Nieves Navarro: La beauté de feu
Elle fut la plus flamboyante espagnole du cinéma transalpin notamment du western spaghetti dont elle fut une des icônes avant une belle reconversion dans le giallo dés les années 70. Cette rousse incendiaire au caractère de feu sut également mettre ses charmes en valeur à travers quelques films érotiques parfois osés qui malheureusement sonnèrent le glas de sa belle et riche carrière. Grandeur et décadence d'une véritable chiquita ou le parcours de la plus volcanique des andalouses, Nieves Navarro plus connue sous son pseudonyme anglo-saxon Susan Scott.
Susan Scott de son vrai nom Nieves Navarro Garcia est née en Andalousie, plus exactement à Almeria le 10 novembre 1938. Son corps parfait et sa beauté la mènent très vite à pénétrer le monde de la haute couture. C'est ainsi qu'elle débute comme modèle et de fil en aiguille, Nieves est remarquée par des producteurs de cinéma.
Elle fait ainsi ses débuts en 1964 dans Toto d'Arabia de José Antonio De La Loma avec Toto.
Cette brève apparition suffit pour lancer sa carrière. Cette même année Duccio Tessari va en faire une des figures récurrentes d'un genre alors fort à la mode, le western spaghetti.
Entre 1964 et 1969, Nieves va apparaître dans bon nombre de films de ce genre dont Un pistolet pour Ringo et sa pseudo séquelle Le retour de Ringo. Nieves va alors incarner le prototype même de la femme forte dans un univers essentiellement masculin. Vont suivre des oeuvres incontournables telles que La resi dei conti / Colorado de Sergio Sollima avec Tomas Milian, Les longs jours de la vengeance de Florestano Vancini, Che notte ragazzi de Giorgio Capitani ou encore El rojo de Leopoldo Savana tout en faisant une parenthèse dans le film d'espionnage avec Kiss Kiss bang bang de Duccio Tessari.
En 1969 elle tourne sous la direction de Fernando Di Leo qui la convainc d'abandonner son nom pour un pseudonyme anglo-saxon qui ne la quittera plus, Susan Scott. C'est sous ce nom qu'elle apparaît donc dans La jeunesse du massacre et Amarsi male toujours signé Di Leo. Elle fait ensuite partie de la distribution d'une coproduction franco-espagnole intitulée Le paria aux cotés de Jean Marais et Marie José Nat avant d'entamer sa période giallo.
Nieves va en effet être dés 1970 la vedette de six gialli dont la trilogie de Luciano Ercoli qu'elle avait épousé en 1967, Le foto proibite di una signora per bene, La morte accarezza a mezzanotte et La morte cammina con i tacchi alti. Elle est également la protagoniste de Tutti i colori del buio de Sergio Martino auprès de Edwige Fenech, La peur au ventre deRoberto Montero Bianchi et enfin Passi di danza su una lama di rasoio / Chassé-croisé sur une lame de rasoir. Du giallo au polizesco il n'y a qu'un pas et c'est ainsi qu'on peut admirer Nieves dans Il giudice e la minorenne. Elle n'en oublie pas moins le genre qui l'a révélé, le western. Alors que le genre est moribond, elle est une des vedettes de Indio Black sai che ti dico: sei un grande figlio di..., Hai sbagliato dovevi uccidermi subito et Una nuvola di polvere, un grido di morte, arriva Sartana.
Elle tourne une dernière fois sous la direction de son mari un sympathique film d'action Troppo rischio per un uomo solo avant d'entamer une nouvelle ère, celle de la sexy comédie et du film érotique alors en plein essor en Italie.
Elle est à l'affiche de Vice de famille du spécialiste du genre Mariano Laurenti avec pour partenaire l'incontournable Edwige Fenech et Il medico... la studentessa avec cette fois Gloria Guida dont elle joue la perfide belle-mère. Elle trouble le spectateur dans C'è un spia nel mio letto, L'infermiera nella corsia dei militari, Cugine mie, Candide lolita ou encore La moglie in bianco, l'amante al pepe.
C'est alors que Nieves va s'orienter vers un cinéma plus graveleux et de plus en plus osé comme l'avait alors fait certaines de ses consoeurs comme Mariangela Giordano. Elle est une sulfureuse Emanuelle dans Emanuelle et lolita avant d'être une des protagonistes du superbe Velluto nero / Vicieuse et manuelle de Brunello Rondi auprès de Laura Gemser et Annie Belle, osant une fellation assez étonnante avec Al Cliver. Elle retrouve Laura Gemser pour Emanuelle et les derniers cannibales l'année suivante où Joe D'Amato lui réserve quelques scènes d'amour très enlevées avec un Donald O'Brien très en forme avant son inoubliable mise à mort, le vagin tranché.
A la fin des années 70, la carrière de l'impétueuse espagnole va lentement décliner. Le cinéma de genre est en pleine débandade et la sexy comédie est passée de mode. Nieves à 42 ans se retrouve là encore comme bien d'autres actrices contrainte de franchir le cap de l'érotisme pour un cinéma plus piquant. Elle est alors la protagoniste principale de Orgasmo nero de Joe D'Amato qui restera son film le plus salace et osé puisqu'elle y a des scènes aux limites du hard notamment avec Lucia Ramirez pour un étonnant cunnilingus avant une longue masturbation frontale et une scène d'amour explicite très pimentée. C'est la déchéance pour la Belle qui se fait montrer du doigt en Italie. Si elle a gardé toute sa verve et sa beauté, ses fans ont du mal à accepter son nouveau corps qu'elle y exhibe, ses seins siliconés qui font alors la Une des journaux, et l'audace dont elle fait preuve en tournant dans ce type d'oeuvre.
On la verra encore en 1981 aux cotés de Clio Goldsmith dans l'érotique Miele di donna, son dernier vrai film. Déchue, le cinéma de genre moribond, Nieves disparaitra durant quasiment huit ans pour resurgir brièvement en 1989 dans ce qui sera son ultime film Casa di piacere / Dirty love 2, un très court rôle non déshabillé pour ce petit film érotique sans aucun intérêt avec Valentine Demy où on y croise également un autre acteur déchu issu du polar cette fois, Maurice Poli.
Nieves met alors un terme définitif à sa carrière et disparaitra des feux de la rampe. Nieves n'est plus réapparue depuis. Elle est toujours mariée à Luciano Ercoli et tout deux vivent désormais loin du monde du show biz. La comédienne est cependant sortie de sa retraite récemment à l'occasion d'une émission pour la télévision italienne afin d'évoquer avec sagesse sa carrière, ses souvenirs et même laisser sous-entendre qu'elle pourrait rejouer si on lui proposait un beau rôle pour le plus grand plaisir de ses nombreux admirateurs.