Nudo e crudele
Autres titres: Mondo flash / Naked and violent / Mundo desnudo y cruel
Real: Bitto Albertini
Année: 1984
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 92mn
Acteurs: Romano Malaspina (Narrateur)
Résumé: Le réalisateur nous entraine dans un voyage autour du monde, essentiellement en Afrique et en Asie, afin de nous faire découvrir les rites et coutumes aussi étranges qu'abominables des autochtones et certains peuples indigènes...
Alors que le mondo est à l'agonie depuis quelques années déjà, cédant sa place au shockumentary qui allait faire les beaux jours des vidéos club dés le milieu des années 80 avec des titres tels que Faces of death, le genre connait un ultime sursaut grâce à Bitto Albertini, médiocre réalisateur à qui on doit entre autres les deux premiers volets de la saga des Black Emanuelle, Black Emanuelle en Afrique et le soporifique Emanuelle nera 2 puis une insipide et ratée Yellow Emanuelle. Albertini nous offre donc en 1984 sa vision du mondo à travers une trilogie composée de Nudo e crudele / Mondo flash suivi d'un Nudo e crudele 2 et Mondo senza veli / Mondo fresh, une façon plus recherchée et peut être moins heurtante de dire une fois de plus "Nudo".
Albertini suit à la lettre la recette type du mondo et nous entraine essentiellement en Afrique et en Orient afin de nous y faire découvrir la cruauté du monde dans lequel nous vivons ou plutôt la violence de ces peuples dit primitifs qui comme le précisait le titre vivent nus, pointant du doigt comme par un étonnant hasard le continent noir et le continent jaune. Narré de façon toujours aussi solennelle par le grand Romano Malaspina qui fut entre autres la voix italienne de Sylvester Stallone, Nudo e crudele, un des rares mondo africains à avoir été édité en vidéo française sous le titre Mondo flash s'ouvre sur une naissance, celle d'un enfant dont la tête émerge du vagin de sa mère, un évènement qu'Albertini met en parallèle avec la naissance d'un veau qui nous informe t-on aura beaucoup moins de chance de survivre en ce bas monde que ce bébé. Commence alors un long voyage durant lequel on va souvent comparer le règne animal avec celui de l'homme, des comparaisons souvent salaces assaisonnées d'un humour douteux mais particulièrement réjouissant totalement impensable aujourd'hui, essence même du mondo qui avec la cruauté et la complaisance en sont les principaux éléments.
Si certaines jeunes filles sont obligées de se prostituer (ici une fillette de 15 ans jetée par sa mère toute heureuse dans les bras d'un touriste fort timide), la prostitution n'existe pas chez les animaux nous apprend t-on (!!!) ils ne connaissent que les danses nuptiales et les roucoulades mais à l'instar de l'homme ils ont besoin de sexe. S'enchainent donc toute une série de copulations animales avec vue en gros plan sur les membres en rut de lions, zébus, chevaux... Mais que faire si des singes sont frigides? Des chercheurs ont trouvé un moyen pour réveiller leur libido: leur montrer sur un écran télé déposé dans leur cage les ébats sexuels d'autres singes! Certaines races ont quant à elles leurs laissés pour compte de par leur laideur tel le rhinocéros qui, en manque d'amour, seul, le sexe en érection, est prêt à violer une girafe pour se soulager. Elle s'enfuira bien entendu contrairement à cette femme arabe qui a été abusée par un voyou. Son châtiment sera sans appel. Il sera castré en public, le pénis trancher au sabre, une scène culte mais totalement fabriquée qui au fil du temps donna au film sa légendaire réputation.
Nudo e crudele fourmille en fait de telles séquences pour le plus grand bonheur de l'amateur. Ainsi trouve t-on pêle-mêle l'incontournable opération de changement de sexe particulièrement clinique et détaillée ici, le roi fraichement élu d'une tribu africaine croquant à pleines dents le coeur de son défunt père, un missionnaire est dévoré par des cannibales à qui il donnait un cours de religion, un ranger est happé et mis en charpie par un crocodile sous l'oeil de la caméra prise de tremblements convulsifs et des témoins apeurés et impuissants (un classique du mondo movie), un homme meurt après avoir été piqué par un serpent vénéneux, un mercenaire est passé à tabac avant d'être électrocuté, des cathodes placées dans son slip, une partie de foot avec une canette de coca entre mutilés, êtres
difformes et autres graves handicapés et bon nombre de massacres d'animaux (vaches saignées vivantes, zèbres décapités, serpents dépecés et cuits vivants, dégustation d'insectes, gazelles assaillies par des fauves...), un menu qui s'avoue vite être un véritable régal avec pour cerise sur le gâteau, la présentation d'indigènes dont la particularité est d'avoir un pénis de 50cm, un joli effet spécial on s'en doute mais l'un d'entre eux se lamente pourtant d'en avoir un de 30 petits centimètres seulement! On n'oubliera cette cérémonie au japon durant laquelle on vénère un phallus géant, symbole de fertilité. Nudo e crudele étant un véritable hommage au phallus, mentionnons cette surprenante et hilarante partie de "sexe de fer" qui reprend le principe du traditionnel bras de fer. Deux asiatiques munis d'un gode-ceinture géant en or se livrent à un combat de sexe face à une femme masquée qui se masturbe. Le gagnant aura l'honneur de lui faire l'amour.
T
out est ici factice et assez mal joué par de pseudo acteurs qui surjouent et en font des tonnes. par manque de moyens, Albertini suggère parfois ce qu'on aurait voulu voir de nos propres yeux (l'agonie de l'homme mordu par un serpent alors qu'il pénétrait dans une cabane qui en était infestée). Dans cet univers du faux surnagent tout de même quelques réalités (les massacres animaliers, les repas d'insectes...) et le titre tient ses promesses. La nudité, complaisante et voyeuriste, (les indispensables gros plans sur les sexes masculins, les poitrines féminines, bougeant au rythme des musiques tribales) est omniprésente et l'homme noir est montré comme particulièrement cruel et primitif. Nudo e crudele n'a rien à envier aux mondo africains de la grande heure même si on est tout de même assez loin des oeuvres inégalées des frères Castiglioni .
Accompagné par une agréable partition musicale signée Nico Fidenco, Nudo e crudele / Mondo flash est un exemple non négligeable de mondo malgré son arrivée sur le tard. Il ne démérite pas de ses homologues même si son coté humoristique l'emporte souvent sur le sensationnel qui s'en trouve ainsi brisé. Le premier volet de cette trilogie reste un honnête spectacle suffisamment malsain et voyeur pour satisfaire les amateurs que nous sommes de ce type de spectacle. On ne pourra malheureusement pas en dire autant des deux opus qui suivront.