Africa ama
Autres titres: Africa uncensored / Africa erotica / Shocking cannibals
Réal: Angelo et Alfredo Castiglioni
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 110mn
Acteurs: Riccardo Cucciola (Le narrateur)
Résumé: Les réalisateurs nous convient une fois de plus à un voyage au coeur de l'Afrique noire afin d'y découvrir les coutumes des peuples dit primitifs comme notamment les terribles rites sexuels que sont la circoncision et l'excision...
Contrairement aux autres mondos des frères Alfredo et Angelo Castiglioni, Africa ama s'il est certainement le plus crédible il est surtout celui qui s'approche le plus du véritable documentaire éthnologique qui évite cette fois les séquences fabriquées. On en compte en effet qu'une seule dans tout le métrage qui se focalise avant tout sur les rites ancestraux sexuels et les coutumes tribales des peuples primitifs au coeur de l'Afrique Noire.
S'il est moins sensationnel que les autres mondos africains Africa ama n'en regorge pas moins de séquences particulièrement brutales et répugnantes qui feront le régal des amateurs du genre.
Le film s'ouvre sur une cérémonie funéraire d'un patriarche de village, tout de blanc habillé. Habitué à ce style d'exercice Riccardo Cucciola, le narrateur, nous rappelle au cas où ne nous le saurions pas qu'en effet l'homme noir nait blanc au départ. On assiste donc à la préparation du corps et son inhumation avant de se plonger dans les coutumes étranges et magiques de ce peuple telle cette tête tranchée délicatement déposée sur un arbre.
La majeure partie de Africa ama s'intéresse ensuite aux pratiques et rites sexuels particulièrement barbares de ces tribus. Le film repose sur une seule et unique base, celle qui veut que l'Homme noir soit un être dit primitif et que la femme noire soit une esclave de travail, une condition qu'elle accepte sans problème puisqu'elle ne cesse de chanter et danser sa joie de travailler.
A partir de ce point de départ le film va alors suivre un déroulement logique. Il prend pour premier thème la sexualité enfantine et adolescente en abordant sa première grande étape, autrement dit la scarification et les décors corporels. Les enfants se font casser les dents à coups de burin, la caméra insistant sur les bouches mutilées et les gencives en sang. On leur taille la peau au rasoir et les perce au clou. Cela donne d'impressionnantes séquences telle ces négresses à plateaux dont les lèvres élastiques caressent leurs seins une fois le plateau enlevé. Ces jeunes filles parviennent alors à sortir leur langue par les orifices percés entre le nez et la bouche.
Toujours plus douloureux, préface à ce que sera quelques années plus tard Africa dolce e selvaggia, le film traite de la circoncision et de l'excision, un sujet difficile imagé par de longues séquences riches en détails souvent insupportables pour le néophyte même si elles ne sont pas filmées en rafales comme elles le seront dans Africa dolce e selvaggia. On voit ces enfants se faire trancher à vif le prépuce au couteau comme si on coupait une rondelle de saucisson, la caméra s'attardant avec complaisance sur les pénis d'où le sang coule à flot tandis que les enfants hurlent de peur et de douleur.
On s'intéresse ensuite aux pratiques de l'excision. Les réalisateurs filment des jeunes filles auxquelles on tranche le clitoris au rasoir en insistant cette fois sur les gros plans de vagins. La caméra glisse le long de leur entrejambe, dévoile en toute impunité l'intimité de ses damoiselles. On apaise les douleurs en se plongeant l'arrière-train dans les petits ruisseaux dont l'eau cristalline prend en quelques secondes une couleur rouge vif.
Ce voyage médical au coeur des rites sexuels les plus barbares de ces peuples s'achèvera sur cet enfant dont la mère coud le vagin au fil après lui avoir coupé les grandes lèvres afin qu'elle garde sa virginité intacte.
Culte du pénis, culte de la fertilité, importance de la virginité sont donc au centre de ce voyage au coeur des tribus primitives avant que les Castiglioni ne s'intéressent aux coutumes animalières avec notamment ces chiens dont on tord le cou avant de leur couper le nez pour en faire des potions magiques et cuire leur corps.
Arrive enfin la fameuse scène tant attendue fabriquée par les auteurs, celle de la morsure du serpent. Un jeune indigène chasse d'énormes mille-pattes particulièrement venimeux. C'est alors que l'un d'entre eux le pique au doigt. Malgré l'affolement et les soubresauts de la caméra on distingue assez clairement que le mille-patte est en fait un étrange petit bâton qui sert de simulacre alors que l'indigène hurle et agonise sous la l'oeil des réalisateurs. Est ensuite inséré un long et douloureux plan d'amputation du doigt empoisonné tranché à vif au scalpel, une séquence particulièrement insoutenable pour ses détails cliniques. Ce n'est cependant qu'un bel insert chirurgical facilement repérable puisqu'il qui tranche nettement au niveau du grain avec la scène de la morsure et le mauvais jeu du pseudo comédien qui de son coté surjoue son rôle.
Bizarrement on a cru bon de rajouter une bande son ridicule pour accentuer les effets choc. Ainsi, les pleurs des bébés et les cris sont doublés ainsi que certains cris d'animaux, chose rare dans ce type de mondos.
Après toutes ces horreurs graphiques, le film se terminera par la naissance très chirurgicalement détaillée de la naissance d'un enfant montrant qu'un noir nait blanc, renvoi donc à la séquence d'ouverture du film. On nous dévoile les secrets de la naissance et les premiers soins administrés aux bébés. La mère coupe le cordon avec ses dents et lave son bébé en l'aspergeant de salive.
Pour le reste, on retrouve tous les éléments des films des Castiglioni: plans insistant sur les pénis virevoltant lors de danses rituelles filmées au ralenti, sur les globes fessiers masculins et les seins en forme de crêpes des femmes. La voix du narrateur ici nous commente avec solennité et grand sérieux ces images sur fond de musique sirupeuse.
L'idéologie paraitra toujours aussi douteuse même si les Castiglioni évitent cette fois le trop plein exploitatif mais Africa ama comme tout mondo reste malgré tout du cinéma d'exploitation pur qui derrière ses intentions éthnologiques ne fait que flatter les bas instincts et le coté pervers et voyeur du spectateur avide de sensations fortes.