Ultimo mondo cannibale
Autres titres: Le dernier monde cannibale / Jungle holocaust
Real: Ruggero Deodato
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 90mn
Acteurs: Ivan Rassimov, Massimo Foschi, Me Me Lei, Judy Rosly, Sheik Razak Shikur, Suleiman, Ramsi...
Résumé: Alors qu'il tente de retrouver une expédition disparue dans la jungle malaisienne, un petit avion s'écrase au coeur de la foret. Les quatre occupants sont agressés à la nuit tombée par une tribu cannibale. Perdus dans cette jungle hostile, seuls deux d'entre eux survivront mais ils seront vite séparés. L'un disparait tandis que le second est capturé par une tribu primitive qui lui fera connaitre les pires atrocités. Avec l'aide d'une jeune cannibale, il va tenter de s'enfuir...
Si on excepte Il paese del sesso selvaggio / Cannibalis de Umberto Lenzi en 1971 qui introduisit assez discrètement les premières séquences de cannibalisme dans le cinéma transalpin, Ultimo mondo cannibale est le premier vrai film du genre à avoir vu le jour en Italie. Réalisé par Ruggero Deodato, on peut voir dans ce film la préface à son Cannibal holocaust qu'il tournera trois ans plus tard.
Souffrant parfois de la comparaison d'avec ce dernier, Le dernier monde cannibale est loin d'en avoir l'aspect effroyablement odieux et malsain. Il s'en dégage une atmosphère beaucoup plus suffocante que réellement effrayante, un sentiment de peur diffuse appuyé par une partition musicale aussi curieuse qu'inquiétante dés lors que l'avion s'écrase au coeur de cet enfer vert particulièrement dense.
Le plus étonnant dans Le dernier monde cannibale reste peut être la découverte de cette tribu primitive cachée au fond d'une caverne dont Deodato va nous faire partager les us et coutumes. C'est comme si soudainement on assistait à un vertigineux retour en arrière, à un âge qui nous ramènerait à l'aube de l'humanité. C'est ici que réside un des principaux intérêts du film tourné dans les forêts vierges de Malaisie avec de véritables peuplades qui n'avaient jusque là eu aucun contact avec la civilisation. Particulièrement impressionnant, il se dégage des scènes de la grotte quelque chose de fascinant qui donne à l'ensemble un coté réaliste incroyable.
Pour le reste, Le dernier monde cannibale ne diffère guère des autres films de ce type. On y retrouve tous les éléments inhérents au genre, le héros pris au piège humilié et torturé par les indigènes, les traditionnelles et toujours condamnables mises à mort d'animaux, ici un crocodile, la douce primitive qui aidera finalement le malheureux prisonnier à s'évader avant la chasse finale. A cela Deodato ajoute un soupçon de voyeurisme lors des scènes d'urophilie et de bestialité ainsi qu'une impressionnante dose de nudité intégrale puisque les deux protagonistes principaux sont durant toute la première partie du film entièrement nus. Le dernier monde cannibale demeure le seul film italien dit de cannibales qui ose un tel étal par moment fort audacieux notamment lors de la scène où Massimo Foschi, attaché à un roc, voit son slip être arraché par un groupe d'indigènes qui très vite se met à jouer avec son sexe, des attouchements que Deodato se permet de filmer en plans serrés.
C'est donc tout naturellement que le personnage de la jeune primitive est alors introduit. Intriguée par cet homme blanc retenu prisonnier dans une cage elle étudie dans un premier temps ses réactions en tâtant sa peau avant de le masturber. Séduite ou amadouée, elle l'aidera ensuite à s'évader en sachant pertinemment qu'ainsi elle se condamne. Deodato inverse alors les rôles. Le dit civilisé laisse libre cours à ses instincts primaires et la sodomisera brutalement au milieu des hautes herbes. A travers ce geste sauvage non seulement il se délivre de tout ce qu'il a dû subir mais installe également une certaine équité dans la relation qui lentement tourne au respect, peut être à une certaine forme d'amour. Commence alors une course-poursuite à travers la jungle hostile qui se terminera par la longue séquence de cannibalisme tant attendue. Capturée, la renégate sera mise à mort, décapitée, éventrée puis ouverte en deux, vidée et rôtie avant d'être dévorée. Coutume récurrente alors, Deodato justifie ses excès en avertissant le spectateur que le film est tiré de faits réels.
Outre les séquences de jungle où apparaissent les indigènes, dans un rôle bien peu évident on retiendra l'interprétation du solide Massimo Foschi qui porte définitivement le film sur ses épaules secondé par un Ivan Rassimov cette fois relégué au second plan. On n'oubliera pas l'incontournable et délicieuse Me Me Lai qui depuis Cannibalis devint l'icône parfaite de la fille de jungle. Le seul problème avec son personnage est qu'il dénote peut être trop par rapport aux véritables primitifs. Son corps de rêve même recouvert de boue, sa chevelure soyeuse même ébouriffée, ses seins siliconés et ses grand yeux discrètement soulignés d'eye-liner n'en font guère une cannibale crédible. Reste alors le plaisir de l'oeil.
Si le film est discrètement sorti chez nous en salles en 1978, il provoqua par contre une vague de remous beaucoup plus conséquents dans d'autres pays peu habitués à ce genre de pellicules à qui Deodato donnera le coup de grâce avec le célèbre Cannibal holocaust qui allait cette fois se faire totalement interdire dans de nombreux pays et voir son auteur être condamné.
Très belle introduction à ce futur chef d'oeuvre, pièce maîtresse de la carrière de son réalisateur, Ultimo mondo cannibale sans en atteindre son paroxysme, est un excellent et captivant film de jungle étayé de quelques scènes gore qui plaira aux amateurs d'aventures exotiques et plus généralement aux amoureux de ce type de cinéma dit vomitif.