Mangiati vivi dai cannibali
Autres titres: La secte des cannibales / Mangez les vivants / Eaten alive / Eaten alive by the cannibals / Doomed to die / Eaten alive: mangiati vivi
Réal: Umberto Lenzi
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 85mn
Acteurs: Janet Agren, Robert Kerman, Paola Senatore, Me Me Lai, Ivan Rassimov, Meg Flemming, Mel Ferrer, Franco Fantasia, Franco Coduti...
Résumé: Paola, la soeur de Sheila Morris, a disparu au coeur de la forêt amazonienne. Convaincue qu'elle est toujours vivante, Sheila part à sa recherche accompagnée d'un aventurier bourru, Mark Butler. Ils découvrent qu'elle est en fait retenue dans une secte qui a élu domicile au coeur de la jungle. Son gourou retient ses fidèles grâce à des drogues, les tribus cannibales vivant aux alentours évitant toute fuite des adeptes. Sheila et Mark sont fait prisonniers mais une jeune fidèle, Moara, va les aider à s'enfuir avec Paola...
Troisième incursion de Umberto Lenzi dans le film dit de cannibale après Cannibalis et Cannibal ferox, Mangiati vivi dai cannibali, s'il ne diffère guère des autres oeuvres du genre, s'avère plutôt original dans son scénario qui mêle de façon plutôt intelligente le film gore traditionnel et le film de secte. Et c'est immanquablement à la triste histoire de Charles Manson à laquelle on pense ici à la vision de La secte des cannibales.
Un peu plus brouillon au niveau de l'écriture que Cannibal ferox ce nouvel opus nous plonge au coeur de la jungle asiatique où se situe donc l'action. C'est en effet là qu'a choisi un dangereux gourou pour réunir ses fidèles. Si la secte dont il est à la tête est ainsi protégée du monde extérieur il n'y ainsi nulle possibilité de prendre la fuite, les alentours étant infestés de tribus cannibales. C'est dans cette secte que l'héroïne accompagnée d'un aventurier un peu rude va retrouver sa soeur disparue et tenter de l'aider à s'échapper avec la complicité d'une jeune adepte.
Outre les inévitables massacres d'animaux toujours aussi gratuits, Lenzi se laisse aller une fois de plus aux excès horrifiques particulièrement sanglants ici auxquels il nous avait habitué depuis Cannibal ferox. L'amateur de gore y trouvera donc amplement son compte. Les effets sanglants trouveront cette fois leur l'apothéose lors du lent et progressif découpage de la pauvre Paola Senatore amputée d'un sein puis d'une jambe et d'un bras dans une interminable agonie.
A ces effets sanguinolents s'ajoute bien évidemment un zeste d'érotisme particulièrement brutal souvent gratuit dont le triple viol de Me Me Lai qui fut jadis censuré dans de nombreux pays, et celui de Paola Senatore en pleine brousse par un groupe d'indigènes. Pour l'anecdote, le viol de Me Me Lai qui ne figurait pas dans le scénario original fut imposé à Lenzi par les producteurs allemands. Cannibalis / Au pays de l'exorcisme qui contenait une scène similaire mais moins explicite avait été à sa sortie un énorme succès en Allemagne. C'est donc contraint et forcé que le cinéaste dut écrire et intégrer au film une séquence équivalente qui fut pour Me Me très difficile à tourner.
Si les séquences de cannibalisme offrent une fois encore leur lot de boyaux et de membres goulument dévorés, plus intéressante et effrayante est ici la peinture que livre Lenzi de cette secte et de son impitoyable maître régnant en tyran sur ses fidèles qu'il tient à sa merci grâce à l'absorption de drogues et autres lavages de cerveaux. Lenzi décrit avec une certaine intelligence la vie des sectes et le pouvoir que peut exercer un homme sur des esprits faibles. Le terrible suicide collectif qui conclut le film en est un brillant exemple qui ramène à une trop triste et célèbre affaire.
On regrettera simplement la facilité à laquelle s'est laissé aller Lenzi cette fois. Par souci d'économie ou par fainéantise, il a tout simplement repiqué une bonne part des scènes d'horreur du Dernier monde cannibale et de La montagne du dieu cannibale ainsi que quelques plans de son propre Cannibalis pour les insérer dans ce nouvel opus. Mangiati vivi méritait beaucoup mieux. Lenzi reprend même dans son intégralité au grand désespoir des admirateurs de la belle actrice birmane la mort de Me Me Lai dans Le dernier monde cannibale. Me Me méritait elle aussi beaucoup mieux.
Tout aussi nauséeux dans sa forme et contestable dans son fond que Cannibal ferox, Mangiati vivi resté inédit en salles en France mais sorti jadis en vidéo dans une version atrocement mutilée s'il n'est pas le plus repoussant au niveau des scènes d'anthropophagie beaucoup moins réalistes que chez Deodato et que dans Cannibal ferox demeure par contre un des plus grand guignolesques films de cannibales italiens toujours autant agrémenté de massacres animaliers.
Aux cotés de Paola Senatore alors en plein déclin et de l'indispensable Me Me Lai, on retrouvera la blonde Janet Agren dont les fans admireront le corps nu peint en or, un clin d'oeil à Ursula Andress dans Le dieu de la montagne cannibale. Déjà présent dans Cannibal Holocaust, Robert Kerman se glisse cette fois dans la peau de notre rustre aventurier. La palme de l'interprétation reviendra quant à elle à l'excellent Ivan Rassimov, particulièrement convaincant dans la peau du gourou sadique digne descendant de Jim Jones.