Emanuelle in America
Autres titres: Emanuelle en Amérique / Les dépravés / Les dépravés sexuels / Black Emanuelle in America / Brutal nights
Réal: Joe D'Amato
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 100mn
Acteurs: Laura Gemser, Gabriele Tinti, Paola Senatore, Lorraine De Selle, Roger Browne, Riccardo Salvino, Marina Frajese, Giulio Bianchi, Maria Pia Regoli, Carlo Foschi, Efrem Appel, Mathilde Dell'Aglio...
Résumé: Emanuelle est invitée au harem d'un traffiquant d'armes en Californie où elle va y découvrir bien des perversions sexuelles. Elle y rencontre un aristocrate italien qui l'emmène à Venise afin de la faire participer à une orgie avec sa femme. De retour aux USA, elle s'infiltre dans un club bien spécial où des femmes servent d'esclaves sexuelles à de riches étalons. Elle y découvre avec effroi qu'on les torture et les tue également. Leurs sévices et leur agonie sont filmés. Elle parvient à s'enfuir du club et décide de faire arrêter le responsable de ces horreurs. Malheureusement pour Emanuelle, le responsable n'est autre qu'un puissant sénateur. Découverte, elle est droguée et envoyée en Amérique du sud où elle est témoin du tournage d'un de ces abominables films...
Black Emanuelle en Amérique est certainement l'un des plus réputés des films de la longue série des Emanuelle et certainement l'un des meilleurs également. Le personnage d'Emanuelle, jeune reporter-photographe qui parcourt le monde, fut crée à la suite du triomphe du film de Just Jaeckin. L'Italie a toujours aimé reprendre et voguer avec plus ou moins de talent sur les grands succès du box office international et Emmanuelle ne pouvait laisser nos amis transalpins de glace. Bitto Albertini avait en 1975 ouvert les réjouissances avec son intéressant et plutôt amusant safari-photo qu'était Emanuelle nera / Emanuelle en Afrique où pour la première fois la sculpturale Laura Gemser incarnait ce personnage qui l'immortalisera.
A l'érotisme plutôt froid et guindé d'Emmanuelle version Sylvia Kristel, tant Albertini que D'Amato lui préferèrent un climat plus torride et surtout sulfureux en totale osmose avec la libération sexuelle des années 70. Laura Gemser ne sera pas étrangère à l'engouement que connaitra la série à travers le monde. Elle incarne en effet à merveille cette libération des moeurs et apporte à la série cette chaleur et cet exotisme propre à l'exaltation des sens, au rêve et aux voyages, cette part de fantasme qui faisait trop défaut au film de Jaeckin. Emanuelle in America, deuxième film de la série tournée par D'Amato, connu aussi sous le titre de Les Dépravés / Les dépravés sexuels est certainement le plus fameux et le plus réussi de la série. De Venise à Washington en passant par une île perdue au milieu des tropiques, Joe D'Amato nous offre un beau voyage à travers le monde en suivant les enquêtes d'Emanuelle qui cette fois s'infiltre dans les hauts milieux de la bourgeoisie et de la politique pour en percer les scabreux secrets.
Agréablement filmé et mis en scène, Emanuelle en Amérique bénéficie surtout de superbes séquences érotiques qui enchanteront les amateurs du genre. Les scènes saphiques sont d'un grand raffinement et démontrent si cela était encore à prouver quel grand directeur de la photographie était D'Amato. La longue séquence dans le sauna entre Laura Gemser et Lorraine De Selle ou les ébats de Paola Senatore et d'Emanuelle resteront sans nul doute parmi les plus beaux moments du film.
La trés belle partition musicale signée Nino Fidenco dont la pièce maîtresse est ici la chanson du générique apporte un aspect suave et une sensibilité exacerbée à l'ensemble.
S'il est tout à fait cohérent dans son scénario et qu'il est interprété avec conviction, le succès toujours aussi grand du film aujourd'hui est principalement dû à certaines séquences passées désormais à la postérité mais qui en leur temps provoquèrent non seulement un véritable tollé mais le massacre ddu film amputé alors de nombreux passages. On y retrouve les éléments propres lau cinéma d'exploitation italien d'alors, ses exagérations visuelles et ses étalages de perversions de toutes sortes, ici la zoophilie, qui firent notamment la réputation de D'Amato. La longue masturbation de l'étalon par une jeune femme devant les regards excités des convives fait entre autres partie de celles ci. Quelque peu inutile et gratuite, elle prouvait déjà en son temps l'attirance et la fascination qu'exerçaient les perversions sexuelles sur le réalisateur comme cette même fascination pour le malsain, le morbide et la violence. En ce sens, les fausses séquences snuff, ces scènes de tortures censées être prises sur le vif et tournées en super 8, dérangeantes et particulièrement odieuses d'Emanuelle en Amérique en sont la preuve évidente.
Sans temps mort ni longueur, il faut ajouter également au crédit du film le fait que son réalisateur n'ai pas cédé au tics faciles du travelogue.
S'il est un des films qu'il fallait retenir parmi la longue série des Emanuelle, celui ci en fait partie, avec l'excellent Emanuelle autour du monde / Emanuelle, perche violenza alle donne? que Joe D'Amato réalisera l'année suivante.