Anthropophagous
Autres titres: The grim reaper / Antropophagous / Antropophagus / Antropofago / Antropophagous: the beast
Réal: Joe D'Amato
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 90 mn
Acteurs: George Eastman, Zora kerowa, Tisa Farrow, Serena Grandi, Saverio Vallone, Mark Bodin, Margaret Mazzantini, Rubina Rey, Bob Larsen...
Résumé: Un petit village côtier a été totalement déserté. Un groupe d'amis débarquent devant y retrouver des amis. Très vite, une ambiance de terreur sourde s'installe. Quelque chose semble se cacher, se tapir dans l'ombre. L'horreur surgira sous la forme d'un homme devenu cannibale suite à de terribles événements....
En ce début d'années 80, le mythe de l'anthropophage ne laissa personne indifférent et sûrement pas les réalisateurs italiens qui grâce à ce sous filon du cinéma d'exploitation purent trouver une merveilleuse source d'inspiration d'horreurs toute plus réjouissantes et incroyables les unes que les autres. Le but du jeu était avant tout d'aller de plus en loin dans la surenchère et l'incroyable afin de battre ses confrères à plate couture.
A ce jeu, le prolifique Joe d'Amato n'était jamais à court d'idées hallucinantes et on pouvait se fier à lui pour nous offrir des oeuvres souvent fortes et malsaines. C'est ainsi que Anthropophagous vit le jour et fit en son temps frémir toute une génération. IL bâtit sa réputation sur une seule séquence, sa scène finale, qui donna d'ailleurs au film son slogan provocateur: L'homme qui se mange lui même!
Après Blue Holocaust, un des films les plus connus et aboutis de Joe d'Amato, Anthropophagous est une oeuvre visuellement belle et envoûtante qui emprunte à un certain cinéma baroque son imagerie et ses décors comme entre autre ce très beau manoir qui se dresse au milieu de l'île maudite.
Dés l'ouverture, D'Amato insuffle à son film une atmosphère lourde, étouffante, un climat de malaise qui suinte des murs de pierres de ce petit village côtier grec silencieux, désert, abandonné du moins semble t-il l'être. La caméra inspecte ces endroits qui paraissent abriter un terrible danger, invisible, mais bel et bien présent. Quelque chose d'horrible rôde, se tapit. On baigne d'un bout à l'autre du film dans une ambiance d'angoisse sourde, oppressante, ponctuée d'effets chocs comme la découverte inattendue de la jeune aveugle cachée dans la cave.
C'est à la lueur des éclairs lors d'un terrible orage que l'horreur prendra enfin forme. Toujours aussi à l'aise dans les rôles de fous sadique, George Eastman campe ici un anthropophage monstrueux, roulant excessivement des yeux, bondissant sur tout ce qui sent la chair fraîche. On a ainsi droit à d'inoubliables séquences devenues aujourd'hui légendaires qu'on aurait du mal à imaginer aujourd'hui, témoignage d'une Italie qui ne se donnait alors aucune limite dans l'abominable. Comment oublier la scène où le monstre dévore à pleines dents le foetus de la pauvre Serena Grandi qu'il vient de lui arracher du ventre, la découverte de son garde-manger, sombre crypte dans laquelle s'entassent des squelettes filmée de façon onirique quasi surréaliste, summum d'une poésie macabre que n'aurait pas renié Lucio Fulci. On retrouvera d'ailleurs cette poésie macabre si cher au cinéma italien dans la scène qui se déroule au manoir lors de la mort de Zora Kerowa et du suicide de la propriétaire.
Mais ce dont on retiendra surtout de Anthropophagous c'est sa séquence de clôture, véritable clou du film et grand moment d'anthologie dans l'innommable. Ce monstre finira par manger ses propres entrailles, après que l'ultime survivant l'ait frappé au ventre d'un coup de pioche faisant jaillir ses intestins qu'il saisit à pleines mains afin de les dévorer.
Hormis ces quelques scènes, Anthropophagous reste pourtant assez sage au niveau des plans horrifiques. Il n'est pas le film sanglant que sa réputation a pu laisser supposer d'où parfois une déception du spectateur novice.
En tête d'affiche, hormis donc Zora Kerowa on retrouve aux cotés de George Eastman également responsable du scénario, la belle Tisa Farrow, fraîchement sortie de L'Enfer des Zombis, l'ex-prince du roman-photo Mark Bodin, Serena Grandi et la future écrivain à succès Margaret Mazzantini dans le rôle de la jeune aveugle.
Si aujourd'hui Anthropophagous a pas mal perdu de sa force, il demeure néanmoins un parfait spectacle pour amateurs de gore. Il est le témoignage d'une ère révolue, l'exemple parfait d'un cinéma Bis transalpin qui se permettait alors tous les vices et excès. Ici, la faim justifie les moyens!