Sonia Viviani: L'éternelle pin-up
Nombreuses furent les jeunes starlettes qui éblouirent l'horizon du cinéma de genre italien le temps de quelques films seulement mais qui parfois brillèrent également sur plus d'une décennie, d'éternelles pin-ups qu'on pu voir dans moult productions plus ou moins brièvement, souvent destinées à jouer des personnages de second plan. Avec une carrière qui s'étend sur pratiquement vingt ans sans jamais pourtant avoir interprété de grands rôles la brune Sonia Viviani fait partie de ces inoubliables pin-ups.
Voici aujourd'hui l'histoire de cette jeune étoile qui malgré le temps qui passe ne semble n'avoir jamais vieilli.
Née à Rome en 1958, Sonia, petite fille alors très timide, voulait devenir ballerine et jouer du piano. Malheureusement ses parents n'avaient pas les moyens de l'inscrire dans une école. Son père travaillait par chance en tant que décorateur de plateau. Chaque soir il lui racontait ses journées de travail. Au fil du temps devenir comédienne la tentait de plus en plus. Un jour elle répondit à une annonce de Luigi Comencini qui cherchait une jeune inconnue pour tenir un rôle dans son prochain film. Elle se présenta au rendez-vous et le hasard voulut que son nom soit retenu mais pour un autre film, celui de Pasquale Squiltieri. C'est ainsi qu'à 15 ans la jeune Sonia obtient un court rôle dans Lucia et les gouapes, un intéressant polar dont Claudia Cardinale, Franco Nero et Fabio Testi étaient les vedettes. Elle y interprète une jeune vendeuse de poissons. Sa carrière de comédienne est ainsi lancée.
Vont suivre entre 73 et 75 quelques apparitions dans Carnalità de Alfredo Rizzo avec Femi Benussi, l'inclassable et ésotérique Povero Cristo de Pier Carpi, le fameux Mondo candido de Prosperi et Jacopetti et Un urlo dalle tenebre / Bacchanales infernales où elle joue la petite amie du héros, Jean Claude Verné. Sonia avoue détester ce film odieux qu'elle ne mentionne jamais dans ses C.V tant elle en a honte.
Son premier vrai rôle sera en 1975 dans L'adolescente de Alfonso Brescia, une sexy comédie avec Daniela Giordano et Dagmar Lassander où elle est la fameuse adolescente du titre, la jeune nièce d'un couple qu'elle veut faire divorcer. Grâce à ce film, Sonia entre dans la longue file des lolita transalpines qui en ces années là sont indissociables d'un certain cinéma érotique qui sous forme d'innocentes sexy comédies dissimulent des sujets parfois bien plus osés. Elle récidive la même année toujours sous la houlette de Brescia dans Amori letti e tradimenti où elle nous offre cette fois une affriolante danse du ventre.
On la voit ensuite dans Lulu 77 de Paolo Moffo où elle ne fait cette fois qu'une petite apparition avant d'être en 1976 une des malheureuses déportées de KZ9 camp d'extermination de Bruno Mattei. Son charme et sa jeunesse, cette innocence qui émane de son visage n'échappe pas à la terrible kapo lesbienne jouée par l'opulente Ria De Simone qui en fera sa protégée, nous offrant ainsi quelques jolies scènes de saphisme. Sonia traversait alors une période assez difficile de sa vie, une crise existentielle durant laquelle dit-elle elle acceptait tout et n'importe quoi, comme un automate, sans réfléchir, conditionnée par ce métier.
Après ce passage difficile dans le nazisploitation, la jeune Sonia retrouve de petits rôles notamment dans Napoli si ribella / Calibre magnum pour l'inspecteur, un polizesco de Michele Massimo Tarantini suivi de la sexy comédie de Roberto Bianchi Montero Le sorprendete eredità del tonto di mamma.
Après une apparition éclair dans le giallo de Antonio Bido Solamente nero où elle accompagne Juliette Meyniel lors de sa promenade, Sonia va continuer tranquillement sa route, abonnée aux personnages de second voire troisième plan, accumulant les apparitions éclair. Nonobstant sa beauté juvénile et ses talents trop souvent sous exploités, les metteurs en scène la cantonnent au rang de simple invitée. On la voit ainsi dans la comédie Pugni dollari e spinaci de Emimmo Salvi, trop brièvement dans la dramatique L'albero della maldicenza de Giacinto Bonacquisti avec Marc Porel et Al Cliver, elle est une des adeptes de la secte des Vierges damnées. Elle retrouve la sexy comédie avec le médiocre Tre sotto il lenzuolo toujours de Tarantini où cette fois elle séduit Aldo Maccione. Elle s'offre en 1980 une distraction policière ibérique avec Traficantes de panico de René Cardona Jr avant de camper un personnage de second plan, la jeune Liana, dans De Corleone a Brooklyn de Umberto Lenzi.
Les années 80 ne changeront rien à la routine de son parcours. On la remarque dans L'avion de l'apocalypse de Umberto Lenzi dans la peau de Cindy, Crimes au cimetière étrusque de Sergio Martino où elle interprète la comtesse Volumna ainsi que dans que L'ave Maria de Nini Grassia. Sa dernière apparition dans le cinéma de genre sera dans le catastrophique Hercules 2 de Luigi Cozzi dans lequel elle tient un des rôles principaux, celui de Glaucia.
Dés le milieu des années 80, plus mature, elle va tenter un détour par un cinéma plus traditionnel et apparait dans Una tenera follia aux cotés de Margit Evelyn Newton mais la mort du cinéma du genre aura raison de sa carrière toujours restée en filigrane. Entre 1984 et 1987 Sonia fera également la une de magazines de charmes tels que Penthouse, Skorpio et Playboy qui n'hésite pas à la comparer à Caroline de Monaco.
Si Sonia est au générique de quelques téléfilms destinés aux chaines italiennes, on ne la reverra plus sur les grands écrans avant 1990. Elle tient un tout petit rôle dans Fantozzi alla riscossa de Neri Parenti pour qui elle avait déjà joué en 1979 dans le très distrayant John Travolto... da un insolito destino, un film musical qui marche sur le succès de La Fièvre du samedi soir et reste un de ses films préféré tant elle s'est amusée sur le tournage, puis dans Casa mi casa mia en 1988 avant de jouer une inspecteur de police dans le thriller de Antonio Bonifaccio Appuntamento in nero.
Après quatre années de silence, Sonia fera ses adieux cinématographiques en 1994 dans Le nuove comiche une fois encore signé Neri Parenti dans lequel elle est l'épouse d'un juge. Une nouvelle vie va alors commencer pour Sonia. La jeune femme a alors tout simplement voulu passer à autre chose. Si Sonia quitte le monde du cinéma, c'est pour se lancer dans une autre activité artistique, le théâtre. Elle est de nombreuses fois montée sur les planches avant de fonder sa propre compagnie théâtrale à Rome destinée plus spécialement aux enfants et adolescents. Elle écrit ses propres pièces et les dirigent en collaboration avec les plus prestigieux théâtres romains tels que le Molière.
Eternelle pin-up aux airs d'adolescente, Sonia aurait mérité une carrière plus remarquable mais ses brèves apparitions auront été appréciées de ses nombreux fans qui garderont d'elle l'image de cette jeune fille candide qui sut en séduire plus d'un. Soyons ravis pour Sonia qui aujourd'hui selon ses propres dires est une femme heureuse et sereine.