I padroni del mondo
Autres titres: Le maître du monde
Real: Alberto Cavallone
Année: 1983
Origine: Italie
Genre: Heroic-Fantasy
Durée: 100mn
Acteurs: Sven Kruger, Sasha D'Arc, Serafino Profumo, Viviana Maria Rispoli, Aldo Sembrell, Maria Vittoria Garlanda, Fabio Bacciochi, Paolo Bernacchioni, Tristano Lannetta, Massimo Pompei, Adriana Giuffré...
Résumé: Au commencement du monde. Un jeune guerrier erre. Il est capturé par une tribu de primitifs cannibales ayant pour Dieu, un ours. Laissé pour mort, il est soigné par une jeune primitive. Entre les guerres tribales et les rivalités, le jeune guerrier va apprendre aux hommes singes le langage et la vie. Il va également faire découvrir l'amour à la jeune femme qui tombera enceinte...
Après ses années surréalistes ouvertes par l'énigmatique Maldoror suivi de Spell, Blue movie et Blow job et juste avant ses années porno, Alberto Cavallone s'offrit plus ou moins contraint une parenthèse avec notamment l'oubliable La gemella erotica et surtout l'intéressant I padroni del mondo demeuré inédit en Italie suite à la faillite financière du producteur, la Stefano film.
Suite au succès de La guerre du feu de Jean-Jacques Annaud, le cinéma d'exploitation transalpin tenta avec plus ou moins de chance d'en donner sa version. Cela donna l'étrange et hilarant Grunt! ou encore Conquest et Ironmaster dont Cavallone fut un des scénaristes. I padroni del mondo connu chez nous sous le titre Le maître du monde est plutôt une agréable surprise notamment par l'aspect réaliste que Cavallone malgré le manque évident de moyen essaie de lui apporter. On se laissera assez rapidement séduire par les aventures de ce jeune guerrier tombé entre les mains d'une tribu cannibale qui vénère un ours, leur
dieu. Le film suit la trame de La guerre du feu. Nous sommes donc à l'ère des découvertes, celle du langage, de la vie et de l'amour grâce à la présence d'une jeune primitive dont le héros tombera amoureux. Tourné aux Canaries, on profitera des très beaux décors naturels tantôt hivernaux, tantôt baignés de brouillard ou resplendissants sous la lumière solaire dans lesquels évoluent ces primitifs aux maquillages plutôt convaincants même si restriction de budget oblige les figurants sont quant à eux simplement recouverts de terre et de boue. Dernier atout du film et non des moindres, l'interprétation sans être exceptionnelle ne sombre jamais dans le ridicule ce qui dans ce type de série est le plus souvent le gros point faible. On retiendra tout particulièrement la justesse du jeu de Viviana Maria Rispoli qui incarne cette jeune primitive simiesque particulièrement expressive et même émouvante lors de quelques séquences.
Cavallone parsème son film de quelques scènes gore qui ravira les amateurs de plans sanglants. Décapitations, cannibalisme ( la cervelle fraîche est un des mets favoris de nos hommes singes) et autres réjouissances visuelles sont ainsi au rendez-vous.
On soulignera la témérité du réalisateur qui contrairement à certains autres de ses confrères ne cède pas à la facilité. Il s'offre en effet un combat entre un véritable ours et ses hommes préhistoriques. Si la réalisation et la mise en scène manque cruellement de force lors de ces audacieuses séquences, il faut reconnaitre à Cavallone la belle idée de nous avoir épargné le sempiternel comédien recouvert d'un costume souvent grotesque et les stock-shots faciles.
On pardonnera donc à Cavallone ce manichéisme qui régit tout le film. Le Bien et la civilisation sont représentés par notre valeureux héros, bel éphèbe blond et imberbe, tandis que le Mal est symbolisé par les tribus aussi simiesques que sauvages. La naissance de l'enfant, fruit de l'amour entre le beau guerrier et la femme sauvage, l'union du Bien et du Mal, n'est jamais que la représentation de notre civilisation actuelle. Si le jeune guerrier apportera la connaissance et la sagesse, rien ne pourra venir abolir ni la violence ni les croyances, source de conflits, de notre monde. Le Bien et le Mal sont indissociables.
La magnifique partition musicale synthétique et lancinante qui rappellera celle de Conquest apporte la touche finale à cet intéressant rip-off de La guerre du feu. On regrettera tout de même le manque de conviction de certaines séquences qui frisent parfois le comique involontaire.
Le point faible du film reste peut être son interprète principal, le jeune modèle d'origine germanique Sven Kruger, top model imberbe au sourire ravageur précédemment remarqué dans Ironmaster / La guerre du fer de Umberto Lenzi. Le choix du comédien revu brièvement par la suite dans Bodycount étonnera vu le soin que Cavallone semble avoir apporté au reste de la distribution beaucoup plus crédible physiquement même si on soulignera la justesse de son jeu, uniquement basé sur la gestuelle et les mimiques. Une performance d'autant plus dure que le jeune homme n'eut que 5 jours pour se préparer à son rôle. Outre la prestation de la fascinante Viviana Maria Rispoli dont ce fut la seule et unique participation à l'écran on soulignera la présence de Serafino Profumo soigneusement maquillé dont ce sera l'ultime prestation.
Le maitre du monde est une jolie curiosité qui mérite l'attention de l'amateur, un film trop méconnu qui se classe sans mal parmi les meilleurs du genre.