Messalina Messalina
Autres titres: Messaline impératrice et putain / Confessions from a roman orgy
Real: Bruno Corbucci
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Néo peplum
Durée:
Acteurs: Anneka Di lorenzo, Lori Wagner, Giancarlo Prete, Raf Luca, Vittorio Caprioli, Tomas Milian, Lino Toffolo, Bombolo, Pino Ferrara, Luca Sportelli, Ombretta Di Carlo, Sandra Cardini...
Résumé: Claudius surnommé Cloclo par son épouse Messaline règne sur Rome. Epoux naïf, il pense que Messaline, surnommée la plus grande putain de tous les temps, lui est fidèle alors qu'elle est tombée amoureuse d'un jeune et prude consul, Caius Silius. Ce dernier lui résiste et refuse ses avances à moins qu'elle ne devienne sienne. Profitant que son mari est parti, elle l'épouse et célèbre son mariage par une orgie. Mais Claudius a eu vent de l'orgie...
Dans ce sous genre qu'est le néo péplum érotique remis au gout du jour depuis le succès du Caligula de Tinto Brass, le film de Bruno Corbucci, spécialiste de la comédie graveleuse dont le niveau ne dépasse jamais la ceinture, fait sans aucun doute partie des plus stupides. Non pas que son érotisme grossier soit pire qu'une autre oeuvre de ce type ou que l'absence de scénario soit plus dérangeante ici que chez un de ses confrères mais il faudra que le spectateur soit très réceptif à un certain humour uniquement basé sur les rots, les flatulences, le bégaiement et les grossièretés en tout genre.
D'histoire point il n'y en a. Corbucci se contente de nous présenter Messaline dite la plus grande putain de tous les temps et d'illustrer ses adultères durant 90 minutes sous l'oeil du pauvre empereur Claude, son mari naïf et bègue, surnommé Cloclo!
A partir de là Corbucci oscille entre l'érotisme vulgaire et le porno soft avorté ce qui donne au film un coté bâtard désolant. Les scènes de sexe sont d'un ridicule, à la limite parodique si on veut être conciliant et compréhensif. Mais voir deux actrices venues du porno mimer des copulations fiévreuses en se tortillant comme des asticots au bout d'une ligne empalées sur des acteurs bedonnants "étoile de mer" provoquera une grande frustration suivie d'un rire salvateur mais navrant. Pour le reste, on montre le haut, on filme de dos mais on demeure toujours pudique si on excepte une ou deux scènes lesbiennes assez pimentées dont un cunnilingus entre Messaline et sa cousine Agrippine.
Les gags sentent pour la plupart le réchauffé et ne sont en rien innovateurs, tout est prévisible même si Corbucci tente une ou deux séquences plutôt intéressantes, celle par exemple de l'horloge humaine lors des essais de positions du Kamasutra avec notre putain d'impératrice et celle du couple qui fornique sur une table portée à bout de bras par un Hercule. Quant aux dialogues on parle beaucoup pour ne rien dire, le dialoguiste ayant de surcroit cru bon d'aligner l'un derrière l'autre un impressionnant amoncellement de grossièretés qui durant les séquences de fornication donnent au film un faux air de porno de bas étage rythmé par des airs de flûte de pan et de luth!
Corbucci semble très fier d'une de ses inventions surtout de son bitomètre, un instrument avec lequel les putains mesurent le sexe des romains afin de les classer par taille, toute la première partie du film étant consacrée à cette fantastique trouvaille, tandis que le garde chargé de cette réjouissante affaire ne cesse tout au long du film de rappeler sa mission qu'il déplore.
Les décors sont à l'image du film, d'une flagrante pauvreté. Trois tentures, un lit, une piscine et un buste imagent l'empire romain. Quant à l'interprétation elle est au niveau du film mais réserve pourtant quelques surprises. On retrouve Aneka Di Lorenzo dans le rôle de Messaline, déjà présente dans le Caligula de Brass lors des scènes pornographiques tout comme Lori Wagner qui reprend elle aussi son rôle d'Agrippine. A leurs cotés, on reconnaitra un très prude Giancarlo Prete qui n'enlève jamais sa toge et se contente de dévoiler un petit string ficelle lorsqu'elle virevolte et quelques noms récurrents de la sexy comédie transalpine comme Lino Toffolo, Sal Borgese et l'ineffable Bombolo. Surprenant est de voir Tomas Milian dans le rôle de Baba, un voleur pouilleux qui clame haut et fort son aversion pour Messaline en un langage plus que fleuri avant de baiser une putain du peuple fort gironde. Professionnel, il est un des rares acteurs avec Prete qui semblent prendre au sérieux cette flatulence pelliculaire.
On retiendra surtout de Messaline impératrice et putain la scène finale. Corbucci clôt en effet son film par un étonnant massacre grand guignolesque. Décapitations, démembrements, éventrements, éviscérations.. sont au programme noyés dans une mer de sang dans laquelle pataugent les acteurs comme pataugent des enfants dans une mare d'eau. Le sang gicle par geyser, les corps tombent, les têtes tranchées continuent de parler et les bustes à avancer. C'est un joyeux voire burlesque et sanguinolent capharnaüm où les pets continuent à rythmer le carnage auquel les deux putains royales échapperont.
Trois minutes intéressantes voilà bien peu pour un film qui n'est jamais qu'une comédie sans queue (et c'est le cas) ni tête où se retrouveraient L'infirmière, la Toubib et autres Professeurs et Bidasses dans les ultimes miettes des décors de Caligula.
Messaline impératrice et putain, premier film ayant ouvert le filon de ce sous genre du cinéma d'exploitation, ne retrouve malheureusement pas le coté certes graveleux mais populaire de la sexy comédie encore moins le ludisme et la légèreté des décameronneries d'hier. Corbucci reste simplement égal à lui même. Son film n'est qu'une énième comédie graveleuse où les tartes à la crème volent en tout sens, ce n'est finalement qu'un pet.. perdu!