Caligola: la storia mai raccontata
Autres titres: La véritable histoire de Caligula / Caligula the untold story / Caligula 2 the untold story / Emperor Caligula / The emperor Caligula the untold story
Réal: Joe D'Amato
Année: 1982
Origine: Italie
Genre: Peplum érotique
Durée: 110mn / 125mn ( hardcore version)
Acteurs: David Brandon, Laura Gemser, Charles Borromel, Michele Soavi, Gabriele Tinti, Luciano Bartoli, Sasha D'Arc, Fabiola Toledo, Alessandro Freyberger, Larry Dolgin, Ulla Luna, John Alin, Didi Franks ...
Résumé: Caligula règne en despote sur Rome. De plus en plus malade, épileptique, il est la proie de ses terribles cauchemars. Il tombe alors amoureux de Miriam, une étrange femme qui n'a qu'un but: le tuer afin qu'il paie la mort d'un de ses amis. Mais Miriam est déchirée entre sa soif de vengeance et ses sentiments naissants pour cet homme de plus en plus fou...
Après que Bruno Mattei, Antonio Passalia et bien d'autres réalisateurs italiens aient remis au goût du jour l'histoire du célèbre empereur romain suite au succès du film de Tinto Brass, il aurait été étonnant que Joe d'Amato ne nous offre pas à son tour sa version de l'histoire. Voici donc que déboula en 1982 sur nos écrans cette énième mouture vue par l'un des maîtres de l'érotisme morbide à l'italienne.
Force est de constater que le film de Joe D'Amato n'est pas le plus mauvais du genre et que par nombre d'aspects, il serait presque attachant. De manière générale, un film signé D'Amato ne laisse jamais ou que très rarement indifférent, le réalisateur quelques soient les restrictions budgétaires et les faiblesses de scénarii parvient toujours à créer une ambiance assez particulière où sordide et violence se marient avec bonheur. Son Caligula ne fait pas exception à la règle. Il est après Blue Holocaust une superbe démonstration de ce qu'est le cinéma extrême de D'Amato. Caligula mélange en effet avec une étonnante habileté sexe, perversions et gore paroxysmique afin de montrer toute la folie de l'empereur.
Malheureusement, le film souffre d'un budget plutôt dérisoire et les décors en pâtissent énormément. Ainsi, le palais impérial est réduit à un coin de studio terne d'où est rigoureusement absente toute décoration. Un joli rideau, quelques colonnes et quelques bustes seront les seuls objets sont les seuls éléments qui garnissent la pièce unique où l'empereur trône entouré de sa garde représentée par quelques figurants. Seules les toges et jupettes romaines tissées témoignent de l'époque où on est censé se trouver. On est donc très loin du soin apporté aux costumes de Caligula et Messaline ou encore Les aventures sexuelles de Neron et Poppée.
Joe d'Amato a heureusement su compenser intelligemment tous ces défauts par un sens aiguë du macabre, de la violence exacerbée, de l'érotisme choc et quelques touches quasi fantastiques aux limites de l'onirisme macabre. Décapitation, langue arrachée, visage défoncé à coups de fléau, combats de gladiateurs particulièrement sanglants, bébé projeté à terre... sont ainsi au rendez-vous, le clou du spectacle revenant à l'abominable mort de Gabriele Tinti, l'anus transpercée d'une lance qui ressort par le torse. Il est intéressant de savoir que D'Amato s'auto-censura en renonçant à intégrer une scène blasphématrice qu'il avait tourné, celle de la crucifixion d'une douzaine de chrétiens avec moult détails horrifiques dont les couronnes d'épines qui s'enfoncent dans leur crâne. La voix off, grave et solennelle, renforce quant à elle le ton résolument grave du film.
Cette énième aventure de Caligula demeure également la plus érotique des versions après celle de Tinto Brass puisque Caligula la véritable histoire dans sa version intégrale contient de longues scènes hardcore. Fidèle à sa réputation, D'Amato se laisse aller une fois de plus à quelques déviances sexuelles particulièrement explicites dont une longue séquence de zoophilie avec un cheval.
On retiendra également au crédit du film ses quelques scènes particulièrement efficaces, presque belles, comme le massacre des vestales et les séquences où l'empereur en pleine crise de démence rêve qu'il court sur une plage jonchée de cadavres. On ne peut passer sous silence la fabuleuse scène finale où, hystérique, rendu fou par une voix venue d'outre-tombe, il se voit poursuivi par les spectres de tout ceux qui l'a tué. Il se dégage de ces magnifiques moments quelque chose d'à la fois onirique et beau, de funeste et vénéneux.
L'excellente interprétation de l'acteur irlandais découvert dans Jubilee de Derek Jarman, David Cain Haughton alias David Brandon qui incarne un Caligula tout à fait inquiétant, donne une réelle dimension de terreur et de folie à son personnage. On regrettera malheureusement que Laura Gemser ne soit pas plus mise en valeur. Elle garde d'ailleurs du film et de David Brandon avec lequel elle entretint une relation tendue un assez mauvais souvenir. On retrouvera à leurs cotés Charles Borromel et Gabriele Tinti sans oublier l'apparition de Michele Soavi en centurion lobotomisé se laissant masturber allègrement par Caligula avant qu'une jeune esclave le prenne en main. Dans la version hardcore on pourra notamment reconnaitre Mark Shanon et Sabrina Mastrolorenzi lors des séquences d'orgie.
Malgré son évidente pauvreté, La véritable histoire de Caligula est un agréable péplum érotique, porno péplum pour la version intégrale, à laquelle Joe D'Amato a su insuffler un véritable vent de perversité, dont on retiendra avant tout l'atmosphère de total dépérissement, pesante, suffocante, sépulcrale, mortuaire. Il reste un excellent témoignage de ce virage horrifico-macabre que D'Amato avait entamé depuis déjà quelques temps.