The act of seeing with his own one's eyes
Autres titres:
Real: Stan Brakhage
Année: 1971
Origine: USA
Genre: Shockumentary
Durée: 32mn
Acteurs:
Résumé: Le réalisateur nous emmène au coeur d'un centre d'autopsie afin de faire assister sans détour à l'étude et examen de différents cadavres des deux sexes décédés suite à la maladie ou de morts violentes...
Parmi les réalisateurs de l'extrême, Stan Brakhage peut facilement être considéré comme un des pères fondamentaux d'un certain cinéma expérimental américain. Fasciné par la naissance et la mort de l'être humain, il réalisa un nombre impressionnant de métrages particulièrement morbides tous traitant de la destruction, de la mort, des terreurs notamment enfantines et l'évolution du corps. En 1971, avec Eyes, Deus Ex et The Act of seeing with one's own eyes, il filme les trois institutions du contrôle des corps: la police, l'hôpital et la morgue. Ce triptyque est connu sous le nom de The Pittsburgh documents.
The act of seeing with his own one's eyes, le plus connu ou plutôt le plus tristement réputé des trois, est un voyage macabre au coeur même d'un centre d'autopsie, celui d'Allegheny, qui pour les besoins du film a ouvert ses portes à la caméra du réalisateur. Devenu une oeuvre culte dans tout un milieu underground depuis plus de trente ans aujourd'hui, très recherché par les amateurs de shockumentary, The act of seeing with his own one's eyes est un documentaire foudroyant sur quelques cas d'autopsie de cadavres de différentes races et différents sexe que les pathologistes examinent, ouvrent et dissèquent face à l'oeil implacable de la caméra. S'ensuit toute une série d'images aux limites du supportable que les plus sensibles d'entre vous auront bien du mal à regarder sans avoir la nausée.
Trépanations, scalps, éventrations, découpage de corps, examens d'organes... sont ainsi au menu, lugubre labeur de ces spécialistes qui chaque jour ont rendez-vous avec la mort. Brakhage filme sans détour, caméra à la main, détaille chaque cadavre dans sa plus répugnante intimité tandis que le scalpel, la scie, le ciseau, la cisaille, tranchent, découpent, seringues et clystères vident de leur substance les carcasses béantes tandis qu'on examine tumeurs cancéreuses, organes tuméfiés ou couches de graisse. On décortique, on enlève la peau du visage comme on ôte un masque, fort des détails chirurgicaux les plus infimes. Cependant le film est loin de n'être qu'un simple document chirurgical puisque Brakhage filme l'impensable comme une oeuvre d'art, une sorte de peinture de l'atroce en tentant d'harmoniser les formes et les couleurs de l'horreur, la caméra semble sculpter les corps béants, donner vie aux boursouflures et autres tuméfactions, multipliant gros plans sur gros plans.
The act of seeing with his own one's eyes est un douloureux voyage au bout de l'horreur, celle de notre destinée à tous, la mort dans ce qu'elle a de plus effroyable mais paradoxalement de plus fascinant. Filmé caméra à la main sans aucun fond sonore, dans le plus froid des silences, le film de Brakhage n'en est que plus dérangeant. C'est à peine si on ne sentirait pas l'odeur de la mort nous envahir lentement. Si Brakhage franchit avec une aisance étonnante le plus grand tabou de l'homme, il nous confronte avant tout de manière brutale à ce que nous redoutons le plus au plus profond de notre âme, la fin inéluctable et terrible.
The act of seeing with his own one's eyes est également une confrontation glacée et glaciale du quotidien de ces praticiens qui ont fait de la mort leur vie, des cadavres leurs compagnons. Réservé à un public particulièrement averti le film de Brakhage est un document aussi effroyablement que malsain mais également un véritable travail artistique morbide qui nous ramène à une réalité dont on ne peut échapper. En ce sens, on ne peut nier l'intelligence de The act of seeing... tout comme de l'oeuvre entière du réalisateur, qu'on l'admire ou le vomisse.