Cannibal world
Autres titres: Horror cannibal 2 / Mondo cannibal
Réal: Bruno Mattei
Année: 2003
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 91mn
Acteurs: Helena Wagner, Claudio Morales, Cindy Jelic Matic, Antoine Reboul, Kevin Maxwell, Brad Santana, Michael Garland, Foster Howard, Eniko Bodnar, Zsilvia Chernel, Chan Lee, Domiziano Arcangeli, Mike Monty...
Résumé: Une journaliste ambitieuse et sans pitié aucune est prête à tout pour battre des records d'audience avec une téléréalité intitulée Cannibal world. Avec son équipe elle part dans la forêt amazonienne filmer les dernières tribus cannibales et leurs rites primitifs quitte à mettre en scène de faux massacres et autres abominations qu'elle filme sans aucun remord. Les cannibales finiront par se retourner contre toute l'équipe...
Mis sur la touche comme beaucoup de ses confrères dés la fin des années 80, pire encore dans les années 90, à la mort du cinéma Bis le facétieux Bruno Mattei qui n'avait plus rien tourné de réellement intéressant depuis Cruel jaws (1995) revint en force contre toute attente en 2003. Lorsque la rumeur d'un éventuel retour avait fuité au Mifed de Cannes en 2002 tout le monde crut alors à une blague. Pourtant quelques mois plus tard le bruit se confirmait. Pour preuve non pas un film mais deux signés de son pseudonyme habituel, Vincent Dawn, déboulaient. Mattei se payait même le luxe de faire revivre un sous genre du
cinéma d'exploitation qui eut son heure de gloire en Italie à la fin des années 70, le film de cannibales ou le cannibal movie né du succès du célèbre Cannibal holocaust de Ruggero Deodato. Sortent ainsi Nella terra dei cannibali / Horror holocaust et Cannibal world / Mondo cannibal, deux pellicules tournées en DTV (direct to video), un procédé alors très à la mode, et réalisées simultanément avec la même équipe et quasiment les mêmes acteurs.
Grace Forsyte est une ambitieuse journaliste qui réalise des reportages coup de poing qui lui assurent des taux d'audience record à la télévision. Malheureusement ses derniers résultats sont en chute et son producteur annule ses émissions. Furieuse elle décide de
s'associer avec un reporter aussi féroce qu'elle, Bob Manson, pour réaliser une télé réalité en direct de la jungle amazonienne intitulé Mondo cannibal. Accompagnés de leur équipe et d'un guide ils partent filmer les dernières tribus cannibales. Pour atteindre un taux d'audience encore jamais vu pour de tels programmes Grace et Bob sont prêts à tout même à truquer leurs reportages. C'est ainsi qu'ils mettent en scène de véritables tueries et massacres d'indigènes, se livrent à d'abominables exactions jusqu'au jour où les tribus qu'ils maltraitent vont se retourner contre eux. Commence alors une longue traque dans la jungle que l'expédition filme au jour le jour. Alors que cette téléréalité bat tous les records
d'audience Grace, Bob et leur équipe luttent pour survivre mais aucun n'échappera à la colère des cannibales.
Nella terra dei cannibali n'était jamais qu'un remake de Predator où les anthropophages remplaçaient simplement l'Alien, Mattei y ajoutant un nombre impressionnant de clins d'oeil et références à bon nombre d'autres films, des classiques, dont il pillait des séquences complètes (Cannibal holocaust, Le dernier monde cannibale, Mondo cannibale de Jess Franco, Strike commando...). On pouvait donc voir le film comme un hommage à tout un pan du cinéma Bis des années 70 et 80. Avec Mondo cannibal Mattei fait encore plus
simple. On ne peut pas vraiment parler d'hommage cette fois mais plutôt d'un pompage quasi complet de Cannibal holocaust, simplement remis au gout du jour. Le scénario est identique, Mattei reprend l'idée de l'équipe de journaliste prête à tout pour un scoop y compris commettre les pires abominations sous couvert d'informer le public à la différence près que dans les années 2000 il y eut l'avènement de la télé réalité. Il remplace simplement le reportage par une de ces émissions où tout est possible et permis pour exploser l'audience et offrir au public sa dose de sensations fortes. Pour le reste la trame est similaire. Aucune surprise nous attend au détour de cette jungle philippine (et non pas amazonienne).
Mondo cannibal s'avère un tout petit peu plus crédible au niveau de l'interprétation déjà, mieux construit également que Nella terra dei cannibali même si Mattei accumule encore et toujours les invraisemblances, les incohérences. On nage en pleine improbabilité durant 90 minutes, nos aventuriers reporters agissent contre toute logique en débitant par moment d'incroyables stupidités (on ne parle pas du langage yaourt "Ya bon banania" des cannibales que Mattei a cru bon d'inventer, une explosion de rire assurée) mais avouons que l'idée de départ, les thèmes que Mattei soulèvent sont loin d'être inintéressants et encore plus d'actualité aujourd'hui vu l'évolution des téléréalités. Les questions qu'ils
posent, certaines réflexions sont justes et donnent au film un semblant d'intérêt. Voilà peut-être la grosse différence entre les deux films. Certes on retrouvait ces thématiques dans Cannibal holocaust, elles n'ont jamais qu'été maladroitement mises à jour en s'orientant sur ce qu'est aujourd'hui devenu le journalisme, la télévision, les médias de plus en plus immoraux de manière plus générale qui n'ont fait qu'accentuer la soif de perversion, le désir de violence du spectateur. Le discours est là, dommage que le film, écrit au jour le jour lors du tournage du premier dont il récupère des rushes et séquences non utilisées auxquels s'ajoutent les inévitables stock-shots, reste une jolie hilarité exotique assaisonnée de
scènes gore qui font toujours plaisir et de massacres d'animaux bien réels (un petit crocodile). L'amateur de mutilations diverses et de ripailles bien rougeâtres sera ravi (un foetus est arraché du ventre de sa mère et dévoré) même si Mondo cannibal est légèrement moins axé effets sanglants que son prédécesseur.
La distribution est quasiment la même que celle de Nella terra dei cannibali. Le nageur professionnel Claudio Morales (un hybride entre Billy Zane et Antonio Banderas) a troqué sa tenue d'aventurier façon Indy à la mode western pour celle d'un reporter un peu plus "classe" mais féroce du moins se laisse t-il entrainer par Miss Grace "Satanas" Forsyte
interprétée par la brune et toujours très élégante (quelque soit la situation) Helena Wagner dont ce sera l'unique film. A se demander si elle n'a pas emmené une vanity case avec elle pour être toujours aussi pimpante en pleine jungle sauvage! La blonde Cindy Jelic Matic n'est plus la déesse blonde de Nella terra... mais l'assistante d'Helena, un changement de rôle qui ne change en rien son jeu à la limite de l'amateurisme. L'indigène maltraité du premier film joue ici le guide de l'expédition. Silvio Jimenez n'est plus un soldat commando mais un garde forestier car oui il y a des gardes forestiers en pleine jungle! Le vétéran Mike Monty non crédité au générique se glisse rapidement dans la peau du prêtre mais il fut
également assistant à la production au film. Quant aux cannibales cette fois encore Mattei a fait appel aux indigènes locaux peinturlurés qui cabotinent à souhait et s'en donnent à coeur joie sans jamais être vraiment crédibles. Mais ils font toujours leur petit effet sur les plus sensibles.
Nella terra dei cannibali et Mondo cannibal sont ce qu'ils sont, deux films réalisés avec des bouts de chandelles mais avec coeur par un Mattei qui vingt cinq ans après Cannibal holocaust et quinze ans après l'ultime cannibal movie tourné en Italie (L'enfer vert / Natura contro) a voulu rendre hommage au genre de façon (in)volontairement drôle. La Mattei's
touch. Courageux car il fallait oser refaire ce type de film au début de ce nouveau millénaire mais aussi sans prétention aucune outre celle de divertir le fan. On rit beaucoup, difficile de faire autrement face à de telles situations, mais ces deux pellicules jumelles vues pour ce qu'elles sont, sont franchement ludiques et se laissent voir sans mal. Elles sont de toutes façons bien plus sincères et surtout bien plus divertissantes que l'exécrable et prétentieux Green inferno du tout aussi prétentieux Ely Roth.
Signalons que le film qui passe derrière la présentatrice télé en tout début de bande est le fameux Nuova Guinea l'isola dei cannibali de Akira Ide (1974). Un clin d'oeil supplémentaire.