Mondo senza veli
Autres titres: Mondo fresh / World without veils
Real: Bitto Albertini
Année: 1985
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 87mn
Acteurs:
Résumé: Le réalisateur nous invite à un petit tour du monde afin de nous y faire découvrir d'étonnantes coutumes ancestrales et autres rites tribaux mais également quelques curiosités sexuelles et autres étranges cérémonies religieuses alors que la mort peut frapper à tout instant...
Alors que le mondo tire lentement sa révérence depuis déjà quelques années, cédant sa place au shockumentary qui allait faire les beaux jours des vidéos club dés le milieu des années 80 avec des titres tels que Faces of death, le genre connait un ultime sursaut grâce à Bitto Albertini qui nous en offre dés 1984 sa vision du genre à travers trois films: Nudo e crudele / Mondo flash au titre fort alléchant puis Nudo e crudele 2 et enfin ce Mondo senza veli, une façon plus élaborée de dire une fois de plus "Nudo".
Albertini, médiocre réalisateur à qui on doit entre autres les deux premiers volets de la saga des Black Emanuelle, Black Emanuelle en Afrique et le soporifique Emanuelle nera 2 puis une Yellow Emanuelle bien mollassonne, suit de nouveau à la lettre la recette type du mondo et nous entraine essentiellement en Afrique et en Orient afin de nous y faire découvrir la cruauté du monde dans lequel nous vivons ou plutôt la violence de ces peuples dit primitifs qui comme le précisait le titre de ces deux précédents opus vivent nus, pointant plus particulièrement du doigt le continent noir et l'Asie. Malheureusement par manque de moyens d'une part et par son incapacité d'autre part, Albertini nous offre ici un mondo décousu sans réel fil conducteur où les séquences s'enchainent sans aucune réelle logique ou cohérence. Mondo senza veli se présente donc sous la forme d'une sorte de collage
hétéroclite qui rassemble tout un tas de séquences dont le but est d'horrifier le spectateur tout en satisfaisant sa soif de voyeurisme, principal objectif du mondo. Il fera cette fois plutôt grise mine puisque Mondo senza veli fera beaucoup plus rire ou sourire que donner la nausée tant le ton est cette fois bon enfant, plus humoristique que horrifique contrairement à Nudo e crudele qui tentait de poursuivre sur la lancée des classiques du mondo africain hier. On en tient pour preuve cette séance d'acupuncture qui sous les yeux ébahis de l'infirmière et du patient donne une érection à un malheureux impuissant, la serviette cachant son sexe se transformant lentement en un véritable chapiteau! Le film tout entier est à cette image, celle du grosse farce qui prend des airs de pseudo reportage renforcée par les commentaires tout particulièrement idiots d'un narrateur qui ne se prend pas une seule seconde au sérieux. Mondo senza veli ressemble vite à un grand bêtisier auquel ne manque que les applaudissements pré-enregistrés d'un faux public.
Ainsi croise t-on au fil des séquences, rassemblés pêle-mêle, un dresseur d'alligators, un bordel africain où un homme choisi la plus grosse putain, une femme obèse que n'aurait pas renié John Waters, une séance de photos où deux stupides nymphettes tout en couettes se font des bisous sous l'oeil d'un photographe folasse tout excité, un concours où des hommes doivent uriner côte à côte en visant une cible épinglée au mur sous le regard étincelant d'un juge féminin, un Benny Hill moustachu tout en muscles doit porter sur ses épaules la plus lourde des charges sans jamais la faire tomber à moins de passer pour un idiot, un homme se promène porté par la trompe d'un éléphant... Bien peu percutante est cette cérémonie religieuse durant laquelle une gentille séance de suspension est organisée tandis que danse mollement une vieille femme qui s'est transpercée la bouche avec une aiguille tout comme cette partie de football entre enfants cul de jatte ou cette reconstitution du chemin de croix du Christ où le malheureux interprétant Jésus est dit-on réellement fouetté. Aussi peu convaincante est la scène où de jeunes africains sont cravachés afin de prouver leur résistance à la souffrance. Le plus endurant sera choisi par une fille de la tribu qui l'épousera.
Afin de donner un peu de piquant à l'ensemble, Albertini nous gratifie tout de même de quelques moments croustillants dont un qui reste le clou du film. Sur ordre du sultan, un pauvre homme est condamné à être empalé vivant en public. Accroupi, le derrière offert, le bourreau lui enfonce doucement un pieu bien lubrifié dans l'anus qui s'enfoncera dans son intestin pour mieux ressortir par la nuque. Mis ensuite en position verticale, il agonisera ainsi. Voilà une séquence totalement fabriquée comme le film tout entier qui rappellera à certains Cannibal holocaust et Caligula la véritable histoire que Albertini a magnifiquement su reprendre. On retiendra aussi la mort d'un chameau, tombé d'épuisement et de vieillesse, le petit festin cannibale suggéré d'un nouveau chef de tribu qui vient de dévoré le coeur de son père décédé tandis que dansent de fausses indigènes nues, une séance de roulette russe qui se terminera très mal pour le dernier participant. Faute de moyens, tournant à l'économie, Albertini pour notre plus grande peine nous fera juste entendre la détonation comme il nous fera seulement entendre les cris d'agonie d'un reporter censé être entré dans une cabane infestée de serpents vénéneux hautement mortels.
Si Nudo e crudele, un des rares mondo italien à avoir été jadis édité sous nos cieux en vidéo sous le titre Mondo flash, était encore un bel exemple de mondo, ce troisième opus de Albertini est une véritable catastrophe d'une abyssale bêtise surtout lorsqu'on a encore à l'esprit certaines séquences de Nudo e crudele. Citons pour mémoire le ranger mis en pièces par un caïman sous l'oeil impassible de témoins, le défilé d'indigènes dotés d'un (faux) pénis de 50cm (l'un d'entre eux se lamente d'avoir un sexe de 30 cm), un missionnaire est dévoré par des cannibales après leur avoir donné un cours de religion, un jeune roi nouvellement élu mange le coeur de son père fraichement décédé tandis que dansent tout un essaim de jeunes filles nues, la stupéfiante castration d'un violeur devant sa victime, une opération de changement de sexe particulièrement détaillée, un plat de spaghettis de serpents fraichement tués qu'avalent quelques téméraires gourmets...
Mondo senza veli connu également sous le titre Mondo fresh s'avère vite être une fulgurante escroquerie mal fabriquée du début à la fin dans laquelle se perdent quelques images documentaires qui donnent au tout un minuscule air de vérité. Le film de Albertini, résolument comique, ne s'élève jamais plus haut que tous ces mondo qui fleurissaient à la fin des années 60, inoffensifs, absurdes, démodés avant l'heure. Inutile de dire que l'amateur de violences complaisantes et de cruauté tant animale qu'humaine sera profondément déçu. Il pourra passer son tour et revoir les films des frères Castiglioni ou la trilogie des "Savage" du tandem Morra-Climati pour satisfaire son inextinctible soif de barbarie et autres perversions. On se souviendra surtout de la très bonne partition musicale certes recyclée et de l'utilisation très amusante de l'extravagante chanson "Supersonic man" en guise de générique d'ouverture et de fin.
Mondo senza veli est bel et bien le triste chant du cygne du genre. Signalons que derrière une des éditions vidéo françaises de Mondo flash / Nudo e crudele se cache en fait ce Mondo senza veli. Le novice sera donc attentif afin de ne pas être induit en erreur.