Roma a mano armata
Autres titres: Brigade spéciale / Assault with a deadly weapon
Real: Umberto Lenzi
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 90mn
Acteurs: Maurizio Merli, Giampiero Albertini, Ivan Rassimov, Arthur Kennedy, Tomas Milian, Maria Rosaria Omaggio, Biagio Pelligra, Aldo Barberito, Stefano Patrizi, Luciano Pigozzi, Luciano Catenacci, Carlo Alighiero, Carlo Gaddi, Claudio Nicastro, Valentino Macchi, Alessandra Cardini, Gabriella Lepori, Maria Rosaria Riuzzi, Corrado Solari, Dante Cleri, Mara Mariani, Fulvio Mingozzi, Ruggero Diella, Tom Felleghy, Riccardo Petrazzi, Gaetano Russo, Ottaviano Dell'Acqua, Franco Macchi, Filippo De Gara, Zaira Zocchedu...
Résumé: Le commissaire Tanzi, flic implacable qui a trop souvent recours à une justice aussi expéditive que bien peu orthodoxe, a bien du mal à faire accepter ses méthodes à son patron qui lui impose d'agir selon la loi. En outre sa fiancée ne cesse de relâcher les voyous qu'il arrête. Fatigué de ce laxisme judiciaire et de la recrudescence de la délinquance dans la capitale, Tanzi n'en fait qu'à sa tête. C'est alors qu'il doit affronter un dangereux psychopathe nommé Le bossu, à la tête d'un réseau de terroristes. Il va une fois de plus utiliser ses propres méthodes jusqu'à leur affrontement sanglant...
Après son excellent et percutant La rançon de la peur et l'intéressant Bracelets de sang, Umberto Lenzi revenait en 1976 au polizesco dont il fut un des dignes représentants avec Roma a mano armata / Brigade spéciale. Ce nouvel épisode s'articule quasiment sur le même schéma que les précédents films du réalisateur.
On y retrouve donc la figure du flic implacable adepte d'une auto-justice aussi expéditive que peu orthodoxe face à la recrudescence de la délinquance qui envahit les rues de Rome. Le contexte y est toujours le même, celui d'une Italie en plein chaos qui vit dans la peur, d'une société régie par le terrorisme et la délinquance qui sème la terreur et le ras le bol chez le citoyen. Face à cette malveillance de ces hors-la-loi que la Justice relâche sous de fallacieux prétextes, le commissaire Tanzi réagit donc comme réagit la population à bout de nerfs, avec brutalité et violence. Il faut amputer la société de ces membres nuisibles sans se poser aucune question sur les réelles sources du Mal. On prône alors la loi du Talion. Dés lors chacun fait justice à sa propre manière. Tanzi est l'incarnation de cette Italie dépassée par les évènements, épuisée par cette violence quotidienne que la police débordée et impuissante ne parvient plus à contrôler.
Au vu du nombre croissant de forfaits commis, on peut certes faire corps avec lui mais une telle justice à ce niveau n'est elle pas une forme de répression et cet ordre établi une belle illusion, une solution momentanée, un semblant d'équilibre voué à l'échec? Mais d'un autre coté, cette autorité excessive n'est elle pas finalement nécessaire en attendant l'installation d'un nouveau pouvoir politique? Le film de Lenzi pose ainsi ces questions fondamentales et puise son inspiration dans un contexte alors malheureusement trop réel. Pourtant malgré sa sincérité, Brigade spéciale souffre de cette accumulation de faits divers. Toute la première partie du film se compose ainsi d'une suite de forfaitures (viol, hold-up, vol à l'arraché) que Tanzi s'évertue à contre-carrer, d'arrestations et de folles poursuites en voiture dans les rues de la capitale. Tanzi se transforme en une sorte de justicier qui par moment prend l'apparence d'un super-héros omniprésent. Sa crédibilité tout comme celle du film en pâtisse empêchant ainsi le spectateur de totalement adhérer à l'histoire.
Lenzi développe une histoire parallèle, celle d'un gang de dangereux malfrats mené par le Bossu qui veut coûte que coûte la peau du commissaire jusqu'à leur affrontement sanglant. C'est très certainement la partie la plus intéressante du film puisqu'elle est non seulement la plus plausible mais parce qu'on y retrouve surtout le fameux personnage du Gobbo, un dangereux criminel bossu qui exista réellement dans les années 40, incarné par Tomas Milian en pleine forme toujours aussi sarcastique et impitoyable.
Si l'action prédomine et qu'on y retrouve bien entendu tous les principaux ingrédients récurrents au genre, les poursuites en voitures, les bagarres, la violence souvent gratuite, on
pouvait néanmoins s'attendre à un résultat beaucoup plus puissant de la part de Lenzi qui
avec La rançon de la peur nous avait montré ce dont il pouvait être capable. Etrangement, Lenzi semble rester quelque peu sur la réserve d'où un sentiment mitigé à son égard. Roma a mano armata reste toujours fort décent, un peu trop convenable. Outre son coté répétitif, le film n'explose jamais vraiment et risque donc de provoquer un léger souffle d'ennui. Egal à lui même, Maurizio Merli est toujours aussi monolithique et inexpressif, immuable dans son rôle de policier implacable. Son personnage cette fois perd beaucoup de sa crédibilité, implacable ne signifiant pas obligatoirement inexpressif et totalement détaché ce que Merli ne semble jamais avoir réellement compris durant sa carrière.
Un brin de sentiment aurait donné à son personnage et par conséquent au film une dimension émotionnelle non négligeable. Tomas Milian dans la peau du Bossu, féroce brigand et tueur psychopathe, lui vole carrément la vedette. L'acteur trouve là son meilleur rôle de composition et donne au film son principal intérêt appuyé par Ivan Rassimov toujours aussi impressionnant et toute une pléiade de d'acteurs tous aussi bons les uns que les autres dont le jeune Stefano Patrizi, le vétéran Arthur Kennedy et la frêle Maria Rosaria Omaggio.
Sans être mauvais, loin de là, Roma a mano armata rythmé par une excellente partition musicale signée Micalizzi même s'il n'est pas le meilleur polizesco du réalisateur n'en est pas moins un très bel exemple du genre, un classique auquel malheureusement manque ce brin de folie, cette violence, l'impact et le coté cynique qu'avait fait de Milano odia: la polizia non puo sparare et autres Milano trema: la polizia vuole giustizia / Polices parallèles des incontournables du polizesco.