Maniaco Deprebis

Figure récurrente du cinéma de genre italien puisqu'on a pu voir sa blondeur, ses yeux bleus au regard d'aigle et ses airs crispés dans des styles aussi variés que le western, le drame, le polar et le giallo et surtout l'érotisme, Gianni Dei, de son vrai nom Gianni Carpanelli est né à Bologne en 1941. Le cinéma pour Gianni a toujours été une passion. Déjà enfant il ne voyait pas sa vie ailleurs que devant une caméra. Ceci n'était pas pour plaire à son père, un industriel, qui ne voulait absolument pas que son fils embrasse cette profession. Mais Gianni était déterminé. Avec l'aide d'une de ses tantes et de sa grand-mère paternelle qui l'emmenaient régulièrement à Rome, il donna vie à ce rêve. Gianni fugua même plusieurs fois de la maison familiale pour se rendre à Rome et tenter sa chance. Et cette détermination paya.

Il n'a que 19 ans lorsqu'en 1960 il tourne son premier film sous la direction de Filipo Walter Ratti Rapina al quartiere Ovest. Gianni va dés alors apparaitre régulièrement à l'écran, dans des rôles de troisième voire de quatrième plan, parfois même en simple figurant tant et si bien qu'aujourd'hui l'acteur ne parvient pas toujours à se souvenir des films où il est apparu à cette période.
C'est ainsi qu'on peut le voir en 1961 dans Io Bacio, tu baci de Piero Vivarelli, en 62 dans La cucagna de Luciano Salce, dans le western de Renato Polselli et José Monter Il sceriffo che non spara, L'allumeuse de Silvio Siaro et l'énigmatique et rarissime film d'épouvante gothique La settima tomba en 1965.
Guido Zurli fait appel à lui pour E mezzanotte butta giu il cadavere l'année suivante puis il

tourne pour Sergio Pastore en 1969 Diario proibito di Fanny.
Les années 70 vont lui être plus bénéfiques. Lentement Gianni va se spécialiser dans un certain cinéma érotique populaire.
Il tourne encore le très bon et étrange giallo Exorcisme tragique/ Les monstres se mettent à table de Romolo Scavolini, le polar hybride Gli assassini sono nostri ospiti de Vincenzo Rigo ainsi que l'étrange giallo satanique Il sesso della strega / Les anges pervers de Angelo Pannacio avant de se tourner vers la sexy comédie dés 1975. Il ne quittera pratiquement plus ce genre par la suite. A cette époque Gianni vivra une jolie histoire d'amour de quelques mois avec Marisa Mell, une de ses amies les plus chères à qui il voue aujourd'hui encore une admiration sans faille.

Gianni va entre 1975 et 1979 tenir le haut de l'affiche le plus souvent avec Femi Benussi pour partenaire dans des films coquins tels que Una vergine in famiglia et Campagnola bella de Mario Siciliano, tous deux avec Franca Gonella dont il interprète le petit ami. Il retrouvera l'actrice pour Diabolicamente... Letizia, un petit thriller paranormal raté signé Salvatore Bugnatelli. Il est l'un des locataires de l'immeuble de La cameriera nera de Mario Bianchi où il séduit la servante de couleur Carla Brait. Toujours aussi séducteur on le voit dans le très étrange La sensualità è un attimo di vità de Dante Marracani. Suivent ensuite toujours avec Femi Benussi Le impiegate stradali de Mario Landi qui en fera d'ailleurs un de ses acteurs attitrés et la piètre sexy comédie dont il existe une version hardcore La zia di Monica de Giorgio Mille aux cotés de son épouse d'alors, l'actrice Magda Konopka dont ce sera un des tout derniers films et de la blonde Karin Well avec qui il aurait bien aimé avoir une aventure avoue t-il!

S'il se permet ensuite une incartade policière dans Napoli storia d'amore e di vendetta de Mario Bianchi puis une aparté dans le film d'horreur tendance sexy Patrick vive ancora de Mario Landi où, plongé dans un coma irréversible, il déchaine par la pensée les pulsions sexuelles de son entourage, il retourne cependant assez vite vers l'érotisme pur.
Malheureusement en cette fin d'années 70 le cinéma de genre se meurt. Gianni à l'instar de nombreux autres comédiens va alors se fourvoyer dans des oeuvres aux limites du hard tels que le sexy giallo de Landi Giallo a Venezia, où en mari pervers et violent, il se complet à humilier Eleonora Fani. Gianni y étale sans complexe sa nudité.
Les années 80 ne seront guère plus glorieuses puisqu'il se commet dans des pellicules assez douteuses aux limites du hardcore. Il est ainsi dés 1981 à l'affiche de quatre films de Amasi Damiani. Il est le principal protagoniste du drame érotique Corpi nudi avec Femi Benussi et Marisa Mell, toutes deux en pleine déchéance, ainsi que la porn star Marina Frajese qu'il retrouvera dans Amori morbosi di una contessina avec cette fois Rita Calderoni. Il existe autour de ces films quasiment invisibles aujourd'hui une vague de mystère quant à différentes versions notamment hardcore dans lesquelles ne se sont commis ni Gianni ni Marisa encore moins Femi Benussi. Il est ensuite au centre de l'intrigue du drame existentiel Peccati a Venezia avec Marisa Mell avec qui il entretient une relation incestueuse et Leonora Fani.

Il est enfin au générique de Manhattan gigolo, un mystérieux softcore qui est aujourd'hui bien difficile de visionner et sur lequel planent bon nombre de questions. Son chant du cygne sonnera en 1987 après quelques vingt-sept années passées sur le grand écran avec Delitti de Giovanna Lenzi, une sorte de petit giallo sans grand intérêt où un psychopathe tue ses victimes à l'aide d'un venin de serpent.
Ce n'est pas pour autant que Gianni alors âgé de 46 ans va disparaitre. S'il met un terme à sa carrière d'acteur après la mort du cinéma qu'il l'avait consacré, il reste au coeur de l'actualité italienne. Infatigable jet-setter, Gianni qui a toujours aimé faire la fête et les mondanités, apparait lors de parties romaines aux bras des plus grandes actrices dont son amie Ursula Andress.
S'il traîne derrière lui la réputation dit on d'être un des acteurs les mieux membrés d'Italie, il s'amuse de sa notoriété et va même entamer une carrière de chanteur tout sachant comme il l'avoue lui même avec humour qu'il n'a pas et n'aura jamais le talent d'une rock-star! Il sort ainsi quelques 45t dont le parodique Gianni's day, Fragole e champagne ou encore L'angelo di Hichcock.

Il va également travailler pour la RAI où il conduit avec trois autres animateurs une émission culturelle sur les plus belles villes méditerranéennes et les plus beaux endroits de la planète, entouré de toute une pléiade de grands acteurs internationaux. Il s'intéresse également à la mode et lance ses propres créations aux cotés notamment de Versace.
Aujourd'hui Gianni fait toujours partie de l'élite romaine. Il apparait altier aux grandes fêtes organisées par la jet-set romaine. Il ne renie en rien son passé de comédien dont il parle aisément. Il avoue s'y être bien diverti et avoir réalisé son rêve d'enfant même si les films

dans lesquels il a joué n'ont peut être pas toujours été de gros succès ou de grandes oeuvres. Il confesse même n'avoir pas toujours été payé, acceptant simplement de tourner par amitié pour ses amis tant acteurs que réalisateurs
En 2008, il est apparu dans un film en hommage à Lucio Fulci: Paura: Lucio Fulci remembered. Aujourd'hui Gianni rêvait de pouvoir recommencer à faire des films mais beaucoup plus sérieux, de véritables films. A défaut d'avoir pu retrouver les caméras Gianni est resté une des célébrités les plus populaires et appréciées d'Italie, brillant par son élégance et sa gentillesse.
S'il n'a peut être pas connu la carrière qu'il était en droit d'espérer, trop souvent cantonné dans des rôles de second ou troisième plan dans un certain cinéma populaire plus ou moins fripon qui n'est pas  toujours des plus glorieux cela n'enlève rien au talent de cet acteur au combien sympathique dont le visage crispé au charme si particulier nous restera à l'esprit.
Gianni nous a malheureusement quitté le 19 octobre 2020 à l'âge de 79 ans emporté par un cancer qu'il avait tenu à garder secret.