Maniaco Deprebis

Suite au succès planétaire de Conan le barbare, le cinéma fut très vite envahi de toute une série de film d'Heroic fantasy qui tentèrent de suivre les traces du film de John Milius... pour le meilleur ou le pire. Il était évident que le cinéma de genre italien n'allait pas louper le coche et producteurs comme réalisateurs allèrent très vite s'engouffrer dans ce prolifique filon. Joe D'Amato fut avec Franco Prosperi le premier à donner vie à un vaillant héros combattant les forces du Mal en des temps fort reculés. Si Prosperi donna naissance à Gunan il guerriero, D'Amato créa de son coté Ator.

Tourné à Manziana dans les plaines verdoyantes de Rome qui durant quelques années allèrent voir leur espace foulé par toutes sortes de tribus composées d'hommes vêtus de peau de bêtes pour les besoins de neo peplum et autres Heroïc fantasy all'italiana, Ator l'invicibile demeure à ce jour un des meilleurs ersatzs du film de Milius. Le film de D'Amato contrairement à ceux de ses confrères bénéficie avant tout d'un scénario intelligent, bien articulé et riches en péripéties et autres rebondissements souvent empruntés à des bandes dessinées existantes (le combat contre les Ombres et l'affrontement contre l'araignée géante) que le réalisateur a transposé à sa manière dans son récit. De Conan ne subsiste cette fois que le thème de la vengeance du héros et le long voyage qu'il va entreprendre.
Peu habitué aux films d'action, D'Amato semble cependant être à l'aide dans le genre et parvient facilement à donner un certain rythme à l'ensemble et à lui insuffler cet élément essentiel à la réussite du genre, un coté épique malgré le peu de moyens dont il a bénéficié. En bon artisan qu'il est, D'Amato fait tout ce qu'il peut avec ce qu'il a et arrive sans mal à faire de Ator un film dont l'originalité égale une certaine richesse visuelle. Spécialiste du mélange des genres, D'Amato fait ici se côtoyer l'horreur (la présence des morts vivants) et l'aventure le tout arrosé d'un soupçon d'érotisme par le biais de la présence d'Amazones et surtout d'une envoutante sorcière incarnée par Laura Gemser dont on regrettera malheureusement la trop brève apparition.

Rythmé par une partition musicale efficace, Ator l'invicibile est un spectacle fort divertissant, jamais ennuyant, certes fait de bric et de broc mais l'habileté du réalisateur à masquer cette pauvreté fait vite oublier que Ator est et reste un petit budget comme en témoignent certains effets spéciaux qui pourront faire sourire notamment la confection de l'araignée géante.
Pour interpréter son héros, D'Amato fit appel à l'acteur américain Miles O'Keefe qui outre le fait qu'il jouissait alors d'une jolie popularité suite à Tarzan l'homme singe avec Bo Derek n'était pas très cher. O'Keefe demeure à ce jour un des personnages d'Heroic fantasy italienne les plus convaincants. A ses cotés, on retrouvera celle qui allait devenir une des actrices récurrentes au genre, la blonde Sabrina Siani, puisqu'elle en tournera pas moins de quatre. Le puissant Dakar et Ritza Brown, future incarnation de Sophia Loren au petit écran, complètent l'affiche sans oublier un charmant petit ourson, l'animal de compagnie de Ator.
D'Amato tournera bien malgré lui une séquelle inopinée l'année suivante Ator 2 toujours avec O'Keefe mais reniera le troisième volet, The iron warrior, réalisé par Alfonsio Brescia tant il détesta ce que le metteur en scène fit de son héros que l'acteur américain joua une dernière fois, la conviction en moins cette fois. D'Amato lui redonnera vie dix ans plus tard avec l'amusant Quest for the mighty sword dans lequel le nom de Ator n'est que cité puisqu'il cède sa place à son jeune fils!