Ultime grida della savana
Autres titres: Savage man savage beast / Les derniers cris de la savane / The great hunting / Zumbalah
Real: Antonio Climati / Paolo Morra
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 90mn
Acteurs: Alberto Moravia (Narrateur)
Résumé: Les réalisateurs nous entrainent au coeur de la savane afin de nous y faire découvrir la cruauté du monde animal et les rites ancestraux de tribus africaines pour qui la chasse est un moyen de survivre contrairement à nous, hommes dit civilisés. Cette dernière est en effet un sport aussi malsain que cruel...
Ultime grida della savana fut le premier mondo que réalisa le tandem Climati-Morra. A une époque où le mondo africain représenté essentiellement par les frères Castiglioni triomphait sur les écrans, ces Derniers cris de la savane est beaucoup plus un retour aux mondos des années 60 auxquels se greffent de nombreuses séquences de massacres animaliers qui se répètent et se répètent encore le plus souvent lors d'insupportables ralentis afin d'appuyer toute la cruauté du règne animal.
L'ouverture donne d'emblée le ton et le thème du film: la chasse avec la mise à mort d'un cerf. Particulièrement cruel, Ultime grida della savana, plus que tout autre mondo jusqu'alors réalisé, utilise ce thème fort contestable afin de multiplier les atrocités sous couvert de documentaire. Eléphants, oiseaux, kangourous et tant d'autres sont ici à l'affiche.
Etrangement, Ultime grida dalla savana baigne pourtant dans un climat "peace and love" assez drôle, à l'encontre du film lui même, rattachant le film au courant des hippie mondo de la fin des années 60. C'est ainsi qu'on nous montre une jeune hippie allaitant une chèvre, illustrant là le culte du règne animal représenté par une bannière ornée de deux colombes sur laquelle on peut lire: Plus d'animaux mais plus de fusils.
On plonge alors au beau milieu d'un gigantesque festival où des milliers de jeunes hippies s'adonnent à l'amour libre dans la boue et la crasse tandis que la caméra en position de voyeur s'attarde sur des beatnicks urinant aux quatre coins du terrain ou se soulageant dans des toilettes de fortune. On sourira surtout devant cette séquence où une noble rombière britannique soulage avec élégance sa vessie durant une partie de chasse à courre. Si la nouvelle génération se vautre dans la fange et l'ordure, la noblesse et la bourgeoisie, gardiens hypocrites de valeurs morales bien écaillées, ont su conserver l'élégance du geste même dans leurs fonctions les plus intimes!
On reste dans le comique en frôlant même la parodie lorsque les participants d'une soi-disant campagne anti-chasse versent dans les boissons que se sont préparés quelques chasseurs des laxatifs afin de saboter leur partie.
Ces récréations sont entre-coupées par une multitude d'images d'archive montrant la cruauté du règne animal et de la vie sauvage. Léopards et anacondas dévorent de petits singes, des guépards pourchassent des autruches ou des ours attrapent des saumons vivants. Ainsi est la dure loi de la jungle mais également de la chaîne de la vie. La plupart de ces séquences sont tournées voire reconstituées (le guépard poursuivant l'autruche) dans la savane afin de permettre aux réalisateurs de nous montrer quelques tribus chassant des pumas et des sangliers pour se nourrir. Climati et Morra tentent de donner un soupçon d'humanité hypocrite à ces images en les mélangeant à des scènes de chasse à courre dans la campagne anglaise durant lesquelles des renards sont massacrés sans pitié pour le propre plaisir des chasseurs. Si dans la savane on chasse pour survivre, dans notre monde dit civilisé on tue pour le sport, oubliant par la même occasion les véritables valeurs de la chasse au profit de ce plaisir malsain et cruel.
Cette plongée au coeur de tribus africaines permet aux réalisateurs de nous offrir les indispensables séquences de sexe sous forme ici d'un étonnant cérémonial célébré avant une chasse. Les hommes creusent des trous dans la terre dans lesquels ils insèrent leur pénis tout en simulant l'acte sexuel. Après avoir éjaculé, le sperme est mélangé à la terre afin de la fertiliser.
Mais ce sont deux séquences particulièrement atroces qui donnèrent au film sa triste réputation tout en honorant son titre de mondo. C'est tout d'abord celle où un touriste se fait dévorer vivant par une lionne sous les yeux effarés de sa femme et de sa petite fille de neuf ans. Alors qu'ils traversent un parc animalier réputé dangereux et plutôt inaccessible, l'homme quitte bien imprudemment son véhicule afin d'approcher la lionne qui ne tarde pas à se jeter sur lui. Une caméra super-8 appartenant à d'autres touristes filme le terrible accident tandis que lentement le sang recouvre l'objectif qui dévoile d'horribles morceaux de chair. Deux petites minutes qui firent le tour du monde et dont il est difficile encore aujourd'hui de dire si oui ou non il s'agit d'un fait réel ou d'une reconstitution.
La deuxième séquence est quant à elle un montage visible fait avec des acteurs. On y voit des trafiquants de drogues en pleine jungle sud américaine qui sous l'effet de drogues capturent un malheureux indigène, le torturent avant de la castrer et de lui faire manger son pénis. Ceci est supposé être un document original provenant d'un film amateur qu'aurait tourné un certain Ramon Ordonez.
Ultime grida della savana connut un gros succès lors de sa sortie en salles malgré la polémique et l'énorme controverse qu'il engendra, mutilé par la censure britannique, tant et si bien que le duo s'affaira à un deuxième volet tout simplement nommé Savana violenta / Savage man savage beast 2.
Si on passe outre son coté parfois parodique et le comique de certaines séquences, ce premier mondo du duo Climati-Morra toujours commenté de façon aussi solennelle, cette fois par Alberto Moravia, et rythmé par la musique de Carlo Savina et quelques chansons sirupeuses, se veut surtout une reflexion sur bon nombre d'aspects de notre vie même s'il reste comme tout mondo un film voyeuriste fait pour le spectateur voyeur afin de flatter ses vils instincts sous couvert documentaire. Du pur cinéma d'exploitation qui saura satisfaire l'amateur avide de sensations malsaines, soyons en certains. Quant aux autres, gageons qu'ils feront joliment la grimace!