Il mondo dei sensi di Emy Wong
Autres titres: L'éveil des sens d'Emy Wong / Frissons asiatiques / Emanuelle gialla / Emmanuelle in the Orient / Hong Kong Emanuelle / Lady of the Rising Sun / The Kingdom of Eroticism / Yellow Emanuelle/ Sargä Emanuella
Real: Bitto Albertini
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Drame / Erotique
Durée: 106mn
Acteurs: Chai Lee, Giuseppe Pambieri, Ilona Staller, Claudio Giorgi, Rik Battaglia...
Résumé: Pilote sur la ligne Londres-Hong Kong, George après avoir été frappé violemment lors d'une rixe se retrouve à l'hôpital. Il fait la connaissance du Dr Emy Wong et en tombe de suite éperdument amoureux. Si la jeune femme est très attachée à sa culture, elle se laisse pourtant séduire. Ils décident de se marier à sa prochaine escale à Hong-Kong. Mais la secrétaire de George, jalouse, intercepte les lettres que Emy envoie à George et lui confesse qu'il va épouser une belle australienne. Pensant qu'il l'a abandonné, déshonorée, Emy démissionne, tente de se suicider puis se fait violer avant de décider de se prostituer. George parvient à la retrouver mais il ignore encore qu'il est atteint d'une maladie incurable...
Créateur de la plus que mondialement célèbre Black Emanuelle, Bitto Albertini ouvrit de façon fort distrayante cette longue saga en 1975 avec Emanuelle nera / Black Emanuelle en Afrique puis signa deux autres volets beaucoup moins réussis, Emanuelle nera 2 de triste mémoire et cet avatar asiatique Il mondo dei sensi di Emy Wong connu chez nous sous le titre L'éveil des sens d'Emy Wong.
A notre irrésistible et toujours aussi fascinante Black Emanuelle répond donc ici une Yellow Emanuelle, qui est aussi le titre international du film, qui contrairement à ce que laisse présager le titre risque fortement de très vite lasser le spectateur dont les sens à l'inverse de ceux de l'héroïne n'ont guère de chance de se réveiller.
Si L'éveil des sens d'Emy Wong se veut un mélodrame érotique puissant et larmoyant ne subsiste au final qu'une petite série érotique soporifique et souvent involontairement drôle dont la platitude n'a d'égal que le ridicule de la mise en scène. Entre Love story version nippone et Le monde de Susie Wong de Richard Quine, le film de Albertini sombre vite dans le roman-photo pâlot où deux cultures s'affrontent, la notre à travers ce pilote anglais et la culture asiatique qu'incarne le Docteur Emy Wong, jeune femme promise dés l'enfance à un
inconnu mais qui tombe éperdument amoureuse de cet anglais. Sur fond d'images aussi romantiques que dépaysantes, on suit donc la tragique destinée de cette femme apparemment solide et cultivée, bien ancrée dans ses racines mais qui par la faute d'un simple homme va perdre pied puis simplement tout perdre. Etrange mais pour Albertini une femme reste une femme et elle n'a d'autre choix que de se marier ou de se prostituer. A ce stade, soit toute la partie finale du film, on croit le plus souvent rêver.
Les événements dans la vie d'Emy défilent à l'écran à la vitesse grand V. Elle démissionne, tente de se suicider puis se fait violer pour finir dans une maison close où elle apprend à se prostituer pour finalement retrouver son beau pilote malheureusement atteint d'une maladie incurable qu'elle épousera avant qu'il meurt durant leur nuit de noces. Emy se fera hara-kiri sur son cadavre, unis à jamais par la mort!
Devant un tel acharnement on devrait voir une larme perler au coin de l'oeil du spectateur hilare car c'est bien hilare qu'il affrontera cette deuxième partie. Comment croire une seule seconde à cette histoire mise en scène comme un insipide soap brésilien où tout prête à pouffer. Certaines séquences atteignent des sommets d'absurdité (la tentative de suicide
suivi du viol d'Emy puis son apprentissage du kamasutra sous l'oeil sévère de la Madame Claude locale, la découverte de la maladie du pilote) appuyée par des dialogues sidérants qu'on croirait empruntés à une mauvaise série Z.
La première partie du film n'est guère plus sérieuse puisqu'elle consiste à une longue visite touristique de Hong-Kong parsemés de scènes érotiques qu'on ne doit pas et c'est un comble à notre Emanuelle jaune mais à la secrétaire du pilote, une véritable garce qu'interprète une Ilona Staller pré-Cicciolina. C'est à elle que reviennent en effet les scènes les plus chaudes du film, Ilona totalement désinhibée et toujours aussi solaire.
Et l'érotisme n'est pas réellement le point fort de ce Yellow Emanuelle tant il demeure timide et sommaire. Que penser de la bien transparente Chai Lee qui semble tout simplement ne pas exister, incapable de faire poindre la moindre émotion. Chai Lee, starlette anonyme vue la plupart du temps en tant que figurante dans de nombreuses petites et grosses productions (Queen Kong, Rien que pour vos yeux, la série Cosmos 1999...) avant une carrière vouée essentiellement à la télévision est une Emy Wong fadasse, jamais réellement sensuelle encore moins fantasmatique, souvent gauche dont le jeu est d'une attristante platitude.
Quant à son amoureux transi, bellâtre moustachu et allègre mais surtout bêta, Giuseppe Pambieri, il semble avoir confondu mélodrame et comédie jusqu'au point d'en devenir irritant.
Restent au crédit de L'éveil des sens d'Emy Wong les somptueux paysages de Hong Kong, la présence lumineuse de Ilona Staller et la magnifique partition musicale signée une fois de plus Nico Fidenco.
Par chance, Albertini n'est pas allé plus loin que ce troisième volet qui s'il fait pleurer ce ne sera pas de tristesse mais de rire. Tel n'était malheureusement pas l'objectif de départ!
On retiendra surtout la morale du film: Toute femme aussi cultivée soit elle, quelque soit son degré d'étude est vouée au trottoir si elle ne se marie pas! Cela n'est il pas extraordinaire...