I paladini - storia d'armi e d'amori

Autres titres: Le choix des seigneurs / Hearts and armour / Cuori in armatura
Réal: Giacomo Battiato
Année: 1983
Origine: Italie
Genre: Heroic fantasy
Durée: 100mn
Acteurs: Barbara De Rossi, Tanya Roberts, Leigh McCloskey, Ron Moss, Bobby Rhodes, Maurizio Nichetti, Al Cliver, Rick Edwards, Al Yamanouchi, Tony Vogel, Giovanni Visentin, Lina Sastri, Lucien Bruchon...
Résumé: Bradamante, une jeune et belle aventurière détentrice d'une armure qui rend invisible, traverse les terres des Maures au temps des croisades. Elle tombe amoureuse d'un Prince maure tandis qu'un chevalier chrétien est de son coté éperdument amoureux d'une princesse maure. En ces temps reculés, les unions interraciales n'étaient pas acceptées. Bradamante va devoir se livrer à un combat à mort pour garder son amour...
Bien souvent la Chevalerie à travers mythes et légendes a inspiré le cinéma pour le grand bonheur visuel du spectateur. Si dans les années 80 l'Heroïc-fantasy a remis au gout jour ce genre de spectacle nombreuses furent les oeuvres qui n'atteignirent pas les buts fixés. I paladini réalisé en 1983 par Giacomo Battiato fait un peu figure à part parmi tous les films sortis alors.
Tiré d'un poème épique de Ludovico Ariosto, Orlando furioso, qui est à l'Italie ce qu'est notre chanson de Roland, Le choix des seigneurs est un enchantement visuel de tout instant. Battiato s'est surtout et avant tout attacher à illustrer la légende dans toute sa féerie et son irréalité d'où une quasi absence de scénario et de repères espace-temps qui pourra déranger certaines âmes chagrines. Le fait est qu'ici cette absence n'est guère gênante tant du début à la fin le spectateur est pris par la féerie des images et l'aura de mystère qu'elles dégagent.
Nous sommes au temps des Maures combattant les Chrétiens sur des terres sauvages chevauchées par des chevaliers en armures rutilantes. L'armure est ici plus qu'une protection, elle devient symbolique et révélatrice de la personnalité de chacun des protagonistes. L'armure est vivante, ne fait qu'un avec celui qui l'habite si toutefois quelqu'un l'habite. L'invisibilité est en effet de mise. Elle devient aussi l'une des plus terribles représentations guerrières. En cela, les heaumes sont de pures oeuvres d'art qui prennent l'apparence des visages qu'ils recouvrent: bestiaux, poétiques ou féroces, superbes dans leurs moindre détails.
A cette rutilance métallique se marie l'esthétisme des images et la photogénie des décors et des impressionnants costumes. Tourné dans les envoûtantes montagnes désertiques d'Italie, I paladini baigne sans cesse dans ces nappes de brumes qui ne semblent jamais se dissiper donnant au film cet air d'irréalité au même titre que ces cieux qui semblent en feu sur lesquels se découpent les silhouettes, ces étendues verdoyantes ou ses cascades cristallines où on se bat sauvagement lors de superbes ralentis qui ajoutent encore plus au coté onirique du film.
Battiato a su également recréer toute la force des grands combats épiques. L'ensemble prend parfois des allures hallucinantes. Il a réussi avec peu de moyens et une équipe d'acteurs plutôt réduite, quatre chevaliers simplement, à retranscrire toute l'ambiance de la mythologie et des légendes. Ceci est d'autant plus remarquable que Le choix des seigneurs est loin des grandes fresques telle que Excalibur. Battiato par la simple présence d'une atmosphère quasi onirique chargée de beauté, de magie et de sang confère à son oeuvre toute la dimension et la force des grandes épopées. En cela, I paladini contient bon nombre de scènes de batailles d'une violence brutale particulièrement sanglantes et féroces où têtes et membres sont tranchés et les corps transpercés.
A toute cette beauté s'ajoutent celle des comédiens car Le choix de seigneurs se doit d'être également vu comme une ode à la beauté. Ici, point de visages hirsutes et sale. Le scintillement des armures et l'esthétisme des décors n'a d'égal que le visage des chevaliers, perfection physique comme dans les contes de fées ce qu'est finalement I paladini, un conte de fée baroque. Nos chevaliers ont des visages d'ange au brushing impeccable et inaltérable que les ralentis subliminent lors des combats, une esthétique très vidéo-clip certes mais qui ici se marie parfaitement bien au film.
Derrière sa cruauté et la froideur de ses décors, I paladini donne pourtant à son film un coté chaleureux, fougueux. L'amour, véritable sortilège que vont affronter les quatre chevaliers, est le moteur même du film. La femme n'est plus une pauvre éplorée fade et transparente qui se lamente au fond de son château, elle est forte, vaillante et inaccessible. Au nombre de trois chez Battiato, elles sont téméraires et passionnées luttant avec force et détermination pour atteindre leurs objectifs au péril de leur vie.
I paladini contrairement aux légendes nordiques souvent sombres et tragiques a le charme solaire de nos épopées médiévales. C'est tout l'aspect aventureux et romantique des guerres mauresques qu'explore Battiato.
L'ultime touche de magie est apportée par la partition musicale, lancinante et planante, nappes de synthés conférant au tout un étrange climat de rêve. On peut regretter parfois un humour un peu décalé qui s'intègre assez mal à ce monde féerique et enchanteur. Cet humour vient surtout des scènes où apparait Atlante, le sorcier farfadet, une sorte de trublion peu crédible qui désamorce un peu trop la puissance du film.
On retrouvera avec une joie non dissimulée Barbara De Rossi non avare de ses charmes et les yeux bleus océan de Tanya Roberts. A leurs cotés, rivalisent eux aussi en beauté, Leigh Mc Closkey, Ron Moss et Rick Edwards. On reconnaitra aussi Al Cliver, Bobby Rhodes, Al Yamanouchi ainsi que l'acteur-réalisateur Maurizio Nichetti dans le rôle d'Atlante.
Le choix des seigneurs est film envoûtant qui au fil du temps n'a rien perdu ni de sa magie ni de sa superbe. Il demeure un film spectaculaire qui a su marier la beauté de l'image à la pure tradition du théâtre populaire de marionnettes. Les paladins, titre original du film, ne sont pas loin!