 minutes de film, plus d'une heure est consacrée à de longues séries de tortures toutes plus ignobles les unes que les autres perpetrées sur des prisonniers. Tige de métal chauffée à blanc enfoncée dans le pénis, sangsues enfoncées dans le vagin, jeune femme attachée, violée puis brulée, seins arrachés, enucléation, demembrements... sont donc au programme entre-coupé d'images d'archive dont l'assassinat de Kennedy.
En 1977 Man man man de Lionetto Fabbri vit son tournage contrarié et arrêté avant que des capitaux étrangers ne permettent à Fabbri de le finir et le distribuer.
Les années 80 moins riches virent tout de même quelques mondos débouler.
Bitto Albertini , médiocre réalisateur à qui on doit les deux premiers épisodes de la longue saga des Black Emanuelle puis un Yellow Emanuelle bien mollasson, donne en 1984 sa vision du genre avec Nudo e crudele / Naked and violent connu sous nos cieux sous l'appellation Mondo flash qui sera suivi la même année d'un Nudo e crudele 2 puis d'un troisième volet Mondo senza veli.
Albertini suit à la lettre la recette type du mondo et nous entraine essentiellement en Afrique et en Orient afin de nous y faire découvrir la cruauté du monde dans lequel nous vivons ou plutôt la violence de ces peuples dit primitifs qui vivent nus, pointant plus particulièrement du doigt le continent noir et l'Asie. Narré de façon toujours aussi solennelle par Romano Malaspina qui fut entre autres la voix italienne de Sylvester Stallone, Nudo e crudele s'ouvre sur une naissance, celle d'un enfant dont la tête émerge du vagin de sa mère, un évènement qu'Albertini met en parallèle avec la naissance d'un veau qui nous informe t-on aura beaucoup moins de chance de survivre en ce bas monde que ce bébé. Commence alors un long voyage durant lequel on va souvent comparer le règne animal avec celui de l'homme, des comparaisons souvent salaces assaisonnées d'un humour douteux mais particulièrement réjouissant totalement impensable aujourd'hui, essence même du mondo qui avec la cruauté et la complaisance en sont les principaux éléments.
Si certaines jeunes filles sont obligées de se prostituer (ici une fillette de 15 ans jetée par sa mère toute heureuse dans les bras d'un touriste fort timide), la prostitution n'existe pas chez les animaux nous apprend t-on (!!!) ils ne connaissent que les danses nuptiales et les roucoulades mais à l'instar de l'homme ils ont besoin de sexe. S'enchainent donc toute une série de copulations animales avec vue en gros plan sur les membres en rut de lions, zébus, chevaux... Mais que faire si des singes sont frigides? Des chercheurs ont trouvé un moyen pour réveiller leur libido: leur montrer sur un écran télé déposé dans leur cage les ébats sexuels d'autres singes! Certaines races ont quant à elles leurs laissés pour compte de par leur laideur tel le rhinocéros qui, en manque d'amour, seul, le sexe en érection, est prêt à violer une girafe pour se soulager. Elle s'enfuira bien entendu contrairement à cette femme arabe qui a été abusé par un voyou. Son châtiment sera sans appel. Il sera castré en public, le pénis trancher au sabre, une scène culte mais totalement fabriquée qui au fil du temps donna au film sa légendaire réputation.
Nudo e crudele fourmille en fait de telles séquences pour le plus grand bonheur de l'amateur. Ainsi trouve t-on pêle-mêle l'incontournable opération de changement de sexe particulièrement clinique et détaillée ici, le roi fraichement élu d'une tribu africaine croquant à pleines dents le coeur de son défunt père, un missionnaire est dévoré par des cannibales à qui il donnait un cours de religion, un ranger est happé et mis en charpie par un crocodile sous l'oeil de la caméra prise de tremblements convulsifs et des témoins apeurés et impuissants (un classique du mondo movie), un homme meurt après avoir été piqué par un serpent vénéneux, un mercenaire est passé à tabac avant d'être électrocuté, des cathodes placées dans son slip, une partie de foot avec une canette de coca entre mutilés, êtres difformes et autres graves handicapés et bon nombre de massacres d'animaux (vaches saignées vivantes, zèbres décapités, serpents dépecés et cuits vivants, dégustation d'insectes, gazelles assaillies par des fauves...), un menu qui s'avoue vite être un véritable régal avec pour cerise sur le gâteau, la présentation d'indigènes dont la particularité est d'avoir un pénis de 50cm, un joli effet spécial on s'en doute mais l'un d'entre eux se lamente pourtant d'en avoir un de 30 petits centimètres seulement! On n'oubliera cette cérémonie au japon durant laquelle on vénère un phallus géant, symbole de fertilité. Nudo e crudele étant un véritable hommage au phallus, mentionnons cette surprenante et hilarante partie de "sexe de fer" qui reprend le principe du traditionnel bras de fer. Deux asiatiques munis d'un gode-ceinture géant en or se livrent à un combat de sexe face à une femme masquée qui se masturbe. Le gagnant aura l'honneur de lui faire l'amour.
Tout est ici factice et assez mal joué par de pseudo acteurs qui surjouent et en font des tonnes. par manque de moyens, Albertini suggère parfois ce qu'on aurait voulu voir de nos propres yeux (l'agonie de l'homme mordu par un serpent alors qu'il pénétrait dans une cabane qui en était infestée). Dans cet univers du faux surnagent tout de même quelques réalités (les massacres animaliers, les repas d'insectes...) et le titre tient ses promesses. La nudité, complaisante et voyeuriste, (les indispensables gros plans sur les sexes masculins, les poitrines féminines, bougeant au rythme des musiques tribales) est omniprésente et l'homme noir est montré comme particulièrement cruel et primitif. Nudo e crudele n'a rien à envier aux mondo africains de la grande heure même si on est tout de même assez loin des oeuvres inégalées des frères Castiglioni .
Accompagné par une agréable partition musicale signée Nico Fidenco, Nudo e crudele est un exemple non négligeable de mondo malgré son arrivée sur le tard. Il ne démérite pas de ses homologues même si son coté humoristique l'emporte souvent sur le sensationnel qui s'en trouve ainsi brisé. Le premier volet de cette trilogie reste un honnête spectacle suffisamment malsain et voyeur pour satisfaire les amateurs que nous sommes de ce type de spectacle. On ne pourra malheureusement pas en dire autant de Nudo e crudele 2.
Dernier opus de sa trilogie d'Albertini, Mondo senza veli / Mondo fresh réalisé en 1985 nous entraine essentiellement en Afrique et en Orient afin de nous y faire découvrir la cruauté du monde dans lequel nous vivons ou plutôt la violence de ces peuples dit primitifs qui comme le précisait le titre de ces deux précédents opus vivent nus, pointant plus particulièrement du doigt le continent noir et l'Asie. Malheureusement par manque de moyens d'une part et par son incapacité d'autre part, Albertini nous offre cette fois un mondo décousu sans réel fil conducteur où les séquences s'enchainent sans aucune réelle logique ou cohérence. Mondo senza veli se présente donc sous la forme d'une sorte de collage hétéroclite qui rassemble tout un tas de séquences dont le but est d'horrifier le spectateur tout en satisfaisant sa soif de voyeurisme, principal objectif du mondo. Il fera cette fois plutôt grise mine puisque Mondo senza veli fera beaucoup plus rire ou sourire que donner la nausée tant le ton est cette fois bon enfant, plus humoristique que horrifique contrairement à Nudo e crudele qui tentait de poursuivre sur la lancée des classiques du mondo africain hier. On en tient pour preuve cette séance d'acupuncture qui sous les yeux ébahis de l'infirmière et du patient donne une érection à un malheureux impuissant, la serviette cachant son sexe se transformant lentement en un véritable chapiteau! Le film tout entier est à cette image, celle du grosse farce qui prend des airs de pseudo reportage renforcée par les commentaires tout particulièrement idiots d'un narrateur qui ne se prend pas une seule seconde au sérieux. Mondo senza veli ressemble vite à un grand bêtisier auquel ne manque que les applaudissements pré-enregistrés d'un faux public.
Ainsi croise t-on au fil des séquences, rassemblés pêle-mêle, un dresseur d'alligators, un bordel africain où un homme choisi la plus grosse putain, une femme obèse que n'aurait pas renié John Waters, une séance de photos où deux stupides nymphettes tout en couettes se font des bisous sous l'oeil d'un photographe folasse tout excité, un concours où des hommes doivent uriner côte à côte en visant une cible épinglée au mur sous le regard étincelant d'un juge féminin, un Benny Hill moustachu tout en muscles doit porter sur ses épaules la plus lourde des charges sans jamais la faire tomber à moins de passer pour un idiot, un homme se promène porté par la trompe d'un éléphant... Bien peu percutante est cette cérémonie religieuse durant laquelle une gentille séance de suspension est organisée tandis que danse mollement une vieille femme qui s'est transpercée la bouche avec une aiguille tout comme cette partie de football entre enfants cul de jatte ou cette reconstitution du chemin de croix du Christ où le malheureux interprétant Jésus est dit-on réellement fouetté. Aussi peu convaincante est la scène où de jeunes africains sont cravachés afin de prouver leur résistance à la souffrance. Le plus endurant sera choisi par une fille de la tribu qui l'épousera. Afin de donner un peu de piquant à l'ensemble, Albertini nous gratifie tout de même de quelques moments croustillants dont un qui reste le clou du film. Sur ordre du sultan, un pauvre homme est condamné à être empalé vivant en public. Accroupi, le derrière offert, le bourreau lui enfonce doucement un pieu bien lubrifié dans l'anus qui s'enfoncera dans son intestin pour mieux ressortir par la nuque. Mis ensuite en position verticale, il agonisera ainsi. Voilà une séquence totalement fabriquée comme le film tout entier qui rappellera à certains Cannibal holocaust et Caligula la véritable histoire que Albertini a magnifiquement su reprendre. On retiendra aussi la mort d'un chameau, tombé d'épuisement et de vieillesse, le petit festin cannibale suggéré d'un nouveau chef de tribu qui vient de dévoré le coeur de son père décédé tandis que dansent de fausses indigènes nues, une séance de roulette russe qui se terminera très mal pour le dernier participant. Faute de moyens, tournant à l'économie, Albertini pour notre plus grande peine nous fera juste entendre la détonation comme il nous fera seulement entendre les cris d'agonie d'un reporter censé être entré dans une cabane infestée de serpents vénéneux hautement mortels.
Si Nudo e crudele était encore un bel exemple de mondo, ce troisième opus est une véritable catastrophe d'une abyssale bêtise surtout lorsqu'on a encore à l'esprit certaines séquences de Nudo e crudele. Mondo senza veli s'avère vite être une fulgurante escroquerie mal fabriquée du début à la fin dans laquelle se perdent quelques images documentaires qui donnent au tout un minuscule air de vérité. Le film de Albertini, résolument comique, ne s'élève jamais plus haut que tous ces mondo qui fleurissaient à la fin des années 60, inoffensifs, absurdes, démodés avant l'heure. On se souviendra surtout de la très bonne partition musicale certes recyclée et de l'utilisation très amusante de l'extravagante chanson "Supersonic man" en guise de générique d'ouverture et de fin.
En 1985 Claudio Racca met en oeuvre Love duro e violento / Mondo de amor crudele / Love connu également sous le titre Tomboy 3, qui représente ce qui se fit de plus retournant dans la catégorie des Sex mondo. Particulièrement choquant et dérangeant, il tente en effet de montrer les pratiques sexuelles les plus déviantes et parfois cruelles à travers le monde.
C'est aussi au menu du sordide et macabre The shocks en provenance du Japon cette fois dont le réalisateur et l'année de création sont plutôt flous, film où d'un bout à l'autre plane l'ombre de la mort, film nauséeux quasiment hardcore qui montre bien que le Sex mondo venait d'atteindre ses limites d'audace.
Noi e l'amore... comportamento sessuale deviante / Mutant sexual behaviour dont le titre fort explicite résume le contenu vit le jour en 1986 sous la houlette du spécialiste du porno-trash Antonio D'Agostino. Un docteur gentiment assis à son bureau nous explique les permanentes mutations des anomalies sexuelles les plus déviantes. Il nous montre donc plusieurs types de relations sexuelles totalement inhabituelles entrecoupées d'interviews. On peut y voir notamment un transsexuel, une femme prenant son plaisir en regardant son domestique lécher des enveloppes, un homme payant une prostituée pour qu'elle lui urine dessus tout en riant de façon hystérique, un fétichiste du pied vole les chaussures d'une femme dans un parc publique, une jeune célibataire vêtue uniquement de ses sous vêtements regardant ses chevaux par la fenêtre ordonne à son chien de lui lécher le vagin, une femme surprend son mari dans le lit conjugal avec un autre homme... Le film se conclut comme d'accoutumée par l'inévitable opération de changement de sexe avec tout ce que cela comporte de détails cliniques, pénis tranché et autre vagin fabriqué.
D'Agostino récidivera avec Guida al educazione sessuale.
Beaucoup plus tardivement on trouve en 1994 un Sporco mondo sporca gente sous la houlette de Roberto Mauri et Mondo Boiazzo de Uncle Tolo.
L'AMERIQUE ET LE MONDO:
Si l'Italie fut un des berceaux du mondo, le genre allait s'étendre trés vite aux autres pays et c'est une multitude de films qui allèrent voir le jour dés le début des années 60 jusqu'au début des années 90, films reprenant tous les ingrédients du genre à savoir le sexe à travers le monde, ce qui commercialement parlant est un argument de poids, les rites et coutumes des differents pays dont l'Afrique et l'Asie en tête et plus ciblés, les drames et tragédies, la violence de notre monde et de l'espèce humaine en général vu à travers l'objectif du cameraman.
Les plus productifs seront bien sûr les USA mais également l'Allemagne et la France et plus moderemment les pays du Nord sans oublier l'Asie dont le Japon et l'Indonésie avec notamment pour ces derniers Guinea ama de Akira Ide en 1974 mais aussi la série des Guinea pig / Flower of flesh and blood que beaucoup pensèrent être snuff tant les effets spéciaux sont réussis affirme le réalisateur Mike Accomando notamment pour le N°2 où une jeune fille est capturée et torturée par un dément habillé en samourai avant d'être progressivement découpée vivante attachée sur un lit.
C'est donc à la production internationale qu'on va s'intéresser maintenant à commencer par la production américaine.
Bien avant Mondo cane, on trouve trace d'un mondo africain signé par Ray Phenix et Cedric Worth, Naked Africa. Réalisé en 1957, ce documentaire nous entraine sur le continent africain afin d'y découvrir danses rituelles de jeunes vierges, cérémonies sexuelles où le cannibalisme n'est pas exclu même si on reste dans un contexte trés soft.
En 1961, Ralph Potter revient sur le nazisme avec After mein kampf, semi-documentaire montrant la montée au pouvoir de Hitler et la mise en place de sa machine de guerre qui allait mener au Génocide. Nous y reviendrons un peu plus loin dans ce dossier.
Gregory Jonas Markopoulos accouche quant à lui d'un All around the world.
Réalisé en 1964 par le tandem Thor J. Brooks et David Chudnow, Kwaheri: vanishing Africa est le premier mondo africain a ne pas avoir été par des italiens. Il fait pour cela figure de précurseur. C'est également un des mondos africains les moins percutants, loin derrière ceux dirigés par les frères Castiglioni et ceux de Jacopetti et Prosperi, même s'il se veut beaucoup plus éthique dans l'aspect documentaire.
Lors de sa sortie les affiches publicitaires mettaient essentiellement en avant deux points afin d'attirer l'attention du public. Le premier, très sexuel, se focalisait sur une orgie entre pygmées et les pouvoirs surnaturels qu'exercent les sorciers guérisseurs sur les femmes, le deuxième quant à lui, beaucoup plus brutal, s'axait autour du sacrifice d'une vierge brûlée vivante lors d'un rite de fertilité. En fait, la quasi totalité du film traite des rites ancestraux de peuplades primitives, souvent barbares, mais il faut avouer que Kwaheri est loin d'égaler les futurs mondos italiens et ne va pas aussi loin que ces derniers dans l'horreur et l'abject. Il n'en a pas non plus ni la force ni la vitalité.
Le film tend à montrer les changements que l'Afrique a subi au fil du temps, le contraste entre l'Afrique d'hier et celle d'aujourd'hui mais combien sont restées importantes les anciennes traditions tant sociales que religieuses sur le continent noir. C'est du moins ce que le discours d'ouverture veut nous faire croire, un peu comme le faisait Africa addio de Jacopetti. Commence alors véritablement le film avec toute une série de séquences propre aux mondos à commencer par quelques massacres d'animaux bien réels dont la mise à mort et la mutilation d'éléphants et d'antilopes, de rhinocéros, d'hippopotames, de serpents... Si nous explique t-on ces tueries barbares sont vitales pour la survie des peuplades, d'autres sont le fruit de contrebandiers qui en ont fait leurs principales sources de revenus. Ces quelques scènes sont entrecoupées de plans de personnes atteintes de la lèpre, de bébés souffrant d'abcès buccaux, d'un enfant atteint d'un cancer qui forme sur son oeil une répugnante tumeur de la taille d'une orange.
Voilà un bel enchainement certes sordide mais assez bien vu pour plonger le spectateur au coeur d'une très belle expédition dans la jungle dont le but est de retrouver un véritable sorcier guérisseur qui officierait au coeur d'un village perdu. Si ces pratiques sont désormais interdites, elles ont pourtant encore cours chez certaines tribus. Et c'est un vrai miracle puisque l'expédition arrive juste au moment où il est supposé guérir sans aucune anesthésie une femme d'une tumeur au cerveau. C'est là une des scènes choc de Kwaheri qui pourra en révolter certains parmi les plus sensibles. Si apparemment la vieille femme ne souffre en fait que de simples maux de tête, cela n'empêche pas le sorcier de lui ouvrir le crâne à mains nues afin de mettre à jour le cerveau, lui extraire ce qui ressemble à un énorme boule de chair puis refermer la plaie à l'aide de feuilles de bananier, le tout filmé avec un nombre impressionnant de détails cliniques écoeurants. Fier de lui, le sorcier boit alors une bière et parade dans le village devant toute une file de patients.
Si cette séquence est une des plus spectaculaires, le clou du film reste cependant la seconde qui devrait certes en choquer plus d'un mais satisfaire tous les amateurs d'atrocités visuelles. L'équipe nous dirige dans un village de pygmées qui s'apprêtent à donner en sacrifice au Dieu Noir une vierge. Enveloppée de feuilles, la jeune fille est mise sur un bûcher pour y être brûlée vivante. Les pygmées, entièrement nus, sous l'emprise de narcotiques, commencent alors une étourdissante et frénétique danse tribale alors que d'autres allument le brasier. Le corps de la jeune fille est lentement réduit en cendres. Hypnotique, cette très longue séquence se transforme vite en une sorte de cauchemar oppressant. C'est sur cet incroyable rite que le film se terminera tandis que le narrateur, l'acteur Les Traymane, de sa voix solennelle dira adieu à cette vieille Afrique. Kwaheri old Africa!
Prétendre que la jeune fille a réellement été sacrifiée est bien difficile à dire ici. Jamais on ne voit vraiment le corps brûler puisqu'il est caché dans un cercueil de feuilles mais comme pour la plupart des mondos il est peu probable que ces images soient réelles. Il est fort plausible qu'une indigène ait été réellement choisie et recouverte de feuilles pour ce rite puis par la magie du montage et des images d'archives, on a interposé les images de la crémation d'un corps lors d'une cérémonie funéraire. Appuyé par les commentaires aussi didactiques que funestes du commentateur, l'effet est saisissant.
Ce type de supercherie est monnaie courante et on sourira face à un certain nombre de scènes totalement fabriquées pour le besoin du film notamment celle où une femme est supposée se retrouver face à un anaconda géant perché sur l'arbre qui se dresse face a sa caravane! Si la femme joue très mal la surprise puis la terreur, comment ne pas exploser de rire lorsqu'en moins de dix secondes une équipe de spécialistes arrive en courant pour capturer sans mal l'animal.
Si on excepte ses deux séquences choc, Kwaheri, outre le fait qu'il soit dans un sens le père du mondo africain à qui l'Italie donnera quelques années plus tard ses lettres de noblesse, est un mondo peu énergique et sans grande surprise mais qui dans un certain sens satisfera les amateurs du genre du moins en tant qu'apéritif. Sous ses airs de documentaire ethnique sérieux, Kwaheri: vanishing Africa n'est une fois de plus qu'un joli prétexte pour étaler sur fond de savane verdoyante toute une série d'images plus révoltantes les unes que les autres afin de combler ainsi la soif de voyeurisme et de perversion du spectateur.
Arnold Louis Miller tente quant à lui de découvrir les secrets d'un Londres méconnu avec Primitive London, un Londres rempli de hippies, de beatnicks, de mods, rockers et... d'élevage de poulets en batterie!!
En 1964 sort Naughty Dallas / The nasty cuties signé Larry Buchanan, petit film indépendant tourné en N/B tandis que Gene Fowler Jr infante d'un The rituals of love.
R. Lee Frost qui fut un des maitres du mondo US jusqu'en 1970 met en scène en 1966, Mondo bizarro et Mondo Freudo, tournés simultanément. Le premier nous fait pénétrer le monde secret des messes noires et du satanisme tandis que le deuxième s'intéresse aux rites vaudou, le tout entre New York et le Japon. Mondo freudo fit sa réputation sur la violence de ses images quant aux scènes de prostitution, d'esclavagisme humain et combats de boue. Mondo Bizarro à l'opposé s'intéresse plus à la beauté de ce monde, la beauté qui se mèle à la violence avec ses salons de massage flirtant avec l'esclavage et le neo nazisme.
Fred Wiseman s'attèle quant à lui à Titicut follies en 1967 tourné dans un hôpital psychiatrique où sont soignés des criminels. On assiste aux déambulations des malades, nus, que les gardiens interrogent ou parfois maltraitent comme ce patient qu'on force à manger en lui glissant la nourriture dans un tube planté dans son oesophage sous les brimades de son geolier, la scène étant entrecoupée d'images rapides montrant un cadavre qu'on prépare à la morgue. Le film eut assez d'impact alors pour que Wiseman soit condamné pour violation des droits des malades. Ceci n'empêcha pas Wiseman de réaliser en 1969 Hospital où cette fois il filme la souffrance des malades aux soins intensifs.
1967 est aussi l'explosion de la sexualité et vont naitre tout un tas de sex mondo dont le précurseur sera Helga de Erick F. Bender, documentaire réalisé sous les auspices du ministère de la santé allemand. Bender tente d'y informer la population sur le sexe, sorte de long cours d'education sexuelle et de biologie avec vision de foetus, le tout suivant une trame scénaristique représentée par cette fameuse Helga qu'on verra d'ailleurs accoucher en fin de film.
Ces années psychédeliques sont favorables à un nouveau style de Mondo, l'Acid mondo qui aime décrire l'univers hippie, un style fait pour plaire à un public plus jeune voire adolescent.
C'est Robert Carl Cohen qui ouvre le bal avec Mondo Hollywood qui sera suivi par Norman Herman avec son Mondo teeno auquel Richard Lester rajoutera quelques séquences, Peter Perry et son Mondo Mod, Pierre Roustaing avec Teenagers et Edgar Beatty avec The world of acid / The hippy revolt.
Tous furent tournés entre 1967 et 1968 et décrivent avec humour et légèreté l'univers beatnick et hippy, son mode de contestation, ses manifestations contre le Vietnam, les modes extravagantes et les peintures sur corps, ses surfers, ses bikers sans oublier un des points essentiels de ces années psychédéliques l'usage de drogues et d'acides, le tout rythmé par une bande sonore très rock qui souvent rapelle celui de Frank Zappa et des Mothers of invention.
On note deux mondo en 1968, celui de Frank Willard Mondo Daytona: How to swing on your spring vacation et You are what you eat de Barry Feinstein.
Mondo daytona est un mondo plutôt calme et gentil, une caméra cachée se balladant dans les lycées qui longent Daytona beach afin de nous y faire découvrir la vie estudiantine en pleine periode hippy. Il en va de même pour You are what you eat qui se veut être une vision de la vie hippy d'alors, ballade dans le monde des adolescents de ces années contestataires au son d'une musique très pop signée Tiny Tim and the electric flag. Le film fut sacré Pop film of the year.
Toujours cette même année le teen mondo nous offre We have come for yor daughter signé Francois Reichenbach. Enfin d'éviter un infâmant R-rating, la scène où une jeune mère s'occupe de son bébé un joint à la bouche fut censurée.
On citera aussi toujours dans le hippy mondo Revolution de Jack O'Connell qui tente de réveler que cet univers cache criminalité et maladies.
En 1969 on trouve trace d'un Zoophilia / Sex and animals de Harold Hoffman dont le titre parle de lui même. On y fait donc la découverte de pratiques contre-nature, Hoffman traitant ici de zoophilie et de sexe bestial.
Joel Mark Reeds s'intéresse quant à lui au sexe à travers la publicité dans Sex and advertisement.
En 1970 Orson Welles prête sa voix pour F for Fake comme il le fera en 1976 et 1981 pour deux mondos ayant pour thème la fin du monde The late great planet Earth et The man who saw tomorrow qui lui s'appuie sur les prédictions de Nostradamus.
Cette même année débarquent Sexual encounter group et Sex and astrology de Alex De Rezny, deux films dont les titres évocateurs parlent d'eux mêmes. Le réalisateur clame haut et fort que ces films était le produit de L'institut de l'éducation adulte!
De Rezny sous le pseudonyme de M.C Von Hellen nous fait ensuite découvrir les pratiques sexuelles danoises avec Sexual freedom in Denmark, ce pays ayant été le premier à abolir toute forme de censure. On y découvre donc la meilleure façon de pratiquer une fellation et toute autre forme de sexe oral, l'art des préliminaires et améliorer ses relations sexuelles.
Pat Rocco avec Sex and the single gay truffé de séquences d'hommes faisant l'amour avec d'autres hommes ainsi qu'une interview d'un transexuel prêt à subir l'ultime stade de la transformation, la fameuse opération déambulant en habits de femme, une paie de poker se terminant par une orgie. Rocco sortira toujours en 1970 Mondo Rocco, une compilation de petits films gays et d'interviews de travestis.
On mentionnera aussi Hippies' revolt de Edgar J. Beatty qui nous offre une fois de plus une voyage psychédélique au coeur des commnautés hippies, leur vie, leurs coutûmes...
En 1972, Laurence Merrick s'intéresse comme beaucoup au cas Charles Manson avec Manson dans lequel il retrace le parcours du tristement célèbre gourou.
L'explorateur américain Arthur Davis nous offre en 1975 Brutes and savages / Fureur sauvage dont l'affiche alléchante nous promettait d'assister en direct à la mort d'un pauvre homme dévoré vivant par un crocodile géant. De quoi faire saliver l'amateur du moins d'exciter son imagination car le résultat à l'écran est quelque peu différent. Si on peut classer Brutes and savages aux cotés de Kwaheri-vanishing Africa de Thor Brooks, ce mondo rythmé par une partition musicale disco-funk signé Riz Ortolani nous emmène essentiellement en Amérique du Sud afin de trouver la réponse à une question existentielle: Qui sont les bêtes et qui sont les sauvages? Le ton est ainsi donné et commence alors un voyage à travers la jungle et quelques villages indigènes ou bidon villes. Brutes and savages n'est jamais qu'un long travelogue additionné de séquences extrêmes prises le plus souvent dans des images d'archive.
La jungle on le sait est un éternel champ de combat où chacun doit survivre comme il le peut. Afin d'illustrer cette vérité, Davis filme donc avec aisance toute la cruauté animale. On a ainsi droit à un jaguar qui dévore un lapin, des serpents qui engloutissent goulument leurs proies quand ce ne sont les aigles qui mangent ces mêmes serpents. Mais l'homme est tout aussi cruel lorsqu'il massacre les animaux par nécessité ou à des fins rituels. C'est ainsi qu'on assiste à la mort horrible d'une tortue lors d'un sacrifice religieux. C'est une femme qui est ensuite vouée au terrible sacrifice du Dieu Soleil mais la malheureuse victime serra au dernier moment remplacée par un lama qui sera coupé en deux vivant, disséqué puis enterré. Afin de donner plus de crédibilité au rite, le narrateur, Richard Johnson dans la version originale, nous apprend que Davis a frôlé la mort pour avoir osé filmer la cérémonie. Ceci nous ramène au temps où Jacoppetti affirmait avoir mis en danger de mort l'équipe de Africa addio afin de filmer des images soi-disant interdites. Mais c'est là le dur travail de reporter de l'extrême!
La plus célèbre séquence est bien entendu celle de ce fameux crocodile fortement mis en avant par les slogans publicitaires de l'époque. La séquence rentre dans un contexte d'initiation rituelle. Un adolescent de 15 ans doit traverser une rivière infestée de crocodiles et nager jusqu'à l'autre rive sain et sauf. Dans le cas contraire, il sera renié et expulsé du village. Davis revêtu pour l'occasion d'une tenue safari installe donc ses caméras au bord de la rivière et attend. C'est alors que surgit le crocodile, la caméra s'agite, l'animal attaque l'enfant et sa tête se détache, prisonnière des crocs de l'animal. Il va sans dire que la scène est particulièrement risible, l'effroyable saurien n'est qu'un animal en plastique maladroitement manipulée qui tranche la tête d'un mannequin grotesque. Des images de véritables crocodiles sont insérées à la séquence sur lesquels la caméra s'attarde tandis que Davis ne cesse de répéter de manière solennelle "Ils sont très dangereux, ils sont très dangereux!" Tout au long du film, Davis fera d'ailleurs souvent référence à la cruauté de l'animal.
Davis fait ensuite un détour par les ghettos sud américains. Il y filme avec complaisance la pauvreté, la misère, ces enfants dont les parents espèrent que la caméra leur jettera un sort afin qu'ils meurent pour qu'ils aient ainsi moins de bouches à nourrir.
Nous plongeons ensuite dans l'univers de la cocaïne en Bolivie pour y découvrir comment se vend la drogue sur les marchés puis, une feuille de coca à la bouche, Davis nous fait découvrir certaines coutumes locales comme celle du viol des bergères par des villageois rivaux. Suivront des scènes de lapidation puis une trépanation sommaire.
C'est dans un musée érotique qu'on finira notre voyage de façon clandestine nous précise t-on. Davis nous invite en caméra (supposée) cachée à découvrir cette fois des représentations d'actes sexuels de toutes sortes, de statues phalliques en pleine fellation, masturbation ou sodomie, ce qui nous apprend le narrateur est une représentation de la torture ultime!! On terminera ce tour de l'extraordinaire par une étonnante scène de zoophilie entre un homme et un lama tentant à démontrer que l'animal a ses propres Dieux et ses propres droits!
Sexe, drogue et mort sont donc le leitmotiv de ce mondo dont on retiendra surtout les effarants slogans publicitaires qui misaient tout sur l'effet "mort réelle". Brutes and savages fera plus sourire qu'autre chose tant par son hypocrisie et ses simulations que les déambulations pathétiques de Davis dans cet univers soi-disant impitoyable. Davis reprendra une partie du métrage pour son documentaire suivant The art of killing axé sur cette fois sur la violence des arts martiaux.
En 1975 nous arrive Death: The ultimate mystery de Robert Emmeneger et Allan Sandler, monotone et ennuyeux mondo qui consiste à de longues conversations et spéculations dont l'acteur Cameron Mitchell est l'hôte. On voit donc le célèbre acteur au volant de voiture se poser moultes questions. Le film s'ouvre sur ce dernier se rememorant une vieille photo qu'avait prise son père montrant un soldat le crâne ouvert gisant au sol. Alors que la tête dont le cerveau pendouille mollement hors de sa cavité remplit de plus en plus l'écran, Mitchell se pose cette fameuse question: Qu'est ce que la mort? On le retrouve donc chez un psychologue afin de trouver les réponses à ses interrogations. Peu convaincu par les explications de ce dernier, il va voir un chirurgien puis un docteur, un gourou et ainsi de suite. Le plus intéressant moment du film demeure celui où il visite un cimetière où sont enterrés des momies, trés attentif aux explications du proprietaire qui lui révèle quelques horribles secrets que Mitchell ponctue pensivement d'un "Je vois" ou d'un "Très intéressant".
Death: the ultimate mystery est un monument d'hypcrisie puisque jamais Cameron Mitchell n'a participé au film même si son nom apparait au générique! Il s'agit de sa voix, son nom est crédité mais l'homme que l'on voit à l'écran n'est qu'un imposteur, les réalisateurs ayant trouver quelques subterfuges pour tromper l'oeil du spectateur: angle de prise de vue trompeur, ombres, contre-champ...
Romano Vanderbes nous fait faire un tour de l'Amérique sulfureuse avec This is America part 1 et 2 en 1976. Connu aussi sous le titre This crazy ridiculous american people, le film nous invite à un tour d'horizon de gens aussi ridicules qu'étranges mais nous fait découvrir aussi des go-go dancers, des salons de messages érotiques, des accidents sur un circuit automobile d'Indianapolis et des boutiques de sexe. Le succès de ce premier tome donnera donc naissance à un n°2 et même un n° 3 en 1981.
Alan Hayes signe I am not a freak / Je ne suis pas un monstre, une espèce de monstrueuse parade sur toutes les difformités physiques existantes, une sorte de visite de la foire aux monstres où l'on retrouve des images déjà vues dans d'autres documentaires du genre avec les fameux hommes-troncs entre autres exemples.
Doris Wishman s'intéresse à la transsexualité avec Let me die a woman en 1978. Un spécialiste de la transexualité, le Dr Leo Wollman, nous pose la question fatidique: Qui, pourquoi et comment? C'est donc à un voyage étonnant dans le monde de la transexualité que nous convie la réalisatrice, une des spécialistes de la sexploitation américaine, un voyage truffé de plans choc dont un jeune homme qui, faute de pouvoir payer son opération, se tranche lui même le pénis avec un marteau. Innombrables sont ici sont les séquences qui nous montrent et détaillent les parties génitales des participants, présentés comme des cobayes, et passés au crible par le Dr Wollman sous l'oeil voyeur de la caméra. Inévitable est bien entendu la séquence chirurgicale qui nous montre l'opération consistant à créer un vagin sur un homme. Les détails les plus infimes sont ici filmés et devraient donner la nausée aux plus sensibles. Il s'agit là d'une des toutes premières opérations de changement de sexe montrée dans le genre.
Plus qu'un film sur la transexualité, Let me die a woman est avant un pseudo documentaire totalement complaisant et voyeuriste souvent hilarant qui le plus souvent frise la pornographie lors de longues scènes d'ébats sexuels censés présenter la vie intime des opérés et les désagréments que subissent au quotidien les transgenres.
Ce fut là l'ultime film de Doris Wishman à qui on doit aussi Bad girls go to hell en 1966 et Deadly weapons en 1973.
En 1979 nous arrivent deux mondos non signés à ce jour, il s'agit de Options to love et Signal 30.
Charles Sellier et James Conway nous offrent Encounter with disaster qui regroupent une ribambelle d'images de catastrophes en tout genre: crash d'avions, seismes, tempêtes et tornades, des tours en feu du haut desquelles des victimes se jettent s'écrasant au sol, collisions maritimes... avec tout ce que cela comporte comme cris et pleurs. Le film se veut optimiste puisqu'il se terminera sur un crash d'avion dont tous les passagers sortiront pour une fois indemnes avant le mot Fin.
En 1985 David Adnopaz nous offre un Mondo sexualis parsemé d'interviews du directeur du magazine X Screw et de l'ex-actrice de films porno Gloria Leonard. C'est ici un voyage dans les clubs SM, le tatouage et piercing intime, le travestisme, l'épilation des parties intimes et l'univers des pin-ups avant l'indispensable opération de changement de sexe auquel on a droit entre deux interviews plutôt monotones.
On terminera par un des piliers du genre que nous avons donc gardé pour la fin: le fameux Faces of death / Face à la mort de Conan Le Cilaire. Présenté par le Dr Frances B. Gross, Face à la mort n'est jamais rien d'autre que du pur cinéma d'exploitation visant le sensationnel à des fins mercantiles. On est ici face à une compilation de scènes d'autopsie, de victimes d'accidents d'avion et autres atrocités de notre monde le tout combiné à des séquences construites de toutes pièces mais présentées comme bien réelles telles que cette execution d'un condamné à mort sur la chaise electrique, ces rites cannibales et autres evenements bien peu convaincants noyés dans une ridicule musique et soutenu par des commentaires tout aussi grotesques qui font du film un total fiasco alors qu'il se voulait provoquant et atroce.
Le film s'ouvre sur ce fameux Dr Gross enlevant ses gants chirurgicaux. Il nous est présenté comme un spécialiste en pathologie mais il a plus l'air d'un savant particulièrement pathétique. Son travail ici consiste à nous faire faire un tour du monde afin d'étudier la mort sous ses formes les plus variées. On descend ainsi dans les catacombes de Guanajuato, assiste à la décapitation d'un poulet qui continue de courir, visite les abattoirs où sont saignés des animaux suspendus à des crochets, la decervelation d'un singe vivant... tout cela afin de montrer le coté carnivore de l'homme. On continue avec quelques assassinats, un père ayant tranché la gorge de toute sa famille avant la visite d'une morgue où on nous présente des tas de cadavres, du brulé au suicidé jusqu'à leur autopsie avec moultes détails chirurgicaux mais bien hypocritement les producteurs jugèrent que la vision des parties génitales étaient ici indécentes et interdirent de les filmer. On poursuit avec la séquence la plus célèbre et qui en son temps fit la réputation du film, celle du condamné à mort par electrocution. Viennent ensuite la décapitation d'un homme à l'épée lors de rites sataniques d'une secte que le leader eventrera, la defenestration d'une femme jusqu'à la traditionnelle scène du touriste dévoré vivant sous les yeux de sa famille, ici par un grizzly. Faces of death pousse le vice jusqu'au bout puisqu'il se concluera par la naissance d'un bébé, naissance toute aussi fabriquée puisque tournée en studio.
Monument d'artifice et d'hypocrisie, le film fit en son temps couler beaucoup d'encre mais, décortiqué, ce n'est qu'un assemblage honteux de scènes réalisées en studio et tournées par des acteurs y compris le fameux Dr Gross joué par Michael Carr auxquelles s'ajoutent de rares images d'archives bien réelles cette fois.
Fort de son succès en video à travers le monde, une suite fut tournée en 1982 toujours sous la houlette de Conan Le Cilaire et toujours avec ce bon Dr Gross qui, constatant que ces théories ne sont plus valides, nous invite à un nouvel examen de la mort et ses différentes formes. Le petite différence d'avec le premier volet est que la séquence d'ouverture est cette fois composée d'images réelles si on excepte la prise d'otages tournée en studio.
Pour le reste, on a cette fois droit à des expériences sur des animaux et une sanglante chasse aux baleines, l'autopsie d'une victime du cancer, un boxer mourant sur le ring, des guillotinés, un coup d'état qui verra des centaines de fusillés au Liberia filmés au ralenti.
Faces of death 2 s'avère être le plus intéressant de la série puisqu'il ne fait pas appel à de fausses images, la plupart étant cette fois réelles. Les commentaires hypocrites de Gross sont quant à eux bien là même si on a recours ici à un certain politiquement correct notamment lors des commentaires sur les atrocités du Vietnam, ceci afin de ne pas choquer le public américain.
Le Cilaire mit en chantier un Faces of death 3 en 1985 qui cette s'ouvre sur la vision de victimes coincées dans un accident de voiture. Malheureusement, ce troisième volet s'avère presque entièrement factice, la plupart des scènes étant fabriquées en studio. Une victime d'un psycho-killer que ses amis pleurent bien maladroitement tant ils sont mauvais acteurs, des restes humains sont découverts au milieu d'ordures...
Face à la mort 3 est une sorte de vision du crime ou plutôt une bien piteuse reconstruction. Suivent la pendaison d'un suspect au Salvador, un poseur de bombes et la terrible explosion d'un immeuble, un homme se jette du haut d'un immeuble juste aprés bien sûr que l'équipe qui le filme soit venue le rejoindre alors qu'un beau mannequin tombe dans le vide. Le Cilaire pousse le vice à obliger un enfant à regarder le cadavre avant de demander à un passant le bruit que fait un cadavre s'écrasant ainsi. On terminera ce troisième volet par un chien dévorant un voleur, scéne filmée par une caméra de surveillance, notre bon Dr Gross pensant que ce chien est une intervention divine voire Dieu lui même. Faces of death 3 cotoie le thème des snuff films avec le procés de Mike Lorenzo qui aurait filmé sur bandes la mort d'une femme qu'il torturait.
En 1989 sortira une sorte de Best of intitulé Worst of faces of death qui regroupe les meilleures séquences du 1 et 3.
Le Cilaire récidive quelques années plus tard avec Faces of death 4 et 5. L'opus 4 tourné en 1990 débute par une crémation trés graphique mais c'est cette fois le Dr Louis Flellis qui prend la relève du Dr Gross dont il nous annonce la mort, Gross étant devenu fou suite au tournage des trois premiers films!
Beaucoup plus inquiètant que son prédecesseur, Flellis nous convie à un voyage au bout de la folie, celle qui conduit à la mort. C'est ainsi qu'on a droit à une infirmière torturée et tuée par un malade mental, reconstitution faite en studio bien sûr. Suivent des séquences réelles de suicides, de crash d'avion, d'electrocutés... jusqu'à la plus atroce, celle d'un terroriste dont la bombe cachée dans son pantalon explose, le pauvre homme hurlant dans la rue quasiment coupé en deux alors que les badauds le regardent mourir.
A ceci s'ajoutent moultes passages totalement fake et surtout ridicules tels que cet accident de voiture dont la victime est amputée d'une jambe, un étudiant pris dans les pales d'un bateau, un saut à l'élastique raté, l'écartelement d'un prisonnier en Europe de l'Est ainsi que des massacres d'animaux. Comme pour le 3, le thème du snuff movie est abordé par le biais de bandes montrant des mutilations et meurtres rituels saisies par la police.
Faces of death 5 fut réalisé par l'allemand Uwe Schier qui repris les droits de la série en 1990. Ce N°5 est uniquement disponible en Allemagne et ne diffère guère de ses prédécesseurs. Le film s'ouvre sur un message anti drogue tandis que les images nous montrent de l'heroine découvert dans le corps d'une femme et même celui d'un bébé. Hormis cela, on a droit à des images déjà vues ailleurs telles que l'assassinat de Kennedy, l'exhumation de cadavres à Mexico, la mort d'un caissier dans un supermarché, des troubles en Irlande et en Afrique du Sud qui mènent au meurtre, des catastrophes aériennes, la guerre des gangs à New York, des enfants défigurés au napalm, des gens prisonniers des flammes s'élançant dans le vide... Toutes ces images étant cette fois réelles.
Uwe Schier mit en route un Faces of death 6 en 1991 qui s'ouvre sur des scènes d'émeutes. Schier tente de nous montrer que la violence des émeutes à travers les années est devenue de plus en plus incontrolable. Hormis cela Faces of death 6 reprend beaucoup des scènes de Days of fury de Warshofsky.
Il est à signaler aussi pour l'amateur de video que le Faces of death 3 sorti en VHS en France n'est pas le véritable Faces of death 3. Il s'agit en fait du film Inhumanities 2: modern atrocities.
Il en va de même pour le Faces of death 2 sorti sous nos cieux qui en réalité n'est autre qu'une compilation d'images des N°2 et 3 des versions américaines. Comme quoi malheureusement les recettes de cuisine en France sont légions!
LE MONDO AMERICAIN DANS LES ANNEES 80:
Les années 80 seront un peu moins riches par rapport à l'explosion du genre dans la décade précédente.
En 1981, Harry Rasky signe Being different qui nous offre un panel d'handicaps physiques spectaculaires tant chez l'homme que chez la femme tandis que Sheldon Renan réalise l'impressionnant The killing of America dont un carton nous indique l'authenticité de chaque séquence. Spécialement réalisé pour le marché japonais, ce film se veut une analyse de la criminalité aux USA dû au port d'arme légitime. On y découvre l'escapade meurtrière de Wayne Henley qui déjà à 15 ans fut accusé d'avoir tué ses compagnons de jeu dans la maison d'un ami à son père. On y voit également un suspect abattu par la police en pleine rue, cette même police qui abat de sang froid des contestataires, des émeutes meurtrières où s'entassent les corps des victimes, un vietnamien abattu froidement d'une balle dans la tête par le général Loan, la caméra s'attardant sur l'agonie du malheureux.
Suivent la mort d'un caissier lors d'un hold-up filmé par la video surveillance, la bande-son s'attarde sur ses pleurs et ses cris au son d'une joyeuse musique. On a également droit au massacre de seize personnes par Charles Whitman, une interview d'un serial killer, les sermons de Jim Jones encourageant ses fidèles à tuer leurs enfants. Le film se terminera par le meurtre de John Lennon.
En 1982 nous arrive le tout particulièrement sordide Despair, une des oeuvres culte du milieu underground, une video uniquement disponible alors via commande internet. Sur une bande son du groupe SPK composée de bruits électroniques, de sons étranges, de guitares hurlantes distordues et d'effets vocaux, on assiste à 60 minutes d'images stupéfiantes où se mélangent au hasard autopsies et scènes de sex-shop. C'est alors un voyage au bout de l'innommable auquel on assiste avec notamment l'enucleation et la mutilation d'un chat mort, des intestins sortis d'un cadavre entrecoupés par des images live d'un show de SPK où le chanteur caché derrière un masque de bondage et bardé de croix gammées mange la cervelle putréfiée d'un cheval. Suivent des images d'atrocités nazies, d'opérations du cerveau, de foetus déformés jusqu'à la scène finale dépassant l'imagination: dans une morgue, un homme détache la tête d'un cadavre et pratique une fellation sur un autre cadavre. Il enfile le pénis dans la bouche de cette tête que deux mains de squelette manipulent maladroitement. La tête est ensuite remise à sa place. Venus d'Australie, SPK fut un des tout premiers groupes de musique dite industrielle, les membres dit la rumeur seraient d'anciens patients d'hôpitaux psychiatriques. Les vingt minutes d'images d'autopsie que contient Despair proviennent d'archives professionnelles d'un pathologiste montrant les travaux dits post-mortem. Il existe deux versions du film, la véritable version contenant la musique de SPK et une version plus cheap arrangée d'effets spéciaux mais surtout sans musique aucune afin que le spectateur puisse y mettre la musique de son choix. Despair ou le mondo à la carte!
Dans le même style, il existe Live and confused de l'artiste japonais Hijohkaidan contenant encore plus d'images insensées d'autopsies.
On ne reviendra donc pas sur la série des Faces of death dont on a parlé plus haut.
En 1985, Charles Gatewood nous offre Bizarre rituals: dances sacred and profane, une vision de l'art corporel vu par le célèbre photographe.
Rate it X de Lucy Winer tente de donner la vision de l'Homme sur la place que tient la Femme dans la publicité d'aujourd'hui.
Frank Heiman survole de façon très sérieuse les bizarreries des religions dans son The occult experience tandis que Claudio Racca tente de refaire, le spectaculaire en moins, Libidomania avec son Love.
On trouve aussi trace d'un Story of a junkie / Gringo de Lech Kowalski.
Gary Cohen débarque quant à lui avec Video violence: when renting is not enough.
En 1986, le terme mondo revient quelque peu sur le devant de la scène avec notamment Mondo cane oggi: l'orrore continua de Max Steel. Steel remet donc le terme Mondo à la mode avec ce nouvel opus de la série ouverte par Jacopetti presque vingt ans auparavant.
Le film s'ouvre sur le corps d'un enfant gisant au bord d'une route dans la plus totale indifférence des passants. Si les crédits rendent hommage à Jacopetti et Prosperi par le biais d'images montrant un combat de chiens, ce troisième volet nous offre des colonies de nudistes, de trafiquants de drogues cachant de l'héroine à l'intérieur de cadavres jusqu'à l'inévitable séquence de changement de sexe qui se cloture par la mise à la poubelle du pénis tranché. Mondo cane 3 laisse également supposer que l'homosexualité est une maladie qu'on peut guérir en montrant des images de femmes auxquelles on envoit un électro-choc dans les parties génitales. Orange mécanique n'est pas loin.
En 1988, Gabriele Crisanti réalise le quatrième volet de la saga de l'horreur Mondo cane 2000 / Mondo cane 4 / L'incredibile. Cette fois le film tente de différencier les cultures primitives et la vie sauvage de lointaines îles exotiques et notre monde d'aujourd'hui, ces images paradisiaques nous dit le narrateur n'étant plus qu'un lointain souvenir. Nous voilà donc revenu à notre société actuelle avec ses attaques de fourgon de police au marteau ou cette gay pride se terminant par la mort d'un des participants. Pour l'aspect scientifique, à la guérison de l'homosexualité du troisième volet se substitue celle de la frigidité et le changement de sexe est remplacé cette fois par la transplantation d'hormones. La fameuse castration humaine est quant à elle remplacée par celle d'un singe qui hurle à la mort. Ses testicules sont gréffées par la suite sur un homme. On y retrouve également les séquences de drogues découvertes à l'intérieur de cadavres.
Chris Gore, directeur du magazine Film threat, fut responsable de Cathode fuck et TV sphincter en 1986 et 1987, deux titres qui comme Face à la mort joue le sensationnel sans menagement aucun. Exit les commentaires hypocrites et solennels, les deux films au titre plus qu'explicite sont des compilations d'images crues et sans appel, s'enchainant avec rapidité et brutalité dont on retiendra des apparitions choc des groupes The Clash et P.I.L à la télévision, des entrainements de forcenés d'une équipe de McDo et surtout un suicide en direct. Les deux films sont assez représentatifs d'un certain marché video alors en pleine expansion.
On retrouve Frederik Wiseman en 1989 avec son Near death.
On notera également Highways of agony consacré aux accidents de la route dont l'année de réalisation reste inconnue.
On mentionnera également quelques autres titres qui jouent plus la carte de l'humour ou du pastiche avec notamment Mondo Lugosi de Thomas Cordoy en 1984, Mondo Elvis de Rhino's Video en 1987, Mondo cunt connu aussi sous le titre Mondo Texas de Jim Conrad en 1991 qui est en fait une compilation de séquences prises dans des pornos hardcore ou encore Mondo New York de Harvey Keith en 1988 et sa vision burlesque de la ville de nos jours ainsi que Mondo Beyondo en 1988 ou une sorte de compilations des moments les plus fous d'émissions télévisées dont Bette Midler est l'invitée, une sorte de Bêtisier dirons nous.
La fin des années 80 verra surtout beaucoup de films sortirent en video qui ne sont en fait que des compilations de films existants, donnant ainsi le choix à l'amateur même si beaucoup de publicités les presentaient sous des slogans peu commerciaux tels que: Ne dépensez votre argent pour ca, le réalisateur n'a pas gâché le sien en faisant cette compilation. On citera entre autres exemples aux titres alléchants Inhumanities 1 et Inhumanities 2: modern atrocities en 1989 qui sont une compilation d'images de films déjà existant mais qu'on a fait passer pour un produit neuf, Faces of torture produit par les responsables de Faces of death 4 toujours en 1989, Killing people alive en 1987, New nightmares, Traces of death 1 et 2 / Brain damage en 1993-94 ou Assault video sur lesquels on reviendra plus bas, tous ces films compilant des séquences prises au détour de mondo existant en y rajoutant quelques tragiques séquences chocs et autres vieilles images télévisées.
On s'arrêtera un instant sur True Gore de M. Dixon Causey qu'il réalisa en 1987. L'ouverture nous mettait en garde: Ce film est particulièrement dérangeant et pas du tout fait pour les enfants. Ce qui vous allez voir est probalement ce que vous aurez vu de plus dérangeant et choquant de votre vie. Vous ne regarderez plus la vie de la même façon par la suite!
Film indépendant tourné pour la vidéo, le subversif True gore dont le narrateur est volontairement filmé à contre jour est divisé en quatre segments.
Le premier s'intitule The world of the dead, voyage au coeur de l'horreur visuelle de la mort. On a ainsi droit à une femme putrefiée trouvée dans un tunnel, le visage sans peau, des rats infiltrés à l'intérieur de son corps déchiqueté, une femme morte chez elle et dévorée par ses animaux domestiques, visions de cadavres dans les morgues, de visages défigurés lors de suicides ratés...
La seconde partie s'intitule The eroticism of decay. On assiste cette fois aux tortures d'hommes fouettés, scarifiés et recouverts de sang lors de rites plus ou moins religieux à l'intérieur d'une secte, à d'inimaginables expérimentations sur des animaux d'une cruauté indescriptible puis aux tortures cette fois fake dit on d'un homme suspendu nu par les pieds et battu à mort avant d'avoir la tête immergée dans un tonneau d'eau dans lequel nage un serpent venimeux.
Art and death est le troisième chapitre. Cette fois on a droit à la vision depénis tuméfiés et ensanglantés dans lesquels on enfile des tiges, une femme jouant avec ses lèvres vaginales et de répugnants mille-pattes, une nécrophile avoue son fantasme de couper le sexe d'un homme, de se l'enfoncer dans le vagin et de l'y laisser se putréfier. Le segment s'achève sur les horreurs du Sida.
Le dernier segment s'appelle The scientist age et s'ouvre sur le dogme nazi et les expérimentations faites dans les camps de la mort. On assiste aussi à des executions de SS avant de plonger dans les horreurs de Nagasaki et Hiroshima avec leur lot d'images d'hommes, de femmes, d'enfants défigurés, sans yeux, sans bouches, sans lèvres, sans nez. Le film se conclut par une visite dans un cimetierre baigné de soleil. Comme quoi aprés l'horreur, la mort est un doux repos!
Dans les années 90, le mondo devint un genre moribond et peu de producteurs s'aventurèrent encore à compiler des films afin de sortir un nouveau produit dit neuf. Seuls quelques rares exemples de mondos ou plutôt shockdocumentaries tels qu'on les nomment désormais virent réellement le jour en tentant de montrer de nouvelles images. Ce sont Executions de David Harman, Arum Kumar et David Monagham en 1995 dont nous parlerons un peu plus loin, Death scenes de Nick Bougas en 1989 qui donnera deux autres suites, Death scenes 2 et 3 et Traces of death aka Brain damage en 1993 qui lui donnera lieu à un deuxième volet en 1994.
Death scenes signé Nick Bougas est une sorte de catalogue d'images récupérées par un policier de Los Angeles Chaque photo est commentée par Anton Szandor Lavey d'une façon qui rapelle celle du Dr Gross de Faces of death, le tout bercé par les sons d'orgue de la fameuse Danse macabre de Saint-Saens. Le tout est assez monotone, seul le coté austère et parfois particulièrement choc de certaines photos donne un certain relief sordide à l'ensemble. Toutes les formes de mort y sont visitées. Accident, suicide, carnage, meurtre, corps déchirés, brulés, carbonisés, démembrés... se succèdent donc. Death scenes n'est plus ni moins qu'un catalogue d'atrocités bien réelles dont le seul interet est les photos en elles mêmes, voyage au coeur des archives de la police.
Bougas offrira un Death scenes 2 en 1992 sous une forme plus traditionnelle cette fois. Le film est composé d'images d'archives et de faits réels, voyage sur les traces de la mort d'hier à aujourd'hui. Images de la seconde guerre mondiale, la prohibition dans les années 30, les trafiquants de drogues, réglements de comptes entre gangs, la guerre de Corée, l'assassinat de Kennedy, la guerre du Vietnam, la violence sur les stades de foot, une femme avortant par ses propres moyens, des gens sautant dans le vide d'un building en feu..
Les deux points les plus importants du film et qui en font son intérêt c'est tout d'abord la présence de photos d'époque des corps de Sharon Tate et LaBianca et leur certificat de décès.
Mais c'est surtout des images de la mort de l'acteur Vic Morrow et de deux enfants sur le tournage de La quatrième dimension de Spielberg lorsqu'un hélicoptère décapita l'acteur. Plusieurs angles de prises sont montrés ici, la mort du trio ayant été ainsi parfaitement filmée.
Un Death scene 3 sortira toujours en video et Bougas sera également responsable d'une série de films regroupés sous le titre collectif de Murderers, mobsters and madmen et destinés à la télévision.
Traces of death / Brain damage tourné pour la video en 1992 nous annonce dés l'ouverture l'authenticité de tout ce qu'il contient. Il s'agit en fait d'images d'archives de la police et d'hôpitaux ainsi que d'images télé dont bien souvent le logo a été masqué afin d'éviter toute identification des sources. Le film s'ouvre sur le meurtre de Maritza Marti tuée par son ex-mari. Suivent des images d'expérimentations animales déjà vues dans True gore, un changement de sexe, une femme récupérant les peaux des déportés pour en faire des objets de décoration et des vêtements tout comme celle des tatoués ou encore la préparation mortuaire de corps.
Traces of death 2 réalisé deux ans plus tard reprend le même schéma et emprunte quelques scènes de mondos italiens comme la castration de Addio ultimo uomo ou le meurtre du travesti dans Savage zone. On a droit sinon à une mongolfière explosant en plein air éjectant ses occupants au sol, des autopsies, un requin dévorant la jambe d'un pauvre baigneur... l'ensemble est accompagné de Death metal avec des groupes tels que Unleashed ou Morgoth.
C'est aujourd'hui à une nouvelle ère qu'on assiste, une ère qui a su supplanter le mondo et autres shockdocs, une lignée logique dans un sens, l'ère de la télévision et ses images quotidiennes d'horreur de toutes sortes dont les chaines se font la specialité ainsi que la télé réalité sous toutes ses formes.
LE MONDO EUROPEEN:
L'ANGLETERRE: Même si ce ne fut pas le pays le plus prolifique, le royaume Uni nous offrit quelques mondos tels que The primitive London de Andrew Lee Miller en 1965 et en 1967 The London nobody knows de Norman Cohen dont le narrateur en est le grand acteur James Mason, une face cachée de la célèbre ville pour le premier et un voyage dans un Londres surprenant et ses catacombes pour le second.
En pleine explosion et révolution sexuelle au même titre que l'Amérique, la Perfide Albion va nous offrir ses sex-mondo aux titres évocateurs: Love in our time en 1968, The wife swappers, Anatomy of love et Love variations en 1969.
Mais l'Angleterre reste fameuse pour son shockdocumentary Executions signé par le trio David Herman, Arun Kumar et David Monaghan en 1995. Nous avons là un exposé maladif sur la peine de mort et les executions publiques ayant eu lieu à travers le monde et continuant à avoir lieu de nos jours. Nous avons ainsi droit à des décapitations au sabre en pleine rue de révolutionnaires, de prisonniers de guerre et autres mercenaires fusillés, des lapidations, pendaisons, electrocutions, injections de produit mortel, massacres dont celui d'un village dont il ne reste qu'un charnier, les victimes toutes méconnaissables... Les camps de la mort ne sont pas oubliés et on a ici notre lot d'images de déportés et de souffrances endurées, les expériences pratiquées alors sur les déportés.
Executions est également un inventaire morbide de toutes les manières dont on peut donner la mort. Le film est d'ailleurs segmenté selon ces différentes façons, chaque chapitre commencant par cette image obsédante de la tête d'un coq qui mettra le specateur plutôt mal à l'aise accompagné des battements sourds d'un coeur.
Le clou du film sera sa séquence finale, l'exécution à Beyrouth de Mohammadine Salar. Le jeune homme, les yeux bandés, une pancarte autour du cou, est allongé sur la terre, livide, la foule se tassant autour de lui, les cameramen tentant de prendre le meilleur angle de prise de vue. Le jeune homme attend étrangement calme la première balle. Un premier homme lui tire une balle dans l'estomac, un second lui en tire deux autres. Le corps tressaute sur le sol. Un cameraman filme l'agonie alors qu'une quatrième balle atteint la partie droite du visage de Mohammadine. La caméra filme alors la moitié du visage s'envoler, emporté par la déflagration. Le jeune homme vit encore, il n'a plus qu'une moitié de visage. La pancarte qu'il portait autout du cou cache alors l'horreur de cette vision de cauchemar. Le corps est ainsi laissé à terre, tentant de trouver une dernière bouffée d'air avant que la mort ne l'emporte.
LA FRANCE: George Franju realisa en 1959 Le sang des bêtes, une sordide visite dans les abattoirs de Paris. Froid, implacable, il n'hésite pas à montrer dans ce film documentaire les animaux mourant dans leur sang, leurs excrements et leur vomissures, créant une atmosphère presque surréaliste, hypnotique que la caméra ne cesse de capturer comme fascinée tant et si bien que le film en devient une sorte de poème macabre.
En 1965 Edouard Logereau nous montre dans Secret Paris, le monde des messes noires, des massacres d'animaux, du traffic de corps pour l'expérimentation médicale et l'univers des monstres de cirque.
En 1967, Daniel Lesoeur nous invite dans un Montmartre interdit pour une visite guidée assez surprenante de ce célèbre quartier de Paris avec Montmartre, documentaire distribué par Eurociné et classé X.
De son coté Pierre Chevallier concocte Paris inconnu toujours distribué par Eurociné. On notera que ces deux réalisateurs se tourneront par la suite vers le cinéma érotique et X, deux des indefectables metteurs en scène de la firme Eurociné.
En 1969, Jean Claude Roy réalise Les dossiers secrets de la prostitution, sorte de documentaire où sont interrogés des policiers, des prostituées et de simples travailleurs sur le plus vieux métier du monde. Le film est divisé en plusieurs segments: la prostitution adolescente, la réhabilitation et la traite des blanches. Si les deux premiers segments sont fabriqués de toutes pièces et comprennent de fausses interviews et des témoignages souvent grotesques et risibles, la section concernant la traite des blanches semble quant à elle bien réelle. A partir d'une fausse annonce mise dans un journal pour le recrutement d'actrices X, des femmes sont interrogées dans un bureau et filmées en caméra cachée. On constate vite qu'aucune d'entre elles ne semblent timides ou soupçonneuses et toutes sont prêtes à partir à l'étranger pour ce "travail", osant même se déshabiller de leur propre chef devant leur interlocuteur.
Le célèbre réalisateur Louis Malle signe la même année un documentaire intitulé L'Inde fantôme.
En 1971 Michel Szuber réalise Laissez vivre et Pierre Chevallier revient au genre avec Pigalle carrefour des illusions, un tour du monde de la prostitution et des nuits chaudes de Pigalle, plutot drôle et totalement désuet rempli de clichés ridicules qui rapelle Les dossiers secrets de la prostitution et annonce les futurs documentaires de ce genre du début des années 80, fake et grotesques.
En 1975, Chantal Barnier et Jerome Sourdy sortent Histoire d'A. A comme amour certes mais aussi comme Anal par exemple. Le film traite de le sexualité interdite et des pratiques tabous, hétérosexuelles ou homosexuelles, sans prendre de gants et fut de ce fait interdit de sortie en France pour outrage aux bonnes moeurs et apologie de pratiques interdites par le droit pénal.
Jack Taylou réalise de son coté Paris porno ou une visite des hauts lieux de débauche de la capitale, clubs, prostitution, cinéma porno... alors que J. Eric Szhubor nous donne des leçons de vaudou et de magie noire dans Vaudou et Jean François Davy nous fait fait un tour dans le monde de la prostitution avec Prostitution et ses fausses filles de joie qui se mèlent aux vraies pour ce pseudo-documentaire où s'entremèlent interviews, reflexions sur le sujet et images filmées du plus vieux travail du monde.
Michel Ricaud, grand spécialiste du sexploitation à la française et déjà auteur d'un pseudo reportage sur le viol intitulé simplement Viol durant lequel de faux psychiatres et médecins dissertent sur de véritables cas d'agressions sexuelles filmés par des caméras de surveillance secoua le monde de la vidéo avec Et il voulut être une femme qui jadis en traumatisa plus d'un.
Et il voulut être une femme qui connut une sortie en salles dans les circuits pornographiques en 1978 suit en fait le parcours d'un transsexuel brésilien, Elisa, déterminé à franchir l'ultime étape, celle de l'opération finale dont les détails chirurgicaux ne nous sont pas épargnés. Ce pseudo reportage se veut également une vision du microcosme de Pigalle et rassemble les plus gros clichés du genre et un tas d'interviews de personnages caricaturaux qui va du travesti de théâtre qui parle mode et chiffon au patron rougeaud d'un bar glauque en passant par le badaud outré ou de pauvres prostituées aussi désabusées que vulgaires. Le point commun de toutes ces interviews est la tonne d'inepties que tous ces personnages pathétiques débitent à la minute lorsqu'ils parlent de sexe. On ne peut s'empêcher quelques éclats de rire devant tant de bêtise, le ridicule du survol de ce Pigalle de pacotille bien peu représentatif et surtout loin de la réalité.
Ricaud interrompt ces savoureux moments en filmant la vie d'Elisa, centre du film ne l'oublions pas, notamment dans les cabarets où elle danse lors d'ennuyeuses séquences qui malheureusement s'éternisent jusqu'à la fameuse opération tant attendue, véritable clou du film qui lui apporta sa sulfureuse réputation d'autant plus qu'à cette époque ce type de cinéma choc en était à ses balbutiements dans le monde alors en plein essor de la vidéo. Remis dans ce contexte on peut aujourd'hui comprendre combien cela fut traumatisant pour tout un public bien peu habitué à de telles images. L'opération, montrée sous son angle le plus chirurgical, n'est pourtant pas la partie du film la plus longue puisque celle ci ne doit guère excéder deux minutes et s'attarde surtout sur l'implantation des prothèses mammaires et la création du vagin particulièrement clinique.
Toute la dernière partie du film s'intéresse de nouveau à Elisa désormais femme devenue actrice porno. On suit donc Elisa dans sa vie au quotidien, danseuse nue à ses heures, apparemment heureuse mais on nous informe aussi de la rivalité et la jalousie qui sévissent dans ces milieux et dont fut par conséquent victime la jeune femme. Un petit mot nous apprendra qu'elle fut assassinée par une rivale, un travesti jaloux. Bien peu intéressante, toute cette partie permet au réalisateur de s'infiltrer dans les milieux de la nuit par le biais des bars, cabarets et autres discothèques où se retrouvent toute une faune bien particulière décrite à grands renforts de clichés déjà à l'époque bien éculés.
Plus douteux est le discours que véhicule le film. Travestis et homosexuels y sont tous présentés comme des malades mal dans leur peau voués au suicide qui obligatoirement deviendront un jour transsexuels tandis que les hommes qui vont ou couchent avec des travestis sont quant à eux des impuissants. Cette très profonde et avant tout grotesque vision des choses se conclut par un constat sidérant de la part de Ricaud: Si la bonne société est forcément choquée par de telles pratiques contre nature, le français moyen, le prolétaire quant à lui, autrement dit tout un pan du public qui visionne le film, est trop idiot pour comprendre ce genre de chose. Il n'en pense donc rien! Arrivé à un tel degré d'aberration, Et il voulut être une femme ne parvient même plus à faire rire, il se transforme en un spectacle surtout pathétique et scandaleux à se demander ce que Ricaud a réellement voulu prouver! Certes le film tente de faire la peinture de la vie parisienne dans les années 70 tant du coté bourgeois que du coté prolétaire. Il se voudrait le reflet d'un certain mode de pensée alors dans l'air. Mais ainsi présenté, de façon aussi pernicieuse et douteuse, c'est certainement là que se situe l'aspect le plus repoussant du film.
S'il paraîtra aujourd'hui bien démodé mais fera toujours autant sourire par son débit d'âneries entre deux grimaces lors des séances chirurgicales, ne subsiste du film que cette vision populaire et nostalgique d'un Paris au coeur des années 70 encore bien peu ouvert à une certaine liberté ou émancipation sexuelle.
Toujours dans le même style et réalisé par José Bénézaraf on a droit en 1985 à un tour d'horizon des nuits chaudes de Saint Tropez dans son ridicule Saint Trop' interdit.
En 1986 Chantal Lasbats accouche des Interdits du monde dont l'originalité provient de ce que ce soit une femme qui narre le film, une première dans l'univers du mondo. Hormis cela, rien de bien neuf dans ce tour du monde de l'horreur et du spectaculaire. On y retrouve des cérémonies vaudous au Brésil, des crucifixions de jeune pénitents, des femmes fumant des cigarettes par leur vagin ainsi qu'une séquence de nécrophilie lorsqu'un couple fait l'amour dans une morgue près d'un cadavre tout frais. Le tout est bercé d'une jolie musique des plus plaisantes.
On citera aussi en 1987 le court metrage de Stan Borkowski Le poème dans lequel le réalisateur tente de mettre en image l'émotion poétique que dégage la dissection d'un corps humain dans une morgue le tout sur un poème de Rimbaud "Le bateau ivre" récité par Richard Bohringer.
Cette même année on peut citer Sexandroides du prolifique pornophile Michel Ricaud qui fit les beaux jours des video clubs d'alors. Le film est en fait composé de trois segments dont le point commun est le sado masochisme. Sexandroides n'est rien d'autre qu'une partie d'un live-show qui dans les années 80 remporta beaucoup de succès dans les clubs. Les auteurs eurent donc l'idée d'en faire un montage de 60 minutes sous formes de trois sketches qui réjouiront les amateurs de fantasmes sado-maso poussés à l'extrême le tout dans un contexte aux limites du gothisme notamment lors du second segment. On regrettera simplement l'inutilité et le ridicule du troisième sketch où une danseuse nue sortant de son cercueil se met à danser interminablement sur un air ringard de Tina Turner.
L'ALLEMAGNE: D'Allemagne nous vinrent quelques Sex mondo dans les années 60 dont les éloquents Intim-report et The wonder of love en 1967.
En 1968 sortent Sexual partnership, Female sexuality et Michael and Helga. L'année suivante Alexis Neve propose un très comique Les risques de l'amour présenté et narré par le Dr Sy Phillis (!) et le Dr Eberhard Kronenbourg (!!).
69 fut une année érotique on le sait très bien et Kobo Sutra nous invite à découvrir le Kama Sutra avec ce mondo tout simplement appelé Kama sutra.
En 1973, après l'Amérique, la France et Londres nous parvient L'Allemagne interdite de H.H Wohlfürt. Mais les teutons s'intéressèrent également à l'Au delà avec Journey into the Beyond: world of the supernatural en 1975. C'est Rolf Olson qui en prit les commandes.
Les allemands furent pratiquement les seuls à traiter des mystères de l'espace et des civilisations extra-terrestres.
Les petits hommes verts débarquent en 1976 dans Le message des Dieux / Les extra-terrestres de Harold Reinl et plus tard en 1981 Kurt Schongauer nous informe que Les extra-terrestres sont parmi nous.
Rolf Olson est l'auteur des fameux Shocking Asia / L'Asie interdite co-produit avec Hong-Kong. C'est sous le pseudonyme d'Emerson Fox qu'Olson, réalisateur et acteur de films à petits budgets, tourna ces mondos plutôt amusants et assez innofensifs narrés par deux voix-off, une sympathique commentant allègrement toutes les coutumes montrées, l'autre s'en moquent parfaitement.
Shocking Asia nous invite donc à des séances de piercing en masse en Inde, la crémation de cadavres dans le Gange, des représentations nazi sur des scènes de théâtre et l'inévitable opération chirurgicale pour un changement de sexe. Shocking Asia comporte également son lot de scènes cocasses comme ces femmes qui fument une cigarette par leur vagin ou qui portent des strings en lame de rasoir. Mais le plus intéressant du film reste les archives médicales chinoises où on découvre deux étonnants "freaks", un enfant loup et un étrange monstre humain à deux têtes dont une qui salive à l'excès.
Olson tournera un N° 2 en 1985 d'un total inintérêt. Il y reprend des images déjà maintes fois vues ailleurs. Ce N°2 est une sorte de visite touristique de l'Asie, une sorte de dépliant touristique où sont mis en valeur les coutumes asiatiques. On a ainsi droit à une crémation sous les flashes des badauds curieux qui crépitent, la visite d'un musée du sexe et ses poupées gonflables, un show où des danseuses fument une cigarette par leur anus cette fois juste avant les guérisons miraculeuses manuelles dignes des meilleurs illusionistes. Le coté pseudo-trash est entretenu par cette plage où des autochtones hadicapés s'affairent à leur quotidien, leur corps mutilé par des attaques de requins, moignons noircis par le temps. Inévitable est la visite des clubs pour touristes et leurs jeunes danseuses prostituées qui voient là nous dit la voix condescendante du narrateur leur salut pour une vie meilleure, le caméraman quant à lui y voit son plaisir puisqu'il aime les filmer par le bas, découvrant ainsi leur intimité.
L'hilarité est à son comble lorsqu'on nous présente un vieillard déguisé en bébé se faire pouponner par une hôtesse afin de lui faire retrouver les joies de son enfance.
Il existe un Shocking Asia 3 intitulé Shocking Asia 3: After dark tourné et produit à Hong Kong en 1995 par Tagafumi Nagamine et C.C Wong.
Etendu entre 1973 et 1975, on trouve également Snuff connu sous le titre de Blue movie star mais aussi de The evolution of snuff dont les réalisateurs sont Richard R. Rimmel et Andrzej Kostenko. A ne pas confondre donc avec le Snuff des époux Findlay datant lui de 1971 et dont nous parlerons plus loin dans ce dossier.
LES PAYS-BAS: Narré par Vincent Price, Days of fury fut concocté par Fred Warshofsky en 1979 qui cloturera ainsi la décade. Days of fury regroupe les plus terribles images d'accidents de voitures et de motos tant sur routes que sur circuits automobiles. Vincent Price assure ce commentaire: "Les roues du Monde sont enduites d'huile" solennellement, magnifique enchainement pour nous montrer suite à ces catastrophes routières nombres d'autres désastres terrestres tels que crash d'avions, incendies de forêts, tempêtes maritimes et même le meurtre d'un journaliste au Nicaragua.
LA BELGIQUE: Nos amis belges prirent eux aussi le train en marche afin de nous donner deux mondos assez réputés. Of the dead / The end réalisé en 1972 par Jean-Pol Ferbus, Dominique Zarny et Thierry Zeno reprend l'approche de la mort qu'avait déjà utilisé par Stan Brakhage dans The act of seeing it with one's own eyes.
Contrairement à beaucoup d'autres, les réalisateurs nous offrent cette fois un tour d'horizon particulièrement sérieux de la mort et la façon dont différentes cultures l'abordent mais également sur la manière dont elle est vécue par les mourants et les personnes qu'ils laissent derrière eux. A la différence de beaucoup de mondo, Of the dead aborde le sujet sans complaisance aucune, laissant de coté l'aspect exploitation sur lequel insiste une majorité de films de ce type bien particulier. C'est une des grandes forces de Of the dead, ce sérieux, ce respect presque religieux pour la mort et ceux qui la vivent.
Le film s'ouvre sur une cérémonie funéraire dans un village Thai. La défunte est enterrée avec grands soins après toute une série de prières, de bénédictions et de rites religieux interminables qui se clôtureront par le sacrifice de vaches. Puis on fait la connaissance d'un homme atteint d'un cancer incurable qui a accepté d'être interviewé par une religieuse avant qu'il présente le film vidéo qu'il a réalisé en se filmant quotidiennement afin de nous livrer ses impressions, ses pensées, ses souvenirs avant de quitter définitivement ce monde. Ce sont là des instants plein d'émotion, à la fois cruels, terribles mais beaux et solennels.
Suivront des cérémonies asiatiques rituelles brutales et souvent effroyables aux yeux des occident, la découverte de cimetières pour animaux en Corée et l'exécution sommaire d'un traitre tué de deux balles par ses complices qui vont creuser une tombe à la hâte afin de l'y enterrer. La caméra nous montre l'homme encore en vie, saignant du nez mais visiblement à l'agonie. Il est alors roulé jusqu'à la tombe et recouvert de terre. %%%
Puis c'est à l'intérieur d'une morgue que les réalisateurs installent leurs caméras afin de suivre dans leurs détails chirurgicaux et anatomiques les plus infimes les autopsies de cadavres et les pratiques d'embaumement. Ils nous entraineront également en Egypte afin d'y découvrir le secret des momies.
Mais ce sont essentiellement de deux séquences dont on se souviendra. Tout d'abord celle d'un malheureux jeune mexicain victime d'une agression par un voyou armé d'un couteau. Admis aux soins intensifs, il tente de se rappeler ce qui lui est arrivé. C'est à l'imagination du spectateur que les réalisateurs feront appel quant à savoir s'il survivra à ses blessures. Puis celle de l'émouvante confession d'un homme atteint de dystrophie musculaire en phase terminale.
Bénéficiant d'une trame scénaristique aussi impitoyable que logique, Of the dead se propose également de montrer les différences qui existent entre l'Amérique et l'Asie notamment sur la perception de la mort, son approche mais également de la préparation des corps. Dépourvu de tout commentaire les seuls dialogues présents dans le film sont ceux des embaumeurs praticiens et autres directeurs de morgues qui commentent leur travail et chacun de leur geste.
Of the dead est un travail abouti, méticuleux dont on ne pourra pas reprocher la sincérité. Le film du trio provoque en définitive plus une certaine fascination qu'un réel sentiment de nausée et de dégout puisque jamais il ne sombre dans l'indécence, la provocation ou la complaisance. La mort y est certes présentée dans toute son horreur notamment pour nous, peuples occidentaux, qui en avons fait un sujet tabou dont la seule idée effraie, terrorise mais fascine également dans ce qu'elle a de plus horrible. En ce sens Of the dead est un film documentaire parfaitement intelligent que tout amateur de ce genre très particulier pourra visionner sans mal.
Narré par Vincent Price, le deuxième mondo en provenance de Belgique est Taboos of the world. Ce mondo réalisé en 1963 ne lésine pas sur les images chocs dont des séquences mettant en scène des lépreux et des amputations de doigts. Il existe une version sans les commentaires de Price qui circule sous le titre de Taboos around the world.
LA SUEDE: C'est de sexe que la Suède nous invita à parler dés 1966 avec Barbara de Greta Haüsmon, documentaire truffé de séquences de masturbation féminine et de scènes d'accouchements.
Elle va encore plus loin avec son The language of love de Torgny Wickman en 1969. Le film fut saisi en Amérique pour obscénité car même s'il ne traitait pas explicitement de sexe il pronait l'accouplement et la luxure. Il devenait vite une sorte de long cours d'éducation sexuelle qui visait à inciter les gens à faire l'amour sans honte ni tabou. S'il fut interdit aux USA, l'Angleterre quant à elle le bannit pour cause d'éducation sexuelle explicite avant de le sortir affublé d'un X-rating.
On y voit en fait quatre académiciens assis dans un sofa discuter ouvertement de sexe tout en illustrant leurs propos afin d'inciter le spectateur à faire l'amour aussi souvent que possible et sans interdit aucun. "Sex is the glorious thing to do" clament ils haut et fort. Aujourd'hui le film peut sembler fort démodé et surtout risible tant il parait désuet dans sa forme, son discours et son humour (in)volontaire.
Il y eut toujours réalisé par Wickman un Language of love 2 intitulé More about the language of love et un Language of love part 3 également.
LES ANNEES 90: L'ERE DU SHOCKDOCUMENTARY:
Comme on l'a vu précédemment, le terme Mondo devint peu à peu quelque peu désuet dés la fin des années 80 tandis que l'ère du mondo à proprement parlé s'éteindra lentement. La révolution du monde video en est une des causes et le public va découvrir un marché tout neuf capable de satisfaire ses moindres attentes, toutes plus morbides les unes que les autres soient elles. La video a également le pouvoir de contourner ce que le cinéma ne pouvait pas, c'est à dire une certaine censure, une limite que les réalisateurs ne pouvaient dépasser. La video leur ouvre une nouvelle porte où cette fois tout est permis, ce marché étant sans limite. Nait alors dés le début des années 90 une nouvelle forme de cinéma, fait specialement pour ce marché en pleine expansion et ce public avide de sensationnel sans limite, le shockdocumentary ou shockdocumentary, digne successeur des mondos d'hier, à la différence près que cette fois les facettes les plus viles de l'humanité, les instincts les plus morbides et pervers soient ils du spectateur sont ici flattés.
On retrouve bien évidemment la trame narrative de base des mondos, à savoir, un thème bien précis illustré par une suite de séquences plus maladives les unes que les autres, commentée par un narrateur, le tout sous forme de documentaire qui se veut informatif ou dénonciateur mais dont le point commun est la mort.
A la différence des mondos on a plus recours à de fausses séquences tournées en studio, plus d'artifice, on montre la réalité telle qu'elle est, aussi crue et abominable soit elle en accumulant images d'archives, images télevisées, reportages, montages précis. A l'hypocrisie des mondos se substitue cette fois l'atrocité de la vie et si on pouvait sourire parfois face à certains mondos, on rit moins cette fois face aux "shockdoc" dont le but est de provoquer malaise et répugnance face à l'horreur de notre monde.
Filmer la mort humaine n'est pas pour autant un procédé nouveau. Certains mondos l'avait déjà fait tout au long des années 60 et 70 sous forme de courtes séquences mais beaucoup d'oeuvres ont pris ce terrifiant sujet comme théme afin de réaliser des moyens ou longs métrages distribués par la suite. Innombrables sont les shockdoc et on va simplement tenter ici d'en enumerer les principaux. Quand la mort n'est plus une fiction...
Dés la fin des années 60 vont naitre à travers l'Amérique des shows d'un genre assez particulier organisés par des gens tout aussi spéciaux où sexe, violence, bestialité et même nécrophilie vont se meler afin de satisfaire les exigences d'un public venu affronter leurs plus atroces fantasmes et assouvir leurs plus vils instincts, doublé parfois d'une curiosité morbide. On citera entre autres live shows celui de Robert Delford Brown intitulé Meat show consistant à faire visiter au public une chambre froide remplie de poissons et poulets morts, foies et autres viscères, têtes...
Dans le même genre existe le show de Carolee Schneemann, Meat joy, ou celui de Paul McCarthy nommé Sailor's meat où on voit un homme sur scène faire l'amour à des morceaux de viandes crues, une saucisse de Francfort dans l'anus.
Plus poussés sont les représentations de Otto Mülh et Gunter Brus, alors tristement réputées aux USA. Totalement axés sur le sexe et les plus basses fonctions naturelles de l'homme, ces shows frôlaient les limites de l'incroyable et de la perversion humaine. naturelles de l'homme, ces shows frolaient les limites de l'incroyable et de la perversion humaine. Brüs avait recours à de véritables actes de violence sur scène et avait l'habitude de déféquer devant le public avant de manger ou faire manger ses excréments. Outre la scatologie et la coprophagie, ses shows pronaient également l'auto-mutilation.
Ses spectacles furent filmés par Kurt Kren et sortirent sous le titre Reel 3 16/67 rebaptisé par la suite The eating, drinking, pissing and shitting film.
Otto Mühl, quant à lui, fut nommé le réalisateur le plus scandaleux au monde. Ses shows que l'on peut découvrir notamment dans Libi tourné en 1969 consistaient en des scénes de fellations, sodomies, scatologie, coprophagie, urophilie, bondage, sado-masochisme, liquides injectés dans le vagin, liage de pénis et autres immondes réjouissances. L'un des clous du show était cet oeuf enfoncé dans le vagin d'une fille ayant ses régles qu'il se laissait choir dans la bouche.
Mülh fut aussi responsable d'un trés subversif film sur la mort de Sharon Tate tout simplement intitulé The death of Sharon Tate en 1969.
Très nombreux furent ces films indépendants, il en existe en effet une multitude dont une partie traitant de meurtres réels d'animaux vivants tués sur scène, décapités, coupés en deux, dévorés crus...
Fred Wiseman, fasciné par les hopitaux et le travail fourni ou surtout non fourni par les medecins et infirmiers, réalisa en 1969 Hospital qui n'est ni plus ni moins qu'une visite d'un hopital afin d'y filmer et montrer la souffrance humaine. On y voit ainsi un jeune homme en plein mauvais trip hurlant I don't want to die, une jeune fille terrorisée tentant desesperemment de retenir sa mère qui agonise dans ses bras, des homosexuels psychotiques, des junkies en plein sevrage ou au stade final, alcooliques en pleine crise, errant et hurlant...
Hospital est en quelque sorte la préface de Near Death que Wiseman tournera en 1989 où cette fois durant 6 longues heures, tout en monochrome, il filme l'aile des soins intensifs de l'hopital de Boston. Pas de générique, pas de narration, rien que le silence ponctué par l'horloge de l'hopital. Six heures où Wiseman filme la mort non pas comme une atrocité mais comme une délivrance cette fois. Il émane ainsi par moment, aidé par ce silence, une sorte de paix. la mort aussi dure soit elle à accepter, aussi dures qu'en soient ses raisons, les patients tout comme parfois leurs proches sont montrés comme résolus. Derrière la souffrance et la peine, il y a cette sorte de paix qu'apporte cette fin tant redoutée par l'Homme.
Le nazisme ne pouvait pas ne pas faire partie des shockdoc. En 1964, Ralph Potter signe After mein kampf un semi-documentaire sur la montée au pouvoir d'Hitler, comment il mit lentement en place le nazisme et les atrocités commises par la suite durant la guerre. Il en va de même du film de Richard Friedenberg Chariots of gods datant cette fois de 1978.
Plus tristement célèbre est The eternal jew / Der ewige jude, documentaire de 45 minutes compilé par le Dr Fritz Hippler, sorte d'apologie de la haine où il tentait de dénoncer les aspects les plus repoussant de la communauté juive.
Traité de "film le plus abject jamais tourné", The eternal jew tentait de convaincre le public que les atrocités commises par les nazis étaient ce qui était arrivé de mieux durant la guerre, le peuple y étant montré non pas comme des hommes mais comme des animaux ou pire. Le film fut utilisé à sa sortie comme propagande nazi afin de justifier l'Holocauste. Il sortit à Berlin en 1966 dans des circuits confidentiels mais fut exporté à travers l'Europe dans une version doublée afin de faire prendre conscience de l'antisémitisme grandissant.
Dans le même genre il existe un autre film This is your enemy distribué par la Warner Bros qui est cette fois plus axé anti nazi même si la Warner afin d'accentuer les scènes d'horreur rajouta ses propres bruitages sonores. Le film fut distribué en video en Angleterre et fait partie d'un coffret intitulé Nazi atrocities.
Nazi atrocities s'ouvre sur la libération de prisonniers décharnés des camps de la mort après l'armistice sous les commentaires enjoués du narrateur. Le film comporte son lot de séquences innommables comme ces images d'archives prises par les cameramen des camps, les fours où brulent les victimes se contorsionnant, les restes calcinés, cadavres carbonisés mais encore vivants, cobayes humains et lambeaux de chairs pour les experimentations, autopsies, décapitations... On laisse également sous-entendre qu'Hitler avaient ses propres films de tortures tournés pour son plaisir personnel au même titre qu'Idi Amin Dada quelques années plus tard.
Toujours dans les documentaires concernant les atrocités de la guerre, il existe Nagasaki-Hiroshima August 1945 qui bénéficia d'une sortie en 1970 et qui retrace toutes les horreurs et les conséquences des deux explosions nucléaires. S'ensuit une série de séquences de villes dévastées, d'enfants mutilés ou privés de chair, de femmes dont les kimonos brûlés collent et fondent sur leur chair. Utilisé comme propagande anti-japonnaise Action at Angar montre cette fois des soldats brulés vifs.
The race de William Copeland et The twilight of the damned de Ahmed Rachedi tous deux sortis en 1970 dénoncent quant à eux l'oppression à travers le monde et le colonianisme, une des séquences les plus fortes du second film étant l'exécution à la chaine de prisonniers, d'enfants et de simples passants.
Carlos Vilardebo réalisa en 1960 Vivre / To live qui retrace cette fois vingt ans de souffrance, de tortures et d'atrocités humaines à travers le monde pour quelque raison que ce soit.
Toujours dans le cadre des atrocités à travers notre planète, il existe des videos circulant dans les circuits underground tels que Atrocities on Mojahirs in Pakistan et Massacre in Bosnia and Croatia.
On ne peut passer sous silence les films de Stan Brakhage, un des plus importants réalisateurs de cinéma expérimental américain qui s'inspira beaucoup du Sang des bêtes de George Franju en se focalisant surtout sur la vision de la naissance, de la mort à travers le monde mais aussi l'évolution du corps. On citera parmi ces oeuvres souvent très difficiles Song XXII: 23rd Psalm branch en 1967, Murder psalm en 1980 qui par le biais d'images télévisées nous montre toutes les peurs enfantines et la mort de l'enfant. Sont incluses des images de la guerre, de tortures, de dissections et de corps décapités.
Son plus célèbre film demeure The act of seeing with one's own eyes en 1971 qui forment avec Deux ex et Eyes la trilogie nommée Pittsburgh documents. Filmé caméra à la main, cette trilogie est devenue culte au fil du temps, une sorte de classique underground où on se ballade de morgues en morgues, d'autopsies en autopsies, un voyage au pays de la mort. Cadavres ouverts de haut en bas, corps dont on enlève la chair ou qu'on pèle comme une orange, crânes ouverts, enlèvements d'organes cancéreux, préparation détaillée de cadavres... sont donc au programme de ce documentaire glacial de 32 minutes.
Dans le même style on mentionnera Forest of bliss de Robert Gardner qui se situe cette fois au coeur des rites indiens, Krik! Krak! Tales of a nightmare sur les rites vaudous avec ici des inserts fake cette fois, Death magazine or how to become a flowerpot en 1979, compilation d'images de morts destinée au public des chaines télévisées allemandes, le choquant The animal films ou deux heures d'images atroces sur l'experimentation animale... utilisées comme propagande contre la vivisection et les tortures animales, Body works en 1988 qui lui s'intéresse à ces artistes du corps, ceux qui préparent ou réparent les cadavres avant l'enterrement, les travaux post mortem, Taurobolium en 1994 s'interesse quant à lui à l'horreur de la tauromachie.
En 1989, Graeme Wood met en oeuvre Teenage babylon qui traite uniquement du suicide des adolescents. Ce métrage australien semblant tout droit sorti des tiroirs de la police où il sommeillait depuis plus de vingt ans est un film super 8 à l'image granuleuse et rayée qui souvent saute, au son approximatif est un documentaire macabre en N/B porté par une bande-son stressante et lugubre. Une main cache l'objectif protégeant le spectateur de quelque spectacle insoutenable, la caméra glisse dans le vide évitant l'horreur avant de nous montrer le cadavre d'un adolescent venant de se suicider au volant d'une voiture. Les portières sont ouvertes, l'enfant est assis dans le siège conducteur, un fusil entre les genoux, la tête en sang. Il est allongé sur le dos sur une couverture tandis qu'une main soulève sa tête afin que la caméra puisse filmer son visage. Plus loin une jeune fille, elle aussi morte, agrippe encore une touffe d'herbe dans un dernier réflexe d'agonie. Deux hommes soulèvent le corps afin que la caméra puisse la filmer, la brise soulevant sa jupe. Puis on se retrouve dans une salle de bain. Une adolescente git dans une baignoire, les poignets tranchés à l'aide d'une lame de rasoir baignant dans une eau noir charbon, le rouge du sang devenant noir sous la pellicule monochrome. Un nom est gravé sur son ventre: Jenny ou Jerry. On ne le saura jamais. Puis on retourne sur une plage où deux adolescents se tiennent enlacés, unis par l'amour jusqu'à dans la mort, un thermos et des pilules à leurs cotés. Une mouche vole autour du visage du garçon.
Teenage babylon est en fait une reconstitution de faits réels mais cette fois si bien réalisée qu'elle en devient troublante et dérangeante car rien ne permet de déceler les scènes réelles des scènes refaites. Les acteurs sont parfaits et le regard de la jeune fille vide de toute vie que la caméra filme est un des plus impressionnants jamais tourné. Un seul vrai cadavre a été utilisé affirment les crédits finaux.
We want your suicide on video disait une publicité. Soumettez en moins de dix minutes la façon dont vous vous suicideriez. C'est ainsi qu'une chaine télé allemande fut fortement critiquée en août 92 pour avoir montré à l'écran le suicide d'un electricien de 50 ans, Wilhelm Schmitz. On voit donc cet homme préparer sa note d'adieu, installer une video-caméra dans sa salle de bain, l'objectif pointé sur la baignoire. Il absorbe une dose mortelle de barbituriques et rentre dans l'eau, attendant la mort. La caméra tourna une heure, le temps de filmer les vingt minutes que dura son suicide. La chaine fit passer cela pour un film qu'elle avait elle même tourné. Les différents stades de l'agonie étaient représentés par une horloge et une bulle qui expliquaient ce que voyait le spectateur. C'est ainsi que le corps une fois dans l'eau, s'afaisse de plus en plus, l'homme est pris de tremblements, vomi par instant. Ironie ou hypocrisie mais les vomissures furent pudiquement masquées. S'enfonçant de plus en plus dans l'eau, les poumons remplis d'eau, il est alors pris de convulsions et meurt alors que son corps remonte à la surface... Schmitz ou la mort en direct à la télévision.
Ceci se passait en 1992 et ne rappelle t-il pas la prochaine arrivée de la télé réalité dans notre vie au quotidien? La caméra est fixé dans une pièce, filme en continu tandis qu'on explique au public ce qu'il voit à l'aide de bulles et d'horloges marquant le temps comme une simple aventure des plus banales.
MOURIR POUR UN FILM: Le SNUFF MOVIES
Est il besoin de rapeller ce qu'est le snuff movies? Il s'agirait en fait de films clandestins où certaines séquences de torture et de meurtre ne seraient pas feintes mais bel et bien réelles. Mythe ou terrible réalité, l'ombre du snuff a souvent plané sur un certain cinéma mais sans jamais réellement pouvoir dicerner le vrai du faux même si la plupart du temps, que ce soit les producteurs ou les réalisateurs eux mêmes voire les enquêtes menées par les autorités, ont toujours démontré le subterfuge.
Le snuff a toujours été une des parties intégrantes d'un certain cinéma d'exploitation notamment en Italie où les metteurs en scéne aimaient insérer dans leurs oeuvres des plans bien réels pris dans des images d'archives ou fabriquées par leur soin. Joe D'Amato ou Alberto Cavallone en firent partie pour ne citer que deux des noms les plus fameux du genre. On se souvient tous deEmanuelle en Amérique et sa célèbre séquence dite snuff qui jadis fut censurée montrant des massacres humains, tournés caméra à l'épaule, en N/B, l'image super 8 tremblotante et névrotique. Cette scène dit on inspira David Cronenberg pour Videodrome qui présente une chaine télé specialisée dans les émissions sado-masochistes où les participants seraient tués pour satisfaire son public.
Dans Blue movie en 1978, Alberto Cavallone nous offre des images de marches nazies et une impressionnante immolation malheureusement réelle prise dans des images d'archives.
Dans Blue nude de Luigi Scattini en 1977, une actrice porno est tuée pour les besoins de réalité du film dans lequel elle tourne.
Dans Perversion de Alberto De Martino, une adolescente perverse interprétée par la lolita Romina Power aime faire l'amour à des hommes matures au milieu d'orgies mondaines en tout en visionnant des snuff movies sur grand écran montrant des tortures et des massacres humains.
Pour Le bossu de la morgue de Javire Aguirre avec Jacinto Molina de véritables cadavres furent utilisés pour les besoins du film. Doit on rapeller aussi le cadavre du jeune enfant utilisé pour la scène de l'autopsie dans le controversé Camp 731/ Men behind the sun?
Est il besoin de rapeller aussi le scandale qui suivit la sortie de Cannibal holocaust de Ruggero Deodato en 1979. Le réalisateur se vit voir intenter un procés pour snuff, la publicité du film portant alors sur ce mythe, et certains acteurs dont Francesca Ciardi et Gabriel Yorke durent prouver qu'ils étaient encore en vie. Le scandale de Cannibal holocaust fit le tour du monde et profita à la réputation du film qui sortit censuré dans la plus grosse partie des pays qui acceptèrent de le jouer.
Nombreux sont donc les exemples dans le cinéma italien et on ne parlera pas des innombrables films où les animaux furent tués vivants et de façon toujours complaisante, pratique courante à la fin des années 70 que les réalisateurs justifiaient comme indispensable et naturelle puisque les animaux étaient pris dans un processus naturel soit mangés par la suite. Il s'agit surtout ici de ces films d'aventures de jungle trouvant leur apogée dans ce sous genre que fut le film dit de cannibales. On a tous en tête l'insoutenable scène de la tortue et du ragondin de Cannibal holocaust, le crocodile du Dernier monde cannibale ou le petit singe du La montagne du dieu cannibale entre autres terribles exemples sans parler de nombreux films d'exploitation où l'animal était souvent maltraité et tué.
Citons les rats brûlés au chalumeau dans Les rats de Manhattan ou les animaux de Les bêtes féroces attaquent de Prosperi qui fut jadis responsable, est ce étonnant, de la série des Mondo cane. Peut on réellement croire le carton ouvrant le film prétendant qu'aucun animal n'a souffert durant le tournage et ne peut on pas y voir la même hypocrisie que jadis dans ces fameux mondo movies?
Hors cinéma italien, on mentionnera le trés brutal film américain Frisk de Todd Verow tiré d'un fait réel qui met en scène un jeune homme homosexuel qui cherche à connaitre les plaisirs les plus extrêmes en tentant de franchir les limites les plus inimaginables de la souffrance humaine. Les limites franchies, il lui restera le plaisir dans le mort, tuer celui qu'il aime afin de connaitre l'extase ultime tout en filmant la scène.
Mais le film le plus incontestablement décrié et qui batit sa réputation sur ses fameuses séquences snuff est justement Snuff de Michael et Roberta Findlay réalisé en 1971. Le film qui sortit seulement en 1976 dans un nombre trés restreint de salles en Amérique fut l'un des premiers si ce n'est le premier film à être classé X non par pour pornographie comme d'accoutumée mais pour violence extrême.
Les slogans publicitaires n'hésitèrent pas à attiser l'imagination et la curiosité perverse du spectateur. Le film le plus sanglant et horrible jamais tourné, Le film qu'on ne pouvait tourner qu'en Amérique du Sud là où la vie est sans importance... Le doublage anglais laissait planer l'ombre que le film fut réellement tourné en Amérique du Sud, l'absence de tout crédit renforcait l'idée de film clandestin tandis que la rumeur amplifait le fait que de vrais meurtres avaient été commis. Le film fut distribué par la Monarch Releasing Corporation dirigé par Allan Shackleton, firme specialisée dans les films X et R-rated, pionnier des films d'exploitation et de sexploitation. En fait les Findlay, alors mari et femme, travaillaient dans le domaine de l'exploitation depuis quelques années déjà, responsables entre autres d'un Satan's bed avec Yoko Ono qui n'était pas encore Madame John Lennon. On citera aussi Body of a female en 1964, The touch of her flesh en 1967 ou Shriek of the mutilated en 1974.
C'est avec Slaughter tourné en Argentine qu'ils vont connaitre une certaine réputation, film basé sur les meurtres de Sharon Tate et La Bianca et devenir les premiers à s'interesser à l'hystérie du mouvement hippie et le mettre en scène.
Si Slaughter ne connut pas les honneurs d'une sortie, Snuff allait par contre être le plus gros succès de Shackleton qui jusqu'alors devait se contenter de tout petits succès d'estime. C'est en 1975 que la rumeur concernant de soi-disant snuff movies commenca à circuler à New York et que l'un d'entre eux avait été saisi par la police. L'histoire de Snuff sorti en Allemagne sous le titre American cannibale venait de commencer. Le terme Snuff fut utilisé la première fois dans les circuits underground pour des films pornographiques où des femmes étaient violemment tuées de sang-froid. Le terme s'etendit alors à ces supposés films où la mort était bel et bien réelle. Il fut dit alors qu'un de ces films avait été produit en Argentine et qu'une des actrices avait été tuée pour les besoins du scénario. La réputation de Snuff était née et fit le tour du monde. Fort de cette publicité, Shackleton réarrangea le film en y ajoutant quelques scènes afin de le rendre plus crédible dont de faux behind-the scenes afin de faire croire qu'une caméra avait filmé ces scènes depuis les coulisses et surtout ce fameux final gore d'un total ridicule.
Shackleton tenait là son chef d'oeuvre qui allait assouvir ses instincts les plus bas pour amonceler un maximum d'argent.
En fait Snuff est une minuscule série Z appartenant aux hippie movies faite avec trois sous aux limites de l'ameutarisme et d'un ennui considérable qui tente d'associer violence et pornographie jusqu'au fameux meurtre qui cloture le final et le démembrement de l'actrice d'un comique fini. Carter Stevens qui tourna cette scène finale avoua en 1984 qu'elle avait été tournée dans son loft de Manhattan et qu'il n'avait jamais autant ri durant un tournage.
Si Snuff fit le tour du monde, allant de scandales en scandales, le film déchaina également les ligues féministes qui y voyaient la suprematie de la pornographie et de la violence envers la femme mais iln'est qu'au final qu'un de ces drug-movies psychédéliques, ces hippie-movies qui sortaient régulièrement en ces années là..
Deux autres films dans les années 70 firent parler d'eux et contribuèrent à entretenir la légende quant aux snuff movies, tous deux montrant ce qu'était le snuff et comment on "fabriquait" du snuff. Il s'agit de Last house on dead end street de l'énigmatique Victor Janos et Hardcore / The hardcore life / Slave of love en 1977, premier film de Paul Schrader.
On citera aussi Snuff- Vitimas di prazer / Snuff- Victim of pleasure du brésilien Claudio Cunha toujours en 1977, film où des producteurs sans scrupule filment les meurtres de leurs actrices principales jouées ici entre autres par Rossana Ghessa, future héroine de Women in fury où elle y séduisait Suzanne Carvalho.
L'ANALYSE D'UN GENRE:
Parent pauvre du cinéma d'exploitation et notamment du cinéma d'exploitation italien, le mondo, malgré sa longévité quasi exceptionelle, plus de 30 ans, a presque toujours été dénigré y compris par les bissophiles eux mêmes et autres spécialistes du cinéma de genre. Peu ont écrit sur le genre avec sérieux ou intelligence, brisant plus souvent le mondo qu'ils ne le servaient.
Si le genre est en effet cruel, violent voire barbare et absolumment cynique- l'homme est un monstre, un animal et un sauvage- il titille nos sens et notre curiosité en jouant sur les tabous de nos sociétés occidentales et notre fascination quasi-perverse pour les rites et coutumes de peuplades dites primitives donc forcément africaines ou asiatiques, le monde de la nuit et du sexe.
Au départ, le mondo est une sorte de vulgarisation du documentaire à fins culturelles, un pseudo-reportage toujours moralisateur et forcement racoleur sur toutes les perversions et les vilainies qui se cachent dans notre pauvre monde. Ne jugez pas! annonce presqu'à chaque fois le narrateur de sa voix solennelle. Regardez, découvrez et appréciez mais ne jugez surtout pas ces hommes. Ce ton sentencieux et moralisateur qui condamnent les actes ou coutûmes si complaisamment montrés represente l'hypocrisie du genre et avant tout la mentalité de son public, reflet de la petite bourgeoisie occidentale des années 60. Le mondo en est son ideologie et cette ideologie se confond avec la voix-off du narrateur.
Le mondo est la représentation de l'innommable mais l'innommable comme tout cauchemar n'a pas d'images, le mondo n'a donc pas d'images dans cet absolu mais il a une voix, une voix profonde et grave, discoureuse, une voix qui est là pour faire prendre au spectateur une certaine distance, une voix qui ne partage en aucun cas ni la rythmique ni la tonalité, tranchant etonnamment avec l'horreur présentée, créant ainsi cette moralisation intellectuelle et pseudo ethnologique.
Le mondo manipule donc avec dextérité la réalité et les archives audiovisuelles mêlées parfois à de véritables images tournées sur place par les réalisateurs auxquelles on ajoute pour les plus hypocrites de fausses scènes tournées en studio cette fois afin de rendre le produit le plus infect possible donc encore plus rentable. Le tout baigne dans un exotisme bienvenu faisant voyager le public à travers le monde sans qu'il bouge de son fauteuil.
Sont donc montrés tous les travers de notre monde, ses tares, ses atrocités humaines ou animales, sa barbarie usant et abusant des pires horreurs qu'ait connu le monde y compris le nazisme. Ainsi donc, le spectateur voit ses visions fantasmées de l'horreur et de l'abominable projetées sur l'écran, totale sublimation de ses attentes d'où il tire forcement un plaisir intense, voire jouissif si ce n'est masturbatoire. Le mondo est en fait la matérialisation sublimée de ses pires peurs, cette représentation de l'horreur, une horreur allant au délà de toute imagination, qui prend vie sur la toile, le transportant dans une béatitude extrême. Et c'est bien connu, l'abominable fascine, l'horreur hypnotise et engendre un plaisir intense, une jouissance profonde presque extatique.
Et la fascination est un des maître-mot du mondo car c'est bien de fascination qu'il s'agit. Mais une fascination malsaine pour ce dont on craint le plus: la mort, la sauvagerie et les atrocités, bases de tout mondo movies. Derrière cette fascination il y a un coté voyeur, un aspect peep-show évident. Le spectateur est ainsi mis en position de voyeur avec tout ce que cela comporte comme perversité et perversion, de malsain. On offre au public un spectacle gratuit dans tous les sens du terme où il peut à sa façon satisfaire ses instincts voyeuristes, seul chez lui devant son écran ou en masse dans une salle regroupant à l'infini ses comparses, sorte de fête païenne où il assouvit ses plus bas fantasmes, désirs, pulsions, pouvant franchir tous les tabous que notre société lui impose. On retrouve ici ce plaisir interdit et masturbatoire que l'on évoquait plus haut . Le spectateur est mis dans la position de celui qui observe par le trou de la serrure ce qu'il y a derrière la porte, les ébats, cette vie qui lui est interdit et y prend son plaisir surnois.
Si on pousse un peu la réflexion, on peut dire que le Mondo est une sorte de prolongation d'une certaine presse écrite, cette presse à scandale qui fait la joie du lecteur appartenant essentiellement à une certaine classe populaire, cette classe qui dans les années 70 ont fait le succès étonnant de magazines et journaux tels que Detective qui basait et continue de baser ses éditoriaux sur les pires faits divers que connaisse notre société. On s'y repait de viols sensationnels, meurtres sadiques, pédophilie... tout ce qui existe de plus affreux au monde illustré de photos tout aussi choc. Le plaisir malsain pris à lire ces histoires se retrouve dans le Mondo qui n'en est finalement que le stade suivant. Du verbe à l'image il n'y avait qu'un pas à franchir.
On peut y voir aussi une forme de thérapie sociale. Certains réalisateurs affirmaient que le public avait besoin de violence pour exorciser non seulement ses peurs mais également ses propres pulsions barbares. Le mondo serait une forme d'exorcisme contre nos pires phobies et peurs dont la mort qu'un jour ou l'autre nous devrons tous affronter.
C'est aussi une forme d'évasion de notre quotidien morne, de cette vie plate que nous avons et de faire jaillir au grand jour notre véritable intérieur. Ainsi, nos fantasmes les plus profondement et ancestralement enfouis peuvent emerger au grand jour, sorte de libération de l'âme.
Le mondo a aussi de nombreuses correlations avec le cinéma Bis des années 60 et surtout 70. En effet sont au programme messes noires, orgies, cannibalisme, rites barbares et cruels, prostitution, sexe et violence le tout sur fond d'enquête ou de reportage plus ou moins réaliste. Tout comme cet exotisme alors indispensable et qui devint assez vite inséparable de l'érotisme ne serait ce qu'à travers ces exotico-erotiqueries qu'étaient les Emanuelle. Le mondo se proposait donc de visiter ces espaces vierges des peuplades et autres tribus d'Afrique noire et de d'Asie orientale. La seule différence existante est qu'ici l'alibi artistique ne peut être évoqué et que le motus operandi est la naiveté et la credulité du spectateur à qui on vend des produits de plus en plus spectaculaires allant toujours plus loin dans la surrenchère et le sensationnel baigné de cet innommable afin de satisfaire la boulimie d'extraordinaire et de réalisme de ce public populaire engoncé dans leur petite vie routinière. C'est pourquoi le mondo doit toujours aller plus loin, frapper plus haut, plus fort.
L'exotisme et le dépaysement sont donc ici obligatoires. Il séduit, emerveille et fascine comme emerveille un beau livre ou un dépliant touristique, alléchant par ses mille promesses. Les voyages étant impossibles dû aux moyens restreints, ce public voyage de façon fantômatique par le biais de ces oeuvres. Ce voyage est aussi bien géographique qu'intérieur puisqu'il nous entraine également dans ces mondes refoulés, ceux des fantasmes. Quoi de mieux donc que de choisir l'Afrique comme lieu de prédilection, terre de tous les mystères mais terre aussi qui a une histoire commune avec l'Italie. Rapellons nous la perte de l'Ethiopie ou l'Italie d'après l'Annunzio. L'Afrique devient un continent perdu et oublié que le mondo tente de raviver sous nos yeux ébahis. On y parle de civilisations oubliées, de pratiques et rites tout aussi oubliés, le mondo est alors comme une déliquescence d'un mythe, un continent qui se meurt devant nos yeux. Mais plus bassement, l'Afrique est aussi le continent qui durant les siècles passés a le plus souffert du racisme et nous ne rappelerons pas les années d'esclavagisme, de massacres perpetrés et autres horreurs, l'homme noir étant souvent rabaissé au rang d'animal. Il était alors facile de flatter les bas instincts racistes ou condescendants du spectateur en ciblant ce continent. Et le mondo ne s'en priva pas enveloppant le tout dans une nappe de commentaires sirupeux et critiques faussement moralisatrices, appuyant le coté malsain de l'ensemble et renforçant pour ses detracteurs que le mondo était un genre subversif et dangereux. Mais dans nos populations latines et européennes, ce coté raciste ne choque plus vraiment, l'africain n'ayant pas particulièrement bonne presse et ne fait guère partie des peuples immigrés les plus appréciés. N'est il pas considéré comme un sauvage? Un peu comme jadis on considerait l'Indien d'Amérique du Sud et ses traditions et coutûmes. Est il alors étonnant que les pays les plus productifs en mondo soient d'anciennes puissances coloniales ou d'ex-colonies reniant tout lien avec l'occupant : L'indonésie, la France, l'Italie, l'Allemagne.. Il est donc juste de voir dans le mondo certaines réminescences du colonianisme.
Il existe également dans ce genre un coté qu'on nommera forain. Regarder un tel film c'est comme aller à la foire où jadis on exhibait monstres et particularités de la nature pour satisfaire la soif de curiosité malsaine du public.
D'ailleurs les slogans publicitaires ou les titres de ces films ne font ils pas écho aux accroches foraines de jadis. Vous en aurez pour votre argent! Inédit, malsain, incroyable! Sex world, l'apocalypse! Aberrations sexuelles! Perversions jamais vues! Les foires nous étalaient son homme-tronc, sa femme à barbe, la tête coupée parlante, l'homme le plus poilu au monde... Le Mondo reprend cela à sa façon et de manière tout aussi hypocrite et scabreuse. Le mondo joue sur le coté seduction- illusion, attraction-repulsion prenant son public pour de beaux naïfs qui se satisfont de peu et quelque peu ignorant du monde dans lequel il vit mais surtout pour quelqu'un de guère exigeant quant à ce qu'il regarde, ne cherchant en aucun cas la qualité artistique.
Le but est évidemment de choquer toujours plus et quelle meilleure cible que la sexualité et la religion dans notre société puritaine et catholique? L'obscenité est donc de mise dans les années 60, époque encore sourcilleuse quant à la religion et le sexe mais dés les années 70 on jouera à fond la carte du morbide, de la répugnance en allant toujours plus loin dans la surenchère, repoussant toujours les limites, même les plus extrêmes.
Etonnamment vivace, le mondo perdurera durant presque 30 années et a aujourd'hui encore de nombreux afficionados. Mais s'il s'éteint au début des années 90 ce sera pour mieux revenir sous une forme plus neuve suivant l'évolution de notre société. L'avenement de la video et de la toute puissance de la télévision va lui permettre de renaitre sous forme de shockdocumentaries où cette fois on ressort les archives des hopitaux, de la police... pour en faire des metrages basés sur ce qu'il y a de plus atroces au monde. Fini le fake des années 70, le semi-réel, le public des années 90, le videovore veut un produit sur lequel on ne le trompe pas afin de satisfaire sa soif de voyeurisme et surtout conforme à son époque. Et cela fonctionne d'autant plus que la censure est ainsi détournée. Le marché video passe au travers des mailles de la Grande Dame Inflexible, laissant une totale liberté aux réalisateurs.
Et le genre est en perpetuels changements suivant la technologie et le progrés comme si la perversion et le vice en étaient l'ombre surnoise. La puissance de la télévision et la création quasi à l'infini de chaines privées ou non, l'arrivée du cable va engendrer un nouveau courant, rassembler un nouveau public qui se joint à l'ancien. La fin des années 90 et les années 2000 voient l'avènement de la Télé realité qui bat son plein en Amérique apportant leurs programmes de plus en plus trash aux spectateurs gourmands qui désormais vit ses plaisirs tranquillement offerts par les directeurs de chaines. Il veut, on lui offre. Cela passe bien sûr par les programmes familiaux au premier abord mais tout aussi pernicieux où on donne en pature au public le malheur du monde. Les monstres quelqu'ils soient ne sont plus sur des bandes videos mais on va les chercher chez eux et on les montre au monde entier par le biais de ses emissions. Toujours plus fort, toujours plus loin, la télévision ne se donne plus de limites tant par ces shows que par le biais de ses informations ou documentaires-reportages à sensations où s'étalent misérabilisme et monstruosité, cruauté et violence de notre société. D'autant plus pernicieux que cette fois on fait passer ce voyeurisme moderne sous l'excuse de l'information et la culture, cette même excuse sous laquelle aujourd'hui encore le spectateur se cache. Mais habitué désormais à ce beau vernis médiatique qui transforme la brutalité de notre monde en une douce respectabilité de bon aloi, le mondo a bel et bien perdu de son atroce aura au même titre que tous les shockdocs qu'on nous présente. Cette virtualisation, cette mondialisation mais également l'apparition d'internet et ses infinies possibilités a conduit à une banalisation de ces atrocités charnelles, brutales ou simples états de fait d'un monde cruel, ce monde dans lequel on vit. On peut donc se poser la question de savoir quel est le poids du mondo aujourd'hui.
Lorsqu'on réfléchit un tant soit peu, le cheminement est clair et les parallèles évidents. Ce qui fait un peu peur lorsqu'on se projette encore plus loin quelques années dans le futur!