Walter Lucchini: De Serraut à Lenzi
Le nombre d'acteurs dont on se souvient rien que pour un petit rôle qu'ils ont tenu dans tel ou tel film est souvent impressionnant. Ils sont en effet légion et bien difficile est parfois de mettre un nom sur leur visage. S'ils font partie de notre inconscient collectif ils ont comme n'importe quel autre comédien tout aussi droit à leur minute de célébrité. Et c'est cette minute que Le Maniaco leur offre si gentiment.
Il en va ainsi de Walter Lucchini souvent crédité sous le pseudonyme anglais de Walter Lloyd. Ce nom n'évoque certainement que bien peu de choses en vous mais si on vous dit Cannibal ferox peut être commencez vous à entrevoir de qui nous voulons vous parler.
Ce jeune et svelte italien aux yeux bleus, au regard aquilin, au visage fin et émacié, n'a malheureusement guère laissé de traces dans l'histoire du septième art. Cannibal ferox restera le film pour lequel on se souviendra de lui encore longtemps. Il y campait le personnage de Joe Castellani, le compagnon blessé de Giovanni Lombardo Radice qui sera à notre grand désespoir le premier à mourir puis être dévoré par les cannibales. Zora Kerowa, une de ses partenaires dans le film, se souvient de lui avec une certaine émotion comme étant surtout le plus jeune de l'équipe et par conséquent le plus nerveux d'autant plus que Cannibal ferox était son premier véritable film en tant que protagoniste.
Avant le film de Lenzi Walter avait fait une brève apparition en 1978 dans La cage aux folles dans le rôle d'un voyou tout de cuir noir habillé. Il y jouait une seule et unique petite scène particulièrement drôle avec Michel Serrault, celle du chewing-gum qui aujourd'hui encore demeure un face à face aussi mémorable que désopilant.
Suivra donc Cannibal ferox en 1981 qui lui apportera donc son heure de gloire. L'année suivante toujours sous la direction de Lenzi il apparait dans La guerre du fer. Il yinterprète un des hommes de la tribu préhistorique qui se rallie à Sam Pasco afin de combattre le féroce George Eastman. Walter y retrouve également son partenaire de Cannibal ferox, Danilo Mattei qui interprète un des bras droit de Eastman. Walter sera ensuite à l'affiche d'une comédie adolescente insipide signée par le futur pornocrate Angelo Pannaccio, Un età da sballo, dans lequel il tient une fois de plus un très court rôle, un pur caméo. Il faudra en effet bien avoir l'oeil pour ne pas le manquer en tout début de pellicule. Il est un des jeunes hommes anonymes perdus dans la foule avec lequel une des trois héroïnes danse un slow lors de la séquence d'ouverture. Ce sera son ultime apparition
sur les écrans de cinéma du moins officiellement puisqu'il est quasiment certain qu'il a par la suite participé à quelques bandes pornographiques entre 1986 et 1987 dans lesquelles il dévoile ce qu'il a de plus intime pour le plus grand bonheur de ses admirateiurs. On peut en effet facilement l'identifier dans au moins deux classiques du genre, Bocca bianca bocca nera de Arduino Sacco avec Ajita Wilson et Marina Frajese et Il vizio nel ventre, un des nombreux hardcore que tourna la malheureuse Karin Schubert.
Walter s'est par la suite définitivement effacé du monde du cinéma et s'est reconverti dans une toute autre discipline. Aux dernières nouvelles, au tout début des années 2000, il était informaticien dans une des plus grosses écoles de musique de Rome. Walter ne semble pas avoir changé. Il a gardé cette silhouette filiforme et ce si séduisant visage au regard bleu. Mais soyons sûr que ses fans, eux, ne l'ont pas oublié et qu'ils perpétuent aujourd'hui encore à travers ses quelques films et tout spécialement Cannibal ferox sa trop courte renommée.