Michael Sopkiw: Le prince des médecines douces


Quatre petits films et il s'en est allé. Pourtant personne n'a oublié sa carrure musclée, sa chevelure blonde et son regard bleu de baroudeur aux faux airs de Terence Hill. Devenu au fil du temps malgré sa courte carrière une des figures incontournables du cinéma Bis italien, rien pourtant au départ ne le prédestinait à devenir acteur et surtout traverser ainsi les décennies sur simple bouche à oreille de bissophiles. Voilà peut être la magie du cinéma Bis, celle qui fait qu'aujourd'hui encore Michael Sopkiw est resté ancré dans le coeur des amateurs du genre.
Né en 1954 dans le Connecticut, Michael se destinait au départ aux métiers de la mer. C'est ainsi qu'il débute dans la vie comme navigateur sur un voilier à Miami. Jeune et insouciant, il donne également dans la contrebande mais très vite la DEA met fin à ses activités illégales lorsqu'elle le surprend avec une cargaison de marijuana. Jugé, il écope de deux ans et demi de prison dont un an ferme. Il en ressortira avec l’interdiction de naviguer à nouveau.
Obligé de subvenir à ses besoins, il se donne un nouvel objectif et se lance ainsi un peu par hasard dans l'art dramatique. Il prend alors des cours de comédie à New York. Pour pouvoir assurer ses fins de mois, il rejoint une agence de mode et devient mannequin. Il apparaitra aussi à cette époque dans quelques publicités.
C'est alors que la chance lui sourit. Son book est envoyé en Italie où son physique qui évoque quelque peu celui de Terence Hill le fait remarquer par un des agents de Sergio Martino. Le réalisateur est à la recherche de l'acteur principal de son nouveau film 2019, Après la Chute de New York et Michael semble lui convenir. C'est ainsi qu'il devient aux cotés de George Eastman et la française Valentine Monnier le héros de ce qui reste à ce jour un des meilleurs films post apocalyptique transalpins. Si ses talents d'acteur sont plutôt limités, Michael a la carrure du rôle et surtout son physique de bellâtre sportif ne laisse pas indifférent.
Ce succès plait à Michael même s'il ne prête aucune importance à ce qu'il tourne tant et si bien qu'il ne gardera aucun souvenir des tournages auxquels il participera. Après un voyage en moto dans l'ouest américain que le salaire qu'il toucha pour 2019 lui permit d'effectuer, il se retrouve sur le plateau de Apocalypse dans l'océan rouge de Lamberto Bava aux cotés une fois de plus de Valentine Monnier mais également Dagmar Lassander. S'il s'agit là d'un piètre film de monstre marin, l'amateur remarquera lors d'un plan en contre-plongée que Michael a oublié de porter un slip. Ses attributs virils s'échappent ainsi subrepticement du pan de son mini short.
Il retrouve Lamberto Bava l'année suivante pour Blastfighter, une sorte de sous Rambo où il tente de reprendre le rôle de Stallone. Michael y est traqué cette fois par un George Eastman particulièrement hargneux à la tête d'un groupe d'autochtones belliqueux.
C'est Michele Massimo Tarantini qui lui offre son quatrième rôle en lui proposant d'être le solide héros de Prisonnières de la vallée des dinosaures qu'il part tourner au Brésil. Le film s'inscrit dans la lignée des films de cannibales alors en vogue en Italie même si celui est assez soft et appartient plus au film d'aventures et de jungle matinée de quelques scènes de cannibalisme léger.
Toujours aussi peu intéressé par le Septième art et après un dernier projet de film qui n’aboutira pas, Michael décide de changer de vie. Il abandonne donc le cinéma en 1985 pour se lancer dans une toute autre direction: la médecine par les plantes. Après s'être fort bien renseigné dans ce domaine en parcourant l'Europe, se mettant au courant des dernières techniques et trouvailles, il part en Suisse et se passionne pour l’étude des extraits essentiels de végétaux. Il devient adepte des médecines douces et va même se lancer dans la réalisation de fioles en verre spécial pour conserver ses essences et autres décoctions à l’abri du soleil. Il fonde alors sa société en Californie, une société dont l'objectif est l'importation de ces fameuses fioles en verre nommé Miron glass.
Si aujourd'hui Michael a laissé derrière lui son passé d'acteur qui ne fut pour lui qu'une parenthèse inattendue dans sa vie, le bissophile lui, ne l'aura pas oublié. Il perpétue cette gloire éphémère que lui apporta ces quatre films fort représentatifs de ce type de cinéma. Si le cinéma de genre est éternel, ses acteurs sont eux aussi immortels. Michael en est une preuve... vivante!