Emanuelle e gli ultimi cannibali
Autres titres: Viol sous les tropiques / Emanuelle et les derniers cannibales / Emanuelle chez les cannibales / Emanuelle's amazon adventure / Trap them and kill them / Emanuelle and the last cannibals / Bloody track
Real: Joe D'Amato
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 89 mn
Acteurs: Laura Gemser, Susan Scott, Donald O'Brien, Gabriele Tinti, Monica Zanchi, Annamaria Clementi, Percy Hogan, Bona Bono, Pier Luigi Cervetti, Maria Gabriella Merzetti, Giuseppe Auci, Al Yamanouchi...
Résumé: Alors qu'elle travaille dans un hôpital psychiatrique, Emanuelle découvre tatoué sur le ventre d'une jeune fille un étrange signe tribal. Il pourrait s'agir du signe d'une tribu d'indigène mangeurs d'hommes. Fort intriguée, Emanuelle accompagnée d'un groupe d'explorateurs décide de se rendre dans la jungle amazonienne afin d'élucider le mystère. Emanuelle et ses compagnons vont devoir faire face à mille dangers et surtout affronter une terrible tribu de cannibales...
Distribué lors de sa sortie en salles sous le titre Viol sous les tropiques mais connu également sous le titre Bloody track puis redistribué sous celui d'Emanuelle et les derniers cannibales, Emanuelle e gli ultimi cannibali fait partie de la longue série des Black Emanuelle, le personnage crée par l'insatiable Joe D'Amato incarné par l'irremplaçable et unique Laura Gemser.
Si cette nouvelle mouture des aventures de notre intrépide reporter transformée ici en infirmière d'hôpital psychiatrique n'est pas la meilleure, il faut reconnaitre au film un bel avantage, celui de mélanger le film érotique et le film gore, plus précisemment ici le film de cannibales, un genre déjà gentiment abordé par Umberto Lenzi en 1972 avec Au pays de l'exorcisme / Cannibalis puis popularisé par Ruggero Deodato en 1976 avec Le dernier monde cannibale. Trois ans plus tard ce sous genre du cinéma d'horreur allait connaitre un véritable essor et provoquer un réel engouement auprès des amateurs de cinéma vomitif grâce au film suivant de Ruggero Deodato, le célèbre Cannibal holocaust. A ce titre cette aventure tropicale de notre célèbre journaliste de charme réalisée en 1977 soit un an tout juste après Le dernier monde cannibale pourrait être classée parmi les oeuvres précurseurs du cinéma dit de cannibales même si au final il s'agit plus d'un film puissament érotique agrémenté d'une bonne dose de gore et autres effets horrifiques. Astucieux D'Amato en bon élève conscienceux applique avec soin la recette qui fera quelques années plus tard le succès de films tel que Cannibal ferox en y adjoignant l'essence même de la série des Black Emanuelle, cet érotisme torride, audacieux, ce déchainement des sens qu'on retrouvait dans les précédents épisodes de la saga.
Emanuelle et les derniers cannibales se scinde en deux parties distinctes, Toute la première partie du film est ouvertement orientée vers l'érotisme. Qu'ils soient encore à New-York ou plongés au coeur de la jungle amazonienne les divers protagonistes se livrent à d'incessants corps à corps fièvreux aussi bien hétérosexuels que lesbiens. Dans la chaleur des nuits tropicales, sous une tente ou au beau milieu de la nature sauvage, tous forniquent, le feu au ventre,contre toute logique le plus souvent puisque malgré les dangers imminents, encouragés sans doute par le climat moite, sauvage, ils satisfont leur libido. Laura Gemser, égale à elle même, l'insolente Monica Zanchi dont on gardera surtout en tête sa longue masturbation alors qu'elle observe les ébats de Laura et Gabriele Tinti et surtout Nieves Navarro (Susan Scott), surprenante, pour un de ses rôles les plus osés (une incroyable masturbation frontale très anatomique et une fellation simulée), prémices de ses chevauchées érotiques aux limites du hard dans Orgasmo nero deux ans plus tard, donnent ainsi libre cours à leurs instincts lubriques. D'Amato reprend également mais à sa sauce la fameuse scène du viol multiple de la femme infidèle de Cannibalis que Lenzi reprendra à nouveau de manière encore plus féroce dans La secte des cannibales.
La deuxième partie ressemble beaucoup plus à un traditionnel film de jungle arrosé d'une bonne dose d'érotisme. Qui dit forêt tropicale dit bien entendu tribu cannibale et les indigènes ne vont donc pas tarder à faire leur apparition. Nos aventuriers vont par conséquent rapidement connaitre les aphres et les horreurs de la jungle, une occasion rêvée pour que Joe D'Amato donne une fois encore libre cours à ses pulsions sadiques et ses tendances perverses, une des principales caractéristiques du cinéma du cinéaste. On retiendra de Emanuelle e gli ultimi cannibali trois séquences particulièrement efficaces, visuellement effroyables, qu'on doit à Fabrizio De Angelis: celle du pauvre Donald O'Brien, l'anthropologue luibrique, coupé en deux au niveau de la taille par un fil, le sein de la religieuse, découpé, arraché puis dévoré par les cannibales et celle, insoutenable, où Nieves Navarro se fait violemment introduire un pieu dans le vagin avant d'être eviscérée.
Agréable mélange d'horreur, d'aventures et d'érotisme épicé Emmanuelle et les derniers cannibales, tourné non pas en Amérique du Sud ni en Asie comme la plupart des films dit cannibales mais près de Rome, dans le Lazio, plus exactement au lac de Fogliano et près des cascades d'Oriolo romano, fait tout de même illusion grâce à la magie verdoyante de l'endroit, l'emploi de quelques acteurs et figurants indiens et un chimpanzé qui fume une cigarette sortie d'un paquet de Marlboro. D'Amato s'est souvenu de Africa express! Cette petite bande est un petit film certes pas très convaincant quant à son intrigue mais tout à fait divertissant. Il réussira sans grand mal à satisfaire tant les inconditionnels des aventures de Black Emmanuelle que les amateurs d'effets gore sanguinolents tout en contentant suffisamment les passionnés de films cannibales même s'il reste un des moins crédibles. S'il faisait partie de la série des oeuvres exotico-érotiques dominicaines tournée par le cinéaste, ses péripéties amazoniennes d'Emanuelle en seraient sans aucun doute le film le plus intéressant.