Dolce gola
Autres titres: Que peut on faire d'une femme? / Bouche de velours / Insaziabile bocca / Dulce garganta
Real: Lorenzo Onorati / Bruno Gaburro
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 89mn
Acteurs: Paola Montenero, Guia Lauri Filzi, Marzia Damon, Claudio Perone, Paolo Di Bella, Monica Nickel, Mara Bronzoni, Roberto Prosperi, Monica Nickel, Mara Bronsoni, Alessandra Messina...
Résumé: Sara et son fiancé Roberto assistent à un viol. Roberto refuse d'intervenir. Traumatisée, Sara ne cesse de faire des cauchemars. Elle finit par rompre et part retrouver Manuel, le chef du gang. Le gang vit des rançons des femmes qu'il viole. Manuel et Sara tombent finalement amoureux l'un de l'autre ce que le reste du gang n'accepte pas. Ses acolytes décident de lui donner une leçon..
Sorti en salles sous le titre Que peut on faire d'une femme, Dolce Gola a longtemps soulevé de nombreuses questions quant à l'identité de son véritable réalisateur. Si la paternité du film revient le plus souvent à Lorenzo Onorati à qui on doit entre autre le désopilant Les orgies de Caligula et une poignée de hardcore miséreux il semblerait en fait que ce soit Bruno Gaburro qui l'ait réalisé. Le directeur de la photographie et l'acteur Claude Bélier (Claudio Perone) témoignent de la présence de Gaburro derrière la caméra, le metteur en scène affirmant de son coté qu'il se souvient clairement avoir tourné deux films
avec Paola Montenero, La locanda della maladodescenza et très certainement celui ci, l'ultime que l'actrice tourna avant de mettre un terme à sa carrière. Ces affirmations sont confirmées par Monica Nickel qui avoue n'avoir jamais vu Onorati prendre la caméra. Il se contentait de trainer sur le plateau, nommé simplement directeur de production, et de prêter son appartement romain pour y tourner certaines séquences hardcore. De plus, lorsqu'on sait que Onorati, privé de toute expérience de mise en scène, n'a quasiment jamais réalisé lui même ses films hormis ses productions X (Cameriera senza malizia et Les orgies de Caligula furent en fait dirigés par un Gaburro fantôme) il est aujourd'hui certain à 99,9% que
Dolce gola revienne également à Gaburro. Onorati? Gaburro? Cela change t-il réellement quelque chose au résultat final? Malheureusement non, Dolce gola demeurant un X sidérant de crétinerie, proche de l'amateurisme malgré un certain coté fascinant.
Sara et Roberto s'apprêtent à se marier. Alors qu'ils font l'amour dans leur futur appartement ils sont témoins du viol d'une jeune fille par deux hommes et une femme. Malgré les supplications de Sara Roberto refuse d'appeler la police et lui demande d'oublier la scène. Traumatisée par ce viol Sara fait des cauchemars dans lesquels elle se fait violer par ce trio
qui vit du rançonnement des filles dont il abuse. Obsédée par ce qu'elle a vu elle se confie à sa meilleure amie qui lui conseille aussi d'oublier et de se concentrer sur son mariage. Incapable de passer outre Sara, de plus en plus obsédée, retrouve un des hommes du gang, Manuel. Elle en tombe amoureuse et refuse désormais d'épouser Roberto. Les deux amants ne se quittent plus. Manuel souhaite même se ranger. Ses deux complices acceptent très mal la situation et décident de le rançonner à son tour avant de le passer à tabac. Malgré tout Manuel n'abandonne pas Sara mais la jeune femme a la mauvaise surprise de le surprendre au restaurant avec une splendide compagne. Dépitée, elle
s'éclipse lorsque arrivent les deux complices, bien décidés à s'amuser avec cette ravissante créature jusqu'à un surprenant retournement de situation.
Il est clair que les intentions de Onorati était de reprendre le thème de la fascination que peut avoir le mal sur une personne bien sous tout rapport. C'est de nouveau la traditionnelle jeune bourgeoise qui incarne cette personne qui jusqu'à ce viol vivait une vie plate et sans histoire, un quotidien rythmé par les ébats sirupeux de son fiancé. Elle attend l'instant où quelque chose se passe enfin dans cette monotonie. C'est de cette violente agression sexuelle que viendra le déclic et de sa rencontre avec Manuel, l'antithèse de Roberto,
l'incarnation de la puissance, de la force pour laquelle elle abandonne Roberto, son passé. Le sujet est intéressant mais c'était sans compter sur les talents de metteur en scène de Onorati qui avoisinent le néant absolu. Dolce gola est purement et simplement un échec total, un des films de sexploitation les plus misérables et absurdes de ce début de décennie, un X basique d'une épouvantable laideur le plus souvent sans queue ni tête si ce n'est celles des pitoyables comédiens de cette pellicule miséreuse tournée sans aucun budget dans l'appartement de Onorati aux abords de Rome.
L'ouverture laissait pourtant présager un agréable sexploitation, un film à l'érotisme morbide
proche de l'euro-sleaze qui aurait pu facilement s'inscrire dans le filon du rape and revenge. Le viol de la jeune caissière dans un pré non loin de l'appartement de Sara et de son fiancé même s'il n'est guère brutal ouvrait de jolies perspectives qui malheureusement s'arrêteront là. La suite ne sera plus qu'une succession de scènes pornographiques toutes plus laides les unes que les autres noyées au milieu de séquences dont on cherche en vain la cohérence et la logique, l'ensemble fort heureusement arrosé d'un zeste de violence délirante et d'audace sexuelle. Est-il nécessaire de préciser que Dolce gola est exempt de toute psychologie, un élément indispensable même à toutes petites doses dans un tel
contexte. Que nenni! L'intrigue ramenée à son plus strict minimum présente une galerie de silhouettes, de caricatures fantomatiques sans aucune épaisseur dont on ne sait rien sinon leur prénom et qui surtout agissent contre toute logique et vraisemblance dés les premières minutes du métrage. Le refus de Roberto de dénoncer le viol et la gifle qu'il donne à Sara lorsqu'elle insiste est incompréhensible. Tout le monde semble vouloir ignorer ce viol, la meilleure amie de Sara lui affirmant même qu'il y a bien plus important en ce bas monde pour mieux s'empresser de lui faire l'amour aidée d'une banane et d'un épi de maïs. Comment ne pas être abasourdi par la façon dont Sara va à la rencontre d'un des violeurs
en se présentant (comment a t-elle su où il habitait reste une énigme) et lui avouant qu'elle sait qui il est. Comment expliquer la réaction du malfrat pas surpris un instant mais qui très vite ne pense plus qu'à elle? Comment expliquer les réactions de Sara vis à vis de son futur mari et surtout comment expliquer qu'après leur rupture il continue à lui apporter des fleurs, l'inviter à diner, lui parler mariage et surtout accepter cette relation des plus étranges mais qui pour tout le monde est d'un naturel extrême? Le futur époux va bien sûr se confier à la meilleure amie de Sara qui pour toute réponse se précipite sur lui pour lui faire sauvagement l'amour. Aucune information sur ce trio de voyous qui agit en toute impunité,
aux yeux et à la barbe de tous encore moins sur leurs motivations si ce n'est l'argent. Il n'y a aucun réel fil conducteur, aucune cohérence, le film entier semble être une improvisation tournée au jour le jour, une impression que confirment un montage complètement farfelu, anarchique, incompréhensible par moment, et les multiples ellipses qui parsèment une intrigue bien effilochée dés le départ. Certaines scènes n'ont aucun rapport entre elles. Bien difficile parfois de s'y retrouver. On quitte Zelda et son comparse dans un champ pour les retrouver dans une chambre l'image d'après, vêtus différemment. Un des violeurs portent des bottes par dessus son jean pour se retrouver en baskets de suite après...
et les exemples sont légion. Si Onorati a laissé sa caméra à Gaburro la véritable question est de savoir s'il y avait justement quelqu'un derrière l'objectif et à l'écriture des dialogue stupéfiants de crétinerie? A un certain point on reste dubitatif. Tout part en roue libre. Dolce gola ressemble au bout de dix minutes à un film amateur d'une pauvreté désastreuse. Est-ce la peine de parler des costumes, hideux, des décors tout aussi hideux, des couleurs fadasses et d'une musique mielleuse pour roman-photo qui sert de bande originale à cette pornographie de bas étage? Quant à l'interprétation peut-on parler de jeu d'acteur? Elle est tout simplement catastrophique. Pourtant c'est peut être un des rares atouts du film de par
les questions qu'elle amène justement et la curiosité qu'elle suscite.
Tourné début 1980 Dolce gola fut le tout dernier film que tourna la regrettée Paola Montenero. Comment Paola a t-elle pu se fourvoyer dans une telle misère? L'actrice alors en pleine déchéance, toxico-dépendante depuis quelques années déjà, s'était déjà laissée aller à la pornographie soft l'année précédente dans La locanda della maladolescenza après deux nunsploitation mémorables Les novices libertines et L'autre enfer. Avec Dolce gola Paola, plus maigre, plus émaciée que jamais, hagarde la plupart du temps, plonge cette fois dans le hardcore. Que ressentir face à cette descente aux enfers, ce visage éteint
marqué par les souffrances de la vie, si ce n'est de la tristesse. Comment Paola a t-elle pu accepter de tomber si bas? Si Dolce gola mérite une vision c'est peut être pour le seul plaisir voyeur, malsain, morbide, de découvrir l'ex-épouse de Massimo Pirri, autrefois si jolie dans Calamo et Spell, dans son agonie cinématographique. On pourra en dire autant de Marzia Damon, starlette récurrente du Bis italien des années 70, ex-modèle qui fit les beaux jours de la sexploitation. Forcie, plus de toute fraicheur, elle est ici la meneuse lesbienne sadomaso du trio et se laisse elle aussi aller à la pornographie vulgaire, notamment lors de trois scènes affreuses où son anatomie intime n'a plus aucun secret pour le spectateur. On
aurait simplement dû lui demander de se rafraichir le maillot, la repousse des poils en gros plan étant particulièrement repoussante. A leurs cotés on a le grand plaisir de retrouver la future reine-mère du X italien de la première heure, Guia Lauri Filzi, en très grande forme ici. Guia nous offre en effet une inoubliable scène d'une audace vertigineuse, ses ébats saphiques avec Paola sont mémorables. Outre un magnifique analingus et un tout aussi sublime cunnilingus il faut absolument voir Paola, violée quelque temps plus tard, par un épi de maïs, enfoncer une banane dans le vagin de Guia puis dans son anus. Complètent l'affiche, moustachu rondouillard l'acteur producteur Claudio Perone (rebaptisé Claude
Bélier) dans le rôle de Manuel, l'ex-danseur et ami proche de Onorati Paolo Di Bella à la pilosité stupéfiante qui par amitié et pour satisfaire également son désir d'exhibitionnisme accepta d'interpréter Roberto, les starlettes du porno Mara Bronzoni et Monica Nickel (qui fut doublée précise t-elle pour ses scènes X) et le jeune éphèbe sodomite poupin à l'allure quelque peu efféminée Roberto Prosperi, un inconnu dont ce fut le seul rôle, celui du troisième voyou, un personnage qui devient involontairement hilarant puisque Marzia Damon le repousse, pantalon aux chevilles, sans aucune raison, chaque fois qu'il s'apprête à sodomiser une victime. Ca s'appelle partir la queue entre les jambes!
Si sa distribution donne son intérêt au film les scènes hardcore en sont donc une seconde notamment celle déjà citée entre Guia et Paola mais également celle dans la voiture, aussi vulgaire que fébrile, entre l'obscène Alessandra Messina et les trois voyous et celle qui conclut le film avec Mara Bronsoni en victime écartelée abusée par une Damon déchainée. Intéressantes aussi celles tournées par Paola en personne qu'il faut toutefois clarifiées. Si lors de l'ouverture c'est bel et bien Paola qui fait une fellation gourmande à Paolo Di Bella, se fait pénétrer et reçoit son sperme sur la croupe Paola fut doublée cependant pour toutes les autres pénétrations, une doublure bien visible puisque le postérieur est très différent. Claudio Perone et Roberto Prosperi furent doublés eux aussi pour les séquences X, des
inserts là encore visibles et peu inspirés puisqu'ils reviennent inlassablement durant tout le métrage quelque soit la partenaire féminine dont ils s'occupent.
Quelques scènes qui font illusion comme le cauchemar de Sara, des séquences hardcore sales, la présence de Paola Montenero moribonde (qui d'ailleurs disparait sans raison avant la fin du film) voilà quelques raisons de visionner Dolce gola que rien ne parvient à sauver du naufrage mais qui représente ce que la sexploitation / l'euro-sleaze a connu de pire ce que confirme ce final abrupt, inattendu, une fin déconcertante, qui laisse bouche bée tant elle est d'une stupidité abyssale. Tout s'arrête soudainement au moment où Mara
Bronsoni allait se faire sodomiser à l'aide un bâton. Les acteurs en pleine action font une pause café rejoints par les machinistes et opérateurs. Générique de fin. Il s'agissait d'un film dans un film! Clap final et coup de grâce pour le spectateur, effondré, désespéré, qui ne gardera en tête que l'intimité la plus intime dévoilée de Paola et la banane de Guia.
Pour information il existe trois versions italiennes du film édité jadis en vidéo, deux où diffèrent certains détails concernant la trame narrative et le contenu sexuel et une retitrée Insaziabile bocca privée de générique d'ouverture et de fin et exempte de tous les plans hardcore.