Inferno dei morti viventi
Autres titres: Virus cannibale / L'enfer des morts vivants / Virus / Apocalipsis canibal / Hell of the living dead / Zombie creeping flesh / Night of the zombies / Zombie inferno / Zombi 4 / Zombi 5: Ultimate nightmare
Réal: Bruno Mattei
Année: 1981
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 101 mn
Acteurs: Margit-Evelyn Newton, Franco Garofalo, Selan Kuray, José Gras, Gabriel Renom, Josep Lluís Fonoll, Victor Israel, Bruno Boni, Joaquin Blanco, Sergio Pislar, Bernard Seray, Tito Lucchetti...
Résumé: Suite à une fuite radioactive dans une usine nucléaire en Nouvelle-Guinée, d'étranges évenements se produisent parmi les populations locales. Un petit commando de soldats est envoyé sur place. Ils rencontrent un couple de reporters parti enquêter. Ils vont devoir affronter toute une horde de zombies cannibales, terrible conséquence de cette fuite radioactive...
Le cinéma d'horreur des années 80 a vu une prolifération d'oeuvres toutes inspirées de grands classiques du genre mais au demeurant plus ou moins bien abouties. S'il y a un genre qui fut joyeusement repris et plagié, c'est bel et bien celui très carnassier des zombis. C'est bien entendu l'Italie qui s'en donna à coeur joie et y mêla un autre sujet alors fort en vogue: le cannibalisme. C'est donc ainsi que le célèbre film de Georges Romero, La Nuit des Morts Vivants et sa suite Zombie eurent les honneurs de toute une déclinaison d'ersatz, allant du meilleur, L'enfer des zombis de Lucio Fulci, au pire, ce Virus cannibale de Bruno Mattei caché ici sous le pseudonyme de Vincent Dawn, inénarrable série Z horrifique qui de par son ridicule a réussi à se glisser au panthéon du n'importe quoi et décrocher son titre de film culte.
On comprend vite après sa vision que Virus Cannibale est au monde du cinéma d'horreur ce que Bolino est à la grande cuisine! C'est justement ça qui a réussi à faire de ce film un classique du genre, un film culte, une perle du Z, une véritable nacre pour tous les amateurs de pellicules hilarantes.
Bruno Mattei réalisa ce film en 1981 sous un scénario de son éternel complice Claudio Fragasso. Grand copieur devant l'Eternel, c'est donc Georges Romero que le réalisateur cette fois plagie sans vergogne, profitant également de la vague de cannibalisme engendrée par son confrère Ruggero Deodato avec Cannibal Holocaust. Si Bruno Mattei est capable du meilleur ou du moins pire il est aussi de temps à autre capable du pire. Sur ce scénario apocalyptique, Il réalise donc un film ultra bâclé, lourd qui très vite sombre dans un ridicule renforcé par des acteurs pitoyables dont le jeu ou plutôt le surjeu l'est tout autant. Ce n'est par ailleurs ni le montage approximatif, les raccords ratés et le manque total de rythme qui sauveront le film du naufrage.
N'ayant pas les moyens d'aller tourner son film en Nouvelle-Guinée où est censée se passer l'histoire, (le tournage se déroula en Espagne) Bruno Mattei a gaiement parsemé Virus Cannibale d'innombrables inserts de documentaires et mondos notamment Nuova Guinea l'isola dei cannibali de Akira Ide, d'animaux sauvages et de rites tribaux répugnants, une overdose massive de stock-shots pour faire plus couleur locale mais qui s'intègrent mal aux paysages d'Espagne.
L'hallucinant scénario, les dialogues bêtifiants que n'arrange en rien l'approximation des comédiens dont en tête Franco Garofalo qui cabotine à l'excès et la délicieuse Margit-Evelyn Newton et son incroyable pagne fait de bananes, est peu de choses par rapport à la vision de certaines scènes d'anthologie dont entre autres exemples l'apparition d'un cannibale en tutu ou la présence d'indigènes faussement grimés grimaçants de toutes leurs dents étincelantes comme au bon vieux temps du cinéma en noir et blanc de nos grands-parents.
Mais Mattei connait son métier et sait être dans l'ère du temps. Il nous gratifie donc de scènes gore plus atroces les unes que les autres. On a ainsi droit à toute une panoplie de chairs déchirées et dévorées, énucléations et autres réjouïssances franchement répugnantes. On l'aura compris, ce Virus cannibale ne se raconte pas, il se regarde. On rit à gorge déployée, on s'extasie devant ce chef d'oeuvre inepte particulièrement racoleur comme on s'extasie devant l'aquarelle toute barbouillée d'un gentil bambin tout fier de la montrer. Voilà! Bruno Mattei est un gentil enfant, un cancre effronté et sulfureux qui s'évertue à faire bien, à faire plaisir tout en imitant, copiant, plagiant mais à sa propre sauce. Il mériterait une fessée mais on l'aime trop. On se délecte à chaque nouvel exploit puis on pardonne et le récompense en glorifiant chacun de ses films.
Sous le fallacieux prétexte de dénoncer le génocide envers le Tiers-Monde, Mattei a réalisé un film unique, une sucrerie gore de fête foraine qui s'inscrit tout droit dans la lignée des films Eurociné comme Mondo cannibale de Jess Franco ou Terreur Cannibale de Alain Deruelle.
Si le ridicule était oscarisé, Bruno Mattei pourrait tenir haut le trophée mais mieux que pour le ridicule c'est pour le rire et le parti pris du non-sérieux qu'il le brandirait.
Soyons juste. Qui oserait refuser une bonne effusion de rire en cascade? Un cinéma populaire à consommer à grosses doses sans danger entre amis un soir de franche "déconnade". C'est pour cela que Virus Cannibale a sa place parmi les classiques et meilleures oeuvres Bis des années 80. voilà également pourquoi aujourd'hui son succès n'a pas démérité.