Of the dead
Autres titres: Des morts / The end
Real: Thierry Zeno, Dominique Zarny, Jean-Pol Ferbus
Année: 1972
Origine: Belgique
Genre: Mondo
Durée: 101mn
Acteurs:
Résumé: Les auteurs nous invitent à un tour d'horizon de la mort et les différentes manières dont elle est abordée, perçue et vécue aussi bien par les mourants que par les personnes qui leur survivent selon les pays et les cultures...
Si la plupart des mondos provenaient d'Italie, d'Amérique ou d'Angleterre, d'autres pays en produisirent également notamment la Belgique d'où nous vinrent Taboos of the world et Of the dead. Réalisé en 1972 par le trio Jean-Pol Ferbus, Dominique Zarny et Thierry Zeno, Of the dead connu chez nous sous le titre Des morts reprend l'approche de la mort qu'avait déjà utilisé par Stan Brakhage dans The act of seeing it with one's own eyes.
Contrairement à beaucoup d'autres, les réalisateurs nous offrent cette fois un tour d'horizon particulièrement sérieux de la mort et la façon dont différentes cultures l'abordent mais également sur la manière dont elle est vécue par les mourants et les personnes qu'ils laissent derrière eux. A la différence de beaucoup de mondo, Of the dead aborde le sujet sans complaisance aucune, laissant de coté l'aspect exploitation sur lequel insiste une majorité de films de ce type bien particulier. C'est une des grandes forces de Of the dead, ce sérieux, ce respect presque religieux pour la mort et ceux qui la vivent.
Le film s'ouvre sur une cérémonie funéraire dans un village Thai. La défunte est enterrée avec grands soins après toute une série de prières, de bénédictions et de rites religieux interminables qui se clôtureront par le sacrifice de vaches. Puis on fait la connaissance d'un homme atteint d'un cancer incurable qui a accepté d'être interviewé par une religieuse avant qu'il présente le film vidéo qu'il a réalisé en se filmant quotidiennement afin de nous livrer ses impressions, ses pensées, ses souvenirs avant de quitter définitivement ce monde. Ce sont là des instants plein d'émotion, à la fois cruels, terribles mais beaux et solennels.
Suivront des cérémonies asiatiques rituelles brutales et souvent effroyables aux yeux des occident, la découverte de cimetières pour animaux en Corée et l'exécution sommaire d'un traitre tué de deux balles par ses complices qui vont creuser une tombe à la hâte afin de l'y enterrer. La caméra nous montre l'homme encore en vie, saignant du nez mais visiblement à l'agonie. Il est alors roulé jusqu'à la tombe et recouvert de terre.
Puis c'est à l'intérieur d'une morgue que les réalisateurs installent leurs caméras afin de suivre dans leurs détails chirurgicaux et anatomiques les plus infimes les autopsies de cadavres et les pratiques d'embaumement. Ils nous entraineront également en Egypte afin d'y découvrir le secret des momies.
Mais ce sont essentiellement de deux séquences dont on se souviendra. Tout d'abord celle d'un malheureux jeune mexicain victime d'une agression par un voyou armé d'un couteau. Admis aux soins intensifs, il tente de se rappeler ce qui lui est arrivé. C'est à l'imagination du spectateur que les réalisateurs feront appel quant à savoir s'il survivra à ses blessures. Puis celle de l'émouvante confession d'un homme atteint de dystrophie musculaire en phase terminale.
Bénéficiant d'une trame scénaristique aussi impitoyable que logique, Of the dead se propose également de montrer les différences qui existent entre l'Amérique et l'Asie notamment sur la perception de la mort, son approche mais également de la préparation des corps. Dépourvu de tout commentaire les seuls dialogues présents dans le film sont ceux des embaumeurs praticiens et autres directeurs de morgues qui commentent leur travail et chacun de leur geste.
Of the dead est un travail abouti, méticuleux dont on ne pourra pas reprocher la sincérité. Le film du trio provoque en définitive plus une certaine fascination qu'un réel sentiment de nausée et de dégout puisque jamais il ne sombre dans l'indécence, la provocation ou la complaisance. La mort y est certes présentée dans toute son horreur notamment pour nous, peuples occidentaux, qui en avons fait un sujet tabou dont la seule idée effraie, terrorise mais fascine également dans ce qu'elle a de plus horrible. En ce sens Of the dead est un film documentaire parfaitement intelligent que tout amateur de ce genre très particulier pourra visionner sans mal.
Thierry Zeno et Dominique Garny seront quelques années plus tard les auteurs d'une oeuvre désormais culte dans les milieux underground, l'impressionnant et bestial Vase de noces.