Cannibal holocaust
Autres titres: Ruggero Deodato's cannibal holocaust
Réal: Ruggero Deodato
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 92 mn
Acteurs: Gabriel Yorke, Francesca Ciardi, Perry Pirkanen, Robert Kerman, Lionello Pio Di Savoia, Luca Barbareschi, Salvatore Basile, Ricardo Fuentes, Paolo Paolini, Luigina Rocchi, Lucia Costantini, Ruggero Doedato...
Résumé: Quatre reporters ont disparu dans la jungle amazonienne. Une équipe de secours part à la recherche. Ils découvriront les bandes que les quatre journalistes ont tourné. Ils les visionnent et vont très vite s'apercevoir qu'il n'étaient de quatre êtres sans morale ni pitié, prêt à tout pour décrocher un scoop y compris tuer et massacrer des indigènes. Ceux ci se sont alors révoltés...
En 1979, trois ans après une première incursion dans le genre avec l'impressionnant Dernier monde cannibale, déboule donc la deuxième tentative de Ruggero Deodato dans le genre, le désormais fameux Cannibal holocaust, véritable apothéose dans l'horreur qui allait ébranler toutes les censures du monde. Interdit en Italie lors de sa sortie, accusé d'être un véritable snuff movie, Cannibal holocaust va être à l'origine d'un procès qui trainera Deodato devant le tribunaux. C'est d'ailleurs sur cette sordide publicité que le film bâtira toute sa réputation.
Aujourd'hui encore, le film reste une oeuvre à part dans la production italienne. Nauséeux, paroxysmique, malsain, à la limite du soutenable, l'oeuvre toujours aussi dérangeante de par son réalisme a su garder au fil du temps toute sa force et rares sont ceux qu'elle laisserait indifférents.
Etrange film à la croisée des courants en vogue alors dans le cinéma transalpin, le film d'aventures exotiques et le cinéma tendance vomitif, Cannibal Holocaust tente de dénoncer les limites des médias avec en filigrane l'éternelle question: de l'homme civilisé ou de l'indigène primitif, qui est donc le plus dangereux, où se situent réellement les valeurs humaines?
Autour de ces thèmes, le réalisateur signe un film unique, tourné comme un documentaire, caméra à la main, qui lui donne un coté authentique particulièrement redoutable. Cannibal holocaust n'est pas sans rappeler les mondos dont il pourrait être l'effroyable descendant puisque sous couvert documentaire, sous la forme d'un film-vérité, il s'apparente aux mondos de Gualtiero Jacopetti et surtout ceux des frères Castiglioni notamment Mondo Magic / Magia nuda.
Si toutefois on sourit devant une expédition aussi peu plausible et peu préparée, si on apprend vite à détester les quatre reporters, arrogants et peu sympathiques, si on rit devant une nuée de nymphettes indigènes tourbillonnant dans l'eau autour des parties génitales du professeur (auraient elles appris que Robert Kerman alias Richard Bolla était un ancien acteur porno très actif dans les années 70?) on rit beaucoup moins quand interviennent les premiers éléments de cinéma vomitif.
Cannibal Holocaust bat en effet tous les records d'ignominie avec un luxe étonnant de détails sordides et dérangeants. Plongée hallucinante au coeur de l'abominable la pellicule se compose d'une succession de scènes de viols, de lapidations, de mutilations diverses, de dépeçages, de repas de chair fraîche interminables et autres gros plans de cadavres putrides sans oublier les inévitables tueries d'animaux dont l'inoubliable et particulièrement éprouvante agonie d'une tortue dépecée vivante et d'un rat musqué. Cette seconde plongée dans l'univers du cannibalisme de Deodato est une violente remontée des peurs les plus primitives de l'homme qui se terminera en véritable apothéose. Le dernier reporter encore en vie filmera en effet l'atroce agonie de ses compagnons avant de filmer sa propre mort, la caméra tombée à terre continuant de tourner.
Apologie d'un voyeurisme exacerbé, Cannibal Holocaust se clôture sur les visages médusés et blafards du professeur et des producteurs qui décideront de détruire les bandes. De son coté le spectateur tout aussi blême, la mine déconfite détruite par la force de l'impact de ces images particulièrement crues, sera quant à lui heureux, du moins pour les endurants, d'avoir pu assouvir ses plus vils instincts. A chacun sa morale!
Oeuvre quasi unique, Cannibal Holocaust a bel et bien sa place au panthéon des films gore les plus redoutables des années 80. Ruggero Deodato sera à jamais le réalisateur d'un des films les plus controversés resté inégalé à ce jour tout en se targuant d'être à l'origine de toute une lignée d'oeuvres de ce genre qui allait doucement parsemer le panorama de l'horreur italienne voire mondiale.