Patrizia Webley: Actrice par rébellion
Il est des acteurs et actrices qui depuis leur enfance ont toujours rêvé de brûler les planches et crever l'écran. Certains y parvinrent par le plus grand des hasards, d'autres y arrivèrent par simple esprit de rébellion, une manière comme une autre d'aller contre une autorité parentale trop forte, de refuser un conformisme qui lentement vous étouffe. C'est ainsi le cas de l'ardente Patrizia De Rossi. Plus connue sous son nom d'artiste Patrizia Webley, du nom de son mari originaire de Londres avec qui elle eut une fille, Patrizia en l'espace de sept petites années marqua de sa griffe délurée une dizaine de films érotiques et autres comédies coquines. Retraçons sans plus tarder l'histoire de cette incandescente rebelle qui aujourd'hui encore incarne un érotisme brûlant, la tentation de la chair, le péché ultime.
Elevée dans un cercle familial plutôt sévère et traditionaliste, Patrizia avoue sans honte que devenir actrice fut quasiment pour elle un acte de rébellion vis à vis de sa famille, surtout contre son père, un amiral, qui la destinait à une vie beaucoup trop normale, trop conventionnelle.
Patrizia est belle, insolemment belle et elle en est consciente. Patrizia fascine, attise les libidos. Son visage sophistiqué, sa bouche gourmande, ses longs cheveux lisses et blonds méchés, cette opulence quasi morbide et veloutée ne passe pas inaperçus. Elle se marie très tôt à un homme important et rentre presque dans la foulée au sein du staff du Maurizio Constanto show. C'est là qu'elle se fait remarquer et la chance lui sourit enfin en 1975 quand Krista Nell tombe malheureusement malade et doit abandonner le rôle principal de La sanguisuga conduce la danza , le sexy giallo horrifique de Alfredo Rizzo. Patrizia reprend son personnage au pied levé et c'est avec ce thriller érotique que sa carrière débute même si son rôle n'est pas celui qui a les scènes érotiques les plus osées contrairement à Femi Benussi et Marzia Damon, ses partenaires. Krista, quant à elle, se retrouve tristement reléguée bien malgré elle au second plan.
La même année, Patrizia apparait dans un drame documentaire sur la boxe Gli angeli dalle mani bendate de Oscar Brazzi puis obtient un très court rôle dans Salon Kitty de Tinto Brass, une petite semaine de tournage en Allemagne où Patrizia confesse s'être amusée comme une folle.
Elle goûte ensuite à la sexy comédie en 1976 avec Classe mista / La prof et les farceurs de l'école mixte de Mariano Laurenti dans laquelle elle incarne trop brièvement une charnelle professeur de grec. Giro girotondo con il sesso è bello il mondo, délirante fable érotique futuriste signée Oscar Brazzi, lui offre enfin un personnage de premier plan, le seul et unique rôle de sa carrière en tant que protagoniste principale. Elle y incarne en effet un Petit Chaperon Rouge moderne qui rêve en secret d'orgies dans un monde où le sexe est désormais défendu.
Ainsi s'ouvre à Patrizia un long cycle de films érotiques. Elle enchaine avec La sorprendente eredità del tonto di mamma de Roberto Bianchi Montero qui lui fera rencontrer Patrizia Gori, co-vedette de cette sexy comédie ratée.
Patrizia tourne ses premières scènes lesbiennes avec la brûlante Ajita Wilson dans le mitigé Gola profonda nera de Guido Zurli, réponse érotique au fameux Gorge profonde de Damiano. Patrizia fait ensuite une petite parenthèse, une brève apparition dans le polizesco Via della droga de Enzo Castellari avec Sherry Buchanan avant de retrouver son terrain de prédilection, la comédie coquine. Elle est ainsi à l'affiche de La ragazza alla pari de Mino Guerrini avec Gloria Guida et Il letto in piazza de Bruno Gaburro. Puis elle tourne dans ce qui semble être le seul vrai bon film de sa filmographie, le délirant Movie rush la febbre del cinema, le premier film de Ottavio Fabbri. En 1977, elle apparait dans la comédie zodiacale La vergine, il toro e il capricorno de Luciano Martino et celle à sketches Tre sotto il lenzuolo dans lesquelles elle retrouve son rôle habituel de jeune femme légère ultra sexy, un personnage qui selon son agent, le célèbre Tony Askin, la définissait parfaitement puisque dans la vie Patrizia était tout aussi impudique, libre et désinhibée qu'à l'écran.
Alors qu'entre 77 et 79 le cinéma hardcore fait doucement son apparition dans l'univers du cinéma italien, Patrizia va se retrouver au générique d'un petit nombre de films plutôt brûlants même si elle se défend de n'avoir jamais tourné de scènes à caractères pornographiques.
Patrizia avait toujours recours à une doublure comme la coutume le voulait alors. On la voit ainsi à l'affiche du néo-peplum érotique Le calde notti di Caligola / Les folles nuits de Caligula de Roberto Montero Bianchi, les sataniques Malabimba de Andrea Bianchi et Un'ombra nell'ombra / Les vierges damnées de Pier Carpi ainsi que du giallo fortement érotique Play motel de Mario Gariazzo auquel furent rajoutées des scènes X afin de satisfaire le marché étranger, un procédé courant qui fit exploser de rage certains des comédiens du film. C'est à cette période que la carrière de la jolie rebelle va lentement prendre fin. Si Play motel sera son dernier film pour le grand écran, elle en tournera encore deux pour la télévision, l'inédit L'assassino ha le ore contate de Fernando Di Leo en 1981 et le thriller L'isola del gabbiano de Nestore Ungaro en 1982 dont elle est la co-vedette avec la blonde anglaise Prunella Ransome, l'héroïne du très beau film de Narcisso Ibanez Les révoltés de l'an 2000.
Dans l'impossibilité de faire oublier le culte autour de son personnage d'actrice érotique, Patrizia n'arrivera pas malgré ses performances télévisées à réorienter sa carrière. Déçue, désenchantée, Patrizia quitte alors les feux de la rampe.
Mais si elle abandonne le cinéma, la belle n'abandonne pas pour autant le monde du show-biz puisqu'elle va se reconvertir. Elle devient un temps présentatrice pour la télévision italienne sur une chaîne locale pour laquelle Patrizia créa sa propre émission de conseils beauté.
Aujourd'hui, Patrizia l'esprit toujours libre ne renie pas sa carrière d'actrice, toujours étonnée qu'on la considère encore comme une star de l'érotisme devenue culte au fil des années. "Ils disent que j'étais belle! Mais mon dieu! Je me trouve encore plus belle aujourd'hui qu'hier!" dit-elle pleine de malice!