Angeli bianchi angeli neri
Autres titres: Witchcraft 70 / The occult experience
Real: Luigi Scattini
Année: 1969
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 88mn
Acteurs: Enrico Maria Salerno (Narrateur dans la version italienne), Edmund Purdom (Narrateur dans la version anglaise)
Résumé: Le film nous invite à un voyage autour du monde, de l'Europe à l'Amérique du Sud en passant par l'Afrique noire et l'Asie, afin de nous faire découvrir le monde secret de l'occultisme et de la magie noire toujours aussi présente que jadis dans nos sociétés dites modernes. Les sorciers, les prêtres satanistes, les mages... d'aujourd'hui se cachent partout autour de nous et peuvent être notre banquier, notre voisin, notre ami tandis que les rites de la sorcellerie sont toujours aussi pratiqués en secret...
Suite au succès inattendu de Svezia: Inferno e paradiso en Italie, les producteurs pressèrent son réalisateurs, Luigi Scattini, de poursuivre sur cette voie et de faire toute une série de films qui reprennent la trame de Svezia. Germania, Inghilterra, Francia: inferno e paradiso, la recette était simple mais Scattini décida de s'orienter tout en restant dans le style documentaire vers un autre sujet tout aussi attrayant pour un public avide de sensations fortes: la magie noire et la sorcellerie à travers le monde, sujet encore inédit en Italie.
Cette idée est née suite à un article que Scattini avait lu dans un journal. Au cimetière de Hightgate à Londres, un homme avait surpris un groupe de personnes entrain de profaner des tombes pour en sortir les restes putrides de cadavres afin de pratiquer des rites sataniques lors d'une messe noire. Il n'en fallait pas plus pour que Scattini qui avoue avoir toujours voulu être documentariste ne poursuive dans le riche filon du mondo et parte aux quatre coins de la planète en quête de sorciers, satanistes et autres mages afin de montrer aux spectateurs que la sorcellerie existe toujours de nos jours sans pour autant que le sorcier ou la sorcière contemporaine ait un nez crochu et passe son temps à disséquer des crapauds devant un énorme chaudron.
De la Finlande à Londres en passant par l'extrême Orient, l'Afrique noire, le Brésil, le Portugal et bien d'autres pays encore, Scattini de nouveau accompagné de Claudio Racca à qui on devra également quelques sex mondos joliment audacieux, Tomboy i misteri del sesso et Love duro e violento, s'est donc infiltré dans les communautés satanistes, a rencontré des sorciers, participé à des séances d'exorcisme, des pratiques diaboliques, des mariages satanistes et autres rites de magie noire afin de nous prouver d'une part que la sorcellerie est partout autour de nous et d'autre part que le sorcier moderne se cache derrière un personnage lambda. Il peut donc être notre voisin, notre banquier, notre meilleur ami... impossible de le distinguer de la masse.
Onze mois de tournage à l'économique affirme Scattini ont été requis pour réaliser Angeli bianchi angeli neri qui affirme également que tout est vrai dans ce film, que rien n'a été truqué et monté en studio même si certaines séquences ont été rejouées mais par les véritables protagonistes. Au vu du résultat, le doute est permis. Ceux qui attendent du film une avalanche de scènes choc risquent d'être fort déçus tant il reste sage, bien peu démonstratif et surtout répétitif. Les séquences se suivent et se ressemblent quelque soit la partie du monde où on se trouve mais le plus frappant est le coté factice de l'ensemble. Les trois quart du film donnent l'impression d'être joués, mal joués diront nous pour être encore plus précis. Tout sonne faux et semble être mis en scène pour les besoins du film tant et si bien qu'on ne peut donner aucune crédibilité au film qui bien souvent sombre dans le ridicule et donne envie de pouffer de rire devant tant de bêtise. Que penser de ces mariages satanistes, ces unions avec Satan et autres démons, ces messes noires où les grands prêtres se couvrent le visage sous une tête de bouc, ces transes où tout est dirait on orchestré, étudié afin que tout soit mis parfaitement en lumière et parfaitement réalisé.. mais si mal interprété? On frise par instant l'hilarité notamment lors d'une communion sataniste en Finlande où la principale intéressée en fin de rite fixe la caméra le sourire aux lèvres avant de fuir de la maison pour se rouler nue dans la neige par - 23° nous dit on et adresser aux caméramen un magnifique sourire cette fois fort coquin.
Qui dit satanisme dit sexe mais là encore si beaucoup de séquences sont prétexte à montrer des corps nus ou quelques actes sexuels, prouvant une fois de plus que nous sommes dans un cinéma de pur exploitation et toujours aussi voyeuriste et profiteur, Scattini demeure étonnamment sage puisqu'il ne dévoile le plus souvent que le haut à l'exception de quelques plans rapides de nudité dorsale. Aucun plan de sexe et autres parties génitales toujours joliment cachées au grand dam du spectateur voyeur que nous sommes.
Reste au crédit du film une incroyable séquence cette fois bien réelle tournée en Afrique qui donne à Angeli bianchi... son unique intérêt. Afin d'exorciser une adolescente soi disant possédée est rasée jusqu'au sang au rasoir à main. Une fois le crâne lisse et douloureusement écorché, on la recouvre de plumes avant d'égorger au dessus de sa tête un chevreau encore vivant pour l'enduire entièrement de son sang. On retiendra également la séquence où apparaît Anton LaVey, célèbre prêtre sataniste, qui vient renforcer le coté exploitation du film.
Quelques interviews tentent de donner à l'ensemble un léger ton de sincérité notamment celle d'un policier californien qui se tient curieusement fort loin de la caméra expliquant les agissements d'un groupe de hippies surpris entrain de pratiquer des sacrifices humains dans le Devil's canyon. On assimile bien sûr la drogue aux mondes occultes tout en faisant référence à Manson tandis que la voix off, solennelle, nous assure que notre plus grand danger sera toujours les sacrifices humains!!
Outre donc cette sempiternelle voix off, toujours aussi condescendante, celle ici de Enrico Maria Salerno pour la version italienne, Edmund Purdom pour la version anglaise, on retrouvera une partition musicale totalement décalée signée cette fois Piero Umiliani et composée pour la plus grande part d'airs droit issus d'une comédie musicale ringarde des années 50, mièvre et stupide.
R. L Frost distribua Angeli bianchi angeli neri l'année suivante en Amérique sous le titre Witchcraft 70 après avoir pris le soin d'y insérer de nouvelles séquences. Il existe plusieurs versions du film dont certaines contenant des archives sur l'Eglise de Satan de LaVey.
Ce qui pourra paraître surnaturel avec Angeli bianchi angeli neri c'est qu'un tel produit puisse trouver un semblant de crédibilité auprès du spectateur qui ne sera pas dupe, espérons le du moins, mais ce n'est certainement pas avec ce mondo diabolique qu'il pourra satisfaire sa soif de voyeurisme et de perversion cette fois. Après quelques fous rires, il sera tenté de faire avance rapide à moins qu'il ne soit déjà tombé dans les bras de Morphée... sauf si un des anges du titre ne lui ait jeté un doux sort pour qu'il demeure éveillé!