Magia nuda
Autres titres: Mondo magic / Shocking cannibals
Real: Alfredo et Angelo Castiglioni
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 100mn
Acteurs:
Résumé: Les réalisateurs nous invitent pour ce troisième voyage au coeur de l'Afrique noire à découvrir les plus surprenantes superstitions et rites magiques de quelques tribus à travers tout un lot de scènes plus hallucinantes les unes que les autres...
Après Africa Ama et Africa segreta, les frères Angelo et Alfredo Castiglioni réalisent leur troisième mondo africain joliment intitulé Magia nuda / Mondo magic qui dit-on parvint à choquer John Waters lui même à qui on doit également un mondo nommé Mondo trasho. Magia nuda prend cette fois pour principal sujet les superstitions et la magie, celle qui régit la vie, se trouve partout alentour de nous. Les tribus africaines en ont pris conscience et vivent avec au quotidien.
Beaucoup plus choquant et dérangeant que leur deux précédents mondo, Magia nuda se transforme assez rapidement en un spectacle répugnant qui mélange sans vergogne sexe et magie, un détonnant mariage qui durant plus de 90 minutes va offrir au spectateur un melting-pot d'images toutes plus impressionnantes et choquantes les unes que les autres.
Le film s'ouvre sur le sirupeux morceau Soleado qu'accompagne un générique aussi superbe que solaire pour nous plonger très vite au coeur des hallucinants rites de la fertilité de la tribu des Dinka durant lesquels les femmes se douchent sous le jet d'urine des vaches avant de s'enfoncer le visage dans leur anus dans lequel elles enfonceront ensuite leur bras afin de les faire déféquer et ainsi récolter leurs précieux excréments. Le ton du film est ainsi donné, le reste du métrage ne dénotera pas, loin de là, avec cette surprenante ouverture.
Si les Castiglioni ne nous épargneront pas les traditionnels massacres d'animaux dont les scènes atroces de girafes et d'éléphants décapités ou de zèbres dépecés que la caméra filme sans scrupules, Magia nuda donne aussi au spectateur l'occasion d'assister au supplice que subissent de jeunes enfants dont on a attaché le pénis à une corde que tire un cheval, à diverses flagellations et autres amputations de doigt, une bastonnade, la défloration d'une jeune fille par un pénis taillé dans du bois, aux effrayantes errances d'un indigène en plein délire suite aux ravages que les drogues ont fait subir à son cerveau, à des opérations chirurgicales faites à mains nues, à des repas d'insectes dont de belles araignées grillées sans oublier l'étrange cérémonie de la masturbation dont l'objectif est là encore de stimuler la fertilité de la terre après que le sperme ait été déversé sur le sol.
Plus que dans n'importe quel autre des mondos des frères Castiglioni, Magia nuda fait preuve d'une insistance quasi obsessionnelle sur la nudité masculine. La caméra ne rate en effet aucune occasion de filmer en gros plans lors de longs ralentis le pénis des indigènes notamment lors des danses tribales ou de la fameuse cérémonie de la masturbation.
Afin de rendre encore plus malsain voire insupportable certaines séquences, cris, lamentations et autres pleurs de souffrance ont été rajoutés lors de la post-synchronisation, un procédé courant dans ce type de production.
Si jadis Magia nuda fut traité de film nauséeux avoisinant le snuff movie, il reste comme la plupart des autres mondos africains un exemple parfait de ce type de produit souvent hypocrite dont le but principal est de satisfaire et flatter les instincts les plus vils du spectateur. Au delà de cet aspect, Magia nuda à l'image des autres mondos du célèbre tandem est une intéressante et parfois même passionnante plongée éthnologique dans l'univers alors méconnu de l'Afrique noire et de ses étranges et mystérieuses coutumes tribales. Eminents professeurs universitaires, les Castiglioni nous offrent à chacun de leurs films une vision souvent certes brutale et violente mais intelligente des choses élevant leurs films au dessus de la moyenne générale du genre. Tout en demeurant du pur cinéma d'exploitation tendance vomitif, un spectacle particulièrement complaisant et voyeur destiné à un public avide de sensations aussi brutes que malsaines, Magia nuda à l'instar de l'ensemble de l'oeuvre de l'incorrigible duo reste un document culturel non négligeable.
Les frères Castiglioni récidiveront deux ans plus tard avec Addio ultimo uomo qui parviendra à dépasser l'horreur de Magia nuda puisqu'ils signeront leur mondo non seulement le plus inouï mais surtout le plus insupportable quant à la violence et le choix des images qui franchira allégrement le seuil de l'innommable. Leur saga africaine se conclura haut la main en 1980 avec Africa dolce e selvaggia / Shocking Africa.