7 Hyde Park: la casa maledetta
Autres titres: Formule pour un meurtre / Formula for a murder
Real: Alberto De Martino
Année: 1985
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 90mn
Acteurs: David Warbeck, Christina Nagy, Carroll Blumenberg, Rossano Brazzi, Andrea Bosic, Adriana Giuffré, Loris Loddi, Daniela De Carolis, ...
Résumé: Les années 50. Un prêtre viole une petite fille, Johanna, qui dans sa fuite tombe dans un escalier. Du drame il ne restera que la poupée décapitée que tenait Johanna.
Boston de nos jours. La petite fille a grandi. Elle est devenue adulte, désormais clouée dans une chaise roulante. Elle ne se souvient de rien. Alors qu'un faux prêtre commet des crimes, Johanna, en quête du Prince charmant, décide de se marier à son entraîneur qui la presse de plus en plus à l'épouser. Ceci ne semble pas être du goût de la nurse qui s'occupe de Johanna qui semble être amoureuse de l'entraîneur. Johanna ignore qu'un machiavélique complot s'est dressé tout autour d'elle afin de lui voler son héritage...
Après une longue carrière où il toucha à quasiment tous les styles, du film fantastique et d'horreur (Holocaust 2000 et L'antéchrist) au giallo (L'homme aux yeux de glace) en passant par le thriller politique et le polar (Le conciliateur et Magnum spécial), Alberto De Martino, un des plus américains des réalisateurs italiens, signait son chant du cygne en 1985 avec Formule pour un meurtre avec lequel il tentait de renouer avec un genre depuis fort longtemps moribond, le giallo.
L'ouverture renvoie d'ailleurs directement au genre et fera penser à celle d'Ombres sanguinaires d'Antonio Bido. Une petite fille, une poupée à la main, tente de fuir un prêtre qui la rattrape et la tue au son d'une entêtante comptine. Cette très angoissante ouverture filmée au ralenti, accentuant ainsi le malaise, laisse augurer du meilleur pour la suite. Malheureusement l'effet est de courte durée et De Martino va alors trop vite s'enliser dans le déjà vu et les grosses ficelles pour faire place à un film sans surprise et dénué de tout suspens.
L'ombre du prêtre vêtu d'un chapeau et de gants noirs tenant à la main une poupée ensanglantée hante régulièrement l'entourage de Johanna, la malheureuse héroïne, tandis que les meurtres perpétrés à l'arme blanche sont rythmés par la fameuse comptine.
La recette pourrait prendre une fois de plus si De Martino n'avait pas eu la mauvaise idée de dévoiler son intrigue dés la 45ème minute en dévoilant le visage du tueur et le complot qu'on aura très vite découvert qui se trame autour de Johanna. Il ne reste donc plus qu'à attendre sagement la fin du film et se demander si Johanna sera ou non tuée et si oui comment. Là encore la réponse est évidente et plus le film avance plus De Martino semble à court d'idée puisqu'il enchaîne les scènes notamment de cauchemars certes bonnes mais bien inutiles qui servent avant tout de remplissage afin d'arriver aux 90 minutes syndicales.
Trop conventionnel et dénué de toute originalité, l'intérêt retombe donc très vite. Si la réalisation trop mollassonne, presque anémique, ne rehausse guère l'ensemble Formule pour un meurtre bénéficie par contre d'une magnifique photographie, un des gros atouts du film avec également la violence des meurtres assez étonnante pour ce giallo réalisé sur le tard.
Outre la séquence pré-générique, on retiendra entre autres le meurtre du prêtre, le visage écrasé à coups de ciboire, l'assassinat particulièrement sanglant de la nurse lacérée à coups de rasoir et celle où Johanna, vêtue d'une robe blanche, seule au milieu d'un champs de fleur jaunes, tente d'échapper à un inquiétant maniaque qui la tuera à coups de couteau dont le visage se reflète dans les lunettes de la jeune femme
Quelques beaux plans sont disséminés ça et là notamment ceux où De Martino laisse seule son héroïne clouée sur son fauteuil roulant dans des endroits souvent lugubres et isolés: un pic surplombant la mer, le pont désert d'un bateau ou un jardin public immense. Cela est certes beau mais dans un tel contexte de banalité, l'impact de ces séquences s'en trouve fortement amoindri.
On retiendra le final où la pauvre paralytique doit lutter contre son agresseur avant de basculer par la fenêtre sur laquelle elle s'agrippe par la seule force de ses bras afin d'éviter une chute mortelle. On s'en doute l'agresseur est plutôt coriace et mode oblige, rien ni personne ne semble avoir raison de lui.
On soulignera la belle partition synthétique et lancinante signée Francesco De Masi. Elle contribue beaucoup à entretenir ce semblant d'atmosphère d'angoisse que De Martino tente maladroitement d'instaurer.
En tête de distribution, on retrouvera Christina Nagy dans le rôle de Johanna, particulièrement insupportable ici. Dénuée de tout charisme, attendant béatement son Prince charmant sur sa chaise roulante, engoncée dans des robes en dentelles, elle reflète plus la niaiserie que la pitié ou la condescendance que son personnage devrait inspirer. Carol Blumenberg n'a en rien l'étoffe de son rôle et de garce elle n'en a malheureusement que l'apparence. Quant à David Warbeck, il reste égal à lui même mais cette fois on a bien du mal à croire à son rôle d'amant à la fois éperdu et psychopathe. Ni convaincant ni convaincu il fait son possible mais on ne peut sauver ce qui ne peut pas l'être comme il l'avouera par la suite lors d'une interview.
On notera que cette maison maudite auquel le titre original fait référence n'existe pas mais dans les années 80 un tel procédé avait pour effet d'attirer irrésistiblement le spectateur.
Si en l'état Formule pour un meurtre n'est pas un film réellement désagréable il a malheureusement échoué dans sa mission: renouer avec un genre alors moribond en sombrant très vite dans la banalité et le déjà vu.
Après l'absurdité et le ridicule de L'homme puma et un Miami Golem désastreux, cet ultime sursaut redore quelque peu le blason d'un réalisateur jadis brillant qui un temps souhaita renier la paternité de ce film en retirant son nom du générique. Même si cette Formule est un demi-échec, elle rehausse une fin de carrière qui laissait à désirer.