Caligula et Messaline
Autres titres: Caligola e Messalina / Caligula and Messaline / Caligula's perversions
Réal: Bruno Mattei
Année: 1981
Origine: Italie / France
Genre: Peplum érotique
Durée: 111mn
Acteurs: Vladimir Brajovic, Betty Roland, Francoise Blanchard, Raul Cabrera, Gino Turini, Piotr Stanislas, Fanny Magier, Antonio Passalia, Kathy Sadik, Salvatore Baccaro, Jimmy il Fenomeno, Laurence Lovall...
Résumé: Tandis que Caligula vole d'orgies en orgies, Messaline, intrigante et perfide, est prête à tout pour prendre place sur le trône impérial. Lors d'un combat, elle se fait remarquer par Caligula au grand désarroi d'Aggripine qui aimerait que son fils Néron succède à l'empereur. Messaline cherche alors à tomber enceinte mais étant évident que son fils n'est pas de sang impérial, Agrippine voit enfin la chance de se débarrasser de sa rivale...
Alors que le peplum s'était définitivement éteint depuis 1965 le succès du Caligula de Tinto Brass relança le genre à l'aube des années 80 et donna ainsi naissance à un nouveau et bien éphémère sous genre du cinéma érotique, le néo-peplum ou peplum érotique, et c'est l'insatiable Bruno Mattei qui après Bruno Corbucci et Roberto Montero Bianchi s'infiltra à son tour dans cette brèche ouverte en 1977 avec ce film qui reste un des moins médiocres de la série.
Si Antonio Passalia, acteur et metteur en scène calabrais naturalisé français découvert en 1965 par Claude Chabrol, est la plupart du temps crédité à la réalisation du film, c'est bel et bien Bruno Mattei qui l'a mis en scène, Passalia s'étant simplement contenté de le produire, de choisir les comédiens français et de s'octroyer le rôle de l'empereur Claude.
Si son scénario bien peu crédible ne brille guère par son originalité, Caligula et Messaline, tourné durant lété 1981 et coproduit avec la France, n'a en réalité qu'un seul et unique objectif, mettre en images toute une série de vices et de perversions saupoudrés d'un bonne dose d'atrocités dans les traditionnels décors d'une Rome antique de pacotille paticulièrement fauchés mais tellement ludiques, Mais n'est ce pas là un des aspects indissociables à toute production portant la griffe de Mattei?
C'est dans ce palais en carton reconstitué dans les studio de la De Paolis mais visuellement agréable que Mattei va donc multiplier scènes d'orgies et ébats tant hétérosexuels, saphiques, homosexuels (un jeune marié est sodomisé par Caligula) et incestueux (l'accouplement de Messaline avec sa mère Domizia). Les couples se font et se défont au rythme des infidélités et des instincts de débauche de l'infatigable et perfide Messaline. On s'enlace, on fornique à tout va dans des salles et chambres impériales étroites, l'ensemble agrémenté de nombreux plans de chevaux en rut, de copulations d'équidés et même un cunnilingus chevalin, la touche zoophile indispensable à toute production transalpine depuis La bête de Borowczyk, et de sexes de piètres centurions en erection dont celui d'un eunuque de couleur qui grossit à vue d'oeil sous sa jupette. Selon les versions et surtout les différents montages qui font varier la durée du film de manière parfois étonnante, les scènes érotiques sont donc plus ou moins pimentées mais en aucun cas Mattei ne tourna de scènes pornographiques, un fait que confirmait Françoise Blanchard dans les rares interviews qu'elle accorda à cette époque.
La folie de l'empereur nous est ici montrée à travers quelques scènes chocs comme celle de l'émasculation de Macrone même si cette fois l'amateur restera quelque peu sur sa faim puisque Bruno Mattei suggère plus qu'il ne montre ici. Une main se contente d'écarter les bords du slip du pauvre homme tandis qu'une autre glisse la lame acérée d'un couteau à l'intérieur. L'imagination du spectateur fera le reste. Quelques tortures beaucoup trop gentilles et quelques effets sanglants peu spectaculaires viennent pimenter un film trop sage auquel manque ce vent de folie et de cruauté propre à son personnage principal. Quant à l'ambiance historique elle est assurée par les incontournables et innombrables inserts de stock-shots issus de péplums des années 60 notamment Les derniers jours d'Herculanum de Gianfranco Parolini qui ici s'intègrent plutôt assez bien aux décors de base.
En tête d'affiche on retrouve Vladimir Brajovic très rapidement repéré quelques années plus tôt dans Histoire d'O est un insipide et trop sobre Caligula qui tente d'imiter désespérément Malcolm McDowell sans jamais y parvenir. A ses cotés outre Passalia on reconnaitra la toujours pulpeuse Françoise Blanchard et les sensuelles Fanny Magier et Betty Roland, deux inconnues, ex-mannequin pour l'une qui eut par la suite une brève carrière dans la comédie coquine et ex-danseuse au Crazy Horse pour l'autre, le pornocrate Piotr Stanislas, bien connu dans le milieu de l'érotique et du hardcore tant hétérosexuel qu'homosexuel, Gino Turini, Raul Cabrera, Eolo Capritti en bourreau somme toute assez amusant et les apparitions furtives de Salvatore Baccaro et Jimmy il Fenomeno.
Tourné simultanément avec quasiment la même équipe et les mêmes comédiens, autrement dit la loi du film 2 en 1 alors très en vogue en Italie, Les aventures sexuelles de Néron et Poppée est malheureusement loin d'égaler Caligula et Messaline tant il est ridicule et désespérément fauché même s'il joue beaucoup plus la carte gore. Caligula et Messaline reste un film plutôt intéressant, souvent drôle, qui réjouira les amateurs de vices en tout genre et le spectateur voyeur amoureux de jupettes romaines. Ce premier péplum érotique est un spectacle fort dépravé tout à fait ludique auquel les acteurs ont réussi à communiquer leur bonne humeur. On sent qu'ils ont pris plaisir à tourner, donnent l'impression de véritablement s'amuser, un sentiment confirmé là encore par Françoise Blanchard lors des interviews qu'elle accorda jadis à la presse. Et ce bonheur fait également le nôtre. Voilà bel et bien un véritable atout pour ce sous genre qui trop souvent prêcha par sa médiocrité. Bruno Mattei s'en sort donc haut la main et réalise un honnête néo peplum à qui il manque tout de même un peu d'énergie et de démence.