l'Heroic Fantasy transalpine et le neo peplum des années 80
La fin des années 70 et le début des années 80 furent marquées par deux grands films, Caligula de Tinto Brass et Conan le barbare de John Milius. Leur succès au box office mondial ne pouvait laisser indifférente l'Italie. C'est ainsi que naquit un certain nombre d'oeuvres exploitant le riche filon ouvert par Conan. Vit donc le jour un sous genre du cinéma d'exploitation, l'Heroic fantasy all'italiana, tandis que Caligula allait pour sa part faire revivre un genre jadis flamboyant de l'autre coté des Alpes, le peplum, né en 1914 sous la houlette de Giovanni Pastrone qui réalisa le tout premier film du genre, Cabiria, suivi de Salambo de Luigi Maggi. Le peplum fit ainsi les beaux jours du cinéma muet italien qui s'inspira également de la première version américaine de Ben Hur. Au fil des années virent donc le jour les aventures d'Hercule, de Maciste, d'Ursus et autre Spartacus qui donna également au cinéma italien ses premiers comédiens aux muscles saillants, ces héros géants à la force spectaculaire qui disparurent des écrans en 1925. Entre la grave crise que traversa le 7ème art en Italie et la guerre l'industrie cinématographique connut un phénoménal ralentissement avant de reprendre de plus belle dès le début des années 50 grâce à l'arrivée d'une nouvelle vague de réalosateurs dont entre autres Antonioni, Risi, Comencini, Lattuada... Le peplum revint alors en force dés 1957 poussé notamment par les succès mondiaux de productions hollywoodiennes telles que Ben Hur, Les 10 commandements et Spartacus. Arriva en premier Hercule sous les traits de Steve Reeves suivi de toute une pléiade de colosses puis de tant d'autres, Maciste en tête. Après huit ans de gloire et une jolie brochette de comédiens au physique de culturiste qui lui donna ses lettres de noblesse, le genre, supplanté par la lente arrivée du western-spaghetti, s'éteignit définitivement en 1965 avec La sfida dei giganti de Maurizio Lucidi après nous avoir laissé bon nombre de chefs d'oeuvres voire de brillantes fresques parmi un nombre assez impressionnant de films. Le revival du genre gentiment appelé Sword'n'sandal se plaça sous le signe de l'érotisme, un des éléments moteur du cinéma d'exploitation d'alors d'où également cette dénomination de néo peplum érotique.
C'est ainsi que les turpitudes de Caligula, Néron et autres Messaline allaient le temps de quelques saisons faire les beaux jours des scénaristes plagiaires et de réalisateurs friands de films croustillants dont le dénominateur commun était le plus souvent leur indigence. Entre la décadence de l'Empire romain et les nouveaux barbares huilés à l'épée légère inspirés par Conan, la mythologie se forgea elle aussi une petite place parmi tous ces films. Les dieux non pas de l'Olympe mais de Cinecittà en profitèrent pour remettre au goût du jour ces fameuses légendes sans respecter le plus souvent leurs origines tout en créant des héros, Gunan, Sangraal, Thor, Ator, incarnés par une nouvelle génération de comédiens à la stature colossale, Pietro Torrisi, Mark Gregory, Bruno Minniti et Miles O'Keefe en tête. Ce nouveau dossier du Maniaco va donc passer en revue la totalité des oeuvres engendrées par Conan puis par Caligula mais également par deux autres énormes succès Excalibur et La guerre du feu. Tous en char et bon voyage au pays des glaives magiques et des coquines jupettes et n'oubliez pas votre peau bête!
L'Heroic Fantasy all'italiana ou les sous musclés des années 80:
Le succès mondial de Conan le barbare donna à l'Italie l'occasion de nous livrer toute une pléthore d'oeuvres inspirées par le film de John Milius, donnant ainsi naissance à un sous genre du cinéma Bis transalpin, l'heroic fantasy all'italiana, qui allait engendrer quelques nouveaux héros musclés, marquant ainsi le retour à l'écran de ces colosses bienfaiteurs, vingt ans environ après la mort du péplum dont ils sont une forme moderne. Ainsi naquirent Gunan, Thor, Ator ou encore Sangraal, dignes descendants de Maciste et Hercule, qui désormais évoluent dans des décors et costumes recyclés à chaque nouveau film. Perruques de crin, barbes crasses, peaux de bêtes et corsets de cuir, ossements, armes en bois, donnaient l'illusion d'un monde barbare et primitif de pacotille à ce qui n'étaient en fait que des instant movies minimalistes tournés pour des budgets dérisoires dans lesquels évoluaient ces nouveaux géants souvent patibulaires aux muscles bandés.
C'est au printemps 1982, quelques mois seulement après la sortie italienne de Conan le barbare, que Franco Prosperi ouvrit le bal en offrant sa version du film avec Gunan il guerriero. Ecrit par Piero Regnoli à qui on doit les scénario de Maciste dans les mines du roi Salomon et Gli sterminatori dei barbari, produit par Ettore Burrichi, Gunan est l'exemple parfait de ce type de cinéma.
S'il est demeuré inédit chez nous Gunan il guerriero, premier film d'une trilogie qui se poursuivra avec Sangraal l'épée de feu puis Le trône de feu, connut en Italie un joli succès d'estime, avouons le mérité, malgré ses nombreux défauts. Le film de Prosperi n'est en effet pas le plus déplaisant de tous ces sous Conan même s'il mange un peu à tous les râteliers. Les scénaristes ont un peu mélangé toutes les époques. On passe de l'ère barbare façon Guerre du feu aux Grecs plus spécialement pour les costumes en faisant un détour par la préhistoire façon Caveman avec l'amusante séquence du dinosaure (filmée images par images comme au temps de Harryhausen) qui ouvre le film même si c'est tout de même de Conan qu'il tient le plus.
Prosperi a su profiter avec une certaine adresse du minuscule budget qui lui fut alloué et narre une histoire plutôt pauvre mais intéressante, celle de la lutte que se livrent deux frères, un bon et un maléfique, ou l'éternel combat du Bien et du Mal. Parallèlement à cette intrigue Prosperi s'intéresse à la quête du brave Gunan parti venger la mort de sa mère. Il est aidé par une belle aventurière nommée Lenni et d'un groupe d'Amazones. On regrettera surtout que Prosperi n'ait pas plus mis en avant cette dualité, qu'il n'ait pas plus approfondi cette lutte sans merci que se livre les deux frères jumeaux dans leur quête absolue d'une seule et unique destinée, véritable trame du film. Les deux personnages restent au niveau de l'ébauche. Il aurait été intéressant de leur donner plus d'épaisseur et de faire du noir guerrier le digne représentant de la face sombre de l'art de la guerre. L'intérêt de Gunan s'en serait trouvé rehaussé. Malheureusement Prosperi reste dans le plus désarmant des manichéismes et se contente de l'habiller de noir et de le faire tonner ses ordres.
Filmé dans les cavernes et les ruines romaines d'Ostia et du parc des monstres de Bomarzo, Gunan souffre essentiellement d'une interprétation poussive due à son principal acteur, l'ex-culturiste et cascadeur reconverti Pietro Torrisi caché sous le pseudonyme de Peter Mc Coy. Torrisi trop fade n'a jamais eu l'étoffe d'un grand acteur et le reconnait lui même. Plus à l'aise dans les scènes de lutte et d'action que dans la récitation, il ne parvient pas à donner à son personnage une véritable dimension. Mais comme il l'avoue aujourd'hui, pourquoi se donner à fond pour ce type de films de série Z pour lesquels les acteurs sont payés quatre sous.
C'est d'autant plus dommage ici que l'histoire se suit assez agréablement, rythmée par quelques péripéties et combats trèss ouvent filmés au ralenti afin de leur donner plus de férocité auxquels il manque tout de même ce souffle épique indispensable au genre. Prosperi s'en sort cependant plutôt bien, Gunan est au final une honnête et diveretissante petite série qui parvient à faire par exemple oublier l'absurdité d'un Thor le guerrier de Tonino Ricci.
Aux cotés de Pietro Torrisi on retrouvera la blonde Sabrina Siani qui nous offre ici bon nombre de scènes très dénudées. Elle était alors en passe de devenir l'égérie du genre puisqu'elle sera au générique de la plupart des films d'Heroic fantasy italiens. Sabrina sera l'équivalente d'un Conan au féminin, la version italienne d'une Sandhal Bergman sur laquelle se fondra sa réputation. On reconnaitra également Malisa Longo qui incarne la reine des Amazones, sorcière perdfide qui se transforme en lionne, et son bras droit Rita Silva.%%%
Si on parla souvent d'un Gunan 2, celui ci ne se fit pas. Prosperi préféra s'atteler dés l'année suivante à un nouvel héros, Siegfried, pour Il trono di fuoco.
Pour l'anecdote, le producteur se rendit à Cannes en 1982 pour vendre Gunan au marché du film non pas avec la bande elle même qui n'était pas encore finie mais avec de simples affiches et photos de tournage particulièrement alléchantes, celles là qui firent à l'époque la une des journaux spécialisés.
Pur spectacle de divertissement, Gunan il guerriero est un petit film éminemment sympathique qui se laisse regarder avec un certain plaisir pour le peu qu'on se prenne au jeu et se jette au beau milieu de ces mondes faussement primitifs.
Gunan il guerriero ayant rapporté plus d'argent que prévu, cela suffit pour que le tandem produise deux autres films l'année suivante, Sangraal la spada di fuoco / Sangraal l'épée des barbares et Il trono di fuoco.Si la réalisation de Gunan et de Il trono di fuoco avait été confié au vétéran Franco Prosperi, c'est à Michele Massimo Tarantini, un des spécialistes de la sexy comédie italienne et du poliziesco, que revint la tâche de mettre en scène les aventures du très musclé Sangraal.
Sangraal est tout simplement la suite de Gunan il guerriero mais il se différencie des deux films de Prosperi par une mise en scène plus alerte et un jeu de caméra beaucoup plus imaginatif qui parvient par moment à donner une certaine ampleur dramatique, un léger souffle épique au film notamment lors de la longue attaque du village de Sangraal. Pietro Torrisi qui arbore ici un look plus primitif reprend pour la deuxième fois du service et incarne Sangraal qui enfant a échappé au massacre de son village. Devenu adulte, le jeune enfant s'est transformé en un valeureux guerrier aux muscles bandés qui va devoir affronter le Mal en la personne du méphitique Nanuk.
Même s'il est toujours aussi peu charismatique mais demeure un excellent cascadeur, sa profession première, Tarantini arrive à donner une certaine présence à Pietro Torrisi enfin débarrassé de sa perruque pour un petit frisottis cette fois bien naturel.
Beaucoup plus maîtrisé que le premier volet, Sangraal l'épée des barbares connu également sous le titre Le retour du barbare se laisse finalement voir avec plaisir. Tarantini a cette fois bénéficié de moyens plus avantageux que ses confrères. Cela se traduit par une mise en scène plutôt alerte malgré un scénario conventionnel une fois encore signé Piero Regnoli qui mêlent cependant avec saveur hommes-singes, zombies souterrains et déesse du Mal, par quelques jolis effets spéciaux et quelques scènes sanglantes qui devraient faire la joie des amateurs de plans sanguinolents. Sont ainsi au menu décapitations et mutilations même si on est assez loin des habituels excès italiens d'alors. Toujours aussi énergique, Tarantini privilégie l'action et les scènes extérieures tournées dans les beaux décors naturels montagneux des Abbruzzes. On soulignera légalement a belle photographie du spécialiste Fanetti Giancarlo Ferrando.
On notera que Sangraal est le seul film à se référer à la mythologie germanique du moins au niveau de la taxinomie avec les Walkyries, féroces amazones.
Aux cotés de Pietro Torrisi, on retrouvera de solides acteurs tels que Yvonne Fraschetti qui se promènent tout au long du film les seins à l'air, la toujours aussi blonde Sabrina Siani, la reine du genre, qui malheureusement cette fois ne fait qu'une brève apparition dans la peau de la Déesse du Mal, le corps recouvert de peinture dorée, un rôle qui annonce sa furtive présence dans Conquest. On reconnaîtra également Luciano Rossi en toute fin de carrière et Mario Novelli caché sous le pseudonyme de Anthony Freeman dans la peau du cruel Nanuk qui vole aisément la vedette à Torrisi lui même.
Sangraal reste avec Gunan et Ator un des meilleurs Heroic-fantasy à l'italienne qui fut jamais tourné, un des plus riches tant sur le plan visuel que sur le plan de l'action. On regrettera par contre une version française parfois risible qui vient gâcher quelque peu notre plaisir.
Il est important de savoir également que le titre vidéo français de ce film n'est ni plus moins que la traduction du titre du troisième volet soit Il trono di fuoco de Prosperi. Que le novice prenne garde donc!
Suite au succès d'estime des deux premiers volets le producteur Pino Burrichi flanqué de Ettore Spagnuolo confièrent à Franco Prosperi la réalisation du troisième film de la série, Il trono di fuoco qui met ainsi fin à cette trilogie. Il trono di fuoco est en fait un pur produit commercial, une oeuvre de récupération dont une bonne partie du métrage est composée de séquences de batailles et de foule provenant de Gunan et de Sangraal auxquelles ont été rajoutées de nouvelles scènes tournées pour l'occasion par Prosperi, pour la plupart les scènes intérieures. Il trono di fuoco est indubitablement le plus faible des trois films. Truffé d'effets spéciaux au rabais, ce pseudo nouvel opus de Prosperi souffre des mêmes défauts cette fois aggravés que Gunan il guerriero, à savoir la pauvreté de son budget et surtout l'absence de tout souffle épique, son manque cruel d'énergie notamment lors des nombreuses scènes de bataille. cela finit par appesantir un scénario là encore très léger mais pourtant original et joyeusement agrémenté de quelques touches horrifiques bienvenues.
Toujours aux cotés de la blonde Sabrina Siani qui interprète cette fois une princesse qu'on a kidnappé, Pietro Torrisi reprend du service dans la peau cette fois du valeureux Siegfried, un personnage qui apparaissait déjà dans Sangraal. Siegfried va devoir se battre contre l'incarnation du Mal, le fils de Satan lui même, et sa dangereuse alliée, une sorcière machiavélique, qui veulent s'emparer du trône construit par Odin le jour d'une éclipse solaire afin de régner sur le Monde. L'ex-bodybuilder et cascadeur fait là encore ce qu'il peut mais sans l'ingéniosité de Tarantini avec qui il tourna Sangraal la spada del fuoco, ses efforts sont quelque peu vains. On mentionnera plus précisément une séquence en particulier, celle où il combat mollement un python à mains nues, un bien piteux python pour une tout aussi piteux passage.
Rempli d'anachronismes (on célèbre un mariage chrétien en pleine période barbare) Il trono di fuoco, tourné au château de Balzorano est tout au plus distrayant. On se laissera surtout emporter par la beauté de la blonde Sabrina Siani qui nous gratifie pour la première fois d'un magnifique topless, un effeuillage inédit jusqu'alors puisque Sabrina n'était jamais apparue nue dans les quelques Heroïc fantasy qu'elle tourna.
Ex-assistant de Mario Bava et Riccardo Freda, Prosperi a du se souvenir du temps passé sur les tournages de Hercule contre les vampires et Maciste en enfer. On y retrouve en effet quelques traits qui caractérisaient ces deux films: les fameux anachronismes déjà cités d'une part, ce mélange d'éléments médiévaux, mythologiques et préhistoriques, et le château donnant sur les portes de l'Enfer. Plutôt mal utilisés, cela fait surtout ici sourire. Il est également amusant de constater que le nom du héros est Thor, Dieu du tonnerre et divinité scandinave, avec lequel le film n'a aucun rapport évidemment.%%%
Aux cotés de Pietro Torrisi et Sabrina Siani on reconnaitra entre autres Harrisson Muller, le frère de Nadia Cassini, dans la peau diabolique de l'Antéchrist.
Si le film est resté inédit en France du moins en salles à l'instar des précédents opus, il n'a jamais été distribué en Italie tant il fut autrefois jugé mauvais. Suite à cela Pietro Torrisi décida de se retirer dans un semi-anonymat, mit sa carrière d'acteur en veille pour se consacrer presque uniquement à ses premières amours, les cascades et les acrobaties.
Il est important de noter que le titre vidéo de ce film, L'épée de feu, est la traduction du titre original de Sangraal, la spada di fuoco sorti lui sous le titre Sangraal l'épée des barbares. Que le novice prenne une fois de plus garde à ne faire aucune confusion!
Plus intéressant encore est Ator l'invincibile / Ator le conquérant de Joe D'Amato qui est sans nul doute le meilleur film d'Heroic Fantasy italien qui fut alors tourné. Bénéficiant d'un cadre naturel plutôt sympathique, les verdoyantes prairies et régions boisées de Manziana près de Rome, et de costumes cette fois crédibles, Ator surprend par l'enthousiasme de ses combats notamment l'attaque du village des parents de Ator. Hormis le coté épique que D'Amato parvient à lui insuffler, il y ajoute cette touche de violence dont il a toujours eu le secret, mélangeant de façon fort agréable aventure, horreur et érotisme de bon aloi par le biais de charmantes Amazones et d'une envoutante sorcière incarnée par Laura Gemser.
Si le film est parfois inégal, si quelques scènes prêtent à sourire ou n'utilisent pas forcément tout leur potentiel, il n'en demeure pas moins aussi plaisant que divertissant, sans temps mort, plutôt rondement mené et bien interprété. On regrettera quelque peu un final bâclé et l'apparition de cette araignée géante en peluche dont les pattes sont agitées en très gros plans par un technicien afin de dissimuler la pauvreté des effets spéciaux que D'Amato en bo artisan qu'il était a pourtant su bien masquer durant tout le reste du métrage.
Ator se détache et ce malgré ses défauts sans mal des autres films d'Heroic-fantasy transalpins. Sans être parfait, Miles O'keefe qui jouissait alors d'une petite réputation suite à Tarzan l'homme singe donne une certaine épaisseur à son personnage, sans jamais être ridicule tandis que la désormais indispensable Sabrina Siani incarne une valeureuse guerrière amazone. Laura Gemser y fait une apparition sobre mais sympathique dans la peau de la sorcière à la beauté ensorceleuse. D'Amato la détruira malheureusement trop vite en la transformant en une hideuse boursouflure assez comique avouons le. La présence du petit ourson Keops, le fidèle compagnon de Ator et véritable allié, finalise l'ensemble et achève de lui donner ce petit coté ludique et frais qui font de Ator l'invincibile une oeuvre franchement sympathique.
Le succès du film en Italie allait tout naturellement lui donner une suite cette fois bien décevante Ator 2 l'invincible, totalement inédite en France. Ator 2 est en fait une suite bien involontaire que D'Amato se vit surtout obligé de tourner. Il aurait dû au départ réaliser Adamo ed Eva la prima storia d'amore mais des problèmes économiques et le désistement inattendu de Miles O'Keefe qui devait jouer Adam obligèrent la production à abandonner le début du tournage qui échut finalement entre les mains de Luigi Russo et Enzo Doria. C'est ainsi que naquit Ator 2 pour lequel certains des personnages de Adamo ed Eva et quelques scènes déjà en boite durent être réutilisées. S'ensuit un film totalement anarchique, sans réel scénario, truffé d'anachronismes parfois drôles dans lequel O'Keefe déambule l'air absent au rythme d'une mise en scène mollassonne. Exit la blonde Sabrina Siani ici remplacée par la fade Lisa Foster qui à l'origine devait incarner Eve mais surtout exit toute forme d'ambition cinématographique. Joe D'Amato réduit cette fois à leur plus simple structure et la mise en scène et les décors sans parler de la médiocrité des effets spéciaux notamment ce Dieu serpent qui pourrait faire passer l'araignée géante de Ator pour une véritable réussite et l'interprétation bien peu convaincante si on excepte la prestation de David Brandon qui donne un brin d'épaisseur à son personnage démoniaque.
Le troisième volet de Ator, Ator the iron warrior / Il guerriero del ferro est tout aussi décevant. Réalisé cette fois par Alfonso Brescia en 1987, on suit les nouvelles aventures de Ator au royaume enchanté de Dragor où il doit combattre une sorcière, Phaedra. Pour la vaincre, il devra suivre les enseignements du Maitre des Epées un guerrier invulnérable qui finira par dévoiler ses secrets à Ator.
Toujours interprété par Miles O'keefe cette fois garni d'une splendide queue de cheval noir, Ator 3 qui ne possède aucun lien avec les deux précédents volets est à l'image du cinéma d'un Brescia en fin de carrière: insipide, mou et souvent grotesque. Ce nouvel opus est avant tout une sorte de gigantesque fourre-tout dénué de véritable histoire. Brescia use et abuse des ralentis, des flous, des zooms et autres vieilles astuces pour rendre invisibles ses personnages le tout rythmé par une musique le plus souvent pompeuse. O'Keefe ne parvient guère à rendre crédible l'ensemble cette fois et c'est pour son salut qu'il abandonna par la suite le rôle.
Joe D'Amato redonnera vie au personnage en 1990 soit dix ans après sa création avec Ator 4: the hobgoblin. Si Ator 2 restera un bien piètre souvenir dans l'esprit de l'amateur qui oubliera également un encore bien plus mauvais Ator 3, D'Amato réalise donc pour la Filmirage, sa petite maison de production, L'épée du St Graal / The Hobgoblin pour reprendre avant tout en main le personnage de Ator puisqu'il détestait ce que Brescia avait fait de son héros légendaire.
Le célèbre réalisateur nous replonge donc dans un univers moyenâgeux qui semble un peu moins barbare que les précédents mais tout aussi empli de mystères et de dangers. Si Miles O'Keefe cède sa place à l'américain Eric Allan Kramer, body builder blond particulièrement fade et inexpressif venu de la télévision, le personnage reprend le nom de Ator même s'il n'a aucun lien apparent avec les autres volets de la série à l'instar du N°3 ceci dit en passant. On sent malheureusement ici la triste fin de l'ère de l'héroic fantasy à l'italienne et L'épée du St Graal ressemble davantage à un téléfilm pour enfants qu'à un véritable film.
Réalisé avec une mollesse à laquelle D'Amato ne nous avait pas habitué et qui n'a d'égal que le pas de course pataud de son héros, le film dénué de toute action ennuie plus qu'il ne distraie. On suit cette fois les paresseuses péripéties non pas de Ator tué dés l'ouverture du film par le dieu Thor mais de son blondinet de fils aux prises avec Grindl, un horrible goblin qui détient la fameuse épée sacrée que Ator doit recevoir pour son dix-huitième anniversaire. Le gnome étant vil et sournois, il cache l'épée et fait de Ator son domestique qui durant une bonne partie du métrage va tenter de retrouver l'arme dissimulée dans une cachette pourtant bien évidente!
Le scénario est tout bonnement simpliste et ressemble davantage à un assemblage de plusieurs petites histoires tant il parait par instant décousu. Ainsi si le Dieu Thor disparait totalement de l'histoire après avoir tué Ator, on découvre au fil des minutes, une magicienne, un horrible dragon, des robots siamois, un roi particulièrement belliqueux et pustuleux, des amazones peu énergiques, une gentille jeune femme dont Ator tombera amoureux après s'être fait aidé dans toutes ses péripéties par un malheureux assistant. Tous ces personnages et ses diverses aventures sont maladroitement collés au gré d'une histoire souvent incohérente que seuls le pataud héros et le gnome semblent relier.%%%
Quant à ce qui le concerne, le pauvre gnome est malheureusement tout sauf effrayant ou mesquin. Il ressemble davantage à un hybride d'Howard le canard et Gargamel, son masque mal articulé et son costume n'étant jamais que ceux déjà utilisés pour les créatures de l'inénarrable Troll 2 de Claudio Fragasso.
Hormis courir au beau milieu de la nature, cheveux au vent, son épée brandie, Ator nous gratifie de quelques combats d'une mollesse étonnante et surtout fort mal chorégraphiés, le tout rythmé par une musique disco qui semble sortir toute droite d'une série des années 70.
L'épée du saint Graal est le triste reflet d'une époque alors révolue, celle glorieuse du cinéma de genre transalpin et de ses différentes sous catégories dont l'Heroic fantasy à l'italienne. Outre son interprétation, le défaut majeur de L'épée du St Graal est l'absence totale de tout coté épique et son cruel manque de magie, cette féerie qui entre autre définit l'Heroic fantasy. Si le film de D'Amato est loin d'être insupportable et parvient même à être un brin amusant et surtout distrayant, il ressemble plus à un téléfilm de troisième zone qui peut faire effet lors d'une programmation lors des fêtes de Noël ou d'un dimanche hivernal. Le film clôture ainsi une série qui ne cessa d'aller en décroissant.%%%
Si on oubliera le pitoyable jeu d'acteur de Eric Allan Kramer, montagne de muscles aussi fade qu'inepte, on déplorera la trop fugitive apparition de Laura Gemser, également créatrice des costumes du film, dans la peau d'une magicienne et d'une Marisa Mell déchue au crépuscule de sa carrière quelques années avant sa dramatique disparition.
Reste l'acteur nain Domenico Semeraro qui incarne à la fois Grindl le gnome et Hagen le répugnant conseiller du roi. Sa tragique destinée allait donner au film une certaine notoriété macabre puisqu'il fut assassiné quelques mois après le tournage. Homosexuel notoire, ce taxidermiste de profession, acteur occasionnel, était tombé amoureux de son jeune apprenti de 17 ans toxicomane. Le garçon, bisexuel, tomba alors amoureux d'une jeune fille. Le couple décida d'assassiner Semeraro et découpèrent son corps en rondelles avant de jeter les restes dans des sacs poubelle. Cet effroyable fait divers donna naissance à un film en 2002, L'imbalsamatore, et apporta à L'épée du St Graal un regain de popularité dont le film aurait pu se passer.
L'ineffable Tonino Ricci réalisa quant à lui Thor le guerrier / Thor Il conquistatore qui représente sans nul doute ce qui se fit de pire dans le genre. Tourné dans une campagne proche de Rome avec une dizaine de figurants, Thor est très certainement le plus pauvre des ersatzs engendrés par le succès de Conan le barbare.
Pauvre mais jamais ennuyeux car il va sans dire qu'on se tordra de rire tant le film de Ricci sombre dans les tréfonds du ridicule. Deux épiques combats ou plutôt pirouettes de Thor armé d'une épée en plastique, une gigantesque chevauchée de trois malheureux cavaliers, quelques incantations magiques et belles paroles d'un vieux sorcier misogyne incarné par Christopher Holm essayant avec grand sérieux de remonter sans y parvenir le niveau du film et voilà que Ricci brandit bien haut le glaive du succès.
Exempt de mise en scène et de direction d'acteurs, Thor vaut aussi pour ses dialogues cuisants et empreints d'une belle misogynie. Lorsque Thor demande au sorcier ce qu'est une femme, celui çi saura lui faire comprendre que ce sont des créatures nuisibles et dangereuses pour l'homme et son avenir, des êtres perfides dont il faut se méfier... et force est de constater que Ricci aime maltraiter les femmes tout au long du film. Mais reste à savoir si une femme voudrait de Thor au vu de son QI inversement proportionnel à sa masse musculaire! Affublé d'une hideuse et inoubliable perruque de crin semble t-il qui donne l'impression de vouloir s'envoler à chaque mouvement c'est l'inexpressif et monolithique Bruno Minniti caché sous le pseudonyme de Conrad Nichols qui incarne Thor!
Thor le guerrier fait sans aucun doute partie des plus beaux fleurons du cinéma Bis italien des années 80 et devrait réjouir les amateurs de n'importe quoi pelliculaire! Précisons qu'il n'est bien entendu jamais question ici du dieu Thor, Ricci se contente simplement d'emprunter le nom de cette divinité issue des légendes scandinaves.
Lucio Fulci se mettra lui aussi à la page avec son bel essai Conquest en 1982. Si le film jouit d'une belle réputation en Italie, il n'en est pas de même sous nos cieux où il est toujours fortement décrié par les fans du maître et injustement oublié. Certes, le scénario ne brille guère par son originalité mais ceci est compensé par l'esthétisme du film et sa lancinante et envoûtante partition musicale qui parviennent à faire oublier ce manque d'imagination et une certaine lenteur au niveau de l'action. On a beaucoup reproché à Conquest sa photographie surexposée, sa surluminosité, ses couleurs flash et ses images floues, voulues ou non. Soyons juste et avouons que ces soi-disant défauts servent plus le film qu'ils ne le desservent, contribuant finalement à donner à l'ensemble un coté irréel et magique que les omniprésentes nappes de brouillard renforcent.
Pour le reste, Fulci se contente de présenter tout un panel de créatures plus ou moins bien réussies dont les hommes-loups aux masques poilus mal fixés et leurs borborygmes amusants, ses zombis des cavernes et sa déesse d'or.
Si ses héros sont plutôt fades et font le strict minimum comme souvent chez Fulci, Conquest contient tout de même quelques très bons moments particulièrement gore dont Fulci a le secret comme l'écartèlement particulièrement effroyable d'une femme, des crânes décalottés et explosés, des combats sanglants ou ces pustules verdâtres démesurées et purulentes qui explosent sur le corps du jeune héros malade.
Hormis ces moments, on retiendra au crédit de Conquest la superbe photographie de Alexandro Garcia Alonzo et la fracassante musique de Claudio Simonetti qui donne au film une dimension onirique et poétique particulièrement agréable sans oublier cette séquence typiquement fulcienne où le héros traverse une étrange forêt embrumée et se voit attaqué par des zombis décomposés au regard vide surgis des étangs.
Conquest, interprété par Andrea Occhipiniti, Jorge Rivero et Sabrina Siani, sans être un grand film possède certaines qualités indéniables qui en font une petite série mineure mais toutefois à reconsidérer dans la filmographie du Maestro.
Il aurait été étonnant que Bruno Mattei accompagné de son infatigable comparse Claudio Fragasso ne nous livre pas sa vision du genre et ce fut chose faite en 1983 avec I magnifici gladiatori / The seven magnificent gladiators qui narre les aventures d'un valeureux héros devant combattre un tyran et sa sorcière de mère qui terrorise chaque année un paisible village de femmes. Grâce à une épée magique, il va renverser le despote.
Du tandem Mattei / Fragasso on ne pouvait s'attendre à un chef d'oeuvre. Ces Sept gladiateurs sont à l'image des autres films du célèbre duo, une série fauchée à l'extrême, d'une totale ringardise aux situations absurdes mais aux pouvoirs non pas magiques mais hilarants. De la mise en scène catastrophique voire inexistante, la laideur de la photographie à l'interprétation d'une totale indigence, on subit ses aventures mollement filmées où tente de se débattre un Lou Ferrigno pataud et niais aux cotés de la plantureuse Sybil Danning jamais avare de ses charmes. Ce peut être là une maigre consolation. Le pauvre Lou n'a jamais eu l'air aussi empoté et ses quelques scènes de combat semblent être celles d'un paralytique.
La pauvreté des moyens est ici affligeante et le décor se résume à une salle de studio vide, un trône et une épée magique en plastique qui devient verte lorsqu'elle s'active grâce à deux piles, soyons en sûr. Les extérieurs ont été tournés prés d'une vieille ruine autrement dit quelques pierres branlantes, vestige d'un autre temps se dressant au milieu d'une verdoyante prairie, qui donne l'illusion qu'on nous sommes à l'époque romaine. Les figurants ne dépassent guère quelques pauvres quidams revêtus de jupettes montant sur deux chevaux mais s'en donnent à coeur joie lors d'une interminable séquence de danse d'un ridicule sidérant et tellement anachronique. Les 7 gladiateurs parvient aisément à supplanter Thor dans l'absurde et la ringardise, faisant passer ce dernier pour un chef d'oeuvre. Voilà un miracle!
Plus surprenante et malicieuse est la tentative de Antonio Margheriti à mélanger l'heroic fantasy à un autre genre qui lui est cher, la science fiction, tout en y incluant les principales composantes d'un autre film à succès La guerre du feu dans lequel il va faire évoluer un héros musclé inspiré de Conan à celles de Star wars, autre gros triomphe du box office mondial de ce début de décennie. Ainsi naquit Yor chasseur du futur adaptation d'une bande dessinée espagnole intitulée Henga el cazador signée de la main de Ray Collins alias Eugenio Zappietro et Juan Zanotto.
Si l'idée de départ était avouons le originale, ce mélange de deux genres bien distincts s'avère malheureusement bien vite un ratage même si le film n'est pas dépourvu de qualités. Margheriti démontre une fois de plus la difficulté d'allier deux styles à une seule oeuvre homogène. Yor chasseur du futur va rapidement faire la triste démonstration que la massue et le pistolet laser ne font guère bon ménage d'autant plus que la division du récit en deux parties distinctes n'arrange guère un film sans réelle continuité.
On appréciera tout de même la première partie se situant à un âge de pierre plutôt plaisant et divertissant tourné en Turquie dans de beaux décors naturels et agrémentés d'effets spéciaux certes fauchés mais assez réussis, toute proportion gardée bien entendu, et d'un montage savant pour rendre crédibles les quelques créatures préhistoriques imaginées par Margheriti qui ne filmera que leur tête, budget restreint oblige.
Malheureusement la deuxième partie lorgne quant à elle vers Starcrash et son univers de science-fiction de pacotille. Débarrassé de sa massue, Yor, homme venu de temps ancestraux rappelons le, s'y promène pourtant avec une sidérante aisance, manipulant écrans vidéo, ordinateurs, pistolaser et fusée sans aucune difficulté.
Dénué de logique et de crédibilité, Yor devient une sorte de serial puéril et hilarant dans lequel l'action va le plus souvent prédominer. L'univers ou plutôt les univers dans lequel notre chasseur du futur évolue sont plutôt foisonnants puisqu'il va entre autre rencontrer des hommes de Néerdanthal, des robots habillés de cuir noir qui de loin ressemblent à Darth Vader et obéissent à leur maître encapuchonné, un tyran croisé entre l'empereur Ming et Palpatine, combattre des tricératops et des ptérodactyles avant de se retrouver propulser dans un immense complexe futuriste pour prendre les commandes d'un gigantesque vaisseau spatial.
C'est un peu tout et n'importe quoi, un assemblage particulièrement kitch mais cependant jamais déplaisant. Yor est une jolie aventure faite de bric et de broc qui ne s'élève jamais plus haut que le simple divertissement. Ni bon ni mauvais, Yor chasseur du futur est une sorte de jolie bande dessinée fourre-tout distrayante et remplie d'anachronismes. Un peu plus d'ingéniosité de la part du talentueux Margheriti aurait pu donner une oeuvre de qualité comme son homologue anglais Krull.
Aux cotés d'une Corinne Clery au brushing impeccable et malheureusement fort sage, le transparent et parfaitement inexpressif Reb Brown, ex-Captain America, incarne Yor, beau blond glabre aux muscles saillants qui fanfaronne ses exploits au son d'une bande son disco qui n'est pas sans rappeler celle de Flash Gordon. Le personnage de Yor souffre beaucoup trop de l'interprétation poussive de Brown, incapable de donner la moindre épaisseur à son personnage.
Si le film connaitra un énorme succès aux USA, il se soldera par un lourd échec en France lors de sa sortie avant de devenir comme bon nombre de ce type de films Bis, une petite oeuvre culte pour les joyeux amateurs du genre.
Ruggero Deodato quant à lui ne resta pas sur la touche et mit tardivement en route en 1987 The Barbarians qui connut un gentil succès auprès des amateurs de séries loufoques. The barbarians est un sorte de bande dessinée totalement folle, ni bonne ni mauvaise, une sorte de grosse farce où prévalent surtout et avant tout les facéties des frères Paul, deux culturistes aussi niais et fadasses qu'ils sont musclés. Ils s'en donnent ici à coeur joie dans la gaudriole, les grimaces et l'amoncellement de gags suivis par une distribution qui elle aussi semble s'amuser comme des petits fous, Michael Berryman et Richard Lynch en tête qui débitent des dialogues à l'image du burlesque des situations. Sans être une réussite mais plutôt rondement mené, Les barbarians a un coté bon enfant qui peut plaire si on est un tant soit peu réceptif à ce genre d'humour. Le cas échéant, la vision du film peut s'avérer très difficile.
Parmi toutes ces nouvelles tribus barbares pourquoi ne pas faire revivre le célèbre Attila, le plus célèbre chef barbare de tous les temps? Voilà chose faite avec Attila flagello di dio qui justement suit les traces de Barbarians. Inédit en France, fustigé par la critique qui ne mâcha pas ses mots lors de sa sortie en Italie Attila est bizarrement devenu au fil du temps un véritable objet de culte pour beaucoup de collectionneurs plus particulièrement de l'autre coté des Alpes.
Il y a plus de 2000 ans dans les campagnes milanaises. Alors que la redoutable tribu du roi Aldarico secondé par le fourbe Ferduffo. est parti à la chasse ai porc les romains brûlent et détruisent son village, pillent la nourriture et font prisonnières les femmes qu'ils emmènent avec eux. Furieux Aldarico et une dizaine de ses hommes partent pour Rome pour se venger et reprendre ce qui leur a été volé, bien décidés à appliquer la loi du talion. En chemin ils consultent la sorcière Columbia pour s'assurer qu'Odin est avec eux. Columbia leur assure que cette guerre verra l'avènement d'un nouveau roi, terrible, cruel, du nom de Attila. Persuadé qu'il s'agit de lui Aldarico s'autoproclame Attila, Durant leur voyage vers Rome Aldarico et ses hommes vont traverser moult épreuves et vivre bien des aventures. Uraia, une de leurs femmes, armée d'une épée magique que lui a donné Columbia, a réussi à s'échapper du camp romain et a rejoint Aldarico dont elle est secrètement amoureuse, Après avoir échappé aux hallucinations d'une sirène, du vendre Uraia à un marchand ligurien, subir les transformations en âne à chaque pleine du pauvre Osvaldo, échappé aux fourberies de Ferduffo, Aldarico et sa troupe arrivent à Rome où ils sont reçus par le chef Fusco Cornello qui les droguent avec du vin. Il les fait prisonniers durant leur sommeil. Cornello leur propose alors un marché. Ils seront libre de rentrer chez eux si Uraia qu'il détient également reste avec lui. Aldarico refuse avouant ainsi ses sentiments à la jeune femme. La guerre est déclarée. Cornello tuent tous les hommes de Aldarico qui parvient à s'enfuir in extremis avec Uraia et Ferduffo grâce à une montgolfière. Las de ses fourberies Aldarico/Attila jette Ferduffo par dessus bord. Les deux amoureux peuvent désormais tranquillement vivre leur amour.
L'histoire est idiote. A dire vrai elle n'a même quasiment aucune importance car elle s résume à une suite de mésaventures stupides qui n'ont aucun sens réel, mal ficelées, mal reliées, parfois incompréhensibles ou tout simplement invraisemblables. Peu importe.
L'essentiel n'est pas ce récit car Attila flagello di dio est avant tout un spectacle, celui de son interprète principal Diego Abbantuando qui durant plus de 90 minutes fait le show en donnant sa version du genre. Très populaire en Italie, créateur du personnage du Terrunclelo, l'italien du nord qui a conservé l'accent du sud, héros farfelu de toute une série de comédies et sexy comédies Abantuando se livre ici à un de ses nombreux numéros sur lequel repose tout le film. mis en scène de surcroit par deux habitués de la comédie populaire transalpine Franco Castellano et Giuseppe Moccia alias Pippolo. On est donc loin très loin des aventures musclés de Sangraal et autre Thor!
Attila flagello di dio est une pure comédie en costumes et peaux de bête et perruques acrylique qui comme très souvent dans ce type d film se joue des anachronismes. Et ils sont légion ici. On sabre le champagne sous une tente romaine, on s'évade en montgolfière, on ne fait pas un bras de fer mais une jambe de fer, on mime l'ambulance et monte un cyclomoteur en bois, on joue au rubik's cube entre autres fantaisies. Quant à Columbia la magicienne elle n'est que la réincarnation de la célèbre emblème de la Columbia film! Pour le reste Attila est un fourre-tout de tout et n'importe quoi où on trouve pèle-mêle une sirène, une chasse aux cochons, un pécheur félon sur un radeau, des moustiques écrasés avec un maillet géant (l'arme fétiche de Aldarico/Attila), une épée magique, une sorcière qui lance des rayons avec ses yeux (un effet optique digne de Méliès) et change les hommes en âne (un procédé emprunté à Ma sorcière bien aimée),
Les dialogues sont à l'image du film et des gags bien évidemment, truffés de jeux de mots très italophones mais là encore aucune vraie originalité si ce n'est quelques répliques qui font mouche. Attila qui par bien des points fait penser à L'armata brancaleone de Mario Monicelli reste un délire déjanté présenté sous forme d'une série de saynètes échevelées dont la vedette reste Abantuando excité comme une puce, ici à son summum. Difficile d'apprécier Attila en tant que simple comédie en habits barbares si on a l'esprit trop terre à terre. Difficile d'apprécier Attila si à la base on n'est pas italien. Encore plus difficile d'apprécier Attila si on n'est pas un inconditionnel de Diego Abantuando. Chacun le jugera donc à sa manière et s'en fera sa propre opinion. Une chose est sûre. Le film du tandem est bien plus supportable que l'imbuvable Barbarians et les facéties extra lourdes des jumeaux Paul.
Autour d'un Abantuando déchainé Attila est l'occasion de revoir quelques vieilles gloires déclinantes du cinéma de genre telles Angelo Infatti en chef romain coquet et Tony Kendall. L'atout féminin revient ici à la comédienne, chanteuse productrice croate Rita Rusic alors épouse du producteur du film, qui nous délecte de quelques rapides plans de nu et pousse la chansonnette. Anna Kanakis se transforme quant à elle en sirène qui chante du disco et la dominicaine Iris Peynado en magicienne.
L'Espagne tenta elle aussi en 1983 de donner sa version du film de Milius. C'est l'acteur-metteur en scène Joaquin Gomez Sainz qui s'y attela en signant un des plus mauvais films que le pays connut, Tunka el guerrero. Quelque part sur Terre dans un monde post-apocalyptique. Une tribu de puissantes Amazones descendantes des survivantes d l'Holocauste, les Selenians, règne désormais sur ce qui reste de notre planète. Elles refusent toute domination de l'homme qu'elles chassent hors de leurs terres hormis les Senkas, de pacifiques guerriers dont elles se servent aussi pour se reproduire. Beaucoup plus loin vivent d'autres hommes, les Tizalis, menés par le redoutable Gorgo et son âme damnée. Gorgo n'a qu'un seul objectif: détruire les Selenians et régner en maitre absolu. Lorsque Gorgo fait prisonnières quelques Amazones, Trila, un Senka, part à leur rescousse. Malheureusement Trila est tué par Gorgo. Son frère, le valeureux Tunka, décide de venger sa mort. Pour cela il lui faut l'aide des Amazones car elles seules peuvent lui faire traverser les zones interdites qui mène au village de Gorgo. Après que Tunka et ses hommes aient réussi les tests requis par les Selenians afin qu'elles leur accordent leur aide, Tunka flanqué du nain BamBam part pour les terres de Gorgo afin de le tuer.
Ruggero Deodato avait lui aussi tenté de mélanger post nuke et Héroic fantasy avec Yor chasseur du futur dans un film inégal mais sympathique. Le mariage des deux genres chez Gomez est un fiasco retentissant non pas car la partie post nuke est inexistante, uniquement présente dans la situation de l'intrigue, mais pour l'indigence, l'incroyable stupidité et l'absence de toute mise en scène de cette histoire sans queue ni tête visuellement très laide. Aussi pauvres que pouvaient être les divers Heroic fantasy italiens ils avaient au moins l'avantage d'être crédibles. Peaux de bêtes, armes en bois, ossements, paysages vraisemblables empruntés aux plaines D'Ostia et régions montagneuses des Abruzzes et comédiens qui à défaut d'être extraordinaires possédaient une véritable stature faisaient la plupart du temps illusion. Tunka n'a même pas cette chance. Tourné dans une anonyme campagne du nord de l'Espagne et sur un morceau de plage, seules les quelques scènes réalisées dans des ruines romaines donnent le temps de quelques minutes une certaine dimension au film. Une goutte d'eau dans un océan de laideur. Il est également amusant de passer en revue les costumes des différents protagonistes. Ainsi les Amazones, arborant toutes un brushing très années 80, sont vêtues au choix de jupettes romaines, de juste au corps par dessus lesquels elles portent une sorte de jupe gitane ou comme la reine sont habillées comme Cléopâtre. Quant à Tunka, on admirera son collant médiéval, ses cuissardes et son armure faite dirait-on d'écailles en caoutchouc! Les équipements vont de pair. Gageons que le spectateur sera plié de rire à l'image même des épées en plastique qui elles se plient à chaque coup porté. On aura une pensée toute particulière pour le malheureux aigle attaché par la patte au poignet de l'âme damnée de Gorgo, le seul à porter un maquillage post apocalyptique. Lors des chevauchées le pauvre oiseau veut s'échapper mais ne peut que battre frénétiquement des ailes, violemment projeté dans tous les sens. De quoi faire grimacer les ligues de défenses animalières. Tout cela pourrait encore passer s'il n'y avait cette sidérante distribution Tunka en tête. Interprété par Gomez lui même rarement avait on vu un colosse aussi pachydermique et inexistant. Engoncé dans son costume, Gomez, pataud, léthargique, figé, totalement inexpressif, débite des dialogues d'une rare bêtise entre deux combats soporifères où il semble s'effondrer sous la difficulté de la cascade, soit une pirouette ratée et deux demi tours sur lui même d'une lourdeur astronomique. Si Tunka peut haut la main remporter le titre universel d'un des héros les plus pathétique et désespérant de l'histoire du 7eme art, il en va de même pour ses partenaires d'infortune. Les hommes de notre géant des temps futurs, sensés être de puissants guerriers, sont représentés par dix gringalets à l'âge certain vêtus d'un simple pagne, pour d'autres d'une toge, et d'un nain façon Passe-partout montant des chevaux en fin de vie. Plus hilarant encore est l'armée du suprême Gorgo, le mal incarné, joué par le filiforme (décharné?) Mariano Vidal Molina, sorte de marionnette dont il ne manquerait que les fils. Les troupes de ce tyran de cirque sont en effet représentées par une micro poignée de figurants anorexiques et une fois de plus de nains qu'avec même une imagination foisonnante on aurait du mal à voir comme une tribu cruelle qui terrorisent la planète. En découlent des combats poussifs, désordonnés, digne d'enfants s'amusant dans une cour de maternelle, d'un spectacle de fin d'année en première année de primaire, entrecoupés par l'apparition d'un vieux prophète chétif qui perché sur un rocher débite des versets dénués de sens en agitant nerveusement un bâton.
Doit on rajouter que le film est truffé de faux raccords (les morts qui changent de position au fil des plans...), les filtres qui sans raison font virer le ciel du bleu au jaune citron en passant par l'orange et le vert selon les plans, que pour des raisons de budget les morts reviennent à la vie et remontent leur pauvres destriers pour repartir au combat, Gomez n'ayant même pas eu l'argent nécessaire pour s'offrir un nombre suffisant de figurants.
Pour expliquer un ratage d'un tel infantilisme, il faut savoir que le film connut non seulement une multitude de problèmes tout au long du tournage et de la post production mais qu'un des opérateurs détruisit par maladresse la plupart des plans déjà tournés. C'est une des raisons pour laquelle le tournage de Tunka s'étala de 1983 à 1986. Bien des efforts inutiles puisque le film ne fut jamais distribué en salles et ne bénéficia que d'une tardive sortie vidéo en Espagne.
Si dans la plus mauvaise des séries Z il y a le plus souvent quelque chose qui parvient à sauver la pellicule de la plus totale nullité, Tunka el guerrero fait malheureusement partie des exceptions. D'une abyssale crétinerie le film de Gomez est un insondable gouffre de médiocrité avancée ni drôle ni même divertissant. Le véritable exploit de Tunka n'est pas sa vengeance sur les Tizalis mais tient dans le fait de savoir qui, malgré ses 74 petites minutes, pourra aller jusqu'au bout du métrage sans faire avance rapide ou tout simplement ne pas s'arrêter en cours de route vaincu par un si incroyable amateurisme.
On mentionnera pour être complet, quelques séries espagnoles qui rentrent totalement dans l'univers qui nous intéresse avec notamment la plus connue Hundra de Matt Cimer en 1983 avec Laurene Landon, la future héroïne de Maniac cop. Elle est ici une guerrière féroce quasiment imbattable élevée chez de cruelles Amazones qui ne tolèrent aucune domination de l'homme et manient l'arche et l'épée avec dextérité. Hundra va partir à la recherche des responsables du massacre de ses parents afin de venger leur mort.
Cette alerte série B qui bénéficia d'une sortie salles en France est une agréable surprise qui se laisse voir avec un certain plaisir malgré le peu de crédibilité de l'intrigue. Les péripéties de la solide Laurene Landon et sa détermination donnent en fait toute sa force au film auquel Cimer parvient à insuffler une once de férocité toujours plaisante.
Mentionnons également Amazons de Alejandro Sessa en 1986 qui conte les aventures d'une tribu d'Amazones qui doivent lutter contre d'autres peuples barbares et faire face à un monde où règnent sorcellerie et violence afin de faire revenir l'ordre et la justice.
Il nous faut aussi citer afin d'être le plus précis possible les porno peplum que tourna Joe D'Amato dans les années 90 à savoir Le sexy avventure di Ercole avec le pornocrate trurc Hakan Serbes, la diva porno préférée des italiens Selen et l'américaine Kelly Trump dans lequel D'Amato conte les prouesses sexuelles de notre Hercule national avec toute une armada de solides guerrières. Il s'occupera ensuite de trois autres colosses à savoir Maciste, Goliath et Samson, trois films tournés simultanément qui ontt chacun pour titre le nom de leur héros. Si Sansone et Maciste sont de véritables hardcore, Goliath est quant à lui un film simplement érotique dont l'acteur principal est interprété par un culturiste hongrois.
LES FILS DE LANCELOT:
Excalibur le film de John Boorman et à moindre impact Clash of the Titans de Desmond Davis se devaient eux aussi d'être copiés par nos amis italiens même si très peu d'oeuvres virent le jour de l'autre coté des Alpes. On en compte en fait qu'une seule, réalisée en 1984, le très beau I paladini: storia d'armi e d'amore de Giacomo Battiato.
Tiré d'un poème épique de Ludovico Ariosto, "Orlando furioso", qui est à l'Italie ce qu'est notre chanson de Roland sous nos cieux, Le choix des seigneurs est un enchantement visuel de tout instant. Battiato s'est surtout et avant tout attaché à illustrer la légende dans toute sa féerie et son irréalité d'où une quasi absence de scénario et de repères espace-temps qui pourra déranger certaines âmes chagrines. Le fait est qu'ici cette absence n'est guère gênante tant le spectateur est pris par la féerie des images et l'aura de mystère qu'elles dégagent tout au long du métrage. Nous sommes ici au temps des Maures qui combattent les Chrétiens sur des terres sauvages chevauchées par des chevaliers en armures rutilantes. L'armure est ici plus qu'une protection, elle est le symbole de la personnalité de chacun des protagonistes. L'armure est vivante, elle ne fait qu'un avec celui qui l'habite si toutefois quelqu'un l'habite puisque parfois elle est occupée par une entité invisible. Elle est aussi une des plus terribles représentations guerrières dont les heaumes sont de pures oeuvres d'art qui prennent l'apparence des visages qu'ils recouvrent. Poétiques ou féroces, fascinants ou sauvages ils sont quoiqu'il en soit superbes.
A cette rutilance métallique se marie l'esthétisme des images, des impressionnants costumes et la beauté enchanteresse des décors sublimé par la magnifique photographie de Dante Spinotti. Tourné dans les envoûtantes montagnes désertiques de l'Italie, I paladini baigne sans cesse dans des nappes de brumes qui ne semblent jamais se dissiper donnant au film cet air d'irréalité au même titre que ces cieux rougeoyants, flamboyants, sur lesquels se découpent les silhouettes, ces étendues verdoyantes ou ses cascades cristallines où l'on se bat sauvagement lors de superbes ralentis qui renforcent le coté onirique du film, un étrange climat de rêve éveillé entretenu tout au long du métrage par la très belle partition musicale signée Nana Cecchi composée de nappes de synthés lancinantes et planantes.
Battiato a su également recréer la force des grandes batailles d'antan, l'ensemble prenant parfois des allures hallucinantes de western médiéval. Il a réussi avec peu de moyens et une équipe d'acteurs plutôt réduite puisque l'intrigue tourne autour de quatre chevaliers à recréer l'ambiance très particulière de la mythologie et des légendes sans pour autant faire du Choix des seigneurs une fresque à la Excalibur par exemple. Un peu de savoir-faire et de talent, une atmosphère aussi étrange qu'onirique, un peu de magie et d'hémoglobine suffisent à rapprocher le film de nos grandes épopées médiévales dont il possède le charme solaire tout en lui conférant une force indéniable. En cela, I paladini contient nombre de scènes de batailles d'une férocité exemplaire où têtes et membres sont tranchés et les corps transpercés.
A cette beauté visuelle s'ajoutent celle des comédiens car Le choix de seigneurs est aussi une ode à la beauté. Ici, point de visages hirsutes et sale. Le scintillement des armures et l'esthétisme des décors n'a d'égal que le visage des chevaliers dont la perfection physique est proche des contes de fées. I paladini est en fait un joli conte de fée brutal et baroque. Nos chevaliers ont des visages d'ange au brushing impeccable et inaltérable que les ralentis subliment à l'infini lors des combats, une esthétique vidéo-clipée certes mais qui se marie parfaitement bien au film. Derrière sa cruauté et la froideur de ses décors, Battiato donne pourtant à son film un coté chaleureux. L'amour, véritable sortilège que vont affronter les quatre chevaliers, est le moteur du film et le femme n'est plus une malheureuse âme diaphane qui se lamente dans son château, elle est au contraire forte, vaillante et inaccessible. Au nombre de trois, elles se font téméraires et passionnées luttant avec ardeur et détermination pour atteindre leurs objectifs jusque dans la mort. On pourra regretter simplement outre un final un peu trop moraliste un humour parfois décalé qui s'intégre assez mal à ce monde barbare fait de magie et de poésie notamment lors des scènes où apparait Atlante, le sorcier farfadet, une sorte de trublion peu crédible souvent énervant qui désamorce un peu trop la force du film.
Toujours aussi envoutant vingt-cinq ans après sa réalisation, Le choix des seigneurs n'a rien perdu de sa merveilleuse aura. Il demeure un film spectaculaire qui a su privilégier le langage universel de l'image en y mêlant la tradition du théâtre populaire de marionnettes.
I paladini étrangement fut le seul exemple italien qui repris le succès d'Excalibur.
LES NOUVEAUX HERCULES:
Né en 1958 avec Les travaux d'Hercules de Pietro Franchini, le peplum fut un des genres les plus prolifiques en Italie dans les années 60. Si on trouve trace de grands peplum au cinéma dés 1912 avec Quo Vadis ou Gli ultimi giorni di Pompei et plus tardivement en 1926 avec Maciste all'inferno de Guido Brigone ou en 1948 avec Fabiola de Alessandro Blassetti, c'est dés 1960 que le genre par le biais de l'acteur américain Steve Reeves allait connaitre son essor notamment entre 60 et 62 avec entre autres Hercule et la reine de Lydie, le série des Maciste dont Maciste en enfer, Hercule contre les vampires, Hercule à la conquête de l'Altlantide, La vengeance d'Hercule... Doucement le genre s'éteindra avec la décennie et ne sera quasiment plus visité durant les années 70.
L'invasion des nouveaux héros mythologiques et une nouvelle adaptation de Caligula au cinéma par Tinto Brass en 1979 allaient donc redonner le temps de quelques films vie au péplum.
C'est Luigi Cozzi qui s'y attèle en 1983 avec Hercules qu'interprète un pataud et très benêt Lou Ferrigno aux cotés de la surpulmonée Sybil Danning. Amateur de science fiction et fort du succès de Starcrash, Cozzi fait d'Hercule une sorte d'hybride entre Star Wars et le film de héros mythologique. Inutile de dire que son film s'éloigne de la célèbre légende et devient le plus clair du temps totalement farfelu.
Si après le big-bang originel les dieux s'installent (!) sur la Lune, le bon Zeus va créer Hercule. Né d'une boule de lumière, convoité par de félonnes divinités, le bébé va grandir loin du monde chez un couple de bûcherons et devenir un bien solide gaillard.
Souffrant d'une platitude extrême de mise en scène, filmé sans imagination dans des décors de coin de studio d'une pauvreté désespérante, donnant à l'ensemble un aspect téléfilm du pauvre, Hercules va accumuler alors une série d'aventures d'une effarante banalité frisant par moment le grand comique. Des douze travaux de notre bon héros ne subsistent que quelques péripéties jetées en une poignée de minutes. Trois brassées et Hercule a traversé l'océan, deux coups d'épée et il a vaincu une armée de cinq soldats. Mais là où Hercules échoue, c'est dans sa tentative de modernisation, cet apport de S.F d'un total anachronisme et risible en tout point.
Hercules devient un festival de rayons laser, d'éclairs de lumière et d'explosions multicolores. Pire!Hercules commet le sacrilège de remplacer les créatures mythiques par des monstres de métal et autres robots-laser. Ainsi Hercule est enlevé par un oiseau de métal géant envoyé par le vilain Minos ou mieux, Cozzi transforme l'Hydre de Lerne, serpent à sept têtes, par un robot multicéphale monté sur chenilles grossièrement animé- ou inanimé dirais je tant il a du mal à se mouvoir, une vilaine maquette qu'Hercule détruira en trois secondes grâce à son bouclier laser à visée ventrale! Si les effets spéciaux sont aussi quelconques que ceux de Starcrash, reconnaissons au film son aspect bariolé flashy du plus bel effet.
Hercules est un joli échec multicolore, un dangereux mélange hybride de deux genres spécifiques qui aurait pu être agréable mais sombre ici trés vite par le manque de talent de Cozzi.
Fort du succès du film, il met en route l'année suivante Hercules 2 dont la genèse est particulièrement intéressante car son histoire est aussi romanesque qu'un récit mythologique. Engagé pour tourné deux peplum en Italie, Lou Ferrigno, se retrouva au centre d'un véritable coup fourré. Après le premier volet et la fin du tournage des Sept gladiateurs de Bruno Mattei, Ferrigno se vit contraint de tourner un troisième film sous la direction de Cozzi qui venait de retoucher les Sept gladiateurs, le résultat final n'ayant pas plu du tout aux producteurs de la Cannon. Dans la foulée, ils demandèrent à Cozzi de donner une séquelle à Hercule en reprenant Ferrigno de retour pour les scènes additionnelles et retouchées des Sept Gladiateurs. Malheureusement pour Ferrigno, la Cannon change soudainement d'avis, les nouveaux rushes du film de Mattei ne sont pas retenus pas même le script récrit par Cozzi à qui il ne reste désormais que l'ébauche de son nouveau Hercule. Pris par le temps, il est impossible au réalisateur de tourner un film complet, il devra alors se débrouiller comme il peut en se passant en outre de Ferrigno une partie du film. Ce dernier dut partir entre temps tourner le catastrophique Sinbad de Castellari. C'est donc à un labeur digne des fameux travaux d'hercule auquel Cozzi dut faire face, nous offrant un incroyable film au rabais.
Et financièrement parlant, cette suite est également au rabais passant sans aucun mal pour une jolie arnaque. Absence de budget et de temps obligent, une bonne partie du film est composée d'images du premier volet notamment les dix premières minutes, le temps d'un générique interminable, qui en reprend les moments les plus "intenses", Cozzi nous ressert également les décors spatiaux et les effets laser de Starcrash et de Hercule, il n'y a ainsi pas de gâchis, tout se recycle. Quant à la bande musicale, c'est l'intégralité de celle du chapitre précédent. Cela ne serait pas bien grave si Les aventures d'Hercule avait été réussi ce qui est loin, très loin d'être le cas puisqu'il bat en ridicule et en absurdité le premier tome qui ne volait déjà pas bien haut.
Fan invétéré de science-fiction, Cozzi, toujours aussi persuadé dans sa mégalomanie d'avoir tourné le plus grand film de S.F de tous les temps avec Starcrash, avait imaginé que Hercule était né sur la lune et que les Dieux vivaient dans l'espace d'où cet hybride entre héroïc fantasy et space opera affublé d'une panoplie étonnante d'effets optiques et de lumière. La suite est identique mais décuple le nombre d'effets optiques dans un festival de couleurs criardes. S'il fallait résumer le film, on ne raconterait pas l'histoire qui tiendrait sur un confetti mais on ne parlerait que de cette avalanche de rayons laser, boules de lumière et autres monstres animés, car oui, une partie des créatures du film sont des créatures de dessins animés, Cozzi n'ayant plus d'argent pour boucler son travail. Encore mieux. Lou Ferrigno n'étant plus disponible pour tourner ses ultimes scènes, il fut remplacé par un Ferrigno animé du plus mauvais effet! Voilà qui laisse entrevoir le n'importe quoi de ces nouvelles aventures du mythique héros!
Après les douze travaux d'Hercule voilà donc les sept tâches du héros légendaire qui sous l'ordre de Zeus, furieux, doit retrouver les sept éclairs magiques qu'on lui a dérobé. Parallèlement, deux soeurs, les très sexy Urania et Glaucia, doivent trouver un moyen d'empêcher le sacrifice de jeunes vierges. Leur route croiseront celle d'Hercule en quête des voleurs d'éclairs qui s'avéreront être également à l'origine du massacre des pucelles ou comment faire d'une pierre deux coups et ramener la sérénité dans l'univers. Voilà un scénario-éclair qui n'est en rien un éclair de génie bien au contraire même si Cozzi s'est toujours pris pour ce qu'il n'a jamais été, un surdoué de la pellicule. Toujours aussi influencé par Star wars, ce deuxième Hercule s'ouvre sur un générique fortement influencé une fois de plus par le film de Lucas durant lequel il nous résume pendant près de vingt minutes les performances de son héros dans le premier opus, histoire de gagner du temps et tenter d'atteindre les 90 minutes réglementaires. Il introduit maladroitement l'histoire des éclairs divins et du sacrifice des vierges puisqu'il faut bien une trame narrative à ce nouvel épisode. Mais l'absence de Ferrigno se fait ressentir, il doit combler comme il peut en multipliant notamment les mêmes plans de l'acteur plusieurs fois de suite, profitant de ses rares jours de présence sur le plateau. Si on s'ennuie ferme et c'est malheureusement le cas, on pourra toujours compter le nombre de fois où Cozzi les réutilise dans un laps de temps relativement très court. C'est peut être mieux que de compter des moutons. Le temps passe et il ne se passe rien. Comme Cozzi ne peut pas toujours reprendre des plans de son culturiste d'acteur il multiplie donc les scènes de dialogues. Les Dieux bavardent entre eux, les deux soeurs discutent entre elles, tout le monde papote et même le spectateur qui, las, commence à raconter sa journée à son voisin. Les scènes d'action n'ont le plus souvent aucun lien entre elles, elles ne servent qu'à allonger le métrage. Lorsque enfin Hercule apparait surgi du néant, c'est pour jouer du biceps, le corps oint d'huile, lors de combats miteux contre des monstres hilarants dont ces hommes chiffon voltigeurs, ces hommes lumière, ces mangeurs d'âme, le pauvre Minos lanceur d'éclairs ou ces hommes boue sauteurs si grossièrement maquillés qu'on les croirait issus du Muppet show. On oubliera la pauvre Méduse, une maquette ratée animée en stop motion ratée, calquée entièrement sur l'inoubliable séquence du Choc des titans, une des nombreuses références cinématographiques utilisées par Cozzi, grand pilleur pelliculaire devant Zeus. Quant au final il vaut à lui seul le détour. Voilà un grand moment de cinéma et de surtout de système D puisque définitivement privé de son principal protagoniste, il le remplace par un personnage de dessin animé d'une laideur sidérante, une sorte de version lumineuse de la célèbre Linea durant laquelle notre Hercule et ses différents assaillants vont se transformer en tout et n'importe quoi en l'espace de dix minutes, le temps que dure cette farce grotesque qui après quelques derniers bavardages entre des Dieux heureux prendra finalement fin.
Les aventures d'hercule est une des plus belles arnaque que le cinéma italien nous ait offert, une sorte d'immense poubelle d'où on a ressorti ce qu'on pouvait pour créer un film à partir de détritus et de quelques pièces neuves. On aurait pu en rire, on aurait pu se divertir avec ce bric et ce broc, on aurait même pu trouver ça génial mais le film est d'un tel ennui, si pathétique, tellement vite assommant qu'il faut un courage herculéen pour tenir jusqu'à l'ultime minute sans avoir eu recours à la touche Avance rapide. Nullissime, ennuyeux, ridicule, Les aventures d'hercule n'offre en fait que trois intérêts. Le premier est de nous offrir un festival de sexy starlettes qui étrangement ont aujourd'hui toute oublié le film, à savoir Sonia Viviani en fin de carrière, Margit Evelyn Newton juste avant qu'elle n'entre dans l'écurie Schacchi pour y tourner des polissonneries de plus en plus osées, Milly Carlucci quelques années avant de devenir une star télévisée, l'éphémère Cindy Leabetter très vite tuée, Serena Grandi, Pamela Prati et même l'hermaphrodite Eva Robin's entourés des vétérans William Berger, Venantino Venantini et Raf Baldassarre toujours autant en villégiature. Le deuxième c'est cette débauche de couleurs chatoyantes, cette flamboyance multicolore qui visuellement parlant est très belle associée à de très jolis costumes, certes de carnaval, mais fort beaux tout de même, comme si tout le budget avait servi à leur confection. Quant au troisième intérêt du film, LE véritable intérêt, c'est tout simplement que cette séquelle est un des plus bel exemple de ce que le cinéma de genre, le cinéma Bis transalpin pouvait alors faire pour sortir un film et engranger de l'argent, tout ce cynisme et cette hypocrisie qu'on adore d'un cinéma dont l'Italie s'était faite la spécialiste. Une telle confection reste aujourd'hui fascinante et voilà peut être pourquoi Les aventures d'hercule mérite sa place dans toute bonne vidéothèque pour petit bissophile averti.
Enzo Castellari quant à lui devait mettre en scène un Anno 2000: Ercole a New York en 1983 mais le projet fut abandonné, le réalisateur se tourna alors vers le post nuke en réalisant Les nouveaux barbares puis une adaptation de Sinbad.
LA NOUVELLE PREHISTOIRE:
Le succès de La guerre du feu de Jean Jacques Annaud n'allait pas tarder lui aussi à faire des petits. L'Italie ne pouvait certainement pas manquer le coche et louper un filon qui pouvait s'avérer rentable. C'est ainsi qu'elle mit en chantier quelques ersatzs dont seulement deux sont connus chez nous et eurent droit à une sortie salle, les autres étant restés definitivement inédits sous nos cieux.
Le plus connu et le seul à être sorti chez nous est bien sûr le très sympathique La guerre du fer de Umberto Lenzi. Malgré son manichéisme évident, les méchants sont bruns, barbus et hostiles, les bons sont blonds, ont la peau claire et sont rasés de prés, Ironmaster, agréable film d'aventures préhistoriques, se laisse voir avec grand plaisir. Si Lenzi n'a pas bénéficié d'un confortable budget, il est tout de même parvenu à recréer un monde préhistorique plutôt crédible dans de très beaux et austères décors naturels italiens mais aussi américains puisque certaines scènes furent tournées dans le Dakota, un univers parfois étonnament séduisant grâce à l'emploi de quelques mattes assez réalistes. Entre troupeaux de bisons et volcans en éruption, on assiste au combat du Bien contre le Mal. Vud, homme ambitieux et sans pitié tue le chef de sa tribu afin de prendre sa place. Banni suite à son crime, il est condamné à l'exil. C'est là qu'il découvre prés d'un volcan un nouveau matériau, le fer, et l'emploi qu'il peut en faire. Fort de sa trouvaille, il revient dans sa tribu, se proclame chef par la force et la peur et va vouloir étendre sa tyrannie sur le reste des tribus dont celle d'Ela qui ne connait que le pacifisme.
Le scénario est simple, Umberto Lenzi essaie même de faire passer un message un peu simpliste bien évidemment sur le danger inhérent de posséder des armes, fait llusion au fascisme naissant... En un mot, on ne s'ennuie pas un seul instant.
Epoque oblige, Umberto Lenzi se laisse aller à quelques plans gore entre deux combats jusqu'à la lutte finale entre Vud et Ela qui aura pris le temps d'apprendre à sa communauté l'art du combat et le maniement des armes et de l'arc.
Pur produit de divertissement, La guerre du fer, interprété par le tout huilé et musclé Sam Pasco, la blonde et toute décolorée Elvire Audray et un George Eastman excellent habillé de sa peau de lion, fait partie des meilleurs films d'heroïc-fantasy italien d'alors même s'il fera sourire devant les anachronismes qu'il accumule.
Adamo ed Eva la prima storia d'amore de Luigi Russo et Enzo Doria est un des plus étranges film de ce début d'années 80. Il est intéressant de revenir sur les origines de cette petite bande qui en explique peut être son coté totalement extravagant et fauché. L'idée de mettre en scène le plus fameux couple de notre Histoire remonte en fait à 1977 lorsqu'il devait échoir à Sergio Martino. Le film, fort ambitieux, devait être au départ produit par la Dania avec en tête d'affiche Edwige Fenech et Lando Buzzanca dans les rôles clé. Le projet tomba vite à l'eau et ressurgit au tout début des années 80 lorsqu'il fut repris par Enzo Castellari cette fois. D'envergure internationale, il devait être tourné au Mexique mais une fois encore il fut stoppé et c'est vers Joe D'Amato que les producteurs se tournèrent alors. Le cinéaste était alors occupé avec sa série des Ator dont Miles O'Keefe était le héros. Celui ci, alors en pleine ascension, devait interpréter Adam mais il refusa parce que le film allait contre ses croyances religieuses. Le début du tournage dut être interrompu et c'est finalement entre les mains du tandem Luigi Russo / Enzo Doria réunis sous le pseudonyme commun de John Wilder que finit le film dont le scénario fut signé Lidia Ravera qui pour l'écrire s'inspira
très largement de celui de Castellari.
Totalement inédit chez nous, Adamo ed Eva, coproduit par l'Espagne, tente de nous faire vivre la genèse mais une genèse vue et corrigée par les réalisateurs. Et ils ne sont plus à un péché prés! Les théologistes et puristes dans l'âme risquent de ne pas y retrouver leur catéchisme. Point question ici de religion, Dieu n'est présent nulle part. Adam sort du néant ou plutôt d'une sorte de chrysalide visqueuse et répugnante posée à même le sol sous l'aspect d'un bellâtre chevelu et nu qui se promène nonchalamment à la découverte du monde encore vierge. Mais la solitude lui pèse, Adam rêve donc d'une compagne!
On imagine donc qu'Adam savait déjà ce qu'était une femme puisqu'il la dessine dans le sable et c'est du sable que naîtra Eve par une terrible nuit d'orage. Il se dégagerait presque une certaine poésie de cette scène lorsque notre ancêtre à tous essaie de protéger cette fragile esquisse de sable de la destruction avant de s'endormir épuisé. Voilà bel et bien le seul et unique moment d'intensité onirique que se permettent ici les réalisateurs. Le mythe de Frankenstein n'est pas loin!
A son réveil l'esquisse sera devenue une sublime jeune femme blonde à la peau dorée, au regard mutin. Eve est née et désormais tout deux passeront leur temps à folâtrer dans la nature, nager dans l'océan au son d'une musique totalement décalée signée Maurizio De Angelis qui mélange mélopée synthétique planante et slow sirupeux, celui de Tanja Solvik, First love.
La seule allusion au récit de la Bible sera la présence du vil et perfide serpent qui susurre à l'oreille d'Eve de croquer la fameuse pomme et commettre le péché de chair, ce qu'elle fera sans trop hésiter en offrant son corps à Adam sous un bananier. Le courroux de Dieu sera terrible, il chasse le couple du Paradis. Les deux pêcheurs sont alors éjectés dans un désert rocailleux et sauvage rempli d'animaux féroces et d'hommes primitifs.
Dés lors le film se transforme en une espèce de remake de La Guerre du feu puisque la suite du récit se déroule dans une préhistoire truffée d'une cohorte d'oiseaux monstrueux et d'hommes des cavernes cannibales. Commence alors pour le premier couple de l'humanité une lutte sans merci pour survivre dans ce monde qu'ils apprennent lentement à connaitre. Au fil des saisons, ils organisent leur vie, découvrent le feu, la chasse, les vêtements ou plutôt les peaux de bêtes mais aussi la violence. Le chef d'une tribu enlèvera en effet la belle Eve afin qu'elle devienne sienne au grand mécontentement d'Adam.
Ceci est bien peu de chose à comparer des cannibales qu'ils devront ensuite affronter, une jolie occasion d'offrir au spectateur guilleret quelques scènes assez réussies non pas au niveau de leur férocité mais des effets spéciaux et autres maquillages assez convaincants et parfois même impressionnants notamment ceux des terribles tribus primitives.
Adamo ed Eva nous réserve tout de même quelques scènes hilarantes (les hommes préhistoriques qui caressent avec frénésie le sexe d'Adam pour notre plus grand plaisir mais également celui de son interprète, Mark Gregory qu'on aurait bien aimé nous aussi caresser) ou particulièrement ratées (le faux ours que combat Adam, le ptérodactyle en carton ou cette séquence entièrement copiée sur Les aventuriers de l'arche perdue où le couple biblique est poursuivi par un gros rocher en polystyrène qui déboule d'une caverne, une transparence aussi laide que médiocrement réalisée, sans parler des inévitables stock-shots d'explosions volcaniques bien mal insérés).
Tout se terminera bien pourtant puisque Eve tombera finalement enceinte. C'est une nouvelle épreuve qui attend désormais Adam qui devra aider sa compagne à accoucher dans l'eau, dans la magnifique lagune, avant de tenir dans ses bras son enfant. C'est sur cette très belle image, sur fond de soleil couchant, que se terminera ce voyage au coeur de nos origines.
Cet étrange film bâtard qui mêle différents thèmes est une bien belle et curieuse découverte. Adamo ed Eva, quasiment dénué de dialogue, les personnages ne trouvent en effet l'usage de la parole qu'en seconde partie de métrage, hésite souvent entre le comique involontaire et un certain sérieux sans pour autant trouver sa véritable voie. En résulte une oeuvre bizarre jamais réellement désagréable, parfois même très plaisante, qu'il est donc assez difficile de ne pas aimer. S'il est impossible de croire une seule seconde à ce scénario hallucinant, on se laisse cependant prendre facilement au jeu, fasciné par ce fatras biblique où toutes les ères se mélangent sans vergogne.
La première partie traine un peu en longueur, les deux acteurs cabotinent et sont bien peu crédibles dans leur façon de découvrir la vie. Voir Adam être effrayé puis amusé par son reflet dans l'eau, apprendre à nager ou faire langoureusement l'amour à Eve derrière une feuille de bananier sous le regard très étonné d'une chouette sont de grands moments d'hilarité d'autant plus que les faux raccords s'enchainent. Son principal intérêt reste la nudité intégrale de ses deux acteurs qui se promènent dans le plus simple appareil le long de la plage ou au coeur d'une nature luxuriante et multicolore censé représentée le Paradis originel, très certainement un magnifique jardin botanique où ont été lâchés pour l'occasion quelques lionceaux avec lesquels s'amuse Adam et le fameux serpent. Après qu'ils aient croqué la pomme et découvert les joies du sexe, Dieu déclenchera une terrible tempête puis un tremblement de terre. En quelques images et soubresauts, Adam et Eve sont projetés au milieu de sinistres montagnes. Les voilà sur Terre, chassées du jardin d'Eden.
Commence alors la deuxième partie qui réserve quant à elle un peu plus d'émotions. Adamo ed Eva se transforme à cette occasion en un film d'aventures préhistoriques mâtiné de cannibalisme, un thème très en vogue alors dans le cinéma italien depuis l'avènement de Cannibal holocaust, qu'on pourrait facilement apparenter à I padroni del mondo de Alberto Cavallone. Le film prend doucement sa vitesse de croisière et se laisse sagement suivre, partagé entre curiosité, amusement et séduction. Les péripéties s'enchainent à la vitesse grand V, notre couple ne sachant plus où donner de la tête. Attaques de monstres, enlèvement, combats féroces, fuites... sont ainsi au programme jusqu'à l'arrivée de l'hiver et de la neige puis la grossesse d'Eve.
On rira de bon coeur face à Adam qui étrangle un Pterosaurus à mains nues ou qui lutte contre un faux ours quelque peu endormi. On sourira face aux grimaces des hommes des cavernes qui grognent et grommèlent parfois à l'excès. On explosera de rire face à certaines incohérences monstrueuses (Adam fait quelques pas le long d'une rive, grimpe de quelques mètres sur une butte, se retourne et le voilà à 2000 mètres d'altitude!) mais on est en plein cinéma Bis, le plaisir est là et il est tel qu'on en redemanderait presque.
C'est Mark Gregory qui entre les deux volets des Guerriers du Bronx remplaça Miles O'Keefe et se glissa dans la peau du célèbre personnage biblique. Il est un Adam stoïque qui promène sa carcasse amidonnée et sa légendaire moue aux cotés d'une parfaite inconnue, Andrea Goldman, bimbo permanentée dont ce fut le seul rôle à l'écran. Il est certain qu'on a du mal à imaginer qu'Eve ait pu ressembler à une telle nymphette mais les protagonistes étant nus le quart du film, on ne pourra qu'être ravi. Voir en effet Mark Gregory, si on peut se permettre, en tenue d'Adam est une bien belle attraction même si on n'apercevra malheureusement pas réellement l'objet du désir ou si subrepticement lors d'un contre jour lointain permettant de constater que notre ancêtre à tous semblait être généreusement gâté par Dame Nature!
Aberration biblique, le film du tandem Doria / Russo est donc à voir comme une irrespectueuse curiosité d'un autre temps, une sorte d'OVNI très drôle qui aimerait de temps à autre se prendre au sérieux, une série fauchée sans prétention aucune aussi innocente que le monde pouvait l'être en ces temps obscurs. C'est quoiqu'il en soit un véritable plaisir pour tout amateur de cinéma Bis, aussi improbable que décalé, et tous les amoureux de Mark Gregory qui n'a jamais été aussi homo-érotisé. Pourquoi s'en priverait on!
Signalons qu'il existe deux montages du film. Selon la version visionnée, l'ouverture est quelque peu différente. Cela ne change cependant en rien le film.
Grunt! de Andy Luotto se rapproche quant à lui d'un autre film, le fameux Quando le donne avevano la coda de Pasquale Festa-Campanile, l'intelligence et le coté satirique en moins bien entendu.
Nous voilà donc à l'aube des temps au coeur d'une tribu préhistorique qui n'a guère d'autres occupations que de s'amuser et découvrir le monde qui l'entoure. C'est ce que ces hommes de Cromagnons s'appliquent à faire durant toute la première partie du film qui n'a aucun autre but que d'aligner gags sur gags. Sans réelle logique ou continuité, chaque découverte donne ainsi lieu à une nouvelle saynète un peu comme si le réalisateur à l'instar de ces protagonistes en peaux de bête avait pris le parti de l'oisiveté. On découvre donc à tour de rôle le boomerang, les propriétés du coquelicot et de sa poudre qui fait rire, les différents dangers de la nature notamment des animaux sauvages si on considère toutefois qu'une troupe de caniches blancs peut mette en péril l'être humain!!! On fait l'apprentissage de l'homosexualité par le biais d'une seconde tribu, les Omosex. Les Omosex et leur blondinet de chef (les inévitables comiques gay du cinéma italien Renato D'Amore et Franco Caracciolo) sont propres, ont de belles manières, savent chanter, danser et faire la fête. Ils s'épilent le visage et s'habillent de belles peaux de zèbres alors que le Cromagnon est un vrai goujat; Il est sale, malpoli et sans aucun savoir-vivre, il se vêt d'affreuses peaux de bêtes ou de couches-culottes géantes... où comment on distinguait déjà l'hétérosexuel de base et l'homosexuel toujours si coquet. Le monde ne sera pas parfait sans la présence du sexe opposé représenté ici par une troupe d'Amazones. L'Homme découvre alors le sexe, ses premiers émois et ses plaisirs mais aussi la cohabitation et les premières rivalités. %%%
Plus intéressant est la deuxième partie du film où lors d'un orage un oeuf électrique géant tombe miraculeusement du ciel. Cet oeuf va dés lors transformer la vie de notre tribu qui pour toute magie possédait jusqu'alors un pauvre mage hypnotiseur. Dés qu'on touche l'oeuf, il envoie en effet des décharges fulgurantes tout en déployant des pouvoirs magiques. Il transforme par exemple un Cromagnon en dandy italien en slip bleu et ray ban qui cherche les toilettes, il change un singe (un acteur en costume) en fusée... jusqu'au jour où une tribu rivale vole cet objet prodigieux. Si dans la religion chrétienne l'oeuf est un symbole divin faut il y voir ici une quelque allusion? Cet oeuf pourrait il symboliser Dieu? Méticuleusement posé sur un autel, nos héros poilus le vénèrent et le respectent. Il est source de miracles et générateur de vie. Il leur a donné le feu et donc apporté les bases de la civilisation. On le vénère comme on le craint pour ses pouvoirs. Lorsqu'il est dérobé, tout s'effondre. Lorsqu'ils le retrouveront, l'oeuf aura malheureusement perdu tous ses pouvoirs. Sans lui, ils s'aperçoivent vite qu'ils ne sont plus rien. L'homme est il capable de vivre sans se créer une entité divine en qui croire? Telle est la question que semble poser Luotto à travers cette farce poilue qui se terminera dans la joie et l'allégresse puisque un autre oeuf tombera finalement des Cieux. C'est sous forme d'une comédie musicale que s'achèvera ce film récréatif et idiot dont l'unique but est de faire rire ou du moins amuser le spectateur. Sans être très original et créatif, Grunt! est néanmoins un divertissement loufoque, une clownerie qui use et abuse des plus grosses ficelles de la comédie potache. Certaines séquences sont toutefois inattendues comme celle des caniches et ne peuvent donc que provoquer un éclat de rire général. On aurait peut être aimé qu'une telle originalité soit beaucoup plus présente durant le film au lieu d'amonceler poncifs et clichés.
Un des gros atouts de Grunt! est la prestation des acteurs, Andy Luotto en tête, qui savent ne jamais trop en faire et surtout ne jamais tomber dans la lourdeur, l'excès et la trivialité, ce qui ici aurait été très facile. De belles cavernes, de verdoyantes prairies et de superbes forêts estivales baignées de soleil leur servent de décor, un petit plus non négligeable. En définitive, Grunt!, jadis éditée en vidéo sous nos cieux, est une sympathique curiosité qui ne laissera certes pas un souvenir impérissable au spectateur mais qui s'apprécie sur l'instant avant de vite s'estomper des esprits.
Beaucoup plus intéressant mais totalement inédit est I padroni del mondo / Le maître du monde tourné en 1983 par celui qu'on apellait le poéte de l'extrême Alberto Cavallone. Il s'agit ici d'une version cruelle du Clan de la caverne des ours où un jeune chasseur cromagnon, Bok, interprété par le modèle Sven Kruger qu'on reverra dans Body Count, est laissé pour mort suite à une féroce attaque d'une tribu barbare. Une femme simiesque et un groupe d'hommes de Neanderthal vont le soigner. Guéri, il se joint à eux et apprend leurs rites barbares: la chasse humaine, la décapitation et le cannibalisme. Comme toujours dans le cinéma de Cavallone, on retrouve ce coté amateur et cette deferlante de violence nauséabonde mais cet amateurisme ici sert plus le film qu'il ne le dessert. I padroni del mondo tente de démontrer avec un certain sérieux la vie telle qu'elle devait être à l'aube des temps, cruelle, violente, impitoyable. Il en résulte un film souvent choquant où Cavallone se complait dans les scènes de sadisme, de décapitations et de cannibalisme, ici des cerveaux mangés crus. Il y a comme toujours chez Cavallone ce coté quasi documentaire auquel on est ou pas sensible mais qui malgré ses défauts rend l'oeuvre attachante. Comme toute l'oeuvre d'Alberto Cavallone, I padroni del mondo est à découvrir.
Même s'il ne fait pas partie des films qui virent le jour suite au succès de Conan et consort, il nous faut parler de l'étrange comédie Quand les femmes avaient une queue / Quando le donne avevano la code de Pasquale Festa Campanile qu'il tourna en 1970. L'histoire nous conte les aventures de sept hommes des cavernes isolés sur une île. Suite à un incendie, ils doivent s'exiler et découvre lors de leur voyage une étrange créature: une femme possédant une queue! Ils la font prisonnière afin de mieux la dévorer mais l'un d'entre eux se découvre une attirance pour elle. Ils s'enfuient donc ensemble...
Cette étrangeté devint sous la patte du toujours coquin Festa Campanile une sorte de comédie sexy préhistorique disons le sans queue ni tête où Giuliano Gemma, Frank Wolff et Senta Berger s'en donnent à coeur, une gentille plaisanterie primitivement polissonne d'un âge où les femmes aimaient déjà les plaisirs du sexe et jouer avec les hommes, race alors insoupçonnée qui allait leur offrir d'autres perspectives. Ridicule certes mais comme toujours sous le couvert de la comédie Campanile brosse une vision des rapports hommes /femmes dans notre société, ici le combat pour l'égalité des sexes. Le tout est plaisamment inoffensif et doté d'un charme tout particulier agrémenté par la belle musique de Morricone et de Nicolai.
Suite au succès du film, il lui donnera en 1972 une suite, Quando le donne persero la coda / Quand les femmes perdirent leur queue, cette fois sans Giuliano Gemma et entierement tourné en studio dans un décor carton pâte étonnant et hilarant. Une fois encore, sous l'aspect d'une comédie déjantée et le n'importe quoi des situations, il y dresse un portrait au vitriol de notre civilisation, début de la destruction de l'humanité.
LE SWORD 'n' SANDAL ou LE NOUVEAU PEPLUM EROTIQUE:
Le succès de Caligula de Tinto Brass engendra de nombreux ersatzs redonnant ainsi vie au peplum érotique dont l'empereur fou allait être le triste héros. Toute une vague de sous-Caligula s'appretait donc ainsi à voir le jour pour le meilleur là encore mais aussi le pire!
Bruno Corbucci ouvre le bal en 1977 un Messalina Messalina / Messaline impératrice et putain de bien mauvais goût, comme d'accoutumée d'ailleurs. On est ici face à une comédie paillarde dont le niveau d'humour est à la hauteur de ses gags pétophiles agrementé d'un vocabulaire joyeusement vulgaire où on ne compte plus les grossieretés et jurons douteux. Messalina Messalina est d'une totale incongruité, l'interprétation frise le néant, Caligula étant ici une folle pétomane entouré de gardes pris de rots incessants ou de bagaiements irritants. On évitera de parler du doublage français. Cette insupportable niaiserie où s'est fouvoyé un pauvre Tomas Milian tout frisotté n'est guère relevée par son érotisme grassouillet ni ses scènes de nudité intégrale d'où émerge Aneka Di Lorenzo, la Penthouse girl déjà vue dans le Caligula de Tinto Brass lors des torrides séquences saphiques qu'elle partage avec sa consoeur Lori Wagner. Le film s'achévera avec son lot de séquences gore copiées sur celles du Monty Python and the Holy Grail, un massacre où têtes et membres sont coupées joyeusement. Le film se terminera dans un bain de sang, seul et principal véritable intérêt de cette ineptie pelliculaire.
La même année, Roberto Bianchi Montero nous fit partager Les folles nuits de Caligula / Le calde notti di Caligola où l'empereur constate avec horreur qu'il est devenu impuissant. Malgré les soins, ses ardeurs sont au point mort mais les formes de la tonitruante Livia lui redonnera forme et vigueur au moment où le fourbe Tibère allait attenter à ses jours afin de lui voler son trône.
Rien de bien neuf sous le ciel de Rome. Montero réalise ici une comédie érotique romaine des plus classiques dans de pauvres décors où l'érotisme se déchaine grâce notamment à l'incandescente Patrizia Webley. On oublie un peu les plans machiavéliques des protagonistes pour ne s'intéresser qu'aux scènes érotiques dont le film regorge. Simple comédie érotique peu imaginative, Les folles nuits de Caligula fut tourné en deux versions, une soft, l'autre hardcore où furent ajoutés des scènes pornographiques dont une pénétration et quelques fellations une version hardcore auxquelles participa la future porn star Guia Lauri Filzi.
Toujours en 1977 on n'oubliera point de mentionner toujours dans la comédie érotique Per amore di Poppea de Mariano Laurenti, un des rois de la sexy comédie à l'italienne, avec la brûlante Maria Baxa dans le rôle de Poppée qui s'en donne à coeur joie dans les scènes de nu et la pulpeuse Ria De Simone. Totalement inédit sous nos cieux, on suit péniblement les aventures de deux hommes travestis en femme, Caia et Tiza, qui s'introduisent chez la brûlante Poppée. Ils devront avouer à Poppée qu'ils sont bel et bien des hommes, un aveu qui ne tombe pas dans l'oreille d'une sourde. Poppée leur demande alors de l'aider à quitter Néron pour son bel amant.
Per amore di Poppea, simple sexy comédie transposée dans la Rome antique où brillent Alvaro Vitali en Caio / Caia et Gianfranco D'Angelo en Tizio / Tizia, est à ranger aux cotés des Folles nuits de Caligula et autre Messaline impératrice et putain. Si le film est moins vulgaire que ceux de Montero Bianchi et de Corbucci il n'en demeure pas moins idiot, souffrant essentiellement d'un scénario d'une minceur décevante, d'un manque de dynamisme y compris des acteurs qui cette fois ne sont jamais très drôles. On a en effet connu Vitali et D'Angelo bien plus pérulants et inspirés dans leurs gags. Reste la plastique de Maria Baxa pour sauver le film!
Après Bruno Corbucci et Roberto Montero Bianchi l'insatiable Bruno Mattei s'infiltra à son tour dans cette brèche avec Caligula et Messaline qui reste un des moins médiocres de la série. Si Antonio Passalia, acteur et metteur en scène calabrais naturalisé français découvert en 1965 par Claude Chabrol, est la plupart du temps crédité à la réalisation du film, c'est bel et bien Bruno Mattei qui l'a mis en scène, Passalia s'étant simplement contenté de le produire, de choisir les comédiens français et de s'octroyer le rôle de l'empereur Claude.
Si son scénario bien peu crédible ne brille guère par son originalité, Caligula et Messaline, tourné durant lété 1981 et coproduit avec la France, n'a en réalité qu'un seul et unique objectif, mettre en images toute une série de vices et de perversions saupoudrés d'un bonne dose d'atrocités dans les traditionnels décors d'une Rome antique de pacotille paticulièrement fauchés mais tellement ludiques, Mais n'est ce pas là un des aspects indissociables à toute production portant la griffe de Mattei?
C'est dans ce palais en carton reconstitué dans les studio de la De Paolis mais visuellement agréable que Mattei va donc multiplier scènes d'orgies et ébats tant hétérosexuels, saphiques et incestueux (l'accouplement de Messaline avec sa mère Domizia). Les couples se font et se défont au rythme des infidélités et des instincts de débauche de l'infatigable et perfide Messaline. On s'enlace, on fornique à tout va dans des salles et chambres impériales étroites au possible, l'ensemble agrémenté de nombreux plans de chevaux en rut et de copulations d'équidés, la touche zoophile indispensable à toute production transalpine depuis La bête de Borowczyk, et de sexes de puissants centurions en erection. Selon les versions et surtout les différents montages qui font varier la durée du film de manière parfois étonnante, les scènes érotiques sont donc plus ou moins pimentées mais en aucun cas Mattei ne tourna de scènes pornographiques, un fait que confirmait Françoise Blanchard dans les rares interviews qu'elle accorda à cette époque.
La folie de l'empereur nous est ici montrée à travers quelques scènes chocs comme celle de l'émasculation d'un romain même si cette fois l'amateur restera quelque peu sur sa faim puisque Bruno Mattei suggère plus qu'il ne montre ici. Une main se contente d'écarter les bords du slip du pauvre homme tandis qu'une autre glisse la lame acérée d'un couteau à l'intérieur. L'imagination du spectateur fera le reste. L'ambiance historique est quant à elle assurée par les incontournables et innombrables inserts de stock-shots issus de péplums des années 60 notamment Les derniers jours d'Herculanum de Gianfranco Parolini qui ici s'intègrent plutôt assez bien.
En tête d'affiche on retrouve Vladimir Brajovic très rapidement repéré quelques années plus tôt dans Histoire d'O est un Caligula très sobre qui tente d'imiter désespéremment Malcolm McDowell. A ses cotés outre Passalia on reconnaitra la toujours pulpeuse Françoise Blanchard et les sensuelles Fanny Magier et Betty Roland, deux inconnues, ex-mannequin pour l'une qui eut par la suite une brève carrière dans la comédie coquine et ex-danseuse au Crazy Horse pour l'autre, le pornocrate Piotr Stanislas, bien connu dans le milieu de l'érotique et du hardcore tant hétérosexuel qu'homosexuel, Gino Turini, Raul Cabrera et les apparitions furtives de Salvatore Baccaro et Jimmy il Fenomeno.
Tourné simultanément avec quasiment la même équipe et les mêmes comédiens, autrement dit la loi du film 2 en 1 alors très en vogue en Italie, Les aventures sexuelles de Néron et Poppée est malheureusement loin d'égaler Caligula et Messaline tant il est ridicule et désespéremment fauché même s'il joue beaucoup plus la carte gore. Caligula et Messaline reste un film plutôt intéressant, souvent drôle, qui réjouira les amateurs de vices en tout genre et le spectateur voyeur amoureux de jupettes romaines. Ce premier peplum érotique est un spectacle fort dépravé tout à fait ludique auquel les acteurs ont réussi à communiquer leur bonne humeur. On sent qu'ils ont pris plaisir à tourner, donnent l'impression de véritablement s'amuser, un sentiment confirmé là encore par Françoise Blanchard lors des interviews qu'elle accorda jadis à la presse. Et ce bonheur fait également le nôtre. Voilà bel et bien un véritable atout pour ce sous genre qui trop souvent précha par sa médiocrité. Bruno Mattei s'en sort donc haut la main.
Comme il était souvent coutume dans le cinéma Bis italien d'alors, deux films étaient régulièrement tournés simultanément confirmant la célèbre régle du 2 en 1. C'est le cas des Aventures sexuelles de Néron et Poppée écrit et produit par Antonio Passalia, également producteur de Caligula et Messaline dans lequel il interprétait aussi l'empereur Claude. Si Caligula et Messaline s'avérait un spectacle éminemment sympathique et ludique malgré la faiblesse des moyens, ce second film est malheureusement bien en dessous de son prédécesseur tant il est fauché et surtopuit hilarant..
S'il fut tourné dans les mêmes décors que Caligula et Messaline ceux ci semblent avoir été cette fois utilisés au rabais tant ils respirent la misère à l'exception d'un sublime jardin verdoyant aux fontaines et bassins somptueux absent du premier film. A cette pauvreté esthétique s'ajoute un scénario qui ne brille guère par son originalité et prête le plus souvent à rire ta,t il est par moments ridicule.
Bruno Mattei ne fait que plagier certaines scènes du film de Tinto Brass comme notamment la séquence où un supplicié, le pénis lié, doit ingurgiter tout le contenu d'un tonneau de vin. Les aventures sexuelles de Néron et Poppée a au moins l'avantage d'être beaucoup plus riche en scènes sanglantes et autres jouissives tortures que Caligula et Messaline. Toute la différence des deux films se joue en fait à ce niveau. On citera en exemple la crucifixion de pauvre Mario Novelli et la castration en gros plan d'un jeune éphèbe que Néron ne peut épouser sans être accusé d'homosexualité. Tout comme pour le premier volet de ce diptyque Mattei afin de lui donner un coté historique truffe son film de stock-shots mal insérés cette fois, issus pour la plupart des Derniers jours d'Herculanum de Gianfranco Parolini, dont de superbes combats de gladiateurs, des chevauchées nocturnes, des scènes d'émeutes et surtout de beaux plans de Rome en feu qui se transforme en une ridicule flamme de briquet en transparence quand on revient chez Mattei. S'ils sont beaucoup moins nombreux que dans Caligula et Messaline, ils représentent tout de même une bonne petite partie du métrage.
Quant aux fameuses scènes sexuelles annoncées par le titre français, elles demeurent désespéremment soft et décevront les amateurs de torrides sensations et autres forcenés d'érotisme pimenté. Ils devront malheureusement se contenter de quelques ébats saphiques beaucoup trop sages, de quelques scènes de lit plutôt molles, quelques plans de nudité frontale aussi bien masculine que féminine et le clou du spectacle, Agrippine qui masturbe régulièrement ses deux fils. Ce ne sont pas les fameuses orgies qu apporteront un peu de souffre au film, l'étroitesse de la salle aux orgies ne permettant pas à plus de trois couples de s'ébattre aux pieds de Néron... dans tous les sens de l'expression! Comme pour Caligula et Messaline, il n'existe aucune version hardcore de Néron et Poppée, Mattei n'ayant de surcroit jamais été un grand amateur de pornographie.
Le pornocrate Piotr Stanislas caché sous le pseudonyme de Rudy Adams tente vainement d'imiter à grands renforts de grimaces Malcolm Mc Dowell afin de donner un semblant de folie à son personnage. Le pauvre Néron ressemble plus à un pitre, à un fanfaron exubérant, qu'à un empereur au bord de la démence. Françoise Blanchard, Fanny Magier, Betty Roland et Vladimir Brajovic déjà tous présents dans Caligula et Messaline viennent compléter le casting de ce péplum qui vole au ras des jupettes aux cotés d'une jolie inconnue, Patricia Derec, repérée quatre ans plus tôt dans une comédie française Sexuella dans la peau le plus souvent dévpartue de Poppée.
Aussi médiocre soit il Les aventures de Néron et Poppée a au moins le mérite de ne jamais sombrer dans le n'importe quoi comme Les orgies de Caligula/ Le Schiave di Caligola de Lorenzo Onorati ou l'édifiant Messaline, impératrice et putain / Messalina, Messalina de Bruno Corbucci. Nerone e Poppea doit simplement se prendre comme une parodie bon enfant de son illustre modèle, un spectacle très dénudé particulièrement fauché mais hilarant agrémenté de quelques agréables atrocités et une petite dose de perversion sexuelle.
Mattei est un enfant, un réalisateur qui ne s'est jamais vraiment pris pas au sérieux et c'est peut être bien pour ça qu'on parvient toujours à apprécier ses films aussi médiocres soient ils! Il nous le prouve encore une fois avec Néron et Poppée qui se veut un tant soit peu sérieux mais n'est en définitive qu'un magnifique dérideur de zygomatiques.
Joe D'Amato ne put s'empêcher de donner lui aussi sa version et cela donna en 1982 Caligula, la véritable histoire sorti en France expurgé des scènes X. Force est de constater que le film de Joe D'Amato n'est pas le plus mauvais du genre et que par nombre d'aspects, il devient même presque attachant. Malheureusement, le film souffre d'un budjet dérisoire. Il nous offre les décors les plus cheap qu'on ait vu dans ce type de d'oeuvre. Le palais impérial est réduit à un ridicule coin de studio gris et terne d'où est rigoureusement absente toute décoration. Un rideau, une colonne et un buste seront les seuls objets ornant la pièce unique où l'empereur et sa garde, soit quatre figurants, trônent. Seules les toges et jupettes romaines tissées dans un quelconque rideau témoignent de l'époque où on est censé se trouver. On est donc trés loin du soin apporté aux costumes de Caligula et Messaline ou Les aventures sexuelles de Neron et Poppée. Comme bien souvent D'Amato compense tous ces défauts par un sens aiguë du macabre, de la violence exacerbée comme il nous y a si souvent habitué en y ajoutant une grosse dose d'érotisme choc et quelques touches quasi fantastiques qui frisent par instant l'onirisme. Décapitation, arrachage de langue, visages défoncés à coup de fléau, viols, bébé projeté à terre, le sang gicle à flots lors d'un combat de gladiateurs sont ainsi au rendez-vous entre autres réjouïssances. Le clou du spectacle sera la mort du pauvre Gabriele Tinti l'anus transpercé d'une lance qui ressortira par le torse! Joe D'Amato parsème son film de moultes viols et massacres et reste fidèle à sa réputation quant aux scènes érotiques voire pornographiques pour la version intégrale, Caligula se laissant ici aller de temps à autre à quelques déviantes homosexuelles. On connaissait le penchant du réalisateur pour la zoophilie, c'est ici une esclave qui sera douloureusement possédée par Incitatus, le cheval de Caligula lors d'une orgie.
On retiendra surtout de Caligula, la véritable histoire quelques scènes particulièrement efficaces et presque belles comme le massacre des vestales mais avant tout les séquences où l'empereur en pleine crise de démence se voit en rêve courir sur une triste plage balayée par le vent et jonchée de cadavres. Tout aussi macabre et belle, la fabueuse scène finale où, hystérique, Caligula se voit poursuivi par les fantômes de tout ceux qui l'a tué. Ces images comme la plupart de celles où le despote est en proie à ses cauchemars dégagent un certain charme vénéneux, onirique. On y reconnait la marque funeste de D'Amato.
Ajoutons à cela, une excellente interprétation de David Cain Haughton connu aussi sous son vrai nom David Brandon qui incarne un Caligula tout à fait inquiètant, donnant une réelle dimension de terreur à ce personnage. On regrettera que Laura Gemser ne soit pas plus mise en valeur ni en beauté.
Sans être forcément une réussite ni le meilleur des ersatzs du film de Tinto Brass, cette mouture de Caligula par Joe D'Amato à laquelle il a su insuffler un souffle de perversité et de mort se laisse voir sans déplaisir et saura ravir les amateurs de folie et de gore.
On ne pourra en dire autant des Orgies de Caligula / Le schiave di Caligola / L'antica chiave dei sensi de Lorenzo Onorati qu'il réalisa en 1984. Le schiave di Caligola est une véritable série Z made in Italy, un beau et pur nanard au scénario inexistant consacré aux folies de l'empereur. Loin du coté sérieux et faussement historique de Caligula et Messaline ou Les aventures sexuelles de Neron et Poppée, ce film est une ode à la pauvreté et la médiocrité. Deux tentures et trois statues garnissent un coin de studio dénudé sensé representer le palais impérial, une poignée de figurants figés forme la garde de Caligula alors qu'une clairière ensoleillée aux abords d'un champ sert de décors extérieurs. Ce coté ultra fauché est d'autant plus risible lorsque les inévitables stock-shots viennent s'insérer maladroitement dans le film. Changement de ton et de grain d'image, décor flamboyant et acteurs marqués années 60, le montage ultra bâclé accentue encore plus la ratage des inserts. On joue beaucoup la carte de l'érotisme de bas étage, les chairs sont flasques, les actrices plutôt quelconques, un choix de comédiens insipides et inexpressifs récitant des dialogues indigents mais tellement drôles. La palme reviendra à Robert Gligorov, ex-modèle, incarnant un Caligula fadasse bien peu crédible, jeune éphèbe blond et gracile, semblant plus attiré par ses gardes que par sa cour féminine. Voulue ou non, la frustration du spectateur en attente de désirs interdits est de mise. Alors que l'empereur passe en revue sa garde qui doit enflammer ses sens sous sa fine jupette, l'envie dans le regard et le geste, voilà qu'une grassouillette vestale le ramène par le bras à la dure réalité!
Tout le film est ainsi fait, frustration et soupirs de dépit! On l'aura compris, Les orgies de Caligula est un produit ultra fauché générant l'hilarité tant par la ringardise du propos que de la médiocrité de l'ensemble. Si les poètes romains avaient dû chanter une ode contre la sinistrose, ils auraient mis en musique ces Orgies.. qui en sont totalement dépourvues!
Onorati ne se contenta pas de ces orgies puisqu'il récidiva en 1986 avec l'inédit Flavia schiava di Roma e regina d'amore avec notamment Rita Silva et Maria Ann Levine dans le rôle titre, une oeuvrette dans la lignée du précedent qui sortit en Italie dans une version truffée d'inserts X qui firent la colère de Rita Silva qui demanda expressement à Onorati de retirer ceux qui la montraient dans des conditions fort obscènes.
En 1985 Rino Di Silvestro de son coté préféra s'attacher à Cleopatre en exil à Rome pour Les nuits chaudes de Cleopatre qui étrangement ne fut pas distribué en Italie mais sortit en Angleterre et en France. Sur un scénario quasi inexistant, Les nuits chaudes de Cleopatre se laisse regarder avec un certain plaisir, s'inscrivant en droite ligne entre un Caligula et Messaline et Neron et Poppée. Costumes et décors sont du même accabit que les deux films cités donc acceptables dans l'esprit cinéma Bis, le film bénéficiant d'un gentil petit scope et d'une photographie plutot réussie. Quant à l'érotisme que le titre laisse présager, même s'il reste assez sage, il est loin d'être aussi chaud qu'il laissait penser. Di Silvestro qui a toujours affirmé haut et fort qu'il détestait ce film au point de refuser d'en parler s'offre quelques scènes croustillantes nous révélant la face cachée de Cleopatre. Nos livres d'histoire nous avaient bien caché les tendances zoophiles de la reine d'Egypte qui ici se donne à un serpent avant d'exécuter une étonnante masturbation frontale. Mais ils nous avaient surtout tu ce que Di Silvestro nous montre ici: Cleopatre entrain de se faire sodomiser alors qu'elle masturbe frénetiquement le sexe de plus en long d'un cheval que Rino nous dévoile audacieusement en ombre chinoise.
La palme de la surprise revient ici au vétéran Jacques Stany, nous offrant les séquences les plus chaudes dont le cunnilingus de l'impudente Rita Silva qui ne cesse de jouer avec son godemiché géant. Citons également l'éclatante scène où il se donne à deux égyptiennes. Friand d'ombres chinoises, Di Silvestro nous révele le sexe démesuré de Stany qui ne cesse de s'allonger avant qu'on ne découvre qu'il s'agit en fait du fameux godemiché dont il a revêtu son pénis!
Pour le reste, on aura droit aux sempiternelles scènes de saphisme. Mais au delà de son érotisme coquin, Les nuits chaudes de Cleopatre est surtout un monumental éclat de rire de par ses dialogues d'une absurdité sidérale, certains parmi les pires jamais écrit. Le film devient soudain une série Z hilarante d'un bout à l'autre qui pourra laisser pantois. Une version hardcore avec inserts circula en Europe.
L'Espagne nous apporta quant à elle Bacanales romanas / Messaline et Agrippine en 1982 réalisé par Jaime J. Puig avec Ajita Wilson, Carla Day, Raquel Evans et Julia Caballero. On est cette fois face à une comédie érotique dans la lignée de Messalina Messalina, la vulgarité en moins mais tout aussi anachronique où Messaline et Agrippine afin de satisfaire leur insatiable libido s'intéressent à un gaulois que l'on dit particulièrement bien doté par Mère Nature.
Tourné sous le signe de la dérision et de l'humour, Bacanales romanas est plutôt une bonne surprise pour l'amateur de série Z, un gentil film où les acteurs semblent s'en donner à coeur joie dans un décor d'une absolue pauvreté. Voilà un spectacle plein d'humour qui offre à ses admirateurs le plaisir de revoir Ajita Wilson qui semble totalement déboussolée comme si elle était sous l'effet de l'alcool tout au long du métrage.
Jaime J.Puig donna une séquelle au film en 1985 intitulée tout simplement Bacanales romanas 2 toujours avec Raquel Evans mais sans Carla Dey cette fois.
On notera aussi que le réalisateur hispanique s'était déjà adonné au genre en 1981 avec Una virgen para Caligula avec la même Raquel Evans, une nouvelle comédie érotique parodique et farfelue franchement niaise et d'une sidérante pauvreté. Ou le degré zéeo du genre.
Venu d'Argentine, on citera Barbarian queens de Hector Olivera en 1985. Un village est envahi et brulé par des soldats romains et les habitants sont soit tués ou capturés afin d'être fait esclaves. Trois femmes survivent au massacre. Elles vont alors décider d'unir leurs forces pour délivrer leur peuple des romains. Arrivées à Rome, de plantureuses renégates en sous vêtement de cuir s'unissent à elles afin d'assièger le palais où sont retenus les esclaves. Barbarian queens n'est plus ni moins qu'une sorte de sous Xena du pauvre, un étalage de bimbos echevelées habillées de cuir qui jouent aussi mal qu'elles sont pulpeuses, récitant d'hilarants discours et maniant maladroitement l'épée. Olivera étale la nudité de ses protagonistes dont celle de Lara Clarkson, future héroïne de Deathstalker, sans guère se soucier de son scénario. On est bel et bien là en présence d'un bimbo-movie ou d'un tit and ass movie pauvrement produit mais qui plaira sans nul doute à quelques coquins amateurs... mais d'autres lui préféreront sans mal le piteux Red Sonja!
Un Barbarian queens 2 sera mis en chantier en 1987.
Le cinéma X ne resta pas en marge et nous délivra quelques oeuvrettes dont Messalina Orgasmo imperiale et Una vergine per l'impero romano réalisés coup sur coup par Joe D'Amato en 1983 avec quelques unes des porn diva d'alors dont Marina Frajese, Pauline Teutscher et Nadine Roussial. D'Amato réutilisera non seulement pour l'occasion la partition musicale de son premier Ator mais également des plans de Caligula la véritable histoire. Il remettra au goût du jour les aventures de Caligula et Messaline en 1996 et 1997 dans deux autres peplum pornographiques tournés directement pour la vidéo: Messalina et Caligola la follia del potere.
Joe D'Amato tournera également Samson avec Kelly Trump, Kleopatra et Aphrodite avec cette fois Olivia Del Rio.
C'est ainsi que s'achève notre voyage au coeur du temps et de l'Histoire, un voyage qui nous a ramené à l'Aube des Temps par le biais de ce cinéma populaire, symbole de toute une époque qui nous a fait rêver à travers ses affiches souvent extraordinaires et si alléchantes, souvent loin du résultat pelliculaire. Mais que nenni! Notre joie est grande et le plaisir pris à découvrir ces oeuvres n'a d'égal que la beauté de leurs posters.