Adamo ed Eva la prima storia d'amore
Autres titres: Adan y Eva la primera historia de amor / Adam and Eve first love story / Adam and Eve vs the cannibals / Blue paradise
Réal: Enzo Doria / Luigi Russo
Année: 1983
Origine: Italie
Genre: Heroic fantasy
Durée: 86mn
Acteurs: Mark Gregory, Andrea Goldman, Leda Simonetti, Angel Alcazar, Constantino Rossi, Pierangelo Pozzato, Vito Fornari, Andrea Aureli, Antonio Andolfi, Sibilla Caradonna, Santo La Barbera, Antonio Crisafulli, Patrizia Rubeo...
Résumé: L'aube des Temps. Adam erre seul sur cette Terre encore vierge. Il s'ennuie et rêve d'une compagne qui une nuit d'orage prend vie sur une plage. Eve est née et ensemble ils vont découvrir la beauté de notre planète mais aussi les choses de la vie, poussé par le célèbre serpent. Après avoir du combattre des animaux préhistoriques et une tribu cannibale, Adam va devoir face à un nouveau combat: celui de protéger Eve, enceinte...
Voici bien l'un des plus étrange et singulier film de cette période. Avant tout chose il est intéressant de revenir sur les origines de cette petite bande qui en explique peut être son coté totalement extravagant et fauché. L'idée de mettre en scène le plus fameux couple de notre Histoire remonte en fait à 1977 lorsqu'il devait échoir à Sergio Martino. Le film, fort ambitieux, devait être au départ produit par la Dania avec en tête d'affiche Edwige Fenech et Lando Buzzanca dans les rôles clé. Le projet tomba vite à l'eau et ressurgit au tout début des années 80 lorsqu'il fut repris par Enzo Castellari cette fois. D'envergure internationale, il devait être tourné au Mexique mais une fois encore il fut stoppé et c'est vers Joe D'Amato que les producteurs se tournèrent alors. Le cinéaste était alors occupé avec sa série des Ator dont Miles O'Keefe était le héros. Celui ci, alors en pleine ascension, devait interpréter Adam mais il refusa parce que le film allait contre ses croyances religieuses. Le début du tournage dut être interrompu et c'est finalement entre les mains du tandem Luigi Russo / Enzo Doria réunis sous le pseudonyme commun de John Wilder que finit le film dont le scénario fut signé Lidia Ravera qui pour l'écrire s'inspira très largement de celui de Castellari. Les quelques scènes que réalisa D'Amato ne furent pas perdues, elles furent intégrées tant bien que mal à Ator 2.
Totalement inédit chez nous, Adamo ed Eva, coproduit par l'Espagne, tente de nous faire vivre la genèse mais une genèse vue et corrigée par les réalisateurs. Et ils ne sont plus à un péché prés! Les théologistes et puristes dans l'âme risquent de ne pas y retrouver leur catéchisme. Point question ici de religion, Dieu n'est présent nulle part. Adam sort du néant ou plutôt d'une sorte de chrysalide visqueuse et répugnante enterrée sous terre sous l'aspect d'un bellâtre chevelu et nu qui se promène nonchalamment à la découverte du monde encore vierge. Mais la solitude lui pèse, Adam rêve donc d'une compagne!
On imagine donc qu'Adam savait déjà ce qu'était une femme puisqu'il la dessine dans le sable et c'est du sable que naîtra Eve par une terrible nuit d'orage. Il se dégagerait presque une certaine poésie de cette scène lorsque notre ancêtre à tous essaie de protéger cette fragile esquisse de sable de la destruction avant de s'endormir épuisé. Voilà bel et bien le seul et unique moment d'intensité onirique que se permettent ici les réalisateurs. Le mythe de Frankenstein n'est pas loin!
A son réveil l'esquisse sera devenue une sublime jeune femme blonde à la peau dorée, au regard mutin. Eve est née et désormais tout deux vont passer leur temps à folâtrer dans la nature, nager dans l'océan au son d'une musique totalement décalée signée Maurizio De Angelis qui mélange mélopée synthétique planante, rythmes tribaux et slow sirupeux, celui de Tanja Solvik, First love en l'occurrence.
La seule allusion au récit de la Bible sera la présence du vil et perfide serpent qui susurre à l'oreille d'Eve de croquer la fameuse pomme et commettre le péché de chair, ce qu'elle fera sans trop hésiter en offrant son corps à Adam sous un palmier. Le courroux de Dieu sera terrible, il chasse immédiatement le couple du Paradis. Les deux pêcheurs sont alors éjectés dans un désert rocailleux et sauvage rempli d'animaux féroces et d'hommes primitifs.
Dés lors le film se transforme en une espèce de remake de La Guerre du feu puisque la suite du récit se déroule dans une préhistoire truffée d'une cohorte d'oiseaux monstrueux et d'hommes des cavernes cannibales. Commence alors pour le premier couple de l'humanité une lutte sans merci pour survivre dans ce monde qu'ils apprennent lentement à connaitre. Au fil des saisons, ils organisent leur vie, découvrent le feu, la chasse, les vêtements ou plutôt les peaux de bêtes mais aussi la violence. Le chef d'une tribu enlèvera en effet la belle Eve afin qu'elle devienne sienne au grand mécontentement d'Adam.
Ceci est bien peu de chose à comparer des effroyables cannibales qu'ils devront ensuite affronter, une jolie occasion d'offrir au spectateur guilleret quelques scènes assez réussies tant au niveau de leur férocité que des effets spéciaux et autres maquillages assez convaincants et parfois même impressionnants notamment ceux des terribles tribus primitives.
Adamo ed Eva la prima storia d'amore nous réserve tout de même quelques scènes hilarantes (les hommes préhistoriques qui caressent avec frénésie le sexe d'Adam pour notre plus grand plaisir mais également celui de son interprète, Mark Gregory qu'on aurait bien aimé nous aussi caresser) ou particulièrement ratées (le faux ours que combat l'homme préhistorique, le ptérodactyle en plastique ou cette séquence entièrement copiée sur Les aventuriers de l'arche perdue où le couple biblique est poursuivi par un gros rocher en polystyrène qui déboule d'une caverne, une transparence aussi laide que médiocrement réalisée, sans parler des inévitables stock-shots d'explosions volcaniques et nuits de tempête).
Tout se terminera bien pourtant puisque Eve tombera finalement enceinte. D'Adam ou de l'homme des cavernes qui l'a kidnappé, mystère! C'est une nouvelle épreuve qui attend désormais Adam qui devra aider sa compagne à accoucher dans l'eau, dans la magnifique lagune, avant de tenir dans ses bras l'enfant. C'est sur cette très belle image, sur fond de soleil couchant, que se terminera ce voyage au coeur de nos origines.
Cet étrange film bâtard qui mêle différents thèmes est une bien belle et curieuse découverte. Adamo ed Eva, quasiment dénué de dialogue, les personnages ne trouvent en effet l'usage de la parole qu'en seconde partie de métrage, hésite souvent entre le comique involontaire et un certain sérieux sans pour autant trouver sa véritable voie. En résulte une oeuvre bizarre jamais réellement désagréable, parfois même très plaisante si ce n'est fascinante, qu'il est donc assez difficile de ne pas aimer. S'il est impossible de croire une seule seconde à ce scénario hallucinant, on se laisse cependant prendre facilement au jeu, admiratif devant ce fatras biblique où toutes les ères se mélangent sans vergogne.
La première partie traine un peu en longueur, les deux acteurs cabotinent et sont bien peu crédibles dans leur façon de découvrir la vie. Voir Adam être effrayé puis amusé par son reflet dans l'eau, apprendre à nager ou faire langoureusement l'amour à Eve derrière une feuille de palmier sous le regard très étonné d'une chouette sont de grands moments d'hilarité. Son principal intérêt reste la nudité intégrale de ses deux acteurs qui se promènent dans le plus simple appareil le long de la plage ou au coeur d'une nature luxuriante et multicolore censé représentée le Paradis originel, très certainement un magnifique jardin botanique où ont été lâchés pour l'occasion quelques lionceaux avec lesquels s'amuse Adam et le fameux serpent. Après qu'ils aient croqué la pomme et découvert les joies du sexe, Dieu déclenchera une terrible tempête puis un tremblement de terre. En quelques images et soubresauts, Adam et Eve sont projetés au milieu de sinistres montagnes. Les voilà sur Terre, chassés du jardin d'Eden et fort embarrassés par leur nudité qu'ils cacheront désormais avec non pas une feuille de vigne mais un mini pagne.
Commence alors la deuxième partie qui réserve quant à elle un peu plus d'émotions. Adamo ed Eva se transforme à cette occasion en un film d'aventures préhistoriques mâtiné de cannibalisme, un thème très en vogue alors dans le cinéma italien depuis l'avènement de Cannibal holocaust, qu'on pourrait facilement apparenter à I padroni del mondo de Alberto Cavallone. Le film prend doucement sa vitesse de croisière et se laisse sagement suivre, partagé entre curiosité, amusement et séduction. Les péripéties s'enchainent à la vitesse grand V, notre couple ne sachant plus où donner de la tête. Attaques de monstres et d'animaux dont un loup, enlèvement, combats féroces, fuites éperdues, rivalités amoureuses, lente découverte de la civilisation... sont ainsi au programme jusqu'à l'arrivée de l'hiver et de la neige puis la grossesse d'Eve.
On rira de bon coeur face à Adam qui étrangle un Pterosaurus à mains nues qui lui servira de nourriture ou qui lutte contre un faux ours quelque peu endormi. On sourira parfois face aux grimaces des hommes des cavernes qui grognent et grommèlent parfois à l'excès. On explosera de rire face à certaines incohérences monstrueuses (Adam fait quelques pas le long d'une rive, grimpe de quelques mètres sur une butte, se retourne et le voilà à 2000 mètres d'altitude!) mais on est en plein cinéma Bis, le plaisir est là et il est tel qu'on en redemanderait presque.
C'est Mark Gregory qui entre les deux volets des Guerriers du Bronx remplaça Miles O'Keefe et se glissa dans la peau du célèbre personnage biblique. Fidèle à lui même il est un Adam stoïque et amidonné à la mine boudeuse tandis que Eve est interprétée par une parfaite inconnue dont ce fut le seul rôle à l'écran, Andrea Goldman, qui n'est pas sans rappeler Sabrina Siani. Il est certain qu'on a un peu de mal à imaginer qu'Eve ait pu ressembler à une telle nymphette mais les protagonistes étant nus le quart du film, on ne pourra qu'être ravi. Voir en effet Mark Gregory, si on peut se permettre, en tenue d'Adam est une bien belle attraction même si on n'apercevra malheureusement pas réellement l'objet du désir ou si subrepticement lors d'un contre jour lointain permettant de constater que notre ancêtre à tous semblait être généreusement gâté par Dame Nature!
Aberration biblique, le film du tandem Doria / Russo est donc à voir comme une irrespectueuse curiosité d'un autre temps, une sorte d'OVNI très drôle qui aimerait de temps à autre se prendre au sérieux, une série fauchée sans prétention aucune aussi innocente que le monde pouvait l'être en ces temps obscurs. C'est quoiqu'il en soit un véritable bonheur d'une part pour tout amateur de cinéma Bis, aussi improbable que décalé, d'autre part pour tous les amoureux de Mark Gregory qui n'a jamais été aussi homo-érotisé. L'idée qu'il pourrait être notre ancêtre à tous à réellement de quoi émoustiller nos sens! Pourquoi se priverait on d'un tel plaisir surtout si on a la chance de mettre la main soit sur la vidéo italienne devenue aujourd'hui rarissime, soit sur un de ses nombreux passages télévisés sur les chaines italiennes ou espagnoles ou mieux le DVD russe avec O miracle une piste italienne (les voies de Dieu sont vraiment impénétrables) qui bénéficie d'une image absolument sublime.
Signalons qu'il existe deux montages du film. Selon la version visionnée, l'ouverture est quelque peu différente. Cela ne change cependant en rien le film.