» Catégorie : Les Dossiers du Petit Maniaco
Il serait faux de penser que l'univers du cinéma Bis et d'exploitation se résume uniquement à quelques styles bien précis de films. L'appellation générique Bis comprend en effet de nombreuses ramifications partant de ces principales catégories que peuvent être l'horreur, le fantastique, l'érotisme ou encore le polar et l'aventure. Particulièrement riche, le cinéma d'exploitation italien a vu naitre au fil du temps et des courants de mode de très nombreux sous-genres. L'amateur quelque peu perdu dans cette jungle d'appellations trouvera ici toutes les explications nécessaires pour mieux l'éclairer et le guider. Du giallo au poliziesco, du sexploitation au nazisploitation en passant par le nunsploitation, le mondo, le rape and revenge, le peplum érotique, le post-nuke ou les différentes sous-catégories de l'horreur, nous nous proposons de vous les faire découvrir en espérant ainsi vous faciliter la tâche lorsque vous souhaiterez classifier vos petites merveilles ou simplement leur donner un nom. C'est également ici que nous traiterons de biens d'autres genres de ce cinéma dit "autre", en visitant les univers fort riches en thèmes de l'Underground, du trash, du X sans oublier d'aborder les grands mythes du cinéma sans lesquels il ne serait plus vraiment ce qu'il est, ce pourquoi on l'apprécie ou vénère.


ceci n'enlève rien à l'atrocité des situations. Difficile d'oublier ces visages désespérés marqués par la peur et le dégout, ces regards perdus embués de larmes, ces jeunes filles et jeunes garçons dénudés qui espèrent échapper à la mort, sortir de l'enfer dans lequel on les a bien malgré eux plongé. Qu'ils soient victimes, collaborateurs, sodomisateurs appelés à l'origine fouteurs ou filles des hauts dignitaires (appelées filles-épouses puisqu'elles devront épouser leur père), tous autant qu'ils sont, ils restent de malheureux anonymes, un simple prénom, un visage, fantomatique? Cet anonymat fut souhaité par Pasolini puisque pour lui donner une âme à ces jeunes leur aurait conféré une personnalité à laquelle le spectateur aurait pu s'attacher. Dans l'optique du cinéaste cette quasi perte d'identité a pour but de rendre leurs souffrances encore plus douloureuses et insupportables.
Comme si l'atrocité de la fiction devenait une triste réalité ces jeunes comédiens pour la plupart non professionnels sont pour la majeure partie d'entre eux restés retranchés derrière ce même anonymat après la fin du tournage tant et si bien qu'ils sont longtemps demeurés une véritable énigme. Si certains ont connu par la suite une (très) brève carrière cinématographique, la plupart a pratiquement disparu comme évanouie dans le néant dés le rideau de l'enfer tombé. Si au fil des années certains nous ont malheureusement quitté la majeure partie a été retrouvée mais quelques uns parmi eux refusent de parler de cette 
expérience cinématographique qu'on peut qualifier d'unique, peut être honteux de ce passage devant la caméra pour un des films les plus dérangeants de l'histoire du cinéma italien. 
Graal. Certains y ont dévoué leur vie. Des années de travail parfois, de recherches méticuleuses, de recueils de témoignages pris ça et là qui se résumaient parfois à une simple phrase. De fil en aiguille les réponses sont au fil du temps lentement apparues même si parfois elles aussi se résumaient à d'infimes éléments. L'arrivée d'Internet fut décisive. Puis il y eut les premiers documentaires et autres témoignages filmés sur Salo, son tournage. Les visages commencèrent à perdre de leur anonymat, ces ombres prenaient corps et trouvaient soudain une identité cette fois bien réelle. L'aura de mystère s'estompait lentement jusqu'à ce que la lumière fuse enfin. Quatre décennies plus tard ceux qu'on
nomme les Enfants de Salo ne sont vraiment plus aujourd'hui une énigme du moins pour une bonne partie d'entre eux. 

certains personnages, certaines séquences. Scènes disparues, scènes non intégrées, scènes coupées, bobines volées voilà quelques explications à ces énigmes. Grâce à des documentaires aussi précis qu'exceptionnels que Pasolini prossimo nostro, La voce di Pasolini et le récent Il laboratorio dell'inferno, des témoignages de ceux qui accompagnèrent Pasolini (Gideon Bachman, Roberto Chiesi...) sur le tournage, de documents précieux comme les scenarii d'origine et ces trésors inestimables que sont les fabuleux clichés et travaux de Fabian Cevallos et Deborah Baar la photographe de plateau on a enfin pu reconstituer la quasi intégralité du film y compris celle des cercles des tortures finales tel qu'il se présentait à l'origine et répondre aux questions que posait le film, résoudre la majeure partie de ses mystères. Ce chapitre est aussi le fruit d'une fructueuse collaboration. Il
n'aurait en effet pas été ce qu'il est sans l'aide aussi précieuse que
méticuleuse de Messieurs Tristan Bayou-Carjuzaa, son travail de
recherches et de 
reconstitution, et Benjamin Berget auteur du tout
récent et particulièrement fouillé 
comédiens, victimes, collaborateurs, fouteurs et filles/épouses, avant d'être immergé au coeur même du tournage afin de mettre en lumière tant l'ambiance qu'il régnait sur le plateau que hors caméra, dans les auberges où résidaient la troupe, de révéler les romances qui virent le jour, les coucheries mais aussi les différends, le coté léger presque paradisiaque parfois d'un film qui à l'écran ressemble à l'enfer. 


messieurs. Elles sont également là pour apprendre aux victimes à obéir donc survivre en tentant de leur inculquer ce qu'elles mêmes à leur âge ont du subir. Si on suit le cours du roman de Sade les narratrices sont certes des êtres infâmes et obscènes mais elles sont aussi dans la vie des institutrices habituées donc à enseigner la discipline et les règles, des femmes qui, enfants, ont connu ce que les jeunes victimes de Salo vont connaitre à leur tour: la dégradation, l'humiliation, la perversion. Elles ont survécu, elles ont su s'adapter comme elles vont ici s'adapter aux règles des quatre seigneurs.
crédibles ces personnages monstrueux il fallait à Pasolini de grands acteurs et dramaturges dont l'érudition n'avait d'égal que le talent, des comédiens de grande classe pouvant interpréter avec force et conviction ces rôles. C'est ainsi qu'il choisit des noms aussi prestigieux que Paolo Bonacelli, l'élégante Caterina Boratto, l'académicienne Hélène Surgère et la raffinée Elsa De Giorgi, une amie proche, mais aussi des novices recrutés dans son entourage personnel, Uberto Paolo Quintavalle et Giorgio Cataldi. Tant le talent de ces comédiens d'exception que le naturel des jeunes acteurs font la force et l'intensité inégalée du film. Après 






relation toxique tant professionnelle qu'amoureuse. Pour se faire Fuembuena a travaillé onze ans sur ce livre. Il a interrogé la famille, les amis, les proches de Manzano, enquêté et effectué un travail de fourmi. Onze ans de labeur pour retracer l'histoire de José Luis et Eloy De La Iglesia dans l'Espagne d'hier, l'histoire d'un amour fou, d'une symbiose, d'une amitié, d'une complicité mais aussi celle d'une passion, d'une dévotion au cinéma sur fond de prostitution et de drogues. Cette histoire est en effet celle aussi de deux toxico-dépendants et de leur douleur, deux âmes qui tentent désespérément de survivre. Le livre fut publié en 2021 puis par la suite adapté pour la télévision espagnole, une série en ayant été tirée quelques mois plus tard. 


bien des années. Oui mais voilà! Mark Gregory est bien plus qu'un acteur. Ce géant aux pieds d'argile est devenu au fil du temps une véritable légende, un mythe, un phénomène de culte autour duquel gravite une multitude de mystères qui l'ont rendu encore plus fascinant. Mais au delà du mythe Mark c'est surtout et avant tout deux choses qui ont fait de lui quelqu'un d'un peu à part dans l'univers du Bis transalpin: d'une part un parcours aussi étonnant que tragique qui n'a été découvert que très récemment, le symbole d'une beauté singulière à la sexualité ambigüe qui pouvait plaire tant aux hommes qu'aux femmes d'autre part. Est-ce surprenant donc si Mark jouit depuis très longtemps d'une immense popularité auprès de la communauté gay, d'autant plus populaire qu'à travers les films qu'il a interprété il montrait que l'ambivalence sexuelle n'était pas incompatible avec des rôles à la base machistes. Voilà bien toute la singularité du personnage, la raison pour laquelle lui consacrer un dossier hommage tout en lui tirant notre révérence tout juste dix ans jour pour jour après sa mort était plus qu'une évidence même si sa disparition a été révélée il y a maintenant un peu plus d'un an. Il n'est jamais trop tard pour les gens qu'on aime.

Si le cinéma hardcore aura ses metteurs en scène attitrés il aura aussi ses stars et starlettes, diva et divo de la première heure dont le règne variera de quelques mois à quelques années. Ce nouveau dossier du Maniaco vous propose de retracer rapidement l'histoire du porno transalpin mais il va avant mettre en lumière tout ceux et celles qui en furent les pionniers, les principaux acteurs et lui donnèrent ses lettres de noblesse. Et seul Eros sait s'il est parfois très difficile de mettre un nom sur un visage et vice et versa. Nous tenterons également de vous faire découvrir qui ils étaient réellement, quel fut leur destin et ce qu'ils sont aujourd'hui devenus pour ceux du moins qui n'ont pas préféré disparaitre pour commencer une toute nouvelle vie après cette brûlante période de gloire plus ou moins éphémère. 




avant de reprendre de plus belle dès le début des années 50 grâce à l'arrivée d'une nouvelle vague de réalosateurs dont entre autres Antonioni, Risi, Comencini, Lattuada... Le peplum revint alors en force dés 1957 poussé notamment par les succès mondiaux de productions hollywoodiennes telles que Ben Hur, Les 10 commandements et Spartacus. Arriva en premier Hercule sous les traits de Steve Reeves suivi de toute une pléiade de colosses puis de tant d'autres, Maciste en tête. Après huit ans de gloire et une jolie brochette de comédiens au physique de culturiste qui lui donna ses lettres de noblesse, le genre, supplanté par la lente arrivée du western-spaghetti, s'éteignit définitivement en 1965 avec La sfida dei giganti de Maurizio Lucidi après nous avoir laissé bon nombre de chefs d'oeuvres voire de brillantes fresques parmi un nombre assez impressionnant de films. Le revival du genre gentiment appelé Sword'n'sandal se plaça sous le signe de l'érotisme, un des éléments moteur du cinéma d'exploitation d'alors d'où également cette dénomination de néo peplum érotique.
C'est ainsi que les turpitudes de Caligula, Néron et autres Messaline allaient le temps de quelques saisons faire les beaux jours des scénaristes plagiaires et de réalisateurs friands de films croustillants dont le dénominateur commun était le plus souvent leur indigence. Entre la décadence de l'Empire romain et les nouveaux barbares huilés à l'épée légère inspirés par Conan, la mythologie se forgea elle aussi une petite place parmi tous ces films. Les dieux non pas de l'Olympe mais de Cinecittà en profitèrent pour remettre au goût du jour ces fameuses légendes sans respecter le plus souvent leurs origines tout en créant des héros, Gunan, Sangraal, Thor, Ator, incarnés par une nouvelle génération de comédiens à la stature colossale, Pietro Torrisi, 





