Elvire Audray: Adieu blonde sauvageonne
Elle fit partie de celles qu'on nomme les étoiles filantes du cinéma Bis, ces comètes dont les bissophiles garderont encore longtemps la trace. Elle fut une de ces actrices éphémères dont on se rappellera surtout et avant tout pour les rôles qu'elle tint dans trois films qui font aujourd'hui définitivement partie de l'univers du cinéma de genre, La guerre du fer, L'esclave blonde et Crimes au cimetière étrusque. Si elle n'a malheureusement jamais réussi à décrocher les honneurs d'une véritable carrière de comédienne, la vie ne lui a guère plus souri puisqu'elle nous a quitté beaucoup trop tôt dans la plus totale indifférence. Le Petit Maniaco se devait de rendre un hommage amplement méritée à la blonde et si discrète Elvire Audray.
C'est en faisant des photos en tant que modèle que cette jeune française née le 25 avril 1960 à Paris se fit remarquée en 1982 par des producteurs italiens. Sa blondeur, sa jolie petite moue, la fraicheur de sa jeunesse définissaient parfaitement la séduisante Françoise le personnage féminin de la nouvelle et pétillante comédie de Marco Risi, Vado a vivere da solo. Elvire décroche ainsi son tout premier rôle et donne la réplique à deux légendes de la comédie italienne Jerry Cala et Lando Buzzanca. Avec ce personnage de jolie "nunuche" désinhibée à l'accent français si charmant lorsqu'elle récite en italien Elvire fait craquer l'Italie qui lui fait les yeux doux.
Sergio Martino fait très vite appel à elle pour la série télévisée qu'il est sur le point de mettre en scène, Crimes au cimetière étrusque, qu'il transforme également en un long métrage pour le grand écran. Elvire Audray est engagée pour le personnage central de cette histoire mélangeant giallo et légende étrusque. Si la tentative s'avère vite décevante par son manque de rythme Elvire sans être une comédienne d'exception reste crédible dans son rôle d'enquêtrice en proie à d'horribles visions. Cette année 1982 va être une année riche en tournage pour la jeune comédienne française.
C'est ainsi qu'elle apparait furtivement dans la sexy comédie de Romolo Guerrieri La gorilla avant de poursuivre son petit chemin à la télévision française en étant une des principales protagonistes, celle d'une jeune châtelaine, de la série Le Lys aux cotés de Louis Velle et Ludmilla Mikaël avant de se retrouver dans le giron des conquêtes de Aldo Maccione pour Plus beau que moi tu meurs de Philippe Clair.
Après cette année fort bien remplie, 1983 ne verra la belle Elvire que dans La guerre du fer de Umberto Lenzi où elle y découvre la civilisation auprès du puissant Sam Pasco. La blonde sauvageonne joliment permanentée, habillée de peaux de bêtes, arc et flèches en main, va se battre pour sauver son peuple menacé par un féroce George Eastman. Après ce voyage au coeur de la préhistoire Elvire se retrouve au générique de la série de Jacques Doniol-Valcroze Un seul être vous manque le temps d'une brève apparition. Il faut attendre 1985 pour que Elvire retrouve un rôle de premier plan. Ce sera à l'occasion de Amazonia l'esclave blonde de Mario Gariazzo qui flirte sur la vague de films cannibales alors à la mode même si cette Esclave blonde lorgne plus vers la bluette de jungle parsemée de quelques scènes gore. Elvire y est la pauvre Catherine Miles, jeune fille retenue prisonnière d'une tribu primitive avant de tomber amoureuse du fils du chef. On retiendra surtout de cette jolie aventure outre les beaux paysages et le corps dénudée de la blonde comédienne sa violente défloration au pieu et son final particulièrement gore.
Malheureusement après ce film, la carrière d'Elvire va connaitre un net ralentissement. Elle ne décrochera plus de premier rôle et va devoir se contenter de personnages de second plan quand ce ne se sont pas de simples figurations. On la repère ainsi en 1986 dans la comédie de Lodovico Gasparini Italian fast food mais son dernier vrai petit rôle ce sera en 1987 pour la comédie Rimini Rimini de Sergio Corbucci aux cotés de Laura Antonelli et Serena Grandi où Elvire interprète une nageuse. Corbucci fera de nouveau appel à ses services l'année suivante pour son polar I giorni del commissario Ambrosio avec Ugo Tognazzi juste avant une autre petite apparition en tant qu'épouse de Yorgo Voyagis dans ce qui se voulut être une semi-suite au Nosferatu de Werner Herzog Nosferatu a Venezia de Augusto Caminito. Ce n'est une fois de plus qu'un rôle secondaire qui tient plus de la figuration. Elvire n'y a aucun dialogue mais Caminito lui offre une mort plutôt violente, semi-dénudée, orchestrée par un Klaus Kinski griffu.
Dés 1989 la jolie française va se tourner définitivement vers la télévision. Elle devient hôtesse pour deux célèbres jeux télévisés, Fantastico et Fate il vostro gioco. Elle sort également un 45t d'italo-disco, l'insipide Myself, qui sera un énorme flop.
A l'aube des années 90 Elvire va se faire de plus en plus rare. En 1993 elle trouve encore un rôle un peu étoffé dans l'adaptation télévisée de la vie de Jules Ferry réalisée par Jacques Rouffio. Ses ultimes apparitions se feront dans quelques séries télévisées françaises telle Le J.A.P en tant que simple figurante que les fans s'amuseront à repérer. Au cinéma elle est encore très brièvement au générique du film de Yves Boisset La tribu puis elle retrouve le petit écran en 1994 dans un épisode de Julie Lescaut avant une apparition plus que furtive dans la mini série La rivière Espérance en 1995, date à laquelle Elvire se retire définitivement du monde du show bizness et disparait totalement des feux de la rampe. Son nom ne réapparaitra que cinq ans plus tard en de bien tristes circonstances malheureusement.
Si Elvire a eu une carrière assez discrète, c'est tout aussi discrètement qu'elle s'en est allée le 23 juillet 2000 à tout juste 40 ans. Les conditions de son décès ne furent jamais élucidées. Se sachant malade Elvire se serait suicidée mais cette hypothèse ne fut jamais prouvée.
Elvire s'en est allée, oubliée de tous, si ce n'est de ses fans qui eux n'ont pas oublié cette blonde sauvageonne aux allures boudeuses qui les fit rêver dans Ironmaster et Amazonia l'esclave blonde. Sans avoir jamais été une comédienne d'exception, Elvire sut cependant marquer de sa célèbre moue, sa blonde chevelure et sa silhouette de nymphette l'histoire du cinéma Bis transalpin.
Si Elvire nous a quitté elle restera présente à jamais dans le coeur de tous les bissophiles dans lequel la Belle est éternelle.