Le mythe du zombi
S'il est bien un personnage qui de tout temps a toujours inspiré la peur sous sa plus terrible forme, une peur sans nom qui se retrouve dans toutes les civilisations, c'est bien le mort-vivant. Cette terreur prend source à l'origine même du zombi, celle de la mort et l'après-mort, celle de l'au delà et de l'inconnu dans lequel chacun de nous basculera un jour. Si la littérature regorge de récits prenant pour base ce terrible personnage, le cinéma ne resta pas en marge et très tôt s'est emparé du mythe par le biais notamment d'oeuvres de Poe, un des spécialistes du genre. Ce dossier se propose donc de parcourir ce terrifiant mythe sur grand écran qui coïncide avec la naissance du cinéma parlant dans les années 30 et d'en faire une étude aussi exhaustive que possible en passant en revue les différentes oeuvres qui firent et font encore le succès du genre, un succès jamais démenti qui alla crescendo jusqu'à son apogée dans les années 80 en Italie une fois de plus, devenant alors le personnage favori du fantasticophile. Bon voyage au pays des morts!
LES ORIGINES DU ZOMBI:
En fait, sous ce terme souvent galvaudé se cache un mythe qui prend naissance dans les croyances et la sorcellerie antillaise, toujours en pratique dans les contrées haïtiennes au pays même du vaudou auquel le zombi est indiscutablement lié.
Chez les haïtiens et leurs terribles croyances existeraient des êtres ni réellement morts ni vraiment vivants. Les sorciers vaudou auraient le pouvoir de provoquer la mort d'une personne et de la ramener à la vie quelques jours plus tard. Devenu un zombi, l'individu n'aurait plus de volonté propre et obéirait aveuglément au Maître qui en ferait son esclave.
Si bien peu de personnes ont eu l'occasion d'assister à ces macabres faits soigneusement cachés par les autochtones- le vaudou est interdit et fortement réprimandé par la loi- le zombi continue d'alimenter toutes les discussions et caresser l'imagination.
Si beaucoup attribuent au zombi des explications beaucoup plus rationnelles, refusant toute cause surnaturelle au phénomène, celle qui revient le plus souvent est celle d'une léthargie plus ou moins prolongée provoquée par des drogues. Quoiqu'il en soit, même si on accepte la thèse de la catalepsie, nombre de cas troublants ont été constatés comme ces hommes automates glacés nommés Zombis-jardin travaillant dans les champs. Ils sont en fait le résultat morbide de rites coupables pratiqués par des sorciers vaudou que les autorités chassent et condamnent du moins dans les villes. Mais il en va tout autrement dans les régions inaccessibles ou hors d'atteinte des lois. Les nuits vaudou perdurent.
Il est clair que le zombi est le fruit d'effroyables rites ancestraux pratiqués autrefois dans les tribus primitives et qui ont résisté à la civilisation, gardant encore aujourd'hui leurs abominables secrets baigné de doutes.
Le zombi avait tout donc pour devenir un des thèmes de prédilection du cinéma, véritable mine d'or qu'on allait décliner à toutes les sauces dans les plus insoutenables récits et visions d'horreur.
Pour plus de clarté on classifiera les zombis en deux grandes classes: celle des morts-vivants issus du vaudou, du satanisme et autres pratiques diaboliques et les zombis issus de pratiques scientifiques générées par des savants fous à différentes fins tout aussi inavouables.
LES PREMIERS PAS DU ZOMBI:
Pour trouver trace des premiers zombis sur grand écran, il faut remonter très loin en arrière dans les années 30 en fait lors des premiers balbutiements du cinéma parlant puisque aucun film du genre ne fut tourné durant toute la période du cinéma muet.
Et ce premier film n'est autre qu'un des chefs d'oeuvres hollywoodiens d'alors, le célèbre White zombis / Zombis / Les morts vivants réalisé en 1932 par Edward et Victor Halperin avec le grand Bela Lugosi. Un scénario simple, celui d'un jeune homme qui transforme celle qui l'aime en zombi afin de la garder à lui mais va tomber sous l'emprise du sorcier vaudou dont il a requis les services. Si le film, modèle parfait de la série B d'alors passera plus ou moins inaperçu lors de sa sortie, le scénario deviendra un modèle du genre et ce n'est que plus tard que la critique lui reconnaitra ses qualités, notamment les splendides décors, les maquillages cadavériques de Jack Pierce et l'interprétation de Lugosi, ici parfaitement diabolique et terrifiant de par son visage halluciné sans oublier quelques séquences choc comme l'apparition soudaine de Lugosi sur une route déserte ou le suicide collectif des zombis du haut d'une falaise.
En 1933, l'Angleterre nous concocte The ghoul / Le fantôme vivant de Hayes Hunter, plus classique dans son style et mettant en vedette Boris Karloff, de passage alors en Angleterre. The ghoul mêle le mythe du zombi à celui de l'égyptologie puisque Karloff reviendra à la vie grâce à une pierre sacrée égyptienne pour se venger et punir ses héritiers sans scrupules. Plutôt lugubre et reposant sur le jeu de Karloff, The ghoul est assez impressionnant pour l'époque.
Karloff récidivera en 1936 dans le genre avec The walking dead / Le mort qui marche de Michael Curtiz dont ce fut la dernière incursion dans le fantastique. Karloff deviendra un temps l'un des spécialistes du genre et c'est avec joie qu'on le retrouve en 1939 dans The man they could not hang de Nick Grinde, film produit par la Columbia où il joue un savant ayant mis au point un coeur artificiel n'hésitant pas à tuer un homme afin de le tester. Dénoncé et condamné à la pendaison, son assistant le libère et le ramène à la vie grâce à ce muscle cardiaque artificiel.
Le grand acteur tournera entre 1940 et 1942 cinq autres films pour la Columbia tous inédits en France: The man with nine lives, Before I hang, The devil commands et The boogey man will get you.
Si Boris Karloff fut fidèle au genre, Bela Lugosi, l'autre monstre sacré hollywoodien d'alors, le fut tout aussi puisque l'acteur fut à l'affiche de quelques films du genre dans le années 40 le plus souvent dans des rôles de savants fous, Lugosi ayant toujours favorisé les rôles ne nécessitant aucun maquillage spécial au contraire de Karloff.
On citera Le monstre de minuit / Bowery at midnight de Wallace Fox en 1942, The voodoo man de William Beaudine et enfin Zombies on Broadway de Gordon Douglas en 1945 qui cette fois est plus une parodie du genre qui sombre vite dans la comédie.
L'EVOLUTION DU GENRE:
Dans les années 30 et 40, beaucoup d'autres films virent le jour mais cette fois sans les deux monstres sacrés du cinéma hollywoodien qu'étaient Bela Lugosi et Boris Karloff.
Six heures à vivre / Six hours to live sorti quasiment en même temps que White zombis est une petite oeuvrette fantastico-onirique où un homme revenu à la vie va cette fois, et chose rarissime dans ce style de film, se transformer en une sorte d'ange gardien et tenter de faire le bien autour de lui durant son court séjour terrestre avant de retourner au royaume des morts.
On retrouve dés 1936 les frères Halperin pour Revolt of the zombies qui tentent de refaire White zombis mais en transposant cette fois en Asie, changement de décor certes mais pour une histoire qui rappelle les films de jungle d'alors.
Nous retrouvons en 1939, l'étonnant Humphrey Bogart dans le film de Vincent Sherman The return of Dr X / Le retour du Dr X, série B made in Warner, où il interprète un mort-vivant d'origine scientifique devenu l'assistant du Docteur qui l'a ramené à la vie, zombi qui pour rester en vie a un impératif besoin de sang. Sherman unit ici deux thèmes du cinéma fantastique, le zombi et le vampire mais sans jamais glisser pourtant dans le film de vampire.
King of the zombies de Jean Yarbrough réalisé en 1941 met en scène l'un des premiers scientifiques nazi s'entourant d'une horde de zombi. Nous sommes au temps des héros qui déferlent alors sur les écrans: Tarzan, Sherlock Holmes et autres grands personnages mythiques. Les savants fous ne pouvaient qu'en faire partie. Ici, nous avons le Dr Sangre se cachant sous les traits de Henry Victor, savant nazi aux pouvoirs hypnotiques mais on peut citer aussi le Dr Altermann joué par John Carradine dans Revenge of the zombies de Steven Sekely en 1943, autre savant nazi qui transforme son, épouse en zombi quelque part en Louisiane avant de créer une armée de zombis destinée à servir le Fürher.
The Mad ghoul de James Hogan toujours en 1943 voit lui le Dr Morris qui grâce à un gaz meurtrier transforme les gens en zombis, êtres profanateurs de sépulture qui plus est puisque le docteur a besoin de coeurs pour ses rituels de sacrifices indigènes.
Tous ces produits Universal ont un dénominateur commun: ils rassemblent tous les ingrédients de l'horreur classique mais surtout le zombi ici n'a pas le rôle le plus abominable, rôle revenant aux savants.
1943 est aussi une date importante pour le film de morts-vivants puisque cette année verra la réalisation du célèbre I walked with a zombi / Vaudou de Jacques Tourneur, déjà réalisateur de The cat people / La féline. I walked with a zombi restera sans nul doute l'un des meilleurs films du genre où Tourneur fidèle à son style suggère plus qu'il ne montre. Librement adapté du roman Jane Eyre, le film tourne autour du cauchemar vécu en flash-back par une jeune infirmière venue en Haïti pour soigner l'épouse d'un riche planteur transformée en zombi par sa belle-mère. Tourneur préfère à l'horreur une tournure beaucoup plus poétique à la limite de l'onirisme, le tout dans une ambiance feutrée quasi surréaliste où il distille une angoisse savamment entretenue notamment lors des cérémonies vaudou.
En 1946, John Carradine prête à nouveau ses traits à un docteur fou ramenant à la vie sa femme et son chien dans Face of marble de William Beaudine, petite production sans grande ambition dont l'unique attrait est la présence de l'acteur.
Les années 40 s'achèveront avec Valley of the zombies de Philip Ford qui une fois encore mêle zombis et vampirisme puisque nos morts-vivants ont besoin de sang pour survivre. Valley of the zombis est un petit film d'aventure et d'action mettant en vedette Robert Livingston qui alors étalait sa carrure dans moult productions de Zorro et du Lone Ranger.
Le mythe du zombi au cinéma va alors disparaitre en cette fin de décade pour mieux revenir dés les années 50 jusqu'à la fin des années 60 en diversifiant les thèmes d'une part mais également en faisant sortir le zombi du cadre Hollywoodien dans lequel il n'était que trop rarement sorti jusqu'à présent.
LES ANNEES 50: ZOMBIS TOUT AZIMUT:
Les années 50 virent la fin de ce qui fut alors l'un des filons les plus exploités au cinéma, le film à épisode, le serial. L'ultime d'entre eux sera un serial zombi en douze épisodes Zombies of the stratosphere de Fred Brannon qu'il réalisera en 1952. L'histoire est simple: un policier interplanétaire détecte l'arrivée sur notre Terre d'un engin spatial occupé par deux zombis venus en avant garde pour fabriquer une super bombe afin d'expulser notre planète hors de son orbite et l'attirer vers la leur, permettant à leurs congénères de s'y installer. Ici, les zombis sont de simples comédiens revêtus d'une cotte de maille, la série lorgnant vers Flash Gordon et autres super héros d'alors.
Creature with the atom brain est quant à lui un excellent petit thriller signé Curt Siodmak en 1955, sorte de mix entre le film noir et le fantastique puisqu'on y suit les aventures d'un gangster liquidant ceux qui jadis l'expulsèrent des Etats-Unis. Pour se faire, il s'allie à un savant fou qui met à sa disposition une armée de zombis au sang phosphorescent et radio-actif.
La même année, John Gilling signe The gamma people, une oeuvre loufoque et satirique où trois personnages se retrouvent prisonniers d'un pays imaginaire et terrifiant où règne un dictateur savant fou créateur de zombis-esclaves habitant un bien lugubre château. Si le ton reste satirique, le film distille sans cesse une atmosphère d'épouvante tant par la terreur qui semble habiter la population de ce pays vide que par les enfants surdoués que crée le Dr Borowski, des enfants tout aussi surdoués qu'agressifs. On ne peut alors que songer non seulement au Village des damnés mais également à Frankenstein ou à La souris qui rugissait.
En 1956, Plan nine from outer space de Ed Wood Jr donne lui dans le délire le plus absolu, film où apparaitra pour la dernière fois à l'écran Bela Lugosi qui décédera quatre jours après le début du tournage. Ici, on est face à une race d'extra-terrestres qui grâce à un rayon ressuscitent les morts afin de mieux envahir notre planète.
En continuant notre exploration du thème, on trouve en 1957 Zombies of Mora-Tau de Edward L. Cahn qui narre l'histoire d'un trésor enfoui dans une épave de bateau que garde une armée de zombies que devront affronter les valeureux aventuriers venus le chercher. Zombies of Mora-Tau est somme toute une petite série B d'aventures exotiques assez distrayante que les paysages tropicaux mettent fort en valeur.
Dans la même veine "aventuresque" plutôt distrayante, on peut citer Voodoo island de Reginald Le Borg avec cette fois Boris Karloff dans le rôle d'un écrivain spécialisé dans le surnaturel se retrouvant à la tête d'une expédition partie à la recherche d'une équipe qui a disparu sur une ile où se pratique le vaudou et vivent des plantes carnivores géantes.
Le décapité vivant / The man that couldn't die de Will Cowan est quant à lui beaucoup plus original puisqu'on y découvre la tête d'un sorcier décapité quatre siècles plutôt mais toujours vivante, une malédiction ayant été jetée dessus. La tête ne connaitra le repos que le jour où son corps sera retrouvé. La tête va alors dominer ceux qui l'ont trouvé et déterré, les obligeant à tuer violemment. Mélange de sorcellerie, de vampirisme et de zombi ici coupé en deux parties distinctes, le film est assez bancal et inégal, parfois maladroit mais toujours original.
The Four skulls of Jonathan Drake de Orville Hampton reprend ce thème de têtes coupées et de corps décapités mais pour un bien plus originale histoire puisqu'on y suit la triste malédiction qui pèse sur la famille Drake. Depuis le jour où le capitaine Drake fit massacrer toute une tribu de Jivaros, holocauste auquel échappa le sorcier du village. Désormais, chaque descendant du capitaine doit mourir décapité avant son soixantième anniversaire. Le film s'attarde alors sur le dernier des Drake qui vit dans le château où les têtes de ses ancêtres sont gardées. On y retrouve toute un galerie de personnages étranges dont ce Jivaro aux lèvres cousues et un savant monstrueux dont la tête est celle d'un blanc placée sur un cadavre indien, son sang fait de curare. Si on ajoute une interprétation de fort bonne qualité notamment de l'inquiétant Henry Daniell, on est ici en présence d'un film particulièrement intéressant et angoissant.
En 1959, Edward L. Cohn récidive avec Invisible invaders, reprenant la traditionnelle histoire de zombis dominés par une volonté extra-terrestre bien décidée à envahir notre planète. Les zombis sont ici des morts récents réveillés par les envahisseurs afin d'en faire une sorte d'armée prête à détruire notre espèce.
Edward Wood Jr en reprenant les décors de son Plan Nine récidive avec Night of the ghouls qu'il situe cette fois prés d'un marécage où sévit le Dr Acula et son monstrueux assistant. Médiumnie, vrais et faux fantômes et zombis réveillés par des forces occultes voilà ce que nous propose ce tout petit film quasiment oublié aujourd'hui.
En cette fin d'années 50 et début d'années 60, les zombis vont quasiment disparaitre des écrans américains jusqu'en 1968, date rendue célèbre par un certain Georges A. Romero. Certains vont encore voir le jour mais resteront inédits en France comme The dead one de Barry Mahon- classique histoire de zombi vaudou- ou plus intéressant le I eat your skin de Del Tenney en 1964, typique série B où un docteur cherchant un remède contre le cancer a crée involontairement des zombis, fruits de ses recherches ratées et qui sont aux ordres d'un propriétaire de plantation, prêtre satanique rêvant de devenir le maitre du monde grâce à cette armée de zombis hideux.
Le dernier est l'ineffable Astro zombies de Ted Mikels qu'il tourna en 1968 avec John Carradine en savant fou qui va se venger de son éviction d'un astro-laboratoire grâce aux créatures qu'il a fabriqué à partir de cadavres. Maladroit, fauché, souvent comique, Astro-zombies vaut surtout pour l'interprétation de John Carradine en vilain antipathique. Carradine s'était alors spécialisé dans ce genre de petites séries B.
Si l'Amérique et Hollywood va donc délaisser le thème fructueux du zombi au cinéma durant quasiment une décade, le mythe va être par contre repris par l'Angleterre avec toute une production d'oeuvres parfois fort intéressantes et bien sûr la célèbre firme Hammer ne ratera pas le coche et proposera elle aussi ses versions du thème.
LES ANNEES 60: HAMMER ET ZOMBIS ANGLAIS:
Si une des premières oeuvres anglaise traitant du zombi sera le timide What a curve up de Pat Jackson en 1961, sorte de remake de The ghoul, la véritable incursion dans ce thème sera l'intéressant Dr Blood's coffin d'un tout jeune Sidney Furie toujours en 1961 et pour la première fois en couleur. Furie nous met en présence d'un savant fou, le Dr Blood, qui sous des couverts scientifiques extirpe le coeur de vagabonds pour ramener à la vie des gens qu'il considère utiles à la société. Un jour, il va utiliser ses recherches pour courtiser celle qui se refusent à lui en transformant son défunt mari en zombi. On notera ici des similitudes avec Frankenstein même si Furie en diversifie le scénario.
En 1964, Terence Fisher réalise l'obscur The Earth dies screaming, inédit chez nous, où on retrouve des extra-terrestres transformant les humains en zombis.
L'année 1965 verra par contre la sortie d'un des plus grands films du genre d'alors The plague of the zombis / L'invasion des morts-vivants, une des oeuvres majeures de la Hammer, de John Gilling qui avait déjà oeuvré dans le genre avec The gamma people. Ici, les morts sont ramenés à la vie grâce au vaudou pratiqué par une secte lors de cérémonies sanglantes menées par un haut notable du village. On revient ici aux sources même du vaudou et du zombi en faisant de cet être un esclave docile pour le faire travailler dans des mines d'étain. Bénéficiant d'une excellente photographie, L'invasion des morts-vivants restera surtout célèbre pour une très onirique séquence, celle où les zombis, le visage momifié et en haillons, sortent de la terre qui se craquèle, dans ce petit cimetière envahi par le brouillard alors qu'en arrière plan se dessine la forêt sombre et inquiétante. Cette séquence onirique deviendra par la suite récurrente du film de zombis, de plus en plus mise au goût du jour. L'amateur appréciera les quelques plans gore dont Gilling parsème son film dont une décapitation ou la destruction finale des morts-vivants.
Les maquillages de Roy Ashton sont d'une incroyable véracité donnant aux zombis un aspect effrayant, terreux, rappelant leur origine souterraine.
L'invasion des morts-vivants contribua à la réputation de la Hammer et fut un de ses plus gros succès. On citera également The frozen dead de Herbert J. Leder réalisé en 1967, film inédit sous nos cieux contant l'histoire d'un savant qui redonne vie à des soldats nazis congelés dans son laboratoire. The frozen dead s'avère vite un excellent petit film fantastique proche des séries B d'antan, hommage aux vieux films des années 50, même s'il comporte quelques passages hilarants.
Le reste de la production viendra surtout d'autres pays dont le Mexique, pays prolifique qui produisit nombre d'oeuvres de terreur inspirées du cinéma américain. On citera notamment El monstruo resucitado de Chano Urueta qui n'innove guère avec son savant fou ramenant à la vie un cadavre qui deviendra son assistant.
On ne peut parler du Mexique sans évoquer le personnage de Santo, le catcheur masqué, super héros au masque d'argent qui lors de sa première aventure en 1961, Santo contra los zombies devra combattre des zombis assez particuliers puisqu'il s'agit de célèbres assassins ramenés à la vie par un savant. Nouvelle aventure en 1968, Santo y blue demon contra los monstrous de Gilberto Martino Suarez en 1968 où cette fois le catcheur se retrouve face à un horrible nain qui après le décès de son maître repend ses travaux et ressuscite les morts dont son frère qui va se venger de ceux qui jadis n'ont pas cru en lui. Ainsi verra t-on renaitre Le monstre de Frankenstein, la momie et même la créature du lac noir!
Dernière aventure de Santo en 1969, Santo y blue demon en el mondo de los muertos propulse notre héros dans le passé où une horrible sorcière va lever une horde de zombies.
Il existe un autre héros mexicain le fameux docteur Satan, représentant du Diable sur Terre, qui fut au coeur de deux films entre 1966 et 1967 dont le premier fut El Dr Satan. De son vrai nom, Aramosa, il cache sous l'étiquette de psychiatre un terrible personnage pratiquant d'étranges cérémonies et expériences. C'est ainsi qu'il garde prisonniers sous forme de zombie trois de ses anciens assistants. Le film conte alors la lutte d'Interpol contre le terrible docteur qui une fois arrêté se volatisera en fumée pour mieux réapparaitre l'année suivante dans El Dr Satan y la magia nera de Rogelio A. Gonzalez, cette fois en couleur, le premier opus étant lui en noir et blanc. Cette fois, le Dr Satan doit combattre un rival Yet Lin qui grâce à la magie noire veut dominer le monde. Notre représentant diabolique va donc zombifier deux femmes chargées de supprimer ce dérangeant ennemi.
Venu du Mexique, n'oublions pas de mentionner La muerte viviente de Juan Ibanez réalisé en 1968 qui fut l'un des tout derniers films de Boris Karloff. Le film est demeuré inédit en France et bien peu de gens ont eu la chance de le voir mais il serait l'un des meilleurs films du genre qu'ait produit le Mexique et l'un des meilleurs films mexicains auquel participa Karloff.
L'Italie, elle, ne s'intéressa guère aux zombies durant les années 60. Les rares incursions dans le genre furent au travers de peplums comme Roma contra Roma de Giuseppe Vari où un prêtre satanique fabrique des zombies et Il conquistadore del l'Atlantide de Alfonso Brescia en 1964 où Kirk Morris en Hercule doit non seulement combattre des zombies mais également des Atlantes et des Amazones. La seule vraie incursion du cinéma italien dans ce thème hors peplum est le curieux Cimetière des morts-vivants / Cinque tombe per un medium de Ralph Zucker avec la toujours resplendissante Barbara Steele, seul vrai atout de ce film aux réminiscences gothiques où un avocat se rendant au château d'un de ses clients décédés découvre que celui ci est hanté par les âmes ramenées à la vie par son client.
Si l'Italie resta fort en retrait alors, il en fut de même pour l'Allemagne qui ne produit qu'un seul et unique film, celui de Adrian Hoven, Im schloss der blutigen begierden en 1968 où entre viols, orgies et expériences médicales, un docteur ressuscite sa jeune fille dans un château médiéval.
Nous sommes donc en 1968 et cette année là sera un grand cru pour le mythe qui soudainement va renaitre de ses cendres et prendre un jour nouveau, point de départ d'une toute nouvelle ère et d'un nouveau cinéma qui ne cessera de prendre de l'ampleur.
L'INVASION S'ETEND:
Plus rien n'arrête désormais l'invasion des zombis sur nos écrans. En 1974, l'anglais John Gilling déjà responsable de L'invasion des morts-vivants réalisera le méconnu et aujourd'hui très rare La cruz del diablo écrit par Jacinto De Molina alias Paul Naschy qui met de nouveau en scène les templiers surgissant du passé suite à un horrible meurtre. Les templiers sont cette fois assez peu cernés puisque le spectateur ne sait jamais très bien s'il s'agit de zombis ou de fantômes et n'interviennent que durant des séquences de cauchemar. Le film avait été conçu comme devant être le cinquième volet non officiel de la tétralogie de Amando De Ossorio consacrée aux templiers squelettes dont nous parlerons plus bas.
Paul Naschy écrira et tournera quant à lui trois autres films de zombis: l'excellent La orgia de los muertos / Les orgies macabres que réalisera José-Luis Merino en 1971, un film qui mélange le spiritisme, la magie noire, la nécrophilie, le vaudou et le fameux thème des morts -vivants qui reviennent à la vie par la biais d'expériences contre-nature, El espanto surge de la tumba de Carlos Aured en 1972 et enfin toujours la même année La rebelion de las muertas de Leon Klimovsky dont Naschy en écrit le scénario, s'inspirant du Décapité vivant, ces deux derniers titres ayant été présentés au festival du film fantastique de Paris en leur temps. Le plus intéressant des trois restera El espanto surge de la tumba plus travaillé et soigné que les deux autres et présentant un grand nombre de scènes sanglantes.
Dans les années 70, Vincent Price et Peter Cushing eurent eux aussi droit à quelques participations dans des films de zombis.
Price côtoya beaucoup de fantômes et autres réincarnations dans les productions Corman mais c'est dans Tales of terror/ L'empire de la terreur où il incarna dans le troisième sketch un zombi, Waldemar, victime d'une terrible expérience qui maintenait son esprit en vie alors que son corps lui était mort. Ce fut son seul véritable rôle de mort-vivant alors que Peter Cushing, de son coté, en tourna plusieurs dont le plus fameux restera Tales from the crypt / Histoires d'outre-tombe réalisé par Freddie Francis en 1971. Film à sketches, il apparaissait dans le segment intitulé Poetic Justice où il incarnait un mort sortant de sa tombe afin de punir le responsable de son décès. C'est lors de ce film que Cushing revêtira le plus horrible maquillage de sa carrière, celui d'une tête de mort aux orbites vides et aux dents sinistrement apparentes.
On retrouvera Cushing aux cotés de Christopher Lee dans le très bon Terreur dans le Shangai Express de l'espagnol Eugenio Martin où une créature préhistorique trouvée dans les glaces sibériennes par deux scientifiques et revenue à la vie transforme tous les passagers du fameux train en zombis, semant la mort et la dévastation. Terreur dans le Shangai express est sans nul doute une des meilleures productions espagnoles du genre et demeure aujourd'hui encore un très bon film même si Cushing et Lee passent ici en second plan.
Très bon sera le fameux Commando des morts-vivants / Shock waves de Ken Wiederhorn en 1975, tardivement sorti chez nous, où Cushing, trop peu présent malheureusement, est un ancien nazi ayant crée une armée de zombis SS amphibies toujours en activité aujourd'hui, rodant sur une ile où un groupe de touristes va devoir faire escale. Cette petite série d'excellente facture vaut surtout pour son climat moite et poisseux, l'ambiance de cette île d'où suinte la peur, une peur sourde et diffuse, ainsi que certaines séquences tout bonnement impressionnantes comme celles où les zombis SS surgissent des flots bleus aux milles reflets huileux sous un soleil de plomb ainsi que celle où ceux ci déambulent sous la mer.
Cushing clôturera sa période zombie aux cotés de Donald Pleasance avec l'ennuyeux et ennuyant La secte des morts-vivants / The devil's men du grec Costa Carayianis, oeuvre mensongère car si on évoque bien un certain dieu des morts-vivants, le film d'une totale ineptie, est exempt de tout zombi.
John Hayes quant à lui signera en 1974 un petit film sans grande importance, Garden of the dead, qui met en scène un groupe de prisonniers qui respirent une étrange formule chimique. Ils pensent ainsi découvrir les joies des paradis artificiels. Ils s'échappent alors de prison avant d'être abattus. A défaut de connaitre le paradis, ils reviendront des Enfers sous forme de zombis.
Si l'amour fou et la passion à travers les siècles donnèrent quelques beaux films de fantômes mais rarement de zombis, ce thème engendra tout de même quelques petits fleurons comme le Dead of night / Le mort-vivant de Bob Clarke en 1974.
Bob Clarke n'en était pas à son premier coup d'essai. Il avait réalisé en 1972 Children shouldn't play with dead things, petite oeuvrette plutôt inégale assez inspirée de Night of the living dead où une horde de zombis surgissait afin de punir de biens jeunes impudents pour avoir profané un cimetière. Entre horreur précaire et effets spéciaux ratés, ce premier film n'arrivait jamais à se hisser trés haut.
Il récidivera donc avec Le mort-vivant, véritable petit chef d'oeuvre de cruauté tout à fait efficace et surtout original. Dead of night, c'est surtout la montée dans l'angoisse et la peur alors rarement vu dans le cinéma d'horreur traditionnel, une tension qui ne se relâchera plus avant l'ultime image empreinte d'une émotion stupéfiante où se mèlent par delà l'horreur, l'épouvante, la tendresse et le désespoir. Car avant tout, Dead of night est une superbe histoire d'amour entre une mère et son fils, une histoire d'amour et de mort où gravite toute une galerie de personnages fort bien dessinés, les parents d'Andy en particulier et ce à travers des dialogues intelligents et des situations bien amenées. Clarke a su donner une vision fort juste de l'américain moyen mettant en exergue le conservatisme et le matriarcat. Outre Andy, c'est également sa mère qui est le personnage central du film, une mère qui aime de façon démesurée un fils devenu malgré lui un monstre. Clarke démontre à force des liens maternels de manière dramatique. Cette femme saura passer outre l'horreur du secret d'Andy, acceptant la terrible et macabre vérité.
Cet amour monstrueux n'est qu'une partie du film. L'autre aspect tout aussi intéressant est la vision de ce qu'on appelle "monstre". Ici, le monstre vampirique qu'est devenu Andy n'est finalement qu'une victime. Il n'est jamais qu'un monstre engendré par un autre monstre: la guerre. Les actes d'Andy n'en sont alors que le pâle et pitoyable reflet. Malgré l'amour de sa mère indispensable à sa survie, à sa conservation, il a besoin de sang d'où ses sorties nocturnes où il enchaine meurtres sur meurtres. Dans une éclatante déclaration à une de ses victimes "J'ai donné mon sang pour vous, vous pouvez en faire autant", Dead of night tire toute sa force et son implacable et si macabre logique, son effroyable justification.
Bénéficiant d'une excellente mise en scène et d'une belle photographie, Dead of night, fable désesperée, frénétique qui au départ n'était qu'une petite production, fait partie de ces films passionnant d'un bout à l'autre, ces trop rares films d'horreur intelligents qui amènent à la reflexion.
Dans les années 70, c'est surtout le Mexique qui allait faire vivre le mythe du zombi avec notamment Santo contra la magia negra / Magie noire à Haiti où notre désormais poupulaire vengeur masqué se rend en Haïti sur une île où une prêtresse vaudou transforme des savants en zobis au faciès hideux. Ce volet des aventures de Santo, peut être un des plus sérieux et des plus maitrisés, basé sur un scénario d'espionnage sera un des derniers d'une longue série qui donna vie au vengeur.
Rene Cardona prit tout de même le temps de s'emparer du personnage pour Santo vs los cazadores de cabezas toujours en 1972, cette fois ci pour une aventure plus traditionnelle sentant bon le serial où un savant injecte le sang de ses prisonniers afin de redonner vie à des cadavres jusqu'à ce que santo et Blue Demon mettent fin à ses exactions meurtrières.
Rene Cardona reviendra aux zombis avec deux films mettant en scène Zovek, nom d'un autre super-héros ayant acquis ses pouvoirs dans des monastères tibétains où on lui enseigna des secrets millénaires. Le premier prend pour titre le nom de ce personnage, Zovek. Zovek dans cette première aventure somme toute banale devra combattre un savant fou créant des zombis-vampires.
La deuxième aventure de Zovek, L'invasion de los muertos, est beaucoup plus interessante et s'avère être un hybride entre La nuit des morts-vivants et La guerre des mondes. Un méteore s'abat sur Terre alors que Zovek découvre sur un sarcophage d'étranges peintures annoncant un cataclysme apocalyptique à échelle mondiale. Une nuit, toutes les tombes des cimetierres s'ouvrent et laissent sugir les morts obéissant télépathiquement à des ondes émises par le météore.
L'Amérique tournera encore dans les années 70 quelques films traitant de ce mythe dont le très intéressant Messiah of Evil de William Huyck en 1973, un très efficace film en scope et technicolor qui à l'époque étalera sur l'écran les séquences les plus sanglantes jamais vues alors par le biais de ces zombis cannibales. Messiah of evil conte l'histoire d'une jeune fille à la recherche de son père et débarque dans une petite bourgade dont tous les habitants sont cannibales, sorte de fléau contagieux puisque toute personne mordue par un des autochtones devient cannibale. La pauvre heroïne en fera la douloureuse expérience et finira dévorée vivante en gros plan. Particulièrement glauque et terrifiant, Messiah of evil joue aussi beaucoup sur les effets gore et saura ravir l'amateur de cauchemar éveillé.
On peut citer aussi Sugar Hill de Paul Maslansky réalisé en 1974 qui mèle fantastique et film de gangsters, une jeune fille demandant l'aide d'une vieille sorcière vaudou pour ramener à la vie son fiancé assassiné par des gangsters désireux de lui prendre sa boite de nuit. Plutôt plat dans son ensemble, Sugar hill s'oublie assez vite au même titre que Gamma 693 de John Reed en 1976 qui reprend le thème du soldat-zombi ramené à la vie cette fois par le gaz donnant au film son titre.
Si cette même année ce sont les fantômes qui sont les héros de The sentinel / La sentinelle des maudits de Michael Winner, film jouant surtout l'horreur spectaculaire et oscillant sans cesse entre réalité et folie, les zombis sont tout de mêmes présents lors du terrifiant final où la sentinelle du titre libère une porte de l'Enfer laissant le temps d'une séquence une horde de morts-vivants agressifs envahir la pièce.
En 1977, le fort méconnu The Child de Robert Voskanian, une sorte de conte étrange qui prend parfois une dimension surréaliste tente de marier onirisme macabre, poésie funeste et zombis pour cette histoire insolite de petite fille qui guide télépathiquement toute une horde de morts vivants aux yeux charbonneux à l'aspect étonnant qui finiront par avoir raison de la jeune nurse venue s'occuper d'elle.
Du coté de l'Europe, on reste assez calme. On retiendra un essai de l'infatigable Jesus Franco avec Cristina, princesse de l'érotisme connu aussi sous le titre Une vierge chez les morts-vivants qu'il tourna en 1971. Franco tente de créer un univers un tant soit peu onirique par le biais de cette jeune fille subissant les assauts sexuels d'un serviteur muet alors qu'errent des morts-vivants dans ce chateau délabré. Rêve ou réalité, tout semble être confus même si le final nous la montre au royaume des Morts. Désesperement lent, Franco nous gratifie de ses interminables scènes érotiques d'une incroyable platitude et souvent laides. D'un ennui mortel, on cherche en vain la poésie de Franco, certainement oubliée au fond d'une tombe.
S'il avait en 1964 touché au sujet avec Les maîtresses du Dr Jekyll où il mettait en scène deux zombis hideux, il récidivera en 1980 avec L'abime des morts-vivants et Le lac des morts-vivants dont on parlera dans le prochain chapitre de ce dossier.
Du coté de l'Italie, on mentionnera Leonor avec Ornella Muti, film médiéval réalisé par Juan Bunuel en 1975. Leonor est un film étrange au climat insolite, surnaturel parfois surréaliste où Liv Ullman, froide et mystérieuse, interprète un personnage venu de l'au delà. A la fois lyrique et effrayant, on reprochera surtout à Leonor ses interminables bavardages et ses longueurs qui cassent trop souvent le rythme du film et par conséquent cette ambiance surréaliste. Demi-réussite Leonor vaut surtout par son esthétisme quasi irréel et la beauté glacée de ses images, marque de fabrique de Bunuel Jr.
On retiendra surtout dans la production européenne, le superbe Massacre des morts-vivants de Jorge Grau, copie conforme du film de Romero, seule ici la raison du réveil des Morts diffère. Transposé dans les superbes décors naurels écossais, façon détournée de contourner la censure espagnole d'alors, ce Massacre sera un des premiers rejetons que connaitra Night of the living dead et certainement un des meilleurs. A la fois captivant et effrayant, le film de Grau est d'une totale maîtrise, superbement interprété par un Ray Lovelock écologiste et la blonde Cristina Galbo.
Nous concluerons ce chapitre sur l'année 1977, année où Romero allait sortir sa deuxième bombe Dawn of the Dead / Zombie où de nouveau une horde de zombis cannibales allait débarquer sur nos écrans du moins ceux du Festival du film fantastique de Paris 1979 car le film allait connaitre les foudres de la censure qui lui interdisèrent toute sortie.
Le film allait ainsi permettre d'ouvrir d'autres portes aux mythes et surtout gagner un pays encore vierge en la matière: l'Italie qui se préparait doucement à trangresser tous les interdits en s'enfonçant dans une débauche de violence encore inédite.
LES TEMPLIERS MAUDITS:
Désormais les salles obscures allaient faire l'objet de toute une invasion de films plus sanguinolents les uns que les autres, hantés par des zombis aux origines pas toujours trés définies mais qu'importe! l'essentiel étant maintenant d'assister à un spectacle effroyable où le sang et le gore se partagent la vedette. Le zombi était en passe de devenir le personnage le plus actif du cinéma fantastique et le plus populaire.
C'est en Espagne que La nuit des morts vivants allait en ce début d'années 70 faire le plus d'émules avec pour commencer la quadrilogie de Amando De Ossorio consacrée aux templiers maudits. Entre 1971 et 1975, le réalisateur allait tourner quatre films mettant en vedette les Chevaliers de l'Ordre du Temple. Le point commun de ces films est d'offrir une séquence pré-génèrique se situant aux temps des Templiers, ceux ci entrain de supplicier une pauvre victime avant que l'action ne soit projetée de nos jours où les protagonistes reviennent en ces lieux désormais maudits.
Les réjouissances s'ouvrirent en 1972 avec La noche del terror ciego / La révolte des morts-vivants. Dés l'ouverture du film, le ton sera donné. Les templiers torturent de façon très réaliste une jeune fille crucifiée, lacérée à coups de d'épée, jusqu'à sa mise à mort. Bien dés siècles plus tard, dans le Lisbonne d'aujourd'hui, un groupe de jeunes gens tente de découvrir les causes de la mort de leur amie partie passée la nuit en ces lieux aujourd'hui maudits. Tourné dans de très beaux décors naturels au Portugal dans de vieilles ruines médiévales au milieu d'une campagne austère, ce premier film est de toute beauté. Il dégage une étrange aura de peur et de mystère. S'il souffre d'un net ralentissement en milieu de bande, ce n'est que pour reprendre de plus belle lors de l'apparition des templiers-zombis, d'horribles squelettes encapuchonnés aux doigts décharnés portant la tunique des chevaliers sur laquelle flotte une longue cape noire qui se meuvent lentement au son d'une funeste mélopée moyenâgeuse. Sortant de leurs tombes ancestrales, ils vont se répandre dans la campagne, chevauchant leurs noirs destriers. Afin d'accentuer l'effet de peur, de terreur viscérale, De Ossorio filme ces chevauchées nocturnes au ralenti afin de les rendre encore plus impressionnantes. Il se dégage alors une étrange poésie macabre, contemplative, absolument fascinante qui sera désormais la griffe du réalisateur. Le film se terminera sur une terrifiante image, les zombis encapuchonés aux maquillages saisissants attaquant un train ce qui laisse ainsi présager une invasion généralisée.
On notera la pointe d'audace qu'ose De Ossorio ici en y introduisant une pointe de saphisme entre deux des héroïnes, une chose alors rarissime dans le cinéma espagnol sous le régime franquiste.
De Ossorio récidivera en 1973 avec El attaque del los muertos sin ojos / Le retour des morts-vivants qui comme le précédent s'ouvre sur une séquence de supplice. Ce sont cette fois les templiers qui sont torturés et brûlés par les villageois qu'ils terrorisaient. On plonge ensuite dans notre siècle où la légende raconte que les templiers surgiront un jour de leur tombe afin de se venger. Ce jour là est proche. Les zombis sortiront en effet de terre le jour de la fête locale et attaqueront les villageois. Un groupe de personnes va se réfugier dans l'église très vite assaillie par les templiers.
Toujours aussi intéressant, ce deuxième film s'attarde malheureusement un peu trop sur les préparatifs de la fête ce qui lui fait perdre beaucoup de sa force. On sent cette fois De Ossorio en manque d'imagination. Il ne fait que reprendre sans originalité certains des éléments du premier volet pour ici enfermer un petit groupe de rescapés dans un lieu clos. On se rattrapera dans le dernier tiers du film où les templiers squelettes surgissent enfin dans toute leur hideuse apparence toujours aussi impressionnants jusqu'à ce que les premiers rayons du soleil ne viennent les réduire en cendres alors que le combat s'annoncait vain. Une fin qu'on pourra juger abrupte voire un peu facile ici mais quoiqu'il en soit le deuxième film de cette saga se laisse voir avec un certain plaisir ne serait ce que pour la présence de ces templiers morts vivants qui donnent son seul véritable intérêt au le film.
El buque maldito/ Le monde des morts-vivants, le troisième film de la saga, réalisé en 1973 est par contre le plus mauvais de la série méritant la palme d'un des films les plus nuls jamais réalisé. Ce monde est en effet à la limite du supportable tant par son abracadabrant scénario qui se veut ésotérique que par l'indigence de la mise en scène et l'ennui mortel qu'il dégage. Vague histoire de galion fantôme surgissant du brouillard, le film ne vaut que par les quelques scènes où les templiers déambulent sur le pont grinçant au son de cette sempiternelle melopée funeste et sa séquence finale lorsqu'ils sortent de l'océan envahissant la plage où se sont échoués les deux survivants. Le monde des morts-vivants se terminera par le plus beau naufrage de maquette jamais filmé, un bâteau en papier brûlant au milieu d'un seau d'eau.
Il faudra attendre 1974 pour que De Ossorio réalise l'ultime volet de sa saga et rattrappe cet odieux gâchis avec La noche de los gaviotas/ La chevauchée des morts-vivants, peut être le film le plus soigné et le plus travaillé de la quadrilogie. Après son ouverture moyenâgeuse et son traditionnel supplice, De Ossorio transporte une fois de plus le spectateur de nos jours où une jeune fille demande protection à un docteur et son épouse tout deux fraichement arrivés au village afin que les templiers maudits ne viennent pas la chercher afin de la sacrifier. La légende veut en effet qu'une victime soit donnée en offrande une fois par nuit durant sept jours aux templiers spectraux afin que ceux ci ne détruisent pas le village. L'apparition des mouettes, supposées être la réincarnation des âmes des sacrifiées, est ici un bien funeste présage puisqu'elles annoncent l'arrivée des templiers squelettes qui ne tarderont pas en effet à surgir de leur tombe.
Situé cette fois au coeur d'un village côtier austère et hostile à la beauté sauvage, La chevauchée des morts vivants, véritable poème macabre, visuellement sublime, est une parfaite illustration de ces légendes ancestrales qui aujourd'hui encore font frémir le soir au fond des campagnes, faisant resurgir toutes ces peurs primaires enfouies au plus profond de nos âmes. De Ossorio clôt ainsi sa saga de façon magistrale.
C'est ainsi que se clôturera cette série unique qui aujourd'hui encore n'a rien perdu de sa force. De Ossorio a simplement réussi à mettre en image toute un univers empreint de poésie macabre comme le fera à sa manière quelques années plus tard Lucio Fulci, à créer tout un monde aussi effroyable qu'onirique en représentant les morts vivants sous forme de squelettes poussiéreux montant leur fier destrier noir. Ils n'ont donc rien à envier à La grande Faucheuse telle qu'on l'image dans les légendes populaires dans ce qu'elle a de plus religieusement terrifiant.
ET LES MORTS S'ECHAPPERONT DE LEURS TOMBES:
Jusqu'à présent, les films de zombis avaient pour héros un seul zombis ou un créateur de zombis. Si cette catégorie de films allaient sporadiquement continuer, une nouvelle ère s'annonçait, celle des invasions massives de morts-vivants dans des contextes de plus en plus horrifiques et violents, donnant lieu à des visions d'horreur jamais vues jusqu'alors.
Tout commenca en 1968 lorsqu'un jeune réalisateur du nom de George Romero eut l'idée d'un scénario mettant en scène une histoire de rayon cosmique resuscitant les morts, scénario dont la terrifiante originalité était de montrer des zombis cannibales dévorant les vivants mais également montrant les humains mordus devenir à leur tour des zombis, formant ainsi une effroyable chaine de contamination. Le tout est assez banal en soi puisque Romero enferme ensuite un groupe de rescapés dans un maison assallie par les cadavres. Si le scénario n'est pas exempt de défauts, le film, le fameux La nuit des morts vivants / Night of the living dead, tourné en noir et blanc, allait constituer une véritable révolution et un choc terrible auprés du public peu habitué encore à de tels débordements, les séquences de cannibalisme dépassant alors tout ce qui avait été fait jusqu'à présent. Véritable tourbillon contaminateur, La nuit des Morts-vivants offrait de surcroit un final pessimiste, un no happy end qui finissait d'abattre le pauvre spectateur ahuri. Si parfois le film, plutôt fauché, sentait l'amateurisme, un amateurisme touchant venant d'une équipe de copains qu'on sentait fervente de fantastique, il allait devenir une référence en la matière et Romero le maître à penser de toute une vague de réalisateurs qui allait prendre exemple sur lui et nous offrir de bien délicieux moments d'horreur.
Fort du succès remporté par son film, Romero allait mettre en route une quadrilogie qui s'étendra sur plus de 30 ans. La première séquelle est sortie en 1978, Zombie / Dawn of the dead elle aussi génératrice de toute une vague de films qui allait déferler dès le début des années 80 notamment du coté de l'Italie. En 1985, le troisième volet Day of the dead / Le jour des morts vivants sortit à son tour suivi 20 ans plus tard par Land of the dead en 2005, entamant ainsi le lent déclin de Romero et Diary of the dead en 2007 qui confirme ce déclin. Fort de sa saga, Romero réalisera en 2009 un cinquième film Survival of the dead qui enterre de trsite façon une trilogie qui n'avait peut être pas besoin de séquelles.
Désormais les salles obscures allaient faire l'objet de toute une invasion de films plus sanguinolents les uns que les autres, hantés par des zombis aux origines pas toujours trés définies mais qu'importe! l'essentiel étant maintenant d'assister à un spectacle effroyable où le sang et le gore se partagent la vedette. Le zombi était en passe de devenir le personnage le plus actif du cinéma fantastique et le plus populaire.
LUCIO FULCI ET L'INVASION ITALIENNE:
Le premier à s'être intéressé au mythe en plagiant le Zombie de Romero est Lucio Fulci jusqu'alors connu pour ses gialli, polars et autres petits films d'aventures toujours fort agréables au demeurant.
On entre là dans une ère nouvelle loin de tout ce qu'a alors connu le cinéma, un chemin ouvert aux pires atrocités qui fera frémir la censure d'alors. L'Italie, bien connue alors pour sans cesse faire les limites de l'insupportable, va alors s'en donner à coeur joie.
Fort du succès de Dawn of the dead, Lucio Fulci va mettre sur pied sa propre vision du film et donner au cinéma italien un de ses plus beaux films du genre, Zombi 2, qui sera suivi par deux autres tout aussi foudroyants, Frayeurs et L'au delà. L'ère du Maestro est venue.
FULCI, MAITRE DES MORTS:
Le but de Lucio Fulci en réalisant Zombi 2 était non seulement de repousser les limites de l'horreur graphique mais également de provoquer chez le spectateur un sentiment de peur, une peur viscérale, tétanisante, une peur encore jamais inégalée à l'écran. Force est de reconnaitre qu'il a réussi son difficile pari.
Dés l'ouverture du film, il insuffle au film une atmosphère lourde, inquiètante, presque éprouvante avec l'arrivée de ce voilier apparemment abandonné que visitent les policiers où régne un silence mortuaire uniquement brisé par le bruit du roulis de l'eau et du bois qui craque. Et l'horreur va surgir, tout d'abord par la découverte des aliments avariés grouillant de vers au beau milieu d'un apocalyptique désordre. L'inimaginable, l'innommable prendra la forme d'un zombi obèse et grotesque surgit de nulle part, déchirant les chairs du policier qui venait de découvrir les restes putrides d'un cadavre. Il disparaitra comme s'il n'avait jamais existé en sautant dans l'océan, engloutissant cette vision abominable.
Cette seule scène et la vision de cette éléphantesque créature putride suffisent à installer le malaise et convaincre le spectateur qu'il va alors assister à un spectacle unique dans les annales du cinéma. Toute la beauté macabre du film de Fulci trouvera son apothéose lors de l'arrivée des protagonistes sur l'île maudite. Il y régne une atmosphère moite et lourde, quasi étouffante qui transpire par delà l'écran, appuyée par la fabuleuse musique de Fabio Frizzi. Dés leur débarquement, un insupportable sentiment de malaise s'empare du spectateur tandis que la tension va crescendo atteignant son point culminant lors des apparitions macabres des morts-vivants qui progressivement envahissent l'île. Et cette tension ne se relâchera plus jusqu' au no happy end final, apocalyptique vision de New York envahie par les zombis.
Lucio Fulci est aussi et avant tout un poète de l'image et du macabre. Il donne à son film une dimension réellement onirique. Chaque scène pourrait être vue comme un fascinant tableau funeste. Le zombi déambulant dans l'unique ruelle du village, le crabe traversant le village désert balayé par le vent, sont autant de scènes effroyablement poètiques et belles, macabres et hypnotisantes.
Le clou du film demeurera la resurrection des cadavres. C'est sous la lancinante partition musicale de Fabio Frizzi que le sol de la forêt se craquèle de toutes parts, des doigts décharnés surgissent du sol tels des pièges mortels, les corps putrides et rongés par le temps et les vers se soulèvent du sol pour commencer leur lente errance. Cette longue resurrection et la multiplication des zombis donnent l'impression oppressante que toute fuite est désormais impossible. Rarement le cinéma de zombi avait atteint un tel climax. L'enfer des zombis bénèficie de surcroît d'excellents maquillages et d'effets spéciaux de grande qualité notamment quant aux morts-vivants eux mêmes, incarnation putrescente de nos pires peurs primales. Fulci a toujours été fasciné par la putréfaction et le prouve avec cet Enfer des zombis, dépassant et de loin les morts-vivants encore trop humains de Romero. On s'éloigne en effet de façon radicale de la vision des morts-vivants de Romero et de ses considérations socio-politiques. Fulci a voulu mettre le spectateur face à ses pires peurs, ces peurs ancestrales que l'Homme garde enfouies au plus profond de lui, celle de la Mort et de toute son horreur. Défi pleinement réussi
Le gore et la représentation graphique des atrocités perpetrées par les cadavres ressuscités sont d'un réalisme hallucinant et bénéficie là encore d'un soin et d'un éclairage parfait. Les amateurs de gore y trouveront sans aucun doute satisfaction. Personne n'a oublié l'énucléation douloureuse de Olga Karlatos par une écharde ou encore le repas cannibale des zombis se précipitant sur la chair pour la dévorer, véritable apothéose scénaristique lors d'un inoubliable final!
Un happy end aurait fait perdre au film beaucoup perdu de sa force. Cette fois il n'y a pas plus d'issue dans le monde exterieur qu'il n'y en avait sur Matoul. Les deux survivants apprennent par radio que New York est envahie, le film se concluant sur l'époustoufflante vision des zombis déferlant sur le pont de Brooklyn.
L'interprétation est à la hauteur du film, une palme d'honneur à Tisa Farrow, soeur de Mia Farrow dont les grands yeux reflètent toute la peur et la résolution du monde. A ses cotés, l'écossais Ian Mc Culloch et le toujours vaillant Al Cliver complètent un casting irréprochable.
Poètique et macabre, terrifiante et apocalyptique, cette hallucinante descente dans l'horreur brute est indubitablement l'oeuvre la plus marquante depuis La nuit des morts-vivants de Georges Romero en 1968 mais aussi et sans mal le meilleur film de zombis des années 80.
L'enfer des zombis est une oeuvre unique et inégalée, trop souvent plagiée pour le meilleur mais aussi le pire. Lucio Fulci, poète de la mort, a signé là son chef d'oeuvre, premier volet de son tryptique sur les morts-vivants auxquels succéderont Frayeurs et L'au délà.
Sorti un an après l'impressionnant L'enfer des zombis, Frayeurs constitue le second volet de la saga des zombis du Maître, dans la plus parfaite continuité du premier film. Si Lucio Fulci a voulu dépasser ce dernier avouons qu'il y est parvenu avec brio, Frayeurs alternant scènes chocs et situations de terreur pure.
Dés l'ouverture du film, le suicide du prêtre et la séquence de spiristisme, Fulci instaure une atmosphère lourde, oppressante, macabre. En l'espace de quelques plans, il crée une sorte de malaise, une tension toute empreinte de claustrophobie qui ne se relachera plus renforcée par l'angoissante partition musicale signée une fois de plus Fabio Frizzi. Bénéficiant d'un excellent montage et d'un rythme vif, Frayeurs puise toute sa force non seulement dans son atmosphère lugubre et étouffante mais également dans ses scènes sanglantes dont pour exemple celle où la jeune fille vomit ses entrailles ou la séquence de la perceuse électrique.
Situant sa trame dans une petite bourgade américaine une nuit de Toussaint, Frayeurs comme L'enfer des zombis l'année précédente tente de mettre le spectateur face à ses peurs primales les plus profondes, ces peurs qui remontent à la nuit des temps, celle de la mort et de l'Enfer mais aussi ici de la religion. Il y parvient une fois de plus même si cette fois les zombis sont moins présents mais tout aussi effrayants et putrides. La resurrection des morts dans le caveau maudit est une fois encore un moment d'anthologie où Lucio Fulci retrouve l'impact des images de Zombi 2 et leur poèsie macabre.
On ne peut évoquer Frayeurs sans parler de la fabuleuse séquence où, tombée en catalepsie, l'héroine est enterrée vivante et se réveillera dans le cercueil qui l'a retient prisonnière, étonnante visualisation de cette peur viscérale qui non seulement saisit l'héroine mais également le spectateur dans une sorte d'interactivité effroyable, insoutenable. On se surprendrait presque à étouffer, suffoquer à l'image de cette pauvre victime, tentant désesperemment de briser de ses ongles sa prison de bois jusqu'à ce que les piolets salvateurs ne viennent la délivrer, risquent de la tuer à chaque nouveau coup.
Après L'enfer des zombis et juste avant L'au delà, Frayeurs confirma les espoirs nés de sa précédente oeuvre et assura à Fulci son titre de Maître poète du macabre à l'heure où l'Italie se permettait toutes les outrances cinématographiques. Si certains pourront lui reprocher son énigmatique image finale laissant simplement la porte ouverte à l'imagination du spectateur comme Fulci le disait alors, La paura reste à ce jour un véritable petit bijou de l'horreur.
Sorti en 1981, L'au delà constitue le dernier volet du tryptique de Fulci consacré aux morts-vivants. Considéré comme un véritable monument gore par beaucoup, L'au delà est avant tout un patchwork des deux films précédents du réalisateur, à savoir L'enfer des zombis et Frayeurs. C'est ici un enchaînement successif de tableaux gore auxquel on assiste, parfois sans réel lien entre eux et qui se greffent sur un embryon de scénario. C'est cet aspect décousu et simpliste qui joua essentiellement en la défaveur du film lors de sa sortie.
Cet énorme catalogue gore devint pourtant vite une réference pour les amateurs du genre. Si on pousse un peu l'analyse, L'au delà, suite directe de Frayeurs, est loin d'être un mauvais film. Fulci réussit comme de coûtume à lui donner une réelle dimension onirique et macabre, filmant certaines scènes avec un tel sens de la terreur pure qu'il frise parfois la perfection.
Malheureusement, ces quelques instants de bonheur sont noyés dans une bouillie d'abominations, l'outrance prenant trés vite le dessus. En voulant jouer la carte de l'excès, Fulci y perd la cohésion et la subtilité de ses oeuvres précédentes. Trop emphatique pour faire peur, il ne nous reste plus qu'à se laisser bercer par les chocs visuels de cet étal de l'abominable, en pardonnant au maître le ratage de l'attaque des mygales. Cette séquence est plutôt indigne du réalisateur qui se contente de filmer de ridicules araignées artificielles parmi quelques unes bien réelles venant percer de leurs mandibules le latex du visage d'une malheureuse victime.
L'esprit pointilleux froncera aussi le sourcil devant le manque de logique du film, certains personnages disparaissent puis reviennent sans explication aucune alors que d'autres n'ont aucune réelle utilité dans la trame de l'histoire ou agissent sans qu'on comprenne leurs véritables motivations.
Le vrai interêt de L'au delà est ailleurs. Comme dans beaucoup des oeuvres de Fulci, il réside dans l'impressionnante galerie fantastique qu'il déploie: omniprésence du sang, flots souterrains qui grondent dans les caves de l'hôtel, digue qui s'étend à perte de vue sous un ciel lourd, l'aveugle s'enfuyant au ralenti dans le plus pesant des silences sans oublier l'incroyable et douloureuse crucifixion du peintre maudit qui ouvre le film.
Une photo tournée irrémédiablement vers le surréalisme donne la touche finale à ces moments de pur bonheur qu'enveloppe la trés belle et envoûtante partition musicale du fidèle Fabio Frizzi.
La scène finale demeurera l'une des plus belles séquences jamais tournées dans le cinéma fantastique, la découverte de la Mer des Ténèbres et la vision des Enfers, véritable choc esthétique, d'une beauté visuelle rarement égalée qui résume en quelques minutes tout le travail et le génie visionnaire de Fulci.
Prenant le pas sur la fascination hypnotique, c'est une terreur purement viscérale que ressent le spectateur, à l'instar des deux protagonistes découvrant l'Enfer: noyée dans une brume grisâtre, c'est sur une mer de cadavres putrides que les deux héros courent main dans la main, au ralenti. Ils réalisent alors qu'où ils aillent et regardent, ils ne voient plus que la même et funeste image -instant quasi solennel où le temps et l'espace n'existent plus- avant de perdre la vue tandis qu'une voix sépulcrale leur murmure qu'ils ont découvert la Mer des Ténèbres. Si on ne devait conserver qu''une seule scène dans toute l'oeuvre de Lucio Fulci, ce serait sans nul doute celle ci.
Si Lucio Fulci a conclu sa grande saga des zombis de façon mitigée, ses grandes qualités d'esthète et son coté visionnaire du fantastique font pardonner les excès et les incohérences de L'au delà, qui, s'il n''est pas une pièce majeure du réalisateur, restera par contre dans les annales du gore.
On s'attardera également quelques instants sur La maison prés du cimetière puisque son occupant, le Dr Freudstein est resté en vie en tuant les différents locataires de la fameuse maison du titre afin de se greffer leurs organes, restant ainsi en vie, assemblage putride de pièces humaines.
Après sa trilogie consacrée aux zombis, voici une nouvelle incursion dans le monde de l'horreur pour Lucio Fulci qui cette fois s'oriente plus du coté de Shining et Amytiville auxquels il ajoute une bonne dose de gore et d'effets sanglants avec cette Maison près du cimetière. Un peu moins brouillon que L'au delà, cette Maison se laisse regarder avec un réel plaisir, baignant sans cesse dans ce climat de poésie dont l'auteur nous a depuis longtemps habitué. Ici, une certaine tristesse se dégage des murs de cette Maison, une sorte de mélancolie accentuant le coté onirique de certaines séquences, notamment toutes celles où Bob est en contact avec May, l'étrange petite fille fantômatique.
Tout au long du film règne cette atmosphère de mort si chère au réalisateur. Tout semble froid à l'image de cette nature endormie baignant dans la brume hivernale, de ces forêts dénudées et tristes à l'approche de la mauvaise saison.
Fulci une fois de plus parvient à créer un réel malaise, une ambiance oppressante qui ne se relachera plus jusqu'aux terribles scènes finales.
C'est avec autant de force que les sanglantes scènes de meurtres déboulent sur l'écran, à intervalles réguliers, de plus en plus atroces et surtout réalistes grâce au talent du spécialiste des effets spéciaux Gianetto De Rossi. Fulci ne recule devant aucun effet gratuit et s'en donne à coeur joie pour trucider ses acteurs jusquà l'effroyable apparition du Dr Freudstein, créature putride composée d'assemblage de morceaux de cadavres qu'il sait lui même greffés dans sa quête d'immortalité.
Point de happy end comme bien souvent chez le réalisateur, seul l'enfant survivra grâce au sacrifice de sa mère avant de rejoindre l'étrange fantôme de May, porte ouverte sur l'imagination du spectateur comme il l'avait déjà fait sur Frayeurs. Parfois sujet à controverse, ce final ajoute pourtant encore plus au coté fantastique du film, laissant ainsi le spectateur libre de son interprétation.
Dernier vrai bon film du maître cloturant sa période gore si on excepte la belle adaptation du Chat noir, son controversé polar horrifique L'éventreur de New-York et son trés esthétique mais décrié essai d''Heroic-Fantasy Conquest, cette maison est un trés beau chant du cygne, mettant fin à toute une époque magistrale.
Si certains aiment intégrer La maison près du cimetière à la trilogie des morts-vivants du réalisateur, sorte de chapitre final au célèbre tryptique, c'est quoiqu'il en soit avec plaisir que le spectateur est invité à la visiter. La maison près du cimetière marquait ainsi la fin de toute une période pour le Maître de l'horreur macabre, le poète de la Mort.
En 1988, il signera un Zombi 3 dont il devra quitter le tournage, la maladie l'ayant rattrapé. C'est à Bruno Mattei qu'échoue le tournage du film. On y reconnaitra d'ailleurs fortement la griffe du réalisateur Mattei qui signa les trois quart du métrage. A la différence des précédents volets, ces nouveaux zombis, toujours aussi visuellement réussis et avides de chair humaine, sont beaucoup plus mobiles et peuvent désormais courir et même faire du karaté, donnant à l'ensemble un coté humoristique que les amateurs de la première heure n'apprécieront guère.
Parmi d'autres créatures, on trouve trace de zombis également dans son essai d'Heroic fantasy, le visuellement envoûtant Conquest, des zombis décomposés au regard vide surgissant des marais et évoluant à l'aube des Temps qui vont attaquer le jeune héros en pleine traversée d'une forêt embrumée.
LES ZOMBIS ITALIENS SE MULTIPLIENT:
D'autres réalisateurs vont alors suivre les traces de Fulci mais avec beaucoup moins de bonheur et une poignée de films de zombis vont alors naitre et apparaitre sur nos écrans.
L'infatiguable Joe D'Amato nous présentera pour sa part un cocktail érotisme-zombis avec Le notti erotiche dei morti viventi / La nuit fantastique des morts-vivants qui fait partie de cette vague de films alors trés en vogue, le porn-horror. Plus pretexte à montrer d'interminables scènes pornographiques sur le sable chaud et un voilier de plaisance, le film est d'une totale incompréhension tant il semble ne pas y avoir de scénario. Restent au crédit du film, quelques zombis en bure déambulant au son d'une envoûtante mélopée, quelques scènes gore interessantes et la présence des acteurs fétiches du réalisateur Laura Gemser en tête et Luigi Montefiori aux cotés de Mark Shannon et Dirce Funari.
On retrouvera dans ce même décor exotique, cette même plage un zombi dans son Exotic love / Porn esotic love toujours avec Laura Gemser, Annj Goren et Mark Shannon.
Joe D'Amato épousera de nouveau le genre mais en tant que producteur cette fois avec The killing birds / L'attaque des morts-vivants en 1987, petite série trés traditionnelle dans son scénario et sa mise en scène dans laquelle apparaissent trois zombis cagneux mais hargneux dans une cabane au fond d'une forêt où se sont retranchés une paire d'étudiants en ornithologie mené par une bovine Lara Wendel en fin de carrière. The killing birds marque la fin d'un cinéma moribond, ultimes sursauts du Bis italien.
On n'oubliera pas les guerriers-zombis présents dans dans son Ator the fighting eagle qu'il réalisa en 1982 mais assez mal employés ici car trop succints.
Pour rester dans le porn-horror, on citera également Orgasmo esotico de Mario Siciliano en 1981où une vilaine sorcière lubrique réveille une armée de zombis bleutés tout aussi lubriques qui partageront d'excellents moment avec la torride Marina Frajese.
On poursuit dans la comédie avec en 1979 le film de Nello Rossato, le spécialiste de la sexy comedie, Io zombo, tu zombi, lei zomba avec Nadia Cassini contant les péripéties érotiques d'un groupe de vacanciers dans un hotel où se réveillent de bien ludiques zombis, tout cela se terminant dans un centre commercial où les touristes devront lutter contre cette invasion.
Umberto Lenzi ne loupera pas le coche avec son hilarant L'avion de l'apocalypse en 1982 avec un monolithique Hugo Stiglitz et la blonde Laura Trotter face à une horde de zombis nés de radiations atomiques qui peu à peu envahissent la ville. Certes gore, le film semble souvent s'apparenter à une énorme farce d'une incohérence totale mais qui s'ancre à merveille dans la lignée d'un certain cinéma Bis dont la cerise serait Virus cannibale / Inferno dei morti viventi / Zombi 5: Ultimate nightmare réalisé par Bruno Mattei. Cette fois, ce sont les fuites d'une usine nucléaire qui sont responsables de l'apparition de zombis belliqueux et cannibales s'éveillant un peu partout dans le monde. Mattei s'intéresse surtout à ceux hantant les forêts de Nouvelle-Guinée, en fait un coin verdoyant espagnol. norme patchwork de tout et n'importe quoi où s'agitent une troupe d'acteurs cabotinant avec un plaisir non dissimulé, truffé d'inserts ethnologiques et animaliers pris ca et là, Virus cannibale semble être une blague de potache elle aussi hilarante mais qui saura satisfaire les amateurs de gore bien sanglant. On trouve trace de zombis mais de manière trés fugace dans un autre film de Mattei, L'altro inferno / L'autre enfer/ Le couvent infernal avec l'incroyable Franca Stoppi, où les zombis sont cette fois reveillés en fin de film par les forces démoniaques qui régnent dans un couvent.
Son comparse Claudio Fragasso mettera en scène en 1988 Zombi 4 / zombi 4: After death avec le pornocrate Jeff Stryker. Une jeune fille en voulant retrouver ses parents disparus sur une île va provoquer la colère d'un prêtre vaudou qui réveillera les morts, ces derniers envahissant l'île pour mieux s'attaquer aux protagonistes. Rien de bien neuf donc et au même titre que Zombi 3 et autres Virus cannibal ou L'avion de l'apocalypse on reste dans le comique certes involontaires, du moins espérons le, mais l'ensemble se laisse regarder avec un certain plaisir pour peu qu'on ait l'esprit ouvert au cinéma Bis.
Andrea Bianchi de son coté tournera en 1981 Le manoir de la terreur / Zombi horror avec Mariangela Giordano. Particulièrement ridicule dans ses dialogues et d'une platitude extrême dans sa mise en scène, le film vaut surtout pour ses scènes gore et l'apparition de ses zombis à mi-chemin entre ceux de De Ossorio et ceux de Fulci réveillés par les expériences d'un curieux professeur qui envahissent le manoir où se retrouvent coincés les protagonistes.
Lamberto Bava n'échappera pas à cette mode et signera en 1985 et 1986 son célèbre Démons et Démons 2, deux petits films aujourd'hui quasiment cultes eux aussi valant surtout pour leurs excellents effets spéciaux et de trés belles séquences. Démons premier du nom se situe dans un étrange cinéma où se retrouvent enfermés les spectateurs alors que le film projeté sur l'écran prend vie dans la salle, les démons du titre surgissant de la toile pour venir mordre le public se transformant en zombis ignobles.
Démons 2 reprendra la même trame mais l'action se situe cette fois dans un immeuble dont les locataires vont se retrouver prisonniers alors que les démons surgissant d'un écran TV envahissent les appartements et transforment les habitants en zombis hargneux.
Lamberto Bava récidivera en 1987 avec son téléfilm d'horreur Graveyard disturbance / Outretombe où cinq jeunes voleurs ayant décidé de passer une nuit dans les catacombes d'un cimetière devront affronter une horde de zombies et autres hideuses créatures. On trouve trace également de zombis dans La maschera del demonio / Le masque de Satan, hommage qu'il rendit au film de son père où cette fois un groupe de skieurs perdus vont devoir faire face à quelques créatures venues des Enfers.
Tardivement tourné en 1991, on oubliera Demoni 3 / Black demons de Umberto Lenzi et ses trois ridicules zombis déambulant de manière parfaitement ridicule dans un film tout aussi désastreux et ennuyeux.
C'est à Marino Girolami qu'on doit le gorissime et lui aussi hilarant Zombi Holocaust réalisé en 1980, total démarquage de L'enfer des zombis où Ian Mc Cullogh doit cette fois en compagnie de la blonde Alessandra Delli Colli peu avare de ses charmes et la brune Sherry Buchanan combatttre quelque part sur une île tropicale les méfaits d'un professeur fou, Donald O'Brien, transformant les indigènes en zombis putrides et cannibales.
Beaucoup plus sérieux est le film de Pupi Avati en 1981 Zeder. Le spécialiste du fantastique macabre nous offre ici un film sombre et angoissant qui nous projette dans la Zone K où les morts sont censés revenir à la vie. Le héros enquête sur les travaux du professeur Zeder qui aurait découvert cette zone et se retrouve entrainé dans un monde trouble et malsain, ces ambiances lourdes et opressantes si chères à Avati. Si Zeder contient d'excellentes séquences particulièrement violentes et impressonnante dont l'hallucinante ouverture, le film souffre d'un manque de rythme. On sent qu'il fut produit par la RAI et qu'Avati dut se soumettre aux exigences imposées.
Parmi les autres réussite du genre, on n'omettra pas de citer le trés onirique Dellamore Dellamorte de Michele Soavi en 1992, histoire d'un gardien de cimetière joué par Rupert Everett où les morts reviennent parfois à la vie dont sa jolie et envoûtante fiancée à qui il aime faire l'amour sur une tombe. Véritable poème macabre mis en scène de main de maitre, Dellamore Dellamorte manie avec dexterité l'humour noir en l'unissant à toute une imagerie onirico-funeste absolumment splendide nous offrant de sublimes passages à la fois effrayants et divinement beaux.
Le cinéma Bis francais quant à lui nous offrit également son petit lot de films de zombis tous plus mauvais les uns que les autres reconnaissons le.
C'est à Jean Rollin caché sous le pseudonyme coquace de J.A Lazer qu'on en doit notamment deux, le pitoyable et désesperant Lac des morts-vivants en 1981 qu'aurait du tourner Jesus Franco, énorme bêtisier campagnard frisant l'amateurisme et La morte vivante en 1982 beaucoup plus interessant cette fois. Il nous conte l'histoire d'une magnifique héritière jouée par Marina Pierro qui revient à la vie. Elle doit satisfaire sa soif de sang aidée de son amie d'enfance jouée par Françoise Blanchard. La morte vivante renoue avec le coté poétique que Rollin avait jadis si bien amené dans ses films de vampires et La Morte vivante restera un de ses derniers bons travaux, si ce n'est le dernier.
Dans la lignée du Lac des morts-vivants on citera le bien triste La revanche des mortes-vivantes de Pierre B. Reinhardt, réalisé en 1987. Le seul véritable atout du film est son coté éminemment gore. Pour le reste, il s'agit d'une série Z pas même drôle si ce n'est involontairement.
Quant à Jesus Franco, il signera en 1981 une coproduction franco-espagnole L'abîme des morts-vivants dont il existe une version espagnole quelque peu différente avec cette fois Lina Romay. Comparé au Lac des morts vivants de Rollin, L'abime des morts vivants passerait facilement pour un petit bijou d'autant plus que certaines scènes possèdent un réel charme visuel notamment certaines séquences tournées dans le désert. Ces rares moments ont un coté un rien attractif et séducteur qui parviennent à donner au film un léger attrait malheureusement noyé dans un océan... de sable.. d'ennui.
Du coté de l'Espagne on notera en 1980 une horde de zombis dans une étrange petite série B, Au delà de la terreur, de Tomas Aznar. Suite à une malédiction jetée par une vieille femme qu'ils ont agressé, une bande de jeunes bikers sont la proie de zombis visuellement effrayants qui ont ici une prédilection pour violer les femmes et tuer les hommes.
On mentionnera aussi l'essai raté de l'égyptien Frank Agrama en 1981, Dawn of the mummy / L'aube des zombis qui partait d'une idée originale, mélanger le mythe de la momie à celui des morts vivants. Ici, une momie réveillée par les troubles que causent une équipe de modèles et de photographes insouciants va décimer aidée par une horde de zombis. le ridicule de l'ensemble, l'indigence de la mise en scène et la nullité de l'interprétation font malheureusement tomber à l'eau ce brin d'originalité. Restent au crédit de cette série Z jamais drôle ses effets sanguinolents.
LES ZOMBIS DANS LES ANNEES 80:
Comme on l'a vu, l'Italie fut un pays assez productif dans le mythe du zombi au cinéma mais moultes oeuvres virent également le jour en Angleterre mais surtout aux Etats Unis dés 1980. Si on excepte Prey / Le zombi venu d'ailleurs de Norman J. Warren dépourvu de tout zombi malgré ce titre français trompeur- il s'agit ici d'un extra-terrestre ayant pris forme humaine qui va s'imiscer dans la vie de deux lesbiennes- ce début de nouvelle décennie vit apparaitre des petits films tels que One dark night / Une nuit trop noire, réalisé sous le titre Rest in peace par Tom Mc Laughlin. Présenté au festival du film fantastique de Paris, One dark night conte les macabres aventures d'un groupe d'étudiants enfermés dans un mausolée où les morts mus par une force télékinésique engendrée par un scientifique dément. Si on excepte un final explosif et multicolore où les forces du mal se déchaine, le film traine beaucoup trop en longueur cassant un rythme déjà bancal. Quant aux morts-vivants, leur manque de crédiblité et cette apparence de mannequins poussés sur roulettes qu'ils arborent achève de donner à l'ensemble un air de petite série B certes sympaythique mais bien désuette.
Effroi / Fear no evil, premier film de Frank Laloggia, voit cette fois Lucifer en personne lever une armée de morts-vivants afin de combattre les réincarnations des anges. Cette agréable production à la photographie superbe empreinte d'un coté religieux trés fort met brièvement en scéne quelques zombis dans sa dernière partie, zombis surgissant de la nuit et envahissant la campagne lors de la reconstitution du chemin de croix de Jesus.
Toujours en 1980, c'est derrière une nappe de brouillard maudit que se cachent les morts-vivants de The fog de John Carpenter, vieille légende marine qui va s'abattre sur une petite ville côtière. Si le film de Carpenter était une interessante série B distillant un agréable parfum d'angoisse aux essences iodées et solidement interprété par Jamie Lee Curtis, Adrienne Barbeau et Tom Atkins, il n'en va de même pour son remake 2005 réalisé par Ruppert Wainwright, véritable naufrage cinématographique sombrant dans le plus parfait ridicule. Et ce ne sont pas ses morts-vivants de synthèse qui y changeront quelque chose.
Le choc en ce début d'années 80 sera en 1982 quand un jeune réalisateur avec peu de moyens et beaucoup d'imagination et de débrouille réalise ce qui deviendra par la suite le film culte de toute une génération: Evil dead.
Avec peu de moyens et un budget assez mince, Sam Raimi a réalisé un véritable exercice de style nourri par sa culture du cinéma que sont Tobe Hooper et George Romero dont les clins d'oeil sont visibles. Ne s'encombrant pas de détails métaphysiques, Raimi a construit un scénario réduit à son minimum mais d'une efficacité brutale, faisant de Evil Dead une véritable symphonie de la peur, la peur à l'état brut. Si tout est stereotypé au maximum tant les personnages que l'histoire, Raimi sait magnifiquement donner vie à tous les élèments de son film, de la cabane en bois perdue au fond de la forêt, la végétation aux extérieurs embrumés et le visage de chacun des protagonistes, créant ainsi une aura de terreur effroyable noyée dans un déluge d'effets spéciaux hallucinants et specialement sanglants. Habile série B outrancière, Evil dead est un film brillant réalisé avec brio qui donnera naissance à deux séquelles, Evil dead 2 qui perpétue les outrances du premier opus et Evil dead 3, l'armée des ténèbres qui cette fois donne dans la comédie la plus farfelue, la farce grand-guignolesque, le comique outrancier qui en rebuta alors plus d'un.
Toujours dans la veine de la comédie, on mentionnera Dead heat / Flic ou zombi de Mark Goldblatt avec Treat Wlliams en 1986 où deux policiers traquent un savant fou ayant découvert une machine à redonner la vie. Tué lors d'une mission, un policier a recours à cette machine pour terminer son boulot. Plus destiné à faire fonctionner nos zygomatiques que de faire trembler, Dead heat amusera volontiers tout spectateur sensible à ce genre d'humour et le cinéphile quant à lui appréciera la présence de Vincent Price dans le rôle du savant fou.
Dans le même style Jonathan Mostow livre en 1989 Beverly Hills body snatchers où cette fois un tandem de scientifiques fous raménent à la vie de riches défunts jusqu'au jour où par accident ils réveillent un mafioso qui va semer la terreur dans Beverly Hills.
Pour rester dans le domaine du zombi policier, William Lustig, réalisateur de ce choc cinématographique que fut en 1981 Maniac, tournera en 1988 Maniac cop où l'hisoire d 'un policier revenu d'entre les morts pour semer la terreur dans les rues de New York.
Plutôt alertement réalisé, Maniac cop est une bonne série B mélangeant violence et gore où le flic cette fois est un personnage impersonnel et défiguré, caché derrière ses lunettes noires, un être implacable, fou. Si dans ce premier volet le personnage est encore vivant, ayant survécu à un lynchage et à sa condamnation à mort, c'est sous forme de zombi qu'il reviendra dans les deux suites qui furent tournées, être désormais immortel.
Si Maniac cop 2 tourné en 1990 reste une suite honnête et plutôt interessante, Maniac cop 3: Badge of silence en 1993 sombre dans la plus totale banalité et ne présente guère d'autre attrait que de revoir une dernière fois ce policier zombi dans une aventure qui s'étouffe et qui avant tout souffre d'un grave d'imangination.
Dans le registre de la comédie horrifique, on n'oubliera pas le film de Dan O'Bannon, Le retour des morts-vivants / Return of the living dead qu'il mit en scène en 1985 où un groupe de punks est pris à partie par des zombis revenus à la vie par le biais de déchets radio-actifs. Interessant mélange de comédie et de gore, Le retour des morts-vivants est un film totalement loufoque à l'humour macabre accompagné d'une partition musicale décoiffante. Lorgnant vers les E.C Comics d'antan, Dan O'Bannon nous offre ici des zombis amateurs de cerveaux et surtout dotés de la parole ce qui nous vaut quelques scènes d'anthologie.
Fort du succès du film, deux séquelles se tournèrent, Le retour des morts-vivants 2 de Ken Wiederhorn nettement plus en dessous du premier volet et Le retour des morts-vivants 3 mis en scène par Brian Yuzna. Directement sorti en video, voilà une petite série B assez grotesque dont le seul réel attrait sont ses effets spéciaux majestueux et le personnage de sa principale protagoniste, sorte de bimbo gothique fort sexy.
Destinés au marché video, seront édités par la suite un pitoyable Return of the living dead 4: Necropolis et Return of the living dead 5: rave to the grave tous deux mis en chantier par Ellory Elkayem.
La même année que le film de O'Bannon vit la sortie sur nos écrans d'une autre comédie Rock zombis / Hard rock zombi de Krishna Shah, mélange de hard rock et d'horreur, est un total désastre et le film sombre trés vite dans la série Z. Shah se contente ici de filmer des suites de débilités et de niaiseries sans aucune imagination ni talent.
Autre oeuvre importante en ce milieu de décennie cette fois ci mise en scène par Stuart Gordon, Reanimator marquera lui aussi toute une génération par son cocktail d'horreur et de gore noyé dans une grosse dose d'humour noir. Outre le fait de nous faire découvrir une des nouvelles égéries du cinéma d'horreur en la personne de Barbara Crampton, Reanimator nous propose d'entrer dans l'univers d'un professeur fou ayant inventé un liquide qui une fois injecté dans le corps d'un cadavre le ramène à la vie. Aprés avoir trouvé la mort et perdu la tête dans le vrai sens du terme, le professeur s'injecte le produit et, sa tête sous son bras, est bien dcidé à compliquer les amours de son assistant et de sa fiancé.
Reanimator est un délicieux petit film ultra gore mettant en scène quelques beaux cadavres plutôt brutaux évoluant dans ce climat de folie visuelle et d'hystérie bienfaitrice. Nettement inférieure, sa suite, Reanimator 2: bride of reanimator même si elle contient quelques scènes gore agréables sombre vite dans le ridicule et n'atteint jamais la qualité du premier film. Reanimator 3: beyond reanimator entretiendra le mythe par le biais de la video mais là encore, le charme n'est plus présent et Reanimator 3 s'oublie assez vite.
Signalons une apparition de zombis acariâtres dans An american werewolf in London / Le loup garou de Londres de John Landis en 1982 et dans le premier sketche de Creepshow de George Romero mettant en scène un zombi revenu d'entre les morts pour réclamer son gâteau d'anniversaire.
La comédie est au rendez vous chez les morts en cette année 1982 puisqu'on se doit de mentionner également la troupe de morts-vivants joyeux dans le sautillant Hysterical de l'anglais John Bearde. Le film se rapproche fortement des délires des Monty Python.
C'est à Steve Miner et l'équipe de Vendredi 13 qu'on doit une autre comédie horrifique sympathique, House, qui se rapproche de Creepshow ou de SOS fantômes. Cette fois, c'est dans une maison hantée que vont se croiser quelques diaboliques créatures non dépourvues d'humour dont une revenante particulièrement acariâtre et vulgaire mais surtout un G.I zombi, le tout dans un gentil déluge d'effets spéciaux assez drôles.
Le film connut une suite moins chanceuse, House 2, qui cette fois vire au grotesque, véritable salmigondi de créatures idiotes se débattant au milieu d'une horde de cow boys zombis. Du n'importe quoi qui se veut drôle mais irrite plus qu'autre chose au bout d'un moment. Le film doit se voir comme une énorme farce remplie de clins d'oeil, une sorte de bande-déssinée ébourrifée.
C'est à Gary Sherman qu'on doit un des films du genre les plus viscéralement terrifiant qu'il ait été donné de voir alors, Dead and Buried / Reincarnations qu'il signa en 1980. Véritable petit bijou macabre, Reincarnation sans être jamais trés gore est certainement l'un des films les plus originaux de cette époque, une oeuvre terrifiante dans son propos et la force de son final halucinant. Magnifié par une photo bleutée, Dead and buried et ses morts trop normaux est encore à ce jour un des meilleurs films du genre qu'il fut donné de voir.
Toujours en 1980, The survivor / Le survivant d'un monde parallèle de David Hemmings est une plate adaptation du roman de James Herbert où un pilote de ligne mort à la suite d'une catastrophe revient sur Terre pour venger les passagers d'un accident provoqué par une main criminelle.Typique d'un certain cinéma australien alors en vogue, The survivor, film lent à l'image trés soignée, souffre surtout d'un scénario plutôt faible et parfois confus mais on soulignera l'interprétation de Robert Powell, tout en finesse, qui bien souvent sauve le film de sa regrettable platitude.
Plus sérieuse sera l'adaptation en 1989 du roman de Stephen King par la réalisatrice Mary Lambert, Pet semetary / Simetierre. Ici, c'est une famille qui découvre que non loin de leur maison se trouve une terre sacrée où une fois enterrés les morts reviennent d'outre-tombe. Jouant la carte de l'angoisse et de la terreur, Simetierre fait parti des meilleures adaptations du King à l'écran. Dénotant avec les oeuvres sorties alors, Mary Lambert livre ici un film noir, trés noir, macabre et parfois terrifiant dans ses apparitions fantomatiques notamment de la soeur malade. D'un pessimiste extrême, Simetierre dégage une tension croissante et une angoisse sourde jusqu'au dénouement qui verra la destruction de la cellule familiale. Si on est un tant soit peu receptif à ce genre d'ambiance et de peur diffuse, Simetierre, film assez lent dans sa structure narrative, comblera de joie les amateurs.
Sa suite, Simetierre 2, est elle de facture plus classique, simple film d'horreur tendance gore pouvant facilement se mélanger aux Teen horror films d'alors. Sans être désagrable, plutôt distrayante, cette suite déplut surtout aux fans du premier volet mais on se laissera séduire par la présence de Clancy Brown en père brutal et zombifié maltraitant son fils joué par Edward Furlong.
En cette fin d'années 80, un autre film sous l'égide de Clive Barker allait créer l'évenement et donner toute une ribambelle de séquelles en prenant pour personnages principaux, les Cénobites, terribles habitants des Enfers venus dans notre monde afin de faire connaitre aux protagonistes les pires souffrances. Si Hellraiser est plus un film sur l'Enfer et ses terribles démons, un univers voué au sado-masochisme et aux plaisirs sadiens les plus raffinés, le thème du mort-vivant est bel et bien présent notamment par le biais de Julia la belle-mère et de Frank, le père de la jeune héroine, revenus tous deux de la mort pour mieux y entrainer leur fille. Visuellement effrayant dans sa conception des Enfers et de ses tourments, Hellraiser déploie également toute une panoplie gore qui ravira le fan. Si on dénombre aujourd'hui sept séquelles au film de Barker, seul Hellraiser 2, les écorchés / Hellbound est réellement passionnant, dépassant et de loin dans l'horreur et le gore le premier opus.
C'est à Sean Cunningham qu'on devra en 1980 un des personnages les plus fameux d'alors en passe de devenir une figure de mythe qui allait donner une série de dix films au fil des années. Ce mythe n'est autre que celui de Jason, le fameux tueur de Crystal Lake qui détruit et redétruit dès le second opus ne cessera de revenir hanter les lieux. Si Vendredi 13 / Friday the 13th demeure un classique du cinéma d'horreur et un précurseur du teen horror movies ainsi que du slasher si cher à ces années là, cette longue série va s'avérer assez inégale mais chacun y trouvera son épisode favori de Jason selon l'humour ou la noirceur de l'épisode ou du personnage lui même. Petit plus à la série, le troisième opus, Meurtres en 3-D a eu droit comme son titre français l'indique à la 3-D. Soulignons que comme pour Maniac cop, le personnage de Jason ne deviendra une créature immortelle revenant à chaque épisode d'entre les morts qu'à partir du second épisode. L'apparition furtive de Jason se fera de façon presque onirique et surréaliste à la fin du premier volet lors d'un terrifiant cauchemar de l'unique survivante du massacre. Aussi malmené fut il lors de scénarii parfois ridicules, sur Terre ou dans l'espace transformé en Cyber Jason- Jason X-, seul où luttant contre un autre mythe du cinéma fantastique- Freddy vs Jason- Jason restera un des principaux personnages du cinéma d'horreur des années 80 auquel nous nous attacherons plus longuement dans un futur dossier Special Slasher.
Pour être complet on n'omettra pas de citer quelques oeuvrettes gore comme le Zombi Island massacre de John N. Carter en 1984 où un groupe de touristes libidineux débarquent sur une île où se pratique le vaudou. Entre comédie et film d'horreur façon Teen movies, Zombie island massacre décevra autant les amateurs de gore, peu présent, et les anmateurs de zombis tout aussi peu présents.
Blood eaters de Chuck McGrann en 1981 conte l'histoire de hippies transformés en zombis mutants lorsqu'une drogue lachée par accident d'un avion se répand sur Terre. Série B typique aux maquillages plutôt pauvres, Bloodeaters permettra surtout de revoir John Amplas, le jeune héros de Martin de Romero.
Du coté de l'Espagne Latidos de panico de l'infatiguable Jacinto De Molina en 1983 nous fait assister au retour d'un chevalier zombi qui tous les cent ans revient pour tuer les femmes qui firent de sa vie un enfer.
L'Asie dans les années 80 nous offrit quelques petits films tels que Kung fu zombis de Hwa I Chung en provenance de Hong-Kong. L'indonésien L. Sudjio réalisa l'intéressant La reine de la magie noire / Rattu ilmu hitam tandis que Sisworo Gautuma Putra déjà réalisateur de L'ile de l'enfer cannibale nous concocta son Satan's slave / Pengabdi en 1982.
AUJOURD'HUI LES ZOMBIS:
Les années 90 furent beaucoup moins fertiles en films de zombis. Le genre tomba doucement en désuètude et peu nombreuses furent les oeuvres qui prirent ce sujet comme thème. On notera parmi les oeuvres interessantes L'echelle de Jacob / Jacob's ladder en 1990 de Adrian Lyne, film étrange et cauchemardesque où des vétérans du Vietnam sont semble t'il atteint d'une curieuse maladie, sujet alors à de curieuses expériences. Film fantastique à part entière, effrayante par moment, L'échelle de Jacob met à sa façon en scène le thème du mort-vivant, le héros du film s'apercevant qu'il est mort jadis au Vietnam.
Le couvent / The convent de Mike Mendez réalisé en 2000 avec sa horde de nonnes zombis et de ghoules tente lui de renouer avec un certain Bis d'époque sans vraiment y arriver. On est plutôt ici face à une comédie gore énorme aux dialogues souvent ridicules, sombrant vite dans le n'importe quoi grand guignolesque. Dans la lignée du comique, on citera le premier film indépendant de Stacey Case, Zombie king, hommage aux films de lutte mexicaine qui fleure bon le comics.
Au fil du temps, le mythe du zombi s'estompa et les films vont aller en diminuant même si de temps en temps quelques petits films nous parviennent soit par le biais du grand écran ou surtout celui de la vidéo où se concentre désormais la plupart des produits comme l'australien The undead des frères Spierig ou Zombie Bloodbath 2: rage of the undead pour n'en citer que deux parmi pas mal d'autres.
Restent tout de même quelques grosses productions qui sortent toujours sur nos écrans même si souvent on remet au goût du jour la comédie zombiesque comme Shaun of the dead de Edgar Wright en 2004 ou L'armée des morts de Zack Snyder, remake efficace du Dawn of the dead de Romero, ce dernier comme nous l'avons vu précedemment ayant en 2005 cloturé sa saga avec le quatrième volet de sa saga Land of the dead pour mieux rebondir en 2007 avec un quatrième opus, Diary of the dead. Steve Miner, quant à lui, se penchera sur le remake de Day of the dead.
On citera également 28 jours plus tard de Danny Boyle en 2002, sorte de Survival horrifique faisant réference non seulement au Survivant / The Omega man mais également à la trilogie de Romero avec cette horde de créatures assoiffées de sang qui, bave aux lèvres, se jettent sur les survivants d'une épidémie ayant contaminé Londres.
Mais force est de constater que les grandes oeuvres d'hier sont aux abonnés absents la plupart du temps et ce n'est pas entre autre exemple Dance of the dead de Tobe Hooper, sorte de post nuke zombiesque, qui prouvera le contraire pas même les zombis poétiques et romantiques tout réussis soient ils de Zombie Honeymoon second film de Dave Gebroe tourné en 2005 et régulièrement présenté à de nombreux festivals. On n'oubliera pas les zombis de synthèse du éhonté remake de Fog ou ceux plus hollywoodiens et grand public de Pirates des Caraïbes de Gore Verbinski en 2004.
En 2006, les zombis sont de retour avec Fido de Andrew Currie, comédie divertissante où les morts-vivants, aprés la guerre qui les a opposé aux Hommes, ont été transformés en dociles domestiques, sorte d'animaux de compagnie jusqu'au jour où un zombie devient le meilleur ami d'une enfant.
On citera également la petite série B signée Scott Thomas, Plane dead, où cette fois des zombis belliqueux envahissent un avion.
On terminera ce tour d'horizon par REC en 2007 qui reprend le procédé filmique de Blairwitch project. Ici, une journaliste infiltre une tour infestée de zombis, caméra à l'épaule.
Le mot de la fin sera donné par le réalisateur canadien, spécialiste du porn gay dérangeant et subversif, Bruce La Bruce qui en 2008 nous offre un véritable cocktail d'horreur dans un porn gay horrifique, Otto or up with the dead people. Il reprend ici les codes du film de zombis pour mieux les detruire et livrer une vision pessimiste sur notre société capitaliste et consumériste mais également une reflexion sur la différence, la marginalité qui fait peur. Sexuel et outrancier, Otto est un film lyrique, surréaliste, sorte d'enchainement de tableaux tous plus gore les uns que les autres où boyaux et cannibalisme sont au rendez-vous. Le film de LaBruce rejoint celui de Andrew Parkinson I zombi: the chronicles of pain / Moi Zombi, chronique de la souffrance réalisé en 1998, un film à petit budget, étrange, déconcertant, audacieux où un jeune homme se transforme lentement en zombi après avoir été contaminé.
En fait, sous ce terme souvent galvaudé se cache un mythe qui prend naissance dans les croyances et la sorcellerie antillaise, toujours en pratique dans les contrées haïtiennes au pays même du vaudou auquel le zombi est indiscutablement lié.
Chez les haïtiens et leurs terribles croyances existeraient des êtres ni réellement morts ni vraiment vivants. Les sorciers vaudou auraient le pouvoir de provoquer la mort d'une personne et de la ramener à la vie quelques jours plus tard. Devenu un zombi, l'individu n'aurait plus de volonté propre et obéirait aveuglément au Maître qui en ferait son esclave.
Si bien peu de personnes ont eu l'occasion d'assister à ces macabres faits soigneusement cachés par les autochtones- le vaudou est interdit et fortement réprimandé par la loi- le zombi continue d'alimenter toutes les discussions et caresser l'imagination.
Si beaucoup attribuent au zombi des explications beaucoup plus rationnelles, refusant toute cause surnaturelle au phénomène, celle qui revient le plus souvent est celle d'une léthargie plus ou moins prolongée provoquée par des drogues. Quoiqu'il en soit, même si on accepte la thèse de la catalepsie, nombre de cas troublants ont été constatés comme ces hommes automates glacés nommés Zombis-jardin travaillant dans les champs. Ils sont en fait le résultat morbide de rites coupables pratiqués par des sorciers vaudou que les autorités chassent et condamnent du moins dans les villes. Mais il en va tout autrement dans les régions inaccessibles ou hors d'atteinte des lois. Les nuits vaudou perdurent.
Il est clair que le zombi est le fruit d'effroyables rites ancestraux pratiqués autrefois dans les tribus primitives et qui ont résisté à la civilisation, gardant encore aujourd'hui leurs abominables secrets baigné de doutes.
Le zombi avait tout donc pour devenir un des thèmes de prédilection du cinéma, véritable mine d'or qu'on allait décliner à toutes les sauces dans les plus insoutenables récits et visions d'horreur.
Pour plus de clarté on classifiera les zombis en deux grandes classes: celle des morts-vivants issus du vaudou, du satanisme et autres pratiques diaboliques et les zombis issus de pratiques scientifiques générées par des savants fous à différentes fins tout aussi inavouables.
LES PREMIERS PAS DU ZOMBI:
Pour trouver trace des premiers zombis sur grand écran, il faut remonter très loin en arrière dans les années 30 en fait lors des premiers balbutiements du cinéma parlant puisque aucun film du genre ne fut tourné durant toute la période du cinéma muet.
Et ce premier film n'est autre qu'un des chefs d'oeuvres hollywoodiens d'alors, le célèbre White zombis / Zombis / Les morts vivants réalisé en 1932 par Edward et Victor Halperin avec le grand Bela Lugosi. Un scénario simple, celui d'un jeune homme qui transforme celle qui l'aime en zombi afin de la garder à lui mais va tomber sous l'emprise du sorcier vaudou dont il a requis les services. Si le film, modèle parfait de la série B d'alors passera plus ou moins inaperçu lors de sa sortie, le scénario deviendra un modèle du genre et ce n'est que plus tard que la critique lui reconnaitra ses qualités, notamment les splendides décors, les maquillages cadavériques de Jack Pierce et l'interprétation de Lugosi, ici parfaitement diabolique et terrifiant de par son visage halluciné sans oublier quelques séquences choc comme l'apparition soudaine de Lugosi sur une route déserte ou le suicide collectif des zombis du haut d'une falaise.
En 1933, l'Angleterre nous concocte The ghoul / Le fantôme vivant de Hayes Hunter, plus classique dans son style et mettant en vedette Boris Karloff, de passage alors en Angleterre. The ghoul mêle le mythe du zombi à celui de l'égyptologie puisque Karloff reviendra à la vie grâce à une pierre sacrée égyptienne pour se venger et punir ses héritiers sans scrupules. Plutôt lugubre et reposant sur le jeu de Karloff, The ghoul est assez impressionnant pour l'époque.
Karloff récidivera en 1936 dans le genre avec The walking dead / Le mort qui marche de Michael Curtiz dont ce fut la dernière incursion dans le fantastique. Karloff deviendra un temps l'un des spécialistes du genre et c'est avec joie qu'on le retrouve en 1939 dans The man they could not hang de Nick Grinde, film produit par la Columbia où il joue un savant ayant mis au point un coeur artificiel n'hésitant pas à tuer un homme afin de le tester. Dénoncé et condamné à la pendaison, son assistant le libère et le ramène à la vie grâce à ce muscle cardiaque artificiel.
Le grand acteur tournera entre 1940 et 1942 cinq autres films pour la Columbia tous inédits en France: The man with nine lives, Before I hang, The devil commands et The boogey man will get you.
Si Boris Karloff fut fidèle au genre, Bela Lugosi, l'autre monstre sacré hollywoodien d'alors, le fut tout aussi puisque l'acteur fut à l'affiche de quelques films du genre dans le années 40 le plus souvent dans des rôles de savants fous, Lugosi ayant toujours favorisé les rôles ne nécessitant aucun maquillage spécial au contraire de Karloff.
On citera Le monstre de minuit / Bowery at midnight de Wallace Fox en 1942, The voodoo man de William Beaudine et enfin Zombies on Broadway de Gordon Douglas en 1945 qui cette fois est plus une parodie du genre qui sombre vite dans la comédie.
L'EVOLUTION DU GENRE:
Dans les années 30 et 40, beaucoup d'autres films virent le jour mais cette fois sans les deux monstres sacrés du cinéma hollywoodien qu'étaient Bela Lugosi et Boris Karloff.
Six heures à vivre / Six hours to live sorti quasiment en même temps que White zombis est une petite oeuvrette fantastico-onirique où un homme revenu à la vie va cette fois, et chose rarissime dans ce style de film, se transformer en une sorte d'ange gardien et tenter de faire le bien autour de lui durant son court séjour terrestre avant de retourner au royaume des morts.
On retrouve dés 1936 les frères Halperin pour Revolt of the zombies qui tentent de refaire White zombis mais en transposant cette fois en Asie, changement de décor certes mais pour une histoire qui rappelle les films de jungle d'alors.
Nous retrouvons en 1939, l'étonnant Humphrey Bogart dans le film de Vincent Sherman The return of Dr X / Le retour du Dr X, série B made in Warner, où il interprète un mort-vivant d'origine scientifique devenu l'assistant du Docteur qui l'a ramené à la vie, zombi qui pour rester en vie a un impératif besoin de sang. Sherman unit ici deux thèmes du cinéma fantastique, le zombi et le vampire mais sans jamais glisser pourtant dans le film de vampire.
King of the zombies de Jean Yarbrough réalisé en 1941 met en scène l'un des premiers scientifiques nazi s'entourant d'une horde de zombi. Nous sommes au temps des héros qui déferlent alors sur les écrans: Tarzan, Sherlock Holmes et autres grands personnages mythiques. Les savants fous ne pouvaient qu'en faire partie. Ici, nous avons le Dr Sangre se cachant sous les traits de Henry Victor, savant nazi aux pouvoirs hypnotiques mais on peut citer aussi le Dr Altermann joué par John Carradine dans Revenge of the zombies de Steven Sekely en 1943, autre savant nazi qui transforme son, épouse en zombi quelque part en Louisiane avant de créer une armée de zombis destinée à servir le Fürher.
The Mad ghoul de James Hogan toujours en 1943 voit lui le Dr Morris qui grâce à un gaz meurtrier transforme les gens en zombis, êtres profanateurs de sépulture qui plus est puisque le docteur a besoin de coeurs pour ses rituels de sacrifices indigènes.
Tous ces produits Universal ont un dénominateur commun: ils rassemblent tous les ingrédients de l'horreur classique mais surtout le zombi ici n'a pas le rôle le plus abominable, rôle revenant aux savants.
1943 est aussi une date importante pour le film de morts-vivants puisque cette année verra la réalisation du célèbre I walked with a zombi / Vaudou de Jacques Tourneur, déjà réalisateur de The cat people / La féline. I walked with a zombi restera sans nul doute l'un des meilleurs films du genre où Tourneur fidèle à son style suggère plus qu'il ne montre. Librement adapté du roman Jane Eyre, le film tourne autour du cauchemar vécu en flash-back par une jeune infirmière venue en Haïti pour soigner l'épouse d'un riche planteur transformée en zombi par sa belle-mère. Tourneur préfère à l'horreur une tournure beaucoup plus poétique à la limite de l'onirisme, le tout dans une ambiance feutrée quasi surréaliste où il distille une angoisse savamment entretenue notamment lors des cérémonies vaudou.
En 1946, John Carradine prête à nouveau ses traits à un docteur fou ramenant à la vie sa femme et son chien dans Face of marble de William Beaudine, petite production sans grande ambition dont l'unique attrait est la présence de l'acteur.
Les années 40 s'achèveront avec Valley of the zombies de Philip Ford qui une fois encore mêle zombis et vampirisme puisque nos morts-vivants ont besoin de sang pour survivre. Valley of the zombis est un petit film d'aventure et d'action mettant en vedette Robert Livingston qui alors étalait sa carrure dans moult productions de Zorro et du Lone Ranger.
Le mythe du zombi au cinéma va alors disparaitre en cette fin de décade pour mieux revenir dés les années 50 jusqu'à la fin des années 60 en diversifiant les thèmes d'une part mais également en faisant sortir le zombi du cadre Hollywoodien dans lequel il n'était que trop rarement sorti jusqu'à présent.
LES ANNEES 50: ZOMBIS TOUT AZIMUT:
Les années 50 virent la fin de ce qui fut alors l'un des filons les plus exploités au cinéma, le film à épisode, le serial. L'ultime d'entre eux sera un serial zombi en douze épisodes Zombies of the stratosphere de Fred Brannon qu'il réalisera en 1952. L'histoire est simple: un policier interplanétaire détecte l'arrivée sur notre Terre d'un engin spatial occupé par deux zombis venus en avant garde pour fabriquer une super bombe afin d'expulser notre planète hors de son orbite et l'attirer vers la leur, permettant à leurs congénères de s'y installer. Ici, les zombis sont de simples comédiens revêtus d'une cotte de maille, la série lorgnant vers Flash Gordon et autres super héros d'alors.
Creature with the atom brain est quant à lui un excellent petit thriller signé Curt Siodmak en 1955, sorte de mix entre le film noir et le fantastique puisqu'on y suit les aventures d'un gangster liquidant ceux qui jadis l'expulsèrent des Etats-Unis. Pour se faire, il s'allie à un savant fou qui met à sa disposition une armée de zombis au sang phosphorescent et radio-actif.
La même année, John Gilling signe The gamma people, une oeuvre loufoque et satirique où trois personnages se retrouvent prisonniers d'un pays imaginaire et terrifiant où règne un dictateur savant fou créateur de zombis-esclaves habitant un bien lugubre château. Si le ton reste satirique, le film distille sans cesse une atmosphère d'épouvante tant par la terreur qui semble habiter la population de ce pays vide que par les enfants surdoués que crée le Dr Borowski, des enfants tout aussi surdoués qu'agressifs. On ne peut alors que songer non seulement au Village des damnés mais également à Frankenstein ou à La souris qui rugissait.
En 1956, Plan nine from outer space de Ed Wood Jr donne lui dans le délire le plus absolu, film où apparaitra pour la dernière fois à l'écran Bela Lugosi qui décédera quatre jours après le début du tournage. Ici, on est face à une race d'extra-terrestres qui grâce à un rayon ressuscitent les morts afin de mieux envahir notre planète.
En continuant notre exploration du thème, on trouve en 1957 Zombies of Mora-Tau de Edward L. Cahn qui narre l'histoire d'un trésor enfoui dans une épave de bateau que garde une armée de zombies que devront affronter les valeureux aventuriers venus le chercher. Zombies of Mora-Tau est somme toute une petite série B d'aventures exotiques assez distrayante que les paysages tropicaux mettent fort en valeur.
Dans la même veine "aventuresque" plutôt distrayante, on peut citer Voodoo island de Reginald Le Borg avec cette fois Boris Karloff dans le rôle d'un écrivain spécialisé dans le surnaturel se retrouvant à la tête d'une expédition partie à la recherche d'une équipe qui a disparu sur une ile où se pratique le vaudou et vivent des plantes carnivores géantes.
Le décapité vivant / The man that couldn't die de Will Cowan est quant à lui beaucoup plus original puisqu'on y découvre la tête d'un sorcier décapité quatre siècles plutôt mais toujours vivante, une malédiction ayant été jetée dessus. La tête ne connaitra le repos que le jour où son corps sera retrouvé. La tête va alors dominer ceux qui l'ont trouvé et déterré, les obligeant à tuer violemment. Mélange de sorcellerie, de vampirisme et de zombi ici coupé en deux parties distinctes, le film est assez bancal et inégal, parfois maladroit mais toujours original.
The Four skulls of Jonathan Drake de Orville Hampton reprend ce thème de têtes coupées et de corps décapités mais pour un bien plus originale histoire puisqu'on y suit la triste malédiction qui pèse sur la famille Drake. Depuis le jour où le capitaine Drake fit massacrer toute une tribu de Jivaros, holocauste auquel échappa le sorcier du village. Désormais, chaque descendant du capitaine doit mourir décapité avant son soixantième anniversaire. Le film s'attarde alors sur le dernier des Drake qui vit dans le château où les têtes de ses ancêtres sont gardées. On y retrouve toute un galerie de personnages étranges dont ce Jivaro aux lèvres cousues et un savant monstrueux dont la tête est celle d'un blanc placée sur un cadavre indien, son sang fait de curare. Si on ajoute une interprétation de fort bonne qualité notamment de l'inquiétant Henry Daniell, on est ici en présence d'un film particulièrement intéressant et angoissant.
En 1959, Edward L. Cohn récidive avec Invisible invaders, reprenant la traditionnelle histoire de zombis dominés par une volonté extra-terrestre bien décidée à envahir notre planète. Les zombis sont ici des morts récents réveillés par les envahisseurs afin d'en faire une sorte d'armée prête à détruire notre espèce.
Edward Wood Jr en reprenant les décors de son Plan Nine récidive avec Night of the ghouls qu'il situe cette fois prés d'un marécage où sévit le Dr Acula et son monstrueux assistant. Médiumnie, vrais et faux fantômes et zombis réveillés par des forces occultes voilà ce que nous propose ce tout petit film quasiment oublié aujourd'hui.
En cette fin d'années 50 et début d'années 60, les zombis vont quasiment disparaitre des écrans américains jusqu'en 1968, date rendue célèbre par un certain Georges A. Romero. Certains vont encore voir le jour mais resteront inédits en France comme The dead one de Barry Mahon- classique histoire de zombi vaudou- ou plus intéressant le I eat your skin de Del Tenney en 1964, typique série B où un docteur cherchant un remède contre le cancer a crée involontairement des zombis, fruits de ses recherches ratées et qui sont aux ordres d'un propriétaire de plantation, prêtre satanique rêvant de devenir le maitre du monde grâce à cette armée de zombis hideux.
Le dernier est l'ineffable Astro zombies de Ted Mikels qu'il tourna en 1968 avec John Carradine en savant fou qui va se venger de son éviction d'un astro-laboratoire grâce aux créatures qu'il a fabriqué à partir de cadavres. Maladroit, fauché, souvent comique, Astro-zombies vaut surtout pour l'interprétation de John Carradine en vilain antipathique. Carradine s'était alors spécialisé dans ce genre de petites séries B.
Si l'Amérique et Hollywood va donc délaisser le thème fructueux du zombi au cinéma durant quasiment une décade, le mythe va être par contre repris par l'Angleterre avec toute une production d'oeuvres parfois fort intéressantes et bien sûr la célèbre firme Hammer ne ratera pas le coche et proposera elle aussi ses versions du thème.
LES ANNEES 60: HAMMER ET ZOMBIS ANGLAIS:
Si une des premières oeuvres anglaise traitant du zombi sera le timide What a curve up de Pat Jackson en 1961, sorte de remake de The ghoul, la véritable incursion dans ce thème sera l'intéressant Dr Blood's coffin d'un tout jeune Sidney Furie toujours en 1961 et pour la première fois en couleur. Furie nous met en présence d'un savant fou, le Dr Blood, qui sous des couverts scientifiques extirpe le coeur de vagabonds pour ramener à la vie des gens qu'il considère utiles à la société. Un jour, il va utiliser ses recherches pour courtiser celle qui se refusent à lui en transformant son défunt mari en zombi. On notera ici des similitudes avec Frankenstein même si Furie en diversifie le scénario.
En 1964, Terence Fisher réalise l'obscur The Earth dies screaming, inédit chez nous, où on retrouve des extra-terrestres transformant les humains en zombis.
L'année 1965 verra par contre la sortie d'un des plus grands films du genre d'alors The plague of the zombis / L'invasion des morts-vivants, une des oeuvres majeures de la Hammer, de John Gilling qui avait déjà oeuvré dans le genre avec The gamma people. Ici, les morts sont ramenés à la vie grâce au vaudou pratiqué par une secte lors de cérémonies sanglantes menées par un haut notable du village. On revient ici aux sources même du vaudou et du zombi en faisant de cet être un esclave docile pour le faire travailler dans des mines d'étain. Bénéficiant d'une excellente photographie, L'invasion des morts-vivants restera surtout célèbre pour une très onirique séquence, celle où les zombis, le visage momifié et en haillons, sortent de la terre qui se craquèle, dans ce petit cimetière envahi par le brouillard alors qu'en arrière plan se dessine la forêt sombre et inquiétante. Cette séquence onirique deviendra par la suite récurrente du film de zombis, de plus en plus mise au goût du jour. L'amateur appréciera les quelques plans gore dont Gilling parsème son film dont une décapitation ou la destruction finale des morts-vivants.
Les maquillages de Roy Ashton sont d'une incroyable véracité donnant aux zombis un aspect effrayant, terreux, rappelant leur origine souterraine.
L'invasion des morts-vivants contribua à la réputation de la Hammer et fut un de ses plus gros succès. On citera également The frozen dead de Herbert J. Leder réalisé en 1967, film inédit sous nos cieux contant l'histoire d'un savant qui redonne vie à des soldats nazis congelés dans son laboratoire. The frozen dead s'avère vite un excellent petit film fantastique proche des séries B d'antan, hommage aux vieux films des années 50, même s'il comporte quelques passages hilarants.
Le reste de la production viendra surtout d'autres pays dont le Mexique, pays prolifique qui produisit nombre d'oeuvres de terreur inspirées du cinéma américain. On citera notamment El monstruo resucitado de Chano Urueta qui n'innove guère avec son savant fou ramenant à la vie un cadavre qui deviendra son assistant.
On ne peut parler du Mexique sans évoquer le personnage de Santo, le catcheur masqué, super héros au masque d'argent qui lors de sa première aventure en 1961, Santo contra los zombies devra combattre des zombis assez particuliers puisqu'il s'agit de célèbres assassins ramenés à la vie par un savant. Nouvelle aventure en 1968, Santo y blue demon contra los monstrous de Gilberto Martino Suarez en 1968 où cette fois le catcheur se retrouve face à un horrible nain qui après le décès de son maître repend ses travaux et ressuscite les morts dont son frère qui va se venger de ceux qui jadis n'ont pas cru en lui. Ainsi verra t-on renaitre Le monstre de Frankenstein, la momie et même la créature du lac noir!
Dernière aventure de Santo en 1969, Santo y blue demon en el mondo de los muertos propulse notre héros dans le passé où une horrible sorcière va lever une horde de zombies.
Il existe un autre héros mexicain le fameux docteur Satan, représentant du Diable sur Terre, qui fut au coeur de deux films entre 1966 et 1967 dont le premier fut El Dr Satan. De son vrai nom, Aramosa, il cache sous l'étiquette de psychiatre un terrible personnage pratiquant d'étranges cérémonies et expériences. C'est ainsi qu'il garde prisonniers sous forme de zombie trois de ses anciens assistants. Le film conte alors la lutte d'Interpol contre le terrible docteur qui une fois arrêté se volatisera en fumée pour mieux réapparaitre l'année suivante dans El Dr Satan y la magia nera de Rogelio A. Gonzalez, cette fois en couleur, le premier opus étant lui en noir et blanc. Cette fois, le Dr Satan doit combattre un rival Yet Lin qui grâce à la magie noire veut dominer le monde. Notre représentant diabolique va donc zombifier deux femmes chargées de supprimer ce dérangeant ennemi.
Venu du Mexique, n'oublions pas de mentionner La muerte viviente de Juan Ibanez réalisé en 1968 qui fut l'un des tout derniers films de Boris Karloff. Le film est demeuré inédit en France et bien peu de gens ont eu la chance de le voir mais il serait l'un des meilleurs films du genre qu'ait produit le Mexique et l'un des meilleurs films mexicains auquel participa Karloff.
L'Italie, elle, ne s'intéressa guère aux zombies durant les années 60. Les rares incursions dans le genre furent au travers de peplums comme Roma contra Roma de Giuseppe Vari où un prêtre satanique fabrique des zombies et Il conquistadore del l'Atlantide de Alfonso Brescia en 1964 où Kirk Morris en Hercule doit non seulement combattre des zombies mais également des Atlantes et des Amazones. La seule vraie incursion du cinéma italien dans ce thème hors peplum est le curieux Cimetière des morts-vivants / Cinque tombe per un medium de Ralph Zucker avec la toujours resplendissante Barbara Steele, seul vrai atout de ce film aux réminiscences gothiques où un avocat se rendant au château d'un de ses clients décédés découvre que celui ci est hanté par les âmes ramenées à la vie par son client.
Si l'Italie resta fort en retrait alors, il en fut de même pour l'Allemagne qui ne produit qu'un seul et unique film, celui de Adrian Hoven, Im schloss der blutigen begierden en 1968 où entre viols, orgies et expériences médicales, un docteur ressuscite sa jeune fille dans un château médiéval.
Nous sommes donc en 1968 et cette année là sera un grand cru pour le mythe qui soudainement va renaitre de ses cendres et prendre un jour nouveau, point de départ d'une toute nouvelle ère et d'un nouveau cinéma qui ne cessera de prendre de l'ampleur.
L'INVASION S'ETEND:
Plus rien n'arrête désormais l'invasion des zombis sur nos écrans. En 1974, l'anglais John Gilling déjà responsable de L'invasion des morts-vivants réalisera le méconnu et aujourd'hui très rare La cruz del diablo écrit par Jacinto De Molina alias Paul Naschy qui met de nouveau en scène les templiers surgissant du passé suite à un horrible meurtre. Les templiers sont cette fois assez peu cernés puisque le spectateur ne sait jamais très bien s'il s'agit de zombis ou de fantômes et n'interviennent que durant des séquences de cauchemar. Le film avait été conçu comme devant être le cinquième volet non officiel de la tétralogie de Amando De Ossorio consacrée aux templiers squelettes dont nous parlerons plus bas.
Paul Naschy écrira et tournera quant à lui trois autres films de zombis: l'excellent La orgia de los muertos / Les orgies macabres que réalisera José-Luis Merino en 1971, un film qui mélange le spiritisme, la magie noire, la nécrophilie, le vaudou et le fameux thème des morts -vivants qui reviennent à la vie par la biais d'expériences contre-nature, El espanto surge de la tumba de Carlos Aured en 1972 et enfin toujours la même année La rebelion de las muertas de Leon Klimovsky dont Naschy en écrit le scénario, s'inspirant du Décapité vivant, ces deux derniers titres ayant été présentés au festival du film fantastique de Paris en leur temps. Le plus intéressant des trois restera El espanto surge de la tumba plus travaillé et soigné que les deux autres et présentant un grand nombre de scènes sanglantes.
Dans les années 70, Vincent Price et Peter Cushing eurent eux aussi droit à quelques participations dans des films de zombis.
Price côtoya beaucoup de fantômes et autres réincarnations dans les productions Corman mais c'est dans Tales of terror/ L'empire de la terreur où il incarna dans le troisième sketch un zombi, Waldemar, victime d'une terrible expérience qui maintenait son esprit en vie alors que son corps lui était mort. Ce fut son seul véritable rôle de mort-vivant alors que Peter Cushing, de son coté, en tourna plusieurs dont le plus fameux restera Tales from the crypt / Histoires d'outre-tombe réalisé par Freddie Francis en 1971. Film à sketches, il apparaissait dans le segment intitulé Poetic Justice où il incarnait un mort sortant de sa tombe afin de punir le responsable de son décès. C'est lors de ce film que Cushing revêtira le plus horrible maquillage de sa carrière, celui d'une tête de mort aux orbites vides et aux dents sinistrement apparentes.
On retrouvera Cushing aux cotés de Christopher Lee dans le très bon Terreur dans le Shangai Express de l'espagnol Eugenio Martin où une créature préhistorique trouvée dans les glaces sibériennes par deux scientifiques et revenue à la vie transforme tous les passagers du fameux train en zombis, semant la mort et la dévastation. Terreur dans le Shangai express est sans nul doute une des meilleures productions espagnoles du genre et demeure aujourd'hui encore un très bon film même si Cushing et Lee passent ici en second plan.
Très bon sera le fameux Commando des morts-vivants / Shock waves de Ken Wiederhorn en 1975, tardivement sorti chez nous, où Cushing, trop peu présent malheureusement, est un ancien nazi ayant crée une armée de zombis SS amphibies toujours en activité aujourd'hui, rodant sur une ile où un groupe de touristes va devoir faire escale. Cette petite série d'excellente facture vaut surtout pour son climat moite et poisseux, l'ambiance de cette île d'où suinte la peur, une peur sourde et diffuse, ainsi que certaines séquences tout bonnement impressionnantes comme celles où les zombis SS surgissent des flots bleus aux milles reflets huileux sous un soleil de plomb ainsi que celle où ceux ci déambulent sous la mer.
Cushing clôturera sa période zombie aux cotés de Donald Pleasance avec l'ennuyeux et ennuyant La secte des morts-vivants / The devil's men du grec Costa Carayianis, oeuvre mensongère car si on évoque bien un certain dieu des morts-vivants, le film d'une totale ineptie, est exempt de tout zombi.
John Hayes quant à lui signera en 1974 un petit film sans grande importance, Garden of the dead, qui met en scène un groupe de prisonniers qui respirent une étrange formule chimique. Ils pensent ainsi découvrir les joies des paradis artificiels. Ils s'échappent alors de prison avant d'être abattus. A défaut de connaitre le paradis, ils reviendront des Enfers sous forme de zombis.
Si l'amour fou et la passion à travers les siècles donnèrent quelques beaux films de fantômes mais rarement de zombis, ce thème engendra tout de même quelques petits fleurons comme le Dead of night / Le mort-vivant de Bob Clarke en 1974.
Bob Clarke n'en était pas à son premier coup d'essai. Il avait réalisé en 1972 Children shouldn't play with dead things, petite oeuvrette plutôt inégale assez inspirée de Night of the living dead où une horde de zombis surgissait afin de punir de biens jeunes impudents pour avoir profané un cimetière. Entre horreur précaire et effets spéciaux ratés, ce premier film n'arrivait jamais à se hisser trés haut.
Il récidivera donc avec Le mort-vivant, véritable petit chef d'oeuvre de cruauté tout à fait efficace et surtout original. Dead of night, c'est surtout la montée dans l'angoisse et la peur alors rarement vu dans le cinéma d'horreur traditionnel, une tension qui ne se relâchera plus avant l'ultime image empreinte d'une émotion stupéfiante où se mèlent par delà l'horreur, l'épouvante, la tendresse et le désespoir. Car avant tout, Dead of night est une superbe histoire d'amour entre une mère et son fils, une histoire d'amour et de mort où gravite toute une galerie de personnages fort bien dessinés, les parents d'Andy en particulier et ce à travers des dialogues intelligents et des situations bien amenées. Clarke a su donner une vision fort juste de l'américain moyen mettant en exergue le conservatisme et le matriarcat. Outre Andy, c'est également sa mère qui est le personnage central du film, une mère qui aime de façon démesurée un fils devenu malgré lui un monstre. Clarke démontre à force des liens maternels de manière dramatique. Cette femme saura passer outre l'horreur du secret d'Andy, acceptant la terrible et macabre vérité.
Cet amour monstrueux n'est qu'une partie du film. L'autre aspect tout aussi intéressant est la vision de ce qu'on appelle "monstre". Ici, le monstre vampirique qu'est devenu Andy n'est finalement qu'une victime. Il n'est jamais qu'un monstre engendré par un autre monstre: la guerre. Les actes d'Andy n'en sont alors que le pâle et pitoyable reflet. Malgré l'amour de sa mère indispensable à sa survie, à sa conservation, il a besoin de sang d'où ses sorties nocturnes où il enchaine meurtres sur meurtres. Dans une éclatante déclaration à une de ses victimes "J'ai donné mon sang pour vous, vous pouvez en faire autant", Dead of night tire toute sa force et son implacable et si macabre logique, son effroyable justification.
Bénéficiant d'une excellente mise en scène et d'une belle photographie, Dead of night, fable désesperée, frénétique qui au départ n'était qu'une petite production, fait partie de ces films passionnant d'un bout à l'autre, ces trop rares films d'horreur intelligents qui amènent à la reflexion.
Dans les années 70, c'est surtout le Mexique qui allait faire vivre le mythe du zombi avec notamment Santo contra la magia negra / Magie noire à Haiti où notre désormais poupulaire vengeur masqué se rend en Haïti sur une île où une prêtresse vaudou transforme des savants en zobis au faciès hideux. Ce volet des aventures de Santo, peut être un des plus sérieux et des plus maitrisés, basé sur un scénario d'espionnage sera un des derniers d'une longue série qui donna vie au vengeur.
Rene Cardona prit tout de même le temps de s'emparer du personnage pour Santo vs los cazadores de cabezas toujours en 1972, cette fois ci pour une aventure plus traditionnelle sentant bon le serial où un savant injecte le sang de ses prisonniers afin de redonner vie à des cadavres jusqu'à ce que santo et Blue Demon mettent fin à ses exactions meurtrières.
Rene Cardona reviendra aux zombis avec deux films mettant en scène Zovek, nom d'un autre super-héros ayant acquis ses pouvoirs dans des monastères tibétains où on lui enseigna des secrets millénaires. Le premier prend pour titre le nom de ce personnage, Zovek. Zovek dans cette première aventure somme toute banale devra combattre un savant fou créant des zombis-vampires.
La deuxième aventure de Zovek, L'invasion de los muertos, est beaucoup plus interessante et s'avère être un hybride entre La nuit des morts-vivants et La guerre des mondes. Un méteore s'abat sur Terre alors que Zovek découvre sur un sarcophage d'étranges peintures annoncant un cataclysme apocalyptique à échelle mondiale. Une nuit, toutes les tombes des cimetierres s'ouvrent et laissent sugir les morts obéissant télépathiquement à des ondes émises par le météore.
L'Amérique tournera encore dans les années 70 quelques films traitant de ce mythe dont le très intéressant Messiah of Evil de William Huyck en 1973, un très efficace film en scope et technicolor qui à l'époque étalera sur l'écran les séquences les plus sanglantes jamais vues alors par le biais de ces zombis cannibales. Messiah of evil conte l'histoire d'une jeune fille à la recherche de son père et débarque dans une petite bourgade dont tous les habitants sont cannibales, sorte de fléau contagieux puisque toute personne mordue par un des autochtones devient cannibale. La pauvre heroïne en fera la douloureuse expérience et finira dévorée vivante en gros plan. Particulièrement glauque et terrifiant, Messiah of evil joue aussi beaucoup sur les effets gore et saura ravir l'amateur de cauchemar éveillé.
On peut citer aussi Sugar Hill de Paul Maslansky réalisé en 1974 qui mèle fantastique et film de gangsters, une jeune fille demandant l'aide d'une vieille sorcière vaudou pour ramener à la vie son fiancé assassiné par des gangsters désireux de lui prendre sa boite de nuit. Plutôt plat dans son ensemble, Sugar hill s'oublie assez vite au même titre que Gamma 693 de John Reed en 1976 qui reprend le thème du soldat-zombi ramené à la vie cette fois par le gaz donnant au film son titre.
Si cette même année ce sont les fantômes qui sont les héros de The sentinel / La sentinelle des maudits de Michael Winner, film jouant surtout l'horreur spectaculaire et oscillant sans cesse entre réalité et folie, les zombis sont tout de mêmes présents lors du terrifiant final où la sentinelle du titre libère une porte de l'Enfer laissant le temps d'une séquence une horde de morts-vivants agressifs envahir la pièce.
En 1977, le fort méconnu The Child de Robert Voskanian, une sorte de conte étrange qui prend parfois une dimension surréaliste tente de marier onirisme macabre, poésie funeste et zombis pour cette histoire insolite de petite fille qui guide télépathiquement toute une horde de morts vivants aux yeux charbonneux à l'aspect étonnant qui finiront par avoir raison de la jeune nurse venue s'occuper d'elle.
Du coté de l'Europe, on reste assez calme. On retiendra un essai de l'infatigable Jesus Franco avec Cristina, princesse de l'érotisme connu aussi sous le titre Une vierge chez les morts-vivants qu'il tourna en 1971. Franco tente de créer un univers un tant soit peu onirique par le biais de cette jeune fille subissant les assauts sexuels d'un serviteur muet alors qu'errent des morts-vivants dans ce chateau délabré. Rêve ou réalité, tout semble être confus même si le final nous la montre au royaume des Morts. Désesperement lent, Franco nous gratifie de ses interminables scènes érotiques d'une incroyable platitude et souvent laides. D'un ennui mortel, on cherche en vain la poésie de Franco, certainement oubliée au fond d'une tombe.
S'il avait en 1964 touché au sujet avec Les maîtresses du Dr Jekyll où il mettait en scène deux zombis hideux, il récidivera en 1980 avec L'abime des morts-vivants et Le lac des morts-vivants dont on parlera dans le prochain chapitre de ce dossier.
Du coté de l'Italie, on mentionnera Leonor avec Ornella Muti, film médiéval réalisé par Juan Bunuel en 1975. Leonor est un film étrange au climat insolite, surnaturel parfois surréaliste où Liv Ullman, froide et mystérieuse, interprète un personnage venu de l'au delà. A la fois lyrique et effrayant, on reprochera surtout à Leonor ses interminables bavardages et ses longueurs qui cassent trop souvent le rythme du film et par conséquent cette ambiance surréaliste. Demi-réussite Leonor vaut surtout par son esthétisme quasi irréel et la beauté glacée de ses images, marque de fabrique de Bunuel Jr.
On retiendra surtout dans la production européenne, le superbe Massacre des morts-vivants de Jorge Grau, copie conforme du film de Romero, seule ici la raison du réveil des Morts diffère. Transposé dans les superbes décors naurels écossais, façon détournée de contourner la censure espagnole d'alors, ce Massacre sera un des premiers rejetons que connaitra Night of the living dead et certainement un des meilleurs. A la fois captivant et effrayant, le film de Grau est d'une totale maîtrise, superbement interprété par un Ray Lovelock écologiste et la blonde Cristina Galbo.
Nous concluerons ce chapitre sur l'année 1977, année où Romero allait sortir sa deuxième bombe Dawn of the Dead / Zombie où de nouveau une horde de zombis cannibales allait débarquer sur nos écrans du moins ceux du Festival du film fantastique de Paris 1979 car le film allait connaitre les foudres de la censure qui lui interdisèrent toute sortie.
Le film allait ainsi permettre d'ouvrir d'autres portes aux mythes et surtout gagner un pays encore vierge en la matière: l'Italie qui se préparait doucement à trangresser tous les interdits en s'enfonçant dans une débauche de violence encore inédite.
LES TEMPLIERS MAUDITS:
Désormais les salles obscures allaient faire l'objet de toute une invasion de films plus sanguinolents les uns que les autres, hantés par des zombis aux origines pas toujours trés définies mais qu'importe! l'essentiel étant maintenant d'assister à un spectacle effroyable où le sang et le gore se partagent la vedette. Le zombi était en passe de devenir le personnage le plus actif du cinéma fantastique et le plus populaire.
C'est en Espagne que La nuit des morts vivants allait en ce début d'années 70 faire le plus d'émules avec pour commencer la quadrilogie de Amando De Ossorio consacrée aux templiers maudits. Entre 1971 et 1975, le réalisateur allait tourner quatre films mettant en vedette les Chevaliers de l'Ordre du Temple. Le point commun de ces films est d'offrir une séquence pré-génèrique se situant aux temps des Templiers, ceux ci entrain de supplicier une pauvre victime avant que l'action ne soit projetée de nos jours où les protagonistes reviennent en ces lieux désormais maudits.
Les réjouissances s'ouvrirent en 1972 avec La noche del terror ciego / La révolte des morts-vivants. Dés l'ouverture du film, le ton sera donné. Les templiers torturent de façon très réaliste une jeune fille crucifiée, lacérée à coups de d'épée, jusqu'à sa mise à mort. Bien dés siècles plus tard, dans le Lisbonne d'aujourd'hui, un groupe de jeunes gens tente de découvrir les causes de la mort de leur amie partie passée la nuit en ces lieux aujourd'hui maudits. Tourné dans de très beaux décors naturels au Portugal dans de vieilles ruines médiévales au milieu d'une campagne austère, ce premier film est de toute beauté. Il dégage une étrange aura de peur et de mystère. S'il souffre d'un net ralentissement en milieu de bande, ce n'est que pour reprendre de plus belle lors de l'apparition des templiers-zombis, d'horribles squelettes encapuchonnés aux doigts décharnés portant la tunique des chevaliers sur laquelle flotte une longue cape noire qui se meuvent lentement au son d'une funeste mélopée moyenâgeuse. Sortant de leurs tombes ancestrales, ils vont se répandre dans la campagne, chevauchant leurs noirs destriers. Afin d'accentuer l'effet de peur, de terreur viscérale, De Ossorio filme ces chevauchées nocturnes au ralenti afin de les rendre encore plus impressionnantes. Il se dégage alors une étrange poésie macabre, contemplative, absolument fascinante qui sera désormais la griffe du réalisateur. Le film se terminera sur une terrifiante image, les zombis encapuchonés aux maquillages saisissants attaquant un train ce qui laisse ainsi présager une invasion généralisée.
On notera la pointe d'audace qu'ose De Ossorio ici en y introduisant une pointe de saphisme entre deux des héroïnes, une chose alors rarissime dans le cinéma espagnol sous le régime franquiste.
De Ossorio récidivera en 1973 avec El attaque del los muertos sin ojos / Le retour des morts-vivants qui comme le précédent s'ouvre sur une séquence de supplice. Ce sont cette fois les templiers qui sont torturés et brûlés par les villageois qu'ils terrorisaient. On plonge ensuite dans notre siècle où la légende raconte que les templiers surgiront un jour de leur tombe afin de se venger. Ce jour là est proche. Les zombis sortiront en effet de terre le jour de la fête locale et attaqueront les villageois. Un groupe de personnes va se réfugier dans l'église très vite assaillie par les templiers.
Toujours aussi intéressant, ce deuxième film s'attarde malheureusement un peu trop sur les préparatifs de la fête ce qui lui fait perdre beaucoup de sa force. On sent cette fois De Ossorio en manque d'imagination. Il ne fait que reprendre sans originalité certains des éléments du premier volet pour ici enfermer un petit groupe de rescapés dans un lieu clos. On se rattrapera dans le dernier tiers du film où les templiers squelettes surgissent enfin dans toute leur hideuse apparence toujours aussi impressionnants jusqu'à ce que les premiers rayons du soleil ne viennent les réduire en cendres alors que le combat s'annoncait vain. Une fin qu'on pourra juger abrupte voire un peu facile ici mais quoiqu'il en soit le deuxième film de cette saga se laisse voir avec un certain plaisir ne serait ce que pour la présence de ces templiers morts vivants qui donnent son seul véritable intérêt au le film.
El buque maldito/ Le monde des morts-vivants, le troisième film de la saga, réalisé en 1973 est par contre le plus mauvais de la série méritant la palme d'un des films les plus nuls jamais réalisé. Ce monde est en effet à la limite du supportable tant par son abracadabrant scénario qui se veut ésotérique que par l'indigence de la mise en scène et l'ennui mortel qu'il dégage. Vague histoire de galion fantôme surgissant du brouillard, le film ne vaut que par les quelques scènes où les templiers déambulent sur le pont grinçant au son de cette sempiternelle melopée funeste et sa séquence finale lorsqu'ils sortent de l'océan envahissant la plage où se sont échoués les deux survivants. Le monde des morts-vivants se terminera par le plus beau naufrage de maquette jamais filmé, un bâteau en papier brûlant au milieu d'un seau d'eau.
Il faudra attendre 1974 pour que De Ossorio réalise l'ultime volet de sa saga et rattrappe cet odieux gâchis avec La noche de los gaviotas/ La chevauchée des morts-vivants, peut être le film le plus soigné et le plus travaillé de la quadrilogie. Après son ouverture moyenâgeuse et son traditionnel supplice, De Ossorio transporte une fois de plus le spectateur de nos jours où une jeune fille demande protection à un docteur et son épouse tout deux fraichement arrivés au village afin que les templiers maudits ne viennent pas la chercher afin de la sacrifier. La légende veut en effet qu'une victime soit donnée en offrande une fois par nuit durant sept jours aux templiers spectraux afin que ceux ci ne détruisent pas le village. L'apparition des mouettes, supposées être la réincarnation des âmes des sacrifiées, est ici un bien funeste présage puisqu'elles annoncent l'arrivée des templiers squelettes qui ne tarderont pas en effet à surgir de leur tombe.
Situé cette fois au coeur d'un village côtier austère et hostile à la beauté sauvage, La chevauchée des morts vivants, véritable poème macabre, visuellement sublime, est une parfaite illustration de ces légendes ancestrales qui aujourd'hui encore font frémir le soir au fond des campagnes, faisant resurgir toutes ces peurs primaires enfouies au plus profond de nos âmes. De Ossorio clôt ainsi sa saga de façon magistrale.
C'est ainsi que se clôturera cette série unique qui aujourd'hui encore n'a rien perdu de sa force. De Ossorio a simplement réussi à mettre en image toute un univers empreint de poésie macabre comme le fera à sa manière quelques années plus tard Lucio Fulci, à créer tout un monde aussi effroyable qu'onirique en représentant les morts vivants sous forme de squelettes poussiéreux montant leur fier destrier noir. Ils n'ont donc rien à envier à La grande Faucheuse telle qu'on l'image dans les légendes populaires dans ce qu'elle a de plus religieusement terrifiant.
ET LES MORTS S'ECHAPPERONT DE LEURS TOMBES:
Jusqu'à présent, les films de zombis avaient pour héros un seul zombis ou un créateur de zombis. Si cette catégorie de films allaient sporadiquement continuer, une nouvelle ère s'annonçait, celle des invasions massives de morts-vivants dans des contextes de plus en plus horrifiques et violents, donnant lieu à des visions d'horreur jamais vues jusqu'alors.
Tout commenca en 1968 lorsqu'un jeune réalisateur du nom de George Romero eut l'idée d'un scénario mettant en scène une histoire de rayon cosmique resuscitant les morts, scénario dont la terrifiante originalité était de montrer des zombis cannibales dévorant les vivants mais également montrant les humains mordus devenir à leur tour des zombis, formant ainsi une effroyable chaine de contamination. Le tout est assez banal en soi puisque Romero enferme ensuite un groupe de rescapés dans un maison assallie par les cadavres. Si le scénario n'est pas exempt de défauts, le film, le fameux La nuit des morts vivants / Night of the living dead, tourné en noir et blanc, allait constituer une véritable révolution et un choc terrible auprés du public peu habitué encore à de tels débordements, les séquences de cannibalisme dépassant alors tout ce qui avait été fait jusqu'à présent. Véritable tourbillon contaminateur, La nuit des Morts-vivants offrait de surcroit un final pessimiste, un no happy end qui finissait d'abattre le pauvre spectateur ahuri. Si parfois le film, plutôt fauché, sentait l'amateurisme, un amateurisme touchant venant d'une équipe de copains qu'on sentait fervente de fantastique, il allait devenir une référence en la matière et Romero le maître à penser de toute une vague de réalisateurs qui allait prendre exemple sur lui et nous offrir de bien délicieux moments d'horreur.
Fort du succès remporté par son film, Romero allait mettre en route une quadrilogie qui s'étendra sur plus de 30 ans. La première séquelle est sortie en 1978, Zombie / Dawn of the dead elle aussi génératrice de toute une vague de films qui allait déferler dès le début des années 80 notamment du coté de l'Italie. En 1985, le troisième volet Day of the dead / Le jour des morts vivants sortit à son tour suivi 20 ans plus tard par Land of the dead en 2005, entamant ainsi le lent déclin de Romero et Diary of the dead en 2007 qui confirme ce déclin. Fort de sa saga, Romero réalisera en 2009 un cinquième film Survival of the dead qui enterre de trsite façon une trilogie qui n'avait peut être pas besoin de séquelles.
Désormais les salles obscures allaient faire l'objet de toute une invasion de films plus sanguinolents les uns que les autres, hantés par des zombis aux origines pas toujours trés définies mais qu'importe! l'essentiel étant maintenant d'assister à un spectacle effroyable où le sang et le gore se partagent la vedette. Le zombi était en passe de devenir le personnage le plus actif du cinéma fantastique et le plus populaire.
LUCIO FULCI ET L'INVASION ITALIENNE:
Le premier à s'être intéressé au mythe en plagiant le Zombie de Romero est Lucio Fulci jusqu'alors connu pour ses gialli, polars et autres petits films d'aventures toujours fort agréables au demeurant.
On entre là dans une ère nouvelle loin de tout ce qu'a alors connu le cinéma, un chemin ouvert aux pires atrocités qui fera frémir la censure d'alors. L'Italie, bien connue alors pour sans cesse faire les limites de l'insupportable, va alors s'en donner à coeur joie.
Fort du succès de Dawn of the dead, Lucio Fulci va mettre sur pied sa propre vision du film et donner au cinéma italien un de ses plus beaux films du genre, Zombi 2, qui sera suivi par deux autres tout aussi foudroyants, Frayeurs et L'au delà. L'ère du Maestro est venue.
FULCI, MAITRE DES MORTS:
Le but de Lucio Fulci en réalisant Zombi 2 était non seulement de repousser les limites de l'horreur graphique mais également de provoquer chez le spectateur un sentiment de peur, une peur viscérale, tétanisante, une peur encore jamais inégalée à l'écran. Force est de reconnaitre qu'il a réussi son difficile pari.
Dés l'ouverture du film, il insuffle au film une atmosphère lourde, inquiètante, presque éprouvante avec l'arrivée de ce voilier apparemment abandonné que visitent les policiers où régne un silence mortuaire uniquement brisé par le bruit du roulis de l'eau et du bois qui craque. Et l'horreur va surgir, tout d'abord par la découverte des aliments avariés grouillant de vers au beau milieu d'un apocalyptique désordre. L'inimaginable, l'innommable prendra la forme d'un zombi obèse et grotesque surgit de nulle part, déchirant les chairs du policier qui venait de découvrir les restes putrides d'un cadavre. Il disparaitra comme s'il n'avait jamais existé en sautant dans l'océan, engloutissant cette vision abominable.
Cette seule scène et la vision de cette éléphantesque créature putride suffisent à installer le malaise et convaincre le spectateur qu'il va alors assister à un spectacle unique dans les annales du cinéma. Toute la beauté macabre du film de Fulci trouvera son apothéose lors de l'arrivée des protagonistes sur l'île maudite. Il y régne une atmosphère moite et lourde, quasi étouffante qui transpire par delà l'écran, appuyée par la fabuleuse musique de Fabio Frizzi. Dés leur débarquement, un insupportable sentiment de malaise s'empare du spectateur tandis que la tension va crescendo atteignant son point culminant lors des apparitions macabres des morts-vivants qui progressivement envahissent l'île. Et cette tension ne se relâchera plus jusqu' au no happy end final, apocalyptique vision de New York envahie par les zombis.
Lucio Fulci est aussi et avant tout un poète de l'image et du macabre. Il donne à son film une dimension réellement onirique. Chaque scène pourrait être vue comme un fascinant tableau funeste. Le zombi déambulant dans l'unique ruelle du village, le crabe traversant le village désert balayé par le vent, sont autant de scènes effroyablement poètiques et belles, macabres et hypnotisantes.
Le clou du film demeurera la resurrection des cadavres. C'est sous la lancinante partition musicale de Fabio Frizzi que le sol de la forêt se craquèle de toutes parts, des doigts décharnés surgissent du sol tels des pièges mortels, les corps putrides et rongés par le temps et les vers se soulèvent du sol pour commencer leur lente errance. Cette longue resurrection et la multiplication des zombis donnent l'impression oppressante que toute fuite est désormais impossible. Rarement le cinéma de zombi avait atteint un tel climax. L'enfer des zombis bénèficie de surcroît d'excellents maquillages et d'effets spéciaux de grande qualité notamment quant aux morts-vivants eux mêmes, incarnation putrescente de nos pires peurs primales. Fulci a toujours été fasciné par la putréfaction et le prouve avec cet Enfer des zombis, dépassant et de loin les morts-vivants encore trop humains de Romero. On s'éloigne en effet de façon radicale de la vision des morts-vivants de Romero et de ses considérations socio-politiques. Fulci a voulu mettre le spectateur face à ses pires peurs, ces peurs ancestrales que l'Homme garde enfouies au plus profond de lui, celle de la Mort et de toute son horreur. Défi pleinement réussi
Le gore et la représentation graphique des atrocités perpetrées par les cadavres ressuscités sont d'un réalisme hallucinant et bénéficie là encore d'un soin et d'un éclairage parfait. Les amateurs de gore y trouveront sans aucun doute satisfaction. Personne n'a oublié l'énucléation douloureuse de Olga Karlatos par une écharde ou encore le repas cannibale des zombis se précipitant sur la chair pour la dévorer, véritable apothéose scénaristique lors d'un inoubliable final!
Un happy end aurait fait perdre au film beaucoup perdu de sa force. Cette fois il n'y a pas plus d'issue dans le monde exterieur qu'il n'y en avait sur Matoul. Les deux survivants apprennent par radio que New York est envahie, le film se concluant sur l'époustoufflante vision des zombis déferlant sur le pont de Brooklyn.
L'interprétation est à la hauteur du film, une palme d'honneur à Tisa Farrow, soeur de Mia Farrow dont les grands yeux reflètent toute la peur et la résolution du monde. A ses cotés, l'écossais Ian Mc Culloch et le toujours vaillant Al Cliver complètent un casting irréprochable.
Poètique et macabre, terrifiante et apocalyptique, cette hallucinante descente dans l'horreur brute est indubitablement l'oeuvre la plus marquante depuis La nuit des morts-vivants de Georges Romero en 1968 mais aussi et sans mal le meilleur film de zombis des années 80.
L'enfer des zombis est une oeuvre unique et inégalée, trop souvent plagiée pour le meilleur mais aussi le pire. Lucio Fulci, poète de la mort, a signé là son chef d'oeuvre, premier volet de son tryptique sur les morts-vivants auxquels succéderont Frayeurs et L'au délà.
Sorti un an après l'impressionnant L'enfer des zombis, Frayeurs constitue le second volet de la saga des zombis du Maître, dans la plus parfaite continuité du premier film. Si Lucio Fulci a voulu dépasser ce dernier avouons qu'il y est parvenu avec brio, Frayeurs alternant scènes chocs et situations de terreur pure.
Dés l'ouverture du film, le suicide du prêtre et la séquence de spiristisme, Fulci instaure une atmosphère lourde, oppressante, macabre. En l'espace de quelques plans, il crée une sorte de malaise, une tension toute empreinte de claustrophobie qui ne se relachera plus renforcée par l'angoissante partition musicale signée une fois de plus Fabio Frizzi. Bénéficiant d'un excellent montage et d'un rythme vif, Frayeurs puise toute sa force non seulement dans son atmosphère lugubre et étouffante mais également dans ses scènes sanglantes dont pour exemple celle où la jeune fille vomit ses entrailles ou la séquence de la perceuse électrique.
Situant sa trame dans une petite bourgade américaine une nuit de Toussaint, Frayeurs comme L'enfer des zombis l'année précédente tente de mettre le spectateur face à ses peurs primales les plus profondes, ces peurs qui remontent à la nuit des temps, celle de la mort et de l'Enfer mais aussi ici de la religion. Il y parvient une fois de plus même si cette fois les zombis sont moins présents mais tout aussi effrayants et putrides. La resurrection des morts dans le caveau maudit est une fois encore un moment d'anthologie où Lucio Fulci retrouve l'impact des images de Zombi 2 et leur poèsie macabre.
On ne peut évoquer Frayeurs sans parler de la fabuleuse séquence où, tombée en catalepsie, l'héroine est enterrée vivante et se réveillera dans le cercueil qui l'a retient prisonnière, étonnante visualisation de cette peur viscérale qui non seulement saisit l'héroine mais également le spectateur dans une sorte d'interactivité effroyable, insoutenable. On se surprendrait presque à étouffer, suffoquer à l'image de cette pauvre victime, tentant désesperemment de briser de ses ongles sa prison de bois jusqu'à ce que les piolets salvateurs ne viennent la délivrer, risquent de la tuer à chaque nouveau coup.
Après L'enfer des zombis et juste avant L'au delà, Frayeurs confirma les espoirs nés de sa précédente oeuvre et assura à Fulci son titre de Maître poète du macabre à l'heure où l'Italie se permettait toutes les outrances cinématographiques. Si certains pourront lui reprocher son énigmatique image finale laissant simplement la porte ouverte à l'imagination du spectateur comme Fulci le disait alors, La paura reste à ce jour un véritable petit bijou de l'horreur.
Sorti en 1981, L'au delà constitue le dernier volet du tryptique de Fulci consacré aux morts-vivants. Considéré comme un véritable monument gore par beaucoup, L'au delà est avant tout un patchwork des deux films précédents du réalisateur, à savoir L'enfer des zombis et Frayeurs. C'est ici un enchaînement successif de tableaux gore auxquel on assiste, parfois sans réel lien entre eux et qui se greffent sur un embryon de scénario. C'est cet aspect décousu et simpliste qui joua essentiellement en la défaveur du film lors de sa sortie.
Cet énorme catalogue gore devint pourtant vite une réference pour les amateurs du genre. Si on pousse un peu l'analyse, L'au delà, suite directe de Frayeurs, est loin d'être un mauvais film. Fulci réussit comme de coûtume à lui donner une réelle dimension onirique et macabre, filmant certaines scènes avec un tel sens de la terreur pure qu'il frise parfois la perfection.
Malheureusement, ces quelques instants de bonheur sont noyés dans une bouillie d'abominations, l'outrance prenant trés vite le dessus. En voulant jouer la carte de l'excès, Fulci y perd la cohésion et la subtilité de ses oeuvres précédentes. Trop emphatique pour faire peur, il ne nous reste plus qu'à se laisser bercer par les chocs visuels de cet étal de l'abominable, en pardonnant au maître le ratage de l'attaque des mygales. Cette séquence est plutôt indigne du réalisateur qui se contente de filmer de ridicules araignées artificielles parmi quelques unes bien réelles venant percer de leurs mandibules le latex du visage d'une malheureuse victime.
L'esprit pointilleux froncera aussi le sourcil devant le manque de logique du film, certains personnages disparaissent puis reviennent sans explication aucune alors que d'autres n'ont aucune réelle utilité dans la trame de l'histoire ou agissent sans qu'on comprenne leurs véritables motivations.
Le vrai interêt de L'au delà est ailleurs. Comme dans beaucoup des oeuvres de Fulci, il réside dans l'impressionnante galerie fantastique qu'il déploie: omniprésence du sang, flots souterrains qui grondent dans les caves de l'hôtel, digue qui s'étend à perte de vue sous un ciel lourd, l'aveugle s'enfuyant au ralenti dans le plus pesant des silences sans oublier l'incroyable et douloureuse crucifixion du peintre maudit qui ouvre le film.
Une photo tournée irrémédiablement vers le surréalisme donne la touche finale à ces moments de pur bonheur qu'enveloppe la trés belle et envoûtante partition musicale du fidèle Fabio Frizzi.
La scène finale demeurera l'une des plus belles séquences jamais tournées dans le cinéma fantastique, la découverte de la Mer des Ténèbres et la vision des Enfers, véritable choc esthétique, d'une beauté visuelle rarement égalée qui résume en quelques minutes tout le travail et le génie visionnaire de Fulci.
Prenant le pas sur la fascination hypnotique, c'est une terreur purement viscérale que ressent le spectateur, à l'instar des deux protagonistes découvrant l'Enfer: noyée dans une brume grisâtre, c'est sur une mer de cadavres putrides que les deux héros courent main dans la main, au ralenti. Ils réalisent alors qu'où ils aillent et regardent, ils ne voient plus que la même et funeste image -instant quasi solennel où le temps et l'espace n'existent plus- avant de perdre la vue tandis qu'une voix sépulcrale leur murmure qu'ils ont découvert la Mer des Ténèbres. Si on ne devait conserver qu''une seule scène dans toute l'oeuvre de Lucio Fulci, ce serait sans nul doute celle ci.
Si Lucio Fulci a conclu sa grande saga des zombis de façon mitigée, ses grandes qualités d'esthète et son coté visionnaire du fantastique font pardonner les excès et les incohérences de L'au delà, qui, s'il n''est pas une pièce majeure du réalisateur, restera par contre dans les annales du gore.
On s'attardera également quelques instants sur La maison prés du cimetière puisque son occupant, le Dr Freudstein est resté en vie en tuant les différents locataires de la fameuse maison du titre afin de se greffer leurs organes, restant ainsi en vie, assemblage putride de pièces humaines.
Après sa trilogie consacrée aux zombis, voici une nouvelle incursion dans le monde de l'horreur pour Lucio Fulci qui cette fois s'oriente plus du coté de Shining et Amytiville auxquels il ajoute une bonne dose de gore et d'effets sanglants avec cette Maison près du cimetière. Un peu moins brouillon que L'au delà, cette Maison se laisse regarder avec un réel plaisir, baignant sans cesse dans ce climat de poésie dont l'auteur nous a depuis longtemps habitué. Ici, une certaine tristesse se dégage des murs de cette Maison, une sorte de mélancolie accentuant le coté onirique de certaines séquences, notamment toutes celles où Bob est en contact avec May, l'étrange petite fille fantômatique.
Tout au long du film règne cette atmosphère de mort si chère au réalisateur. Tout semble froid à l'image de cette nature endormie baignant dans la brume hivernale, de ces forêts dénudées et tristes à l'approche de la mauvaise saison.
Fulci une fois de plus parvient à créer un réel malaise, une ambiance oppressante qui ne se relachera plus jusqu'aux terribles scènes finales.
C'est avec autant de force que les sanglantes scènes de meurtres déboulent sur l'écran, à intervalles réguliers, de plus en plus atroces et surtout réalistes grâce au talent du spécialiste des effets spéciaux Gianetto De Rossi. Fulci ne recule devant aucun effet gratuit et s'en donne à coeur joie pour trucider ses acteurs jusquà l'effroyable apparition du Dr Freudstein, créature putride composée d'assemblage de morceaux de cadavres qu'il sait lui même greffés dans sa quête d'immortalité.
Point de happy end comme bien souvent chez le réalisateur, seul l'enfant survivra grâce au sacrifice de sa mère avant de rejoindre l'étrange fantôme de May, porte ouverte sur l'imagination du spectateur comme il l'avait déjà fait sur Frayeurs. Parfois sujet à controverse, ce final ajoute pourtant encore plus au coté fantastique du film, laissant ainsi le spectateur libre de son interprétation.
Dernier vrai bon film du maître cloturant sa période gore si on excepte la belle adaptation du Chat noir, son controversé polar horrifique L'éventreur de New-York et son trés esthétique mais décrié essai d''Heroic-Fantasy Conquest, cette maison est un trés beau chant du cygne, mettant fin à toute une époque magistrale.
Si certains aiment intégrer La maison près du cimetière à la trilogie des morts-vivants du réalisateur, sorte de chapitre final au célèbre tryptique, c'est quoiqu'il en soit avec plaisir que le spectateur est invité à la visiter. La maison près du cimetière marquait ainsi la fin de toute une période pour le Maître de l'horreur macabre, le poète de la Mort.
En 1988, il signera un Zombi 3 dont il devra quitter le tournage, la maladie l'ayant rattrapé. C'est à Bruno Mattei qu'échoue le tournage du film. On y reconnaitra d'ailleurs fortement la griffe du réalisateur Mattei qui signa les trois quart du métrage. A la différence des précédents volets, ces nouveaux zombis, toujours aussi visuellement réussis et avides de chair humaine, sont beaucoup plus mobiles et peuvent désormais courir et même faire du karaté, donnant à l'ensemble un coté humoristique que les amateurs de la première heure n'apprécieront guère.
Parmi d'autres créatures, on trouve trace de zombis également dans son essai d'Heroic fantasy, le visuellement envoûtant Conquest, des zombis décomposés au regard vide surgissant des marais et évoluant à l'aube des Temps qui vont attaquer le jeune héros en pleine traversée d'une forêt embrumée.
LES ZOMBIS ITALIENS SE MULTIPLIENT:
D'autres réalisateurs vont alors suivre les traces de Fulci mais avec beaucoup moins de bonheur et une poignée de films de zombis vont alors naitre et apparaitre sur nos écrans.
L'infatiguable Joe D'Amato nous présentera pour sa part un cocktail érotisme-zombis avec Le notti erotiche dei morti viventi / La nuit fantastique des morts-vivants qui fait partie de cette vague de films alors trés en vogue, le porn-horror. Plus pretexte à montrer d'interminables scènes pornographiques sur le sable chaud et un voilier de plaisance, le film est d'une totale incompréhension tant il semble ne pas y avoir de scénario. Restent au crédit du film, quelques zombis en bure déambulant au son d'une envoûtante mélopée, quelques scènes gore interessantes et la présence des acteurs fétiches du réalisateur Laura Gemser en tête et Luigi Montefiori aux cotés de Mark Shannon et Dirce Funari.
On retrouvera dans ce même décor exotique, cette même plage un zombi dans son Exotic love / Porn esotic love toujours avec Laura Gemser, Annj Goren et Mark Shannon.
Joe D'Amato épousera de nouveau le genre mais en tant que producteur cette fois avec The killing birds / L'attaque des morts-vivants en 1987, petite série trés traditionnelle dans son scénario et sa mise en scène dans laquelle apparaissent trois zombis cagneux mais hargneux dans une cabane au fond d'une forêt où se sont retranchés une paire d'étudiants en ornithologie mené par une bovine Lara Wendel en fin de carrière. The killing birds marque la fin d'un cinéma moribond, ultimes sursauts du Bis italien.
On n'oubliera pas les guerriers-zombis présents dans dans son Ator the fighting eagle qu'il réalisa en 1982 mais assez mal employés ici car trop succints.
Pour rester dans le porn-horror, on citera également Orgasmo esotico de Mario Siciliano en 1981où une vilaine sorcière lubrique réveille une armée de zombis bleutés tout aussi lubriques qui partageront d'excellents moment avec la torride Marina Frajese.
On poursuit dans la comédie avec en 1979 le film de Nello Rossato, le spécialiste de la sexy comedie, Io zombo, tu zombi, lei zomba avec Nadia Cassini contant les péripéties érotiques d'un groupe de vacanciers dans un hotel où se réveillent de bien ludiques zombis, tout cela se terminant dans un centre commercial où les touristes devront lutter contre cette invasion.
Umberto Lenzi ne loupera pas le coche avec son hilarant L'avion de l'apocalypse en 1982 avec un monolithique Hugo Stiglitz et la blonde Laura Trotter face à une horde de zombis nés de radiations atomiques qui peu à peu envahissent la ville. Certes gore, le film semble souvent s'apparenter à une énorme farce d'une incohérence totale mais qui s'ancre à merveille dans la lignée d'un certain cinéma Bis dont la cerise serait Virus cannibale / Inferno dei morti viventi / Zombi 5: Ultimate nightmare réalisé par Bruno Mattei. Cette fois, ce sont les fuites d'une usine nucléaire qui sont responsables de l'apparition de zombis belliqueux et cannibales s'éveillant un peu partout dans le monde. Mattei s'intéresse surtout à ceux hantant les forêts de Nouvelle-Guinée, en fait un coin verdoyant espagnol. norme patchwork de tout et n'importe quoi où s'agitent une troupe d'acteurs cabotinant avec un plaisir non dissimulé, truffé d'inserts ethnologiques et animaliers pris ca et là, Virus cannibale semble être une blague de potache elle aussi hilarante mais qui saura satisfaire les amateurs de gore bien sanglant. On trouve trace de zombis mais de manière trés fugace dans un autre film de Mattei, L'altro inferno / L'autre enfer/ Le couvent infernal avec l'incroyable Franca Stoppi, où les zombis sont cette fois reveillés en fin de film par les forces démoniaques qui régnent dans un couvent.
Son comparse Claudio Fragasso mettera en scène en 1988 Zombi 4 / zombi 4: After death avec le pornocrate Jeff Stryker. Une jeune fille en voulant retrouver ses parents disparus sur une île va provoquer la colère d'un prêtre vaudou qui réveillera les morts, ces derniers envahissant l'île pour mieux s'attaquer aux protagonistes. Rien de bien neuf donc et au même titre que Zombi 3 et autres Virus cannibal ou L'avion de l'apocalypse on reste dans le comique certes involontaires, du moins espérons le, mais l'ensemble se laisse regarder avec un certain plaisir pour peu qu'on ait l'esprit ouvert au cinéma Bis.
Andrea Bianchi de son coté tournera en 1981 Le manoir de la terreur / Zombi horror avec Mariangela Giordano. Particulièrement ridicule dans ses dialogues et d'une platitude extrême dans sa mise en scène, le film vaut surtout pour ses scènes gore et l'apparition de ses zombis à mi-chemin entre ceux de De Ossorio et ceux de Fulci réveillés par les expériences d'un curieux professeur qui envahissent le manoir où se retrouvent coincés les protagonistes.
Lamberto Bava n'échappera pas à cette mode et signera en 1985 et 1986 son célèbre Démons et Démons 2, deux petits films aujourd'hui quasiment cultes eux aussi valant surtout pour leurs excellents effets spéciaux et de trés belles séquences. Démons premier du nom se situe dans un étrange cinéma où se retrouvent enfermés les spectateurs alors que le film projeté sur l'écran prend vie dans la salle, les démons du titre surgissant de la toile pour venir mordre le public se transformant en zombis ignobles.
Démons 2 reprendra la même trame mais l'action se situe cette fois dans un immeuble dont les locataires vont se retrouver prisonniers alors que les démons surgissant d'un écran TV envahissent les appartements et transforment les habitants en zombis hargneux.
Lamberto Bava récidivera en 1987 avec son téléfilm d'horreur Graveyard disturbance / Outretombe où cinq jeunes voleurs ayant décidé de passer une nuit dans les catacombes d'un cimetière devront affronter une horde de zombies et autres hideuses créatures. On trouve trace également de zombis dans La maschera del demonio / Le masque de Satan, hommage qu'il rendit au film de son père où cette fois un groupe de skieurs perdus vont devoir faire face à quelques créatures venues des Enfers.
Tardivement tourné en 1991, on oubliera Demoni 3 / Black demons de Umberto Lenzi et ses trois ridicules zombis déambulant de manière parfaitement ridicule dans un film tout aussi désastreux et ennuyeux.
C'est à Marino Girolami qu'on doit le gorissime et lui aussi hilarant Zombi Holocaust réalisé en 1980, total démarquage de L'enfer des zombis où Ian Mc Cullogh doit cette fois en compagnie de la blonde Alessandra Delli Colli peu avare de ses charmes et la brune Sherry Buchanan combatttre quelque part sur une île tropicale les méfaits d'un professeur fou, Donald O'Brien, transformant les indigènes en zombis putrides et cannibales.
Beaucoup plus sérieux est le film de Pupi Avati en 1981 Zeder. Le spécialiste du fantastique macabre nous offre ici un film sombre et angoissant qui nous projette dans la Zone K où les morts sont censés revenir à la vie. Le héros enquête sur les travaux du professeur Zeder qui aurait découvert cette zone et se retrouve entrainé dans un monde trouble et malsain, ces ambiances lourdes et opressantes si chères à Avati. Si Zeder contient d'excellentes séquences particulièrement violentes et impressonnante dont l'hallucinante ouverture, le film souffre d'un manque de rythme. On sent qu'il fut produit par la RAI et qu'Avati dut se soumettre aux exigences imposées.
Parmi les autres réussite du genre, on n'omettra pas de citer le trés onirique Dellamore Dellamorte de Michele Soavi en 1992, histoire d'un gardien de cimetière joué par Rupert Everett où les morts reviennent parfois à la vie dont sa jolie et envoûtante fiancée à qui il aime faire l'amour sur une tombe. Véritable poème macabre mis en scène de main de maitre, Dellamore Dellamorte manie avec dexterité l'humour noir en l'unissant à toute une imagerie onirico-funeste absolumment splendide nous offrant de sublimes passages à la fois effrayants et divinement beaux.
Le cinéma Bis francais quant à lui nous offrit également son petit lot de films de zombis tous plus mauvais les uns que les autres reconnaissons le.
C'est à Jean Rollin caché sous le pseudonyme coquace de J.A Lazer qu'on en doit notamment deux, le pitoyable et désesperant Lac des morts-vivants en 1981 qu'aurait du tourner Jesus Franco, énorme bêtisier campagnard frisant l'amateurisme et La morte vivante en 1982 beaucoup plus interessant cette fois. Il nous conte l'histoire d'une magnifique héritière jouée par Marina Pierro qui revient à la vie. Elle doit satisfaire sa soif de sang aidée de son amie d'enfance jouée par Françoise Blanchard. La morte vivante renoue avec le coté poétique que Rollin avait jadis si bien amené dans ses films de vampires et La Morte vivante restera un de ses derniers bons travaux, si ce n'est le dernier.
Dans la lignée du Lac des morts-vivants on citera le bien triste La revanche des mortes-vivantes de Pierre B. Reinhardt, réalisé en 1987. Le seul véritable atout du film est son coté éminemment gore. Pour le reste, il s'agit d'une série Z pas même drôle si ce n'est involontairement.
Quant à Jesus Franco, il signera en 1981 une coproduction franco-espagnole L'abîme des morts-vivants dont il existe une version espagnole quelque peu différente avec cette fois Lina Romay. Comparé au Lac des morts vivants de Rollin, L'abime des morts vivants passerait facilement pour un petit bijou d'autant plus que certaines scènes possèdent un réel charme visuel notamment certaines séquences tournées dans le désert. Ces rares moments ont un coté un rien attractif et séducteur qui parviennent à donner au film un léger attrait malheureusement noyé dans un océan... de sable.. d'ennui.
Du coté de l'Espagne on notera en 1980 une horde de zombis dans une étrange petite série B, Au delà de la terreur, de Tomas Aznar. Suite à une malédiction jetée par une vieille femme qu'ils ont agressé, une bande de jeunes bikers sont la proie de zombis visuellement effrayants qui ont ici une prédilection pour violer les femmes et tuer les hommes.
On mentionnera aussi l'essai raté de l'égyptien Frank Agrama en 1981, Dawn of the mummy / L'aube des zombis qui partait d'une idée originale, mélanger le mythe de la momie à celui des morts vivants. Ici, une momie réveillée par les troubles que causent une équipe de modèles et de photographes insouciants va décimer aidée par une horde de zombis. le ridicule de l'ensemble, l'indigence de la mise en scène et la nullité de l'interprétation font malheureusement tomber à l'eau ce brin d'originalité. Restent au crédit de cette série Z jamais drôle ses effets sanguinolents.
LES ZOMBIS DANS LES ANNEES 80:
Comme on l'a vu, l'Italie fut un pays assez productif dans le mythe du zombi au cinéma mais moultes oeuvres virent également le jour en Angleterre mais surtout aux Etats Unis dés 1980. Si on excepte Prey / Le zombi venu d'ailleurs de Norman J. Warren dépourvu de tout zombi malgré ce titre français trompeur- il s'agit ici d'un extra-terrestre ayant pris forme humaine qui va s'imiscer dans la vie de deux lesbiennes- ce début de nouvelle décennie vit apparaitre des petits films tels que One dark night / Une nuit trop noire, réalisé sous le titre Rest in peace par Tom Mc Laughlin. Présenté au festival du film fantastique de Paris, One dark night conte les macabres aventures d'un groupe d'étudiants enfermés dans un mausolée où les morts mus par une force télékinésique engendrée par un scientifique dément. Si on excepte un final explosif et multicolore où les forces du mal se déchaine, le film traine beaucoup trop en longueur cassant un rythme déjà bancal. Quant aux morts-vivants, leur manque de crédiblité et cette apparence de mannequins poussés sur roulettes qu'ils arborent achève de donner à l'ensemble un air de petite série B certes sympaythique mais bien désuette.
Effroi / Fear no evil, premier film de Frank Laloggia, voit cette fois Lucifer en personne lever une armée de morts-vivants afin de combattre les réincarnations des anges. Cette agréable production à la photographie superbe empreinte d'un coté religieux trés fort met brièvement en scéne quelques zombis dans sa dernière partie, zombis surgissant de la nuit et envahissant la campagne lors de la reconstitution du chemin de croix de Jesus.
Toujours en 1980, c'est derrière une nappe de brouillard maudit que se cachent les morts-vivants de The fog de John Carpenter, vieille légende marine qui va s'abattre sur une petite ville côtière. Si le film de Carpenter était une interessante série B distillant un agréable parfum d'angoisse aux essences iodées et solidement interprété par Jamie Lee Curtis, Adrienne Barbeau et Tom Atkins, il n'en va de même pour son remake 2005 réalisé par Ruppert Wainwright, véritable naufrage cinématographique sombrant dans le plus parfait ridicule. Et ce ne sont pas ses morts-vivants de synthèse qui y changeront quelque chose.
Le choc en ce début d'années 80 sera en 1982 quand un jeune réalisateur avec peu de moyens et beaucoup d'imagination et de débrouille réalise ce qui deviendra par la suite le film culte de toute une génération: Evil dead.
Avec peu de moyens et un budget assez mince, Sam Raimi a réalisé un véritable exercice de style nourri par sa culture du cinéma que sont Tobe Hooper et George Romero dont les clins d'oeil sont visibles. Ne s'encombrant pas de détails métaphysiques, Raimi a construit un scénario réduit à son minimum mais d'une efficacité brutale, faisant de Evil Dead une véritable symphonie de la peur, la peur à l'état brut. Si tout est stereotypé au maximum tant les personnages que l'histoire, Raimi sait magnifiquement donner vie à tous les élèments de son film, de la cabane en bois perdue au fond de la forêt, la végétation aux extérieurs embrumés et le visage de chacun des protagonistes, créant ainsi une aura de terreur effroyable noyée dans un déluge d'effets spéciaux hallucinants et specialement sanglants. Habile série B outrancière, Evil dead est un film brillant réalisé avec brio qui donnera naissance à deux séquelles, Evil dead 2 qui perpétue les outrances du premier opus et Evil dead 3, l'armée des ténèbres qui cette fois donne dans la comédie la plus farfelue, la farce grand-guignolesque, le comique outrancier qui en rebuta alors plus d'un.
Toujours dans la veine de la comédie, on mentionnera Dead heat / Flic ou zombi de Mark Goldblatt avec Treat Wlliams en 1986 où deux policiers traquent un savant fou ayant découvert une machine à redonner la vie. Tué lors d'une mission, un policier a recours à cette machine pour terminer son boulot. Plus destiné à faire fonctionner nos zygomatiques que de faire trembler, Dead heat amusera volontiers tout spectateur sensible à ce genre d'humour et le cinéphile quant à lui appréciera la présence de Vincent Price dans le rôle du savant fou.
Dans le même style Jonathan Mostow livre en 1989 Beverly Hills body snatchers où cette fois un tandem de scientifiques fous raménent à la vie de riches défunts jusqu'au jour où par accident ils réveillent un mafioso qui va semer la terreur dans Beverly Hills.
Pour rester dans le domaine du zombi policier, William Lustig, réalisateur de ce choc cinématographique que fut en 1981 Maniac, tournera en 1988 Maniac cop où l'hisoire d 'un policier revenu d'entre les morts pour semer la terreur dans les rues de New York.
Plutôt alertement réalisé, Maniac cop est une bonne série B mélangeant violence et gore où le flic cette fois est un personnage impersonnel et défiguré, caché derrière ses lunettes noires, un être implacable, fou. Si dans ce premier volet le personnage est encore vivant, ayant survécu à un lynchage et à sa condamnation à mort, c'est sous forme de zombi qu'il reviendra dans les deux suites qui furent tournées, être désormais immortel.
Si Maniac cop 2 tourné en 1990 reste une suite honnête et plutôt interessante, Maniac cop 3: Badge of silence en 1993 sombre dans la plus totale banalité et ne présente guère d'autre attrait que de revoir une dernière fois ce policier zombi dans une aventure qui s'étouffe et qui avant tout souffre d'un grave d'imangination.
Dans le registre de la comédie horrifique, on n'oubliera pas le film de Dan O'Bannon, Le retour des morts-vivants / Return of the living dead qu'il mit en scène en 1985 où un groupe de punks est pris à partie par des zombis revenus à la vie par le biais de déchets radio-actifs. Interessant mélange de comédie et de gore, Le retour des morts-vivants est un film totalement loufoque à l'humour macabre accompagné d'une partition musicale décoiffante. Lorgnant vers les E.C Comics d'antan, Dan O'Bannon nous offre ici des zombis amateurs de cerveaux et surtout dotés de la parole ce qui nous vaut quelques scènes d'anthologie.
Fort du succès du film, deux séquelles se tournèrent, Le retour des morts-vivants 2 de Ken Wiederhorn nettement plus en dessous du premier volet et Le retour des morts-vivants 3 mis en scène par Brian Yuzna. Directement sorti en video, voilà une petite série B assez grotesque dont le seul réel attrait sont ses effets spéciaux majestueux et le personnage de sa principale protagoniste, sorte de bimbo gothique fort sexy.
Destinés au marché video, seront édités par la suite un pitoyable Return of the living dead 4: Necropolis et Return of the living dead 5: rave to the grave tous deux mis en chantier par Ellory Elkayem.
La même année que le film de O'Bannon vit la sortie sur nos écrans d'une autre comédie Rock zombis / Hard rock zombi de Krishna Shah, mélange de hard rock et d'horreur, est un total désastre et le film sombre trés vite dans la série Z. Shah se contente ici de filmer des suites de débilités et de niaiseries sans aucune imagination ni talent.
Autre oeuvre importante en ce milieu de décennie cette fois ci mise en scène par Stuart Gordon, Reanimator marquera lui aussi toute une génération par son cocktail d'horreur et de gore noyé dans une grosse dose d'humour noir. Outre le fait de nous faire découvrir une des nouvelles égéries du cinéma d'horreur en la personne de Barbara Crampton, Reanimator nous propose d'entrer dans l'univers d'un professeur fou ayant inventé un liquide qui une fois injecté dans le corps d'un cadavre le ramène à la vie. Aprés avoir trouvé la mort et perdu la tête dans le vrai sens du terme, le professeur s'injecte le produit et, sa tête sous son bras, est bien dcidé à compliquer les amours de son assistant et de sa fiancé.
Reanimator est un délicieux petit film ultra gore mettant en scène quelques beaux cadavres plutôt brutaux évoluant dans ce climat de folie visuelle et d'hystérie bienfaitrice. Nettement inférieure, sa suite, Reanimator 2: bride of reanimator même si elle contient quelques scènes gore agréables sombre vite dans le ridicule et n'atteint jamais la qualité du premier film. Reanimator 3: beyond reanimator entretiendra le mythe par le biais de la video mais là encore, le charme n'est plus présent et Reanimator 3 s'oublie assez vite.
Signalons une apparition de zombis acariâtres dans An american werewolf in London / Le loup garou de Londres de John Landis en 1982 et dans le premier sketche de Creepshow de George Romero mettant en scène un zombi revenu d'entre les morts pour réclamer son gâteau d'anniversaire.
La comédie est au rendez vous chez les morts en cette année 1982 puisqu'on se doit de mentionner également la troupe de morts-vivants joyeux dans le sautillant Hysterical de l'anglais John Bearde. Le film se rapproche fortement des délires des Monty Python.
C'est à Steve Miner et l'équipe de Vendredi 13 qu'on doit une autre comédie horrifique sympathique, House, qui se rapproche de Creepshow ou de SOS fantômes. Cette fois, c'est dans une maison hantée que vont se croiser quelques diaboliques créatures non dépourvues d'humour dont une revenante particulièrement acariâtre et vulgaire mais surtout un G.I zombi, le tout dans un gentil déluge d'effets spéciaux assez drôles.
Le film connut une suite moins chanceuse, House 2, qui cette fois vire au grotesque, véritable salmigondi de créatures idiotes se débattant au milieu d'une horde de cow boys zombis. Du n'importe quoi qui se veut drôle mais irrite plus qu'autre chose au bout d'un moment. Le film doit se voir comme une énorme farce remplie de clins d'oeil, une sorte de bande-déssinée ébourrifée.
C'est à Gary Sherman qu'on doit un des films du genre les plus viscéralement terrifiant qu'il ait été donné de voir alors, Dead and Buried / Reincarnations qu'il signa en 1980. Véritable petit bijou macabre, Reincarnation sans être jamais trés gore est certainement l'un des films les plus originaux de cette époque, une oeuvre terrifiante dans son propos et la force de son final halucinant. Magnifié par une photo bleutée, Dead and buried et ses morts trop normaux est encore à ce jour un des meilleurs films du genre qu'il fut donné de voir.
Toujours en 1980, The survivor / Le survivant d'un monde parallèle de David Hemmings est une plate adaptation du roman de James Herbert où un pilote de ligne mort à la suite d'une catastrophe revient sur Terre pour venger les passagers d'un accident provoqué par une main criminelle.Typique d'un certain cinéma australien alors en vogue, The survivor, film lent à l'image trés soignée, souffre surtout d'un scénario plutôt faible et parfois confus mais on soulignera l'interprétation de Robert Powell, tout en finesse, qui bien souvent sauve le film de sa regrettable platitude.
Plus sérieuse sera l'adaptation en 1989 du roman de Stephen King par la réalisatrice Mary Lambert, Pet semetary / Simetierre. Ici, c'est une famille qui découvre que non loin de leur maison se trouve une terre sacrée où une fois enterrés les morts reviennent d'outre-tombe. Jouant la carte de l'angoisse et de la terreur, Simetierre fait parti des meilleures adaptations du King à l'écran. Dénotant avec les oeuvres sorties alors, Mary Lambert livre ici un film noir, trés noir, macabre et parfois terrifiant dans ses apparitions fantomatiques notamment de la soeur malade. D'un pessimiste extrême, Simetierre dégage une tension croissante et une angoisse sourde jusqu'au dénouement qui verra la destruction de la cellule familiale. Si on est un tant soit peu receptif à ce genre d'ambiance et de peur diffuse, Simetierre, film assez lent dans sa structure narrative, comblera de joie les amateurs.
Sa suite, Simetierre 2, est elle de facture plus classique, simple film d'horreur tendance gore pouvant facilement se mélanger aux Teen horror films d'alors. Sans être désagrable, plutôt distrayante, cette suite déplut surtout aux fans du premier volet mais on se laissera séduire par la présence de Clancy Brown en père brutal et zombifié maltraitant son fils joué par Edward Furlong.
En cette fin d'années 80, un autre film sous l'égide de Clive Barker allait créer l'évenement et donner toute une ribambelle de séquelles en prenant pour personnages principaux, les Cénobites, terribles habitants des Enfers venus dans notre monde afin de faire connaitre aux protagonistes les pires souffrances. Si Hellraiser est plus un film sur l'Enfer et ses terribles démons, un univers voué au sado-masochisme et aux plaisirs sadiens les plus raffinés, le thème du mort-vivant est bel et bien présent notamment par le biais de Julia la belle-mère et de Frank, le père de la jeune héroine, revenus tous deux de la mort pour mieux y entrainer leur fille. Visuellement effrayant dans sa conception des Enfers et de ses tourments, Hellraiser déploie également toute une panoplie gore qui ravira le fan. Si on dénombre aujourd'hui sept séquelles au film de Barker, seul Hellraiser 2, les écorchés / Hellbound est réellement passionnant, dépassant et de loin dans l'horreur et le gore le premier opus.
C'est à Sean Cunningham qu'on devra en 1980 un des personnages les plus fameux d'alors en passe de devenir une figure de mythe qui allait donner une série de dix films au fil des années. Ce mythe n'est autre que celui de Jason, le fameux tueur de Crystal Lake qui détruit et redétruit dès le second opus ne cessera de revenir hanter les lieux. Si Vendredi 13 / Friday the 13th demeure un classique du cinéma d'horreur et un précurseur du teen horror movies ainsi que du slasher si cher à ces années là, cette longue série va s'avérer assez inégale mais chacun y trouvera son épisode favori de Jason selon l'humour ou la noirceur de l'épisode ou du personnage lui même. Petit plus à la série, le troisième opus, Meurtres en 3-D a eu droit comme son titre français l'indique à la 3-D. Soulignons que comme pour Maniac cop, le personnage de Jason ne deviendra une créature immortelle revenant à chaque épisode d'entre les morts qu'à partir du second épisode. L'apparition furtive de Jason se fera de façon presque onirique et surréaliste à la fin du premier volet lors d'un terrifiant cauchemar de l'unique survivante du massacre. Aussi malmené fut il lors de scénarii parfois ridicules, sur Terre ou dans l'espace transformé en Cyber Jason- Jason X-, seul où luttant contre un autre mythe du cinéma fantastique- Freddy vs Jason- Jason restera un des principaux personnages du cinéma d'horreur des années 80 auquel nous nous attacherons plus longuement dans un futur dossier Special Slasher.
Pour être complet on n'omettra pas de citer quelques oeuvrettes gore comme le Zombi Island massacre de John N. Carter en 1984 où un groupe de touristes libidineux débarquent sur une île où se pratique le vaudou. Entre comédie et film d'horreur façon Teen movies, Zombie island massacre décevra autant les amateurs de gore, peu présent, et les anmateurs de zombis tout aussi peu présents.
Blood eaters de Chuck McGrann en 1981 conte l'histoire de hippies transformés en zombis mutants lorsqu'une drogue lachée par accident d'un avion se répand sur Terre. Série B typique aux maquillages plutôt pauvres, Bloodeaters permettra surtout de revoir John Amplas, le jeune héros de Martin de Romero.
Du coté de l'Espagne Latidos de panico de l'infatiguable Jacinto De Molina en 1983 nous fait assister au retour d'un chevalier zombi qui tous les cent ans revient pour tuer les femmes qui firent de sa vie un enfer.
L'Asie dans les années 80 nous offrit quelques petits films tels que Kung fu zombis de Hwa I Chung en provenance de Hong-Kong. L'indonésien L. Sudjio réalisa l'intéressant La reine de la magie noire / Rattu ilmu hitam tandis que Sisworo Gautuma Putra déjà réalisateur de L'ile de l'enfer cannibale nous concocta son Satan's slave / Pengabdi en 1982.
AUJOURD'HUI LES ZOMBIS:
Les années 90 furent beaucoup moins fertiles en films de zombis. Le genre tomba doucement en désuètude et peu nombreuses furent les oeuvres qui prirent ce sujet comme thème. On notera parmi les oeuvres interessantes L'echelle de Jacob / Jacob's ladder en 1990 de Adrian Lyne, film étrange et cauchemardesque où des vétérans du Vietnam sont semble t'il atteint d'une curieuse maladie, sujet alors à de curieuses expériences. Film fantastique à part entière, effrayante par moment, L'échelle de Jacob met à sa façon en scène le thème du mort-vivant, le héros du film s'apercevant qu'il est mort jadis au Vietnam.
Le couvent / The convent de Mike Mendez réalisé en 2000 avec sa horde de nonnes zombis et de ghoules tente lui de renouer avec un certain Bis d'époque sans vraiment y arriver. On est plutôt ici face à une comédie gore énorme aux dialogues souvent ridicules, sombrant vite dans le n'importe quoi grand guignolesque. Dans la lignée du comique, on citera le premier film indépendant de Stacey Case, Zombie king, hommage aux films de lutte mexicaine qui fleure bon le comics.
Au fil du temps, le mythe du zombi s'estompa et les films vont aller en diminuant même si de temps en temps quelques petits films nous parviennent soit par le biais du grand écran ou surtout celui de la vidéo où se concentre désormais la plupart des produits comme l'australien The undead des frères Spierig ou Zombie Bloodbath 2: rage of the undead pour n'en citer que deux parmi pas mal d'autres.
Restent tout de même quelques grosses productions qui sortent toujours sur nos écrans même si souvent on remet au goût du jour la comédie zombiesque comme Shaun of the dead de Edgar Wright en 2004 ou L'armée des morts de Zack Snyder, remake efficace du Dawn of the dead de Romero, ce dernier comme nous l'avons vu précedemment ayant en 2005 cloturé sa saga avec le quatrième volet de sa saga Land of the dead pour mieux rebondir en 2007 avec un quatrième opus, Diary of the dead. Steve Miner, quant à lui, se penchera sur le remake de Day of the dead.
On citera également 28 jours plus tard de Danny Boyle en 2002, sorte de Survival horrifique faisant réference non seulement au Survivant / The Omega man mais également à la trilogie de Romero avec cette horde de créatures assoiffées de sang qui, bave aux lèvres, se jettent sur les survivants d'une épidémie ayant contaminé Londres.
Mais force est de constater que les grandes oeuvres d'hier sont aux abonnés absents la plupart du temps et ce n'est pas entre autre exemple Dance of the dead de Tobe Hooper, sorte de post nuke zombiesque, qui prouvera le contraire pas même les zombis poétiques et romantiques tout réussis soient ils de Zombie Honeymoon second film de Dave Gebroe tourné en 2005 et régulièrement présenté à de nombreux festivals. On n'oubliera pas les zombis de synthèse du éhonté remake de Fog ou ceux plus hollywoodiens et grand public de Pirates des Caraïbes de Gore Verbinski en 2004.
En 2006, les zombis sont de retour avec Fido de Andrew Currie, comédie divertissante où les morts-vivants, aprés la guerre qui les a opposé aux Hommes, ont été transformés en dociles domestiques, sorte d'animaux de compagnie jusqu'au jour où un zombie devient le meilleur ami d'une enfant.
On citera également la petite série B signée Scott Thomas, Plane dead, où cette fois des zombis belliqueux envahissent un avion.
On terminera ce tour d'horizon par REC en 2007 qui reprend le procédé filmique de Blairwitch project. Ici, une journaliste infiltre une tour infestée de zombis, caméra à l'épaule.
Le mot de la fin sera donné par le réalisateur canadien, spécialiste du porn gay dérangeant et subversif, Bruce La Bruce qui en 2008 nous offre un véritable cocktail d'horreur dans un porn gay horrifique, Otto or up with the dead people. Il reprend ici les codes du film de zombis pour mieux les detruire et livrer une vision pessimiste sur notre société capitaliste et consumériste mais également une reflexion sur la différence, la marginalité qui fait peur. Sexuel et outrancier, Otto est un film lyrique, surréaliste, sorte d'enchainement de tableaux tous plus gore les uns que les autres où boyaux et cannibalisme sont au rendez-vous. Le film de LaBruce rejoint celui de Andrew Parkinson I zombi: the chronicles of pain / Moi Zombi, chronique de la souffrance réalisé en 1998, un film à petit budget, étrange, déconcertant, audacieux où un jeune homme se transforme lentement en zombi après avoir été contaminé.