Nella terra dei cannibali
Autres titres: Horror cannibal / Nella terra della morte / Land of death / In the land of the cannibals / Cannibal ferox 3 / Cannibal holocaust vs Commando
Réal: Bruno Mattei
Année: 2003
Origine: Italie
Genre: Horreur / Aventures
Durée: 93mn
Acteurs: Claudio Morales, Lou Randall, Cindy Jelic Matic, Ydalia Suarez, Silvio Jimenez, Sanit Larrauri, Kenny Krall, Domiziano Arcangeli, Alex Vitale...
Résumé: Une expédition a disparu sans laisser de trace dans la forêt amazonienne. La fille d'un important sénateur en faisait partie. Ce dernier envoie un commando à sa recherche. Accompagné d'un guide local le commando s'enfonce dans la jungle et retrouve assez rapidement les restes de l'expédition. Les militaires vont désormais devoir affronter des tribus cannibales qui hantent les lieux...
Le début des années 2000 a vu la DTV (le direct-to-video) arriver en force sur le monde du cinéma. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas il a fallu s'y habituer puisque beaucoup de cinéastes s'y sont mis, tout excités à l'idée de suivre cette mode. L'intarissable Bruno Mattei ne fit pas exception à la règle. Alors qu'il n'avait plus rien tourné de réellement fracassant depuis déjà quelques années le voilà qu'il profite de ce courant pour tenter de faire un retour en force. Et le bougre frappe fort en remettant au gout du jour un sous genre du cinéma d'exploitation qui fit un temps fureur en Italie au début des années 80, le film de cannibales
ou cannibal movie. Il prend donc pour modèle la référence de ce filon, l'inégalable Cannibal holocaust de Ruggero Deodato et y mélange une bonne dose de Predator. Cela donne Nella terra dei cannibali sorti en France en DVD sous le titre Horror cannibal.
Un commando militaire américain est chargé de retrouver une expédition scientifique qui a disparu dans la jungle amazonienne quelques mois plus tôt. Secondé par quelques locaux le commando s'enfonce dans la jungle et retrouve assez vite quelques restes de l'expédition. Il s'avère vite qu'ils ont été capturés par des tribus cannibales, tués et dévorés. Le commando ne tarde pas à entrer en contact avec une des tribus que les militaires
parviennent à amadouer. Ils découvrent qu'ils vénèrent une déesse blonde. Il s'agit en fait de l'ultime survivante de l'expédition, Sara Armstrong la fille d'un sénateur qui a engagé le commando, qu'ils tiennent sous leur emprise grâce à de puissantes drogues. Leur mission est désormais de la ramener vivante à la civilisation. Une nuit, après avoir tué quelques cannibales, ils réussissent à s'emparer d'elle et fuient dans la jungle. Furieux les cannibales se mettent à leur poursuite. Quasiment aucun membre du commando n'en sortira vivant...
Lorsqu'en 2002 un bruit circula au Mifed de Cannes qu'un certain Vincent Dawn alias Bruno
Mattei était sur le point d'écrire un nouveau cannibal movie personne n'y crut. Pourtant la rumeur s'avéra vite fondée puisque quelques mois plus tard sortaient directement en vidéo non pas un film mais deux, Land of death devenu Nella terra dei cannibali en Italie et Mondo cannibal / Cannibal world, tournés quasi simultanément. Que penser du film plus de vingt ans après l'âge d'or du genre? Qu'on aime ou qu'on n'aime pas Mattei il faut déjà souligner le courage du cinéaste de remettre un tel filon au gout du jour. Il faut aussi voir ce retour inattendu comme un hommage à un certain type de films car Nella terra dei cannibali n'est pas vraiment un film de cannibales à proprement parlé mais surtout et avant tout un
remake revu et corrigé de Predator. Mattei a tout bonnement remplacé l'Alien par les anthropophages et réalisé un "western amazonien". En fait le film est un melting-pot de beaucoup de choses qui firent les beaux jours du cinéma des années 70/80. On a bien évidemment Cannibal holocaust et Predator, le western, mais on a aussi une flopée de clins d'oeil aux films d'aventures façon Indiana Jones avec le professeur aux look très "Indy", le film d'action et de commando (Strike commando citons le du même Mattei) et on a même une référence à Mondo cannibale de Jess Franco et Emanuelle et les derniers cannibales pour la divinité blonde. Quant au final on songe irrémédiablement au Dernier monde cannibale. Disons le de suite, on ne s'ennuie pas, on s'amusera à repérer les clins
d'oeil et on rira à déceler tous les emprunts dont Mattei est ici coupable y compris quant aux quelques stock-shots éparpillés ça et là. Car s'il emprunte, il copie également. On ne compte plus les scènes et situations droite sorties de Predator soit une bonne moitié du film et de Cannibal holocaust dont Mattei calque au détail près plusieurs séquences. Hommage? Cinéma pour nostalgiques Bis? On peut dire ça. Et c'est ainsi qu'il faut voir cette pellicule franchement hilarante mais tellement jouissive.
Car oui il faut avouer que le film fait très souvent penser à un film amateur. On n'y croit pas une minute. On va souvent à l'encontre de toute logique, de toute cohérence. Les situations
ne sont jamais plausibles, très souvent involontairement drôles, les protagonistes agissent contre toute logique et tout bon sens, les dialogues sont hilarants de bêtise et l'interprétation est des plus médiocre. Mais il y a dans tout ça un parti pris pour le non sérieux, un coté bon enfant, cet aspect qu'on aimait tant dans le cinéma d'exploitation des années 80, ce petit quelque chose qui faisait son charme. On se prend au jeu, on s'amuse, on se divertit et on ne s'ennuie pas une seule minute. L'action est omniprésente, la réalisation est ce qu'elle est mais au moins elle ne laisse place à aucun mort. Quant aux effets spéciaux ils sont réussis et particulièrement répugnants, l'amateur de gore, de viscères et autres tripailles
appréciera, mais les défenseurs des ligues animales, eux, hurleront lorsque Mattei comme au bon vieux temps sacrifie face à l'objectif de sa caméra bon nombre d'animaux. Le snuff animalier fait fièrement son retour.
Dans cette jungle amazonienne, en fait le film fut tourné aux Philippines et ça se voit, la jungle n'est pas toujours très crédible, se démènent quelques figures éphémères inoubliables parmi lesquelles en tête le nageur professionnel Claudio Morales et ses faux airs de Richard Johnson. Avec son chapeau vissé sur la tête et sa barbe de trois jours il se la joue Indiana Jones dans un corps de cow boy! Epoque oblige il fallait une femme forte, un
Rambo féminin qui hurle et éructe. Ce rôle revient à Ydalia Suarez qui cependant ne sert pas à grand chose puisqu'elle n'a pratiquement aucune véritable scène à elle. C'est surtout l'impressionnante mâchoire et le crâne rasé de Lou Randall, le lieutenant Wilson, dont on se rappellera non seulement pour cette gueule caricaturale de tête brûlée mais car il occupe surtout la majeure partie du film avec Morales. A l'exception du jeune guide philippin très sexy (mais que la version française a doté d'une voix de gosse zozotante!!!) le reste de la distribution est totalement anodine, plus particulièrement Cindy Jelic Matic, la déesse blonde, qui semble hagarde du début à la fin, se demandant ce qu'elle est venue faire dans
cette jungle. Quant aux cannibales Mattei a fait appel aux indigènes locaux qu'il a "habillé" et maquillé comme ceux de Cannibal holocaust. L'effet est de suite moins saisissant.
Nella terra dei cannibali est certes un mauvais film, une série Z hilarante limite amateur mais qui possède cependant un véritable charme si on le voit comme un hommage sincère un peu potache à toute une époque que Mattei sans budget aucun a tenté de faire revivre avec moult références, clins d'oeil et pillages. Avec un peu de recul l'essai fonctionne et atteint son but: divertir, amuser tout en donnant par instant de gentils hauts le cœur aux plus sensibles. Mattei s'est amusé dans sa jungle, il nous amuse et nous rappelle au bon vieux
temps sans prétention aucune. Vingt-trois ans après Cannibal holocaust, quinze ans après le dernier cannibal movie (L'enfer vert d'Antonio Climati), Nella terra dei cannibali est au final une sympathique petite série Z de jungle et d'action, bien plus agréable que cette insupportable et prétentieuse idiotie qu'est The green inferno d'Ely Roth. Un retour qu'on peut considérer comme réussi pour le réalisateur après des années de jachère.
Alors qu'il tournait le film Bruno Mattei écrivit au jour le jour le scénario du second film, Mondo cannibal, qui au final n'est jamais qu'un assemblage de scènes récupérées de Nella terra dei cannibali, de rushes non utilisés auquel le cinéaste a simplement rajouté de nouvelles scènes tournées avec la même équipe et quasiment les mêmes acteurs. Simplicité et économie.