Quest for the mighty sword
Autres titres:L'épée du Saint Graal / Ator 4: the hobgoblin / Ator 3: The hobgoblin / The hobgoblin / Troll 3 / The Lord of Akili
Real: Joe D'Amato
Année: 1991
Origine: Italie
Genre: Heroic Fantasy
Durée: 92mn
Acteurs: Eric Allan Kramer, Donald O'Brien, Laura Gemser, Marisa Mell, Domenico Semeraro, Margaret Lanzey, Chris Murphy, Dina Morrone...
Résumé: Ator est devenu un roi juste et bon. Un jour, le Dieu Thor décide de le tuer. L'épée d'Ator est brisée par l'arme divine. La reine s'enfuit avec leur fils encore bébé. Elle trouve refuge chez l'horrible gnome Grindl qui lui fait boire un breuvage empoisonné et la viole. 17 ans ont passé et le jeune Ator est devenu un puissant combattant mais Grindl le retient prisonnier et en a fait son domestique. Ator devrait recevoir pour son 18ème anniversaire l'épée magique de son père comme Grindl lui a toujours promis. Conseillé par une magicienne, Ator va tenter de retrouver l'épée soigneusement cachée par Grindl. Mais le gnome est sournois et vil, il a échangé les épées. Après bien des aventures, Ator parviendra t-il à récupérer l'arme sacrée?
Si Joe D'Amato ouvrit dés 1982 la longue liste des films qui tentèrent de copier et d'imiter Conan le barbare avec Ator, un des meilleurs ersatzs transalpins du film de John Milius, il lui donna également deux suites: Ator 2 the invincible et cet Ator 4: the hobgoblin tourné dix ans plus tard après le premier volet. Certains pourront se demander la raison pour laquelle nous passons ici du N°2 au N° 4, tout simplement parce que le troisième volet, The iron warrior ne fut pas réalisé par D'Amato mais par Alfonso Brescia.
Si Ator 2 restera un bien piètre souvenir dans l'esprit de l'amateur qui oubliera également un encore bien plus mauvais Ator 3, D'Amato redonnera pourtant vie à son héros en 1991. Il réalise donc pour la Filmirage, sa petite maison de production, L'épée du St Graal / The Hobgoblin ne serait ce que pour reprendre en main le personnage de Ator puisqu'il détestait ce que Brescia avait fait de son héros légendaire.
Le célèbre réalisateur nous replonge donc dans un univers moyenâgeux qui semble un peu moins barbare que les précédents mais tout aussi empli de mystères et de dangers. Si Miles O'Keefe cède sa place à l'américain d'origine allemande Eric Allan Kramer, body builder blond particulièrement fade et inexpressif venu de la télévision, le personnage reprend le nom de Ator même s'il n'a aucun lien apparent avec les autres volets de la série à l'instar du N°3 ceci dit en passant. On sent malheureusement ici la triste fin de l'ère de l'héroic fantasy à l'italienne et L'épée du St Graal ressemble davantage à un téléfilm pour enfants qu'à un véritable film.
Réalisé avec une mollesse à laquelle D'Amato ne nous avait pas habitué et qui n'a d'égal que le pas de course pataud de son héros, le film dénué de toute action ennuie plus qu'il ne distraie. On suit cette fois les paresseuses péripéties non pas de Ator tué dés l'ouverture du film par le dieu Thor mais de son blondinet de fils aux prises avec Grindl, un horrible goblin qui détient la fameuse épée sacrée que Ator doit recevoir pour son dix-huitième anniversaire. Le gnome étant vil et sournois, il cache l'épée et fait de Ator son domestique qui durant une bonne partie du métrage va tenter de retrouver l'arme dissimulée dans une cachette pourtant bien évidente!
Le scénario est tout bonnement simpliste et ressemble davantage à un assemblage de plusieurs petites histoires tant il parait par instant décousu. Ainsi si le Dieu Thor disparait totalement de l'histoire après avoir tué Ator, on découvre au fil des minutes, une magicienne, un horrible dragon, des robots siamois, un roi particulièrement belliqueux et pustuleux, des amazones peu énergiques, une gentille jeune femme dont Ator tombera amoureux après s'être fait aidé dans toutes ses péripéties par un malheureux assistant. Tous ces personnages et ses diverses aventures sont maladroitement collés au gré d'une histoire souvent incohérente que seuls le pataud héros et le gnome semblent relier.
Quant à ce qui le concerne, le pauvre gnome est malheureusement tout sauf effrayant ou mesquin. Il ressemble davantage à un hybride d'Howard le canard et Gargamel, son masque mal articulé et son costume n'étant jamais que ceux déjà utilisés pour les créatures de l'inénarrable Troll 2 de Claudio Fragasso.
Hormis courir au beau milieu de la nature, cheveux au vent, son épée brandie, Ator nous gratifie de quelques combats d'une mollesse étonnante et surtout fort mal chorégraphiés, le tout rythmé par une musique disco qui semble sortir toute droite d'une série des années 70.
L'épée du saint Graal est le triste reflet d'une époque alors révolue, celle glorieuse du cinéma de genre transalpin et de ses différentes sous catégories dont l'Heroic fantasy à l'italienne. Outre son interprétation, le défaut majeur de L'épée du St Graal est l'absence totale de tout coté épique et son cruel manque de magie, cette féerie qui entre autre définit l'Heroic fantasy. Si le film de D'Amato est loin d'être insupportable et parvient même à être un brin amusant et surtout distrayant, il ressemble plus à un téléfilm de troisième zone qui peut faire effet lors d'une programmation lors des fêtes de Noël ou d'un dimanche hivernal. Le film clôture ainsi une série qui ne cessa d'aller en décroissant.
Si on oubliera le pitoyable jeu d'acteur de Eric Allan Kramer, montagne de muscles aussi fade qu'inepte, on déplorera la trop fugitive apparition de Laura Gemser, également créatrice des costumes du film, dans la peau d'une magicienne et d'une Marisa Mell déchue au crépuscule de sa carrière quelques années avant sa dramatique disparition.
Reste l'acteur nain Domenico Semeraro qui incarne à la fois Grindl le gnome et Hagen le répugnant conseiller du roi. Sa tragique destinée allait donner au film une certaine notoriété macabre puisqu'il fut assassiné quelques mois après le tournage. Homosexuel notoire, ce taxidermiste de profession, acteur occasionnel, était tombé amoureux de son jeune apprenti de 17 ans toxicomane. Le garçon, bisexuel, tomba alors amoureux d'une jeune fille. Le couple décida d'assassiner Semeraro et découpèrent son corps en rondelles avant de jeter les restes dans des sacs poubelle. Cet effroyable fait divers donna naissance à un film en 2002, L'imbalsamatore, et apporta à L'épée du St Graal un regain de popularité dont le film aurait pu se passer.