Dirce Funari: une si belle et timide étoile filante
Le regard bovin mais des yeux magnifiques, un visage angélique, un corps de rêve qui ne se souvient pas de la brune Dirce Funari, cette jeune et audacieuse actrice qui ensoleilla le cinéma érotique tendance osé dés la fin des années 70 notamment celui de Joe D'Amato dont elle fut une des actrices fétiche. Mais qui se cachait donc derrière cet étrange prénom si charmant et exotique à la fois? Levons le mystère sur l'une des plus discrètes actrices du cinéma érotique d'alors.
Dirce Funari de son vrai prénom Patrizia Funari est née à Rome le 24 juillet 1957. Passionnée de danse la jeune Patrizia ne passe pas inaperçue au Jackie O, une célèbre discothèque de Rome. Elle va jusqu'à s'inscrire dans une école pour prendre des cours de danse. C'est là qu'elle va se faire remarquer pour la première fois à l'automne 1976 par l'acteur-metteur en scène Alfredo Rizzo qui lui offre un des rôles de son prochain filmI peccati di una giovane moglie di campagna, une comédie érotique campagnarde dont une version X destinée au marché étranger sera mise en circulation. Visiblement très à l'aise Dirce, les cheveux encore très courts, y a déjà quelques insolents nus tant dorsaux que frontaux, parfaite dans la peau d'une jeune citadine émancipée, libre d'esprit.
Après une brève apparition en 1978 dans Un'ombra nell'ombra de Pier Carpi, elle joue une des sorcières qu'on aperçoit au début du film, c'est Joe D'Amato qui va la lancer sur la rampe du succès et en faire une de ses actrices fétiche. Il lui offre d'abord un petit rôle dans Il ginecolo della mutua aux cotés de Paola Senatore et Lorraine De Selle.
Elle apparait plus que furtivement, véritable cameo, au début de Emanuelle e gli ultimi cannibali / Emanuelle et les cannibales, même si mystérieusement elle n'est pas créditée au générique. Elle fait également une petite apparition dans Eva Nera / Voluptueuse Laura.
Un rôle plus consistant lui est proposé dans Suor Emanuelle / Emanuelle et les collégiennes réalisé par Giuseppe Vari dans lequel elle a une belle et torride scène saphique agrémentée d'une banane. Aux cotés de Laura Gemser, Dirce interprète dans cette amusante aventure de notre éternelle Black Emanuelle la belle-mère de la splendide Monica Zanchi. Le film boucle ainsi une année 1977 bien chargée pour la jeune actrice qui s'apprête à vivre une année 1978 tout aussi remplie.C'est avec Alberto Cavallone qu'elle débute cette nouvelle année. Elle tourne sous sa direction Blue movie, une rencontre et un rôle traumatisant pour la jeune fille qui faillit être dégoutée du cinéma selon ses propres aveux. Dirce est en effet dans ce film le jouet sexuel d'un photographe dément qui l'humilie et la tient enfermer nue dans une cage au milieu de ses excréments afin de l'anéantir tant moralement que physiquement.
Suite à ce très curieux film Dirce va se spécialiser bien plus par le hasard des choses que par la volonté de son agent d'alors dans l'euro-trash, le sex and violence movie. On la retrouve ainsi dans l'implacable Violez les otages / Le evase, storie di sesso e violenza de Giovanni Brusatori, un film froid au casting brillant puisqu'il regroupe une pléiade de starlettes alors montantes du cinéma de genre dont Lilli Carati, Ines Pellegrini, Marina D'Aunia et Zora Kerowa. Dirce interprète Claudine, la jeune fille vierge que Marina D'Aunia initiera de force au lesbianisme.
Suivront le rape and revenge Midnight Blue de Raimondo Del Balzo où elle est l'accompagnatrice de l'équipe féminine d'athlétisme, un des rares films voire le seul où elle n'a aucune scène de nu, et Hard sensation de Joe D'Amato qui traite une fois de plus des sévices sexuels que vont subir cinq jeunes filles lorsque trois voyous échappés de prison les retiennent en otages. Une copie hard circulera à l'étranger pour laquelle Dirce ne participa pas bien entendu.Au milieu de ce tourbillon de violence sexuelle elle trouve tout de même le temps d'avoir un petit rôle bien plus "normal" dans la série française Joséphine ou la comédie de l'ambition avec Danièle Lebrun et Daniel Mesguich où elle joue Elisa Bonaparte. En 1979 elle fait la page centrale du magazine de charme Playmen.
A partir de 1979 la belle brunette va apparaitre dans la quasi totalité des films de D'Amato, pour la plupart des films érotiques parfois aux limites du hard où Dirce s'exhibe toujours nue dans des situations extrêmes comme l'ennuyeux Porno holocaust où elle subit une fellation forcée par un être difforme au pénis démesurément gigantesque. Long et parfaitement insipide, le film est surtout prétexte à montrer de sublimes paysages côtiers exotiques, lieux enchanteurs qui servent de décors à de longues séquences hardcore répétitives entrecoupées de dialogues interminables jusqu'à l'apparition grotesque du monstre muni d'un faux sexe en latex.
Si dans la plupart de ses films lors des scènes hardcore Dirce a toujours simulé lorsqu'elle n'était pas doublée, criant haut et fort qu'elle refusait de franchir le cap de la pornographie, ses affirmations furent souvent sujet à controverse. En effet dans Blue movie elle joue elle même les scènes hardcore qui ne figurent pas dans la version courante du film mais sont visibles dans la version super 8 soit une fellation et une très longue masturbation qui conduira son partenaire à l'éjaculation. Ces contradictions, cette fausse vertu provoqua souvent la colère de D'Amato qui ne comprenait pas l'attitude de Patrizia.
Elle enchaine avec Le notti erotiche dei morti viventi / La nuit fantastique des morts-vivants, toujours de D'Amato, aux cotés de Laura Gemser, le pornophile Mark Shanon et Luigi Montefiori. Dirce a deux des scènes les plus audacieuses de sa carrière, celle où elle se masturbe de face devant Montefiori et celle où elle fait une fellation à Mark Shanon en sortant de la douche. Mark se souvient lui aussi très bien de Patrizia. Une fille charmante, gentille, discrète au corps parfait. Ce fut pour lui particulièrement frustrant de n'avoir jamais pu jouer avec de scène hardcore réelle avec elle. "Ca restera un fantasme" avoue t-il de façon coquine.
Luigi Montefiori a toujours été impressionné par la jeune actrice. Aujourd'hui encore il s'en souvient très bien. Il se demande encore comment une fille si discrète et timide a pu faire de tels films et surtout pu tourner de telles scènes. Pour lui, Dirce n'avait pas sa place dans ce monde. Elle était trop innocente, trop gentille et ingénue. Il le lui a souvent dit à cette époque et n'a jamais compris pourquoi elle continuait à s'investir dans de telles productions, un avis partagé par Laura Gemser qui se souvient d'elle comme d'une fille si gentille et discrète. Toujours selon Luigi, Patrizia dont jouer la comédie n'était pas le métier s'ennuyait fermement sur les plateaux de tournage.
On la voit encore dans Porno esotic love du même D'Amato, une apparition non créditée dans Horrible où elle est la femme qu'on aperçoit dans l'émission que les protagonistes sont censés regarder. Au début des années 80, elle va apparaitre dans des oeuvres mineures et sans grand intérêt comme la comédie érotique de science-fiction Quello strano desiderio / Désirs inassouvis de Enzo Millioni aux cotés de la star du porno Marina Frajese. C'est pour Dirce le commencement de la fin. La jeune actrice commence par se sentir dégoutée et fatiguée du cinéma et de cette ambiance qui l'entoure sur les plateaux. Sa carrière n'avance pas, elle semble même reculer.
En 1982, elle apparait dans l'inénarrable porn giallo Delitto carnale de Cesare Canevari en femme battue, un mauvais thriller sans réel scénario essentiellement prétexte à une multitude de scènes hard avec une Moana Pozzi encore inconnue. On la voit encore très rapidement au générique de Déchainement pervers de Manuela / Emanuelle's perverse outburst de Joe D'Amato avec encore Laura Gemser, Gabriele Tinti et Annj Goren. Ce film n'est en fait qu'un montage de plusieurs films du réalisateur n'en faisant ainsi plus qu'un Voilà qui explique la présence de l'actrice au générique.
Sa dernière apparition au grand écran, elle la fera dans Il cavaliere, la morte, il diavolo de Beppe Cino où elle y a un minuscule rôle.
En 1985, Dirce déclare être fatiguée de devoir continuer à jouer toujours nue, lasse de ce métier dans lequel elle stagne. Elle décide de tout arrêter et de s'affairer à d'autres activités mais toujours en rapport avec le monde du 7ème art puisqu'elle est désormais maquilleuse à la grande surprise du public italien qui dés la fin des années 80 aura la surprise de voir son nom apparaitre dans divers génériques télévisés.
Aujourd'hui, Patrizia qui refuse qu'on l'appelle Dirce ne veut absolument plus parler de son passé d'actrice qu'elle a préféré laisser derrière elle et définitivement oublier.Discrète, elle est désormais heureuse de sa nouvelle vie mais aussi de sa nouvelle orientation. Si Patrizia travaille dans les coulisses de la RAI et du théâtre elle a toujours espéré aussi un jour réaliser son premier film, un film sur la parapsychologie, un thème qui lui tient beaucoup à coeur. Patrizia s'est également mariée et s'appelle aujourd'hui Patrizia Stochetto. La jeune fille timide est devenue une véritable femme, heureuse et accomplie. Elle réside dans un paisible quartier de Rome, anonyme. Le Maniaco vous offre en exclusivité une des rares photos récentes de Dirce prise en 2006.
Avant cette photo à la grande surprise des téléspectateurs italiens, Patrizia était réapparue sur la chaine Mediaset le 24 avril 2002 dans la très populaire émission Forum, les cheveux désormais longs et détachés, vêtue d'un tailleur sombre, dans le rôle d'une cliente d'une laverie automatique venue se plaindre à la propriétaire.