Andrea Occhipinti: Du cinéma à la production, une réussite sans faille.
Il est des acteurs qui, s'ils ont un temps fait les délices d'un certain cinéma Bis transalpin, n'en sont pas moins de véritables comédiens qui ont su jongler avec bonheur avec d'autres styles que le cinéma de genre et même mené de front bon nombre d'autres activités. Ce séduisant brun découvert au tout début des années 80 fait justement partie de ces artistes au parcours plus ou moins atypique. C'est avec joie que Le Petit Maniaco vous propose de mieux connaitre cet acteur au sourire et regard enjôleurs, Andrea Occhipinti.
Andrea est né le 20 septembre 1957 à Milan. Très tôt il décide de se consacrer au métier d'artiste. Il suit donc des études d'arts dramatiques et débute sur les planches à l'âge de 20 ans dans une pièce de Giancarlo Palermo Pierrot fumista en 1977. L'année suivante il fait sa toute première apparition au grand écran dans la comédie Zio Adolfo in arte Führer de Pippolo et Castellano. Il y interprète Hitler jeune lorsqu'il était étudiant aux Beaux-arts, une brève mais mémorable apparition malheureusement non créditée. En 1980 on le découvre dans la mini série Quaderno proibito aux cotés notamment de Lea Massari.
C'est cette même année qu'il fait ses vrais débuts au cinéma cette fois dans l'obscure comédie dramatique Augh! Augh! / Un tranquillo matrimonio di campagna de Marco Toniato. Il y tient le rôle de Danilo, un jeune vagabond épris de liberté qui va semer le trouble dans son petit village natal qu'il a quitté durant plus de trois longues années. Pour notre plus grand bonheur Andrea y apparait dénudé et nous offre de surcroit un splendide nu frontal. C'est l'année suivante, en 1981, qu'il se fait vraiment connaitre du grand public grâce à la sexy comédie La settimana al mare de Mariano Laurenti. Il y tient le rôle du fils de Enzo Cannavale, un jeune freluquet qui feint la timidité pour séduire Anna Maria Rizzoli, la directrice de la station balnéaire où il passe ses vacances.
Mauro Bolognini lui demande alors de faire partie de la distribution de sa série télévisée La chartreuse de Parme qui sera un des gros succès d'alors. Son physique avenant, sa beauté en font très vite un des nouveaux jeunes sex-symbol de l'Italie du début des années 80, celui qui fait chavirer le coeur des filles. A cette époque il tourne bon nombre de spots publicitaires, un moyen non seulement de gagner de l'argent facilement mais aussi d'accroitre sa réputation auprès du public féminin.
Dès 1982 il fait son entrée dans le cinéma de genre en enchainant les rôles notamment chez Lucio Fulci. Ainsi il incarne un tueur psychopathe redoutable dans son giallo horrifique L'éventreur de New York. Suit Conquest où il est Ilias, un jeune guerrier combattant la terrible déesse d'or incarnée par Sabrina Siani.
Lamberto Bava lui donne l'année suivante un des rôles principaux dans La maison de la terreur / La casa con la scala nel buio. Ce sera là son ultime participation au cinéma de genre. En ce milieu d'années 80 Andrea Il se tourne alors vers un cinéma plus grand public et surtout entamera une longue et belle carrière à la télévision aussi bien italienne que française souvent en coproduction.
Au cinéma il apparait en 1984 avec l'envoûtante Bo Derek dans Bolero extasy réalisé par John Derek le mari de la blonde actrice, un échec commercial certes mais dans lequel il joue pour la première fois nu. Le réalisateur a parfaitement su mettre en valeur la beauté d'Andrea, sublimant son corps, son physique de jeune premier éblouissant aux cotés de Bo dans un film roman-photo version papier glacé. Andrea réitère l'expérience l'année suivante dans Miranda de Tinto Brass où cette fois il a les scènes les plus audacieuses, les plus torrides de sa jeune carrière, se laissant aller dans les bras experts de Serena Gandi, multipliant les nus tant dorsaux que frontaux. L'anatomie parfaite d'Andrea, sa virilité n'auront dés lors plus aucun secret pour son public. Ces deux films auront un impact bénéfique sur Andrea qui lentement se libère de son image de jeune premier, devient plus fort, plus mature.
Dés 1986, entre deux participations au cinéma, il accumule les apparitions télévisées aussi bien en France qu'en Italie que ce soit dans des séries ou des téléfilms. On citera parmi les plus connus: Lulu avec Mariangela Melato et Caterina Boratto, Le complot du renard, Princesse Alexandra, Dom Juan, La voyageuse du soir.
Il tourne avec de grands réalisateurs tels que Edouard Molinaro pour Un métier du seigneur avec Pierre Arditi, Dino Risi pour Il vizio di vivere avec Wiliam Berger ou encore Ettore Scola dans La famiglia aux cotés de Vittorio Gassman et Stefania Sandrelli, un film qui lui apporte la notoriété et la reconnaissance tant du public que de la profession.
En 1995 il est au générique de Pasolini mort d'un poète / Pasolini un delitto italiano de Marco Tullio Giordana et plus récemment en 2000 dans Je préfère le bruit de la mer et Zeigas en 2005. Sa dernière apparition au grand écran date de 2011. Il s'agit du film de Michele Rho Cavalli.
Parallèlement à son métier de comédien, le séduisant Andrea est également producteur depuis 1995. Avec Kermit Smith il est en effet le cofondateur et administrateur de la célèbre maison de production Lucky Red. Il a notamment produit l'excellent Ouvre les yeux de l'espagnol Alejandro Almenabar, Le peuple migrateur et Les lundis au soleil tout deux en 2001 et Il divo en 2005. Il a produit pour l'Italie de prestigieux films pour de non moins prestigieux metteurs en scène tels que de Lars Van trier à Michael Haneke en passant par Ang Lee, Patrice Leconte, Danny Boyle, Robert Altman, François Ozon et Alejandro Amenabar et bien d'autres Andrea est également président des distributeurs de ANICA
(Association nationale des Cinématographique audiovisuel et du
multimédia) et directeur général de la Film Circuit.
Si Andrea se consacre essentiellement aujourd'hui à la production il est apparu il y a quelques années à la télévision italienne pour y révéler son homosexualité. Il n'avait jamais pu réellement le faire auparavant car il savait que cette révélation ne lui aurait peut être pas permis de connaitre le succès qu'il a eu en tant qu'acteur et d'obtenir les rôles qu'il a pu jouer. Son coté séducteur, sa beauté en ont vite fait un sex-symbol lorsqu'il a débuté au cinéma et à la télévision. Plaire à un public féminin à travers son physique était son atout, sa carte pour réussir dans le métier et gagner de l'argent facilement. Andrea avait conscience que révéler son homosexualité aurait brisé toutes ses chances. Un séducteur, un Don Juan ne peut pas être gay. Il a donc joué le jeu toutes ces années tout en souhaitant au fond de lui être apprécié un jour pour son talent sans être jugé pour son orientation sexuelle. Avoir tourné nu avec Bo Derek puis pour Tinto Brass a été bénéfique pour Andrea qui précise que jouer des scènes d'amour avec des femmes ne le dérangeait pas, un acteur devant se plier aux exigences d'un scénario et pouvoir jouer tout ce qu'on lui demande. Ces deux rencontres l'ont doucement libéré de son carcan jusqu'au jour où au milieu des années 90 il a publiquement fait son outing. Libéré de son secret il accepte en 1997 d'être le protagoniste principal de Amor de hombre de l'espagnol José Luis Garcia, l'histoire d'une solide amitié entre un homosexuel, Ramon joué par Andrea, et une jeune femme mise à rude épreuve par l'arrivée d'un homme dans la vie de Ramon. Il produira également en 2005 le film espagnol Reinas, un des premiers films sur le mariage gay. Andrea est aujourd'hui en Italie le seul producteur ayant avoué être ouvertement gay et reconnu en tant que tel.
Cet ex-symbol des années 80 est aujourd'hui un homme heureux et accompli, un des producteurs les plus en vue d'Italie, un des plus réputés et respectés également, un nom synonyme de succès mais il est aussi considéré par beaucoup comme une véritable icône gay, une des rares icônes homosexuelles italiennes. Voilà bien un parcours sans faute pour le toujours aussi séduisant Andrea.