L'aldila
Autres titres: L'au delà / The Beyond / E tu vivrai nel terrore.. l'aldilà / Seven doors to death
Real: Lucio Fulci
Année: 1981
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 93mn
Acteurs: Catriona McCall, David Warbeck, Antoine St John, Cinzia Monreale, Veronica Lazar, Al Cliver, Maria Pia Marsala, Gianpaolo Saccarola, Giovanni De Nava, Anthony Flees, Michele Mirabella, Laura De Marchi...
Résumé: Au début du siècle, un peintre maudit se fait crucifier quelque part en Louisiane. De nos jours toujours en Louisiane, une femme hérite d'un hôtel. Suite à d'étranges événements, elle découvre que l'hôtel est bâti sur une des sept portes de l'Enfer. Celle ci a été ouverte et les morts peuvent désormais revenir sur Terre...
Sorti en 1981, L'au delà constitue le dernier volet du triptyque de Fulci consacré aux morts-vivants. Considéré comme un véritable monument gore pour beaucoup, L'au delà est avant tout un patchwork des deux films précédents du réalisateur, à savoir L'enfer des zombis et Frayeurs. C'est ici un enchaînement successif de tableaux sanguinolents auquel on assiste, parfois sans réel lien entre eux qui se greffent sur un embryon de scénario. C'est cet aspect décousu et simpliste qui joua essentiellement en la défaveur du film lors de sa sortie.
Cet énorme catalogue d'horreurs en tout genre devint pourtant vite une référence pour les amateurs du genre. Si on pousse un peu l'analyse, L'au delà, suite directe de Frayeurs, est loin d'être un mauvais film. Fulci réussit comme de coutume à lui donner une réelle dimension onirique et macabre, filmant certaines scènes avec un tel sens de la terreur pure qu'il frise parfois la perfection.
Malheureusement, ces quelques instants de bonheur sont noyés dans une bouillie d'abominations, l'outrance prenant très vite le dessus. En voulant jouer la carte de l'excès, Fulci y perd la cohésion et la subtilité de ses oeuvres précédentes. Trop emphatique pour faire peur, il ne nous reste plus qu'à se laisser bercer par les chocs visuels de cet étal de l'abominable, en pardonnant au maître le ratage de l'attaque des mygales. Cette séquence est plutôt indigne du réalisateur qui se contente de filmer de ridicules araignées artificielles parmi quelques unes bien réelles venant percer de leurs mandibules le latex du visage d'une malheureuse victime.
L'esprit pointilleux froncera aussi le sourcil devant le manque de logique du film, certains personnages disparaissent puis reviennent sans explication aucune alors que d'autres n'ont aucune réelle utilité dans la trame de l'histoire ou agissent sans qu'on comprenne leurs véritables motivations.
Le vrai intérêt de L'au delà est ailleurs. Comme dans beaucoup des oeuvres de Fulci, il réside dans l'impressionnante galerie fantastique qu'il déploie: omniprésence du sang, flots souterrains qui grondent dans les caves de l'hôtel, digue qui s'étend à perte de vue sous un ciel lourd, l'aveugle s'enfuyant au ralenti dans le plus pesant des silences sans oublier l'incroyable et douloureuse crucifixion du peintre maudit qui ouvre le film.
Une photographie tournée irrémédiablement vers le surréalisme donne la touche finale à ces moments de pur bonheur qu'enveloppe la très belle et envoûtante partition musicale du fidèle Fabio Frizzi.
La scène finale demeurera l'une des plus belles séquences jamais tournées dans le cinéma fantastique, la découverte de la Mer des Ténèbres qui accompagne la vision des Enfers, véritable choc esthétique, d'une beauté visuelle rarement égalée qui résume en quelques minutes tout le travail et le génie visionnaire de Fulci.
Prenant le pas sur la fascination hypnotique, c'est une terreur purement viscérale que ressent le spectateur, à l'instar des deux protagonistes découvrant l'Enfer: noyée dans une brume grisâtre, c'est sur une mer de cadavres putrides que les deux héros courent main dans la main lors d'un ralenti oppressant. Ils réalisent alors que où ils aillent, ils ne voient plus que la même et funeste image. Cette séquence fabuleuse fait partie de ces instants quasi solennels où le temps et l'espace semblent ne plus exister. Les deux héros perdent alors la vue tandis qu'une voix sépulcrale leur murmure qu'ils ont découvert la Mer des Ténèbres. Si on ne devait conserver qu'une seule scène dans toute l'oeuvre de Lucio Fulci, ce serait sans nul doute celle ci.
En tête d'affiche on retrouve une fois de plus la muse du réalisateur, la belle franco-écossaise Catriona McCall aux cotés du regretté David Warbeck. Cinzia Monreale cachée sous le pseudonyme de Sarah Keller incarne la jeune aveugle. Egalement présents le toujours vaillant Al Cliver et celle qui endossa la défroque de Mater Tenebrarum dans Inferno, l'actrice roumaine Veronica Lazar.
Si Lucio Fulci a conclu sa grande saga des zombis de façon mitigée, ses grandes qualités d'esthète et son coté visionnaire du fantastique font pardonner les excès et les incohérences de L'au delà, qui, s'il n'est pas une pièce majeure du réalisateur, restera par contre dans les annales du gore.