Femmine insaziabili
Autres titres: Perversion / Gli Insaziabili / Carnal circuit / The Los Angeles connection
Real: Alberto De Martino
Année: 1969
Origine: Italie
Genre: giallo
Durée: 90mn
Acteurs: Robert Hoffman, Dorothy Malone, John Ireland, Luciana Paluzzi, Romina Power, Frank Wolff, Nicoletta Machiavelli, Roger Fritz, Antonietta Fiorito...
Résumé: Paolo, un journaliste italien installé à Los Angeles, enquête sur l'étrange mort de son ami Giulio. Il va assez vite découvrir que Giulio semblait mener une double vie depuis son entrée à la Chemistry industry. Giulio cachait non seulement son homosexualité mais il s'était également transformé en un être odieux et brutal prenant un plaisir pervers à humilier ses maîtresses. Paolo va s'infiltrer dans un univers décadent pourri par le pouvoir et l'argent, habité par des hommes et des femmes aux moeurs dissolues dont la vie semble être régie par le sexe...
Les perversions du titre français quelque peu exagéré font en fait référence aux moeurs des personnages tous plus pervertis les uns que les autres, représentation d'une certaine bourgeoisie décadente et corrompue qui était un sujet alors fort prisé du cinéma italien.
Femmine insaziabili, dont le titre originel moins percutant, d'où le changement à une époque où choquer était de mise, était Gli insaziabili, est un giallo plutôt discret monté en un long flash-back dans lequel argent et pouvoir finissent par tout détruire y compris toute forme de morale.
L'intrigue repose sur l'enquête de Paolo, un jeune journaliste italien venu à Los Angeles. Il tente en effet d'éclaircir la mort mystérieuse de son ami Giulio. Plus ses investigations avancent, plus il découvre un monde surprenant, insoupçonné, pourri par le pouvoir et l'ambition et sillonné par des êtres aux moeurs dissolues où le sexe joue tient une grande place. Il va également découvrir que son ami était non seulement homosexuel mais s'était transformé en un être odieux et violent qui prenait plaisir à humilier ses maîtresses dés l'instant où il a été employé à la bien mystérieuse Chemical industry.
Alberto De Martino, un des grands noms du cinéma de genre italien, nous offre un giallo teinté d'une ombre de film noir plutôt intéressant, bien mis en scène et intelligemment construit dans lequel les différents protagonistes sont tous bien définis et par conséquent fort crédibles. Si on y ajoute cette ambiance particulièrement psychédélique typique de cette fin d'années 60, Femmine insaziabili se transforme vite en un spectacle fort séduisant parsemé d'un érotisme par moment osé.
Epoque oblige, les réalisateurs devaient en effet offrir à leur public cette dose d'érotisme souvent morbide, base de bon nombre de films érotiques ou non. Femmine insaziabili n'échappe pas à la règle. Si on se souviendra du pathétique strip-tease de Dorothy Malone ce sont surtout deux scènes que retiendra le spectateur avide de perversions. Celle tout d'abord de la longue orgie qu'organise la jeune fille de Dorothy Malone dans leur villa durant laquelle, du haut de ses quinze ans, elle se donne au journaliste au milieu d'un parterre de junkies sous acides nus et grimés face à un écran de cinéma géant où est projeté un snuff-movie où on torture une enfant. Efficace et dérangeante, même si partiellement suggérée, la séquence nous fait découvrir toute la perversion et le sadisme de l'adolescente qui reprendra le flambeau de sa mère lors d'un joli final on ne peut cynique, joliment pervers et tout à fait immoral, propice à quelques agréables surprises même si pour ceux qui connaissent les rouages du genre, elles seront peu étonnantes.
La seconde scène est celle aujourd'hui mythique de la piscine où l'adolescente se baigne, son slip de bain glissant lentement sous l'eau laissant entrevoir ses fesses. Si les foudres de la censure s'abattirent alors sur le film, ces deux séquences ne firent qu'accroître la réputation de la jeune Romina Power, promue depuis Justine ou les infortunes de la vertu nouvelle lolita.
De Martino confesse que les producteurs voulaient nécessairement que Romina, tout juste 16 ans à l'époque, apparaisse au moins une fois nue dans les films qu'elle tournait. Si la scène où elle apparait seins nus et celle de la piscine étaient écrites dans le scénario original, le glissement du slip n'était pas quant à lui prévu. On la doit au cameraman qui filmait le plan sous l'eau qui eut la bonne idée de tirer sur la ficelle découvrant ainsi le fessier de Romina au grand dam de l'actrice et de sa mère.
Une légère pointe de sadisme enveloppe l'ensemble à travers quelques séquences bien venues le plus souvent basé sur l'humiliation et la douleur morale lorsque ce sadisme ne prend pas une forme plus concrète lorsque Giulio lâche ses dobermans sur une de ses infortunée maîtresse qui se fera dévorer de façon suggérée le visage.
Rythmé par une très agréable partition musicale signée Bruno Nicolai, s'il demeure assez conventionnel dans sa mise en scène et son intrigue, Femmine insaziabili reste un agréable érotico-giallo, cynique à souhait, à l'ambiance très américaine, et servi par une jolie et convaincante brochette d'acteurs internationaux dont Dorothy Malone, John Ireland, Robert Hoffman, Frank Wolff et Nicoletta Machiaveli. Les admirateurs de la jeune Romina Power seront quant à eux ravis de la retrouver aussi candide que perverse, superbe et radieuse. Romina est de nouveau à l'affiche d'un autre érotico-giallo la même année I caldi amori di una minorenne / Mortelle symphonie.