Los supervivientes de los Andes
Autres titres: Survivre / Survive
Réal: René Cardona
Année: 1976
Origine: Mexique
Genre: Survival
Durée: 85mn
Acteurs: Hugo Stiglitz, Norma Lazareno, Fernando Larranaga, Pablo Ferel, Leonardo Daniel, Luz Maria Aguilar, Sarah Guasch, José Elias Moreno...
Résumé: 1972. Un avion transportant à son bord 45 passagers dont une équipe de foot s'écrase quelque part dans la cordillère des Andes. Les tentatives pour retrouver l'appareil sont vaines. Abandonnés à leur sort, les survivants, blessés, désespérés, vont devoir pour survivre dans un froid glacial, s'adonner au cannibalisme. Les cadavres de leurs compagnons leur serviront de nourriture avant que d'éventuels secours ne les retrouvent...
Tiré du tristement célèbre fait divers qui défraya la chronique en février 1972, Survivre! fut à sa sortie en 1977 tout auréolé d'un vent de scandale du fait de ses séquences de cannibalisme.
Rene Cardona, un des spécialistes de l'exploitation mexicaine des années 60 et 70, tire de cette tragédie son coté le plus morbide et tape-à-l'oeil pour en faire une petite série B souvent nauséeuse qui vise avant tout le sensationnel.
Contrairement à Cyclone signé par son fils, Cardona va droit au sujet en évitant les interminables introductions et autres bavardages inutiles. On embarque dans l'avion, on survole la cordillère des Andes et c'est presque aussitôt qu'on assiste au terrible crash en plein coeur des montagnes enneigées. En dix minutes tapantes, nous voilà au centre de l'action et de ce que Cardona voulait essentiellement nous montrer: toute l'horreur d'une situation dont seule la mort semble être l'issue après que les secours aient abandonné les recherches. Reste donc tout le métrage pour nous plonger au coeur de leur désespoir et leur résignation à se nourrir des cadavres de leurs compagnons.
On pourra reprocher au réalisateur, et la critique ne s'en priva pas à l'époque, d'avoir tiré une bande morbide et voyeuriste à partir d'un drame qui aurait nécessité plus de dignité et surtout d'humilité. Cardona avec une extraordinaire légèreté traite avec une toute aussi extraordinaire complaisance de ce sujet si intime afin de n'en retenir que les aspects les plus sordides.
Dans sa soif de montrer, il en arrive à survoler son sujet comme ce pauvre avion survolait les Andes et réduit à son plus strict minimum autrement dit par des dialogues d'écolier une des plus déchirantes décisions qu'un homme doit prendre: survivre en se nourrissant de chair humaine. Afin de justifier cette décision, il s'en remet même à Dieu et cite les Evangiles où il est écrit que l'Homme se nourrira de la chair de son fils et de sa fille. Sans réellement chercher à comprendre, tout le monde acquiesce et part dévorer en toute quiétude son prochain. Amen!
On sourit devant une telle désinvolture et une telle facilité d'autant plus que tout va très vite. On ne s'attarde pas, on ne discute pas. Ainsi les mois passent à la vitesse supersonique.
Survivre est un pur exemple de cinéma d'exploitation dans ce que tout cela sous-entend. Faire fi de tout sentiment, toute réflexion, toute finesse ou décence et ne garder d'un drame que toute son horreur pour en faire un spectacle voyeuriste dans le plus total irrespect et contre toute morale mais n'est ce pas là ce que demandent tout admirateur de ce type de cinéma. Oserions nous plaindre!
Quant à l'aspect technique, le crash est assez spectaculaire malgré le budget microscopique dont a bénéficié Cardona. Les corps sont éjectés de la carlingue, tout explose, la caméra s'attarde sur les corps ensanglantés qui s'entassent les uns sur les autres dans l'épave. Cardona se permet également quelques séquences gore et plans sanglants: un passager se fait transpercer par un pieu, un autre est éventré et sera recousu avec les moyens du bord... Et arrivent ce qu'on attendait le plus du film: ses fameuses séquences de cannibalisme. A l'aide d'un couteau, on découpe en tranche fines les corps pour les faire sécher au soleil et les manger petit à petit au fil des jours. Rien de très spectaculaire en fait. On est loin des excès sanguinolents des années 80 et ces séquences risqueront de décevoir les amateurs de gore beaucoup plus graphique. C'est plus le dégoût qui provient du geste en lui même que l'acte qui ici pourra mettre mal à l'aise. Cardona semble avoir étonnamment préféré une horreur plus viscérale que visuelle.
Tourné en grande partie en studio, on sourira face à cette fausse neige, en fait des boulettes de polystyrène soufflées par un ventilateur géant qui se collent sur le visage des acteurs. Cela tranche nettement avec les rares séquences tournées en extérieur dans des montagnes et forêts d'une laideur sidérante, semblables aux vieilles montagnes de notre cher Hexagone prouvant une fois de plus toute l'étroitesse des moyens. Ce coté un rien miséreux et ringard accentue l'aspect éminemment Bis du film et de ce fait son coté hautement sympathique.
Si Cardona ne fait malheureusement preuve d'aucun génie quant à la mise en scène d'une effarante platitude, si l'interprétation est des plus statiques et les personnages de simples silhouettes et caricatures, il émane pourtant de Survivre quelque chose d'attrayant. Peut être est ce cet étalage de désespoir si joliment peu creusé et la désinvolture dont fait preuve Cardona caractéristique de ce type de cinéma. Pas vraiment désagréable, un brin ennuyeux, une chose est certaine, Survivre ne vaut certainement pas la réputation qu'on lui fit il y a 30 ans!