Prostituzione
Autres titres: Dossiers roses de la prostitution / Plaisirs variés / Les suceuses / Dossiers prostitution / Les jeux du sexe / Pénétrations sexuelles / Love angels / Sex slayer / Red lights girls / Street angels
Real: Rino Di Silvestro
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Polar / Drame
Durée: 105mn (uncut)
Acteurs: Maria Fiore, Magda Konopka, Krista Nell, Orchidea De Sanctis, Elio Zamuto, Andrea Scotti, Paolo Giusti, Liana Trouche, Cristina Gaioni, Gianrico Tondinelli, Felicita Fanny, Lucretia Love, Luciano Rossi, Aldo Giuffré, Umberto Raho, Pietro Torrisi, Marilia Mattei, Giuseppe Mattei, Irene Renton; Gianni Pesola...
Résumé: Une étudiante, Gisèle, est retrouvée assassinée dans un haut lieu de prostitution. L’inspecteur chargé de l'enquête découvre rapidement que la jeune fille issue des milieux bourgeois vendait son corps occasionnellement afin de payer ses études universitaires. Il découvre également que Gisèle se prêtait à un sordide chantage avec la complicité d’un photographe. Celui ci prenait des photos compromettantes des clients de la jeune fille dont faisaient partie certains hauts notables de la ville. Une boite à musique pourrait être la clé de l'énigme et révéler l'identité du tueur...
Originellement intitulé Il viale della solitudine, cette unique incursion dans l'univers du giallo du réalisateur Rino Di Silvestro n'a du genre que la trame puisqu'il se rapproche beaucoup plus du polar à l'italienne que des oeuvres de Dario Argento et des sexy gialli d'Umberto Lenzi. L'intrigue n'est guère originale puisqu' on suit simplement l'enquête d'un inspecteur mollasson qui tente de découvrir l'assassin de plusieurs prostituées dans les quartiers chaud de la ville. Ses investigations le conduisent dans les milieux de la haute bourgeoisie
où circulent des clichés compromettants de notables ayant recours aux services de filles de joie. Il découvre également qu'une des prostituées assassinées exerçait un odieux chantage sur certains d'entre eux avec la complicité du photographe auteur des photos. C'est une boite à musique qui le mettra sur la piste de l'assassin.
Par bien des aspects le scénario rappelle ceux du diptyque de Dallamano, Qu'avez vous fait à Solange et La lame infernale mais également d'Enigma rosso et A tutte le auto della polizia, ces thrillers adolescent à l'italienne, éphémère sous genre du giallo, qui traitait avec
plus ou moins de complaisance de la décadence, la corruption, la perversion de la haute bourgeoisie qui derrière son vernis de façade dissimulait ballets roses et autres réseaux de prostitution de mineures. Malheureusement Di Silvestro ne fait preuve d'aucune imagination encore moins d'une once d'originalité et oublie presque totalement son enquête qui devient presque accessoire pour mieux s'attarder sur de longues séquences érotiques voire pornographiques qui raviront l'amateur de hardcore pur et dur.
Lors des très rares interviews que donna le cinéaste durant sa carrière dont une quelques
mois tout juste avant sa mort, Di Silvestro avouait avoir voulu faire un film quasi documentaire sur le milieu de la prostitution, mettre en images la vie de ces filles, leur détresse, le sordide de leur quotidien. Plus qu'un polar Les dossiers roses de la prostitution se veut le reflet d'un milieu impitoyable agrémenté de fausses interviews de prostituées interrogées sur leur métier afin d'en renforcer l'authenticité. Et c'est justement ce coté sordide, malsain, nauséabond que Di Silvestro, connu pour son coté particulièrement putassier, a mis en avant puisque les trois quart du métrage est composé de scènes de
sexe peu ragoutantes, libidineuses, souvent crasses. Outre une très longue orgie complaisamment filmée qui s'étale sur dix bonnes minutes dans la version intégrale, seule séquence pornographique du film, s'enchainent donc toute une série d'ébats sexuels en tout genre tant hétérosexuels que saphiques tous plus osés les uns que les autres dans une atmosphère aussi triste que froide mais également un superbe et brutal viol collectif, véritable clou du film, ainsi qu'une étonnante sodomie punitive, la violente introduction d'une bouteille de bière dans l'anus de l'organisateur de ce triple viol. Mentionnons aussi cette
amusante inspection à la loupe d'une raie fessière. Il faut préciser que contrairement à ce qu'on peut fréquemment lire, les séquences X ne sont pas des inserts. Ils furent tourner par Di Silvestro lui même pour les besoins du film avec des professionnel(le)s. Il eut par contre recours à des doublures pour certaines scènes notamment celle du viol de Orchidea De Santis.
Les dialogues donnent tout autant dans un misérabilisme de bas étage. Pour preuve cette malheureuse catin qui tente de forcer son client à mettre un préservatif en lui avouant qu'elle
a déjà du subir trois avortements, une révélation bien vaine puisque le jeune homme la prendra sauvagement contre un arbre avant de la donner à ses complices.
Les dossiers roses de la prostitution est avant tout un film de pure exploitation, expéditif, nauséeux, sombre, qui appuie au maximum la face abjecte du plus vieux métier du monde dans la grande tradition des films du metteur en scène dont le jouissif nazisploitation Les déportées de la section spéciale SS, ses expériences, ses tontes de crânes et de vagins, et le très bon WIP La vie sexuelle dans une prison de femme, deux oeuvres qui ont pour point commun avec Prostituzione outre leur complaisance leur coté désespéré.
De quoi satisfaire un public voyeur et assouvir ainsi ses plus vils instincts mais répugner un spectateur plus désireux de découvrir un véritable polar dénonçant les milieux de la prostitution. Sur ce point précis, Di Silvestro a rempli sa mission.
A l'image de ses très nombreuses scènes de sexe, Dossiers roses de la prostitution est une oeuvre particulièrement glauque, Di Silvestro s'étant bien gardé de traiter son sujet avec légèreté. Tourné la plupart du temps de nuit à un rythme effréné en plein hiver à Villa Borghese dans un froid piquant, le film reflète ce sentiment de détresse, de tristesse générale aidé par une splendide partition musicale composée de chants traditionnels
italiens accompagnés à la mandoline. Di Silvestro parcourt les abords de la ville, longe les bois où les filles vendent leur corps que la caméra déshabille sous l'oeil de voyeurs embusqués dans les buissons, s'infiltre dans le studio d'un photographe pour revues spécialisées recruteur de filles, espionne de riches notables se travestir pour des tête à tête fripon. Dans cet étal de chair triste, le réalisateur insuffle tout de même une once d'humanité à travers la tragédie d'une de ses prostituées, Primavera, admirablement interprétée par une émouvante Maria Fiore. Elle incarne cette part de rêve, de décence, qui survit au fond de ces femmes sans avenir, cette part d'espoir d'un jour meilleur qui leur fait tenir le coup. Le final
est en ce sens de toute beauté. On gardera en tête l'image de Primavera déambulant le long de l'avenue, à demi-folle, chantant à tue-tête son hymne. Peu importe l'identité du tueur et ses motivations, le drame se joue bel et bien ailleurs semble vouloir dire Di Silvestro.
Dernier atout du film mais non des moindres, son affiche, explosive, véritable constellation de sexy starlettes que l'amateur aura le bonheur de retrouver, la plantureuse Orchidea De Santis en tête, plus ravageuse que jamais, l'infortunée Krista Nell dont ce sera un des derniers rôles, Magda Konopka et Lucretia Love dans le trop court rôle d'une maquerelle de luxe. Autour d'elles gravitent notamment Liana Trouché et Gabriella Lepori. La distribution
masculine est tout aussi alléchante puisqu'elle compte le toujours aussi sexy Paolo Giusti qui succombera à un acte sodomite punitif, le filiforme et angélique Raffaele Curi sans oublier Aldo Giuffré dans son costume de commissaire, l'inquiétant Luciano Rossi en photographe bien peu recommandable et Luis la Torre, sex-symbol ibérique, vedette de biens des romans-photos, qu'on pourra enfin admirer nu lors d'une scène de triolisme où pour notre plus grand plaisir il ne cache cette fois plus rien.
S'il décevra grandement les inconditionnels du giallo, Les dossiers roses de la prostitution, parfait exemple de ce sous genre qu'est le porn giallo, ravira par contre tous les amoureux
d'exploitation brute, ce public très ciblé dont nous faisons tous ici partie, qui par le biais de ce type de cinéma bien spécifique ne cherche qu'à assouvir ses plus basses pulsions. A ce juste titre le film de Di Silvestro est une réussite.
Signalons qu'Il existe au moins quatre versions du film, l'allemande, la française, l'italienne et la suédoise, qui présentent toute un montage différent et une durée plus ou moins longue, la plus courte, la française affublée d'un horrible doublage et donc la plus soft comptant environ 75 minutes, les plus longues avoisinant les 80 voire les 90 minutes. La version intégrale, rarissime, monte quant à elle à 105 minutes, Nous ne pouvons que trop la conseiller à tous les amateurs de perles rares et autres Saint Graal de l'exploitation à l'italienne.