Guia Lauri Filzi: reine mère du hardcore italien!
Un nom étrange comme venu d'ailleurs qu'il est bien difficile d'oublier, un nom de scène dont l'orthographe se transformait au gré des oeuvres dans lesquelles elle tournait, soit quasiment une soixantaine en l'espace de dix ans de carrière durant laquelle elle fut avec Marina Frajeseune des pionnières du cinéma hardcore transalpin. Menue, le visage sévère, une chevelure noir corbeau en totale adéquation avec son regard sauvage, le sourire carnassier, de petits seins et un fessier plutôt flasque loin très loin des critères des bombes à fantasmes, antithèse de la blonde Marina Frajese, douce et laiteuse, avec qui elle partagea souvent l'affiche, rien ne la prédestinait à devenir une des reines mères du X transalpin. Pénétrons sans plus tarder les coulisses roses du cinéma hardcore et soulevons avec pudeur le drap afin de faire plus ample connaissance avec la reine Guia ou plus exactement Guia Lauri Filzi.
D'origine argentine mais d'adoption italienne, issue de la haute bourgeoisie romaine, Guia Lauri Filzi est née le 28 juillet 1943 à Cervia en Emilie-Romagne. Epouse d'un des plus importants avocats de l'INPS de Rome dont elle finira par divorcer, Guia passa une partie de son enfance à l'Est puis une partie de sa jeunesse à voyager. Ex-hôtesse de l'air, mère d'une petite fille, Guia commence sa carrière à la télévision en participant à quelques programmes avant de tenter sa chance au cinéma. Après une apparition en 1975 dans La donna della domenica de Luigi Comencini et Noi siamo come le luciole de Giorgio Berruti Bruno Mattei lui ouvre le premier les portes du cinéma de genre en lui offrant un très court rôle non crédité dans KZ9 camp d'extermination. Sa participation est brève mais particulièrement marquante puisque Guia parfois créditée Guja ou Guya interprétait une des deux prostituées à qui les SS ordonnaient de faire l'amour à un cadavre afin de lui redonner vie. Cette même année on
la voit brièvement toujours dans la peau d'une prostituée dans Il trucido e lo sbirro / La mort en sursis et Roma a mano armata tout deux de Umberto Lenzi la même année. On l'aperçoit également dans les fameuses scènes snuff de Black Emanuelle en Amérique de Joe D'Amato. Guia apparaitra ainsi dans une bonne dizaine de films la plupart du temps non créditée comme simple figurante dont notamment Provincia violenta de Mario Bianchi.
De l'érotisme à la pornographie il n'y a bien souvent qu'un pas que celle qu'on surnommera à juste titre la tigresse franchira dés 1977. Cette année là, Guia apparait au générique de deux sexy comédies osées, Peccati di una giovane moglie di campagna d'Alfredo Rizzo pour lequel elle tourne ses premières scènes hardcore (insérées dans la version hard destinée au marché étranger) et Les folles nuits de Caligula, dans lesquelles elle tient un petit rôle. On la voit ensuite aux cotés d'Al Cliver dans No alla violenza de Tano Cimarosa.
Totalement désinhibée, Guia fait définitivement son entrée dans l'univers du hardcore en 1979 avec Daniela mini slip de Sergio Bergonzelli où entre deux scènes en solo ou en groupe elle se fait joyeusement donner la fessée. Si on excepte La zia svedese, une comédie polissonne osée de Mario Siciliano également tournée en version hardcore où elle joue la mère bigote et sexuellement coincée du jeune héros joué par Peter Thompson alias Giovanni Tamberi Guia ne quittera plus le monde du X et va enchaîner films sur films, une soixantaine en tout en pratiquement dix ans sans compter les films dans lesquels elle fut la doublure de certaines de ses consoeurs plus prudes telle Pauline Teutscher. Guia avoue
quant à elle n'avoir jamais voulu être doublée. Du moment où elle acceptait un rôle, que tout était clair entre elle et le réalisateur elle ne voyait aucune raison de tricher.
Hormis La locanda della maladolescenza où elle joue une bourgeoise putain et masquée et Dolce gola, deux drames contenant de longues scènes auxquelles elle participe, Guia va très vite devenir un nom incontournable du "cinéma a luce rosse" tant en simple figurante, second rôle ou protagoniste principale. Insatiable, Guia ne recule devant aucune audace jouant autant avec ses partenaires, hommes ou femmes, qu'avec toute une panoplie d'accessoires mise à sa disposition. Légumes, fruits, nourriture (on se souviendra longtemps de la confiture de myrtille dans Fashion movies / Le maniaque aux petites filles, le concombre dans Bathman, la banane dans Dolce gola et même les chiens n'ont ainsi pour Guia plus aucun secret.
Elle tournera notamment beaucoup pour Joe D'Amato (Labbre bagnate, Labbre vogliose), Mario Bianchi ( Chiamate 6969 taxi per signora, La dottoressa di campagna) et surtout Mario Siciliano ( Erotic family avec Karin Well, Porno lui erotico lei, Sesso allegro, Orgasmo esotico, Attenti a quelle due ninfomani...).
Si certains de ses partenaires à l'écran et des réalisateurs pour qui il tourna gardent d'elle le souvenir d'une femme aimable, éduquée, très disponible Mark Shanon de son coté garde d'elle un souvenir mitigé. Si bien souvent il eut des aventures hors caméra avec les actrices que les réalisateurs jetaient au fil des scénarii dans ses bras, il ne s'est jamais rien passé entre Guia et lui. Si Mark ne l'appréciait guère dans le privé et la trouvait vulgaire, il ne prenait également aucun plaisir à travailler avec elle même si elle était fort sympathique. Il n'avait aucune réelle attirance physique pour Guia mais il détestait plus particulièrement ses bijoux et piercings, certains ornant son intimité, dont elle ne se débarrassait jamais.
Parmi les nombreux films qu'elle tourna citons encore pour mémoire Si lo voglio, Erotico 2000, Un brividio di piacere de Angelo Pannaccio, Les petites sauteuses en vacances, La provinciale a lezione di sesso de Bruno Mattei, Dolce calda Lisa, Candide et perverse / La gouvernante et Une belle carrosserie de Alain Payet, Parties de plaisirs pour Paola, Angela et ses amies avec Catherine Ringer, Trio lubriques et folles partouzes et Bath-man dal pianeta eros d'Antonio D'Agostino dans lequel elle inaugure la première double pénétration du hardcore italien en compagnie de Paolo Gramignano et Giuseppe Curia, La doppia bocca di Erika, Porcellini e porcelline ou encore l'énigmatique Corpi nudi avec Femi Benussi en pleine déchéance dont ce fut le triste chant du cygne même si elle n'apparait dans aucune séquence hardcore.
Alors que le cinéma hardcore italien est en net déclin, Guia va se refaire une jeunesse en Grèce comme beaucoup de ses consoeurs où elle tournera encore quelques films. Elle apparait notamment dans I caldi peccati dans lequel pour la première fois de sa carrière (hormis sa double pénétration dans Bath-man) elle se fait réellement sodomiser comme elle le sera également dans la coproduction chyprio-grecque Voglia di.. / Party me ouza . Mais l'horloge interne tourne, le temps passe et Guia n'est plus de toute fraîcheur. Elle ne peut plus rivaliser avec les nouvelles stars du genre. C'est en 1988 qu'elle mit donc un terme à son règne avec le film de Mario Siciliano co-réalisé avec l'allemand Wolfgang Jarschke Verena la furia del sesso/ Verena un Wollust. A l'aube de la quarantaine, Guia quitte la scène et s'intègre à la haute bourgeoisie romaine. Elle a par la suite aidé une amie à gérer son magasin de vêtements féminins avant d'ouvrir son propre négoce d'objets d'antiquité. Guia travailla également aux services des relations publiques de la célèbre maison d'édition Mondatori puis pour la Treccani sans pourtant jamais renier son passé de porn diva. Guia est aujourd'hui satisfaite de son parcours qu'elle ne regrette en rien même si elle confesse qu'il est normal pour une actrice d'aspirer à faire des choses plus ambitieuses.
Mais Guia est loin de se lamenter car elle gagnait très bien sa vie, les salaires souvent généreux pour l'époque variant du simple au double selon l'importance du rôle plus le forfait qui s'y ajoutait s'il s'agissait d'un personnage principal. Vu son statut social, Guia n'a jamais fait cela par nécessité comme nombre de ses consoeurs mais simplement car elle aimait le sexe. Certains ou certaines qui l'ont cponnu disaient d'elles comme Elisabeth Thulin, compagne et muse de Angelo Pannaccio, qu'elle était une véritable mante. De son coté l'intéressée disait simplement que c'était un travail comme un autre pour lequel elle était fort bien payée et qui lui a rapporté beaucoup de satisfaction.
Guia a aujourd'hui tiré définitivement un trait sur son passé d'actrice X qu'elle considère être une parenthèse dans sa vie. Elle n'a jamais revu les films qu'elle a tourné, a coupé tout lien avec ses anciens partenaires de travail et refuse catégoriquement de revenir sur son passé d'actrice X comme elle refuse toute interview. La dernière qu'elle donna fut par téléphone en 2006.
Guia restera aux cotés de quelques autres noms tels que Marina Frajese, Laura Levi, Sabrina Mastrolorenzi, Sonia Bennett, Sandy Samuel... une des têtes de proue de la grande famille du cinéma hardcore italien, une de ces porn-divettes qu'engendra dés la fin des années 70 et ce jusqu'à la fin des années 80 la naissance du cinéma porno de l'autre coté des Alpes pour la plus grande joie des amateurs qui aujourd'hui encore les vénèrent. Gageons que Guia eut également ses admirateurs.