Il fiume del grande caimano
Autres titres: Le grand alligator / Alligator / Le dieu alligator / The great alligator / Big alligator river
Real: Sergio Martino
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 84mn
Acteurs: Mel Ferrer, Claudio Cassinelli, Barbara Bach, Annie Papa, Lory Del Santo, Richard Johnson, Geneve Hutton, Romano Puppo, Fabrizia Castagnoli, Bobby Rhodes, Chiara Colosimo...
Résumé: Daniel Nessel, un photographe, se rend dans un coin perdu de l'Afrique pour l'inauguration d'un luxueux complexe hôtelier, le Paradise House. Il fait la connaissance d'une anthropologue, Alice Brand. Peu de temps après, une top modèle et un indigène disparaissent. Nessel pense qu'un alligator géant hante les eaux des rivières. Pour les Kumas, une peuplade primitive qui déifie l'animal, les responsables de sa colère sont les hommes blancs. Afin de calmer sa fureur, ils tuent les touristes venus en masse pour l'inauguration du complexe. C'est alors que le crocodile l'attaque. Le carnage commence…
Réalisé en 1979, Il fiume del grande caimano vient s'ajouter à la petite liste de films d'aventures exotiques que Sergio Martino tourna à la fin des années 70 entre La montagne du dieu cannibale et Le continent des hommes poissons. Les films de bestiaire ayant alors le vent en poupe notamment les crocodiles, Martino met à son tour en scène un alligator dans ce parfait démarquage de Jaws, le grand caïman du titre remplaçant simplement cette fois le requin de Spielberg.
Martino applique donc avec soin et méticulosité l'incontournable recette qui fit le succès du film dont il s'inspire ouvertement. Il situe l'action sur une superbe île tropicale
sur laquelle un agent immobilier vénal désire construire un complexe touristique nonobstant les mises en garde locales. Il n'y a donc plus qu'à gentiment attendre l'attaque du saurien. Du point de vue de son scénario, Le grand alligator n'est en rien une surprise. Martino se contente de reprendre les grosses ficelles du genre tandis que la trame est d'une linéarité exemplaire. Le grand alligator débute par une inévitable et fastidieuse séance de photos de mode sous les palmiers, au bord des piscines de luxe du grand hôtel. arrivent ensuite les fringants touristes qui ne pensent qu'à profiter des lieux avant de servir de nourriture à l'alligator géant dont l'ombre se fait de plus en plus menaçante. Le film se clôturera bien entendu par un massacre général comme le veux la tradition durant lequel les méchants seront inévitablement tués par l'animal.
A la plage de Jaws se substitue un complexe touristique en forme de gros radeau-dancing, le Paradise House, où de vieilles bourgeoises se déchainent au son d'une atroce musique disco composée par un Stelvio Cipriani apparemment peu inspiré cette fois. L'aqua-dancing immobilisé au beau milieu du lac est alors pris d'assaut par le caïman belliqueux.
Si Le grand alligator est une honnête petite série B à l'intrigue vue et revue avec plus ou moins de bonheur il demeure néanmoins le film tropical le moins excitant de Martino. Après un début fastidieux, le film ronronne et lentement l'ennui gagne lentement le spectateur. Même si Martino ponctue l'intrigue des éternelles fausses peurs récurrentes aux films de bestiaire et de quelques gags éculés, même s'il laisse glisser sa caméra au ras de l'eau afin de ne jamais vraiment dévoiler son monstre et ainsi soigner son apparition lors de la seconde moitié du film, il ne parvient jamais à créer un véritable climat de tension et de terreur. Il ne reste plus qu'à attendre patiemment l'inévitable attaque finale du crocodile géant considéré ici comme un Dieu par les indigènes locaux apparemment fort racistes vis à vis de l'homme blanc, comme au bon vieux temps des films de jungle. Il est amusant de constater que Martino a intégrer au scénario quelques éléments d'un autre genre alors en vogue, le cannibal movie. Outre cette île tropicale, on retrouvera donc une tribu indigène bien peu aimable, les Kumas qui vit encore à l'âge de pierre.
Afin de calmer la colère du Dieu caïman, les Kumas qui ont permis la construction du complexe vont tuer un maximum de touristes blancs.
L'indispensable massacre qui clôturera le film est quant à lui plutôt réussi même s'il n'est pas vraiment sanglant ce qui risque de décevoir les amateurs d'effets gore saisissants. Peu de suspens là encore puisqu'on aura deviné depuis longtemps qui restera en vie et qui ne le restera pas.
Certes original pour son coté disparate, ce mélange des genres assez drôle, Le grand alligator ne parvient pourtant pas à convaincre vraiment. Trop peu sanglant, doté d'effets spéciaux plutôt précaires, il demeure trop approximatif et décousu sans parler de son évident manque d'érotisme et surtout d'énergie. Certains souriront face à l'erreur commise par Martino en situant son film en Afrique où on a plus de chance de trouver des crocodiles que des alligators! Mais cette petite précision n'est surement pas venue à l'esprit des scénaristes. Fi du détail! Alligators, caïmans ou crocodiles, seules leurs attaques comptent aux yeux du spectateur.
Malgré ses défauts, Il fiume del grande caimano reste un petit film sympathique, distrayant, gentiment décalé, un film de monstres oubliable mais correct.
On retrouvera en vacation sur cette île l'une des ex-sexy girls du cinéma de genre italien, Barbara Bach, déjà présente dans Le continent des hommes poissons, toujours aussi désirable mais fort avare de ses charmes cette fois. A ses cotés, on reconnaitra l'acteur fétiche du réalisateur, Claudio Cassinelli, tandis que Mel Ferrer campe ici un agent immobilier vénal et borné, plus en visite touristique que concerné par son rôle semble t-il. Les fans de Lory Del Santo regretteront quant à eux que Martino l'ai relégué au rang de simple potiche mais se réjouiront de la voir seins nus lors de ses rares apparitions avant de se faire croquer par les mâchoires infernales, victime de sa témérité.