Ria De Simone: Une si généreuse matrone
Bien des acteurs et actrices n'ont pas rencontré de leur vivant le succès qu'ils méritaient et nous ont quitté sans la reconnaissance qu'ils étaient en droit de recevoir du public que des réalisateurs. La plantureuse et généreuse Ria De Simone fait malheureusement partie de ces talents trop tôt partis. Il est donc juste que le Petit Maniaco répare cette injustice et rende honneur à la pulpeuse napolitaine.
Issue d'une famille d'artistes, Ria, de son vrai nom Anna Maria de Simone, est née à Naples en 1947. Sa mère n'est autre que l'actrice Olga Romanello, sa soeur ainée, issue d'un autre mariage, Lilli De Simone abandonnera le métier assez rapidement après s'être mariée dans les années 60. Ria ne fera pas exception.
Dés l'âge de 14 ans elle apparait dans Tototruffa 62 de Camillo Mastrocinque aux cotés de sa soeur dans le rôle d'une timide et toute jeune collégienne. Elle rentre à l'académie d'arts dramatiques de Rome et en ressort diplômée. Dés lors, Ria va surtout et avant tout se faire remarquer dans de nombreuses comédies érotiques, ses formes avantageuses faisant le
délice des amateurs. Même si elle aura rarement des premiers rôles, devant se contenter de personnages de second plan, Ria irradie l'écran de sa présence à chacune de ses apparitions, son corps de matrone enflamme les spectateurs. Toujours enjouée et pleine d'humour, on la voit dés 1974 dans La bolognese de Alfredo Rizzo exposant généreusement sa nudité puis Peccato veniale / Péché véniel de Salvatore Samperi.
En 1976, Mario Bianchi lui donne le rôle de la mère de Gianni Dei dans La cameriera nera. Elle est ensuite chez Renato Cadueri la femme de l'impuissant Gianni Solaro dans l'hallucinante comédie La clinica dell'amore.
Sergio Bergonzelli lui donnera son seul et unique premier rôle dans Il compromesso erotico, une parodie érotique de Don Camillo où Ria est la pétulante Peppona. On la retrouve par la suite dans La professoressa di scienze naturali / La prof du bahut de Michele Massimo Tarantini où elle incarne une épouse torride et insatisfaite qui se livre à un inoubliable tango terriblement osé pour l'époque d'autant plus audacieux qu'elle l'exécute nue recouverte de spaghettis en sauce et de parmesan.
Elle tournera ensuite deux fois pour Bruno Mattei, la sexy comédie Cuginetta amore mio aux
cotés de Zigi Zanger et surtout KZ9 lager di sterminio / KZ9 camp d'extermination où elle est une terrible kapo lesbienne et vindicative qui a jeté son dévolu sur la fragile Sonia Viviani.
Elle enchaine ensuite avec toute une série de sexy comédies, un genre qui fit sa réputation. On la voit dans le néo-peplum comique Per amore di Poppea et La liceale nella classe dei ripetenti / Les lycéennes redoublent de Mariano Laurenti, L'insegnante viene a casa, La moglie in bianco l'amante al pepe de Tarantini ou encore Lâche moi les jarretelles de Luciano Martino.
Mais Ria a également à son actif quelques polars dont Napoli... serenata calibro 9 de Alfonso Brescia.
Les années 80 verront un ralentissement dans la carrière de la plantureuse Ria. Elle tournera quelques films mais ses apparitions se font plus rares. On peut la voir dans deux des dernières oeuvres du maître Fulci, Quando Alice ruppe lo specchio / Soupçons de mort dans la peau d'une cantatrice et Un gatto nel cervello qui n'est en fait qu'un assemblement de séquences qu'elle a tourné dans Soupçons de mort.
Elle apparait dans deux films de Stelvio Massi également Torna et Guapparia.
Mais Ria a également d'autres cordes à son arc. Elle écrit et compose des chansons mais elle chante également. Elle sortira quelques singles- Love true love, Tu sei il gatto io sono il topo- et un album intitulé, Ricominciare. En 1987, elle fera même une tournée avec le
chanteur Ricky Roberts. Ria fera aussi de la radio en tant qu'animatrice.
Sa dernière apparition en tant qu'actrice remonte à 1990 pour un téléfilm de Enrico Maria Salerno, Disperamente Giulia.
Si en bonne napolitaine Ria a épuisé plusieurs maris, elle n'a jamais vraiment trouvé le bonheur sentimental même si elle eut un fils aujourd'hui âgé de vingt-cinq ans. Dans les dernières années de sa vie, la plantureuse Ria devint l'agent de presse de sa mère avant de s'éteindre le 10 novembre 1995, atteinte d'une tumeur incurable au cerveau. Sa mère décédera elle aussi la même année.
Ria restera pour l'amateur de cinéma de genre l'image même de la joie de vivre, l'incarnation parfaite de la femme plantureuse et généreuse à fort caractère qui illumina de ses formes un certain cinéma populaire italien.